Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Le Cauchemar d’Ernest [PV]

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Mascotte

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Le Cauchemar d’Ernest [PV]

samedi 21 juin 2014, 17:42:38

"La dernière chance du fils indigne" était titré l’article du Times. Sous ces mots imprimés en lettres capitales, il y avait une photos, certainement prises à partir d’une vidéo de surveillance. Une rue citadine vue de nuit et avec un angle plongeant. La lumière blafarde d’un lampadaire se réfléchissait sur le bitume humide. Dans ce paysage assez glauque se trouvait un hideux personnage. Un être mi homme, mi rat. La tête relevée, il laissait voir son visage de rongeur. Centré sur l’image, il s’agissait presque d’un portrait. Pelage brun et luisant, regard sanglant et dément, incisives jaunâtres et proéminentes, rictus mauvais aux babines, museau et oreilles pointues, longues vibrisses anarchiques... ce ne pouvait être que la figure d’un monstre. Un blouson de cuir noir couvrait le haut de son corps. Le bas sortait du cadre mais le cliché laissait deviner un peu de la fourrure de ses jambes bestiales. La créature devait s’acoutrer avec une indécente légèreté. Sa posture courbée participait à le déshumaniser, le rapprochant toujours d’avantage de l’animal. Derrière lui, sa fine queue glabre et blafarde de rat, sorte de ver cadavérique. Ultime détail, sa main griffue, tout aussi blanches. Elle émergeait de l’ombre du blouson et tenait un long poignard.

A côté de la photographie, l’article débutait. "Le tristement célèbre Ernest Lenoir est assurément le symbole typique du drame mutant. Fils du richissime Philipe Lenoir, homme d’affaire suisse de renom, et d’Ashley Willard, actrice de cinéma américaine, il était promis à un brillant avenir. De surcroit, il manifesta très tôt des facultés intellectuelles tout à fait remarquables. Son début de scolarité fut exceptionnelle. Une belle histoire que le gène X bouleversa. Avec le début de l’adolescence, la mutation d’Ernest se réveilla. Il devint l’enfant-rat, plus connu sous le pseudonyme de Vermine. Des mois durant, il vécut tel un sauvageon dans les égouts de notre ville. Sa famille se déchira. Divorce médiatisé, déclarations sulfureuses... La fameuse Institution Charles Xavier finit par retrouver le fugueur et le prit en charge. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais Ernest, certainement traumatisé par ce qui lui était arrivé, s’enfuit de l’Institut afin de gagner les rangs de la Confrérie, cette organisation terroriste pro mutante. Vermine ne tarda pas à devenir un criminel digne de ce nom. Sa déchéance fut telle que son pauvre père, accablé, mit fin à ses jours. Nouveau choc médiatique, nouvelle goutte d’huile sur le feu des tensions entre hommes et porteur du gène X. On finit par ne plus entendre parler de Vermine. Il sembla se volatiliser, nous laissant croire à son décès. Il n’en n’est rien. L’un de nos journalistes d’investigation à depuis peu retrouvé sa trace. C’était à l’Institut qu’il fallait chercher. En effet, Ernest y aurait été ramené par un X-Men. Là, il aurait eu le choix entre être livré aux autorités ou accepter un sévère programme de réinsertion. C’est en tout cas ce que Charles Xavier a déclaré lors de la dernière conférence de presse. Nombreux estiment que c’était à la justice d’en décider, que les X-Men ne cessent d’outrepasser leurs prérogatives. Certains vont même jusqu’à qualifier l’Institution de refuge à malfrats et..."

