Love Business [Pt. 2] "Strings" [Kelly Brooks]

Kelly était surprise, cela se voyait dans son regard. Elle ne s’était pas attendue à  ce qu’il se confie comme cela. Il fendait l’armure, expliquant que tôt ou tard, il devrait passer la main. De plus, il semblait avoir décidé de laisser tomber avec Alex par respect  pour elle. Même si c’était calculé, elle devait bien constater que c’était remarquable de sa part. D’ailleurs elle lui dit


« Je te remercie de faire cela pour mon fils. Rien ne t’y oblige . Je te suis donc redevable une fois de plus. C’est vrai je l’avoue j’ai envie de croire qu’Alex puisse  être un bon père pour lui. Si j’ai laissé tomber mes espérances en ce qui me concerne, d’ailleurs je ‘n en ai jamais vraiment eu,je suis par contre encore  convaincu qu’il peut  jouer un rôle dans la vie de mon fils. Et puis, pourquoi le nier, ne serait-ce que pour son argent »

Comme toujours, elle était cash. C’était sa marque de fabrique. Pourquoi tourner autour du pot. Goutant le vin, qu’elle trouva fort bon d’ailleurs, elle  prit le temps de répondre à Reto sur ses interrogations. Il méritait qu’elle s’y attarde. Visiblement, il cherchait des réponses, et qui sait même une forme de réconfort.Elle avait envie  de lui rendre en partie ce qu’il avait déjà pu faire pour elle.

« J’ai plus ou moins compris ce que vous faisiez comme job.Pourquoi se cacher, il est clair que dans ce milieu, généralement, on ne part pas de son plein gré. Si vraiment , tu as la chance de pouvoir partir de ton plein gré, de te ménager une porte de sortie, tu devrais en profiter. C’est un luxe rare dans ce milieu. Et puis, je sens un cœur battre derrière  la facade. Tu pourrais aussi être heureux loin de cette vie agitée, d’autant comme tu le dis que Doutzen ne sera pas éternelle. »

Elle marqua une nouvelle pause. Doutzen, Kelly n’avait pas oublié qu’elle avait un compte à régler avec elle. Mais elle ne savait toujours pas la nature de ses liens avec Alex. Et ce dernier de toute façon ne dirait rien. Qui sait, elle pourrait devenir la belle mère de son fils et cette pensée ne l’enchantait guère. Mais tant qu’il n’y avait rien de concret, inutile de remettre cela sur le tapis de toute façon

« Ce que tu as fait pour moi prouve que tu as des sentiments humains. Tu aurais très bien pu en profiter  mais au contraire tu restes correct. Qui sait si le moment venu,je ne pourrais pas me joindre à toi dans ta retraite au vert. Après tout, hormis mon fils, rien ne me retient nulle part. Et je ne doute pas qu’on pourrait trouver un arrangement pour Kyle ».

Etait-ce une proposition ? Disons que Kelly ouvrait une porte. Après tout, Reto était un bon parti. Fronçant les sourcils quand il évoqua sa maladie, elle semblait songeuse. Qu’est ce que cela voulait dire exactement ? Hésitante, elle finit par dire

« De quoi tu parles quand tu fais référence à ta maladie ? »

Elle voulait savoir. Après tout, elle avait désormais un certain attachement pour lui. Et si il en avait parlé, c’était sans doute pour aborder le sujet. Tout en lui faisant comprendre qu’il n’y avait pas d’obligation non plus. Comme toujours, elle pesait chaque mot

Vivre avec Kelly dans son chalet.. L’image était saugrenue a priori, mais, à bien y réfléchir… Reto ne se voyait pas prendre une retraite en étant seul, et, à défaut, Kelly constituait bel et bien une louve… Sa louve. Il avait envie d’elle, physiquement, mais pas uniquement. La mentalité franche et assurée de cette femme était un vrai régal pour lui, et il sentait bien que son attirance envers Alex n’était faite que dans l’intérêt de Kyle. Autrement dit, d’ici quelques années, quand Kyle aurait bien grandi, Kelly pourrait aller voir ailleurs… Reto devait maintenant bien l’admettre : cette femme lui plaisait énormément. Et il se voyait maintenant bien avec elle, dans son chalet… Mais, pour ça, il fallait encore régler la question de sa « maladie ».

C’est ainsi que Kelly retourna dessus, amenant Reto à se taire pendant un certain temps. Il but un peu de vin. Impossible de lui dire comme tel, Kelly ne comprendrait pas.

« Ce n’est pas une maladie mortelle, Kelly… De cela, tu peux être rassurée… »

Il lui sourit légèrement, conscient que Kelly était troublée par le comportement différent de Reto. Différent de ce qu’elle imaginait. Reto, en effet, n’était pas qu’une brute épaisse, mais aussi quelqu’un qui avait de bons côtés. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il avait bon fond, mais il savait, en tout cas, laisser la Bête se reposer, afin de faire parler l’Homme qui sommeillait en lui. Reto avait estimé nécessaire de rassurer Kelly sur ce point. Non, ce n’était pas une maladie mortelle, rien à voir avec un cancer, ou même le SIDA.

Reto laissa planer quelques secondes, et bascula lentement en arrière.

« Je te montrerai de quoi il retourne plus tard, Kelly, car, si je te le disais maintenant, tu ne me croirais pas… Maintenant, dis-moi… »

La curiosité d’une femme était une chose terrible, mais Reto ne voulait pas lui dire. Impossible qu’elle le croit sur parole, c’était quelque chose qu’il fallait voir en personne.

« Est-ce que tu crois au surnaturel, Kelly ? »

La question était assez vague finalement. Kelly n'était pas le genre de femme a se poser mille questions. Le surnaturel, elle ne le croyait pas du domaine du réel. La raison, Elle n'avait jamais rien vu de tel tout simplement. Elle était assez cartésienne dans sa façon de voir les choses. Mais elle pourrait revoir son jugement si elle était confrontée à quelque chose de ce genre

« Je ne sais pas si je crois que quelque chose d'inexpliquable peut exister. Il doit sans doute y avoir des êtres étranges qui dépassent l'entendement. Mais franchement, cela me parait fort peu probable et je ne cherche pas de réponse immédiate à cette question.  Le surnaturel existe pour donner une raison à des choses qu'on ne peut pas expliquer. Mais est-ce pour autant magique ou étrange ? »

La réflexion de Kelly était pour le moins argumentée. Buvant un verre de vin, elle avait au moins la confirmation qu'alex pouvait  etre tranquille vis à vis de Reto. C'était important pour son fils. Elle l'avait expliqué plus d'une fois. Mais quand était-il pour elle ? A vrai dire, elle ne se posait même plus la question. Sa rencontre avec Reto avait modifié  pas mal de choses.

