[FINI] Passion guerrière [Ayane]

Ayane s’évertua à lui raconter une histoire que Diana connaissait. À Themiscyra, elle avait appris tous les mythes issus de la Grèce antique. Elle avait même suivi des cours d’Histoire concentrés exclusivement sur la mythologie grecque, ces cours se concentrant autour de l’Iliade d’Homère, mais aussi auprès d’autres récits mythologiques que les Terriens ne connaissaient pas, car ils étaient propres aux Amazones. De fait, si Diana n’avait pas eu la présence d’esprit de demander à Batman de les sauvegarder, d’en faire des copies numériques, tout ce savoir historique aurait définitivement disparu quand l’île avait été détruite... Un crime terrible, tout comme le fait de retenir la culture chez soi, alors que la culture avait pour but de diffuser. Un autre des errements de son peuple, un autre péché pour lequel les Amazones avaient payé. Diana connaissait donc l’histoire de Persée, allant chasser la redoutable Méduse. La décapitation de la Gorgone figurait dans la Théogonie du poète Hésiode. Polydecte, un Roi, avait confié à Persée la mission de tuer la redoutable Gorgone, un monstre qui pétrifiait et tuait marins et pêcheurs. Diana se souvenait de cette histoire, ainsi que des légendes. Poséidon avait effectivement violé une jeune fille, mais il existait aussi des historiens qui affirmaient qu’Athéna avait puni Méduse pour son arrogance, parce qu’elle s’était crue aussi belle que les Dieux. Suivant cette théorie, Poséidon aurait couché avec elle pour se jouer de sa fierté, et Athéna l’aurait ensuite punie. C’était la version d’Apollore, et Diana soupçonnait que la vérité était un peu partout entre ces différentes versions.

Elle laissa Ayane s’exprimer. Elle haïssait les Dieux pour ce qu’ils avaient fait, ce qui faisait écho à une autre conversation que les deux femmes avaient eue. Perdues au milieu de la forêt, elles pouvaient sentir les flocons de neige tomber sur leurs corps. Ayane finit par se retourner vers elle, lâchant, d’une voix désabusée et ironique, qu’elle ferait de son mieux pour faire ce que Diana lui demandait... Avant de lui demander ce qu’elle comptait faire si Ayane échouait. Diana restait silencieuse pendant quelques secondes, l’observant lentement, puis son regard dériva au loin, fixant les étoiles. Malgré les flocons de neige, qui venaient probablement de la montagne, on pouvait voir de magnifiques étoiles.

« Je n’aimais pas les humains, moi non plus. En fait... Mon peuple n’a jamais aimé le monde extérieur. Nous avons vécu pendant des siècles isolées et repliées sur nous-mêmes, en nous entourant de fables et d’histoires. Comme toi, nous prétendions vouloir juste vivre en paix, seules et isolées du monde... Et, comme toi, nous nous mentions à nous-mêmes. La vérité est que nous ne pouvons pas vivre en étant coupées du monde, Ayane. Qu’on le veuille ou non, nous faisons tous partie d’un magnifique ensemble, de quelque chose qui nous unit et nous transcende. La société, notre espèce... Lève la tête, Ayane. Lève la tête, et regarde les étoiles. Jadis, nos ancêtres inventaient quantité de théories sur ces millions de points lumineux flottant au-dessus de nous... Le regard des Dieux, nos ancêtres nous surveillant... Maintenant, nous savons ce qu’est l’espace, bien sûr, mais nous n’avons pas retenu la plus grande leçon qu’il y a à en tirer. L’espace est une leçon d’humilité, Ayane. »

Diana, comme d’habitude, parlait avec sincérité et honnêteté. Des trois membres composant la Trinité, elle avait toujours été la plus sage. Là où Clark était un boy scout pétri de bonnes intentions, et où Batman était un individu cynique, Diana, elle, représentait une autre voie : celle de la sagesse. De fait, elle tenait bien plus d’Athéna que d’Artémis.

« L’espace est là pour nous dire une chose essentielle : nous ne sommes pas au centre de l’univers... Nous ne sommes qu’une petite planète, minuscule, ridicule, perdue au milieu d’un immense océan. Si on devait comparer la Terre et l’Univers à l’échelle d’un océan, la Terre serait plus petite encore qu’une goutte d’eau dispersée dans ce vaste et interminable océan. Depuis toujours, Ayane, la religion, la science, nous enseignent qu’il existe une grandeur, une grandeur qui est en nous et qui, en même temps, nous dépasse. Pour autant, les humains ne cessent de trouver des motifs de se diviser, de se battre, de se haïr. Nous avons inventé l’épée pour nous défendre contre les bêtes sauvages, mais nous nous en servons contre nos propres frères. Mon cœur saigne à chaque fois que je porte la main sur quelqu’un, Ayane. Mon cœur saigne quand je me dois arrêter des tueurs et des psychopathes qui n’ont aucune once de compassion, et voient les autres comme des proies avant de les voir comme leurs propres frères. La religion nous a enseignés que tout individu naît avec une dignité égale à un autre. »

Encore une fois, son discours prenait la forme d’un sermon...  Ce dont elle prenait conscience, mais elle parlait autant pour Ayane que pour elle-même, car elle savait de quoi parler. Quand on tombait sur des gens comme Cheetah, ou encore ce maudit Joker, il était facile, si facile, de céder à la haine. C’est pour ça qu’elle respecterait toujours Bruce, tout en l’admirant, car, malgré leurs oppositions, il n’avait jamais franchi la ligne. Il connaissait la haine, la haine l’avait façonné, mais il se refusait à y céder. La volonté de cet homme était en acier, et surclassait n’importe quelle Amazone.

Elle se pinça les lèvres, puis sa main caressa distraitement les cheveux d’Ayane.

« Mon cœur saignera si je dois t’arrêter un jour, Ayane... Mais, s’il faut le faire, je le ferais. Cependant, sache que j’ai confiance en toi, confiance en toi pour prendre les bonnes décisions quand il le faudra. »

Diana lui sourit donc à nouveau, et conclut :

« Tu n’es pas un monstre, Ayane. »

Ayane avait sans doute sa propre version, son propre point de vue concernant sa transformation. Surtout que sa mémoire était un peu spéciale tant il y avait de données. Elle n’avait pas toujours accès à tout, même si cette vie là était pas mal fournie. Quand on connaissait Méduse comme Diana, il était certain que parler d’arrogance lui collait terriblement bien à la peau. Sans doute qu’elle avait omit de parler de ce détails-là dans sa petite histoire, mais elle ne pouvait voir elle-même que cela pouvait être également un petit peu de sa faute. Il était bien plus commode de rejeter la faute sur des personnes de toute façon hors d’atteinte. Ce qui était certains, c’était qu’elle espérait bien un jour transformer en pierre tous ses arrogeant de dieux, qui se sentaient si important que cela. Ils avaient créé une arme, un monstre pour d’obscure raison, et elle voulait se venger. Elle ne s’en cachait même pas.  Elle avait été fidèle dans sa vie d’humaine, de mortel, mais depuis lors, elle ne voyait qu’une haine totale envers eux.

 

La mutante ne savait pas trop tout ce que cela pouvait impliquer de jouer à la gentille. Elle avait vraiment ce sentiment là, ce n’allait être qu’un jeu, une mise en scène, par ce qu’elle n’était pas comme cela. Elle rêvassa légèrement en imaginant les scènes, mais elle se fichait complètement de ce que pensaient les autres de sa personne. Si elle le faisait, c’était sans doute plus pour Diana, que les autres ou même elle-même. Depuis plusieurs millénaires, elle avait vécu quasi toujours de la même façon. Elle était habituée maintenant à ne penser qu’à elle, sa famille tentait de la tuer et elle n’avait pas de véritables amis. Ils mourraient si vite, à quoi bon se lier d’une façon ou d’une autre. Elle n’avait connu qu’un seul être immortel avant Diana, mais leur relation était spéciale. Elle observa le silence de Wonder Woman à propos de ce qu’elle devrait faire ou ce qu’elle avait prévu.

 

« Si tu veux me tuer, même si c’est pas une solution définitive, tu vas devoir le faire très rapidement. Plus le combat dura, moins tu auras la chance de gagner contre moi, par ce que je monte en puissance avec le temps et qu’il me suffira d’une seule attaque réussite pour te vaincre ou au moins d’affaiblir suffisamment. Je reviendrai trente ans plus tard, mais au moins vous auriez la paix pendant une génération. C’est déjà ça.  »

 

Dit alors amusée en se balançant légèrement entre les bras de Diana. Elle parlait de cela d’une façon si légère, vu qu’elle ne risquait pas de mourir définitivement. Elle remonta son visage vers le haut pensive.