La montre émit un petit bip sonore. Quatorze heures... Dieu que le temps passait vite ! Il fallait se préparer. Ernest sauta directement à la fin de l’article pour en lire les dernières lignes. "...Quoi qu’il en soit, espérons que le professeur Xavier a raison et que le jeune Lenoir se montrera digne de cette dernière chance. Il a fort à faire pour mériter une place ailleurs qu’en prison ou en asile psychiatrique." En prison ou en asile psychiatrique... des mots très durs. Mais le jeune mutant les savait justes. Cela n’empêchait pas les journalistes du New-York Times d’ignorer une bonne partie de l’histoire. Pas un mot sur l’Altérium, la molécule aux extraordinaires propriétés que son organisme produisait. Pas un mot sur le savant fou qui l’avait kidnappé pour exploité cet Altérium. Quinze jours en enfer... plus d’un aurait perdu la tête. Pas un mot sur sa petite amie féline qu’il avait connu, ici-même, lors de son premier séjour. Une relation enflammée brutalement interrompue. Cruel chagrin d’amour... Certes, il avait fait pas mal de conneries, mais il avait tout de même quelques excuses. Sa situation n’était pas facile à vivre et personne ne pouvait l’imaginer, tout du moins pas de simples humains à l’existence si routinière. Il plia le journal et l’abandonna sur le bureau. Ensuite, il bailla, s’étira et quitta sa chaise. Après le repas, il avait toujours un petit coup de barre. Par la fenêtre de sa chambre, s’il se perchait sur le lit ou un autre meuble, il pouvait voir le parc de l’Institut. Un décor si verdoyant, si lumineux, qui contrastait avec les horreurs qu’il avait connues. Pour l’instant, il était au sol. Avec sa petite taille, à peine plus d’un mètre, il pouvait surtout admirer le ciel d’un bleu limpide et le soleil estival. Il avait effectivement de la chance d’être là, il en était conscient. Voilà maintenant plusieurs mois que, jour après jour, il ne ménageait pas ses efforts pour remonter la pante. Le psychologue l’avait beaucoup aidé. Il devait justement le voir pour sa consultation de la semaine. D’un pas décidé, il gagna sa salle de bain. Il se donna quelques coups de brosse et se lava les dents afin d’être tout à fait présentable. Devant son miroir, il constata avec plaisir qu’il n’avait plus grand-chose à voir avec le monstre de la photo. Il avait bien sûr toujours une figure de rongeur, mais propre et assagie. Une chemise blanche, bien ajustée et un pantalon beige avait remplacé le blouson de voyou. Il avait un petit air de rat de bibliothèque. Ce n’était pas une apparence mensongère, il lisait énormément. Il avait aussi repris ses études là où il les avait arrêté des années plus tôt. Satisfait, il s’approcha de son porte-manteau et enfila son veston assorti au pantalon. Ensuite, à regret, il se chaussa. A cause de sa période sauvageon, il avait tellement l’habitude de marcher pieds nus qu’il avait quelques difficultés à supporter les chaussures, des chaussures un peu spéciales car adaptées à sa morphologie atypique.

Une fois prêt, l’hybride sortit de sa chambre. Dans le couloir, il croisa plusieurs autres élèves de l’Institut. Ici, il ne faisait pas peur. Ici, il était comme tout le monde, un individu particulier dans un environnement où être particulier était la norme. Ça lui faisait beaucoup de bien ces sourires qu’on lui adressait et les discussions anodines auxquelles il participait. Il dormait mieux, faisait moins de cauchemar. Il domptait progressivement les caprices de son caractère tourmenté. Les règles, parfois, l’énervaient. Il y en avait tellement. Pas d’alcool, pas de sexe, pas de violence. Mais le jeu en valait la chandelle. Ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi tranquille. Arrivé à l’escalier, il sauta sur la rampe et, en équilibre, glissa dessus jusqu’en bas. D’une cabriole, le voilà dans le hall du manoir. C’était chouette comme cadre ! Ça lui rappelait presque sa maison en suisse. Un enseignant l’ayant aperçu, le sermonna pour la forme, et lui annonça que sa voiture l’attendait. Le psychologue n’officiait pas à l’Institut. Le mutant se rendait donc à la consultation en taxi. Pas n’importe lequel, un habilité aux transports sécurisés. Sitôt sur le perron, il repéra la voiture blanche banalisée aux vitres tintées. Le chauffeur lui ouvrit la portière arrière tout en le saluant avec une distante politesse. Tout le monde n’était pas aimable. Installé confortablement, la ceinture bouclé, voilà Ernest en route. Bercé par le ronron du moteur sportif, il regarda le paysage défiler. Il connaissait par cœur le trajet, ou plutôt les différents trajets car le taxi en changeait aléatoirement chaque semaine. Aux yeux de la Confrérie, Ernest était un traitre, ça imposait quelques précautions. Il ne chercha pas à discuter. C’était inutile. Il préféra se laisser aller, errant dans ses réflexions du moment. Comment allait être la séance d’aujourd’hui ? Il ne tarda pas à somnoler, puis sombra totalement. Au moins, ainsi, il serait arrivé plus vite...

