[FINI] Passion guerrière [Ayane]

Sa phrase à propos du fait qu’elle n’avait tué personne avait tout pour surprendre quelqu’un qui ne la connaissait pas. Cependant, Ayane avait dit cela d’un naturel qui pouvait faire peur. Elle n’avait rien précisé ou corrigé à propos de leur lien filial supposé par les personnes. Cela l’arrangeait bien en fin de compte. Tout ce qu’elle voulait, c’était soigner Diana, le reste avait aucune importance à ses yeux. Le vieil homme ne semblait guère avoir cru à son histoire, mais il avait accepté à vaincre ce poison. Apparemment dans sa vie, il avait déjà soigné le poison de basilic et cela tombait plutôt bien. Elle était tout de même surprise de rencontrer un tel homme, mais sans doute qu’elle serait capable de plus transformer de personnes en pierre qu’il serait capable de les soigner. Elle se demanda même s’il était possible de ramener quelqu’un à la vie longtemps après son œuvre, mais elle craignait trop de connaitre la réponse à cette question. Elle avait un orgueil beaucoup trop grand pour cela, elle pensait réellement être une des créatures les plus dangereuses qui soit, qu’importe la technologie de ses adversaires. Elle trouvait toujours un moyen pour vaincre ses adversaires, tel un monstre millénaire capable de dévorer des cités entières.

La mutante se réveilla d’un seul coup dans un lit. Elle avait dû dormir toute la journée comme une marmotte sans aucune réaction. Après tout, elle avait couru à côté du cheval de Diana, puis elle l’avait veillé jusqu’à son réveil son dormir ni manger. Elle tenta alors de se rappeler des derniers événements avant qu’elle ne s’endormit. Diana avait été sauvée de sa propre morsure. Cependant après, c’était complètement flou. Elle ne s’était pas rappelée s’être blotti sous les draps pour dormir. Elle était un peu dans le vague, tandis qu’elle se leva du lit habillée d’une chemise de nuit d’un tissu blanc avec de petits motifs. Elle le tira légèrement dessus et pouffa de rire. Elle haussa les épaules en se rapprochant de la fenêtre. Il faisait bien nuit, et on pouvait voir facilement les étoiles et la lune presque pleine. C’était une vue qui était impossible maintenant dans le monde dit moderne de la Terre. Son ventre grogna fortement tant elle avait faim. Elle pencha sa tête doucement en souriant légèrement se massant le ventre. Elle trouva cela bien amusant, mais elle avait vraiment très faim. Elle ne pensa pas une seule seconde à demander à manger à qui que ce soit, elle vivait sans demander rien à personne la plupart du temps. Elle ouvrit alors en grand la fenêtre, elle voulait aller manger après tout !

Ayane sauta alors de la fenêtre du premier étage, sauf qu’elle n’était pas bien réveille. Elle s’étala contre les pavés de la ville recouverts d’une légère couche de neige. Elle mit bien quelques secondes à se relever après le bruit sourd de sa chute, tandis que les légères ecchymoses étaient en train de se résorber à grande vitesse. Elle releva son visage en lâchant un léger « aie » de surprise plus que de douleur. Quelques personnes étaient avec des torches dans les rues, peut-être des patrouilles, mais elle ne s’en préoccupa guère de toute façon. Une fois relevée, elle se rendit compte comme il faisait froid dehors tout de même. Elle frissonna légèrement avec la chair de poule, avant que son corps s’adapte au froid grâce à une peau légèrement plus écailleuse, mais d’une apparence encore humaine. Il n’y avait que des traces étranges sous la peau, qui pouvaient faire penser à des scarifications ou de légères. anciennes blessures. Elle avança pied nu dans la neige le long des chemins en direction de la muraille de la ville. Elle n’avait qu’un seul objectif, partir à la chasse et manger.

La méduse ne cherchait guère à se cacher, si bien qu’elle marchait tout droit tranquillement vers la muraille, sans se rapproche d’une des portes de la ville, qui a cette heure-ci était fermée. Elle releva son visage vers le haut de la muraille pour estimer la hauteur. Elle était mal réveillée, sans doute à moitié anesthésiée par le froid, et affaiblie par la faim. Elle soupira un court instant sans chercher si quelqu’un l’observait ou la suivait. Elle prit légèrement ses appuis sur la neige en fléchissant les genoux, puis effectua un saut impressionnant d’un seul bond jusqu’au sommet de la muraille. Un léger bruit se fit entendre au pied de la muraille, et par le souffle de l’énergie dégagée, la neige avait été chassée et les traces de pieds d’avantage enfoncés bien visible. Elle observa alors la forêt et la nature à côté d’un visage presque absent. Elle bailla légèrement toujours en chemise de nuit, alors qu’elle se frotta un œil. Sans se rendre compte, ses iris étaient devenus des fentes reptiliennes capables de voir la nuit sans problème. Elle était capable de sentir l’odeur d’une proie à longue distance dans ses conditions. Elle pencha la tête légèrement en mettant une main au-dessus de ses yeux, mais elle entendit la voix d’un homme qui héla un peu au hasard. 

«   Hey ! Qui va là ?!  »

Le garde se rapprocha rapidement avec une torche pour tenter d’éclairer. Il avait eu l’impression d’entendre un bruit étrange, et il distinguait mal une forme sur les murailles. Ayane tourna la tête légèrement sur le côté en regardant l’espace d’un instant le garde comme une proie potentielle bien plus proche et plus simple que l’animal qu’elle avait vu. Elle tendit sa main vers le bas et comme par magie son no-dashi, une énorme lame bien trop grande pour elle se matérialisa lentement dans des reflets dorés. Le garde fut quelque peu interloqué par cette apparition, une sorte de gamine en chemisette blanche la nuit faisant apparaitre une arme démente dans sa main. Il fit quelques pas en arrière par reflexe et posa sa main sur sa propre arme. Cela fit sourire ayane en regardant cette réaction, comme si cela allait changer quelque chose. Comme si elle avait l’air un peu absente, elle regarda en arrière comme si elle s’attendait à voir Diana apparaitre ou faire encore un commentaire comme si c’était mal de vouloir manger le garde. Elle soupira légèrement se faisant les dialogues dans sa tête, avant de regarder à nouveau le garde droit dans les yeux.

«   Hey petite, qu’est-ce que tu fais là ? Et qui es-tu ? Tu sais qu’il est tard, tu ne devrais pas être là !    »

La brunette sourit amusée au garde qui devait la prendre pour une enfant perdue, et elle se laissa tomber de l’autre côté de la muraille en le regardant droit dans les yeux. Le garde prit peur en tentant de l’attraper par la main, mais c’était trop tard. Elle venait de disparaitre dans les ténèbres de la nuit, et il ne put qu’entendre un léger bruit de choc. Il devint blanc en demandant de  l’aide. Il jeta sa torche vers le bas de la muraille afin de voir dans quel état pouvait être cette gamine à moitié folle.

«   Hey ! Venez par ici ! Il y a une fille bizarre qui a sauté dans le vide ! A moitié nue en plus !   »

«   Tu es certain que tu n’as pas trop bu plutôt ?  »

Demanda alors un garde qui arriva rapidement en souriant. Ils regardèrent alors vers le bas, mais il n’y avait aucun corps qui gisait, à peine quelques traces de pas dans la neige et une longue estafilade.

«  Mais non je t’assure ! Elle était juste là ! Avec une énorme épée !    »

«   Il faut vraiment que tu arrêtes la bibine hein ! Tu vas finir par dire que c’était une valkyrie tiens ! Hahahaha ! Tu as eu tant d’exploits avec les armes !  »

Les rires continuèrent pendant un moment, mais Ayane les ignorait complètement. Elle ne cherchait pas plus loin, elle avait faim et elle avait envie de se battre. Elle avait fait un effort déjà pour ne pas manger ce garde, imaginant déjà ce qu’aurait dit Diana. Qu’elle empêcheuse de tourner en rond, même quand elle n’était pas là !  Elle filait alors à toute allure dans les bois proches en laissant son épée trainer derrière elle pour le moment, faisant des sauts impressionnant par moment pour se rapprocher du sanglier qu’elle avait senti. Elle en était certaine, c’était une odeur caractéristique. Son ventre en grognait de plaisir, les muscles  tendus par l’idée jubilatoire du prochain combat.   

« La corde ! Attention ! »

Le sinistre craquement sonna comme le glas de l’ouvrier se tenant en bas de l’échafaudage. L’une des cordes permettant au monte-charges de fonctionner glissa des doigts d’un ouvrier qui venait d’éternuer, et le monte-charges tapa contre l’autre partie de l’échafaudage. Dessous, les ouvriers s’écartèrent en hurlant, mais un morceau de pierre, un gros bloc, tomba vers le bas, filant droit vers la tête d’un ouvrier. Dans ces moments, où tout défile à la vitesse de l’éclair, on était en droit de se demander ce à quoi une personne pouvait penser. Est-ce que cet ouvrier songeait au fait qu’il allait laisser sa petite fille et sa femme, malade, dans la panade ? Avait-il seulement le temps de rire de l’ironie de la situation ? Toute une vie broyée à cause d’un stupide éternuement... C’était une fin ridicule, idiote, mais qui, malheureusement, était souvent le cas de bien des fins. Ou peut-être n’eut-il le temps de penser à rien, alors que le bloc de pierre tombait. Il eut tout juste le temps de fermer les yeux, en serrant les dents, s’attendant au choc... Mais il n’y eut rien, rien d’autre qu’une ombre lui voilant les yeux.

Hébété, l’homme cligna des yeux, et vit alors une main, une délicate main féminine, qui tenait le bloc de pierre comme s’il s’agissait d’un simple gravier. Puis il vit un beau visage, des formes magnifiques, de longs cheveux bruns, et se demanda si une Valkyrie ne venait pas de débarquer... Si ce n’est que les Valkyries étaient censées être blondes, ou rouquines. Il remarqua alors que l’Ange volait au-dessus du sol, et qu’elle remuait ses magnifiques lèvres, comme pour lui parler.

Il cligna des yeux.

« Pa... Pardon?
 -  Je disais, lâcha la femme en souriant. Vous allez bien ?
 -  Euh... Oui... Enfin, je... Euh... Mais... »

Diana sourit à nouveau, puis s’envola alors, et s’adressa au responsable du chantier, qui se tenait en hauteur :

« Vérifiez mieux les liens du monte-charges, quelqu’un aurait pu mourir par votre négligence !
 -  Je... Euh... Oui, Ma... Madame... »

Lui aussi la prenait pour une Valkyrie. Diana posa le bloc de pierre, puis s’envola alors, un sourire sur les lèvres. Ayane était au repos, et elle, elle pouvait à nouveau voler. Ah, que c’était agréable ! L’élixir de Flumenol avait complètement soigné sa plaie, et elle était impressionnée par le talent de cet alchimiste. Wonder Woman s’envola donc, goûtant à l’air pur. Elle aurait bien été tentée de revenir rapidement à Acquelon pour soigner le malheureux soldat, mais Flumenol avait besoin de temps pour faire un autre élixir, plus efficace, et qui, avec un peu de chance, arriverait à sortir le soldat de son état de statue de pierre.