« Je ne sais pas quoi te dire sur ta maladie »

 c'était la vérité. Reto semblait vouloir garder un certain secret. Ou ménager ses effets. Il prétendait  que cela n'était pas grave  mais pourquoi alors autant de mystères ? La testait-il à sa façon ? Elle n'écartait pas cette possibilité. Reto était un être bien complexe à cerner elle l'avait compris depuis un moment maintenant.  Mais d'un autre côté, elle savait aussi qu'avec lui mieux valait être franche et directe.

« je t'avoue que tous ces mystères me laissent perplexe. Est-ce que tu aurais quelque chose de  particulier comme mal ? Car je doute que tu mettes autant de gant pour un simple mal. Il doit s'agir de quelque chose d'autre »


Mais quoi ? Ce qui lui semblait clair c'est qu'il désirait être honnête avec elle sur toute la ligne. C'était une grande marque de respect qu'elle appréciait. Et elle voulait lui dire

« Tu sais tu n'es pas obligée de tout me dire.Même si cela m'honore, je n'exige rien »

Et puis elle ne pouvait s'empêcher de penser que plus elle en savait, plus finalement elle pouvait être en danger d'une certaine façon.

Quand Reto avait initialement été voir Kelly, c’était uniquement dans un but strictement professionnel. Il avait alors besoin de renseignements sur les Guramu, les ténors du crime organisé dans la ville, et il savait que Kelly avait une carte à jouer avec Alex Sanderson, l’héritier d’un vaste empire immobilier, qui était, de fait, propriétaire de plusieurs bâtiments appartenant aux Yakuzas. Reto avait navigué dans des eaux délicates, en envoyant d’un côté Doutzen pour séduire Alex (ce qui avait marché au-delà de ses espérances), et de l’autre en se chargeant de se rapprocher de Kelly. Le projet avait évolué longuement entre-temps, car la relation entre Sanderson et Doutzen s’était nettement compliquée, tandis que, parallèlement, sa propre relation avait aussi évolué. D’un rapport strictement professionnel, Reto était passé à... Autre chose. Il avait vu en Kelly l’image d’une femme forte, un caractère d’esprit qui lui plaisait, en plus de sa grande beauté. Kelly était une femme taillée dans le roc, prête à tout pour son enfant, et c’était quelque chose que Reto, en un sens, respectait. De plus, le plan initial vis-à-vis d’Alex avait évolué. Kelly s’était rapprochée de lui, et le moyen de pression qu’aurait constitué l’enfant caché d’Alex avait disparu. Et, de toute manière, Reto avait obtenu les informations qu’il voulait. Si la fortune de Sanderson aurait été un plus non négligeable, il avait abandonné cette idée. Il savait que cette situation mettait Doutzen mal à l’aise, car elle se sentait coupable pour Sanderson, et elle entreprendrait sûrement de couper tous les ponts avec lui dans les semaines à venir. Mais, pour autant, Reto n’avait pas eu le cœur à se débarrasser de Kelly. Il savait que c’était mal, car Kelly ne pourrait rien apporter d’autre aux affaires que des problèmes.

Au lieu de ça, il lui avait offert une chambre dans un hôtel particulier, une chambre assez luxueuse, contrevenant à l’un des principes d’or du clan Petrovski, auquel il appartenait : ne pas mélanger les affaires et la vie privée. Cependant, l’homme ne comptait pas s’arrêter là, puisqu’il envisageait de révéler à Kelly son plus grand secret, ce qui expliquait pourquoi il abordait les choses par étapes. La montagne de muscles se demandait ce que Kelly représentait à ses yeux. Il aimait bien son toupet, la manière qu’elle avait de s’opposer à quiconque, sa fierté... Et son corps, bien entendu. Il l’appelait « louve », et, dans sa bouche, ce mot avait une consonance tout à fait particulière.

Sa réponse sur le surnaturel était à la fois un « oui » et un « non », ce qui, supposait-il, devait résumer ce que tout le monde, globalement, pensait sur le surnaturel : une fantaisie dont on savait qu’elle n’existait pas, mais dont on pensait, fondamentalement, qu’elle existait. Elle lui avoua ensuite être perplexe, et il hocha la tête.

« Je comprends cela, Kelly... Sache juste que ce que j’ai n’est pas contagieux, et que ça ne te mettra pas en danger. Mais... Chaque chose en son temps, ma louve. »

L’homme sourit alors, et embrassa la main de la femme, dans un geste qu’il voulait être galant. Comme il le lui avait dit, il lui expliquerait tout ce soir.

« En attendant, j’aimerais qu’on parle davantage de toi que de moi, Kelly... C’est toi la star dans ce restaurant. »

Il ne la flattait pas totalement ; la plupart des clients peinaient à regarder leurs rombières, et détournaient aisément le regard pour observer les courbes et les formes de Kelly.

« Qu’est-ce que tu envisages pour ton enfant ? Ou même pour toi, à plus ou moins long terme ? Maintenant que les choses sont clarifiées avec Sanderson, et qu’il accepte de te verser une pension... Quels sont tes projets ? »

La question pouvait paraître intrusive, mais... Et bien, comme Kelly lui avait déjà fait une fellation, l’homme estimait avoir tout à fait le droit de la poser.