« Modifié: samedi 21 juin 2014, 18:28:31 par Mascotte »
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    Est invoqué par la prononciation de son nom « Beklfarblondzshet ».

Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 1 samedi 28 juin 2014, 01:42:24

Tobias Miller était un crack… il en était persuadé. En réalité, sa vie professionnelle n'avait pas toujours été passionnante. Mais s'il était un génie, alors il était un génie méconnu : pas particulièrement décrédibilisé par ses semblables, plutôt ignoré, noyé dans la masse des praticiens. Les amphithéâtres remplis, les conférences internationalement suivies, ce n'était pas vraiment de son niveau. Il devait se contenter d'enseigner à des élèves moroses, souvent plus intéressés par les tarifs préférentiels aux restaurants universitaire que par sa matière, à l'université. En somme, Tobias Miller était un psychologue comme les autres… à une connaissance près.

Lors d'un congrès il avait en effet rencontré le professeur Xavier ; les deux hommes avaient eu le loisir de discuter, et même de sympathiser. Tobias avait eu l'occasion de parler à l'illustre directeur de ses méthodes, de ce qu'il croyait vrai, et avait profité des connaissances inestimables d'un individu capable de lire comme dans un livre ouvert les esprits de ses semblables.

C'était sans doute cette amitié cordiale, construite par plusieurs travaux communs, qui avait poussé Xavier à le choisir pour un cas très singulier. Un cas si singulier qu'il était presque devenu le centre de sa vie professionnelle. Un plan de carrière qui le ferait aussitôt accéder aux médias, s'il triomphait… ou risquait de l'enterrer pour un moment, s'il échouait.

Assis sur une chaise en plastique rouge, pourtant confortable, devant l’ordinateur de son bureau, le psychologue regarda l'heure. Quatorze heures passées, la prochaine séance avec ce patient si spécial serait la première de l'après-midi. Il regarda les journaux en ligne, vu qu'on parlait de lui – indirectement, puisqu'il était question de son patient. On ne citait pas son nom, mais la nouvelle le mit tout-de-même de bonne humeur.

Le moteur d'une voiture qui s'arrêtait dans le parking réservé à son cabinet se fit entendre. Le cabinet était une petite bâtisse blanche, dans un style moderne, avec un toit plat, très légèrement incliné pour faire ruisseler la pluie. On y pénétrait par une porte vitrée, dont le mécanisme d'ouverture était relié à une sonnette. Juste avant celle-ci, il y avait deux plaquettes en fer gravée des noms de Tobias Miller, et de William Schur. William Schur était un autre psychologue, ami d'enfance de Tobias : il était parti en vacances la veille, et son remplaçant arrivait le lendemain.

Il n'y avait que quatre pièces, une minuscule salle d'attente, deux salles de consultation, et des commodités. Il n'y avait pas de secrétaire, mais un panneau explicatif et interactif qui répondait aux questions les plus courantes, et faisait patienter jusqu'à la venue du praticien. Le tout s'inscrivait dans un environnement assez technologique.