Elle inspecta entre-temps la muraille, et constata que cette dernière formait un large demi-cercle protégeant, non seulement Nemron, mais aussi de petits hameaux à proximité, reconnaissables avec leurs moulins ou leurs champs d’élevage. La muraille était séparée par des montagnes, mais, en réalité, les habitants de Nemron avaient construit des galeries à travers, et s’y enfonçaient. Diana était impressionnée par ce savoir-faire. La muraille de Nemron était ainsi une muraille unique avec des galeries souterraines. Elle vit les carrières et les exploitations minières, à flanc de ces montagnes, et comprit que chacune de ces montagnes était un accès vers les mines.

Assez rapidement, la réputation de la « Valkyrie » se propagea, et Diana se renseigna davantage. On lui expliqua que la défense de la ville était assurée par une garnison humaine et naine. Les humains s’occupaient des parties externes du mur, et les nains des parties internes. On la laissa voir ces parties internes, composées d’un long pont avec des monte-charges sur la gauche, et des escaliers taillés dans le granit permettant de rejoindre des postes défensives, creusées dans la roche. Diana inspecta ces zones, quand une voix bourrue résonna dans son dos :

« Le savoir-faire nain vous impressionne-t-il ? »

Cette voix appartenait à l’un des deux Maires de Nemron : le Maire nain, Radowid. Nemron était dirigé par un Conseil municipal composé à parts égales d’humains et de nains, et dirigé par deux maires : un Maire nain, et un Maire humain. Généralement, ils se répartissaient les tâches entre l’administration de la ville et l’administration de la défense.

« Je dois admettre que cette ville est très impressionnante, reconnut Diana. Je m’appelle Diana Prince, et... Je ne suis pas une Valkyrie.
 -  Je m’en étais rendu compte, répliqua le nain. Les Valkyries ne s’habillent pas ainsi. »

Il n’avait pas faux. Diana avait bien une armure, mais, généralement, elle préférait porter cette tenue, souple et agréable, même si elle ressemblait à une pin-up. Elle suivit Radowid, qui lui expliqua que Nemron était une ville puissante, centrale dans cette région, car elle permettait d’alimenter en pierres tous les forts et les fortins proches.

« Notre région est loin d’être paisible. Entre les meutes de loups, les géants, les bandits, et les autres voisins... Jadis, les communautés humaines et naines étaient en guerre, mais, comme vous pouvez le voir, nous sommes parvenus ensemble à un accord. »

Diana se demandait bien pourquoi le nain lui racontait tout ça, mais, au moins, il ne cherchait pas à l’arrêter, ou à l’interroger. Ils s’avançaient le long des remparts.

« Ces régions sont dangereuses, et... Vous êtes costaude, pour une humaine. Je me fous d’où vous venez, mais... Comme vous le voyez, nous renforçons nos remparts. D’après nos éclaireurs et les rapports des années passées, des géants risquent de revenir par ici prochainement. Votre aide pourrait nous être précieuse. »

Wonder Woman hocha la tête, en comprenant ce à quoi il pensait. Elle observa en suite le ciel, ses cheveux remuant dans son dos.

« Je suis venue ici pour aider, Monsieur le Maire... Si je peux être utile, alors c’est avec joie que je vous accompagnerais. »


La nuit, un vent frais agitait la forêt de Nemron. Cette épaisse forêt entourait une bonne partie de la ville, et s’étalait sur des dizaines de kilomètres. On y trouvait des scieries, des refuges, des cabanes de chasseurs... Et quantité d’animaux sauvages, comme des sangliers... Mais aussi des créatures encore plus redoutables, qu’on ne trouvait pas sur Terre. Ayane poursuivait un sanglier, une belle bête, mais, alors qu’elle s’enfonçait dans la forêt, un terrible hurlement retentit dans la nuit, et le sanglier, qui buvait près d’un petit lac, releva la tête, puis fila à toute allure.

Ce cri appartenait à une bête terrifiante : le yéti ! Et il était en chasse ce soir...

La neige de la forêt de Nemron était froide en étant pied nue, mais Ayane n’en avait que faire. Elle avait faim, elle avait dormi toute la journée, alors la nuit serait à elle cette fois-ci. Elle était bien loin de penser que Diana s’amusait à jouer à la grande héroïne, elle ne pouvait pas s’empêcher de le faire. Cela n’allait pas être elle qui ferait cela. Le sort des autres, elle s’en fichait pas mal, du moins, elle tentait de s’en convaincre. Elle marchait au milieu de la forêt en laissant trainer sa lame dans la neige. Cela provoquait comme un bruissement continu le long de son passage, et un chemin facilement à suivre. Elle était une prédatrice, alors elle ne craignait pas d’être suivie. C’était elle qui chassait, pas l’inverse. La forêt était calme dans la nuit, les créatures qui la peuplaient étaient calmes. Ils n’étaient pas du genre à signaler leurs présences. Le monde de la nuit était celui du silence et de la discrétion.

Sans doute que cette jeune fille en manquait quelque peu, mais elle n’avait peur de rien. Elle fut intriguée en entendant ce cri étrange, qui ne lui disait rien du tout. A quel genre d’animal, à quel genre de prédateur cela pouvait appartenir ? Sans vraiment craindre quoi que ce soit, elle changea de direction vers le cri en marchant tranquillement. Elle n’était pas du genre pressée cette nuit-là. Le garde en entendant ce hurlement pâlit légèrement en pensant à cette fillette qui était sortie. Il n’allait pas risquer sa peau pour une folle dingue ou une apparition dans la nuit. Il regarda sans rien dire son collègue qui haussa les épaules. Ils craignaient l’arrivée de géants, mais ce n’était guère ressemblant.

Ayane entendit quelques animaux fuir la direction dans laquelle elle se dirigeait. Sans doute que leurs instincts leur disaient de fuir pour leurs vies. Elle sourit légèrement en continuant dans la même direction. Elle avait ce genre de regard reptilien intense et froid, une envie de meurtre simple et sans sentiment. Après quelques temps alors qu’elle avait froid au pied, elle arriva dans une vaste clairière où se trouvait un grand lac. C’était un lieu magnifique, une grande étendue d’eau bordée d’arbres et de neige. Cela aurait été très agréable si jamais il n’y avait pas une grande bête poilue avec des griffes qui se dirigeait vers elle. Ses longs cheveux cachaient en parti son visage, alors qu’elle semblait être distraite par le paysage, le yéti se dirigea rapidement vers cette frêle créature. Elle ne semblait pas être très dangereuse, complètement perdue, dommage pour cette gamine, il avait faim lui aussi.

La méduse semblait regarder dans le vague le lac comme hypnotisée. Elle sourit largement en sentant qu’elle avait de la compagnie. Elle s’adressa à cette bête alors comme si c’était un autre humain ignorant totalement sa nature, sa capacité à pouvoir parler à n’importe quelle créature intelligente l’avait changée avec le temps.

« C’est une belle nuit pas vrai ?  »

La bête fut sans doute quelque peu trouble de comprendre cette humaine, qui semblait être totalement hors du fait qu’elle était sur le point de mourir. Ayane sourit largement en plantant son épée dans la neige d’un geste ferme. Elle releva son visage vers le ciel étoilé en recommençant à parler.

« Moi aussi, j’ai faim. Je comptais manger le sanglier, mais tu lui as fait peur alors, je vais bien être obligée de te manger toi à la place. Je ne vais pas utiliser mon arme, cela ne serait pas très juste n’est-ce pas ? Je ne te transformerai pas en pierre non plus, sinon comment est-ce que je te mangerai ?    »

Dit alors la simple jeune fille à cette bête qui devait faire presque trois fois sa taille. Elle tourna rapidement son visage dans sa direction, et elle le fixa droit dans les yeux avec un large sourire. Le yeti sembla mal prendre les propos de cette frêle jeune femme, alors il tenta de lui assener un coup de patte de pas en haut, mais il ne toucha que de la neige. Il put entendre des applaudissements, elle semblait être toute contente d’avoir trouvée un compagnon de jeu de cette importance. 

« Oh ! Je sens que l’on va bien s’amuser ! Donne tout ce que tu as par ce que je ne te ferai pas de cadeau !    »

Dit alors Ayane en jubilant face au combat. C’était quelque peu faux, elle aurait pu l’attaquer avec son arme, et il aurait eu peu de chance de survivre. Elle avait couru rapidement derrière le yeti pour se préparer au combat. Elle serra les dents et éveilla une petite partie de sa force. Cela eut pour effet un dégagement d’énergie qui fit voler ses longs cheveux couleur corbeau loin de son visage. Son corps venait de prendre du muscle, mais elle restait féminine. Ses yeux reptiliens brillaient d’excitation face à cette adversaire. Elle se fichait bien si elle avait des spectateurs, elle voulait le combattre à main nue. Elle donnait plus de chances à une bête de ce genre qu’à un humain où elle n’avait aucun respect. Si cela avait été un humain, elle l’aurait tranché en deux d’un seul coup sans aucune pitié, mais un yéti comme cela, c’était autre chose. Il ressemblait à une sorte de colossal gorille des neiges avec des énormes mains capable de broyer la tête d’un humain comme un rien.   

Le yéti tenta de donner un solide coup de poing dans la direction de la mutante, mais cette dernière en sentant que cette bête ne la prenait pas au sérieux, elle entreprit d’arrêter son poing avec le sien. Elle ouvrit la paume de sa toute petite main par rapport à celle du monstre. Elle attrapa alors le poing qui allait dans sa direction, et elle dut faire bien trois mètres en arrière pour stopper l’attaque. Elle referma son poing doucement de ses doigts délicats sur sa peau. Elle sourit largement en le regardant droit dans les yeux.

« Je t’ai dit de me prendre au sérieux non ? Alors bas toi à fond ! A moins que tu as peur de moi ? Ne me dis pas que c’est par ce que j’ai un corps si frêle que tu n’y vas pas plus fort ? Je croyais que tu étais là pour manger toi aussi ? Bon … très bien, je vais te donner de quoi me haïr. Tu ne me verras plus comme une femelle humaine, mais comme un monstre.      »

Ayane poussa sur le poing de la bête afin de reculer de quelques mètres du yéti. Elle prit un petit peu son élan afin de donner un coup de pied dans les côtes de la bête. Elle cherchait à le faire valdinguer ou au moins souffrir de son coup. Elle cherchait à l’énerver, à qui la voit comme un ennemi à abattre. Elle voulait du sang, de la violence, une situation implacable. Elle espérait rendre le yéti moins sentimental, comme si malgré qu’il était en chasse, il avait une certaine retenue.   

