In my brain... [PV Batgirl]

[Note: le lien fonctionnant plus dans la fiche, voici le lien vers un épisode où l'on entend la voix de Chainsaw vers la 18eme minute]

Le ciel pleur ce soir... Elle a toujours trouvé ce temps si favorable pour aller tuer. La pluie avait ses qualités comme ses défauts, il effaçait plus rapidement les flaques de sang mais il collait mieux à l'ambiance de la situation, comme dans les films d'horreur. Mais qu'il y ait la pluie ou non, elle allait chasser. Elle devait faire un cadeau pour sa mère et elle l'avait trouvé, il ne restait plus qu'à le cueillir. Chainsaw avait son plan en tête depuis un certain temps et il s'était fait en plusieurs parties, la première n'était pas difficile puisque son nom devenait de plus en plus répandu dans les journaux comme dans la rue. Chainsaw, la tronçonneuse, la mélodie de la mort, la musique sanglante, elle avait tant de petits surnoms qui pourrait la faire rougir. Elle n'avait pas de cible spéciale si ce n'est les gens qui ont assez de courage pour sortir le soir depuis son arrivée. Jamais elle ne tue de jour ou seulement si cela est nécessaire. Elle est donc pas classée dans les serial killer qui tuent selon certains critères, à peine comme une meurtrière, une folle. Peu importe dans quelle case elle est rangé, elle tue, point final.  La suite de son plan était donc simple, elle qui disparaît d'habitude comme un fantôme allait jouer avec son pouvoir. D'abord, elle tue les flics qui viennent à elle et pour ce nouveau meurtre, elle avait tué trois policiers qui croyaient qu'ils allaient l'avoir. D'ordinaire elle laisse les poulets vivants pour qu'ils fassent mieux propager la peur mais pas cette fois.

À chaque nouveau meurtre, c'était la même chanson, ainsi, plus on donnait l'alerte concernait la tueuse armée de sa tronçonneuse et plus elle voyait de policier arriver. La raison? Elle voulait attirer l'attention de ses fameux héros qui  rodent en ville. L'un d'eux sera son cadeau. Mais ainsi, plus les flics meurent, plus ils ont peur, plus elle fait connaître son nom et plus les héros se penchent sur elle. Elle a toujours laissé son pouvoir secret, s'en servant pour tuer mais aussi pour se cacher en se moquant d'eux mais personnes en dehors de sa mère connaissaient ce secret. Chainsaw avait donc une cible qu'elle faisait pleurer de peur, une de ces pimbêches maquiller comme un carré d'as, elle l'avait blessé légèrement avec son arme un peu partout, elle avait à peine trancher deux doigts, se retenant de tuer mais surtout, elle devait la faire hurler et enfin, sous ce ciel pluvieux, elle avait vu du mouvement dans le ciel. Pas d'oiseaux de nuit, pas de chauve-souris, quoi que? Il y avait un sacré bataillon de flics et tous les tuer ne ferait qu'augmenter sa réputation et rendrait surement sa mère la Duchesse très heureuse mais elle devait offrir son cadeau.

Elle était mise en joue par plusieurs fusils et pistolets en tous genres, même en disparaissant sous leurs yeux, ça serait risquer, s'ils tirens dans le vide, elle pourrait avoir des balles perdues dans le corps. Sa lame était proche de la gorge de sa victime en sang et en pleurs mais face à cette menace, elle retirait doucement son arme du cou de son appât. Elle avait vu cette personne étrangement vêtue et elle ne cessait de l'observer en souriant. Elle sera parfaite pour sa mère... Elle suivait les ordres en souriant, ne lâchant pas cette femme du regard. Dans sa tenue de jeune ado gothique, il n'y avait rien sur elle, pas de portable, pas de papier d'identité, juste son micro pour qu'elle puisse parler. Oui, d'ordinaire elle en avait un qu'elle pouvait attacher autour du cou, plus pratique mais cela faisait partie du plan. Elle resta silencieuse ensuite, peu importe la question ou la menace. Elle fut déposée dans une de ses classiques salles d'interrogatoire. Menotté, une glace sans teint, un bureau et une chaise vide pour le moment. Ils sont rapidement compris à sa cicatrice le long de sa gorge que ce micro n'était qu'un outil pour qu'elle puisse parler. Elle fut donc autorisée à l'avoir et ce fut un inspecteur ou un troufion qui le lui apporta et tentât de discuter mais elle lui crachat au visage en souriant. Risquant les coups, il n'en était rien. Elle attrapa son micro qu'elle plaçait sur sa gorge en observant la glace sans teint. Elle savait que cette personne était derrière.

« Je ne parlerais... qu'à cette personne... costumée... »

Elle n'avait pas distingué dans ce vacarme et cette lumière en plein visage si cette personne était un homme ou une femme mais elle portait une cape et une tenue noire si elle ne disait pas de bêtise. Chainsaw restait assise en souriant, attendant que cette personne vienne la voir. Avait-on donc si peur que ça de Chainsaw?  Elle attendait déjà les questions classiques comme, pourquoi vouloir lui parler, pourquoi faire tout ça, les questions... classique. Mais elle avait besoin de ce héros. Elle voulait offrir un héros en pour sa mère, homme ou femme, peu importe. Vivant si possible sinon... sa tête suffira comme cadeau. On voyait bien à son apparence, son regard qu'elle n'avait plus toute sa tête... ça va être marrant tout ça...

« ... Un important rebondissement ce soir dans la traque de Chainsaw Killer. Le tueur à la tronçonneuse s’avère être une femme qui, comme vous pouvez le voir sur ces images, a été arrêtée par la police après avoir tenté un ultime forfait...
 -  ... La police a confirmé que la dernière victime de Chainsaw Killer, actuellement à l’hôpital public central de Seikusu, était une policière travaillant sous couverture pour tenter de piéger la cible. Un appât dont le rôle a permis l’arrestation de la dangereuse criminelle, mettant fin à une vague de crimes...
 -  ... Comme vous avez pu l’entendre, l’allocution exceptionnelle du Ministre de l’Intérieur a visé à remercier les services de police de Seikusu, saluant leur engouement et leur détermination à assurer la sécurité de nos concitoyens... »

Toutes les chaînes nationales en parlaient, et même les chaînes internationales : la Fox, la BBC, BFMTV... L’arrestation de Chainsaw Killer, aussi surnommée « Copper Killer », un jeu de mots de mauvais goût en référence à tous les policiers qu’elle avait tué, faisait le tour du Japon, et progressivement du monde. Une femme cruelle et psychotique, qui, telle une espèce de cruelle Houdini, avait toujours réussi à échapper aux forces de police, de manière incompréhensible, parfois, se volatilisant parfois dans des entrepôts où elle n’avait théoriquement aucune chance de s’échapper. Plus le temps passait, et plus les meurtres devenaient encore plus provocateurs, jusqu’à ce crime en pleine rue.

Barbara Gordon soupçonnait quelque chose. Cette femme s’était d’elle-même rendue, et avait refusé de parler à personne d’autre que des super-héros. Barbara avait enquêté sur cette femme, cherchant à la coincer, et elle savait que le SHIELD avait commencé à se renseigner sur elle, en se demandant si, à sa manière, elle n’avait pas, elle aussi, des pouvoirs paranormaux. L’analyse des différentes scènes de crime par les agents du SHIELD avait permis d’établir, à l’aide de simulations informatiques extrêmement pointues rendues possible par la compilation des procès-verbaux rendus et par les logiciels de pointe du SHIELD, qu’il était tout simplement impossible que Chainsaw ait pu s’échapper de la police. La seule hypothèse logique était donc qu’elle avait des pouvoirs paranormaux, ce qui faisait que Chainsaw rentrait dans les compétences du SHIELD, et que, en conséquence, en vertu des conventions bilatérales passées entre le SHIELD et le Japon, le SHIELD était habilité à incarcérer cette femme dans sa propre prison, la redoutable Prison Alpha, située dans la Zone Négative. C’était une option que le SHIELD se réservait pour l’heure, compte tenu du degré de dangerosité de cette femme. Aucun risque ne pouvait être pris inutilement.

Chainsaw ne voulait parler qu’à une super-héroïne, et Batgirl choisit de s’y rendre. Elle avait une certaine connaissance des tueurs en série et des malades mentaux, que ce soit après le Joker, Zsasz, ou encore la Duchesse. Chainsaw était une autre cinglée, et, si elle était réellement dotée de capacités surnaturelles, Batgirl se devait d’y aller. La femme se tenait dans une solide salle d’interrogatoire du commissariat central, menottée aux poignets et aux jambes.