Ernest Lenoir n'aurait pas à attendre. À peine était-il descendu de sa voiture que Tobias l'attendait à la porte, qu'il lui ouvrit même. C'était un homme d'une trentaine d'années, un pull et un pantalon en tweed. Il avait des cheveux bouclés mi-longs, bruns, et des lunettes rondes qui lui donnaient un peu l'air intellectuel de gauche. Pour ne rien arranger, il mesurait environ un mètre quatre-vingt, et était maigre. Son visage était néanmoins assez léger, les traits peu marqués, et plutôt avenant.

Le psychologue l’accueillit avec un sourire.

« Bonjour monsieur Lenoir. Vous avez fait bonne route ? Vous connaissez le chemin, maintenant.  »

Il lui tins la porte et le laissa passer avant lui. La deuxième porte était celle de son cabinet. La salle était blanche, des peintures abstraites, des tâches assez éparses aux tons pastels dans de petits cadres, ornaient les murs. Le bureau était en bois clair : Tobias vint s’asseoir derrière. À la disposition du patient, il y avait un siège, et surtout, un divan rouge, rembourré.

« Vous pouvez prendre place dès que vous vous serez mis à l'aise » fit le psychologue en esquissant un geste vers le séant.

Il commença à taper quelque-chose sur un document texte, sans doute l'intitulé de la séance. Puis il reporta son attention sur son patient. Ce n'était pas la personne la plus plaisante qu'il ait eu à contempler. Son aspect était assez éloigné d'un humain, il était même assez difficile d'imaginer que cela puisse l'être. Pourtant, Tobias voyait dans les traits de rongeur le reflet de sa propre gloire à venir, et cela suffisait en fin de compte pour beaucoup l'embellir à ses yeux.

« Vous êtes bien installé ? Pour commencer cette séance, je vous propose de faire un bilan de ce qui a été accompli jusqu'ici. Comment décririez-vous votre état avant d'arriver ici ? Et à présent, quels progrès ont été faits, d'après vous ? »

Il fallait veiller pour le praticien à avoir un retour correct. Le simple fait de savoir comment le patient se situait par rapport à lui-même était un bon indicateur de son état psychologique. Ernest Lenoir avait un esprit atypique mais incroyablement performant, et le faire travailler à sa propre guérison était certainement l'une des meilleures idées qui soit.

Mascotte

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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 2 samedi 28 juin 2014, 11:27:20

Ce fut le chauffeur qui, en annonçant la fin imminente du trajet, réveilla Ernest. Celui-ci émergea assez rapidement. Il reconnu immédiatement le bâtiment blanc qui, depuis le temps, était devenu familier. Combien de séances déjà ? Un paquet ! Les premières avaient été difficiles. Accepter de collaborer avec un psy, c’était admettre qu’il était malade, admettre qu’il avait besoin de soin. Il avait un certain don pour nier l’évidence. Et franchement, s’il n’y avait pas eu cette épée de Damoclès qu’était la prison, il aurait laissé tomber. A présent, il ne regrettait pas ce salvateur travail sur lui-même. Se confier, c’était aussi se décharger. Le conducteur, avec sa rigidité coutumière, ouvrit la portière. Il allait attendre dans son véhicule que la séance se termine. Il emportait de quoi s’occuper, de la lecture essentiellement, parfois des papiers à remplir. L’hybride était également à peu près certain qu’il écoutait de la musique, il en avait perçu quelques notes avant que l’homme, allez savoir pourquoi, ne l’éteigne systématiquement lors de son retour.

« Bonjour Monsieur Miller. Très bonne. »

Une salutation qui variait peu. Le jeune Lenoir était aimable et poli. Effectivement, il connaissait le chemin. Chaque geste était presque devenu un rituel. Sa démarche, lorsqu’il y prenait garde, comme maintenant, était quasiment ordinaire. Un brin vouté, il allait comme un bipède digne de ce nom. C’était lorsqu’il se laissait aller qu’il se penchait d’avantage en avant. Une posture nettement plus bestiale qui rappelait son statut de quasi quadrupède. Et s’il voulait courir au maximum de sa vitesse, c’était uniquement à quatre pattes. Une fois dans la salle de consultation, il retira son veston et le déposa soigneusement sur le dossier du siège. D’un rapide geste, il chassa un pli sur sa chemise. Enfin, il prit place dans le divan. Il était si petit que ses pieds étaient très loin de toucher le sol. Joignant les mains sur ses genoux, il attendit en silence que Tobias l’interroge. Il ne parlait jamais de sa propre initiative. Mais au moins, désormais, il répondait sans problème aux questions, se pliait sans protester aux instructions.