« C’est assez simple à comprendre. Nous sommes près d’un massif montagneux, mais aussi près de steppes glaciales, qui sont les terres de géants. Ils se nourrissent de mammouths, de tigres à dents de sabres, et vivent ensemble, mais, l’hiver, quand les animaux hibernent, ils partent chasser, et s’en prennent à une nourriture de substitution... Nous.
 -  N’est-il pas possible de les amadouer ?
 -  Ah ! Pas ceux-là, ma bonne dame. Ils sont sauvages et idiots, et ils approchent. Quand ils se mettent à chasser, les proches animaux des steppes viennent se réfugier dans notre forêt. Nous avons entendu les hurlements d’un yéti, créature qui vit habituellement du côté des géants, et...
 -  Un yéti ?! »

Diana avait toqué sur cette créature. Pendant son odyssée de Terra, ce voyage qui l’avait mené jusqu’au Mont Olympe, et à la nouvelle demeure des Dieux olympiens, elle avait affronté le yéti. L’abominable homme des neiges méritait bien son surnom. Diana était en train d’escalader une difficile montagne, près de l’Olympe, et comptait se reposer dans une grotte pour la nuit... Malheureusement, la grotte était déjà le refuge d’une bête, et elle avait affronté le yéti. Le combat avait été très difficile, même pour elle. Elle ne s’en était sortie que de justesse. Le yéti avait pris appui sur une portion instable d’une plateforme surplombant le vide, et cette dernière s’était détachée. Diana avait réussi à s’agripper à des racines sortant de la paroi, et le yéti était tombé dans un long hurlement.

Si un yéti se trouvait ici, c’est parce que les géants l’avaient amené à fuir, et, à l’idée de tomber sur tout un peuple d’individus suffisamment dangereux pour faire fuir une bête pareille... Wonder Woman sortit soudain de ses pensées en entendant un hurlement sinistre, qui jaillit de la forêt silencieuse s’étalant devant elle. Il faisait nuit, et elle se trouvait sur l’un des remparts.

« Ce cri...
 -  Le yéti est en chasse. »

Diana se pinça les lèvres. Il était peut-être temps de retourner s’assurer qu’Ayane n’avait pas fait de bêtises... Mais, vu que Diana n’avait encore vu aucun bâtiment en feu, ou entendu parler d’un serpent géant, elle avait tendance à se dire qu’Ayane devait être en train de tricoter...

On avait bien le droit de rêver, non ?


Un yéti n’était effectivement pas une créature à prendre à la légère. Monstre de légende, créature redoutable, il était connu pour sa sauvagerie, sa puissance, et ses terribles hurlements, qui ricochaient le long des flancs des montagnes, et se faisaient entendre à des kilomètres à la ronde. C’était un monstre redoutable, et l’affronter en étant seul était souvent considéré comme un acte suicidaire. Face à Ayane, il n’avait aucune autre intention que de la réduire en bouillie et de la dévorer. De par sa morphologie, certains affirmaient qu’un yéti était une sorte de curieux être humain, mais il tenait plus du gigantesque gorille. Néanmoins, certains récits affirmaient avoir vu, chez certains yétis, des traces d’humanité...

Mais, chez ce dernier, seul dominait l’envie de broyer cette petite proie qui jouait avec lui. Le coup de pied d’Ayane ne fit même pas trembler le yéti, qui se contenta de réagir en frappant la femme, enfonçant ses griffes dans sa chair. Sa peau était résistante, et, mine de rien, un yéti était extrêmement lourd, plus encore que le redoutable ours blanc. Son coup de patte envoya Ayane heurter un arbre, et il rugit furieusement, un hurlement tonitruant, avant de se rapprocher d’elle, en faisant trembler le sol.

« RRRRRRRRRRRROOOOAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRR !! »

C’était juste de dire que Ayane était un peu partie du principe que ce grand singe étrange était faible, mais elle venait de subir une sacrée attaque. Elle avait volé jusqu’à dans un arbre et le plia légèrement. Elle avait encore les traces des griffes sur son corps, bien que ses blessures se refermaient déjà assez rapidement. Elle afficha un grand sourire ravie en riant légèrement.

 

«   Ah la vache …. Il est plus fort que je pensais. Ça va être marrant, bon très bien ! Je vais la jouer sérieusement …   »

 

La mutante sortit de l’arbre en le poussant d’une main pour s’aider. Elle jubilait complètement de la situation, bien excitée. Elle tendit sa main pour faire apparaitre son épée en attendant son adversaire. Elle ne pensait pas avoir la chance de faire un combat sérieux, et elle n’était pas du tout consciente que des géants pouvaient arriver. De toute façon, cela ne serait pas ça qui l’arrêterait de poursuivre le combat. Elle n’avait jamais eu l’occasion de se battre contre un géant, alors cela serait une motivation encore plus grande pour l’affronter de toutes ses forces.

 

Si Diana avait l’espoir de trouver Ayane en train de veiller sur la charmante femme enceinte, l’aide de camp du professeur qui l’avait sauvé, elle se trompait grandement. Elle aurait pu être dans une chaise à bascule en entendant les préoccupations de cette femme enceinte, discuter de la mystère de la naissance, partager ses idées particulières sur la reproduction, éviter le sujet de quand elle deviendra elle-même mère. Cependant au lieu de cela, elle allait trouver la fenêtre de sa chambre grande ouverte, des traces dans la neige de pieds et les traces de son épée qui allaient la mener directement au cri. Enfin, elle n’allait pas  tarder à faire le lien et se douter de ce qu’elle était en train de faire. C’était presque évident en connaissant Ayane qu’elle aurait de toute façon sauté de joie en entendant un cri pareil.

 

«   C’est malin … je ne sais même pas à qui s’est cette chemise de nuit … Bon de toute façon, je ne vais pas la rembourser, mais fait gaffe quand même !   »

 

Dit alors la méduse en haussant le ton vers le yéti en regardant l’état de la chemise de nuit. Son ventre gargouillait à l’idée de manger le yéti, elle avait vraiment faim. Elle poussa un cri en serrant la garde de son épée afin de libérer un peu plus d’énergie. Elle allait devoir trouver le bon réglage pour combattre le yéti, elle ne souhaitait pas le vaincre à plat de couture. C’était vraiment comme jouer avec sa proie, tel un chat devant une souris. Sauf que la souris actuelle était bien plus large qu’elle.

 

Comme si Ayane était programmée de par sa « naissance » au Japon, elle leva le no-dashi au-dessus de sa tête à deux mains, dans le plus pure style asiatique. L’arme était très impressionnante, mais il en fallait davantage pour faire peur à ce prédateur. Elle sourit largement peu encline à se faire impressionner par un hurlement si puissant soit-il. Elle ne mit toujours pas son sang le long de son arme. Elle restait sur l’idée de dévorer le yéti, et certainement pas de le réduire à l’état de pierre. Elle attendit que le Yéti arriva jusqu’à elle sans bouger un seul cil. Son regard reptilien était tout excité de la tension du combat.  Le yéti donna un nouveau coup, mais elle l’esquiva rapidement. L’arbre finit par tomber à la renverse sous la force de l’impact provoquant un bruit sourd dans la forêt et jusqu’en ville. Immédiatement après, elle en profita pour charger à une vitesse hallucinante le monstre sabre au clair. Elle provoqua une trainer de neige qui s’envola légèrement en essayant de trancher le monstre de son épée. Cependant, il réussit à résister non sans subir une bonne coupure. Sa peau devait être assez épaisse pour encaisser une attaque qui aurait pu trancher en deux un humain. Elle lécha lentement sa lame pour gouter au sang de son adversaire.

 

« Hm … pas mal. Ta chaire doit être encore plus goûtue …. J’ai hâte.   »

 

Dit alors Ayane en souriant de satisfaction. Sans doute que le yéti ne devait pas tout comprendre ou se fichait royalement des divagations de cette gamine, mais il ne devait pas faire l’erreur de la sous-estimer non plus. Une lame ordinaire se serait sans doute briser avec sa dernière attaque, mais ce n’était pas du tout une lame conventionnelle. Elle était très résistante, capable de résister aux assauts de sa maitresse contre des adversaires toujours plus fort. Elle était légèrement fendue, mais l’épée elle-même était un être vivant, et comme sa maîtresse en train de se régénérer.

 

La méduse se contenta pendant quelques instants de simplement esquiver les attaques du monstre avec sa grande vitesse, ce qui avait lieu de l’énerver encore d’avantage. Elle attendait que son arme ait suffisamment régénérée pour attaquer sérieusement de nouveau.  Elle recula rapidement après une énième attaque à travers les arbres pour prendre de l’élan. Elle prépara sa lame en travers et courra vers le yéti à toute allure. Elle lança son attaque, et alors que le monstre chercha à lui donner un coup en réponse à son attaque, elle glissa sur la neige sur une quinzaine de mètres le  temps de s’arrêter de sa course. On put entendre le monstre hurler de nouveau, mais c’était de douleur cette fois-ci. Elle venait de lui trancher seulement deux doigts.

 

Ayane glissa presque pour s’amuser un des doigts dans sa bouche. Elle mâchouillait plus que mangeait, mais c’était juste pour agacer son adversaire et le rendre fou de rage.  Elle aimait la violence, le combat et le sang. Elle était devenue une prédatrice après des siècles de combat, et plus important encore, elle ne pouvait manger que de la viande. Elle était loin d’être une hypocrite comme les bienpensant qui se disaient respectueux de la vie animal. L’animal devait être tué pour être manger, et cela n’allait rien arranger de lui faire une caresse avant.    

 

Un yéti… Dans quelle galère est-ce que Diana avait encore débarqué ? Et, pour ne rien arranger, il y avait toujours le problème de ce Slime monstrueux dans la région… Et, maintenant, des géants ! Wonder Woman aurait vraiment tout vu dans cette région, mais, pour l’heure, la seule priorité était de retrouver Ayane. Or, elle savait, pour l’avoir côtoyé jusqu’à présent, que, là où il y avait des problèmes, Ayane n’était jamais très loin. Le yéti hurlait dans la forêt, et elle était donc sûre qu’Ayane était par là. Volant dans les airs, l’Amazone se rapprocha, filant au-dessus des arbres, entendant des bruits sourds et des chocs. Il y avait énormément d’arbres, ce qui permettait au yéti de s’abriter… Mais Diana se rapprochait. Elle finit par surplomber la zone de combat, et vit Ayane, en train de suçoter l’n des doigts du yéti, et Diana se pinça les lèvres.

*Ne me dites pas qu’elle est déjà en transe… Comme à Acquelon.*

Diana se souvenait plutôt bien de la transformation d’Ayane en Méduse, qui avait conduit à la situation actuelle. Pour rien au monde, Wonder Woman n’avait encore envie d’affronter ce monstre, surtout après tout ce qui en avait résulté. Mortellement blessée, elle avait échappé de justesse à la mort. La Princesse amazone se trouvait donc au-dessus d’Ayane, et s’éclaircit la voix :

« Ayane ! »

La Princesse amazone se posa sur le sol, face à la femme, et fronça les sourcils en la voyant avec ce morceau de doigt.

« J’étais sûre que tu irais affronter ce yéti, et je dois dire que… »

Brusquement, le yéti se mit à hurler de rage, et bondit sur la droite de Diana, jaillissant entre des arbres. Son corps massif remplit son champ de vision, et il renversa la femme. Cette dernière enfonça son pied dans son ventre, et tapa aussi fort que possible. Un humain normal aurait valdingué en arrière, mais le yéti recula juste de quelques mètres. L’abominable homme des neiges était une créature monstrueuse qui hurla encore. Diana bondit vers lui en volant, et son pied le frappa au visage, l’envoyant heurter un arbre. Ses griffes saisirent alors une solide branche d’arbre, qu’il arracha d’un coup sec, et s’en servit pour frapper le ventre de Diana, l’envoyant sur le sol.