« Je n’ai pas confiance, elle prépare un sale coup..., commentait le Capitaine Toshiro, bras croisés derrière la vitre sans teint.
 -  C’est pour ça qu’il faut en savoir plus. »

Toshiro hocha lentement la tête, puis Barbara entra dans la pièce, et s’assit juste en face de la femme.

« Tu voulais me voir ? demanda-t-elle. Je suis là. »

Elle n’avait pas l’intention d’être particulièrement loquace.

Chainsaw s'était laissé attraper pour une seule raison, attraper un super-justicier et le livrer à sa mère pour qu'elle s'amuse avec. Homme ou femme, pro ou débutant, peu importe, elle avait simplement besoin d'un membre de la justice, le reste, ça lui importait peu. Chainsaw avait attendu patiemment, assise sur sa chaise que son plat lui soit livré et au final, elle avait eu ce qu'elle voulait. Une femme tout en noir, qui ne laissait voir que sa bouche, difficile de ma démasquer en montrant si peu son visage. Il y avait bien cette chevelure rousse et à son accent, elle était occidentale. Surement une Américaine? Maman allait adorer passer son scalpel sur son corps. Chainsaw resta silencieuse un moment en l'observant avec un grand sourire, penchant sa tête d'un côté puis de l'autre pour l'observer. C'était quoi ce symbole sur sa poitrine? Une chauve-souris? Peu importe, le jeu avait commencé depuis qu'elle était attrapée. Ce soir, Seikusu va avoir peur... Chainsaw était menottée, la chaine passait autour d'un anneau sur la table pour la fixer dessus mais elle pouvait quand même lever ses mains à sa gorge pour parler. On pouvait apercevoir près des menottes ses nombreuses cicatrices aux poignets, une vingtaine a vu d'œil? Donc une vingtaine de tentatives de suicide aussi. Elle leva le micro à sa gorge en restant souriante... mais vu son teint pâle, ses yeux cernés et cette longue cicatrice sur la gorge, ça n'avait rien de rassurant.

« Maman... va adorer... te tuer... »

Enfin, pas sa véritable mère. Elle l'avait tué peu de temps après avoir retrouvé Lucrézia, sa créatrice, sa vraie mère. Ceux qui se disaient êtres ses parents, elle les avaient tué, un vrai carnage sous les yeux de la Duchesse. Des morceaux étaient partout sur les murs, une vraie boucherie. Elle avait fait ça rapidement. Dans un appartement, les bruits de tronçonneuse et les cris ont vite rameuté du monde. Et comme leur « fille » avait fugué il y a plusieurs semaines avant ça, elle faisait un suspect idéal puisque l'argent et tout le reste étaient encore. Yuki Sumonaru était morte une nuit où elle avait croisé la Duchesse, Chainsaw était née cette nuit-là mais elle a dû grandir lentement avant son premier crime. Vu son sourire, elle semblait ricaner mais sans avoir le son qui sort de sa bouche. Sans micro, parler reviendrait à faire chuchoter une fourmi. On entend rien de rien. Mais si elle veut se faire entendre, il faudrait qu'elle hurle pour à peine se faire entendre normalement. Sauf que cela va tirer sur ses cordes vocales et ça lui fera cracher du sang. Pour rien au monde, elle ne semblait prête à lâcher ce micro. C'était sa seule façon de parler après tout mais même, il semblait précieux pour elle... Si elle savait, la police serait déjà partout dans la ville à courir et à chercher chaque coin, chaque poubelle, chaque touffe d'herbe mais une chose à la fois. Chainsaw n'avait pas un plan, elle en avait plusieurs. Comme un oignon. Il y avait plusieurs couches. La première couche étaient de se faire attraper, la seconde de bavarder, la troisième... chuuuut... patience. Remontant sa main à sa gorge, elle appuyait le micro sur sa cicatrice afin d'en faire sortir le son.

« Mais à qui... ai-je l'honneur au juste?... »

Il va falloir mettre un nom sur son bocal pour le peu qui restera si maman voudrait garder un souvenir de ce trophée pas comme les autres. En tout cas, depuis son arrivée, elle était déjà plus bavarde que ses longues minutes de silence face aux flics. Bon ou mauvais, elle leur réservait le même mutisme. Parfois avec un crachat ou deux au visage pour les plus insistants. Chainsaw posa ses coudes sur la table, tenant son micro à deux mains pour bavarder avec elle.

« Vous voulez... jouer avec moi?... D'abord... dites-moi... ce que vous savez de moi... ce que vous avez... pu lire, voir, entendre... Dites-moi tout. »

Elle pencha la tête sur le côté, sa tête posée sur ses doigts. Sans ce sourire et ce teint lugubre, ça pourrait presque avoir son petit charme...

Face à la femme, Barbara restait silencieuse. La police ne savait pas grand-chose pour l’heure sur Chainsaw, si ce n’est qu’elle était une tueuse de flics, et qu’elle était affiliée à la Duchesse. Elle était une ancienne victime de cette dernière, et, comme Barbara, la police ne tarderait pas à lui mettre un nom. Barbara aurait sans aucun doute du se sentir triste pour cette jeune fille, qui était à la base une simple victime d’une psychopathe, mais, quand elle avait retracé son parcours criminel, sa pitié s’était noyée sous un mélange de tristesse, d’incompréhension, et de colère. Cette femme était une folle, et Barbara comprit alors pourquoi elle s’était capturée... C’était pour elle. Elle disait vouloir apporter son cadavre à « Maman », ignorant probablement que la Duchesse était morte... Ou en tout cas suffisamment blessée pour éviter de sortir de son trou. La femme parlait avec un micro, car ses cordes vocales avaient été atteintes par la Duchesse. Cette dernière avait failli l’égorger, mais la présence d’une patrouille de police avait forcé la femme, laissant Yuki baigner dans son sang.

Chainsaw lui demanda alors ce qu’elle savait sur elle. Barbara, restée silencieuse, remua légèrement les lèvres.

« Je sais que tu as tué tes propres parents. Je connais ton vrai nom, Yuki Sumonaru. Bientôt, les policiers le sauront aussi, l’information sera diffusée par les médias, et la société sera scandalisée d’apprendre que l’une des rares femmes ayant survécu à la Duchesse est devenue une cinglée notoire qui découpe des personnes innocentes avec une tronçonneuse. »

L’identifier n’avait pas été trop compliquée. Barbara avait remonté la filière. La survie de Yuki avait fait les gros titres des journaux... Une femme ayant survécu à la Duchesse ! Elle avait remonté le temps à l’aide de son ordinateur et d’une bonne connexion Internet. C’est de cette manière qu’elle avait appris, dans un petit journal local, que les parents de Yuki la recherchaient après une fugue, puis, ensuite, qu’ils étaient morts. Elle avait commencé ses recherches par les meurtres à la tronçonneuse, et en avaient trouvé beaucoup. De mystérieux meurtres, sans aucun lien entre eux. Des gens tués au hasard, sans aucun ordre logique, simplement ceux qui avaient le malheur de croiser son chemin. La démarche psychologique ayant conduit Yuki à devenir Chainsaw était intéressante. La seule théorie potentielle que Barbara pouvait avancer était que, quand la Duchesse avait manqué la tuer, Yuki s’était brisée, et avait décidé de devenir forte, comme la Duchesse... Une sorte de conséquence perverse et tordue de l’instinct de survie, mais cette explication avait ses limites. L’explication du syndrome de Stockholm n’était pas non plus satisfaisante, car, à proprement parler, ce syndrome s’appliquait en cas de kidnappings, où, peu à peu, le ravisseur et l’otage finissaient par développer une attirance mutuelle, lorsque l’otage comprenait que son ravisseur n’était pas monstrueux, et que le ravisseur comprenait qu’il n’était pas tolérable de tuer des personnes innocentes.

Rien à voir avec le cas actuel, donc, où Yuki n’avait pas été retenue par la Duchesse. Une autre théorie est qu’elle était probablement une psychopathe, et qu’être torturée par la Duchesse avait réveillé ses pulsions enfouies... Cependant, cette explication était dangereuse, car elle amenait, en définitive, à revenir à la bonne vieille théorie du gène criminel, une théorie réfutée par l’ensemble des criminologues

« J’ai déjà rencontré quelqu’un comme toi à Gotham... Une femme en apparence saine d’esprit qui est tombée en adulation pour son bourreau, un sinistre clown au sens de l’humour douteux. J’avoue que je n’arriverais jamais à comprendre comment on peut être fascinées pour de tels dégénérés. Ta véritable mère est morte, Yuki, et, toi, tu risques de connaître des jours difficiles. Je sais que tu as une capacité spéciale, quelque chose qui te permet d’échapper aux forces de la police, mais ce ne sont pas les policiers qui vont s’occuper de toi. Les criminels avec des capacités spéciales sont enfermées dans des prisons spéciales, aptes à pouvoir les détenir. »

Essayait-elle de la menacer ? C’était peine perdue, cette femme était complètement déconnectée de la réalité, ancrée dans son monde.

