L’Astéroïde C’était une prison redoutable, forge par une compagnie qui amenait avec elle des ressources technologues phénoménales, basées sur la conquête spatiale. On l’appelait l’
Astéroïde, et elle était réputée pour être l’une des prisons intergalactiques les plus redoutables du cosmos. La prison avait été bâtie dans un immense champ d’astéroïdes et de météorites... Ou, plutôt, elle avait été construit dans un immense astéroïde, auquel on avait ensuite rajouté de nombreux autres astéroïdes, afin d’en faire un champ spatial, et une protection efficace contre toute tentative d’évasion ou d’invasion. Sans les plans précis du déplacement des astéroïdes, il était impossible de s’échapper autrement qu’en suivant les couloirs de navigation, et ces plans étaient virtuellement impossibles à obtenir. C’est ce qui valait à l’Astéroïde la réputation d’être une prison inviolable, et son Directeur, le redoutable
Kang 182 356, tenait beaucoup à ce que sa prison conserve cette réputation.
Il était originaire de Zagran. Les Zagrains étaient, comme lui, des êtres amphibies, qui avaient bâti une civilisation aquatique, et qui avaient ensuite envisagé de conquérir l’espace il y a maintenant des millénaires. Il y a bien longtemps que les Zagrains s’étaient débarrassés de toute forme d’institution étatique, et leur peuple était maintenant entièrement régi par de grandes entreprises. Kang travaillait pour Zagran-04, la 4
ème entreprise historique de Zagran. Sa spécialité avait toujours été, en vertu de la Grande Charte Commerciale, le maintien et la détention des prisonniers, des délinquants, et des monstres aquatiques. Zagran-04 avait étendu ses activités à l’Univers, et recevait continuellement des contrats en vue de faire partager sons avoir aux autres civilisations inférieures. Les Zagrains étaient un peuple pacifique, qui croyaient aux vertus du mercantilisme, du capitalisme, et de ce vieux concept économique consistant à faire la paix par le biais de relations commerciales fructueuses. Pour un Zagrain, rien n’était plus important que la parole donnée, que l’engagement écrit, et c’était pour ça que les Zagrains avaient la réputation d’être une espèce très calme, et de peser toujours soigneusement ses mots.
«
Nous sommes très mécontents des derniers résultats, Directeur Général Kang. »
Kang s’était attendu à cette répartie. Il était le 182 356
ème Kang à porter ce nom, et il était assis sur un énorme fauteuil, trois bulles aquatiques flottant autour de sa tête. Faisant presque deux mètres de haut, Kang ne disait rien, écoutant soigneusement l’homme parler. Chaque Zagrain avait un nom qui lui était propre, afin de garantir l’authenticité de chaque Zagrain, et, de fait, les Zagrains n’élaboraient aucune distinction entre le
prénom et le
nom de famille. Kang avait été élevé par le 182 355
ème Kang, et il élèverait le 182 357
ème Kang, quand le temps serait venu. Pour l’heure, il avait sous sa responsabilité une immense prison, qui accueillait des milliers de psychopathes et de déséquilibrés mentaux, l’Astéroïde étant en affaire avec plus d’une trentaine de systèmes solaires. La planète d’origine versait pour chaque détenu une rente, correspondant aux frais d’occupation et de détention, et, en contrepartie, les insulaires n’entendaient plus jamais parler des renégats vivant ici. Malheureusement, n’importe quel comptable qui s’amuserait à faire le calcul arriverait rapidement à une simple conclusion : les frais d’hébergement et de détention ne constituaient pas un actif suffisant pour concurrencer le passif de chaque prison stellaire. Or, le principe même d’une société était de faire de l’argent, de faire des bénéfices. Voilà pourquoi Zagran-4 avait réussi, il y a des millénaires, à obtenir un Amendement à la Grande Charte Commerciale, en ayant le droit d’user des prisonniers pour des activités manuelles ou pour des recherches scientifiques. L’Amendement avait été autorisé, car il était pleinement conforme à l’esprit utilitariste de la Grande Charte Commerciale : chaque être en vie avait son rôle à jouer dans le Grand Océan. Zagran-4 avait pendant longtemps fait affaire avec Zagran-2, spécialisée dans la médecine et les soins, et c’était grâce aux prisonniers de Zagran-4 que les chercheurs de Zagran-2 avaient réussi à soigner d’incurables maladies, et à améliorer le code génétique des Zagrains.
Avec l’espace, Zagran-4 ne pouvait plus pérenniser aussi facilement ses accords avec Zagran-2. Auparavant, il s’agissait d’effectuer des convois vers les centres de recherche de Zagran-2, mais le plus proche se trouvait à d’innombrables années-lumières. Zagran-2 avait donc dépêché plusieurs équipes scientifiques dans les locaux de l’Astéroïde, mais le Conseil d’administration était mécontent. Il y avait beaucoup de Zagrains, mais aussi des représentants d’autres espèces. Les grandes entreprises commerciales zagranes avaient du se plier aux exigences des grands consortiums et des grandes alliances galactiques, qui ne voulaient pas d’un isolationnisme planétaire, et qui imposaient donc aux entreprises désireuses de les rejoindre d’avoir un conseil d’administration cosmopolite.
«
Nous avons affaire à un matériel génétique extrêmement difficile à comprendre, répliqua Kang.