 

« Je me demande pourquoi trente ans, peut-être que je peux faire moins ? A quoi cela peut bien correspondre … Ma force ? Mon énergie ? Je n’ai pas envie de me suicider pour tester, c’est chiant de devoir tout réapprendre à chaque fois, et puis c’est marrant  en ce moment. »

 

Ajouta-t-elle en faisant la moue. Quand Diana parla d’unité, d’humanité et de société, elle fit son étonnée.

 

« Ton peuple avait bien raison ! On n’a pas vraiment besoin des autres pour vivre. Avant on vivait bien entre tribue, entre pays. Plus le temps passe, plus les moyens de transports se font rapides, plus c’est la merde. Les humains aiment s’entretuer pour gagner un lopin de terre ou la femme de son voisin, par ce que l’homme dit ne pas être un animal, mais c’est le pire de la création. Je ne me sens pas du tout humaine, loin de là. Je l’étais avant oui, mais maintenant, je ne le suis plus. Tu sais que j’ai déjà mangé de l’humain ? On dirait un mélanger entre le porc et le poulet.   »

 

Dit alors ayane le plus simplement du monde. Elle jeta un coup d’œil vers Diana, mais elle doutait qu’elle prenne mal la chose. Elle commençait à être trop habituer à ses sautes d’humeur. Elle soupira légèrement par avance en levant la tête vers les étoiles.

 

« Ouais ben ….c’est noir et lumineux, ça reste ma définition. Celle qui est le plus efficace en tout cas.  »

 

La mutante écouta Wonder Woman parler de l’espace, de la place de l’homme, de ressentiments quand elle combat. Elle sourit légèrement en répondant du tac au tac.

 

« Ben moi combattre, j’adore ça, par ce que je gagne presque toujours ! Tu parles de moi en parlant des dingos que tu combats ? Par ce que moi, ça ne me fait rien du tout. Si d’ailleurs tu préfères que je leur tape dessus, aucun problème !  Les journalistes et tout ça, m’en fiche d’être connu. Je ne suis pas comme ma grande sœur et puis je suis pas du genre à bien parler. Je ne pense pas non plus que les gens soient heureux de savoir que la méduse est en vie, qu’elle est parmi eux. J’ai mauvaise presse ! Ou alors …. Me faut un pseudonyme ! Madame statue ! hahahaha !  »

 

Dit alors Ayane toute théâtrale avant d’éclater de rire. Elle releva un peu la tête en s’inquiétant pour la viande.

 

« Faudrait pas que ça crame quand même … »

 

Dit-elle en marmonnant. Elle était passée de dingue du combat, à un esprit d’une adolescente prenant la vie légèrement et comme elle venait. Elle se sentait bien avec Diana qui la serrait dans ses bras. Elle ne prenait pas mal les leçons que tentaient de lui enseigner la super héroïne venant du fond des âges. Elle sourit légèrement en la regardant. Sans doute que si cela venait d’une autre personne, elle lui aurait enfoncé la tête dans le sol dans le meilleur des cas. Pour le moment, seule Diana avait voie au chapitre concernant sa rééducation.

 

« si tu me parles de si belle chose, que l’on devrait prendre nos responsabilités, qu’est-ce que tu fais sur cette nouvelle planète ? C’est la Terre là notre. A moins que tu comptes sauver la galaxie, les humains de tous les mondes. Du moins si les humains d’ici sont bien humains.  »

 

La jeune fille releva son visage en sentant la caresse dans ses cheveux. Elle sourit légèrement appréciant le geste.  Elle se reposa davantage sur cette femme en faisant sa place comme une petite chatte.

 

« Tu voudrais que je ne me bats plus jamais ? Je n’ai que ça, une énorme épée à deux mains, une force démentielle. Je ne sers à rien d’autre. Alors … il faudrait que je me batte contre des personnes que la société a désignées comme mauvaise.  Je prends quoi comme nom de scène ? Par ce que cela fait bien longtemps que j’ai oublié mon vrai nom et mon vrai prénom hein ? Miss cailloux, le regard écarlate, hmmm ….super fracasse ! hmm … non … pétrificator ! Ca fait classe mais pour un méchant ça. Serpentine ? Titania ! comme la fée ! Hahahahaha !   »

 

« C’est de la viande de yéti, elle met longtemps à cuire. »

Diana gérait la cuisson, il n’y avait pas de problème là-dessus. On pouvait commencer à sentir l’odeur de grillade en train de s’échapper. Ayane, de son côté, continuait à beaucoup parler, sans que ce qu’elle dise ne soit foncièrement intéressant. Elle aimait bien provoquer Diana, ce que la guerrière, bien entendu, avait noté depuis longtemps. Elle avait donc pris pour habitude de ne pas y répondre, afin de se focaliser sur l’essentiel. Ayane termina en lui disant qu’elle n’était faite que pour se battre... Une chose que Diana comprenait tout à fait, mais, avant de lui répondre, sur ce point, elle soupira encore, puis laissa quelques secondes passer.

Elle faisait sa grande sage en lui parlant de paix intérieure, mais cette sagesse, Diana ne l’avait pas acquise en naissant.

« En un sens, Ayane, tu es comme moi... Avant. Je suis venue sur Terra pour racheter mes péchés, les miens, et ceux de mon peuple. Je suis venue ici pour obtenir l’aide des Dieux afin de savoir qui avait attaqué Themiscyra, et avait asservi mes sœurs. Mon île, Ayane, a été attaquée, et je n’ai rien pu faire pour repousser les envahisseurs. J’ai survécu par miracle face à une puissance qui m’était supérieure, et, quand je suis revenue à moi, toutes mes sœurs avaient disparu. Beaucoup ont été tuées, mais les autres... Elles ont simplement été capturées. »

Qui avait fait ça ? Diana était incapable de le dire. Elle était donc partie vers le Mont Olympe, en Grèce, et avait découvert un Portail qui l’avait emmené du côté de Nexus, face à un ancien temple où elle avait appris que, pour contacter les Dieux, il fallait rejoindre le Mont Olympe de Terra, situé à l’autre bout du vaste supercontinent sur lequel se trouvaient, aux extrémités, Nexus et l’Empire d’Ashnard, l’Olympe se trouvant derrière Ashnard. Un voyage qui avait duré des mois, si ce n’est plus.

« J’ai eu le temps de faire ma propre introspection, Ayane, et de comprendre où j’avais tort. J’aurais dû me rapprocher des autres peuples bien avant, afin de bénéficier de leur aide, mais mes Amazones n’étaient pas prêtes. Comme toi, nous nous pensions invincibles... Mais on trouve toujours plus puissant que soi. C’est pour ça qu’il faut se rapprocher des autres, Ayane. L’être vivant n’est pas fait pour vivre seul. »

C’était aussi simple que ça, et c’était quelque chose que Diana avait déjà eu l’occasion de dire à Ayane... Du moins, c’est ce qu’il lui semblait. Les deux femmes parlaient beaucoup, ce qui était probablement bon signe...

« Pour le reste... Est-ce que tu as entendu parler d’Hegel, Ayane ? »

Ayane soupira quand Diana lui dit que cela cuisant longtemps. Elle s’affalait comme si elle n’avait soudainement plus de force exagérant bien sur son état. Elle tirait la langue sur le côté imitant comme dans une série Z une façon de mourir. Elle posa le revers de sa main contre son front en faisant une triste mine. Elle poussa même le vice à pousser un faible râle plus bestial qu’autre chose. Puis elle chuchota doucement.

 

« J’ai faim … »

 

La mutante soupira légèrement en reprenant un air normal en croissant les bras contre son torse. C’était un peu son sport national de provoquer les gens autour d’elle, quelque chose de totalement naturelle qu’elle ne contrôlait même plus. C’était sa façon de communiquer et Diana semblait ignorer la chose totalement sans que cela la touche d’une manière ou d’une autre. Elle fut surprise en regardant wonder Woman soupirer et prendre un temps de réflexion pour répondre. Elle pencha la tête légèrement en la toisant du regard, cette grande héroïne qui semblait faire couler la sagesse comme l’eau du bain semblait être perdue.

 

  « Racheter des péchés  hein ? Ce qui est fait est fait, on ne peut pas revenir en arrière. Tu comptes devoir sauver le monde combien de fois pour te pardonner à toi-même les fautes d’un peuple qui est à peine le tiens ? J’ai pas vraiment l’impression que le peuple de Themiscyra soit vraiment le tiens. J’ai l’impression que tu en parles comme si tu étais à l’extérieur, plus trop concernée. Et puis si elles ont toutes disparues, ce n’est que ton égo que tu tentes de calmer.  »

 

Dit alors Ayane dans un premier temps. Elle reprit rapidement après.