La question était assez bonne. Kelly n'avait pas vraiment réfléchi à cela depuis un moment. En arrivant ici, dans cette ville, le but premier était de se refaire une santé financière via son fils et Alex. Sur ce point elle avait plutot assez bien réussi. Alex avait l'air de vouloir assurer son rôle au dela de ce qu'elle avait pu espérer. Bon, elle restait méfiante, mais il avait fait cela dans les règles et avait tout mis sur papier. Elle avait une couverture légale. C'était le plus important.  D'ailleurs, elle se demandait bien ce qu'elle devait penser de Alex. Elle gardait de la rancoeur pour lui mais restait malgré tout en partie attendrie par lui. Il lui avait donné son fils, c'était le plus important. Cela les liait à vie. Ils n'avaient jamais eu vraiment l'occasion de discuter de cela, il le faudrait.

« Alex a rempli son rôle au dela de ce que je pouvais espérer. Il m'a surpris, mais avec lui j'ai appris à me méfier. Mais s'il veut vraiment jouer le role qu'il pretend pour Kyle, ma vie est ici désormais. J'ignore encore dans quel rôle, ni de quelle façon , ni si Alex a des intentions que j'ignore mais l'essentiel est acquis. »

Oui même si pour y arriver , il avait fallu sacrifier Joshua. Kelly restait meurtrie par l'issue de leur relation. Elle regrettait qu'il ait souffert de sa faute. Elle aurait aimé lui parler, lui expliquer encore une fois mais à quoi bon. Il avait sans doute quitté la ville maintenant. C'était sans doute mieux et peut être qu'un jour, elle pourrait enfin tout lui expliquer et lui comprendre sa logique

« je devrais sans doute bientot avoir une discussion avec lui. Mais bon, en dehors de sa personne, il y a aussi toi maintenant Reto. Tu m'as soutenu et aidé. Je sais qui tu es, pourquoi tu l'as fait, mais malgré  tout tu as été bon pour moi.Je ne l'oublie pas. Et je serai heureuse de pouvoir continuer à te fréquenter »

Kelly était sincère. Elle n'avait plus aucune raison de lui mentir. Au fond, elle trouvait pas mal de qualités de Reto. Il était dangereux mais elle avait aussi découvert une autre facette de lui qui lui plaisait beaucoup. Il n'était pas qu'un homme du milieu, il était plus que cela.  Et tandis qu'elle buvait une gorgée de son verre de vin,  la façon dont il avait embrassé sa main montrait ses bonnes manières et son côté plus charmeur. Dire qu'elle n'était pas insensible à son charme était vrai. Mais une part d'elle même savait que cet homme avait aussi sa part d'ombre. D'ailleurs de quelle  nature était sa maladie. Elle n'arrivait pas à ne pas y penser. Il avait éveillé sa curiosité et elle voulait l'assouvir. Il avait promis qu'il allait bientôt tout lui dire. Elle acceptait donc cette augure. Non sans montrer son impatience

"Ces mystères autour de cette maladie sont quand même très intriguants"

Mais elle n'allait plus revenir là dessus. Par contre, une question lui vint à l'esprit

"Tu songes partir en retraite bientot? Quand tu en as parlé tout à l'heure tu semblais las de ta vie actuelle. Et que feras tu de Doutzen?"

A plus d'un titre elle était une rivale pour elle. Kelly ne l'avait pas oublié.Elle la détestait alors que finalement elles avaient toutes les deux bons nombres de points communs.

La curiosité d’une femme était chose terrible, mais, si Reto ne lui disait pas tout, ce n’était pas juste pour la faire souffrir, mais tout simplement parce que, s’il lui parlait de la nature réelle de son affliction, elle ne pourrait pas le croire. C’était quelque chose qu’il fallait montrer, et il ne pouvait pas le montrer dans ce restaurant. Il avait donc choisi d’évacuer le sujet vers le sort de Kelly, et ce parce que, en toute sincérité, il était curieux de savoir ce qu’elle comptait faire. Elle l’aimait, et c’était réciproque. En l’état, c’est tout ce que Reto voyait. Il savait que Kelly avait en elle une part d’ombre, une femme qui n’avait pas froid aux yeux, et c’était cette part d’ombre qu’il appréciait. Reto ne voulait pas d’une potiche, mais d’une guerrière, non pas une femme qui porterait une épée, mais dont le caractère était suffisamment trempé et l’esprit suffisamment clairvoyant pour savoir que, dans ce monde, il n’y avait pas de Prince Charmant, et que les relations sociales n’étaient, ni blanches, ni noires, mais faites de nuances de gris.

Kelly revint ensuite sur ce qu’il lui avait dit plus tôt, tout en évoquant le cas de Doutzen. Son ennuyeux Petit Chaperon Rouge, si pratique, mais qui pouvait aussi être la raison principale de sa chute. Reto ne répondit pas tout de suite, et ce parce que le serveur arriva à un moment inopiné. En tant que bon omnivore, Reto profita de cette pause pour commencer une entrecôte saignante, ainsi qu’une bouteille de vin, et laissa Kelly choisir. Le serveur les remercia, récupéra les cartes, puis s’éclipsa, laissant le duo revenir à leurs moutons.

Un long soupir traversa les épaules de l’homme, avant qu’il ne lui réponde :

« Comme tu le sais, Kelly, le travail que je fais n’a rien d’honnête. Pour autant, ce n’est pas la police que je redoute le plus, mais mes concurrents, mes rivaux. Dans ce métier, on ne fait pas de vieux os. Je n’ai pas envie de continuer à m’investir pour me retrouver abattu en pleine rue. Je suis quelqu’un de lucide, et j’envisage de prendre ma retraite, oui... J’ai accumulé suffisamment d’argent pour me trouver un petit coin tranquille, même si je ne sais pas trop où encore. Les Alpes européennes me tentent bien, ou encore les Rocheuses... Même si le Russe que je suis aurait le cœur en sang à l’idée devoir aller vivre chez ces maudits Yankees. »

Il laissa planer quelques secondes, comme s’il était perdu dans son rêve, dans ce futur idyllique qu’il s’envisageait.