Oui, ce yéti était aussi fort que celui dans ses souvenirs. Diana le vit taper dans contre son torse, furieux, puis il lança le bout de bois. Il heurta le bras de Diana, et cette dernière nota qu’il avait été mutilé, probablement par Ayane, ce qui ne lui plut guère.

« Ce n’est pas parce que c’est une bête qu’il faut se montrer cruelle ou sadique, Ayane. Ce n’est pas ainsi qu’un guerrier doit se comporter. »

Quand est-ce qu’elle arriverait à comprendre le fonctionnement d’Ayane ? Quand est-ce qu’elle arriverait à endiguer cette profonde et insondable cruauté qui palpitait en elle ? Wonder Woman vit le yéti se rapprocher, furieux, et regretta de ne plus avoir son lasso. Elle l’avait profondément regretté dans les montagnes, et, à cette époque, elle avait affronté ce yéti après toute une journée d’escalade. Fatiguée et épuisée, elle était alors loin d’être dans l’état où elle était actuellement… Mais, même malgré ça, le yéti restait un adversaire terrifiant.

Et, pour ne rien arranger, Wonder Woman devait aussi veiller sur Ayane.

Ayane vit Wonder Woman arrivée au-dessus d’elle bien rapidement avec une mine forte inquiète. Elle soupira légèrement en baissant les bras comprenant que la fête devait être finie. Elle était habillée d’une simple robe de nuit légère blanche en train de mâchonner le bout de doigt. Elle arracha un morceau du doigt pour le manger sans aucune espèce d’hésitation. Elle semblait avoir dégagé beaucoup d’énergie pour le combat, mais le niveau n’était certainement pas au point du combat contre Diana.

 

« Ben quoi ? J’ai juste faim c’est tout !   »

 

La méduse prit un nouveau morceau de ce doigt avant de le jeter par terre. Tout en mâchonnant, elle regarda le yéti furieux foncer droit sur ses adversaires. Elle eut juste le réflexe de s’écarter, mais elle ne prit pas le temps pour prévenir ou aider la princesse amazone. Cela ne lui vint même pas à l’idée. Diana subit l’assaut du yéti, mais bien rapidement elle répondit à l’attaque par un fulgurant coup de pied. Elle planta alors son épée dans la neige en soupirant exagérément comme une enfant capricieuse.

 

« Non, mais c’est vraiment trop injuste ! C’est mon steak ! Si tu veux te battre contre un truc, va te trouver un autre singe géant ! pfff !   »

 

Ayane banalisait complètement le combat en l’appelant ainsi, surtout qu’elle était très sérieuse en disant qu’elle voulait le manger. Il y avait le gout du risque, le combat et l’envie d’affronter une créature puissante. Heureusement qu’elle n’avait pas entendu parler des géants, sinon, elle serait déjà à leurs recherches. Elle plissa les yeux en entendant le yéti hurler à nouveau ivre de rage. Elle se garda bien de réagir en laissant Diana se battre seule pour le moment. Depuis qu’elle n’était plus empoissonnée par sa faute, elle se rendait compte de la force qu’elle pouvait avoir. Il fallait dire que la princesse amazone n’était pas n’importe qui. Elle sourit doucement en regardant le yéti s’écraser contre un arbre ou plutôt dans l’arbre, mais il ne resta pas en reste pour la frapper avec une grosse branche.  

  

« Hihihi … ce qu’il t’a mis ! C’est une magnifique bête ! Je suis certaine qu’il doit être vraiment très bon, comme un gros poulet !   »

 

La mutante entendit les recommandations sous forme de leçon de Diana à son égard. Elle soupira grandement en haussant les yeux en l’air.

 

« Je suis pas cruelle, j’ai faim ! A la base, je visais le bras, mais je n’ai eu que les doigts. Mais je ne suis pas certaine que lui donner des coups de pied dans la tête soit mieux. Enfin, tu peux y aller, je ne vais pas lui manger la tête, j’aime pas du tout ! Et puis … il parait que l’on a des idées bizarres après ! »

 

Dit-elle comme sur le ton de la confidence, une vieille croyance des âges anciens qui perduraient chez cette femme antédiluvienne. 

 

« Je ne suis pas une guerrière honorifique, j’ai juste faim … Et je ne suis pas du genre à me contenter d’une salade !   »

 

Répliqua Ayane d’une simplicité implacable. Le yéti revint à la charge, mais cette fois-ci, elle prit les devant pour prendre en charge le combat.

 

« Il n’y a pas que toi qui peut t’amuser !   »

 

Dit-elle en riant sur un ton léger. Elle prenait vraiment cela comme une distraction, mais ce n’était pas comme si elle avait peur de mourir dans un combat en même temps. Elle ressortit son arme de la neige en prenant soin de sécher la lame contre sa tenue légère. Elle ne voulait pas en finir dès maintenant, cela ne serait pas drôle du tout et elle était très loin d’être à son maximum. Le combat n’était pas très discret à force d’entendre le yéti hurler toutes les cinq minutes. Elle était même surprise que personne d’autre ne vienne la déranger. Elle brandit son épée devant son visage en affichant un large sourire vicieux. Elle avait envie du yéti, mais ce n’était que pour le manger. Elle commença à foncer pieds nus dans la neige vers sa cible  à une grande vitesse, mais alors qu’il tenta de répliquer avec un grand mouvement de griffe, elle posa sa main sur son bras et s’en servit pour faire un formidable saut. Elle se retrouva alors légèrement en hauteur derrière sa proie. Ses mouvements étaient très rapides, preuve qu’elle avait fait appel à la puissance de la méduse. Elle entailla d’un coup de no-dashi l’arrière du bras du yéti. Elle s’écarta rapidement en admirant son œuvre, il commença à pisser le sang. Elle pencha la tête sur le côté en le regardant souffrir et s’affaiblir avec le temps. Diana ne serait pas là, elle jubilerait en le blessant partiellement pour le torturer encore un petit peu plus.

 

Ayane jeta un coup d’œil à Diana qui devait faire de drôle d’yeux à la vue de son attaque. Elle allait encore lui reprocher sa cruauté, mais elle ne faisait que jouer après tout. Elle agrippa son arme à nouveau d’une seule main en plaçant l’énorme arme au-dessus de sa tête en harmonisant le mouvement en plaçant deux doigts devant elle de son autre main. Elle bandit ses muscles au maximum et partit pour un mouvement violent et rapide. Elle finit par trancher le bras en passant au même endroit que la première en taille. Il eut un bruit sourd de la chute de la chaire morte et un hurlement de la bête. Il y avait du sang sur la chemise de nuit blanche, et son visage en était maculé également.

 

« Tu veux que j’en finisse rapidement ? C’est ça ? Ô noble princesse guerrière .  »

 

Dit alors d’une voix froide en tournant le dos à la bête. Le combat était déjà terminée pour elle, vu ce qu’elle préparait. Elle fit glisser la paume de sa main le long de la lame de son sabre. Elle répandit correctement le sang le long de la lame pour qu’elle en soit parfaitement recouverte.

 

« Tu vas voir pourquoi on me craint … Pourquoi je ne suis qu’un monstre assassin … pourquoi je ne peux pas avoir d’enfant …   »

 

Elle voulait juste le manger... Diana n’en croyait pas un seul mot. Enfin, peut-être que ça avait été l’objectif initial d’Ayane, mais il suffisait de voir son regard quand elle avait joué avec son doigt. De plus, le doigt d’un yéti ne comprenait pas vraiment de viande, ce n’était qu’un ongle pointu avec un gros os. Elle agissait par pure cruauté gratuite, qu’elle prétende le contraire ou non. Wonder Woman était une guerrière, elle reconnaissait le regard vicieux d’Ayane, le même que ses ennemis lui offraient quand ils pensaient avoir gagné, et qu’ils avaient en tête des pensées fort peu honorables. Diana avait combattu le yéti un peu, mais Ayane reprit bien vite les rênes, en se heurtant à la bête. Et elle ne chercha pas à la tuer, mais à jouer avec elle, à le faire souffrir. Le yéti était une bête redoutable, et Ayane bondit en hauteur, se retrouvant dans son dos, où elle aurait alors pu, avec son épée, opter pour un coup mortel... Mais, au lieu de ça, Ayane opta pour un coup en visant son bras, juste pour le faire souffrir. Le yéti hurla de douleur, et du sang jaillissait de son bras.

Ayane l’attaqua à nouveau, et trancha son bras. Le yéti hurla à nouveau, son sang vomissant sur la neige, et, en souriant, Ayane se retourna vers Diana, prête à une attaque spéciale. L’Amazone se pinça les lèvres, en ayant la conviction d’avoir fait tout ce qu’elle fait avec elle depuis plusieurs heures pour rien. Ce combat était en train de réveiller l’autre Ayane, comme les pulsions d’une psychopathe. De temps en temps, elles émergeaient à nouveau, et c’était le cas avec Ayane. Une lueur mauvaise agita son regard, et elle se tenait face au yéti, prête à une attaque décisive.

*Ne pas porter d’enfant ?*

Était-ce là la raison profonde de sa haine? Le fait d’être stérile comme un champ de blé ravagé ? Diana se pinça les lèvres, pensive. La femme était le sexe porteur, le sexe qui engendrait la vie. Partant de là, on pouvait imaginer qu’être déclarée stérile devait être une épreuve terrible pour n’importe quelle personne. Est-ce que cela venait du cadeau fait par Athéna ? En tout cas, Ayane attribuait sûrement ça à cette situation... Mais, en l’occurrence, elle ne pouvait rien faire. Peu à peu, Ayane se confiait, et Diana espérait avoir au moins réussir à établir un lien de confiance entre elles.

*Mais ses yeux, ses yeux... Ils flamboient d’une telle intensité, d’une telle haine...*

Il y avait de la cruauté là-dedans. Diana ne savait pas quoi faire, mais elle n’allait pas abandonner pour autant. La Déesse Athéna avait mis cette âme perdue sur sa route, et Wonder Woman le comprenait. La haine était aussi un sentiment que Diana ressentait, un sentiment qui avait longuement pourri et hanté son existence... Et qui continuait encore à la hanter.

« Ayane ! Tu vaux mieux que ça ! » hurla-t-elle...

...En vain ?

Ayane jouait bien avec sa future victime, elle aimait le combat tout simplement, mais elle voulait bien manger ce yeti. Il avait bien fait fuir le sanglier qu’elle voulait manger à la base ! Si elle avait fait quelques cadeaux au début du combat pour avoir un combat équitable, rapidement, elle s’était laissée aller à ses travers pervers et monstrueux. Elle ne s’était jamais présentée comme une héroïne. Elle n’avait jamais cherché à l’être ni à être sous les projecteurs. Si on parlait de sa personne, c’était bien malgré elle quand elle perdait le contrôle. Le monde d’avantage était limité en communication, mais sur Terre aujourd’hui, le moindre fait était relayé à vitesse grand V. Sans doute qu’elle ne pourrait plus faire un pas sans qu’un téléphone portable ne la filme en train de combattre, et comment la verra-t-on ? Comme un monstre destructeur à abattre, il était certain. Le seul souci serait qu’elle affronterait tous les héros qui viendraient l’attaquer sans essayer de se justifier. Elle ne pensait jamais que c’était nécessaire. Comment justifier la mort et la destruction, qui étaient devenus si banal depuis des millénaires.  