 

  « Tu ne sais pas qui a enlever et massacrer ton peuple ? il n’y a aucune trace de combat ? Pas de mort adversaire, rien du tout ? Les dieux en ont rien à faire depuis longtemps, et aussi pieuse et fidèle que tu sois, je ne pense pas qu’ils t’aident, sinon, ils l’auraient déjà fait non ? Et ton ile s’est faite attaquée quand exactement ? De ce que j’ai compris, tu étais présente pendant l’attaque, tu t’es battue, toutes tes sœurs ont disparues, mais on t’a laissé sur place ? Je ne comprends pas pourquoi te laisser sur place, à part s’ils ont crus que tu étais morte.  »

 

Elle croisa les bras perplexe, puis sourit légèrement.

 

  « Une force supérieure à toi hein ? Je voudrais bien voir ça moi ! Je veux les rencontrer moi tes fameux ennemis surpuissants pour leur foutre une raclée ! Vu que j’ai gagné mon combat contre toi … je serais peut etre assez forte pour tous les exterminer tes ennemis. Et puis, on ne capture pas ses ennemis juste pour le plaisir, il y a forcément une raison. Des femmes guerrières … mouais, des femmes tout court, des hommes savent toujours quoi en faire … et ils ressemblent à quoi tes fameux ennemis surpuissants ?  »

 

Ayane ria de bon cœur en attendant Diana dire qu’elle aurait dû se rapprocher des autres peuples. Elle secoua la tête doucement.

 

  « Si mon expérience personnelle et l’histoire m’a pu m’apprendre quelque chose, c’est que les problèmes des autres restent les problèmes des autres. Personne ne va risquer sa vie pour le plaisir ou la justice, personne. A moins que tu ais sur ton territoire des ressources stratégiques, mais là … le bien pourrait bien se révéler pire que le mal. Et puis, tu parles de plein de super héros, et ça pullule sur Terre, sans compter le S.H.I.E.L.D., tu vas pas me dire qu’avec tout ça, il n’y a aucune information ni aucune bonne âme pour t’aider ? Etre obliger de demander de l’aide à une créature comme moi …   »

 

Dit la méduse en souriant largement. Même si Diana n’avait rien demandé particulièrement, elle venait de prendre pour elle la quête de cette femme pleine de sagesse. Elle s’étira légèrement les bras largement au-dessus de sa tête.

 

  « Moi …. Je suis invincible, je ne mourrais jamais et je détruis toujours mes ennemis à un moment ou à un autre. Je suis capable de vaincre une armée à moi toute seule, surtout si j’ai bien mangé ! Bon ! Qu’est-ce que l’on fait à trainer dans ce pays neigeux au lieu de chercher des informations !  Sur Terre, il y a des satellites, plein de gens qui regardent partout, et puis tu as même ton effigie sur des tasses ! Alors tout le monde sera heureux de t’aider autant qu’ils seraient ravis de me tuer !  »

 

Ayane se redressa sur ses pieds comme si elle allait juste devoir marcher quelques heures avant de trouver les méchants. Elle s’étira légèrement en regardant Diana.

 

  « Alors ? On attend quoi ? Hengel ? C’est quoi ? Du fromage ?  »

 

 

« Hegel était un philosophe allemand, Ayane... Un homme qui a marqué son époque, et dont on continue encore à parler même maintenant. Hegel, vois-tu, avait une conception particulière de l’héroïsme. »

Au fur et à mesure de leur conversation, la viande était en train de cuire, et Diana avait choisi de ne pas reprendre Ayane sur chacun de ses points, car il fallait naviguer entre ses provocations et des questions n’appelant pas vraiment à des réponses. Wonder Woman savait que c’était sa fierté qui l’avait amené à suivre l’Odyssée. Elle aurait tout à fait pu contacter la Justice League, Clark ou Bruce, afin de retrouver la trace des Amazones, de l’aider... Mais elle ne l’avait pas souhaité. Tout ceci pouvait paraître paradoxal avec ce qu’elle disait, avec la nécessité d’avoir des alliés, mais Diana estimait que c’était son fardeau. Il fallait que les Amazones fassent amende honorable de leur passé monstrueux, et, après tout, à l’époque, elle avait été en froid avec la Ligue, après avoir dû tuer Maxwell Lord. Elle n’était pas sûre qu’ils acceptent de l’aider, Batman lui ayant formellement dit qu’elle n’était plus la bienvenue au sein de la Justice League. Diana n’avait pas eu le choix que de briser la nuque de Maxwell Lord, et elle savait qu’elle avait franchi la ligne. À qui d’autre pouvait-elle s’adresser ? Le SHIELD ? Elle n’avait jamais eu confiance dans ces organismes gouvernementaux, comme le SHIELD, Cadmus... Un gouvernement étatique étant par nature amoral, elle n’avait guère envie de coopérer avec des gens qui formaient des équipes de super-vilains, comme les Thunderbolts, ou le Suicide Squad.

Cependant, dans la mesure où tout cela était assez compliqué dans sa tête, elle n’avait guère envie de s’y lancer avec Ayane.

« Pour Hegel, un héros, ce n’est pas un chevalier blanc en armure étincelante qui part en croisade contre le Mal... C’est une personne issue de l’environnement qu’il combat, mais qui sait que cet environnement est mal, néfaste... Partant de là, la destinée d’un héros est par définition tragique et funeste, car, dès lors qu’il aura mis fin au système qu’il combat, il n’aura plus de raisons de vivre, émergeant dans un système qu’il ne connaît pas. Ce concept, Ayane, c’est le mien. Je suis une guerrière qui a horreur de la guerre. »

Paradoxal, mais c’était pourtant bel et bien le cas. La femme laissa le temps à Ayane de comprendre ce que ça voulait dire, tout en s’attendant invariablement à ses multiples commentaires. Elle en profita pour relever le morceau de viande, et annonça à Ayane qu’il était prêt, puis planta le morceau dans un autre bout de bois, afin de lui tendre, et qu’elle puisse le manger. Diana se releva alors, et soupira lentement. L’air frais continuait à caresser son corps, sa neige tombant sur son corps. La Princesse amazone se retourna ensuite vers la femme, et croisa les bras, en s’adossant contre un arbre.

Elle avait encore une ultime question à lui poser :

« Comment tu t’envisages, toi, Ayane ? Comme un monstre qui combat les autres monstres ? »

Ayane craignait que cela ne soit pas une spécialité culinaire allemande ou scandinave, mais elle ne pouvait plus trop penser à autre chose qu’à de la nourriture. Elle avait vraiment trop faim, elle n’avait que cela en tête. Le morceau de viande qui dorait sous le feu était bien trop tentant. Son ventre était en train de grogner furieusement comme si elle n’avait pas mangé de la semaine. Elle eut un certain retard dans la compréhension de ce que Wonder woman lui disait. Elle se rapprochait lentement petit à petit du brasier, quitte même à se brûler s’il fallait pour déchirer cette viande autour de l’os.

 

« Un allemand ? Hmmm … j’aime pas trop leur cuisine … tu sais qu’il y a longtemps, il faisait un super ours à la bière ? Ca c’était pas mal à la limite ….  Hmm … marquer son époque hein ? bon de toute façon, moi les philosophe, j’ai pas vraiment suivi ce genre de trucs. Pas même les philosophes grecques de l’époque aussi, même si c’était marrant ce qu’ils raccontaient, hihihi.   »

 

Dit alors la jeune fille en riant doucement. Elle posa ses mains sur son ventre en se tortillant sur place. Elle restait avec un esprit de gamine après tout. Elle tomba en arrière sur le dos en regardant Diana.

 

« Ca devait ête un super humain alors, même si on parle toujours de Attila aujourd’hui, même si je dois avouer qu’il a été plus doué que moi, mais il était pas tout seul ! Pfff … p’tit joueur …  »

 

Ayane en parlait comme si c’était une histoire contemporaine. Elle croisa les bras derrière sa tête en continuant de regarder sa guide en moralité.

 

« L’héroïsme … les héros ! Cela sonne bien dans la bouche, mais c’est du même acabit que les dieux. Ce sont des symboles, des guides, un exemple à suivre. Enfin normalement, mais le héros retombe vite à la moindre erreur. Ce n’est pas un statut très louable, mais il y a des légendes plus ou moins vrai qui sont restés et ce même s’il y a eu des exactions. Le roi Arthur, qui n’a jamais existé d’ailleurs, les héros de la guerre de Troie, les 300 des thermopiles. Même si je n’ai pas compris les réelles raisons de la deuxième guerre mondiale, bien stupide d’ailleurs, le baron rouge, il avait la classe. Le père noël ça compte ?   »

 

Dit alors amusée la mutante en regardant Diana. Elle ne pouvait pas s’empêcher de dire des bêtises afin de détendre l’atmosphère, et surtout de combler ses manques. Quelque part, elle avait sans doute honte de ne pas connaitre quelque chose qu’elle aurait dû. Elle n’avait pas l’excuse de ne pas pouvoir connaitre, c’était du contemporain, quel que soit l’époque depuis la Grèce antique. Elle ne se préoccupait pas tellement des réponses non formulées par Diana a ses questions ambiguës. Elle ne se formalisait pas tellement de ce cas, et elle passait rapidement à un autre sujet. Elle n’arrivait pas tellement à se concentrer sur une chose à la fois, elle papillonnait depuis toujours aux moindres stimuli. Elle écouta quoi qu’il en soit la définition selon ce Hengel d’un héros. Elle sourit légèrement amusée en la regardant.