« L’endroit où j’aurais pu enfermer celle qui a détruit ta vie, si je ne l’avais pas moi-même contribué à ce qu’elle soit morte. Tu ne comprends pas, Yuki ? Tu es toute seule... Un vrai gâchis. Tu avais l’avenir devant toi, et tu vas maintenant passer toute ton existence dans une prison. »

Cette femme avait trop de sang sur les mains pour espérer pouvoir retrouver un jour la lumière du soleil. C’était un vrai gâchis, oui, car, jadis, elle avait du être adorable... La Duchesse avait une part de responsabilité dans ce désastre. Chainsaw était son monstre, et, qui sait... Peut-être que Barbara espérait toujours arriver à la guérir... Sauf qu’elle ne voyait pas du tout comment faire, vu toutes les atrocités que cette femme avait déjà commise.

« Peut-être bien que je te plains, finalement... »

Il est temps de jouer et depuis son arrestation, le jeu avait débuté. Vraiment? Non, Chainsaw devait mettre le jeu en route mais disons que ce n'était qu'une question de seconde. Elle voulait d'abord savoir certaines choses et cette héroïne, peu importe sa véritable identité ou son nom de justicière, elle la trouvait à son goût. Elle ne se laissait pas impressionner, elle savait des choses sur son cas, cela risquait d'être amusant. Elle savait son nom, le meurtre de ses parents, elle pouvait le dire à la presse, cela lui faisait une belle jambe. Enfin à vrai dire, elle s'était trompé, Yuki était morte entre les bras de la Duchesse lors de leur rencontre mais Chainsaw est née de Yuki. Tel le phénix qui a renaît de ses cendres. La jeune femme lui parla de sa ville, Gotham où apparemment, il y avait une fille comme elle? Nuance, elle n'est pas accroc à un clown mais à sa créatrice, ce n'est pas la même chose. Elle avait même deviné pour son pouvoir? Elle ne savait pas quoi mais elle savait qu'elle avait un moyen de fuir, toujours. Cette fille méritait vraiment d'être un trophée pour sa mère. Cela ne pourrait que l'aider à guérir. Qu'elle était drôle quand même...

« La solitude... ne me guette pas. Je peux toujours... bavarder avec mes cadavres... dans le placard. »

Elle eut un petit sourire sinistre, une simple façon de la provoquer un peu plus en remuant le couteau dans la plaie. Après tout, elle ne courrait pas après le nombre, de tête, elle savait qu'elle avait tuer plus d'une quinzaine de personnes mais pour lui demander le nombre exact, ce n'était pas la peine de compter sur elle. Chainsaw maintenait le micro sur son cou en observant la femme en noire face à elle. Bien que ses poignets étaient reliés entre eux par une paire de menottes et des chaines passant par un demi-anneau sur la table pour éviter qu'elle ne bouge un peu trop, elle pointait du doigt Batgirl avec sa main de libre, gardant ce même sourire aux lèvres.

« Maintenant que je vois... ce que tu sais sur moi... il est temps que je te parle... un peu plus de moi. »

Faire une phrase complète était trop dur pour Chainsaw, cela pouvait trop user ses cordes vocales, de même que si elle tentait de se faire entendre sans son micro, cela ne ferait que lui faire cracher du sang en abimant un peu plus ses cordes vocales.

« J'ai choisi la tron... la tronçonneuse car là où... les autres armes peuvent blesser superficiellement... une petite blessure, même... avec cette arme, ça laisse... des marques. Personne ne s'en ai sorti... de mon emprise, en vie. »

Sauf ce soir mais c'était volontaire sinon cette petite pisseuse aurait péri depuis belle lurette si elle ne faisait pas partie de son plan. Oui, un couteau, même une arme à feu, il y a toujours un moyen d'avoir une blessure non mortel, presque discrète alors que là, avec son arme... Même blessé, ça laissait une très jolie marque à vie.

« Mais parfois... Il faut savoir... changé un peu... ne serait-ce que pour.... instauré la peur. »

Son sourire, son regard ne laissait rien supposé de bon. Elle tenait son micro à deux mains en observant Batgirl, défiant son regard alors qu'elle tourna le petit anneau noir autour du micro, à peine d'un millimètre ou deux. Et? Un simple tic de personnalité? Non, Batgirl va vite avoir la preuve qu'elle joue avec elle.

« Merci de jouer... avec moi. »

En réalité, Chainsaw avait truqué son micro, il était aussi un détonateur qui activait une bombe à distance, inutile de dire que ce ne serait pas la seule bombe de la soirée. Quelque part à Seikusu, une bombe avait explosé, dans une rue, une ruelle abandonnée mal famée, près d'un poste de police, un hôpital, une banlieue calme, elle ne ferait aucune exception. Ce n'est pas vraiment son genre de tuer, ni celui de sa mère mais comme elle l'a dit, parfois il faut savoir changer de registre pour instaurer la peur! Avec sa mère mal en point, la paix revenait doucement et ça, pas question. En étant du mauvais côté, elles avaient quelques relations et un type doué en bombe avait accepté de les aider, trafiquant un de ces micros pour en faire un détonateur, plaçant plusieurs bombes en ville. Chainsaw resta silencieuse avant que Barbara ne soit prévenu qu'une bombe a soudainement explosé en ville. Avant qu'elle ne posa la question ou tente de lui dérober son détonateur des mains, au cas où elle aurait compris. Elle préférait mettre les points sur les I.

« Si tu le détruis... si tu le démontes... pas d'une certaine façon... tout explosera... Je suis la seule... à savoir... comment le désamorcer... »

Bien dorénavant, il est temps de jouer vraiment mais elle se demandait comment allait agir l'héroïne? De façon calme ou énervée? Qu'on se le dise, Chainsaw n'avait aucune peur face à la femme en noire.

À quoi rimait cette conversation ? Que cherchait Chainsaw ? Et, plus précisément, comment voulait-elle accomplir son objectif ? Batgirl avait bien compris que le but final de cette femme était de la tuer, et qu’elle s’était laissée volontairement capturer. Cependant, la justicière savait aussi que les tueurs en série de cet acabit avaient un égo surdimensionné, et que, lors de longues traques, c’était toujours cet égo qui les amenait à commettre des erreurs. Leur méticulosité déclinait au fil des jours ou des semaines, car ils se croyaient intouchables, appartenant à une autre espèce d’individus, des homo superior impossibles à atteindre, protégés par la grâce d’une quelconque divinité fantasmagorique n’existant que dans leur tête. Chainsaw cherchait à l’énerver, à l’horrifier, jouant avec elle, en lui expliquant qu’elle se servait d’une tronçonneuse car c’était une arme qui laissait toujours des dégâts graves, souvent mortels.

*Pas de chance pour toi, ma petite, j’ai déjà été tourmentée par des cinglés...*

Barbara avait déjà connu son lot d’horreurs et de malades mentaux. À Gotham, on l’avait abattu, on avait torturé son père, sa mère, et elle avait rencontré suffisamment de psychopathes pour se constituer un véritable musée des horreurs. Elle avait vu le Chapelier Fou et ses victimes, lobotomisées par ses chapeaux, de belles jeunes femmes blondes correspondant à son idéal détraqué d’Alice, et qui suivaient de longues thérapies pour se remettre de ce qu’elles avaient vécu. Elle avait vu Killer Croc et ses charniers dans les égouts, où il déchiquetait des bandes pour s’imposer à d’autres, et ainsi devenir le Roi Croc, instaurant sa tyrannie sur de simples clochards et autres mendiants vivant dans les bas-fonds nauséeux de Gotham City. Elle avait vu Black Mask et sa cruauté froide, ce sens des affaires qui l’amenait à se montrer d’une brutalité excessive envers ses rivaux, n’hésitant pas à massacrer toutes leurs familles sous leurs yeux. Batgirl avait vu suffisamment d’horreurs pour perdre la raison, et, avec les années, elle avait compris que la seule chose qui empêchait Barbara Gordon de sombrer dans la paranoïa la plus profonde était Batgirl. Sous le costume, elle se sentait intouchable, immortelle, éternelle. Elle devenait plus qu’une simple femme, elle devenait un symbole, une légende urbaine. La preuve en est qu’elle avait reçu ses plus lourdes cicatrices en étant Barbara Gordon. Batgirl était imbattable. La Duchesse l’avait déjà torturé, mais elle avait pu le faire parce que Barbara l’avait trahi, parce que Barbara s’était effondrée lors de leur effondrement.