« Je m’imagine bien vivre dans la nature, en réalité... Un chalet en bois le long d’un lac, un village à côté, loin de tout, loin de la ville et des coups tordus. Quant à Doutzen... Je ne sais pas. Je l’ai adopté, j’en ai la responsabilité, mais je pense qu’elle se débrouillerait très bien sans moi. Il suffirait de lui trouver un petit appartement dans le centre-ville, puis de la laisser faire son propre rêve. Elle souhaite devenir actrice, et envisage de quitter Seikusu. En fait, je crois qu’elle n’aura aucun problème à m’oublier, moi ou toutes les figures de son passé. »

Reto était lucide. Doutzen la haïssait. Comment aurait-il pu en être autrement ? Reto l’avait humilié, brisé, fait d’elle une esclave sexuelle afin de s’envoyer en l’air avec tous les pervers de cette ville. Mais lui, en toute honnêteté, il se voyait assez mal mener encore cette vie pendant des années, et se trouvait suffisamment jeune pour rêver d’une autre existence.

« Doutzen partirait sûrement à Tokyo.. Je finance déjà pour elle une sorte de manager qui a pour tâche d’aider les jeunes talents à se rapprocher du monde du showbiz’. »

Quelques secondes passèrent encore, Reto regardant Kelly. Avec sa belle robe noire, elle était tout simplement superbe, d’une beauté incroyable. Ce n’était pas la beauté sexydes prostituées, mais cette beauté majestueuse qui vous impressionnait.

« Et, pour ne rien te cacher, je t’imagine bien avoir une place dans ce futur... Même s’il est encore très lointain, pour l’heure. Disons que c’est plus un genre de rêve, pour l’heure, qu’un véritable projet, tu comprends ? »

Un projet même très improbable, car on ne quittait pas ce business si facilement... Mais l’homme avait bien le droit de rêver, après tout.

 Reto avait l'air de savoir ce qu'il voulait. C'était déjà un bon point pour lui et ses projets futurs. Car la base de tout c'était savoir où allait et avec qui. Il n'attendait rien de Doutzen et c'était logique. De son point de vue, elle n'était qu'une petite arriviste. Kelly ne l'aimait pas car elle la voyait comme sa némésis. Une sorte de reflet d'elle même en plus jeune. Elle ne l'avouerait pas mais toutes les deux avaient su se servir de leur corps pour arriver à leur fin et obtenir satisfaction sur leurs buts

« La connaissant elle se trouvera un autre protecteur. cette fille aura toujours besoin d'un bailleur de fonds. ou alors actrice dans le porno serait parfait pour elle »

C'est alors que le serveur arriva, ce qui mit fin au sujet Doutzen, toujours très délicat

« Je prendrais une salade de tomates avec une escalope de veau et des pates »

Elle aussi avait commandé, se satisfaisant du vin pour boire. Regardant Reto, elle ne comprenait pas pourquoi il continuait. Dans sa tête il était déjà parti c'était évident. Il avait l'air de désirer cette retraite plus que ce qu'il n'avait actuellement.Ce qui lui fit dire

« Pourquoi tu continues encore Reto ? Tu m'as l'air déjà assez clair dans ta tête. Tu n'as aucune raison de poursuigvre, tu as assuré tes arrières niveau financier et comme tu le dis, mieux vaut partir la tête haute que les pieds devants. Tu es un homme de qualité certaine et qui pourrait très bien rebondir dans autre chose »

Venant porter le verre à ses lèvres, elle avait bien compris qu'il voulait continuer à la voir. Elle n'était pas contre mais il parlait de partir ailleurs.Ce qui dans la pratique pouvait causer soucis. Et pour cause, comme elle l'avait dit sa vie était ici à présent

« Comme je viens de le dire, de mon côté je ne me vois pas partir d'ici pour le moment. J'ai enfin ce que je voulais pour mon fils et pour moi. Grâce à toi en majeure partie et je ne l'oublierai jamais. Mais j'espère que tu comprends que je ne pourrai peut être pas te suivre dans tes projets de nouvelle vie. »

On sentait quand même une forme de regrets. Mais elle supposait qu'il était assez malin que pour le comprendre

« Mais bon avec les nouvelles technologies il est impossible de perdre complètement la trace de chacun »

Ce qui en un sens était déjà une bonne chose. Passant une main dans ses cheveux, une autre question lui vint à l'esprit

« N'as tu jamais songé à ce que tu aurais pu faire d'autres de ta vie ? »

Reto ne put retenir un sourire quand Kelly vomit son dégoût envers Doutzen. Une rivalité qui l’intriguait et l’interpellait. Il savait que, entre elles, les femmes pouvaient être de vraies garces, et ça se confirmait. Si on mettait Doutzen et Kelly ensemble sur un ring, Kelly voudrait probablement la massacrer des pieds à la tête. Une curieuse rivalité, donc, Reto s’intéressant sur ses origines. Est-ce que cela venait du fait que Kelly considérait Doutzen comme l’amante de Sanderson ? Ou est-ce qu’il y avait autre chose ? Une sorte de jalousie inconsciente et profonde, peut-être ? Reto n’était pas psychologue, et Kelly ne souhaita guère insister là-dessus, préférant opter pour un autre sujet, en revenant sur la profession de Reto. N’ayant pas froid aux yeux, elle lui posait de franches questions. Un Sicilien lui aurait rétorqué que ce n’était pas son  affaire, que ça ne concernait pas les femmes, mais Reto, sur ce point, s’estimait moins sexiste... Sur ce point.

Cependant, Kelly précisa rapidement que, si Reto venait à partir, elle ne le suivrait pas. Il encaissa en hochant lentement la tête. Ce n’était pas gravé dans le marbre, et, de toute manière, ça relevait pour l’heure de l’incertitude la plus absolue. Et, quand bien même, elle était une louve, pas une brebis qu’il pouvait retenir contre lui. Si elle préférait être avec ce benêt de Sanderson, c’était un problème entre lui et Sanderson. Kelly avait Doutzen, lui avait Sanderson. Une curieuse situation, car, si Kelly pouvait encore se rapprocher du play-boy, ce dernier continuait à tourner autour de Doutzen. Un triangle amoureux compliqué qui, comme tous les triangles amoureux, pouvait lui péter à la gueule. Ainsi, il savait que Doutzen allait prochainement partir sur l’île de Sanderson, et Reto comptait bien en profiter pour mettre fin à cette pseudo-romance ridicule qui, sur le long terme, pourrait lui attirer des ennuis.