 

« Et bien je dirais que l’on pourrait toujours trouver quelqu’un qui soit vraiment un chevalier blanc sans aucun reproche, mais je pense tout de même comme lui, que chaque héros à sa part d’ombre. Quelque part, il a eu une souffrance qui la poussé à se dépasser, à devenir quelqu’un de hors norme pour devenir un parangon de la justice ou de se battre pour une cause dite juste. C’est toujours la même chose, ce sont les gagnants qui disent ce qui est juste et bien à faire. Si hitler avait gagné la guerre mondiale, gazer des gens par ce qu’ils sont juifs seraient sans doute devenu normal dans la tête des gens.

 

Pour en revenir au premier sujet, il est évident que le héros a un lien quelque part avec ce qu’il combat. Il ne s’est pas réveillé un matin en se disant, tiens je vais aller les taper eux là-bas. Pas même moi ! »

 

Ayane secoua la tête doucement

 

« Par contre, je trouve ça très réducteur de dire que si le héros arrive à faire ce qu’il voulait faire, que c’est fini, qu’il n’aura rien à faire. Les humains qui cherchent à faire le mal, il y en aura toujours, dans tous les temps, dans toutes les époques et partout où ils sont. Les héros n’étant pas immortels, après leur disparition, le mal revient en force vu qu’il a été acculé pendant X années. Après, j’ose espérer qu’un héros n’est pas juste qu’un héros. Il a le droit à une vie après tout, même toi. »

 

Dit alors la brunette en regardant Diana. Dès que Wonder woman dit que la viande était prête, prit l’os à pleines mains et mordit dedans même si c’était brulant. Aucune importance, elle râlait quand même que c’était trop chaud, mais elle arrachait la viande avec une grande force dans la mâchoire sans hésitation. Le gout de la viande était très fort, mais c’était pas mal. Ce n’était pas ce genre de choses qui allait l’arrêter.   

 

« Tu devrais mettre un autre morceau au feu pour le cuir ! Et puis tu en voudras peut-être ?  »

 

La bouche à moitié pleine, Ayane releva son visage en souriant amusée.

 

« Evidemment que je me vois comme un monstre, après, si je combat d’autres monstres, je ne sais pas. Tu te considères comme un monstre ? Ou même ce Yéti ? Il cherchait juste à manger après tout, comme les humains. Le garde que j’ai tué par ce qu’il a osé m’attaqué était pas très monstrueux je pense. Mais il faut pas m’agacer quand je suis totalement transformée. Je pense surtout que c’est une manière fort simple de se dire que ceux que l’on affronte sont des monstres, c’est plus simple de les tuer, vu que ce sont des monstres, pas des humains, pas un père ou mère de famille, mais juste une horreur. Je trouve que voir les choses comme cela, c’est assez hypocrite. Moi, j’ai tué des gens, des animaux ou des créatures, mais ils fonctionnent comme n’importe quel humain. Ils naissent, ils cherchent à se reproduire, ils doivent se battre pour s’imposer contre ses paires et ses concurrents, ils y arrivent jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par des plus jeunes et vigoureux. Moi … je ne compte pas vraiment. Je ne suis pas dans les normes.

 

Je trouve que j’assume bien plus que les autres. J’ai tué des gens bien, du moins, bien vu selon leur société, et haïe par d’autres. Je les ai tué, et je ne le regrette pas. Ils se sont mis en travers de mon chemin, ils l’ont donc mérité. Si le cas était inverse, il aurait fait la même chose. La loi du plus fort. »

 

« La loi du plus fort... »

Diana répéta silencieusement la phrase d’Ayane, laissant ces quelques syllabes filer dans l’air, sans rien dire de plus. Wonder Woman n’avait rien à lui dire, et elle choisit donc de la laisser manger. La conversation lui faisait l’effet d’être à sens unique, comme si elle parlait à un mur, et sans avoir aucun cap à fixer. Espérait-elle faire changer le point de vue d’Ayane ? Que cette dernière ouvre les yeux d’un seul coup en se disant qu’on ne pouvait pas tuer comme ça ? Que la vie était sacrée ? Diana n’avait guère envie de se répéter, et savait qu’insister, ce serait faire preuve de témérité. Parfois, il fallait se taire, et laisser les conversations être méditées. La Déesse Athéna avait voulu que Diana retrouve Ayane, et, si cela, à première vue, ne l’aidait pas spécialement à retrouver ses sœurs disparues, elle voulait rester confiante.

Ayane mangea donc la viande du yéti. La jeune femme continuait à se dissimuler derrière les traits d’une gamine immature, comme une sorte de réflexe d’autodéfense permettant d’empêcher la part monstrueuse de sa personne de revenir. Un phénomène assez curieux, mais Diana était au courant de la folie humaine. Quand on avait été une fois à l’asile d’Arkham, on était prête à voir n’importe quoi par la suite. La Princesse amazone s’adossa donc à un arbre, et laissa le vent circuler sur son corps.

« Demain, je retournerais à Acquelon pour soigner le soldat statufié, annonça-t-elle. Ensuite, je reviendrais ici... Ça ne devrait pas me prendre très longtemps.  Les autorités craignent l’attaque de géants des neiges contre leurs murs, et on m’a demandé de les aider. »

C’était un domaine qui rentrait dans ses compétences, même si elle irait probablement se renseigner auparavant, afin d’éviter un conflit inutile. Si ces géants étaient intelligents, elle essaierait de les raisonner. En tant que guerrière, Diana savait que la guerre était quelque chose de redoutable, quelque chose que, dans la mesure du possible, il fallait le plus éviter.

« Libre à toi de voir ce que tu veux faire, Ayane... Reprendre ta route, ou continuer à les aider. Si tu viens de la Terre, je peux te conduire à un Portail pour te ramener là-bas. »

Diana allait aussi devoir s’occuper de ce Slime qui s’était échappé de la base secrète de l’HYDRA... Un autre problème en plus, mais, maintenant qu’elle avait ses pouvoirs, elle espérait pouvoir bien le vaincre, avant qu’il ne commette d’autres victimes. Au moins, Ayane avait raison : le crime ne cesserait jamais d’exister. Partant de là, la bataille ne se terminerait jamais. Diana avait envisagé cela de manière utopique, et afin d’essayer de faire comprendre à Ayane une chose simple : un héros n’était pas forcément quelqu’un de valeureux ou de chevaleresque, mais quelqu’un qui se battait pour défendre des valeurs héroïques, quand bien même il ne les partageait pas nécessairement. Le cas de Diana, fort heureusement, coïncidait, car elle était à la fois une guerrière charismatique, et une femme prônant la diplomatie...

Et, quoi qu’il en soit, c’était à Ayane de voir ce qu’elle voulait faire.

Ayane avait bien remarqué le silence de Diana, elle qui parlait assez souvent, c’était assez étonnant. Elle la regarda même comme si elle avait dit une bêtise. Avait-elle dit quelque chose qui ne fallait pas ? Quelque chose qui aurait blessé la grande guerrière pleine de sagesse ? Elle continuait à manger son yéti avec une certaine délectation. Elle ne se sentait pas vraiment si folle que cela, même si l’esprit de quelqu’un ayant vécu tant de temps avait nécessairement un certain impact. Elle releva son visage assez perplexe.

 

«   Ah oui, c’est vrai, je l’avais oublié celui-là. Tu iras sans doute bien plus vite sans moi, et puis vaut mieux pas que je retourne dans cette ville. Je serai sans doute mal accueillit. Par contre toi, tu vas passer pour l’héroïne ! La fête tout ça …  »

 

Dit alors la mutante avec le sourire. Elle n’était pas du tout jalouse, simplement contente pour Diana. Elle se fichait pas mal du jugement des inconnus à son propos. Elle posa le bout de yéti sur ses cuisses quand elle entendit parler de cette histoire de géant. Toute excitée, elle balança avec encore des morceaux de viandes dans la bouche.

 

«   Des géants ?! Des vrais de vrais comme dans les histoires ?! Trop cooool !! J’ai jamais affronté des géants ! Ca doit être marrant ça ! Mais …. On s’en occupe quand de la recherche des autres amazones ? Et puis tu m’as pas répondu à mes questions ! Pour une fois que je m’occupe pas que de moi …. Pfff …. »

 

Dit alors Ayane en reprenant en bouche de la viande de Yéti en grognant légèrement. Elle n’était pas tellement dans la même optique que Diana. Des géants, c’était une merveilleuse occasion d’affronter un monstre pareil, et elle ne se limiterait pas à ne pas utiliser son sang cette fois-ci. Elle n’avait pas de camp, personne à défendre, alors elle se fichait pas mal que de provoquer une guerre. Tout ce qu’elle voulait, c’était un combat épique contre ses monstres. Elle afficha un large sourire à entendre que Diana lui autorisait à faire tout ce qu’elle voulait. C’était à croire que Wonder Woman était assez déçue de sa réaction, elle qui ne voulait surtout pas la lâcher d’une semelle.