Cela lui faisait toujours bizarre de se dire que le psychologue savait tout de lui. Tout, même le plus embarrassant, le plus intime... ou le plus horrible. Aucun secret, c’était la règle du jeu. Il accrocha son regard sur les lunettes rondes de Miller, qu’il aimait bien. Il se demandait quel air il aurait si on lui adaptait des lunettes à son visage. Un pas de plus vers l’intello, certainement. Mais ce n’était pas le sujet.

« Alors... avant... j’étais excessivement impulsif et violent. Le moindre mot, la moindre expression pouvait me rendre furieux. Je ne me contrôlais pas du tout. Dès que j’avais une envie, je devais l’assouvir. On m’avait fait mal alors je voulais faire mal. On m’avait fait peur, alors je voulais faire peur. C’était un moyen de me prouver que j’étais encore quelqu’un. Je voulais être un super méchant, comme dans les histoires, les histoires que j’écrivais sur moi. Un super méchant parce que je n’avais pas réussi à être un héros. Mes nuits étaient affreuses. Des cauchemars tout le temps. Enfin bref, j’étais fou. J’étais dans mon petit monde et seul moi comptait. »

Sa voix nasillarde, plutôt haut perchée, n’était pas agréable à entendre. Sa mutation ayant détraqué sa puberté, il avait à peine mué. Cependant, dans son timbre, il y avait tout de même un côté indéniablement masculin. Plus qu’une voix de garçon, c’était une voix de créature.

« Maintenant, je ressens encore des pulsions et des envies négatives, mais j’arrive à les réprimer. Je garde le contrôle et si je me sens trop stressé, trop énervé, je m’isole et je me calme. J’arrive à faire attention aux autres, à me dire que je suis pas seul au monde. Mes nuits se passent mieux. Ce n’est pas encore totalement le paradis, mais mes peurs s’éloignent. Je me sens plus tranquille. J’arrive à oublier ce qui m’est arrivé et parfois, je me comporte vraiment normalement, même quand il y a beaucoup de gens avec moi. »
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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 3 samedi 05 juillet 2014, 21:22:43

Le psychologue avait retiré ses lunettes ; avec un petit chiffon blanc, il en astiquait distraitement les verres. Néanmoins, son regard resta attentif pendant toute l'analyse personnelle d'Ernest. Il fixait un point légèrement au-dessus de lui, sans le regarder directement dans les yeux, il manifestait quand même son intérêt.

Lorsque l'adolescent eut terminé, il laissa pendant quelques secondes flotter un silence presque total… qu'il rompit finalement en tapotant encore un peu sur son clavier. Il sembla jeter un coup d’œil à l'heure, en bas à droite de son écran. Il paraissait chercher ses mots, mais dans le cadre d'une telle consultation, cette absence de réaction immédiate n'était pas particulièrement suspecte.

« Je pense que vous avez bien travaillé, Ernest. Le succès de cette thérapie tient beaucoup à votre volonté sincère de vous intégrer. Je vois même un signe particulièrement fort, me concernant : si vous étiez un patient sans antécédents, je n'aurais aucune difficulté à ne plus trouver un suivi aussi régulier indispensable, et vous aurais proposé d'espacer les séances. »

Mais Ernest Lenoir n'était certainement pas un patient sans antécédent. Miller ne l'ajouterait pas, évidemment, pour ne pas l’accabler, car de toute façon, la chose était claire. Sa présence à intervalle régulier dans ce cabinet était une obligation officieuse, à défaut d'être officielle. Aussi grands seraient les progrès faits, le mutant n'était pas près d'être dispensé de visites hebdomadaires.

