Il était samedi et ce jours-là Tessia n'avait pas de cours à donner au Lycée de Seikusu. La succube prenant toujours autant d'avance que possible pour pouvoir libérer du temps pour "jouer" avec certaines de ses élèves, elle était donc éminemment frustrée ce jour-là car aucune n'était disponible, toutes ayant déjà quelque chose de prévu. Elle aurait certes pu exiger que l'une d'elles abandonne son activité pour accourir la combler, mais la démone avait décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Après tout, être une succube ne signifiait pas forcément qu'elle était toujours aux pièces pour récolter de l'énergie vitale et elle en dépensait d'ailleurs souvent plus qu'elle ne récoltait lors de ses ébats. Si elle souhaitais que son vaisseau fasse un peu plus long feu, il lui fallait s'économiser un peu.
Elle avait donc passée la matinée entre divers tâches ménagères avant d'aller s'installer sur son balcon avec une tasse de thé et un livre.
C'est ainsi que, plongée depuis plusieurs heures dans sa lecture, elle entendit un bruit étrange qui lui fit lever les yeux des pages imprimées pour regarder les alentours de son immeuble. Elle sentit que quelque chose à portée de ses sens non-humaine se manifestait, mais les capacités de perception limitées de son vaisseau ne pouvaient le percevoir. Détestant être prise par surprise, La succube injecta plus de puissance dans son incarnation charnelle, chargeant ses yeux, ses oreilles, sa peau, son nez, sa langue d'énergie démoniaque pour leur donner la même acuité que son vrai corps infernal.
Quelle ne fut pas surprise de voir finalement apparaître petit à petit une cabine téléphonique anglaise bleue marquée du logo "Police Box", le tout protégé par de biens étranges ondes qui lui semblaient prévues pour détourner l'attention des mortels, leur faisant naturellement considérer ce qu'il y avait autour comme éminemment plus intéressant que l'incongruité même d'un objet tout droit échappé des Royaume-Unis en plein quartier d'une cité balnéaire japonaise.
Que je sois bénie ! Qu'est-ce encore pour un phénomène de foire qui a été attiré ici ? Songea la démone soudain intriguée.
Elle constata ensuite la sortie d'un individu, ajustant sur son dos une veste en Tweed. Elle perçu autour de lui une énergie qui trahissait qu'il avait autant à voir les humains qu'elle, en d'autres thermes, à peu près autant qu'un requin a à voir avec un aigle. Il avait pourtant l'apparence d'un bel homme brun à l’apparence soignée quoique vieillotte, plutôt grand et d'un air relativement propre sur lui-même. Tessia ne goutait plus guère aux charmes masculins, mais elle devait admettre que l'entité avait des goûts rejoignant assez les siens en matière d'incarnation.
Elle constata ensuite que le particulier s'enfonça sans hésiter dans la maison après avoir, à l'aide d'un objet ressemblant à un fort étrange tournevis, fait tout simplement dysfonctionner le digicode à l'entrée.
Cela ne manqua pas d'inquiéter la démone dont une grande partie de la sécurité personnelle reposait sur une installation électronique et mécanique relativement hors de prix. Elle rentra dans son appartement et troqua rapidement son peignoirs contre une tenue plus formelle, un
tailleur noir qu'elle affectionnait dans de nombreuses occasions et qui avait l'avantage d'être confortable tout en étant rapide à enfiler par-dessus une chemise et ses sous-vêtements.
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Cortana, surveille l'arrivée d'un individu en costume beige de tweed, ordonna Tessia à son assistante numérique en charge de la domotique de son lieu de vie.
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À vos ordres maitresse. Individu localisé, situation : porte d'entrée de l'appartement, répondit la pseudo-IA d'un ton aimable.
Il ne perds pas de temps ce nouveau-venu, songea la démone quand la porte s'ouvrit devant elle avant qu'elle ait donné la moindre instruction à Cortana. L'homme entra et se figea un bref instant, pointant son étrange tournevis dans sa direction, ce qui eut pour effet de vexer la succube car l'homme était entré chez elle sans permission et par-dessus le marché, semblait s'étonner de sa présence comme si c'était elle l'intruse.
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Excusez-moi, mais pourriez-vous prendre quelques secondes pour m'expliquer ce que vous êtes en train de faire ? Demanda-t-elle d'un ton pincé, respectant néanmoins quelques conventions de politesses.
« D’habitude on commence par dire bonjour … » Eut le culot de répondre l'entité en face d'elle avant de ranger son tournevis et de sortir sa montre à gousset pour s'en servir semble-t-il comme d'un miroir afin de se
recoiffer !
« Salut la compagnie, qui d’ailleurs est en comité réduit aujourd’hui … Votre connexion internet met potentiellement en danger cette planète tout entière … » Annonça pour terminer le nouveau venu.
Tessia dû produire un effort incroyable pour ne pas tenter de carboniser la personne sur place, mais de une, elle venait de faire le ménage juste quelques heures plus tôt et n'avait pas envie de tout recommencer, de deux, elle ignorait encore qui elle avait en face d'elle. Retirant ses lunettes de son nez, elle s'en pinça l'arrête pour inspirer et souffler à plusieurs reprises à un rythme régulier et lent afin de se calmer tout en prenant le temps d'analyser les propos de l'individu.
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Donc... Résuma-t-elle à haute voix.
... Vous débarquez de nulle part dans une cabine de police anglaise, vous forcez l'ouverture de ma porte et m'annoncez que ma connexion internet menace la planète entière sans même vous présenter ? Comment suis-je supposée vous prendre au sérieux exactement ? Vous avez une plaque de police galactique ? Un mandat de perquisition interplanétaire ? Avez-vous même seulement un nom tant qu'à y être ?