Progressivement, ; Barbara développait une certaine forme de schizophrénie, mais c’était le lot commun à tous les justiciers masqués. Chainsaw continuait à parler, quand Barbara reçut un message dans son communicateur. Il émanait de son appartement, de Kate Kane, la Batwoman, qui travaillait avec elle, et qui, ce soir, se chargeait du soutien tactique :

« On vient de signaler l’explosion d’une bombe dans un entrepôt du port. Il n’y avait officiellement personne à l’intérieur. Le plus étrange, c’est que la bombe a explosé suite à une interférence électronique, un genre de signal... Qui venait tout droit du commissariat central.
 -  Hum...
 -  J’ai envoyé Stéphanie enquêter sur place. »

Barbara ne la remercia pas, parce qu’elle ne voulait pas abattre ses cartes devant Chainsaw, et la regarda à nouveau. Elle venait de Gotham, elle avait vu tout un tas de trucs dingues... Comme le Chapelier Fou et ses chapeaux permettant de parasiter les cerveaux en créant des esclaves décérébrés. Partant de là, que Chainsaw ait pu trafiquer son micro en une sorte de détonateur à distance n’apparaissait guère plus farfelu, et Batgirl resta face à elle, mains jointes sur la table.

*Gagne du temps, laisse Stéphanie se rendre sur place, et remonter la piste des bombes...*

La bombe avait explosé dans un entrepôt, mais, quand Stéphanie s’y rendrait, elle verrait que l’endroit, s’il était abandonné par l’entreprise qui en avait la propriété, avait été envahi par des squatteurs et des toxicomanes. Il y avait plusieurs morts, mais ça, Batgirl n’en savait pour l’heure rien. Chainsaw lui expliqua qu’il fallait jouer selon ses règles pour éviter que d’autres bombes n’explosent, et Barbara s’humecta les lèvres.

« Qu’est-ce que tu veux, Chainsaw ? Pourquoi t’être laissée capturer ? »

Barbara n’était pas crédule.

Le jeu se mettait en route à sa vitesse, doucement mais surement. C'est comme regarder un film, on commence par le début même si c'est lent, on ne saute pas les chapitres pour simplement observer les meilleures scènes car après tout, il faut regarder tout le film pour tout comprendre. Parfois on tombait même sur des petites perles qu'on ne remarque pas forcément la première fois. Bon d'accord, là rien à voir avec une chose qui s'était déjà passée mais bon, cela lui faisait tellement plaisir de lancer le jeu. Face à la justicière en noire, Chainsaw se délectait du spectacle. Rien de bien passionnant pour le moment? Mais c'est normal, elle savait ce qui allait se passer ensuite et c'est ça qu'elle attendait. Comme lorsqu'on fait une blague et que la personne tombe le nez dedans, on meurt d'envie de lui avouer la vérité, Chainsaw voulait absolument lui dire ce qui allait se passer mais ça allait lui gâcher la surprise. Vu ses mimiques, elle avait dû savoir à travers une oreillette ce qui s'était passé? Ou alors elle l'avait sentie mais elle n'allait pas vendre la mèche pour si peu. Ce qu'elle voulait? Mais c'était pourtant si simple et elle l'avait déjà dit. La jeune femme souriait à pleines dents, donnant ce petit air sadique sur son visage. Elle approcha son micro de sa gorge pour pouvoir communiquer.

« Je te l'ai déjà dit... nous jouons ensemble... »

Et quel jeu! Dire que c'était le premier tour, Chainsaw menait pour le moment alors que la super-héroïne ne semblait même pas comprendre dans quel genre de jeu elle venait de tomber. Elle va s'amuser comme une petite folle! Lui apporter sa tête fera tellement plaisir à sa mère. Si elle l'a en un seul morceau, ce serait encore mieux mais une chose à la fois. Chainsaw s'installait mieux sur sa chaise en se penchant un peu sur la table pour se rapprocher de la justicière, pour mieux la regarder dans les yeux.

« Qu'elle est ta peur?... Je veux la connaître... pour m'en amuser. »

Un petit sourire en coin pour mieux la narguer. Chainsaw n'avait aucune peur à vrai dire. On pouvait la menacer avec une arme maintenant, on pouvait la torturer, elle était déjà morte alors la mort, pff, elle s'en fiche un peu quoi. Même sa mère, elle voulait rester avec elle le plus longtemps possible mais n'allait rien en faire si elle mourait. Pourvu qu'elle reste à ses côtés le plus longtemps possible mais Chainsaw ferait avec ou sans elle. Elle tenterait de créer une ou deux petite Chainsaws à son image, ce serait amusant après tout. Mais une chose à la fois, pour le moment, elle ne voulait pas partager sa maman, elle était très mal en point alors elle voulait tout faire pour l'aider et lui apporter un joli cadeau qui lui redonnera de l'énergie pour guérir au plus vite. Chainsaw continuait de sourire joyeusement – même si cela ne l'aidait pas a avoir l'air plus saine d'esprit. Elle enchaina sur une autre question plus amusante cette fois. Elle voulait voir l'avis de la justicière.

« Question pour toi... Je veux voir ton niveau de... hmm... justicière? … Tu te retrouves seule... dans une situation critique... tu tiens ton petit copain d'une main et ton père de l'autre... tu es prisonnière et personne ne va arriver pour t'aider... Les méchants te demandent de choisir qui... tu vas sauver? Tu sauves qui? Ton père ou ton petit copain... Je te laisse une minute pour répondre. »

Elle s'installait bien droite dans sa chaise, se demandant bien qu'elle va être la réponse de la justicière, ça va être drôle surement? À moins que... Elle va bien voir si cela va l'amuser. Elle n'a pas à s'inquiéter, Chainsaw n'a pas enclenché de nouvelle bombe pour le moment... Bien qu'elle tripotait son micro pour lui laisser le bénéfice du doute...

Un microphone capable de déclencher des bombes à distance... Pour Barbara, tout ça était très capillotracté, mais elle avait vu pire à Gotham... Ne serait-ce que le gaz hilarant du Joker. Elle ne pouvait pas sous-estimer cette femme. Selon Barbara, il était maintenant clair que cette femme ne s’était pas laissée capturer sans raison. Tout ça faisait partie d’un plan tordu, une stratégie qui impliquait les justiciers, relançant probablement encore le débat sur l’utilité réelle des justiciers ou non. Barbara, qui aimait se renseigner, savait beaucoup de psychologues, de commentateurs, d’invités médiatiques, affirmaient que les super-héros canalisaient et entraînaient la psychose générale en encourageant les gens à refuser d’obéir à la loi, contribuant paradoxalement à développer le phénomène de tous ces tarés bariolés et ces psychopathes choisissant des surnoms pour commettre des tueries. C’était un débat complexe et difficile, où il était facile de tomber dans les préjugés. Barbara était cependant suffisamment avertie pour reconnaître que ces critiques avaient un certain fondement. Sans Batman, le Joker aurait depuis longtemps cessé de se battre. Dès lors, il était tentant de se dire que les super-héros étaient nocifs, surtout après Stamford et le conflit entre les super-héros américains. Batgirl, elle, avait un avis plus nuancé. Elle estimait que les super-héros existaient comme une réponse à l’impuissance des États à protéger leurs citoyens de la criminalité. Ils étaient une résurgence du lointain concept de justice privée, avec cette différence particulière que les justiciers se refusaient à dépasser certaines limites. C’était la fameuse ligne morale de Batman, qui l’interdisait de commettre la mort, sous peine de devenir, lui aussi, un criminel. Batgirl respectait ce choix, car elle l’estimait fondée. De son point de vue, les super-héros étaient nécessaires, et, s’ils avaient une part de responsabilité dans le développement des supers-criminels, Barbara pensait sincèrement que leur psychose était antérieure, et que, super-héros ou non, elles auraient fini par s’affirmer.

Chainsaw en était le bon exemple : si Batgirl n’avait pas été là, elle aurait quand même été une folle furieuse massacrant les gens avec sa tronçonneuse. Barbara n’avait donc pas à se sentir coupable des bombes que cette femme risquait d’exploser. Toute la difficulté était de l’empêcher de nuire, en sachant que le plan final de Chainsaw était sans aucun doute de se libérer de sa prison, probablement en tuant Batgirl. C’était un plan farfelu et impossible, mais Barbara était suffisamment bien expérimentée et instruite pour savoir que les psychopathes du calibre de Chainsaw étaient capables de tout. Barbara ne pouvait pas exclure qu’elle ait corrompu un agent de police, par exemple en menaçant de tuer sa famille... Le grand classique de Gotham City.