« À vous entendre, votre rétablissement psychique est avancé, et vous êtes même entré en possession d'une stabilité que vous envieraient beaucoup de gens, même parmi ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un cabinet. Pourtant, on ne vous fera jamais une totale confiance sur la seule base de votre bonne foi, hélas. Je crains même que ma parole ne soit pas un gage suffisant de votre santé. Mais je peux vous proposer de quoi s'assurer que ces améliorations s'inscriront dans le temps. J'ai travaillé ces dernières semaines avec le professeur Henry McCoy... »

Tobias Miller se leva sobrement. Il regarda de nouveau l'heure sur son moniteur. Ses doigts ouvrirent un des tiroirs de son bureau.

« Vous n'êtes pas sans savoir que la plupart des médicaments, qu'il s'agisse des neuroleptiques ou des thymorégulateurs, sont inefficaces sur vous. Cela rend votre traitement difficile. Toutefois, nous sommes, – ou plutôt, le professeur McCoy, avec ma bénédiction est – parvenu à développer un stabilisateur d'humeur qui devrait se montrer efficace, même au travers de l'altérium. Ce traitement est léger, mais il va beaucoup vous faciliter la vie, Ernest. À lutter sans aide, votre esprit pourrait se fatiguer, et vous avez gagné le droit à un peu de repos. »

Sa main fouilla dans le tiroir. Elle délogea plusieurs papiers griffonnés, plusieurs boîtes en carton vides. En fait, ce qu'il cherchait était vraisemblablement tout au fond.

« Je vous propose de l'essayer dès à présent, afin d'évaluer ses effets précis, qui devraient être rapides. Vous allez rester allongé, et vous me décrirez comment vous vous sentez. Seulement il me faut votre consentement. »

Il trouva finalement un petit flacon. Le flacon était neutre, en verre sombre, et contenait une solution incolore et sans odeur. Le psychologue ne sortit en revanche pas sa boîte, de toute évidence sans rapport avec le produit lui-même, sur laquelle était inscrit « Fertil&Co ».

Mascotte

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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 4 samedi 05 juillet 2014, 22:28:01

Les premières paroles du psychologue firent naître en Ernest une satisfaction certaine. Elle se manifesta par l’esquisse d’un sourire. Un sourire de rat, c’était particulier, il fallait y être habitué pour bien l’interpréter. L’hybride savait avoir accompli de gros progrès, il le constatait chaque jour, mais c’était toujours plaisant d’avoir une confirmation de la part du spécialiste. Plaisant et rassurant. Les paroles de Monsieur Miller conditionnait une partie non négligeable de son existence. A chaque séance son bilan et ses exercices. Mais entre chacune d’elles, il y avait eu beaucoup de travail demandé, de conseils à respecter, de réflexions à se faire. A l’Institution, le mutant mettait en pratique sa thérapie. Il estimait que cette dernière lui avait demandé facilement dix fois plus d’efforts et de temps que sa reprise scolaire. D’où cette satisfaction. Il était belle et bien en train de la remonter cette satanée pente !

En revanche, la suite du discours lui rappela qu’avant d’être Ernest Lenoir, aux yeux des autres, il était Vermine. Vermine le monstre. Vermine l’ex Confrériste. Vermine le fou dangereux. Vermine le fils indigne. Avec ses origines sociales et toutes la médiatisation qu’il y avait eu autour de lui, il était monté sur le podium des personnalités les plus détestées des Etats-Unis. On le voulait en prison ou sur la chaise électrique. Brièvement, il revit l’article du New-York Times qu’il avait lu juste avant son départ. Son furtif sourire disparut. Avant, certainement, il aurait vomi sa haine de la société, tout en sombrant dans la violence. Maintenant, il se contenta de baisser les yeux sur ses mains dont les doigts s’entrelaçaient avec un zeste de nervosité.