 

La mutante était bien décidée à montrer que c’était son adversaire, qu’elle n’avait certainement pas besoin d’aide de Wonder Woman. Elle avait une certaine idée d’elle-même, de sa propre valeur qu’elle refusait de voir rabaisser pour une quelconque raison. S’il y avait quelque chose d’important dans sa vie, c’était bien le combat. C’était la seule chose qu’elle estimait savoir faire et plutôt bien. A quoi pouvait-elle bien servir à part apporter la mort aux bonnes personnes ? Elle-même ne voyait pas du tout. Aller vivre dans un village et créer un foyer ? Elle ne vieillissait pas, elle verrait tout le monde dépérir et mourir tandis que des soupçons grandiraient à chaque année passée. Elle ne pourrait pas avoir de famille et ses envies de sang ne seraient qu’une torture.

 

Ayane serait sans doute capable de l’achever au coup d’avant, c’était certain. Cela ne lui était même pas venu à l’esprit, c’était normal que de jouer avec sa nourriture, non ?  Elle se délectait des cris du yéti qui étaient passés d’une colère de prédateur à une proie. Elle savourait sa chute morale, il se pensait être un super prédateur en quête de proie, mais il devait réaliser qu’il s’attaquait à plus forte partie. C’était quelque chose de très important pour la méduse, elle devait montrer qu’elle était la plus forte. C’était peut-être pour cela qu’elle ne refusait jamais aucun duel, aucun combat. Le sang coulait à flot, et il était évident que l’odeur âcre du sang l’excitait grandement. Elle ne put retenir une petite coulée de bave à la commissure de ses lèvres. Le fait d’achever le yéti était une forme de compassion selon elle, elle avait assez joué avec et l’arrivée de Diana dans son jeu ne lui plaisait pas.  

 

Ayane semblait garder le contrôle parfaitement de la situation. Elle avait eu besoin de réveiller partiellement le monstre en elle pour être capable d’affronter un adversaire pareil, mais elle était encore loin de devenir à nouveau méduse. Heureusement, l’apparition de ce monstre mythologique était rare, mais son influence psychologique était grande sur la psyché d’Ayane. Elle prenait un grand plaisir à faire souffrir ses adversaires, plus ils étaient forts et agaçant, plus elle prenait plaisir à les voir mourir lentement. Quelqu’un qui n’avait pas d’importance mourrait en quelques secondes, sans que cela l’affecte d’aucune manière d’ailleurs.

 

Le peu de tentatives réussites de fécondations avec la gorgone s’était avérées infructueuses. Elle n’avait eu le droit qu’à des fausses couches au bout de quelques jours seulement. Au plus, elle ne s’était rendu compte de rien au début, mais à force de tentatives, elle avait bien remarqué des saignements inhabituels de temps à autre comme des règles plus importantes. En vérité et sans avoir vraiment pu être explicable par les médecins,  elle ne s’était jamais prêtée à être une expérience aux mains de scientifiques.

 

«  Le sang qui coule dans mes veines tue le moindre bébé qui tenterait de vivre dans mon ventre. Je ne peux pas avoir d’enfants, à moins de trouver un partenaire capable de résister à mon poison, mais ce n’est pas prêt d’arriver …     »

 

Ayane s’était faite une raison depuis longtemps, elle serait à jamais seule face au monde entier. C’était sans doute une raison de plus pour se donner bonne conscience à ses agissements. Et si son enfant risquerait de mourir de vieillesse contrairement à sa mère ? Cela serait sans doute une expérience des plus douloureuses. Malheur à celui ou celle qui oserait porter la main à son enfant, la cruauté face au yéti serait sans doute qu’une partie de plaisir. Tout ceci restait du fantasme de toute façon.

 

La mutante se dressa face à son adversaire qui semblait s’affaiblir à chaque instant qu’il pissait du sang de son bras tranché. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne meurt, mais elle préférait l’achever maintenant à l’aide de son poison. Elle pouvait sentir que le regard de la bête avait changé. Cela allait être rapide et sans trop de douleur, car le yéti n’avait pas la résistance surnaturelle de Diana. Elle brandit son sabre devant ses yeux et s’apprêta à se lancer au dernier assaut, mais à la seconde où elle allait courir vers sa cible l’arme à la main, Diana hurla pour l’empêcher. Elle eut un moment d’hésitation alors qu’elle commença sa course vers le yéti. Elle sembla comme le traverser de part en part, mais rien ne se passa. Elle n’avait pas frappé le yéti de son sabre, et il ne se transformait pas en pierre.

 

Ayane soupira grandement en gardant les yeux fermés gardant sa position. Elle semblait comme relâcher la pression alors que l’énergie formidable qu’elle dégageait disparaissait petit à petit jusqu’à paraitre comme n’importe quelle humaine. Elle tourna son visage dans la direction de la princesse amazone. Ses longs cheveux noirs corbeau lui cachaient une partie de son visage, et elle parla d’une voix froide et lasse.

 

«  Fais comme tu veux … si tu veux l’achever toi-même d’une meilleur façon, alors vas-y. »

 

Dit alors la méduse en lui montrant la bête souffrante en ayant cru son dernier moment arriver. Il ne lui était même pas venu à l’idée de pouvoir sauver le yéti. C’était qu’un morceau de viande sans vie pour elle depuis lors qu’elle avait commencé à le combattre. Elle planta son arme dans la neige en noyant ainsi son sang le neutralisant du poison. Elle marcha tranquillement en prenant le bras tranché du yéti et le traina sur le sol à une certaine distance du yéti. Elle s’assit alors dans la neige bien décidé à manger le bras mieux pourvu de viande qu’un simple doigt. Elle toisa Diana dans les yeux comme si elle s’attendait à une réaction négative.

 
 

Était-elle vraiment venue en forêt pour chasser ? Diana avait du mal à croire que ses intentions soient purement de nature culinaires. Il y avait à manger à Nemron, et Diana avait de l’argent. Elle aurait pu lui donner à manger... Et même, quel chasseur chasserait ainsi, en s’en prenant à un yéti ? La femme ignorait, bien entendu, que la première cible d’Ayane avait été un sanglier, mais, et quand bien même elle l’aurait su, ça n’aurait rien changé. Peut-être bien que, au début, Ayane était partie chasser, mais il était maintenant clair que ses ambitions ne se résumaient pas qu’à ça. Elle avait d’autres envies, bien plus sombres, consistant à vouloir se battre et à vouloir tuer... Comme une prédatrice rencontrant un autre chasseur. L’idée n’était pas de tuer pour se nourrir, mais de tuer pour s’imposer, pour marquer sa supériorité. Diana avait donc ordonné à Ayane de se calmer, et elle sentit cet ordre avoir une sorte d’effet sur la femme.

*Mon bras vient juste d’être soigné, je n’ai pas envie de tomber à nouveau sur Méduse...*

Ayane lui avait précisé davantage les problèmes liés à sa grossesse, ce qui n’était pas étonnant. Quand on avait du sang de Gorgone dans la femme, il fallait s’attendre à quelques incompatibilités avec des partenaires humains. C’était dur, oui... Surtout si Ayane avait envie d’avoir un enfant. Une question que Diana ne s’était jamais vraiment posée, même si elle supposait que, en tant que souveraine de Themiscyra, un jour viendra où elle devra avoir un enfant pour assurer la succession. Elle y songea fugacement, alors qu’Ayane récupéra le bras du yéti, invitant Diana à le tuer de la manière qu’elle estimait être la plus digne.

Wonder Woman regarda la femme sans rien dire, alors qu’elle traînait le bras. Encore une fois, ce n’était pas vraiment la partie la plus pourvue en viande du corps du yéti, mais c’était moins glauque que de la voir lécher un doigt noir comme une sucette... Une vision à même de vous filer des cauchemars pendant des nuits entières !

« Très bien. »

Diana s’envola alors, et sortit son épée de son fourreau. Blessé, le yéti était en train d’agoniser, son moignon aspergeant la neige et les arbres de sang, tandis qu’il geignait. Impossible de le soigner, maintenant, et Diana, en toute sincérité, pouvait admirer l’exploit de cette femme. Il n’était pas donné à tout le monde de terrasser un yéti. La preuve, quand Diana en avait affronté un, elle avait souffert. Certes, elle était alors fatiguée, et se refusait à utiliser ses pouvoirs, mais ça n’enlevait rien à l’exploit d’Ayane. Cette femme était puissante, et était aussi puissante que dangereuse. Athéna avait mis sur les pas de Diana une lourde épreuve.

Cette dernière fit tournoyer son épée, et, quand le yéti se releva vers elle, l’épée frappa vite, et décapita le yéti, lui offrant une mort rapide et indolore... Si on faisait l’impasse sur les tortures d’Ayane. Le corps du yéti s’effondra lourdement sur la neige, avant d’être parcouru de multiples spasmes. Diana le regarda silencieusement pendant quelques secondes, partagée entre différents sentiments. Devait-elle se sentir coupable pour la mort de ce yéti ou non ? Ce n’était qu’une bête sauvage, qui massacrait les humains pour se nourrir... Mais il vivait généralement dans des régions sans présence humaine, comme s’il avait peur d’eux.

*Et je ne sais pas qui a commencé ce combat en premier... Lui ou Ayane. Mais, après tout, ce n’est pas si important que ça...*

Diana se rapprocha d’Ayane, qui était toujours avec son bras. Quelques flocons de neige tombaient parfois du ciel, mais, la nuit étant dégagée, elle supposa qu’il devait s’agir de flocons perdus dans les sapins et les arbres, qui redescendaient suite à tout ce combat.

« Tu comptes le manger avec les poils ? »

Elle s’assit en face d’elle, et, après cette question rhétorique, reprit rapidement :

« Je peux te l’éplucher et te le cuisiner, si tu veux... Car, honnêtement, si tu l’attaques à pleines dents devant moi comme ça, je crois que je vais vomir. »

L’Amazone lui sourit en disant ça... Mais, en réalité, elle ne plaisantait pas tant que ça.

Qu’Ayane soit venue jusqu’ici pour chasser ou non, elle était assise en chemise de nuit légère dans la neige. Elle n’avait pas tellement froid finalement et l’énorme bras encore chaud du yéti sous ses yeux ne faisait que la réchauffée. Elle était satisfaite dans son esprit de tueur et de prédatrice. Elle était encore la meilleur quoi qu’on n’en dise et quoi que l’on fasse. Elle sourit légèrement en déchirant la peau avec ses dents, les poils ne semblaient pas être quelque chose qui la dérange plus que cela. Elle avait faim et cela n’allait pas être des poils qui la rebectent. De la viande, c’était de la viande. Il y avait des morceaux de choix meilleur sur le corps, elle en était bien consciente, mais elle n’avait gagné que le bras dans son esprit. 

