Elle venait tout juste de sortir de ses cours. Mayu, connue de tous pour être une asociale de première classe, et dont tout le monde avait choisi de fuir comme la peste, était en train de passer l'entrée de son lycée en soupirant, ravie d'être enfin au dehors de ce lieu qu'elle avait de plus en plus de mal à supporter, surtout à cause du regard de ses camarades. Chacun de ses pas l'éloignant des salles de classe et de l'apparente stupidité des lycéens et lycéennes lui faisait un bien fou ce soir, et elle s'imaginait pourtant déjà rentrer à la maison pour dire à sa mère adorée que non, tout se passait bien à l'école et qu'il n'y avait dans le fond rien qui ne puisse la gênée à y rester toute une journée, coincée entre un autre élève et la fenêtre, à rêvasser. Bon sang qu'est-ce qu'elle ferait pour ne jamais avoir à y retourner, cela devenait vraiment un supplice de devoir supporter ces gamins idiots, alors qu'il existait des lieux terriblement pus dangereux que la Terre, avec sa petite vie confortable.
Terra par exemple. Bon d'accord elle n'y était jamais allée, et ne pouvait donc concevoir tout ce dont sa mère lui avait dit, comme les puissants mages capable de transformer toute une ville en ruines grâce à un seul de leurs sorts destructeurs, ou encore les esclavagistes, prêt à tout pour dominer les pauvres terranides comme elle. Mais cela ne changeait rien au fait qu'elle savait pertinemment que ce lieu et ses âpres conditions l'avait obligée, elle, et sa mère d'ailleurs surtout car elle était encore toute petite à l'époque, de fuir les grandes terres de leurs ancêtres pour venir se réfugier ici, dans ce monde délicat fait d'agréables conditions de vies et d'un confort inespéré pour les êtres de sa nature. En fait c'est ça qui devait la gonfler, ces petits cons toujours capable de pigner alors qu'il n'y avait ici pas une seule personne dotée de pouvoirs capables de réduire une vie à néant en un simple geste. Ils n'avaient pas conscience de leur chance.
Avançant en grommelant sur la route menant chez elle, elle finit par remarquer quelque chose qui allait enfin illuminer sa journée. Au détour d'une rue, la voilà qui tombe sur un ravissant petit chat, une de ces espèces aux couleurs bariolés, avec une jolie tache blanche pile au milieu de la truffe, ce qui le rendait craquant au possible. S'approchant, captivée, elle tend la main pour venir le toucher mais voilà qu'il se dérobe à sa main pour filer à toute vitesse quelques mètres en arrière, ayant rejoint l’extrémité du passage avant de se retourner et de poser ses fesses, comme si il cherchait à la narguer. Elle le regarde, surprise d'un tel comportement, et essaye encore de le rejoindre pour venir le toucher, mais une nouvelle fois le félin se dérobe à sa main pile au moment où elle s'apprêtait à le caresser, fuyant de nouveau quelques mètre plus loin avant de se rasseoir et de miauler négligemment.
- Ok tu veux jouer à ça... T'as pas fait le bon choix, tout les félins sont bons au jeu du chat et de la souris, je t'aurais même si pour ça je dois y passer une bonne heure, vil provocateur !
Et voilà, les instincts qui remontent pile au mauvais moment. La poursuite s'enchaîne, rue après rue, la jeune fille se maîtrisant pour ne pas vraiment agir comme la terranide binturong qu'elle est, et ne fait que suivre le matou, essayant par moment de se cache pour le prendre par surprise, ou encore de l'appâter par quelques mouvements dédaigneux, comme si elle cessait de jouer. Pourtant, la bête maline ne se prit pas aux pièges, et c'est ainsi que rue après rue, allée après allée, puis petits chemins par petits chemins, ils s'écartent de plus en plus de la ligne toute tracée de Mayu pour rentrer chez elle afin d'approcher de manière conséquente des abords de la ville, dans les quartiers résidentiels les plus lointains et délabrés, étrange mélange de société et de vieilles cultures tout à fait ésotériques pour la demoiselle inhumaine. Mais elle le veux, elle ne compte pas se faire avoir par un chat, et elle ne veux pas non plus abandonner, ce qui complique la traque tout en la prolongeant toujours plus.
Finalement, après une petite course poursuite le long des marches, la voilà qui atteint un drôle de temple, en bien mauvaise état à première vue, dans lequel elle voit le chat s'engouffrer, à tout vitesse, disparaissant dans les ténèbres de la bâtisse. Bon elle commençait certes à avoir du mal à respirer, son corps fragile l'ayant porté sur une bien grande distance rien que pour capturer ce félin provocateur, mais désormais c'est la fin du chemin, dans une maison elle n'aura aucun mal à le poursuivre, et ce n'est pas le noir qui allait la gênée, ses yeux voyant relativement bien dans l'obscurité. Tournant autour du temple abandonné, elle fait un petit constat pour être sur que ça ne va pas lui tomber sur le coin de la tête, puis rassuré elle s'approche d'une porte coulissante pour l'ouvrir difficilement, de toute ses maigres forces. Quand enfin elle l'ouvre avec fracas, produisant un claquement significatif, elle regarde timidement à l'intérieur, puis rentre à pas feutré, gardant toutefois ses chaussures dans le cas où quelques débris auraient été laissés par des squatteurs peu respectueux.
- Bonjour, je rentre ... si esprit il y a, ne vous offusquez pas, je ne fais que passer.
Bon maintenant ... le chat !