-
Vous êtes bien placé pour savoir que nous en pouvons pas attendre définitivement des résultats. Les Gordaniens veulent des résultats. -
Mon laboratoire est le plus avancé sur cette question... Les Gordaniens peuvent faire pression de rompre leurs engagements, il ne s’agit que d’un moyen de pression. Aucune de nos sociétés concurrentes n’est autant avancée que nous dans nos recherches. -
Vous avez l’air d’en savoir beaucoup. Je vous rappelle que l’espionnage industriel... -
Ne m’insultez pas, Conseiller Maryx ! Je suis un homme d’affaires, pas un escroc. Je n’ai pas besoin d’espionner mes concurrents pour savoir qu’ils n’y arrivent pas. Les Gordaniens savent que nous sommes leur meilleure option, mais ils ne parviennent pas à stopper les Formiens. Vous me demandez de me presser uniquement parce que vous êtes un couard, Conseiller Maryx. Soyez assuré que je voterai pour votre censure à la prochaine assemblée générale. -
De quel droit osez-vous ?! Nous vous avons nommé à ce poste ! -
Ce qui n’enlève rien à votre incompétence. Vous me faites perdre mon temps en me sortant des banalités de ce genre. Si vous remettez en cause ma compétence, votez pour me destituer. Pour l’heure, j’ai une prison à faire tourner, et j’ose vous rappeler que, plus nous mettrons de temps, et plus les Gordaniens se sentiront acculés. Apprenez comment fonctionne le commerce, Conseiller Maryx, ou vendez des épices dans un troquet. »
Et, sur ce, Kang mit fin à la conversation. L’énorme écran holographique disparut, révélant l’espace. Kang était devant une baie vitrée gargantuesque, d’où il voyait les sondes de défense et de maintenance de l’Astéroïde, ainsi que le reflet de l’étoile. C’était un spectacle magnifique, qu’il n’avait pas vu pendant ses trois premiers siècles d’existence. Dans l’eau, le soleil n’était rien, et, quand les Zagrains en sortaient, ils devaient constamment porter des combinaisons protectrices pour se protéger des rayonnements ultraviolets.
Son communicateur sonna, lui annonçant qu’une barge pénitentiaire venait d’arriver.
«
PRISONNIERS !! TOUT ACTE DE RÉBELLION OU DE RÉSISTANCE VOUS EXPOSERA À DES SANCTIONS DISICPLINAIRES D’EXÉCUTION IMMÉDIATE !! PRISONNIERS !! VEUILLEZ SUIVRE LA LIGNE !! PRISONNIERS !! ZARGAN-4 VOUS ASSURE QUE SES PRISONS SONT ADAPTÉES À LA RÉHABILITATION DES DÉTENUS !! PRISONNIERS... -
Allez, sale tas de merde sur pattes, bouge ton gros cul !! »
La foule se pressait hors de la barge pénitentiaire. Ils étaient tous nus, reliés entre elles par de lourdes chaînes magnétiques, s’avançant dans un sinistre couloir, éclairé par des projecteurs puissants. Ceux qui regardaient trop longtemps en l’air se recevaient des décharges électriques. Des sondes qui planaient en l’air répétaient un message préenregistré, mais, par-dessus la voix de la machine, on pouvait entendre celle d’un des soldats.
«
Interdit de lever la tête, bande de racailles ! Vous êtes dans la Grande Chaîne, maintenant ! Si un rouage déconne trop, on le fait sauter, et c’est pas plus compliqué que ça ! Vous aviez un nom, là-bas ? Une histoire, une vie une famille ? Oubliez ÇA, tas de merde décongelées ! Oubliez la grosse que vous fourriez le soir, oubliez votre maison grand luxe. Je me fous de savoir si vous êtes un putain de pédé innocent, et, si jamais... Si JAMAIS j’entends l’un d’entre vous employer le mot ‘‘innocent’’, je lui EXPLOSE LA CERVELLE !! On est pas là pour les erreurs judiciaires, tas de merdes sur pattes ! Remuez vos culs, bande de merdes, le simple fait de vous voir me donne envie de vous dégueuler à la gueule ! »
Les
gardes portaient d’énormes armures noires. Un gros extraterrestre avec plusieurs yeux, une trompe, et un estomac énorme, se reçut une décharge électrique en levant la tête, et poussa un couinement.
«
Oh... J’oubliais ! Votre cadeau de bienvenue !! »
Des trappes s’ouvrirent en hauteur, et un infâme liquide en sortit. C’était des excréments, un mélange d’urine et de merde. Les gardes rirent grassement, tandis qu’on amenait les prisonniers dans une pièce où ils seraient douchés. D’autres appareils se déplaçaient le long des corps, les inspectant pour voir s’ils n’avaient pas un quelconque dispositif électronique dissimulé en eux. Il n’y eut fort heureusement aucun incident, et on continua à pousser le groupe.
C’est à ce moment que Talon sentit une pointe de chair s’enfoncer contre la courbe de ses hanches le long de ses fesses.
«
T’es à moi, poupée, ricana une voix dans son dos.
J’ai violé plus d’un millier de salopes dans ton genre sur plus de cent systèmes stellaires différents avant qu’on me chope... Et j’ai jamais vu une nana plus bandante que toi, alors crois bien que je vais te sauter bien fort ! »
La Sith à la peau rouge ne répondit rien, continuant à se laisser porter.
*
Je commence à me demander si mon plan était vraiment une bonne idée...*
Il fallait voir le bon côté des choses. Au moins, elle avait réussi a entrer dans le ventre de la Bête.
Et l’Astéroïde était à la hauteur de sa réputation.