La jeune femme lui demanda si Barbara ressentait une quelconque peur, et elle n’eut droit à aucune réponse. Pendant longtemps, elle avait fait de nombreux cauchemars, dans lesquels elle revivait la fameuse scène qui lui avait valu d’être paraplégique, et d’engendrer ses problèmes avec son dos, des problèmes qu’elle ressentait toujours actuellement, et qui la contraignaient régulièrement à devoir user d’un traitement médical tekhan destiné à replacer ses vertèbres, et ainsi à lui permettre d’utiliser ses jambes. Mis à part ce traumatisme, Barbara avait assurément d’autres peurs, plus classiques, comme celle de mourir, de voir Bruce perdre, d’échouer... Mais elle ne tenait pas spécialement à en parler avec Chainsaw.

*Je dois trouver un moyen de la neutraliser...*

Chainsaw s’attendait visiblement à ce que sa question ne reçoive aucune réponse, car elle opta pour autre chose, en lui soumettant un dilemme... Savoir qui elle sauverait entre son père et son petit ami si elle avait le choix. Bien qu’elle ait pu lire des livres de psychologie, et même suivi quelques cours quand elle était l’Oracle, Barbara avait encore du mal à déterminer ce que cette femme voulait par le biais de cette question.

La minute posée par Chainsaw s’écoula sans que Batgirl ne réponde rien, conservant ses mains posées à plat sur la table. Elle finit néanmoins par parler, d’une voix calme et posée :

« Est-ce que tu t’es fait capturée pour poser des devinettes ? Alors, laisse-moi te dire où tu vas finir... Vu tes capacités spéciales, une agence spéciale viendra te trouver, et choisira de t’enfermer dans une prison spécialement conçue pour les gens comme toi... Un endroit où tu disparaîtras. Chainsaw cessera d’exister rapidement, et, au bout de quelques semaines, plus personne n’entendra parler de toi. Voilà tout ce que tu auras gagné à suivre la voie d’une psychopathe folle à lier : l’oubli perpétuel. »

Batgirl doutait que ces phrases puissent faire effet chez Chainsaw, mais elle voulait vérifier... Voir si Chainsaw ne faisait pas tout ça afin de marquer les esprits. C’est ce qu’on retrouvait chez certains tueurs en série, comme le tueur du Zodiaque, qui s’était amusé à défier ouvertement la police en laissant des messages codés dans les journaux, tout en parvenant à chaque fois à leur échapper. Il restait encore à voir comment Chainsaw allait réagir.

Comme c'était drôle de jouer à ce genre de jeux! Chainsaw avait toutes les cartes en main pour gagner sa partie, l'ironie du sort étant qu'elle faisait face à celle qui avait si abimé sa mère adorée. Lui apporter sa tête ne pourrait pas être un meilleur cadeau. La ramener en vie peut-être mais comme la jeune femme ignorait à qui elle faisait face. La tronçonneuse avait posé deux questions, une première sur ses peurs, la seconde était une devinette et celle-ci, avait un compte à rebours. Elle attendait tranquillement que les soixante secondes s'écoulent, se demandant bien de quel côté la balance allait pencher? C'était en réalité une question sans réponse et sans le savoir, Batgirl fournissait la bonne réponse. Si elle aurait gardé le silence ou simplement avoué qu'il n'y a aucune réponse, elle aurait gagné cette devinette, hélas, elle partait dans de vagues menaces qui ne faisait que faire sourire Chainsaw. Ses belles paroles, que du pipi de chien pour elle! Elle tourna doucement le petit cercle entourant son micro, très doucement, de quelques millimètres, si la justicière n'avait pas remarqué cela, c'était possible. Chainsaw la fixait avec son petit sourire et depuis tout à l'heure, elle tenait son micro, difficile de la voir bouger si lentement. Elle venait de faire exploser deux nouvelles bombes. L'une au pied d'un immeuble dans le quartier Toussaint et la seconde dans le parc. Elle ne répond pas à ses questions, elle passe à l'action.

Ramenant le micro à sa bouche, elle n'avait pas l'air de paniquer une seule seconde. Au contraire, c'est à croire que sa provocation lui faisait plaisir.

« Personne ne m'oubliera... mes actes ont fait verser... beaucoup d'encre... et de sang. Des gens se rapprochent... de mon statut en me voyant à l'acte. Il y aura plus de Chainsaw... sous différents noms... avec des méthodes différentes... Mais qui sait? J'ai peut-être... des complices dans l'ombre? »

Cela pourrait expliquer pourquoi elle s'est laissé capturer si facilement? De quoi faire douter la justicière avec surement une annonce de sa partenaire concernant deux nouvelles bombes ayant explosé presque en même temps. Sans en connaître vraiment l'origine, son message évoquait le célèbre slogan de l'HYDRA. Couper lui la tête, il en pousse deux. Le message de Chainsaw sonnait à peu près pareil. Sauf que bien sûr, cette agence lui était inconnue et quand bien même ils l'aurait approché, elle s'en ficherait. Elle était un électron libre qui restait le plus souvent possible près de sa créatrice. Penchant la tête sur le côté, la jeune femme ramenait à nouveau son micro sur sa gorge, où une belle et longue cicatrice la caractérisait.

« Pourquoi ce rôle? … C'est les gens comme moi... qui t'ont motivé?... La soif de se défouler peut-être?... Pour bien te faire voir de quelqu'un?... l'aider? »

Plus Chainsaw la regardait, plus elle se demandait combien de temps sa tenue résisterait sous les chaines rotatives de son arme? Une maigre résistance surement, quand bien même cette combinaison avait une certaine armure contre les balles ou les lames, face à sa fidèle tronçonneuse, elle ne sera pas grand-chose...

« On n'aime pas... me parler? »

Dit-elle en penchant légèrement sa tête de l'autre côté.

Elle ne tarda pas à apprendre que deux bombes supplémentaires venaient d’exploser. La première avait éclaté dans une poubelle devant un immeuble délabré de la Toussaint, la seconde dans un parc, dans une aire de jeux. Vide la nuit, fort heureusement... Mais une menace suffisamment claire, qui rappelait à Barbara tous les petits jeux sinistres des tarés de Gotham, que ce soit le Joker et ses jeux morbides, ou Nygma et ses devinettes mortelles. Cette femme semblait être du même acabit, en présentant la même perversion. Elle essayait d’impressionner Barbara, de lui dire qu’elle n’était pas seule, qu’elle était avec toute une association de psychopathes. Batgirl n’en croyait rien. C’était un scénario de mauvais thriller. Les serial killer étaient trop paranoïaques, trop arrogants, pour avoir des complices. Ils recherchaient à commettre des crimes parfaits, afin de continuer à agir, de défier la société, de pouvoir se prouver, le soir, qu’ils étaient plus malins que les flics cherchant à les stopper. Chainsaw avait été faite sur le modèle de sa mère, mais Barbara était convaincue que, si ces deux-là avaient vraiment travaillé ensemble sur le long terme, elles auraient fini par s’entretuer.

Constatant que Batgirl n’avait pas très envie de parler, Chainsaw posa une autre question, portant sur ses motivations. Barbara ignorait ses questions, et Chainsaw ignorait les siennes. C’était un dialogue de sourds, et, s’il n’y avait pas des bombes en jeu, Barbara serait partie. Elle savait que Chainsaw s’était délibérément rendue, et qu’elle cherchait à la piéger, afin de venger sa mère en supprimant celle qui était responsable de sa mort... Ce qui n’était techniquement pas le cas. Si Barbara ne s’était pas surestimée, elle aurait neutralisé cette femme. Son dos l’avait lâché dans un moment crucial, et la Duchesse l’avait torturé, avant que les renforts ne débarquent. Un coup de feu avait été tiré, et la Duchesse était tombée dans les égouts, laissant derrière elle du sang. Son cadavre n’avait jamais été retrouvé, ce qui, si on se fiait à la philosophie de Gotham, signifiait qu’elle était toujours en vie. Le dossier avait cependant été classé au sein de la police, et, avec l’arrestation de Chainsaw, l’héritage de la Duchesse disparaissait.