La mutante appréciait de pouvoir être indépendante. Elle n’avait pas besoin d’argent ni d’aide de personne, du moins, elle aimait à le croire. Elle faisait tout pour le montrer à tout le monde, mais finalement, elle aimait bien la présence des autres à ses côtés. Elle adorait se battre et elle avait besoin de son lot de sang sur sa lame, comme un besoin.

  « Tu sais, un jour un vieux de mon village au Vietnam m’a compté une histoire. C’est un scorpion qui demande à une grenouille de l’aider à traverser une rivière. La grenouille refuse car elle dit que le scorpion va la piquer. Le scorpion rétorque que s’il fait cela, il va mourir aussi. Alors la grenouille accepte. Le scorpion monte sur le dos de la grenouille et commence la traverser. Au milieu de la rivière, le scorpion pique la grenouille. Elle demande alors qu’ils sont en trains de se noyer pourquoi il a fait cela. Il répond que c’est dans sa nature.  »

Dit alors Ayane avec un grand sourire amusée face à cette histoire. Sans doute qu’elle n’a pas bien saisit la morale de cette histoire, mais elle sembla trouver cela bien distrayant. Etait-ce sa nature profonde de massacrer des adversaires encore et encore ou est-ce que c’était la faute de la malédiction ? Peut-être que cette jeune fille perdue dans un monde qui la dépassait cherchait des excuses à sa propre haine profonde contre l’humanité. Elle ne préférait pas trop y penser et se contenta de mordre dans le bras en arrachant la viande encore chaude et gorgée de sang. Elle s’en mettait un peu partout sur sa chemise de nuit, mais cela ne semblait pas trop l’en émouvoir. Elle aurait été seule elle se serait amusé à pousser un cri à l’instar du yéti. Sans doute qu’elle appréciait d’avoir éprouvée sa force sous les yeux de Diana. Elle cherchait également à s’imposer aux yeux de cette super héroïne, qui ne savait toujours pas quoi faire de cette adolescente turbulente. La princesse des amazones semblait être étonnée d’avoir une certaine influence sur elle.

  «   Tu dis que des amazones sont sur ces terres, pourquoi pas les chercher ? Ca devrait être rapide à les trouver, tu voles. Il suffirait de demander autour de nous, une bande de femmes guerrières, ça doit pas être très discret hein ? Tu as encore une famille, alors il faut en profiter non ? En plus, j’ai jamais rencontré les amazones, je suis certaine que ça va être marrant ! »

Dit alors la méduse avec un grand sourire avec du sang autour de la bouche. Sans doute qu’elle avait toujours eu envie d’avoir des enfants, comme n’importe quelle femme. Au moins en avoir la possibilité, mais elle sentait dans son bas ventre une présence malfaisante, celle de la bête qui se riait encore de sa personne. C’était bien évidemment, la faute de cette déesse stupide qui l’avait maudite. C’était une cible facile dans son esprit, mais bien pratique. Elle regarda alors Diana couper la tête du yéti avec une bien belle attaque aérienne. Voir le corps du yéti gigoter pourrait faire pâlir quelqu’un, mais certainement pas elle, cela faisait bien longtemps que cela ne lui faisait plus rien.

  « Avec moi, cela aurait laissé une jolie statue dans la forêt, mais si tu trouves que c’est mieux ainsi alors ...  Alléluia mes frères et gloire à la princesse guerrière ! Elle a tranché la tête du méchant monstre et à sauver la ville d’un terrible ennemi ! Tu devrais ramener la tête en ville, ils seraient contents. En plus, tu fais plus héroïne que moi. Cela te va comme un gant dans ta petite tenue sexy !    »

Dit Ayane en riant doucement la bouche pleine. Si Diana savait tout ce qu’elle avait bien pu faire pour apaiser sa haine, elle ne pourrait sans doute plus dormir. Comme la fois où elle buvait le sang d’un roi agonisant qui avait osé s’opposer à elle se croyant tout puissant. Elle adorait rabaisser les personnes qui se pensaient supérieurs, la chute en était que plus belle quand elle regardait leur regard de peur, quand ils se rendaient compte qu’ils n’étaient finalement rien. C’était une bien belle jubilation pour la jeune femme.

  « Tuer quelqu’un ou quelque chose quand on a été fabriqué pour cela, ce n’est pas un exploit, c’est normal. C’est ce que l’on attend de cette personne non ? Je trouve que quand un soldat, un humain tout à fait normal vient m’affronter avec son épée alors que je viens de massacrer toute une armée à moi toute seule. Là je trouve ce garçon bien plus honorable et héroïque que tous ses héros qui fanfaronnent avec leurs pouvoirs. En tout cas, ils vendent bien les tasses à leur effigies, faut leur reconnaître ça. »

Dit alors amusée la brunette en souriant vers Diana. Elle ne se rendait pas tellement compte que cela pouvait blesser Wonder Woman, mais elle ne considérait pas tellement cette femme comme les autres super héros. Elle l’avait affronté en face à face. Elle avait dû sortir toute sa puissance et sa haine pour la vaincre à moitié, alors elle avait gagné son respect. C’était tout simplement cela, et il n’y avait pas grand monde qui pouvait s’en vanter.

  « Tu sais au début quand j’étais encore dans mon corps de femme grecque, j’ai essayé de manger comme d’habitude, mais rien ne passait, sauf la viande. Il m’a fallu du temps avant de l’accepter, que je n’étais plus qu’une sorte de louve, une prédatrice. Accepter de tuer de ses propres mains pour survivre, cela n’a pas été toujours facile.    »

Confia alors Ayane en regardant Diana. Elle reçut un flocon de neige sur le coin du nez. Elle tortilla le nez, mais éternua fortement dans la forêt. Elle en rougit légèrement gênée, alors qu’elle tendit sa bouche pour mordre à nouveau dans le bras. Elle se stoppa alors que Wonder Woman lui posa une question. Elle haussa les épaules comme si c’était évident.

  « Ben oui, enfin, je l’écorche un peu, je préfère la viande, mais ça ne me dérange pas.    »

La méduse plissa les yeux quand Diana se proposa de retirer la peau et même de lui faire la cuisine. Elle se demanda si elle ne voulait pas simplement lui voler sa nourriture, mais elle tendit alors le bras toute amusée.

  « Oui c’est ça, va s’y épluche donc cela. Je veux bien voir ça hihihihi !    »

Elle en riait en s’imaginant Diana le faire. Elle ne pouvait pas croire que Diana elle le faire si simplement que cela. Elle posa son visage sur ses mains.

  « Tu sais, cuit ou pas, cela ne change rien pour moi. J’aime bien la viande cru surtout quand c’est moi qui l’a chassé.  »

Rappela alors Ayane qu’il n’ y avait pas si longtemps que cela, c’était un être bien vivant.

« Tu n’es pas une prédatrice, Ayane, rien d’autre qu’une jeune femme égarée avec des pouvoirs qui la dépassent. »

Diana avait lâché cette sentence tout en préparant le feu. Réunir le bois ne fut pas bien difficile, et elle le regroupa sur le sol, près du corps du yéti. Il gisait sur le sol, véritable mastodonte blanchâtre sans vie, et Diana avait regroupé les branches, puis préparait le feu. Après sa phrase, elle reprit ensuite, calmement, en lui expliquant ce qu’elle entendait par là, apparemment indifférente aux multiples provocations d’Ayane :

« Un chasseur aurait su qu’il ne faut pas laisser un cadavre pourrir en pleine forêt. La décomposition de la chair et les odeurs qui s’en échappent affaiblissent le chasseur, attirent les maladies, ainsi que, sur ce monde, les créatures nécrophages. Nous brûlerons ce yéti, et toi, tu apprendras que, avec le pouvoir, vient la responsabilité. Quand tu auras appris cela, Ayane, quand tu auras appris que la chasse n’est pas un jeu, alors pourras te targuer d’être une prédatrice. »

Le feu se mit à prendre, et elle commença à découper et à éplucher la peau, à l’aide d’un couteau. Le spectacle avait de quoi effrayer, car elle découpait la chair, l’épluchait, mais c’était ainsi que tout se faisait. On faisait de la même avec les poules, les porcs, les cochons... Diana et les Amazones de Themiscyra appelaient ça la cruauté normale. La cruauté, de fait, était quelque chose contre lequel les enseignements amazones de Themiscyra mettaient en garde. La Nature était cruelle, et les Amazones se devaient d’être meilleures qu’elle... En théorie. Diana avait toujours suivi ces enseignements, en se refusant au moindre accès de cruauté qui ne relèverait pas de cette cruauté normale. Cependant, elle avait appris tous les secrets de Themiscyra... Et le fait que, pour se reproduire, les Amazones ne bénéficiaient pas de la bénédiction des Dieux, mais attaquaient régulièrement, depuis des siècles, les navires et les bateaux passant à proximité de l’île. Elles forniquaient avec les hommes, avant de les tuer, et de les balancer dans la mer. Un sinistre secret qui, pour Diana, justifiait pourquoi Themiscyra avait été détruite. Cependant, Themiscyra restait sa nation, son peuple, et elle voulait les retrouver, et les racheter... Que les Amazones soient meilleures que ce qu’elles étaient dans le passé. Pour ça, il fallait encore les retrouver.

Ayane lui avait parlé des Amazones de Terra, mais Diana ne savait pas où elles étaient. Ce n’était pas parce qu’on volait qu’on trouvait instantanément ce qu’on souhaitait. Terra était une grande planète, et la Horde des Amazones avançait loin de tout, ne rejoignant ponctuellement que certains royaumes pour se nourrir et se sustenter. Elle savait le nom de la Reine de la Horde, Andromaque, elle savait que la Horde était liée aux temples d’Artémis, mais elle ne les avait pas encore trouvés... Même si, pour être honnête, elle aurait très facilement pu le faire.

*J’ai accès au Mont Olympe, il me suffirait de rejoindre le temple d’Artémis, et d’obtenir leur position...*

Alors, pourquoi ne l’avait-elle jamais fait ? La réponse, en réalité, était fort simple. Diana avait peur que cette Horde soit aussi mauvaise que la sienne, et savait aussi que cette Horde n’était pas son peuple... Mais peut-être que, en s’entêtant à ne pas les voir, elle ne répondait qu’à sa fierté blessée, son ego refusant de se dire qu’elle avait été incapable de défendre Themiscyra comme il le fallait. La Horde d’Andromaque pourrait peut-être l’aider à retrouver les Amazones de Themiscyra, et l’aider à améliorer ses Amazones, pour que les crimes du passé ne se répètent jamais.