L’annonce du produit le surpris un peu. Normalement, c’était surtout au début d’un traitement qu’on avait recours à des médicaments. Mais il n’était pas normal. Avec le pouvoir immunitaire de l’Altérium et sa situation atypique, quoi de plus logique que de recourir à des méthodes particulières ? Et puis, c’était Monsieur Miller qui le préconisait.

« Je suis d’accord », répondit simplement Ernest, avec aplomb, en relevant le regard vers le psychologue.

Déjà qu’il avait pratiquement retrouvé un comportement normal, il allait peut-être devenir le rat le plus calme de la planète ! Il fallait au moins ça pour affronter l’opinion public américaine.
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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 5 lundi 21 juillet 2014, 05:34:40

Miller se leva et fit quelques pas pour aller chercher une pipette, contenue dans une boîte en plastique transparent, elle-même posée sur une table dans un coin de la pièce. Il ouvrit le flacon et préleva environ un centilitre de liquide, qu'il versa dans un petit verre, puis il compléta par de l'eau plate. Le tout... ressemblait peu ou prou à de l'eau plate.

Enfin, le psychologue tendit le breuvage à son patient. Rien dans son apparence anodine ne laissait présager le goût du médicament : très amer, il laissait une sensation durable de picotement et de brûlure derrière la langue. Qu'il s'agisse en fin de compte d'une substance puissante faisait peu de doute.

« C'est désagréable, je suppose ? Désolé, c'était difficile de juger de ça sur des – animaux – de laboratoire » fit-il, évitant d'utiliser le mot rat.

Dans les premières secondes, il ne devait rien avoir de particulier, seulement des picotements, une gêne dans la gorge et dans la bouche. Miller proposa un second verre d'eau.

« Rincez-vous la bouche. Ce devrait être moins pénible les prochaines fois. »

Le praticien ne s'éloigna pas davantage, et resta à guetter attentivement les réactions de son patient. Il savait qu'Ernest était parfaitement capable de comprendre le fonctionnement d'un médicament, peut-être même mieux que lui. Une explication du professeur McCoy aurait sans doute été plus claire, mais il s'y aventura tout-de-même.

« Ce que je viens de vous administrer va progressivement inhiber la production d'alterium dans toutes les cellules de votre corps, à commencer par les glandes, qu'elles soient endocrines ou exocrines. C'est sans doute pour cela que vous êtes un peu gêné par votre bouche et gorge : c'est vos glandes salivaires et votre thyroïde qui sont déjà affectées. La sensation devrait s'étendre à toutes les zones fortement concernées. »

Il s'approcha pour venir légèrement appuyer du doigt le positionnement approximatif des glandes à mesure qu'il les énumérait : « thymus » – milieu de la poitrine – « glandes surrénales » – milieu de l'abdomen – « épiphyse et hypophyse » – le crâne – « prostate, et cetera » – il ne fit rien – « et bien sûr, l'ensemble des glandes sudoripares, dispersées sous l'épiderme. »

Il disait certainement vrai, car, à peu près dans l'ordre et au moment où il les annonçait, un engourdissement, tantôt proche des picotements, tantôt de l'ordre de la brûlure ou de la démangeaison devait se faire sentir. L'effet différait pour chaque partie du corps.

« Tout ça ne devrait en aucun cas affecter votre conscience, et ne sera que très temporaire... quelques dizaines de minutes, peut-être ? La molécule ne met pas longtemps à retrouver ses droits. En revanche, vos muscles devraient être à leur tour progressivement considérablement affaiblis. Vous devez déjà vous sentir faible et... Hein ? Pourquoi ? »

Miller se frotta les yeux, nerveux.