*Je dois rentrer dans son jeu... Au moins pour désamorcer certaines bombes.*

Elle attendit quelques secondes supplémentaires, puis lui répondit :

« Voici comment on va jouer, Yuki. Je vais répondre à tes questions, mais, en échange, tu devras répondre aux miennes... Et m’indiquer l’emplacement de tes bombes. Voici mes conditions. »

Elle laissa quelques secondes planer, et reprit ensuite :

« Ce ne sont pas les gens comme toi qui m’ont motivé, non... C’est mon père adoptif, et la fameuse citation de Burke... ‘‘Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des hommes de bien’’. Je suis née dans une ville ravagée par la corruption et par le crime organisé, une ville où personne n’osait agir, où les rares personnes tentant d’agir contre la Mafia se faisaient massacrer. Cette situation m’horrifiait, et je savais que rejoindre le système ne permettrait pas de changer les choses. J’ai compris que, parfois, pour sauver le système, et pour que ce dernier fonctionne, le système avait besoin d’individus qui étaient hors de ce dernier. »

Nouvelle pause, le temps qu’elle réfléchisse. Celui qui l’avait aidé à réaliser ça était Batman. Le fameux Chevalier Noir. Il était apparu à elle progressivement, et elle se rappelait que, au début, son père adoptif, Gordon, le traquait avec acharnement, convaincu que Batman n’était qu’un déséquilibré, un fou dangereux qui était en train d’ébranler le système... Et puis, il avait compris, comme Barbara, que le système était corrompu, qu’il ne fonctionnait plus, et que les lois, censées aider la police, étaient devenues des obstacles et des freins permettant d’arrêter les petits poissons, mais de laisser s’échapper les plus gros morceaux. Gordon avait toléré Batman car il savait que les deux poursuivaient le même but, et que le justicier se battait pour la justice, et non pour satisfaire une quelconque croisade personnelle.

« Hegel disait qu’un héros était une personne qui était similaire aux criminels... Il considérait que le héros était la personne émanant du même milieu que les ordures qu’il combat, à cette différence près que, contrairement aux ordures, le héros sait que ce qui se passe est mal. J’agis en-dehors de la loi, ce qui fait de moi une criminelle. Le jour où tous les gens comme toi seront neutralisés, et où le système pourra enfin fonctionner sans qu’on ne cherche à lui mettre des bâtons dans les roues, j’accepterai qu’on me juge. »

C’était clair... En aucun cas, Batgirl n’admettrait qu’on puisse estimer qu’elle était comme Chainsaw. Des ressemblances lointaines ne faisaient pas des similitudes inébranlables, loin s’en faut.

L'équation était pourtant simple. Elle jouait son jeu ou bien Seikusu serait éclairé de mille feux ce soir et en aucun cas, à cause de feux d'artifice. Ses bombes étaient plantées un peu partout en ville, dans des endroits inutiles ou au contraire important. Qui sait? Il y avait peut-être des écoles de visée? Des hôpitaux? Des foyers pour les gens qui avaient peu de revenue ou vivait une période difficile? Il ne faut pas ignorer l'incendie qui se propage. Chainsaw avait allumé la mèche et plutôt que rentrer dans son jeu et tenter de l'éteindre, Batgirl observait cette petite flamme avancer. Mauvais choix. Mais pris d'un élan d'intelligence et de bon sens, elle commençait à répondre à ses questions même si cette dernière proposait un marché. Soyons clair, Chainsaw n'a jamais parlé de marché mais il était évident que ses réponses allaient retarder les explosions, un mal pour un bien vu qu'elle devait avoir quelqu'un qui bossait à côté? De plus, Yuki était morte, elle l'avait déjà dit, non? Elle, c'est Chainsaw, rien d'autre. Faut bien avouer que son histoire était naze. Sa ville pourrie et corrompue et elle qui tente de lui redonner un second souffle... Que c'était barbant! Elle s'attendait à une sorte de vengeance personnelle, Batgirl ayant été grièvement blessé ou agressée étant jeune, elle ou un membre de sa famille, une bonne vengeance à l'ancienne cachée derrière une soi-disant bonne cause.

Chainsaw se calait à nouveau sur le fond de sa chaise en soupirant, observant ce demi-cercle sur la table qui la maintenait à cette table. Sans ça, elle aurait pu faire quelques pas pour passer le temps ou même tenter de vaincre Batgirl ou au moins lui faire peur. Mais cela viendra bien rapidement, il faut juste encore poursuivre le jeu. Ça ne faisait que commencer après tout. Elle remonta son micro à sa gorge en observant l'héroïne avec autant d'intérêt que l'on regarderait un documentaire sur la reproduction des mollusques en captivité.

« C'est nul... »

Une réponse immature mais elle s'attendait à mieux. Là, on lui sortait la phrase typique du manuel du parfait petit justicier, toujours agir pour une cause juste et pas pour une vengeance. Est-ce qu'elle tue les gens car les gens fortunées dirigent ce pays? Car les politiciens se fichent des gens au pied de la société? Non, Lucrezia l'avait créé et elle tuait tant en son nom qu'en montrant un peu à tout le monde combien elle pouvait être dangereuse. Sans s'être fait attraper volontairement, elle serait encore dehors à rire de ses incapables en train de se demander si tout cela n'était pas l'œuvre d'un fantôme? Elle observait Batgirl devant elle, observant ce cou si fragile... est-ce que sa combinaison résisterait face aux chaînes de sa tronçonneuse? Elle n'en sait rien? Peut-être pas? Ça semblait flexible mais une lame devrait pouvoir facilement se frayer un passage, non? Elle remonta son regard vers les yeux de Batgirl qui semblait attendre sa réponse... Ha oui, cette histoire de placement des bombes? Allez, elle n'était pas vache, elle allait lui en dire une... mais après....

« J'attendais mieux... comme réponse... mais tu as répondu... Donc voilà une autre question... Cette fois je te donnerais... moi aussi une réponse... »

Son petit sourire s'étirait alors que son regard était toujours aussi mort. Quelques pointes de mèches venaient masquer un peu son regard déjà mort, ne faisant qu'accentuer son envie de sang à cette fille sans voix. Elle amena une de ses mains à sa gorge, grattant sa cicatrice que la Duchesse lui avait laissée en la croyant morte avant de fuir. Ça lui arrivait souvent de la sentir lui démanger la gorge.

« Tu as déjà tué? … Moi... oui. »

C'était une petite provocation. Évidemment que Chainsaw avait déjà tué, elle était là pour ça. Et non parce qu'elle avait fait peur aux passants en se promenant avec cette arme en marche. Elle voulait savoir cette réponse à cette question. C'était drôle car même en faisant attention, plusieurs héros ont déjà commis ce genre de bavure et ça leur pesait sur la conscience. Ce n'est pas le genre de la maison de s'en faire pour ce genre de connerie. Mais elle, était-elle dans ce genre-là?

Les pensées de Barbara étaient contradictoires au sujet de Yuki. D’un côté, elle se disait que la femme n’était qu’une victime, victime d’une malade mentale qui avait fait d’elle un monstre, et, de l’autre côté, elle savait aussi qu’il y avait en elle une part de monstruosité et d’agressivité. Quand le Joker avait failli la tuer en la rendant paraplégique, elle s’était beaucoup instruite sur les tueurs en série, afin d’essayer de les comprendre, afin d’essayer de comprendre pourquoi ils ressentaient le besoin maladif de détruire. Des centaines de livres avaient été engloutis sur son lit d’hôpital, entre les séances intensives de rééducation et les cours apprenant à utiliser un fauteuil roulant. Elle avait appris qu’il n’y avait aucune définition précise et uniforme du tueur en série. Les psychologues étaient divisés entre eux, et, si un courant majoritaire estimait qu’un psychopathe naissait à la suite de traumatismes violents, d’autres soulignaient que cette règle n’était pas gravée dans le marbre, car, non seulement il existait beaucoup d’enfants ayant subi des traumatismes infantiles qui ne ressentaient pas le besoin de massacrer leurs voisins, mais il existait aussi des cas plus rares de tueurs en série qui avaient apparemment vécu une enfance heureuse. Même le profil-type du serial killer, l’homme marginal, asocial, vivant seul dans sa cabane en forêt, était maintenant un modèle dépassé, relayé uniquement pour les slashers et les films d’horreur.

Quelles étaient les motivations de Chainsaw ? Les motivations du Joker, de gens comme Ted Bundy ? Sur ce point, la réponse semblait être un peu plus uniforme : l’incapacité d’un tueur en série à ressentir la moindre émotion. Tout était simulé chez un tueur en série, et c’était ce qui donnait leur véritable force, car ils étaient insoupçonnables. Ils avaient des femmes, des enfants, ils souriaient, ils étaient bien insérés dans la société, allaient voir les matchs de base-ball de leur dernier le Samedi soir, faisaient des sorties romantiques le Dimanche après-midi, jouaient aux cartes avec leur voisin… Mais ne ressentaient rien. Leur âme était comme un gouffre vide. Le seul moyen qu’ils avaient de percevoir des émotions, c’était par le biais de sensations extrêmes et violentes, intenses et jouissives… En infligeant la mort, en brisant, en torturant. Ce n’était que dans ce cas qu’ils parvenaient enfin à sentir quelque chose.

Chainsaw s’avéra assez déçue par la réponse de Barbara.