 

« Ben, toi tu fais l’aller-retour pour le garde, moi je massacre les géants, et quand tu reviens, on cherche les autres amazones. Peut-être même que j’aurai le temps de faire une petite sieste avant que tu reviennes.    »

 

Dit alors la brunette en rigolant comme une gamine, alors qu’elle venait vraiment de parler de rayer de la carte tout un peuple. Elle lui offrait aussi de rentrer sur Terre. Elle baissa son regard un peu dans le vide.

 

« J’ai plus rien à attendre de la Terre … Des sœurs qui veulent se débarrasser de moi, des humains qui sont à peu près dans le même cas. Le S.H.I.E.L.D. qui ne me lâche pas. Non vraiment, rien ne me donne envie de revenir, à part peut-être les jeux vidéo chez madame la chatte, hehehehe, mais elle gagne tout le temps.  

 

Il y a bien un courant d’air qui m’aime bien, et il m’amuse beaucoup, mais bon. On ne s’amuse pas comme ici. Pffff …. »

 

Ayane se laissa partir en arrière en tenant le morceau de viande entre les deux, croisant les bras dans son dos.

 

« Si tu veux que je repartes …. Tu as qu’à le dire hein, je comprendrais. Je ne le prendrais même pas mal !    »

 

Dit-elle vraiment honnêtement pour le coup. Elle savait bien qu’elle était difficilement supportable, même pour une personne si patiente que Diana. Etre une super héroïne, ce n’était pas vraiment pour elle n’est-ce pas ? Elle lança une petite phrase un peu toute seule pour elle-même en gloussant.

 

« En plus, j’ai même pas de cape ! Et puis …. Je mettrais quoi comme couleur ? Du vert ? Et puis vu tous les morts que j’ai fait dans ma vie, ça m’étonnerait beaucoup que l’on me donne la carte du club des super héros plein de charmes ! »

 

Dit alors amusée Ayane en regardant Diana.

 

« Non, je ne souhaite pas que tu repartes, Ayane... Je ne suis pas une femme qui croit si facilement au hasard, et je ne pense pas que notre rencontre soit le seul fruit de la chance... »

Non, Diana était convaincue qu’il y avait autre chose, quelque chose de différent, une force supérieure qui avait conduit leur route à se croiser. Pourquoi allait-elle abandonner, alors qu’elle était en si bon chemin de réussite ? C’est juste qu’elle en avait trop dit ce soir, et qu’il serait superflu d’en dire plus. Elle en avait conscience, car, peu importez ce qu’elle dirait, par esprit de contradiction, ou par esprit borné, Ayane prétendrait le contraire. Maintenant, il fallait faire confiance à une autre force, une donnée dont on sous-estimait trop souvent l’impact et les pouvoirs : le temps. Le temps apporterait à la réflexion de Diana une nécessaire méditation, mais elle ne comptait pas lâcher Ayane si facilement.

La jeune femme refusait de retourner à Acquelon parce qu’elle avait peur qu’on la juge comme un monstre... Une inquiétude fondée, mais Wonder Woman, elle, avait d’autres plans.

« Et je souhaite tellement que tu restes avec moi que nous irons ensemble à Acquelon... C’est toi qui répareras le préjudice que tu as causé... Et tu auras la joie de sentir autour de toi des regards joyeux et la reconnaissance. »

Diana avait foi dans le vaccin de l’alchimiste Flumenol. Même si elle avait tué Maxwell Lord il y a des années, elle conservait encore, en elle, une indéfectible croyance dans la race humaine, et dans ses capacités de résiliation et sa propension naturelle à faire le bien, et à s’en émouvoir. Une croyance qui avait parfois été mise à l’épreuve, notamment quand elle avait rencontré la faune de Gotham City, mais qui restait toujours là.

« Finis ta viande, et allons nous coucher... »

Elles partiraient demain, à l’aube...

...Si Ayane était levée.


Diana avait loué une chambre dans l’une des auberges de Nemron, et, quand elle se réveilla, ce fut pour constater que, comme pour hier, Ayane dormait à poings fermés dans un grand lit commun. Elles avaient dormi ensemble, faute d’avoir la possibilité de réserver une chambre d’hôtel avec plusieurs lits. Ayane dormait comme une jeune fille, et Diana l’avait regardé en souriant. Oui, difficile de voir en elle le monstre qui avait empoisonné un garde, ou qui avait massacré un yéti, en suçotant son doigt comme une délicate sucette.

Ne souhaitant guère perdre de temps, Diana commença par aller voir Flumenol. La journée se levait sur Nemron, et un vent frais émanait du port, rafraîchissant la ville. Il fallait bien  reconnaître que cette ville avait un certain charge. Communauté naine et communauté humaine s’y côtoyaient sans avoir affaire à ce racisme qui, dans d’autres régions de Terra, étaient en train de la contaminer et de la pourrir. La Princesse amazone alla voir Flumenol, et récupéra le vaccin contre la « statutification instantanée », expression employée par ce désigner pour désigner le sortilège provoqué sur le corps du garde. Diana le remercia, et le paya en contrepartie, puis retourna à l’auberge.

Le service proposait une restauration, et elle se laissa tenter. Elle alla voir la boulangerie située dans les mêmes locaux que l’hôtel.

« Qu’est-ce que ce sera pour vous, ma bonne dame ? » s’enquit un boulanger rubicond aux joues bien rouges, probablement à cause de la saine chaleur s’échappant des fourneaux de la boulangerie.

Hier soir, elle avait vu Ayane tuer un yéti, et les habitants ne semblaient guère plus choqués que ça... Tant mieux. Au moins, Diana n’avait pas affaire, ici, à la gloire qu’elle rencontrait sans arrêt sur Terre, où elle était une icône populaire... Même si le meurtre de Maxwell Lord avait eu pour effet d’atténuer fortement sa côte de popularité.

Elle prit deux baguettes, du beurre, puis remonta dans leur chambre.

C’était une pièce unique, avec le lit au fond, et un coin à manger.

*Peut-être que l’odeur du pain réveillera ma Belle au lit dormant ?*

Diana, en tout cas, comptait bien se sustenter un peu... Et le pain était l’une de ces choses qu’elle adorait, notamment depuis l’époque où elle avait découvert ça, en France, lors d’une visite à Paris. Le pain-beurre, un repas simple, mais efficace. Les Dieux s’en relèveraient la nuit pour en manger...

...Et peut-être aussi une jeune femme turbulente qui était la réincarnation de Méduse.

Comme à son habitude, Ayane dormait comme un loir jusqu’à pas d’heure. Il était évident en qu’en arrivant si tôt, Diana allait la trouver à dormir étalée en étoile de mer sur le lit. Elle semblait cherchait à prendre le plus de place possible, bavant légèrement la tête sur le côté. Elle avait pris tout son temps pour finir de manger tout le bras, et même un morceau du cadavre du yéti non cuit. Elle avait besoin de beaucoup de forces et d’énergies. Elle avait bien essayé de ramener le corps en le trainant sur le sol, mais elle avait senti un regard de Diana lui faisant comprendre que ce n’était pas possible.  Elle avait laissé le cadavre à moitié dévorer devant les murailles en soupirant, sans avoir oublié de râler jusqu’à la chambre. Elle renifla légèrement en sentant l’odeur du pain et du beurre dans la pièce. Elle ne digérait pas ce genre de choses, mais elle appréciait le sentir. Elle s’étira lentement comme une chatte en grognant légèrement toute lasse et faible. Elle semblait ouvrir les yeux lentement comme si on la réveillait à l’aurore. Elle sembla prendre tout son temps avant de réussir à réellement ouvrir les yeux. Elle se releva légèrement en regardant Diana, puis le pain, puis Diana avant de retomber dans le lit en râlant.

 

« Rhaaaa … il fait trop chaud … Il fait même pas jour je suis sûre …  »

 

Méduse n’avait même pas regardé dehors. Elle glissa alors l’oreiller sur sa tête avant de réellement se réveiller. Elle ne chercha pas à vraiment manger du pain. Elle sortit lentement ses yeux de dessous le coussin en soupirant. 