*Je joue suffisamment avec le feu avec Kelly comme ça sans avoir à me rajouter une romance. Si Alex apprend le pot-aux-roses, il me faudra agir plus violemment, ce qui risque de poser de plus amples problèmes.*

On ne se débarrassait de l’héritier d’un riche empire immobilier comme d’un vulgaire migrant. Il y aurait une enquête, des répercussions, des têtes à faire sauter, et Reto, aussi important soit-il pour la famille, savait qu’il n’était pas non plus indéboulonnable. Il prenait déjà des risques avec Doutzen, en la lâchant dans la nature, et encore plus avec Kelly, qui en savait un peu trop sur eux. Il la regarda mettre une main dans ses cheveux, et soupira lentement. Quasiment tout ce que cette femme ne faisait que mettre en valeur son incroyable beauté. Comment cet abruti de Sanderson avait-il pu lui faire un gosse, et l’oublier ensuite ?

Elle lui posa ensuite une autre question, et l’homme la regarda, avant de sourire.

« Tu me demandes si j’ai eu des regrets, Kelly ? Qu’est-ce qui te choquerait le plus, dis-moi ? On se salit tous les mains un jour ou l’autre... Le chevalier blanc en armure étincelant ? Des foutues conneries. Je ne regrette pas ce que j’ai fait, et j’évite de trop m’appesantir sur le passé. Ce qui est fait est fait. En revanche, il y a bien des choses récentes que je regrette... Comme t’avoir menacé. »

Reto n’avait pas oublié, et il était sincère en le disant.

« Je me suis rarement senti coupable pour ce que j’ai pu faire, mais, tout à l’heure, dans l’appartement... Ça, si je pouvais revenir dessus, j’agirais autrement. Tu m’as prouvé que tu étais une femme forte, Kelly, et c’est pour ça que je ne tiens pas à te retenir... Même si je ne te cache pas que j’en aurais envie. Je t’ai aidé, et je ne l’ai pas fait par pitié, mais parce que je sais que tu es une battante. Et, de toute manière, pour l’instant, je reste encore à Seikusu. »

Il se tut un peu, mettant de l’ordre dans ses idées, avant de poursuivre :

« Pour le reste... Ce n’est pas aussi simple que ça, Kelly, même si je l’aimerais bien. J’ai encore des responsabilités et des tâches à accomplir, et, si j’ai certes de l’argent... Ce dernier n’est pas éternel. De plus... J’ai encore besoin de rester à Seikusu, afin de trouver un traitement contre ma maladie. »

Quelques secondes s’échappèrent alors, avant qu’il en reprenne :

« Seikusu n’est pas la ville que tu crois, Kelly. Tous ces mutants, ces légendes urbaines, ces choses qui s’y déroulent... Cette ville est spéciale, Kelly, très spéciale. Peut-être un jour t’en dirais-je un peu plus si tu le souhaites... Mais, pour l’instant, j’ai juste envie de passer du temps avec toi. »

La réponse était honnête comme souvent avec lui. Il n'avait pas vraiment de porte de derrière. Ce qu'il faisait, ce qu'il disait, il l'accomplissait. Souvent cela pouvait déplaire mais au moins, on savait à quoi s'en tenir. Dans ce cas-ci, Reto avait continué d'être le plus serein et le plus honnête possible. Il avait clairement fait comprendre qu'il n'était pas encore pret à raccrocher. Là aussi rien d'affolant pour elle, c'était dans l'image qu'elle se faisait du personnage. Il assumait toujours ce qu'il avait fait, ne cherchait jamais à diminuer sa part de responsabilités dans ce qu'il avait pu faire ou dans ce qu'il ferait.

« Tu as fait ce que tu devais faire et moi pareil. L'essentiel est que nous soyons parvenus à passer outre ces différents. Je ne te reproche rien, et sache que tu ne pourrais pas me choquer je pense.J'ai une petite idée de ce que tu es, de ce que tu peux faire ou ne pas faire. »

Elle n'avait plus cette candeur qu'on pouvait imaginer.La vie ne lui avait pas fait de cadeau et si maintenant tout semblait aller mieux, cela ne s'était pas fait sans mal loin s'en faut. Elle pouvait largement en témoigner à plus d'un titre.

« Je sais que tu n'es pas homme à te la couler douce loind e l'agitation même si tu le voulais. Tu as ce tempérament qui fait de certains hommes des predateurs et des hommes d'action. »

Au fond, elle ne voyait qu'une fin possible pour lui. Il ne pourrait jamais dire stop, même s'(il le voulait. Il ne quitterait son statut que contraint et forcé

« Encore cette maladie...... »

Elle avait raisonné à voix haute. Au fond, elle n'avait jamais vraiment voulu s'intéresser à ce qu'on pouvait dire sur ce  lieu. Pour elle, c'était des racontards. Mais maintenant qu'elle y pensait, si elle mettait cela en relation avec les questions de son hôte, il semblait y avoir une certaine logique. Peut être que finalement il y avait uen part de fondé dans tout ce qu'elle avait pu entendre. Reto n'était pas homme à raconter cela si c'était faux. Et puis pourquoi ferait il cela ? Cela n'avait pas de sens en tout cas.De plus en plus intriguée, elle ne cachait plus vraiment sa surprise. Et surtout, une forme d'intérêt pour la question

« Je vais finir par croire qu'il y a quelque chose de vraiment étrange par ici »

Ne sachant pas quoi dire, elle restait silencieuse, buvant un peu de vin. Elle aimerait pouvoir avoir une explication à cette situation pour le moins particulière. Mais elle n'en voyait toujours pas. Et finalement elle était de plus en plus curieuse sur ce que pouvait lui dire Reto.