*Pauvre petite…*

Barbara n’avait fait que lui dire la vérité. Elle n’avait jamais eu un traumatisme infantile aussi fort que celui de Bruce ou de Kate. Elle voulait juste améliorer les choses, et considérait que, parfois, le système avait besoin d’éléments externes pour survivre, et pour pouvoir fonctionner. Elle voyait le phénomène du super-héros comme un mal nécessaire, une sorte de réponse profonde de la société civile face à l’inaction et à l’inefficacité des pouvoirs publics dans la lutte contre la corruption et contre les injustices. Elle n’avait aucun autre argument à fournir, et se contenta donc de ne rien dire. Il lui fallait continuer à parler, à gagner du temps, le temps de laisser à son équipe le soin de remonter le signal, et de désactiver les différentes bombes placées par la jeune femme.

Fort heureusement, Chainsaw avait envie de continuer leur petit jeu, et lui demanda si elle avait déjà tué. La réponse était évidente, mais se contenter d’un simple « Non » ne permettrait guère de gagner du temps. Barbara réfléchit donc un peu, pendant quelques secondes, et opta pour la version longue :

« On m’a tiré dessus une fois, Yuki… Des… Des individus mal attentionnés, qui voulaient s’en prendre à un proche, le torturer, le faire craquer, pour qu’il devienne fou. Je me suis retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment, et on m’a abattu. Une balle qui m’a perforé le thorax et la moelle épinière. Ces gens m’ont ensuite déshabillé et photographié sous toutes les formes, avant de me laisser là, me vidant dans mon sang. »

Il ne fallait pas en dire trop, Barbara ne voulait pas qu’on remonte jusqu’à son vrai nom par le biais de cette histoire. L’enlèvement du commissaire James Gordon et le coup de feu tiré sur sa fille, qui l’avait plongé dans le coma, avait choqué Gotham City. Le Joker avait été très proche de la chaise électrique, et il avait fallu que son père se déplace en personne à la barre pour attester que le Joker devait être soigné dans un établissement psychiatrique, pour que le jury ne se prononce pas pour une condamnation à mort.

« J’ai mis des années à m’en remettre, et, quand j’ai enfin pu renfiler mon costume, j’ai fini par trouver le larbin qui m’avait tiré dessus, qui avait arraché mes vêtements pour me photographier. Je pense sincèrement n’avoir jamais autant haï quelqu’un d’autre que lui. »

Il avait été le principal tireur. Outre le visage grimaçant du Joker, elle revoyait perpétuellement celui de ses deux sbires, qui posaient leurs mains sur son corps, arrachant ses vêtements, lorgnant sur son corps.

« J’ai failli le tuer. Si je l’avais fait, j’aurais sûrement été me rendre à la police ensuite. Notre credo est de ne pas tuer, Yuki. C’est ce qu’on appelle la ligne grise. Si on se met à la franchir, nous ne nous battons plus pour la justice, mais pour la vengeance. J’ai failli tuer cet homme, oui… Mais je l’ai épargné. Et il m’a ensuite expliqué ce dont je me doutais déjà… Si les urgences m’ont trouvé, c’est parce que quelqu’un les a appelés. Ce quelqu’un ne pouvait pas être mon père, alors… Il devait forcément s’agir de l’un de ses hommes. C’était lui… »

Son propre bourreau, qui avait appelé les urgences après. Le Joker l’aurait tué s’il l’avait vu, mais, sans cet acte, Barbara serait morte. Elle se serait vidée de son sang dans cet appartement, et les secours seraient arrivés trop tard.

« Je ne crois pas que le Mal soit inné, finit-elle par dire. Ou, s’il l’est, il l’est autant que la capacité des individus à faire le Bien, à éprouver la compassion pour les autres. Tant que je continuerais à croire qu’il y a des moyens de sauver des gens comme toi, Yuki, je ne franchirai jamais la ligne. »

Chainsaw était toujours assise, incapable d'agir sans être retenue par ses chaînes. Enfin, ce n'est que temporaire. Elle ne s'était pas jeté dans la gueule du loup comme ça sans avoir quelques plans de secours pour se faire la belle. Elle était toujours curieuse envers cet Batgirl, vouloir pouvoir lire en elle, non pas pour la comprendre. Elle voulait juste savoir quels seront les images qu'elle aura dans les yeux avant de mourir. Cette histoire de revoir sa vie défiler devant ses yeux avant de mourir, elle ne savait pas si c'était vrai ? Elle avait failli mourir oui mais elle n'était pas morte ? Si ça se trouve, c'est lors des derniers battements de cœur ? Allez savoir. Chainsaw avait posé une nouvelle question, elle espérait une meilleure réponse que la dernière posé. Avait-elle déjà tué ? Bien qu'elle livrait une histoire personnelle qui semblait vrai, la réponse était non ? Mince. Elle pensait au moins qu'elle aurait tué un de ces types qui lui avait fait ça mais bon, tant pis alors.

Chainsaw n'était pas de celle qui cherchait à savoir qui se cacher derrière ce masque, pour elle, y avait qu'une seule façon et c'était d'en ôter la tête de ses épaules, ni plus, ni moins. Cependant, il y avait une chose qu'elle n'aimait pas chez cette fille, obligé de se répéter ! Remontant son micro à sa gorge, elle fronçait les sourcils avant de montrer une chose qui l'agaçait depuis le début.

« Chainsaw ! »

Oui, Yuki était morte des mains de la Duchesse et comme un papillon, Chainsaw à défoncer le ventre de ce cadavre pour naître dans le sang et le bruit de cette arme magnifique qui déchire la chaire. Enfin bref, elle gardait Batgril à l’œil en jouant avec son micro, y aura-t-il une nouvelle explosion sous peu ou pas ? Elle lui laissait tout le mystère de cette question.

« Tu es trop idiote... ça te perdra. »

Pourquoi cette réponse, c'est simple. Sauvé ou non, un enfoiré qui la paralyse et en profite pour prendre des photos d'elle à poil, elle ne lui laissera pas la vie sauve. Elle plantera son arme dans son ventre et enclenchera la vitesse maximum pour mieux faire gicler des morceaux de ses organes un peu partout autour d'elle. Enfin, chacun sa façon de faire. Lucrezia le ferait sûrement doucement hurler ? Un peu assise de façon déplacée sur la chaise, elle levait sa tête, laissant sa cicatrice à la gorge bien apparente en regardant Batgirl d'un drôle d'air. Non pas supérieure mais avec une lueur mauvaise dans ses yeux.

« Je me demande... combien de temps... tu résisteras à ma tronçonneuse ? »

Sa tenue était-elle équipée pour faire face à ce genre d'arme. Elle pouvait certes bloquer un couteau ou deux mais là, avec tant de puissance en une seule fois ? Possible ou non ? Certes, ça ne risquait pas de se passer comme ça mais dans un endroit aussi petit que cette salle, elle aura peu de chances d'esquiver ses coups, non ? Elle glissa un œil vers le miroir sans teint, combien étaient-ils derrière cette vitre à les observer, se posant de plus en plus de question sur elle ? Elle en avait coulé de l'encre ces dernières semaines, pas aussi nombreux en litre de sang mais quand même. Retournant son regard sur Batgirl, elle souriait à pleine dente, son regard dément fixé sur elle.

« Vous êtes combien que je me fasse une joie de vous tuer un par un ?! »

Elle venait de parler sans son micro, sa voix était aussi puissante qu'un murmure mais ses dents rougies et le sang au bord des lèvres, coulant doucement sur son menton indiquaient bien que parler sans cette aide mécanique était douloureux et dangereux pour elle mais ce sang dans sa bouche, elle le récoltait avant d'inspirer pour cracher ce petit crachat plein de sang au visage de son invitée en s'exclafant.

« Tu es ma proie ! Hahahahaha keuf... keuf... Aaarggggh.... »

Malgré qu'elle se tordait de douleur en portant ses mains à sa gorge, elle relevait sa tête en souriant, dévisageant Batgirl, malgré ce sang qui coulait de sa bouche, un peu plus en grande quantité à chaque mot lâché.

Barbara ne s’attendait pas vraiment à ce que Yuki comprenne ce qu’elle avait voulu lui dire. Elle avait parlé uniquement pour gagner du temps, et pour donner à la psychopathe de quoi se soulager. Elle remarqua cependant que Yuki n’aimait pas qu’on l’appelle ici… Une faille dans sa cuirasse ? Elle ne se considérait plus comme Yuki Sumonaru, mais comme Chainsaw, la fille de Lucrezia H. Nietzsche, la Duchesse… Elle, l’idiote ? Chainsaw croyait donc vraiment que Lucrezia la voyait comme sa fille, comme son héritière ? Elle n’était rien de plus qu’une pauvre cloche, formatée de la même manière qu’Harley Quinn, cette femme qui avait choisi de rejoindre le Joker en croyant que ce dernier l’aimait. Un amour trompeur et destructeur, de même nature que celui que Chainsaw ressentait en ce moment pour sa mère. Un léger silence plana dans la pièce. L’interrogatoire tournait en rond, et le seul espoir que Barbara avait était de laisser le temps à ses comparses de remonter le signal de son dispositif, afin de désamorcer toutes les bombes.