« Nous sommes tous des machines à tuer, Ayane. La vie a besoin de nourrir la vie pour survivre... Mais nous sommes aussi capables de faire autre chose que de tuer.  La mort ne doit jamais devenir une finalité en soi, car nous sommes des êtres de vie, et ce même quand notre vie nous appelle à manier le glaive.  Il n’y a aucun honneur à tuer, Ayane. Le véritable honneur, c’est d’honorer la vie, de la chérir, et de la remercier pour tout ce qu’elle offre. »

Diana, malgré son statut de guerrière, restait une femme sage et instruite. Sa mère, Hippolyte, lui avait enseigné la philosophie, l’Histoire, et, contrairement aux autres Amazones, elle n’avait jamais participé à ces rituels sinistres. Elle ne tuait que quand c’était nécessaire. Son épreuve contre le Minotaure, quand elle était jeune, en était le plus bel exemple.

« Il n’y a qu’une leçon à tirer sur la parabole du scorpion et du rat, Ayane... Ce n’est qu’un scorpion. Nous, nous avons le choix. Les Dieux ont doté les êtres humains du libre-arbitre. »

Ce libre-arbitre faisait toute la différence. Comment invoquer sa nature, quand on avait le choix ? On ne pouvait se définir que par ces derniers. Soit on faisait le choix de tuer, soit on faisait le choix d’épargner. Le bras était en train de rôtir, tournoyant lentement au-dessus des flammes.

« T’ai-je déjà conté ma rencontre avec un Minotaure, Ayane ? Vois-tu, à Themiscyra, à chaque fois qu’une Amazone approcha de son anniversaire, il lui faut trouver un présent, un présent pour honorer sa mère et son peuple. Quand j’avais dix ans, je cherchais quel présent offrir à ma Reine, quel cadeau serait assez grand pour satisfaire la Reine des Amazones. Je me suis alors dirigée vers une ancienne tour militaire abandonnée le long de la côte, où on disait qu’un Minotaure y rôdait. Je me disais que lui rapporter sa tête serait un beau cadeau pour ma mère. Alors, je suis partie vers cette tour. »

Elle se tut un peu, avant de reprendre, l’esprit replongé dans les souvenirs.

« Le Minotaure vivait bel et bien dans la tour. Je l’ai affronté, et ce duel fut redoutable. Les coups du Minotaure étaient si forts qu’ils m’envoyaient heurter les murs, et il avait même brisé mon bouclier. Cependant, j’ai réussi à le vaincre. Il était là, à mes pieds, et mon épée était levée, brandie en hauteur, prête à l’abattre. Ma peur s’était muée en une rage féroce, mes dents étaient serrés, la douleur me galvanisait... Puis j’ai vu son regard. Et ce regard, Ayane, n’était pas celui d’une bête furieuse ni assoiffée de sang. C’était celui d’un être effrayé, qui quémandait ma clémence. Nous avions combattu toute la nuit, et je l’ai épargné. »

L’histoire aurait pu s’arrêter là... Mais il n’en était rien.

« Si je l’avais tué ce jour-ci, je ne serais pas devant toi. Themiscyra a connu beaucoup d’ennemis et d’invasions, et, plusieurs fois, mes ennemis ont failli me tuer. L’un d’entre eux avait envahi Themiscyra, et me tenait à sa merci... Quand ce Minotaure m’a sauvé la vie. Voilà ma parabole, Ayane. Voilà ma leçon : la véritable force, ce n’est pas de tuer son ennemi, c’est de l’épargner. »

« Alors je suis quoi ? Une pauvre petite fille perdue ? Je dois manger de la viande, il me faut de la force. Je sens cette bête au fond de moi depuis mon changement, je ne l'ai pas inventée. Je n’ai jamais voulu tuer des gens, mais j’y ai été forcée. Je suis toujours en vie grâce ou à cause de mes pouvoirs, je ne sais toujours pas si vivre éternellement est un don ou une malédiction …  »

Ayane regarda alors Diana du coin de l’œil. Elle se doutait bien qu'elle dût ressentir la même chose ou quelque chose d'approchante. Elle soupira en s’allongeant dans la neige. Elle renifla légèrement en sentant ce bras commencer à cuir.

« On pourrait manger le reste, ou le ramener en ville. Tu ne veux pas devenir l’héroïne qui a terrassé le monstre ? Tu pourrais avoir des fans et des muges à ton effigie ici aussi.  »

Ce n’était presque pas drôle pour l’éternelle adolescente que Wonder Woman ne répondait pas aux provocations. Elle aurait pu se cacher derrière et peut-être provoquer une petite bagarre, mais apparemment, elle commençait à trop la connaître. Elle ne vivait que rarement avec la même personne longtemps. Elle partait parfois pour leur propre sécurité dans la nuit. À quoi bon rester avec des humains, sa présence n'était pas une bonne chose et elle le savait. Cependant, cette femme terriblement forte était capable d’y résister. C’était autre chose.

« Un cadavre ne m'affaiblit pas, je ne tombe pas malade, ce sont des problèmes d'humains tout cela. Tu as peur pour la ville, c’est tout, pas pour moi. Et puis tu veux qu’il m’arrive quoi ? Au pire, je me transformerai en pierre et nous pourrons reprendre cette discussion dans trente ans. Tu m’attendrais n’est-ce pas ? Je me demande pour quoi faire, me tuer ou m’aider ?  Je ne me rappellerai même pas de toi quand je sortirai. Cela se pourrait que je ne sois même pas la même et que je vive une vie humaine normale pour ce cycle. Une gentille fermière qui aiderait son père adoptif avec l’étrange tante qui passe de temps en temps. »

Dit alors Ayane en souriant amusée. Elle s’imaginait parfaitement la scène en balayant facilement de son esprit les tracas exposés par Wonder Woman. Elle soupira grandement en posant sa main sur son front, alors que Diana parla de responsabilité.

« On dirait une réplique de film ton truc ! Je m’excuserai au près des écureuils si jamais j’ai dérangé les choses en tuant ce monstre. Promis ! Ce n’est pas un jeu, c’est une question de vie ou de mort. Il faut bien que je mange, sinon je deviens faible. Je n’ai pas de patri, pas de camp et ma famille, il ne vaut mieux pas que je t’en parle. Tu veux que j’aie des responsabilités en quoi et envers qui ? Ces humains stupides ?    »

Le ventre de la mutante grogna en sentant les bonnes odeurs de grillades. Elle n'allait certainement pas être dégoûtée de quoi elle mangeait, c'était de la bonne viande après tout. Elle n'était certainement pas dégoûtée ni rien, c'était un temps bien lointain quand elle avait du mal à l'idée de dévorer un être vivant. Elle avait faim, alors elle mangeait. Elle venait d’une époque extrêmement simple, celle du plus fort et tout allait bien plus vite. La valeur d’une vie humaine n’était rien et pour elle, rien n’avait changé depuis lors. Elle se tourna en regardant Diana garder le silence un long moment. Elle était un peu surprise en la regardant. Elle se demandait bien à quoi elle pensait, mais elle ne demanda pas. 

« Je fais très bien les gâteaux Diana, je t'en ferais un si tu veux. hahaha    »

Dit alors Ayane en riant légèrement avant de se reprendre.

«   Et tu m’imagines faire quoi ? Sauver le monde avec une cape ? D’ailleurs …. Je me demande bien pourquoi tu n’as pas de cape et tu ne te caches même pas avec un masque ! Je devrais me cacher le visage tu crois ? 

Hein ?  J’ai une arme liée à moi, elle vit aussi, je me demande même si elle a des pensées comme moi, mais je ne vais pas si loin que toi. Je ne suis princesse de rien moi. Honorer la vie, c'est très beau ce que tu dis, mais à part une poignée d'humains, combien tueraient père et mère pour survivre ? Tu les aimes hein, les humains ? Moi … pas … »

La mutante tourna le dos à Diana alors qu’elle continuait à faire la cuisine. Elle croisa les bras en boudant comme une gamine. Elle ne s’était jamais posée de questions de la sorte. Elle vivait le jour le jour et il était rare quand elle se rappelait de sa longue vie entière. Sans se retourner, elle lança une question quand Wonder Woman parla de libre-arbitre.

« Par ce que tu crois que je suis encore humaine ? Tu penses l'être peut-être ? Mais regarde-toi, tu vis depuis combien de temps ? Tu voles, tu es forte. Tu n’as rien d’une humaine. Il y a quelque temps, on t'aura pris pour une déesse, Athéna ou Artémis. Peut-être que même des humains ont déjà ouvert un culte pour toi.    »

Ayane garda le silence alors que Diana répondait par une histoire, son histoire contre la sienne. Elle avait le regard fixe vers la neige, les murailles de la ville. Elle se remit sur le dos en fermant les yeux, sentant les flocons de neige lui tomber contre le visage. Elle ne put se retenir de sortir sa langue pour simplement tenter de les attraper.

« A dix ans contre un minotaure, faut quand même le vouloir. Sans la malédiction d’Athéna, je ne suis qu’une humaine, une simple humaine. Je ne suis pas comme toi Wonder Woman. Tu as déjà vue une méduse comme super-héroïne. Mes pouvoirs sont faits pour causer la mort, rien d'autre. À moins que tu vesuilles de nouvelles statues 'our ton château …     [/coloÀ] »

Dit alors Ayane en gloussant légèrement. Elle croisa les bras derrière sa tête. Elle reprit alors plus sérieusement.

« Quand on sent l’ombre de la mort sur soit, que l’on sait, que l’on sent que tout peut se finir maintenant, tout le monde qu’il soit paysan, roi, seigneur ou dieu ont peur. C’est là qu’ils se rendent compte qu’ils ne sont rien du tout. Que l’on va les oublier. Cet instinct de conservation … Moi je l'aurai tué, tu as eu de la chance que ce Minotaure vienne t'aider. Il faut croire qu’il n’y a qu’un monstre qu’il soit capable de se montrer humain.      »

La méduse prit un léger moment avant de répondre.

« Et j'aurais dû faire quoi ? Laisser vivre le yéti ? Je te trouve un peu trop idéaliste Diana, mais je suppose qu'il faut des gens comme toi. Des gens capables de rassembler, de montrer la bonne voie. C’est avec des gens comme toi que les choses peuvent changer dans le bon sens, pas comme moi. Je ne suis pas comme toi, mais je te respecte …      »

Ces simples mots semblaient lui brûler les lèvres tant ils étaient rares. Ayane tourna la tête ailleurs comme si elle était gênée. Elle avait peur, car petit à petit, cette Wonder Woman semblait dépasser son apparence, son air de gamine écervelée, elle semblait vouloir toucher une autre personne qui se terrait depuis des siècles derrière sa colère. Elle lâcha alors des mots à peine audibles, presque comme si elle parlait soudainement toute seule.