 

« Tu crois que c’est la destinée ? Des vieilles qui cousent des fils d’argents de la destinée peut-être ? Sait-on jamais remarque, c’est pas plus bête que de faire pile ou face.  »

 

Dit alors Ayane en croisant les bras derrière sa tête. Elle avait tant l’habitude que les gens l’abandonnent, que c’était plus comme un réflexe maintenant. Elle avait cru comprendre que Diana en avait assez. Peut-être aussi que cela l’arrangerait aussi d’accuser sa lâcheté si elle l’avait abandonné, afin de ne pas devoir réfléchir sur elle-même et changer de façon d’être. Ce n’était qu’une notion de facilité, comme elle aimait bien le faire dans son esprit de gamine irascible. Wonder woman avançait juste et bien sur le chemin de la rédemption, c’était évident. Sans doute que une des plus vieilles mutantes de la Terre avait peur de changer. Elles avaient beaucoup parlé l’une comme l’autre, sans doute que c’était suffisant pour ce soir. Elle partait beaucoup sur le principe de répondre l’inverse ou de ne pas être d’accord avec son interlocuteur. Etait-ce pour aller jusqu’à l’affrontement où elle avait presque toujours l’avantage plutôt que de réfléchir à la situation ? Sans doute oui, elle n’était pas du genre à s’excuser, à demander à pardon ou quoi que ce soit, elle voulait avoir toujours raison et que le mal, c’était les autres. Cependant, elle s’était livrée réellement ce soir comme elle ne l’avait jamais fait auparavant avec cette héroïne.  

 

Il était juste que la méduse n’était pas du genre à réfléchir sur le coup d’un reproche qu’elle n’appréciait pas. Elle était systématiquement sur la défensive, à répondre agressivement face à son agresseur. Cependant, elle avait déjà beaucoup évolué sur le plan psychologique en quelques jours, plus qu’en plusieurs siècles. C’était bien une preuve qu’elle avait une évolution. Elle avait appris à faire confiance, à baisser sa garde, que quelqu’un était capable de la comprendre même si elle n’était pas si d’accord avec elle sur un monde parfait où tout le monde s’aimait sans violence. Sans doute avait-elle trop vécu pour pouvoir avoir ce genre de haute opinion sur les humains. 

 

« Allez ensemble à Acquelon …  C’est … vraiment pas une bonne idée hein. Ils ne vont pas m’accueillir les bras ouverts. Cela m’étonnerait qu’ils m’accueillent les bras ouverts en scandant mon nom et jeter leurs petites culottes à mon passage hein … Je te préviens que s’ils m’attaquent, je me défendrais !   »

 

Ayane n’était certainement pas prête et pressée de retourner dans une ville où elle avait tué quelqu’un. Elle n’était absolument pas capable de croire que les habitants allaient la porter en triomphe même si elle réussirait à le ramener à la vie. C’était un peu comme remercier quelqu’un d’avoir éteint un feu de forêt, alors que c’était elle qui l’avait allumé. Elle était certaine que les gens allaient trouver que c’était bien le minimum de sa part, voir même subir une pseudo justice. Comment un jury ou un roi serait capable ou pourrait juger politiquement parlant un monstre tel que méduse. Un simple regard et tous les êtres vivants se changeaient en pierre si elle était dans sa forme finale. Comment quelqu’un de normalement constituer pourrait lui trouver une circonstance dans sa faveur sans se prendre la colère d’une foule en colère. Elle ne voulait pas non plus retourner là où elle s’était changée, de peur d’un accident si elle s’énervait à nouveau. Elle se pinça les lèvres l’une contre l’autre, ennuyée.  

 

« Sentir leur regards reconnaissant, j’ai hâte vraiment … »

 

La brunette était certaine que le vaccin du professeur un peu fou allait marcher, cela avait déjà fonctionné une première fois sur Diana même si elle n’était pas au même stade, alors pourquoi pas une seconde fois. Elle se demanda en tout cas comment lui faire boire ou s’il fallait juste lui balancer à la gueule de la statue.  

 

« Ils seront véhéments, mais ils ne t’attaqueront pas... D’une part parce que je les en empêcherais, mais surtout parce qu’ils auront peur de toi. »

C’était surtout cet ultime argument qui ferait mouche. Il est bien évident que les habitants d’Acquelon n’accueilleront pas Ayane à bras ouverts. Diana n’était pas suffisamment idiote pour le penser, mais elle était cependant convaincue que, si Ayane parvenait à réparer ses torts, alors il serait possible que les villageois la tolèrent... Même s’ils continueraient à avoir peur d’elle. Néanmoins, Diana voulait tenter le coup, car elle était convaincue qu’avoir le ressentiment des gens ferait plaisir à Ayane, et parviendrait peut-être à faire évoluer sa position. Elle se voyait comme un monstre, intimement convaincue que personne ne pouvait l’aimer, ou voir en elle autre chose qu’un monstre abominable. À bien des égards, Diana voyait en Ayane des traits comportementaux lui rappelant Cheetah, cette ancienne scientifique devenue une femme-tigre, et qui était devenue monstrueuse. L’apparence, cependant, ne faisait pas le personnage, mais elle savait que le regard que les autres avaient sur vous influait aussi la perception qu’on avait de soi. L’être humain avait cela de fascinant qu’il était fondamentalement divisé entre, d’un côté, son « moi », et, de l’autre, la représentation visuelle de ce qu’il faisait de lui, une sorte d’« image du moi ». Or, on se représentait toujours de manière différente à ce qu’on était vraiment. C’était une notion assez fine et psychologique, que Diana avait du mal à saisir, et qui expliquait pourquoi elle était toujours surprise en apprenant que son uniforme était devenue une costume utilisée abondamment dans les sex-shops comme cosplay sexuel.

Ayane termina alors sur une discrète remarque, mais qui fit sourire Diana. Était-elle ironique, ou sincère dans cet ultime propos ? Diana se redressa un peu, et hocha la tête.

« Tu verras, c’est gratifiant. Allez, viens prendre des forces. »

Même Diana avait besoin de manger. Elle avait besoin de prendre du carburant, de prendre des ressources. Elle mangea donc calmement, puis, ensuite, les deux femmes sortirent. Le rez-de-chaussée de l’auberge était relativement vide, abritant quelques personnes, et, en allant dans la rue, elle constata qu’il était en train de neiger. Les villageois qui sortaient avaient de solides peaux de bêtes sur le corps pour les protéger, et la femme marcha vers la maison de Flumenol, cet étrange alchimiste au nom de dentifrice.

En chemin, elles purent voir des enfants s’amuser à faire des batailles de boules de neige, tandis que des gens pestaient contre les essieux des chariots coincés par la neige. Diana intervint alors, en soulevant un chariot, libérant les roues encrassées de la neige, puis rejoignit ensuite la boutique de Flumenol. Ce dernier lui tendit une seringue, en lui expliquant qu’il fallait l’utiliser sur le corps de l’alchimiste. Wonder Woman acquiesça, puis le remercia, et retourna dehors.

« Tu es prête à faire un tour en l’air, Ayane ? Nous allons voler jusqu’à Acquelon, ça ira plus vite... »

Ayane regarda ailleurs soudainement avec un air morne.

 

« Les humains ont moins peur en étant en groupe même contre quelque chose comme moi, mais soit, allons-y et essayons. Ce n’est pas moi qui aura mal de toute façon.   »  

 

Dit-elle alors en affichant un sourire à la princesse des amazones. De son côté, elle était certaine que certains des habitants d’Aquilion chercherait à la tuer ou au moins essayeraient, n’ayant guère plus foi envers les humains. Elle l’avait vécu bien trop souvent même si son expérience était rarement de revenir si tôt après une exaction de ce genre. Elle n’était pas du genre à revenir avant deux ou trois générations le temps qu’on oublie son visage. Cependant, le monde tournait de plus en plus vers l’image, fiché tout le monde, alors elle ne pourrait pas faire cela longtemps. Le fait que l’on la haïssait au plus haut point la rassurait quelque part même si elle détestait également cet état de fait. C’était une autre ambiguïté qui l’arrangeait bien quelque part afin d’être certaine que l’on la détestait alors que ce n’était pas de sa faute. Elle serait parfaite dans son rôle de la parfaite victime, alors qu’elle avait tout de même figé en pierre quelqu’un. Elle avait un sérieux doute que le contre poison fonctionne. Pour elle, le garde était mort figé en pierre et personne n’avait pu ramener quelqu’un dans cet état-là sur Terre. C’était de sa faute de toute façon, il avait tout de même reçut pour ordre de ne pas regarder, et il avait tenté de lui tirer dessus à l’arc !