Chainsaw la nargua alors, en lui disant qu’elle allait la tuer avec sa tronçonneuse. Batgirl ne répondit pas, et Yuki déplaça ensuite sa tête, la remuant de manière à pouvoir parler sans son appareil. Une voix difficilement audible se fit entendre, et elle se fit mal, vomissant son propre sang. Ses dents se mirent à rougeoyer, glissant entre ses lèvres pour tomber sur son menton. Elle hésitait un peu. Était-ce une stratégie pour amener un médecin afin de la soigner, et ainsi s’évader ? Batgirl restait prudente. De l’autre côté du miroir sans teint, les policiers devaient également hésiter comme elle.

« Je ne suis à personne, Yuki… Et vomir ton sang ne m’impressionne pas. J’ignore ce que tu as tenté en te faisant capturer, mais ton plan a échoué. Tes bombes seront bientôt désamorcées, et tu finiras dans une prison de haute sécurité… Un endroit d’où tes pouvoirs ne te permettront jamais de t’échapper, et, où, peut-être un jour, un éclair de lucidité te traversera, et t’amènera à réaliser que la Duchesse ne t’a jamais aimé… »

Barbara doutait que Yuki puisse le réaliser un jour. Si elle se fiait à son expérience avec Harley Quinn, les moments ce lucidité de la jeune femme étaient toujours balayés par sa démence. Barbara s’était renseigné sur le passé de cette femme, afin de savoir ce qui avait pu la pousser à avoir une telle fascination envers ce clown psychopathe, mais elle n’avait pas trouvé grand-chose… Si ce n’est le suicide mystérieux et énigmatique de son petit ami à l’époque où elle suivait ses études en psychologie. Pour l’heure, Batgirl était coincée avec Chainsaw, mais, si cette dernière ne souhaitait que la menacer, leur conversation n’irait pas très loin.

Les menottes continuaient à retenir Chainsaw, et elle n’avait pas sa tronçonneuse. Barbara n’avait donc rien à craindre, et elle ne comptait évidemment pas répondre à la question de Yuki. Cependant, la tronçonneuse pouvait tout à fait la tuer. Sa combinaison était résistante, mais, si on appliquait sur elle une tronçonneuse, elle serait tranchée en deux aussi facilement qu’un tronc d’arbre.

Oui, c'était tout à fait compréhensible, Chainsaw n'aimait pas son ancien nom, quand elle était cette fille sans histoire, perdue au milieu de centaines de milliers de fille qui ont environ son âge, qui se ressemblent toutes comme deux gouttes d'eau, sortit du même moule qu'était le Japon. Depuis la mort de Yuki, elle était Chainsaw. Il devait bien y avoir d'autres personnes comme elle, ses fameux criminels qui refusent leur ancien nom pour garder ce nom que tout le monde connaît, un nom qui fait frémir, trembler, ne rassure personne. Combien de jeunes connaissent la légende urbaine de la « mélodie de la mort » ? Un endroit plus ou moins calme, avec personne à l'horizon mais quand même un son que l'ont peu entendre facilement, une musique, souvent du métal ou du hard rock tout proche, comme si quelqu'un était en train d'en écouter à fond dans ses oreilles mais personnes ne se trouvait autour de vous. Et là, une odeur d'essence, un bruit inquiétant d'une tronçonneuse qui se met en marche et soudainement, une jeune femme se tient là, prête à vous trancher en deux, soit vous mourrez, soit vous fuyez. Ensuite, c'est un peu le hasard, soit la légende urbaine se propage, soit les journaux placent un nouveau nom dans la rubrique nécrologique et fait divers. Elle ne tuait pas tout le monde, durant un moment, elle a voulu se faire connaître de Seikusu par le biais d'une rumeur, puis par le biais du nombre de cadavres sur sa route, tout ça pour que sa mère la reconnaisse...

Chainsaw écouta Batgirl l'insulter, persistant à utiliser ce nom inutile, tout ça pour jouer avec ses nerfs ! Elle continuait néanmoins de sourire à ses propos car elle savait pour les bombes alors ? Amusant... Mais quand elle termina sur le fait que la Duchesse ne l'aimait pas, elle se releva d'un bond, même si elle était toujours attachée, son regard était loin de narguer Batgirl, si ses chaînes ne l'auraient pas retenue, ses mains se seraient enroulé autour de son cou. Elle reposa ses fesses sur la chaise juste pour pouvoir parler plus clairement mais nul doute que ruiner sa gorge était le cadet de ses soucis. Cette cicatrice était sa marque de naissance comme le nombril l'ai pour un nouveau né.

« Tu crois ça ? … Tu te crois malin ? … Laisse-moi rire... Pour une héroïne.... tu ne vois pas plus loin... que le bout de ton nez. »

Pourquoi ses mots et ce petit air confiant ? Bien sûr, Barbara s'était déjà posé la question du, pourquoi se faire arrêter comme ça, sans la moindre résistance mais même si Chainsaw avouait vouloir apporter sa tête à Lucrezia – ce qui était vrai – il fallait bien couvrir ses arrières. Que ce soit le plan B, C ou même le plan F comme Fuite, tout était là, dans sa tête. De même que si elle ne peut pas avoir Batgirl, elle va faire les gros titres demain et pas pour quelques bombes qui n'ont fait aucune victime ou à peine une ou deux pauvres personnes passées là au mauvais moment. Plaquant son micro sur sa gorge, elle continuait de sourire à pleine dent, ses dents rouges au goût si délicieux.

« Sache que je quitterais cet endroit... mais pas pour la prison... Et que ce soit, ou non... avec ta tête, mon nom sera encore présent... ici, à Seikusu. »

On n'enterre pas une légende comme ça. Elle sera vivante encore demain et les jours suivants et ni la police, ni ses super-héros ne pourront la coincer. Avec sa mère, elles plongeront Seikusu dans un véritable raz-de-marée de sang et de peur.

« Tu penses pouvoir désamorcer... mes bombes ? Tu dois avoir quelqu'un qui... qui les examinent et tente... de les tuer dans l’œuf ? Bonne idée. Mais mauvaise nouvelle... je vais fuir et toi... Batgirl... tu vas perdre tes compagnons ! ET MOI ! »

Elle avait retiré son micro pour ce dernier avant d'enfoncer la partie qu'elle colle à sa gorge contre la table sans appuyer sur le bouton permettait de faire entendre sa voix. Cela était un système en cas d'urgence qui voulait simplement dire, l'explosion de toutes les bombes à la fois ! Évidemment, son complice avait placé une seconde bombe plus ou moins éloignée des premières à exploser pour emporter les curieux ou ceux qui enquêtaient sur « la scène de crime ». Ce qui veut dire que les deux endroits qui ont déjà explosé ont explosé à nouveau mais ce n'était pas tout. Chainsaw savait qu'elle serait ici, bon, pas dans cette salle mais elle avait piéger toutes les salles d'interrogatoire ici, ce qui voulait dire que le mur venait d'être soufflé, à la surprise générale, sauf la sienne évidemment. Même si la table était fixée, elle avait explosé en partie – hum, dosage un peu gourmand – ce qui lui permettait de s'arracher de ses gangues. Même si elle était encore enchaînée, elle ne l'était plus à cette table.

Profitant de la confusion et de la surprise générale, tant ici qu'en file, elle fila dans la poussière et la chaleur des flammes pour bousculer les gens sur son passage pour retrouver l'air libre de Seikusu, cherchant à quitter cet endroit par l'arrière. Elle n'était pas assez bête pour venir ici sans avoir appris à connaître les plans de cet endroit. Car dans la ruelle derrière ce commissariat, il y avait son arme de rechange, une nouvelle tronçonneuse ! Ça lui sera utile mais pas tout de suite. Dans l'obscurité, elle entendait la panique de ses bombes, certains nuages de fumées assez proches qui ont explosé, elle et ses complices en avaient mis un peu partout, des endroits importants ou moins importants. Mais maintenant, que faire ? Prendre la tête de Batgirl ou rentrer ayant au moins cette victoire sur la justicière. Elle comptait bien l'avoir mais pas en étant aussi proches de tous ses complices, autant mettre de la distance à deux et tenter de régler ça, le bien contre le mal, comme toujours. Chainsaw s'enfonçait déjà dans la nuit, utilisant les ruelles sombres comme les trottoirs pour rejoindre sa « maison » où sa mère l'attendait... Elle espérait quand même pouvoir lui ramener un joli cadeau sanglant.