Plus la conversation s’étirait, et plus elle confirmait ce que Reto pensait sur Kelly... Non pas qu’elle était la femme de sa vie, car Reto n’avait jamais été versé dans ce genre de sentimentalisme à deux balles, mais bien qu’elle était une femme d’une rare qualité, une louve qui n’avait pas froid aux yeux, et qui savait que le monde n’était, ni blanc, ni noir. Elle n’était pas bête, et elle savait très bien en quoi son travail consistait. Elle en avait eu un léger aperçu quand ils avaient discuté de ce qu’ils auraient pu faire avec Alex. Les autres membres du clan ne pouvaient pas comprendre. Ils étaient plutôt du genre paranoïaques, craignant la police et les Yakuzas, car, quitte à choisir, la police préférait choisir pour la mafia locale plutôt que pour des étrangers. Reto savait que d’autres membres du clan avaient sérieusement envisagé de faire disparaître Kelly quand ils avaient appris que Reto l’hébergeait... Et il était sûr que, s’il n’y avait pas eu Doutzen, on l’aurait fait supprimer. Les Petrovski n’étaient pas connus pour rigoler, ou pour confondre le sens des affaires et le sexe. Eux, en voyant Kelly, ne voyaient qu’un joli trou bon à fourrer. Pour autant, alors qu’ils se connaissaient depuis des semaines, Reto n’avait encore rien tenté de vraiment sexuel avec elle... Bon, certes, ils avaient fait une ou deux fellations, mais rien d’autre... Ce n’était pas l’envie qui lui manquait, pourtant, et il aurait tout à fait pu la forcer à bien des reprises... Mais elle n’était pas comme les autres, elle, et Reto voulait s’assurer d’avoir son consentement. Le fantasme des hommes, c’était cette Princesse blonde idiote et naïve, celle qui n’y connaissait rien à la vie, et qui était coincée dans un clip de Sinsemilia. Lui, Reto, il voulait une femme forte, quelqu’un capable de l’écouter sans sourciller quand il disait qu’il avait fait chanter un honnête père de famille, ou avait torturé un dealer.

Voilà donc où le duo se trouvait en ce moment, l’un face à l’autre, la mystérieuse maladie de Reto au milieu, et Kelly y réfléchissant. Il avait parlé des mystères de la ville, et sentit que son hameçon avait attiré Kelly. Peut-être avait-elle entendu parler des rumeurs, elle aussi ? Et puis, il suffisait d’allumer la télévision pour voir les reportages sur toutes ces organisations gouvernementales issues d’un film conspirationniste des années 70’s : le SHIELD, les super-héros, toutes ces conneries... Reto hocha donc très légèrement la tête, et reprit :

« Je ne t’ai pas demandé si tu croyais au surnaturel sans raison, ma belle. »

Encore une fois, il resta volontairement mystérieux... Jusqu’où pourrait-il aller ? Reto avait été sincère en disant qu’il ne voulait rien lui cacher... Mais lui savait que Seikusu était sur une faille dimensionnelle, menant vers un autre monde, Terra. Impossible de balancer ça comme ça au restaurant sans passer pour un cinglé, et il se demandait si Kelly était prête pour entendre ça. Ce qui était sûr, c’est qu’il allait lui confier son secret, et ce serait sans aucun doute entièrement suffisant pour elle.

« Quoi qu’il en soit, sois sûre que je ne te ferais jamais rien de douloureux... Même si tu devais partir pour aller voir un autre homme... Tu n’es pas ma chose, et tu ne le seras jamais. »

Il avoua alors, avec un léger sourire.

« En attendant, j’ai hâte d’être à ce soir... Je n’ai encore jamais dit ça à une femme, Kelly. Tout ça te rend très spéciale à mes yeux, en réalité. »

Très spéciale, en effet...

Kelly souri. La conversation était plaisante à bien des égards pour elle. Reto était un homme de bonne compagnie avec qui on pouvait parler de manière simple et courtoise. Elle ne se sentait pas sous pression et surtout, elle était en confiance avec lui. Il ne lui mettait pas la pression  et acceptait l'idée qu'elle puisse finalement vouloir autre chose. Bon ses déclarations sur le surnaturel et tout cela avait quelque peu éveillé son attention, mais kelly ne voyait encore aucune réelle raison de s'inquiéter à ce sujet. Reto avait dit lui expliquer le moment venu, elle lui faisait donc confiance. Elle était curieuse oui mais pas encore assez que pour vraiment en faire une lubie. Elle restait très cartésienne

« Je ne doute pas que la soirée sera bonne »

Elle lui souriait toujours, voulant lui rendre ce sentiment de confiance qu'il lui donnait. Elle appréciait la compagnie de cet homme elle lui avait déjà dit. Avaient ils un avenir ensemble ? Elle n'y croyait pas trop. Ils avaient tous les deux des objectifs différents. Mais rien ne les empechait de passer du bon temps ensemble entrz adulte consentant.

« Ce restaurant appartient donc à ta famille »

Abordant de nouveau ce sujet,  elle avait envie d'en savoir un peu plus sur ce qu'il pouvait faire avec ce genre de milieu. Il y avait une fascination certaine pour les choses illégales. Ce n'était pas propre à elle mais bien aux gens. L'influence des films de gangstrer  y contribuait.  Comme si le crime payait toujours et que le mythe des bads boys étaient toujours bien vivants et présents

« J'avoue que j'ai toujours été intéressée par ce type de vie. J'imagine que l'on doit pas mal fantasmer sur cela et que la vérité est sans doute moins glamour mais il n'empeche qu'il y a quand même de quoi perdre quelque peu le sens des réalités non ? Quand on voit qu'on peut gagner de l'argent assez facilement, c'est tentant. Même si derrière cela, il y a pas mal de danger et de risques aussi. Il faut pas se voiler la face »

Kelly avait sans doute une vision très réaliste de la chose. Elle avait fréquenté pas mal de gens de ce bord via son métier de danseuse dans un club. Pas forcément la crème de la crème mais malgré tout elle pouvait en avoir une opinion certaine. Et elle trouvait que pour la plupart, ils jouaient des rôles qu'ils ne pouvaient pas assumer. Les vrais durs comme Reto n'avait pas besoin d'en faire des tonnes. Cela sonnait comme une évidence. Tout était naturel chez eux y compris ce coté bad boy. Reto était fait de ce bois là, il dégageait tout simplement une forme d'assurance iposant le respect.