 

C’était sans guère de surprise que la méduse ne s’aimait guère, et ce n’était pas très nouveau. Elle avait été maudite par une déesse, elle se voyait comme perfide, violente et brutale. Les humains n’étaient que des insectes qu’elle pouvait écraser dans sa main d’un simple geste et personne ou presque était capable de se dresser face à cela. Elle avait affronté des armées entières, et elle ne trouvait pas d’apprentissage dans le fait de massacrer des milliers de soldats. Par contre, son combat contre Diana et le fait qu’elle ait survécu à la rencontre avec sa forme ultime était un étrange présage. Elle n’était pas la créature la plus puissante de la création. Elle avait gagné son combat, car elle était certaine qu’elle aurait pu la tuer si elle avait eu envie, mais c’était une adversaire de taille. Depuis leur rencontre, elle n’avait eu de cesse de tenter de lui apprendre plusieurs choses. La compassion, la gentillesse, préserver la vie, une certaine forme de justice, toutes ce genre de choses étaient encore vu il y a peu comme de la faiblesse. Elle devait être la plus forte, écraser tous ceux qui se dressaient face à elle, et avoir une hésitation à trancher une tête pouvait être un problème. Elle savait bien que Diana ne pourrait pas comprendre cela. Elle la regarda du coin de l’œil avec un sourire avant de se perdre dans ses pensées.   

 

« Très bien …. Très bien maman, j’arrive !  »  

 

Dit alors Ayane avec un poil d’humour en rajoutant maman. Elle avait bien été ironique, car elle se forçait à croire que le jugement des autres lui importait peu, mais elle rentrait dans des rages quand ces mêmes personnes la traitaient d’une mauvaise façon. Elle craignait de devoir se battre à nouveau contre  une ville entière, voyant la rage et la haine des habitants. Elle préférait largement la fuite dans ce genre de cas. Ce n’était guère très amusant il fallait dire. Elle avait largement assez mangé de tout son sou hier avec la viande. Elle ne pouvait digérer que la viande et rien d’autres, le reste n’était que pour le gout et le plaisir. Cependant et bien qu’elle l’ait déjà dis, elle ne voulait pas vexer la princesse. Elle avait pensé à elle ce matin et la traitait comme n’importe qui. Cela avait quelque part une certaine importance. Elle grignota tranquillement en même temps que Diana, avant de l’accompagner dehors. Elle croisa les bras derrière elle en portant son épée géante dans le dos. C’était une vision étrange, et elle jeta un coup d’œil à la rue avant de s’apercevoir qu’il neigeait. Elle ouvrit des billes toutes rondes comme si c’était un miracle. Elle s’extasia alors en ouvrant en grands les bras sortant sa langue afin de capter quelques flocons. Elle semblait vraiment s’amuser comme une petite folle à rire bêtement en tournant en rond. Elle suivait plus ou moins l’héroïne dans les rues, ne faisant guère attention quant à la direction.  

 

« Hihihi ! C’est trop bon et froid ! Presque meilleur que ton pain ! Hahahaha !  »  

 

La mutante s’amusait bien à foncer à une vitesse humaine en direction de la neige avant de tenter de prendre dans la bouche davantage. Elle plissait les yeux légèrement en agissant comme une gamine. Alors que Diana aida naturellement ceux qui ne réussissaient pas à pousser leurs chariots dans la neige, elle trouva une activité bien plus amusante. Elle ne se préoccupa pas guère à aider les chariots, cependant, elle prépara une boule de neige et envoya une avec une force équivalente à une gamine de seize ans en direction des enfants avec une étonnante précision tout de même. Elle éclat de rire en touchant parfaitement la tête d’un gamin. Ils durent se demander ce qu’elle avait, mais Ayane se planqua derrière un des chariots pour se protéger. Elle était toujours sport affrontant ses adversaires même pour un jeu avec une force équivalente, sauf quand elle s’énervait de trop évidemment. Elle n’hésita pas une seule seconde à envoyer une boule de neige dans la direction de Diana, alors qu’elle tentait d’améliorer les choses de son côté. Elle éclata de rire et elle mit bien plus de force dans son attaque neigeuse que pour les gamins. Elle afficha un grand sourire amusée de défie. Elle avait sans doute déjà oublié qu’elles avaient prévus de partir, mais pourquoi partir alors que jouer avec la neige était bien plus amusant !  

Ayane ne chercha guère ce qu’il y avait à faire avec le produit de l’alchimiste, alors que Diana en sortit pour annoncer le départ. En guise de réponse, Diana reçut une nouvelle boule de neige alors qu’elle éclata de rire. Elle fit un peu la moue en réalisant que la princesse amazone était bien trop sérieuse à son gout. Elle croisa alors les bras comme une gamine capricieuse à qui on venait de retirer son jouet. 

«   Tu es vraiment pas drôle, et puis je paris que je peux courir presque aussi vite que tu voles ! Mais soit soit …. Allons-y…  pfff !   »   

La mutante plissa les yeux en direction de la seringue en riant doucement.

 

« Tu comptes piquer la pierre directement ? ou lui faire un massage avec le produit ? J’ai tout de même quelques doutes ….   »  

 

Elle se fichait pas mal de savoir si cet homme allait revenir à la vie ou non. Elle s’approcha alors de la sage super héroïne en tenant les bras.

 

« Bon ben…. Allons-y ! Tu comptes me porter toute la journée ? Remarque je vais peut-être faire une sieste en attendant !   »  

 

En sortant de chez Flumenol, Diana avait eu droit à une nouvelle boule de neige en pleine figure. Oh, en d’autres circonstances, elle aurait volontiers pu jouer avec Ayane, car Diana ne dédaignait pas les jeux d’enfants... Mais elle savait très bien pourquoi, inconsciemment, Ayane faisait ça. Elle cherchait à fuir ses responsabilités, en se réfugiant derrière ce côté immature et gamin qui la caractérisait. À Acquelon, Ayane allait devoir affronter ses responsabilités. Elle se réfugiait donc, ce à quoi Diana n’était pas dupe. Néanmoins, Ayane avait posé une bonne question. Comment est-ce que Diana comptait sauver ce garde ? Comment lui injecter le produit ?

« On verra sur place... »

Flumenol ne lui avait pas vraiment donné d’explications sur la manière de procéder. Il s’était contenté de lui donner la potion, en lui disant qu’il fallait l’administrer dans le corps de pierre de l’homme.

« Ne t’inquiète pas, on va beaucoup plus vite en volant qu’ne marchant. Nous serons à Acquelon dans quelques minutes. »

Diana ne se déplaçait pas à la vitesse de la lumière comme Clark ou Flash, mais elle pouvait tout de même voyager vite. Au sein de la Justice League, elle avait appris à maîtriser et à améliorer ses pouvoirs, grâce à des simulateurs de vol aérien, et elle pouvait donc, en conséquence, se déplacer à une grande vitesse. Elle laissa donc Ayane venir se glisser dans ses bras, comme si elle venait réclamer un câlin, et Diana s’envola lentement. Les badauds passant près d’elles ne purent qu’observer ce singulier spectacle, puis, au bout de quelques secondes, Diana et Ayane se retrouvèrent bien au-dessus de Nemron.

« Je vais avoir besoin de mes bras pour me diriger, par contre... Pose-toi sur mon dos, Ayane. »

Diana l’aida à s’exécuter De leur position, on avait une superbe vue sur la région. Nemron était une grande ville s’étalant le long d’un immense lac. Diana s’élança alors, en tendant les bras, filant au-dessus des montagnes. Elle aurait pu voler encore plus vite, mais elle ne voulait pas faire paniquer Ayane, et prenait donc progressivement de l’allure, jusqu’à flotter au milieu des nuages. On pouvait voir la cime des montagnes, les forêts, les arbres s’étalant partout. Diana s’avançait dans le ciel, jusqu’à voir Acquelon...

« Nous y sommes, Ayane. Ne t’inquiète pas, tout se passera bien. »

Wonder Woman pouvait tout à fait comprendre l’inquiétude de la jeune femme. Ayane avait toutes les raisons du monde d’être nerveuse, car le peuple n’allait pas accepter avec joie de la revoir. Elle les avait attaqués, après tout, elle s’était transformée en monstre, et la peur pouvait vous donner toutes les bonnes raisons du monde pour massacrer votre prochain.

Le duo se posa donc sur la grand-place... Totalement vide.

« Hum... Où sont les gardes ? »

Même en ce début de matinée, il devrait au moins y avoir des patrouilles, des archers, ou bien des marchands venant ouvrir leurs étals, installer leur boutique. Or, Diana ne voyait personne. En fait, mis à part le sifflement du vent, il régnait sur Acquelon un silence de mort.

« Il n’y a personne... »

Troublée, Diana se rapprocha du fort, mais, là encore, le même constat devait s’opérer. L’endroit était vide...

Le seul élément qu’il restait dans cette ville-fantôme était la statue du soldat, posée dans le salon central du fort.