« Une gamine qui se fait violer par un dieu … elle est incapable de survivre bien longtemps sans que sa tête explose …  »

Diana ne se battait pas pour elle. Toujours, elle avait grandi avec, sur ses épaules, le poids d’une responsabilité qui la dépassait. Là où la grande majorité des êtres vivants se contentaient juste d’essayer de vivre pour eux, elle, elle avait en tête la protection de toute une Nation... Un point sur lequel elle avait échoué, mais, à son corps défendant, elle était perdante dès le début. Themiscyra avait été ravagée par ses secrets, par le lourd fardeau de son passé, par tous les secrets qu’on dissimulait derrière des contes pour enfants. Le secret, c’était de respecter l’Autre, que cet autre soit un simple pêcheur, mâle, ou un Minotaure. Diana contait à Ayane ses histoires, ses propres récits, et elle en avait encore beaucoup à confier. Elle, elle voulait inspirer les autres par la bravoure et par son charisme, ce qui la différenciait ainsi de Batman, et même un peu de Superman. Batman, lui, avait un point de vue cynique. Il ne partait pas du principe que les gens avaient besoin d’un modèle à suivre, mais d’un gardien, sombre, discret, qui pourrait protéger le bon grain de l’ivraie. Superman, lui, fonctionnait un peu sur ce principe, mais en l’inversant, c’est-à-dire qu’il ne se reposait pas sur la peur, mais sur sa grande puissance pour protéger les autres. Superman avait toujours été un éléphant dans un magasin de porcelaine, obligé de faire attention à chaque instant afin que le monde entier n’apprenne pas son existence. Elle, Wonder Woman, avait eu une enfance différente. Née sur Themiscyra, elle avait été formée pour être une Reine juste, et pas n’importe quelle Reine... La meilleure de Themiscyra, celle qui parviendrait à hisser le royaume.

Sur ce point, Ayane avait raison. Diana n’était pas une simple humaine, et elle l’acceptait. Cependant, alors qu’elle comptait revenir sur ce point, elle sentit que ses mots avaient ébranlé la conviction d’Ayane. Le ton de la jeune femme, habituellement moqueur, venait de se troubler, et elle termina par une légère confidence, quelques mots masqués par le voile du vent, mais que Diana, qui avait de bonnes oreilles, put entendre. Elle ne répondit pas sur le coup, observant cette femme. Les Olympiens avaient commis bon nombre d’atrocités au cours de leur existence. On ne comptait plus le nombre de fois où, à l’époque antique, ils avaient poussé leurs fidèles à s’affronter entre eux, pour des querelles de pouvoirs. Les récits des conflits entre Sparte et Athènes illustraient tout à fait cela, et Ayane avait fait partie de ces conflits. Elle en était une victime.

Suite à son aveu, Ayane était recroquevillée sur elle-même, et elle ne sembla réagir que quand Diana s’assit à côté d’elle, et la tint entre ses bras.

« Je suis désolée pour ce que tu as subi, Ayane... Personne ne devrait avoir à subir ça. Tu as été victime d’une chose horrible, commise par une personne qui n’aurait jamais dû commettre ça. »

Elle lui caressa le corps, avant de poursuivre :

« Les Dieux ont payé pour leurs atrocités. Sur Terre, leur culte a disparu, et, sur Terra, ils sont des reliques du passé. Ils ont oublié une leçon essentielle, Ayane. Ils agissaient comme s’ils étaient de simples êtres humains, mais ce n’est pas le cas. Ils disposent de pouvoirs extraordinaires. Tu vois, une fois, j’ai rencontré quelqu’un à New York... Un individu également doté de super-pouvoirs, et dont la phrase-type est révélatrice. Tu vois, il part du principe qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. »

Diana laissa planer quelques secondes, et reprit ensuite, comme pour indiquer les conséquences à tirer de cette phrase :

« Ce que cette phrase veut dire, Ayane, c’est que je ne suis pas une simple humaine. C’est un fait... Et, partant de là, il m’incombe plus de responsabilités que des humains normaux. Voilà pourquoi je me dois d’être meilleure qu’eux, car je n’ai pas les mêmes problèmes qu’eux. Tu comprends ? Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, Ayane... Et ça vaut pour toi aussi. Athéna t’a doté de facultés surnaturelles, et elles sont autant un don qu’une malédiction. Tout dépend de la manière dont tu souhaites les utiliser. Ce ne sont pas les pouvoirs qui te rendent monstrueuse, c’est la façon dont tu les utilises. »

On pouvait dire que Diana avait le sens de la formule.

Ayane était passée à la postérité comme un monstre tel qu’un dragon, une pieuvre géante ou le minotaure du labyrinthe. Ils étaient des monstres qui ne servaient que de faire valoir à des soit disant héros. C’était une évidence qu’elle avait un autre point de vue. Ces héros n’étaient que des barbares stupides ivres de colères et de haines. Elle était différente, et elle ne se laissait pas faire comme les autres femmes de son époque. C’était sans doute cela le problème, ils avaient peur et ils avaient raison. Quel que soit la période pendant laquelle elle avait vécu, Mars avait dû être fière. Elle s’était battu corps et âme à la moindre difficulté, pour une simple et bonne raison, elle était capable de le faire. Elle était morte de nombres fois, mais quelque part, elle l’avait cherché. Cherchait-elle à se punir elle-même pour t’en d’atrocité ? En avait-elle marre de vivre si longtemps ? Elle ne pourrait le dire elle-même.

 

La mutante se laissa faire quand Diana la prit dans ses bras. Elle était un peu comme ces adolescentes, elle aimait bien que l’on la tienne entre ses bras, mais elle n’était pas prête à le reconnaitre.  Peut-être que cela la rendait faible en apparence d’un côté, elle montrait qu’elle était vulnérable, qu’elle aimait. Elle n’était toujours pas prête après deux mille ans à se montrer à nue. Elle fixait le feu qui faisait cuir sa proie, par ce que c’était bien la sienne et certainement pas celle de la princesse guerrière.

 

« Quoi ? Tu ne connais pas la légende de la vile et cruelle méduse ? Je vais te raconter alors …C’est l’histoire d’une charmante petite famille, le papa, la maman et trois sœurs toutes plus belles les unes que les autres.  »

 

Elle se tourna alors d’avantage vers Diana comme racontant une aparté.

 

« J’allais pas dire que j’étais moche en même temps !  »

 

Puis elle reprit sur le ton d’une mère contant une histoire à son enfant le soir.

 

« Nous sommes en pleine époque de la Grèce antique. La sœur du milieu alla dans le temple d’Athéna pour prier, comme presque chaque jour. Elle avait eu le malheur de se refuser plusieurs fois au dieu des mers. Elle était si belle, si désirable dans cette jeunesse, que même un dieu la voulait. Pressant d’en finir et alors qu’elle était en pleine révérence au dieu, en plein milieu du temple et des fidèles, le dieu des mers vint prendre cette simple humaine qui se refusait à lui. Les gens horrifiés tentèrent d’aider la jeune fille, mais il était trop fort pour de simples mortels. Elle hurla, elle pleura, rien à faire, elle dut attendre qu’il se lasse d’elle.

 

Cependant, contre toute attente, la noble et divine Athena voulut punir ces deux mécréants d’avoir forniquer dans son beau temple tout propre. Elle ne put se venger contre son frère, par conséquent, elle maudit alors cette femme. Elle devint une femme moitié serpent, moitié femme, ses cheveux se changèrent en serpents. Elle se rendit sur une ile pour être tranquille, mais …. Soit disant qu’elle avait mangé des humains passant sur des navires, le grand et courageux Percée qui ne voulait faire quequette avec le fille du roi Phorcys de Céto, lui donna une quête fort difficile. Tuer le monstre !  alors … le type débarque avec un casque d’Hadès qui rend invisible, un bouclier magique d’Athéna, des bottes d’hermès, l’épée de Zeus ! Bref …. Un combat équitable en somme.    »

 

Fit alors par dire Ayane avec une forte dose d’ironie en regardant un bref moment Diana avant de poursuivre.

 

« Un combat féroce s’en suivit. Tous ses compagnons qui n’étaient pas overcheater périrent et devinrent pierre, mais le brave et courageux héros vaincus la bête ! Il ramena la tête du monstre au roi fort étonné, et il put faire des bébés avec sa donzelle.  Houra ! Houra ! Houra !    »

 

Fit-elle en levant les bras, exagérant un petit peu.

 

« Bon l’histoire ne dit pas que ses enfants sont tous morts après d’en d’atroce souffrance … mais il parait que c’est mal ! Selon la légende, une partie du sang de la méduse sert à tuer, mis l’autre sert à faire revivre. C’est ce que l’on raconte en tout cas. Voilà, tu connais la version officielle de l’histoire.  Ce qui n’est pas dit, c’est que je voulais juste que l’on me foute la paix, mais un connard vient avec toute une troupe et aider par tous les dieux majeurs dont celle qui ma maudite. Ils sont rudement chouettes tout tes dieux.   »

 

Se contenta de finir par dire la méduse, un poil vexée.

 

« Je te raconterai un jour l’histoire de mes deux sœurs, des gorgones comme ils disent. Elles sont maudites également. Ah oui ! et je n’avais pas dit, mais le grand héros Percée à trouver là où je vivais en volant les yeux des Grées, les trois femmes sages. Il leurs vola leurs yeux et il leurs fit un chantage. Il les força à dire où je vivais sinon aveugle à vie. Ça c’est classe aussi, mais ce n’est pas grave, ce sont tous des monstres mangeurs d’enfant.

 

Bande de dégénéré …    »

 

Ayane baissa son regard en soupirant. Elle croisa ses bras et posa son menton contre. Elle reprit d’une voix bien plus calme et froide.

 

« Ne t’en fais pas, c’est passé il y a longtemps. Je m’en suis remise depuis, je veux juste tous les transformer en pierre ces soit disant dieux. Ils m’ont créés, ils ont tentés de me détruire, sauf que leurs créations a échappé à tout contrôle. Quel dommage …  »

 

Elle frissonna légèrement en tournant son regard vers Diana appréciant ses caresses.

 

« Je m’en fiche pas mal s’ils se sentent seuls et désavoués. Moi j’ai toujours été seule en deux milles ans ! J’ai bien croisé des humains sympas, mais ils meurent si vite … Pendant une période, j’ai été dans un volcan …. Ça fait mal, mais au bout d’un moment, je m’en suis sortie quand même. C’était sans doute pas la meilleur façon de faire. Un groupe d’humains à fait mieux, ils m’ont enfermés pendant un siècle, jusqu’au moment où ils sont tous morts par ma main. Et puis maintenant, j’attends de voir ce que va faire le SHIELD.   »

 

Elle soupira légèrement en levant les yeux au ciel.

 

« Oui oui …. J’ai compris le message. Faut que je sois gentille, que je ne tue plus personne et que j’apporte la paix dans le monde en achetant vingt steaks au restaurant tous les trois jours. Je ne suis plus humaine depuis longtemps, et tu attends que moi … je reviennes vers le bon chemin, que je sois une bonne citoyenne pour que je sois meilleur que tout le monde en apportant le bonheur sur ce monde pourris. Mouais … C’est une idée comme une autre, pourquoi pas, mais ces humains m’agace assez vite  et je n’ai pas de costume.   »

 

Dit alors Ayane sur le ton de la blague. Elle plongea ses yeux dans le regard de Diana en laissant son visage partiellement caché dans ses bras contre ses genoux.

 

« Et si cela ne marche pas, tu comptes faire quoi ? Me tuer ? M’enfermer ? M’affaiblir peut-être par des drogues ? Je suis certaine que tu as déjà pensé à cette nécessité possible. A moins que tu comptes me surveiller pour le restant de tes jours, ça tombe bien ! J’aime bien ta compagnie ! Je me demande simplement comment tu vas faire pour sauver le monde avec moi dans tes pattes.   »