N’ayant pas froid aux yeux, Kelly manifestait aussi un étrange intérêt pour les affaires de Reto. Cette femme était difficile à percer, car, d’un côté, elle aimait son enfant avec l’obstination d’une dragonne, mais, de l’autre, elle pouvait aussi se montrer très intéressée par ce qui, à première vue, ne relevait pas de ce qu’une mère était censée dire à son enfant. Reto aurait pu lui sortir tout un discours pour lui expliquer en quoi ce qu’il faisait n’était pas différent de ce qu’un homme d’affaires faisait, que ce n’était qu’un simple métier, fondamentalement similaire aux autres, mais différent en ce qu’il était plus intense et plus risqué... Mais ça, c’était le genre de conneries hypocrites et moralisatrices qu’on vous sortait à toutes les sauces comme tentative de justifier l’injustifiable... Et Kelly méritait mieux que ça. Elle méritait l’honnêteté de l’homme, elle méritait qu’on lui dise ce qu’il en était réellement.

« C’est un métier difficile, Kelly. De cela, il ne faut pas douter. Même quand on est fils d’un parrain, la vie n’est pas facile avec vous, car, dans ce milieu, il n’y a pas de règlementation, et personne n’ira voir la police. Tous les coups sont permis, et, quand on est comme moi, et qu’on commence dans une banlieue de Moscou, il faut s’accrocher. Pendant des années, j’étais à peine mieux loti qu’un chômeur en fin de droits, avec la peur perpétuelle de voir des rivaux débarquer chez moi pour me tirer dessus. Quand la famille a voulu s’investir davantage dans Seikusu, j’ai suivi. Je dirigeais un club de strip-tease à l’époque, ce qui fait que je me suis impliqué dans la prostitution. Je savais une chose fondamentale, Kelly, et c’est ça qui m’a fait ma fortune. »

Reto n’avait pas grandi simplement avec ses poings, mais aussi parce que, outre être une montagne de muscles, il était aussi intelligent, et suffisamment malin pour avoir des plans machiavéliques.

« On sous-estime trop les prostituées, Kelly... Mais moi, je sais une chose... La prostitution, c’est le plus vieux métier du monde, et il continuera encore à exister... Si toutes les putes étaient connes, ce métier serait pas une telle mine d’or. Tu n’imagines pas le nombre de confidences qu’un homme peut faire sur l’oreiller, ou à quel point ces connards arrogants et imbus de leur personne ne se méfient pas d’une femme, dès qu’elle sourit, et dès qu’elle leur suce la queue. Le sexe... C’est une arme très efficace. La beauté d’une femme, vois-tu, est l’arme la plus efficace qui soit dans un monde fait d’hommes, et le milieu du crime organisé est connu pour son fort taux d’hommes, et son sexisme ambiant. Dès que j’ai compris ça, j’ai su comment gérer au mieux mon club. Les confidences sur l’oreiller, les vidéos compromettantes de Procureurs ou de sénateurs en train de s’envoyer en l’air avec mes putes... Je me suis forgé un nom ici grâce à ça, grâce à mes petits chaperons rouges... Car, et c’est là la morale de la fable, Kelly, on ne se méfie jamais du Petit Chaperon Rouge. »

Et, dans toute cette histoire, le Petit Chaperon Rouge était une blonde à belle poitrine venant d’Europe de l’Est.

« Mais ne t’inquiète pas, je ne te demanderais jamais de te prostituer... Maintenant, dis-moi... Jusqu’à quel point ton intérêt pour cette vie porte ? Est-ce que c’est purement par argent ? Ou est-ce qu’il y a autre chose qui... Qui est susceptible de te faire fantasmer là-dedans ? »

Reto lui disait les choses de  manière assez claire.  Kelly ne s ebercait pas d'illusions mais elle appréciait cette franchise. C'est ce dont elle avait besoin. Elle n'aurait pas apprécié qu'il luir aconte n'importe quoi. Là, c'était sincère te directe. Cela lui plaisait, car c'était ce qu'elle attendait de lui.Elle n'était pas le genre de femme à vivre dans une forme de monde de bisounours Elle pouvait encaisser les vérités

« Tu as raison d'avoir fait ce que tu as fait. Tu es un homme comme je le pensais : capable de saisir sa chance quand il le faut. Tu as su faire des faiblesses des gens ta force. C'est comme cela qu'on peut grandir dans la vie. Mais il faut savoir le faire ceci dit. Et sur ce point, je reconnais que tu es un expert »

Kelly n'avait pas besoin d'en faire des tonnes. Il était ce qu'elle avait toujours pensé, pas plus pas moins. Elle savait qu'il avait du se forger son statut en mettant les mains dans la merde. Ce qu'il disait n'était que la confirmation de cela

« Je n'ai pas vraiment de fantasme sur ce sujet la »

le ton était neutre. Elle ne mentait pas. Par contre, il y avait bien quelque chose qui la travaillait à ce niveau là. Une série de questions qu'elle se posait. Elle 'narrivait pas trop à comprendre ce qui pouvait motiver des filles a faire cela puis le regrettait ou passer pour des victimes

« j'ai travaillé  comme serveuse dans un bar de strip tease. Je l'assume complètement.Mais j'ai toujours fixé certaines limites. Là ou je tique un peu, c'est quand des filles vendent leur corps puis n'assume pas. J'ai jamais compris pourquoi certaines personnes avaient besoin de se cacher comme cela derrière de fausses excuses. J'admire les femmes qui peuvent vendre leur corps en assumant.Il n'y a rien de plus beau pour moi qu'une représentante du sexe dit faible qui peut ouvertement discuter du fait de prendre le pouvoir sur les hommes. J'ai jamais compris cette victimisation. Les hommes sont facilement manipulables pour celles qui savent se salir les mains. Je ne dis pas que dans un certain contexte je ne l'aurais pas fait. « 

kelly avait sa vision. On l'aimait ou pas mais c'était clair. Mais ce qui frappait surtout c'était l'image déplorable  qu'elle avait des hommes.Mais son passif parlait pour elle ceci dit. Et personne ne pourrait changer cela

Il avait été honnête avec elle… Et, même maintenant, il continuait à l’être. Pourquoi ? Parce qu’elle était sa louve, parce qu’elle était une femme qui n’avait pas froid aux yeux, une femme qui admettait très simplement le fait que, dans ce monde, rien n’était, ni totalement blanc, ni totalement noir… Et aussi parce qu’elle était belle, une beauté redoutable, face à laquelle Reto ne pouvait, en toute honnêteté, rester insensible. Pourtant, des belles femmes, il en côtoyait régulièrement. Depuis des années, il en côtoyait, alors il était assez difficile de dire qu’il agissait juste par intérêt sexuel… Oh, bien sûr, il y avait de ça, mais c’était sa personnalité qui le heurtait. Kelly lui avoua ainsi qu’elle avait déjà travaillé comme strip-teaseuse (ce qui ne le surprenait guère), et qu’elle trouvait absurde le fait de se plaindre d’être belle. Reto ne pouvait qu’acquiescer. Si les femmes avaient conscience, vraiment conscience, du pouvoir résultant de leur beauté, il y a longtemps qu’elles auraient récupéré le statut de femme forte qu’elles avaient perdu pendant l’Antiquité.