Ayane avait envoyé plus ou moins inconsciemment la boule de neige vers Diana. Déjà, par ce que c’était amusant, vraiment, mais quelque part sans doute pour reculer ne serait-ce que de quelques minutes la visite de la ville à la statue. Ce qui était assez gratifiant, c’était qu’elle avait parfaitement bien visée, et que Diana avait été surprise. Ce fut une satisfaction de courte durée, car elle ne se fit pas prendre par sa ruse. Décidemment, elle vivait depuis bien trop longtemps avec cette mère d’adoption. Elle la connaissait bien trop pour qu’elle puisse tricher. Elle n’avait pas trop réfléchit quand elle l’avait attaqué, juste par ce qu’elle s’amusait avec les autres enfants, qui semblaient bien étonnés de voir une jeune femme comme elle jouer à ce genre de choses avec tant de sérieux. Elle croisa ses bras derrière son dos en se penchant légèrement en avant.

 

« Je sens que l’on va bien rire alors ! Il va falloir une grosse aiguille pour transpercer la pierre, à moins qu’il fasse juste l’étaler sur la pierre ?   »  

 

La mutante haussa les épaules. Après tout, elle s’en fichait un peu de le sauver ou non, mais il ne fallait pas trop s’avancer devant tous les habitants. Les fausses joies étaient sans doute pires que pas de guérison du tout.

 

« Bon …. Bon ….soit …. Allons-y.  »   

 

Ayane n’aimait pas trop l’idée de voler, et cela aurait été un défie amusant de tenter de courir plus vite que Diana volait. Elle se glissa alors dans les bras de wonder Woman telle une jeune femme dans les bras de son chevalier. Elle sourit largement en agitant un peu les jambes, amusée.  Elle regarda alors le sol s’éloigner petit à petit alors que Diana décolla de plus en plus haut. Elle n’avait pas tellement peur, car elle ne mourrait jamais totalement véritablement. Elle rit doucement en hochant la tête. Elle commençait vraiment à adorer ce jeu, heuu, ce moyen de transport.

 

« Tu sais que j’aurai pu monter sur ton dos quand on était au sol ? Mais après tout pourquoi pas ! Hihihihi !  »  

 

La méduse n’avait pas pris son arme, c’était sans importance. Elle l’invoquerait quand elle voudrait après tout. Elle agrippa fortement les épaules de Diana pour se basculer dans un magnifique poirier le passage sur le dos tout en délicatesse pour une fois. Elle s’amusa à donner un coup de talon dans la jambe de Diana en criant montrant du doigt en avant sans vraiment savoir la direction à prendre.

 

« Allez pégase ! Fonce !Hahahaha !  »    

 

Ayane était morte de rire de l’expérience. Voler sur diana, c’était pas quelque chose de nouveau, elle avait eu un compagnon volant précédemment, et elle était complètement suicidaire d’ailleurs. Elle imita sa pose en tentant les bras comme Diana sans s’accrocher alors qu’elle glissa légèrement.

 

« Allez plus vite ! Encore plus vite ! Ouaiiiiiis !  »

 

Quand le couple infernal se trouva au milieu des nuages. Elle se redressa légèrement en regardant le paysage magnifique. Elle avait envie de sauter et planer dans les airs telle une pierre, mais elle ne savait pas si Diana allait l’attraper à temps comme son compagnon. Elle pouffa alors de rire en se retenant affichant un large sourire. Elle imaginait la tête de Diana désemparée à la voir en petit morceau à terre en pierre et devoir attendre trente ans. 

 

« Tu sais, je m’inquiète pas. Au pire, on se verra un peu plus tard.   »  

 

Dit alors Ayane amusée. Elle craignait bien plus le fait de voir à nouveau le peuple de la cité plutôt que de voler dans les airs à trente mille pieds. Malgré tout ce qui s’était passée, elle estimait bien s’être défendu à l’attaque de l’archer.  Elle n’avait rien demandé après tout, à la base, elle ne faisait qu’un duel contre la farouche guerrière. Si elle se ferait attaquer à son retour, elle n’hésiterait jamais à tous les massacrer, mais sans doute que Diana n’allait pas la laisser faire. Elle la regarda un bref moment en se mordant une lèvre, avant de regarder la place totalement vide. Il n’y avait personne nulpart. Elle sauta à terre en haussant les épaules.

 

« Peut-être qu’il y a une distribution de gâteau gratuit ? Si c’est ça, je prends un fraisier ! J’aime bien les fraises !  »     

 

Dit alors l’éternelle adolescente en s’imaginant déjà s’empiffrer de fraise et de crème, alors qu’elle se trouvait dans un pays neigeux. Ce n’allait pas être ce genre de choses qui allait l’ennuyer. Elle se fichait pas mal que les habitants soient vivant ou non, cela ne l’allait pas l’empêcher de dormir.  Elle regarda autour d’elle, mais en effet, il n’y avait personne. Elle mit ses mains devant sa bouche afin de faire porter sa voix.

 

« HOUUUUUU HOUUUUUUU ! IL Y A QUELQU’UN ?!   »   

 

Dit alors Ayane en criant ignorant totalement le concept de discrétion. Elle remarqua la statue du soldat toujours sur les remparts. Elle haussa les épaules en croisant les bras dans son dos.

 

« Bon ben …. On n’a qu’à utiliser le produit pour le sauver, et puis voilà. Problème réglé !   »

 

Elle était plutôt heureuse finalement qu’il n’y ait personne. Pas d’habitant pour l’ennuyer, lui crier dessus ou lui lancer de mauvais regard. Elle se concentra un bref instant sur ses jambes, avant de faire un puissant saut jusqu’au soldat en pierre sur le rempart. Cela lui donnait également l’occasion de bien voir dans la ville. Elle se demandait bien tout de même ce qui se passait, peut-être des ennuis ? Cela ne serait qu’une bonne nouvelle. Elle parla alors fortement en direction de Diana.

 

«   Peut-être qu’ils se cachent ou encore une cérémonie à la con ?!  »     

Acquelon ressemblait à une ville-fantôme, ce qui n’était pas sans inquiéter Diana. Il s’était très clairement passé quelque chose... Mais quoi ? Les questions se bousculaient dans sa tête, et elle continuait à marcher, le long des rues désertes de cette ville. Où étaient les enfants ? Les bonhommes de neige ? Le long des rues enneigées, il n’y avait rien d’autre que la neige et le sifflement du vent. Aucun signe d’effraction, aucune trace de lutte ou de bataille... Il s’était passé quelque chose, mais elle ignorait quoi. Tous les habitants avaient-ils fait un exode subit ? S’étaient-ils rendus dans une grotte afin de prier une quelconque divinité pour soigner ce soldat statufié ? Diana aimerait bien le croire, mais son expérience lui soufflait que quelque chose de bien plus sinistre avait dû se passer.

Ayane la suivait, et Diana finit par rejoindre le soldat statufié, et sortit la seringue. Elle observa ensuite le corps figé dans la pierre. Comment percer la pierre ? Elle réfléchit quelques secondes, et finit par déposer le contenu du vaccin sur la pierre en elle-même... Et là, à sa surprise, plutôt que de s’égoutter, le liquide fut absorbé par la pierre, disparaissant rapidement. Elle en déversa l’intégralité, et attendit ensuite.

« Sois prudente, j’ignore dans quel état il va sortir... »

Tout ce chemin, toute cette longue quête pour soigner cet homme... Diana espérait bien que ce serait efficace ! L’homme était toujours figé, mais elle entendit alors plusieurs séries de craquements, partant de l’épaule, de l’endroit où elle avait déposé la seringue, puis elle vit des fissures apparaître, filant tout le long du corps de l’homme. De multiples fissures, comme si le caillou était en train de se fissurer de l’intérieur... Et tout explosa subitement, révélant, sous la pierre, le corps frêle et affaibli d’un homme nu... Qui tomba dans les pommes.

« Oh... »

Diana s’approcha de lui, et tâta son pouls. Il était régulier.

« Il est affaibli... »

Elle le porta, et se rendit dans le château, puis trouva rapidement une chambre, où elle décomposa le corps froid, très froid, de l’homme, dans un lit, l’enroulant de couvertures.

« Je vais préparer un feu. Toi, cherche une bassine, un liquide, n’importe quoi à faire chauffer. »

Diana devait agri vite. L’homme était gelé, et très amaigri. Sous cette statue de pierre, son corps avait probablement dû s’épuiser progressivement. La femme se retourna vers l’âtre de la cheminée, et trouva rapidement, dan sun placard à proximité, plusieurs stères de bois. Elle les glissa à l’intérieur, récupéra une bougie, et enflamma l’ensemble, en remplissant la cheminée de tas de feuilles, des combustibles rapides. Le feu ne tarda pas, et elle se retourna vers l’homme, qui remuait et soupirait faiblement dans le lit.

Pendant qu’Ayane cherchait quelque chose, Wonder Woman, elle, posa, ses mains sur ses joues, et se glissa dans le lit, se couchant sur lui. Malgré le caractère sensuel de la scène, elle essayait surtout d’utiliser son propre corps pour le réchauffer.

*Dommage que je n’aie pas les yeux-lasers de Clark, ça aurait été plus simple...*

Il ne restait plus qu’à attendre que leur homme se réveille...