Reto ne put donc qu’acquiescer, et, entre-temps, les plats arrivèrent. Lui, il se disait qu’il n’avait jamais autant parlé avec une femme, ce qui, il fallait bien le reconnaître, était assez agréable.

« Toi en strip-teaseuse, sourit-il ensuite, se mettant à imaginer son corps nu en train de danser sous les stroboscopes, ses seins ondulant contre un pole dance. Si j’aurais été ton videur, je pense que j’aurais dû calmer bien des ardeurs… Tu as raison, Kelly, terriblement raison. Les hommes ont les muscles, les femmes ont la beauté. La Nature est bien faite. Les femmes sont appelées à commander par leur beauté, et les hommes à les porter par leurs muscles. Je trouve qu’il y a une certaine logique primitive et fondamentale là-dedans. »

Il était bien déterminé à lui montrer qu’il n’était pas qu’un tas de muscles, et qu’on ne se hissait pas à sa position actuelle en étant juste une brute épaisse.

« Je me suis renseigné, tu sais… Sur le passé, tout ça… Je n’ai pas fait de grandes études, mais je suis un homme qui réfléchit beaucoup. Et jadis, vois-tu, les premiers signes de divinité qu’on a relevé étaient des Déesses de sexe féminin. Ça signifie que les Très Anciens voyaient la femme comme le sexe fort, parce qu’elle portait la vie, parce qu’elle était belle… La situation s’est inversée avec les années. Tu vois, je ne suis pas sexiste, ce qui est très paradoxal, parce que, d’un côté, j’utilise des femmes comme Doutzen pour offrir leur corps au plus offrant, et, de l’autre, je te sors tout un discours qui ferait de moi un porte-symbole de l’Association des Femmes Nouvelles. »

Reto avait tout à fait conscience de ce paradoxe, mais il était à la hauteur de la nature humaine, à la fois bestiale et sauvage. L’homme commença à manger, tranchant dans son entrecôte, à la viande bien rouge, mais non moins chaude.

« Est-ce que tu regrettes ton ancienne vie de strip-teaseuse ? Je veux dire… Pas le fait de manquer de l’argent ou tout ça, bien sûr, mais… Le reste. Sentir le regard des hommes sur ton corps, sentir que tu as le contrôle sur eux… Un homme qui a la trique est instable, mais toi, tu as l’air d’être le genre de femmes à savoir comment gérer ça, et comment te faire au mieux obéir des hommes. En fait, cette robe te va très bien, mais… »

Amusé, l’homme se pencha alors vers elle, se rapprochant, et lâcha quelques ultimes mots, comme une sorte de dernière provocation :

« Tu vois, je t’imagine très bien porter le cuir et le fouet. Avec ton regard si pénétrant et tes formes de rêve, tu ferais fureur dans ce domaine… »

Oh ça oui, clairement !

« Je ne regrette rien. J'ai fait ce que je devais faire, pas plus pas moins.  Pour moi c'était un moyen de gagner de l'argent . Je n'ai jamais raisonné autrement »

Devant la tirade de Reto, la réponse de Kelly restait assez neutre. Sur le fond, elle ne trouvait rien à redire et pour être honnête, elle n'avait pas envie de se lancer dans une tirade sans fin. Elle n'aimait pas d e cette période sa vie.A tort ou a raison mais pour elle, c'était comme cela. Elle voyait cela comme une façon de vivre et de gagner d el'argent. Ni plus ni moins. Son attitude pouvait paraitre renfermée mais traduisait son mal être. Sans doute parce qu'elle se rappellait aussi  qu'elle avait perdu l'amour de savie à cette même époque.  C'était toujours délicat chez elle.

« Je pense que le monde irait mieux si chaque femme se rendait compte de ce qu'elle peut faire ou ne pas faire. Ce n'est pas du féminisme, juste du realisme. »

En disant cela, elle ne cherchait pas à convaincre Reto. Mais elle cherchait surtout à se parler à elle même avant toute chose.  Elle ne s'était jamais pardonné sa décision de foutre  à ,la poubelle sa relation avec l'amour de sa vie.  Elle avait commsi une grosse erreur et elle en payait toujours le prix

« je sais ce que j'ai fait Reto et  je suis pas fière de cela.  C'e'st là que j'ai rencontré Alex et que j'ai fait des choix. Plus que mon métier, c'est cela qui me poursuit. »

Elle ne dirait rien de plus ou de moins. A quoi bon ? De toute façon, le plus important était ailleurs pour elle. Et c'est ce qu'elle se disait depuis toujours. Vivre avec ses choix et les assumer. Heureusement pour elle, le serveur amena les plats et elle trouva la dedans une jolie échappatoire

« Bon appétit »

Dit elle, alors qu'elle avait commencé à manger ? Plutot silencieuse, Reto l'avait replongé dans ses sombres souvenirs. Elle ne lui en voulait pas mais du coup, elle avait perdu en sérénité. Cela se sentait.

« Ceci dit tu as fait ce que tu devais faire. Que ce soit Doutzen ou une autre tu ne les a pas forcé »

Elle n'avait pas pu s'empecher de glisser une pique pour sa rivale de toujours.Mais en dehors de cela elle le pensait vraiment.Pour le coup, elle considérait que chacun était reponsable de ses actes. En bien ou en mal.