« Je ne sais pas exactement pour quelle raison ce médicament doit produire cet effet. Je ne comprends pas. C'est supposé être un stabilisateur d'humeur. Ça n'a pas de sens. »

Le visage du psychologue commença à blanchir, comme s'il s'apprêtait à faire un malaise. Il fut prit de plusieurs tics nerveux, fermant fort ses paupières et aplatissant les mains sur sa mâchoire. Mais sa peau blanchit bien plus qu'elle ne l'aurait dû. À mesure qu'il appuyait sur son visage, celui-ci se déformait également. Il ouvrit la bouche, les lèvres tendues, sans parvenir à produire le moindre son : ses cheveux, eux, s'éclaircissaient et paraissaient perdre en longueur.

Quelques secondes plus tard, ses petites convulsions cessèrent et il ouvrit de nouveau les yeux : ils étaient rouge sang. La figure n'avait plus rien à voir avec celle de Miller.

C'était le visage d'un albinos. Des rides marquées s'étaient creusées sur la face, témoignaient d'un certain âge, vingt ou trente ans de plus, peut-être que le médecin ; c'était difficile à dire. La chevelure était éparse et d'un blond délavé. Il avait prit quelques centimètres, était plus maigres et ses épaules étaient plus lâches. Les lunettes noires ne tenaient même plus sur le nez court et épaté, très peu caucasien.

L'individu les enleva avant qu'elles ne tombent. Il gratta ses joues creuses du plat de sa main blafarde et longue. Puis il planta ses iris carmins dans le regard d'Ernest. Enfin, il s'autorisa un demi-sourire, écartant ses lèvres minces et translucides.

« La personnalité de Tobias était plus facile à maintenir que je ne l'aurais pensé. Mais lorsque l'incohérence est trop flagrante... » sa voix était rauque. Il regarda sa montre. « Ah, nous sommes un peu en avance. »

Mascotte

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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 6 lundi 21 juillet 2014, 11:58:03

Effectivement, le médicament n’était pas très agréable. Après avoir accepté le second verre d’eau, Ernest s’était allongé sur le divan, conformément aux instructions de Tobias. La tête reposant sur l’un des rebords rembourrés, il sentait brûlures, picotements et démangeaisons se répandre dans son corps. Cela ne suscita pas chez lui d’inquiétude particulière. Tout au plus constatait-il la puissance du produit. N’étant pas douillet, et ayant de surcroit l’habitude de réactions physiologiques curieuses à cause de l’Altérium, il jugeait forcément la situation normale. Comment en aurait-il pu être autrement ? N’était-il pas avec son psychologue, une personne de confiance ?

Quand ce dernier montra des signes de confusion la situation évolua du tout au tout. Jamais Monsieur Miller n’était confus ordinairement. Au contraire, il semblait toujours tout comprendre, tout pouvoir expliquer avec calme et maîtrise. Circonspect, le jeune mutant se redressa sur un coude. Il se sentait déjà plus lourd, plus gauche. En son fort intérieur, il relevait lui-aussi l’incohérence. Les effets du produit divergeaient de ce qui avait été annoncé, de ce qu’il avait accepté de prendre. Ses craintes naissantes se retrouvèrent vite confirmées par l’évolution physique du psychologue. Ce n’était pas Tobias. Une vive appréhension s’empara de lui alors qu’il croisait le sanglant regard de l’albinos. Après la stupéfaction, sa figure bestiale exprima aussitôt de l’hostilité. L’agressivité avait toujours été son bouclier.

Que faire ? Il avait déjà perdu de précieuses secondes. Et le temps jouait contre lui. Heureusement, son esprit demeurait vif. Attaquer ? Inutile. Si l’Altérium avait été inhibé, ses morsures ne pouvait plus transmettre la molécule mutagène et, dans son état de faiblesse croissante, il serait facile à neutraliser. Fuir ? Il devait être encore capable de se mouvoir. Assez rapidement ? Il n’avait pas besoin d’aller loin. Il devait juste sortir de la clinique. Dès lors, son chauffeur qui attendait sur le parking pourrait le voir, l’aider ou, à défaut, donner l’alerte.

Avertir l’Institut, c’était une absolue priorité.

L’hybride ne chercha pas à discuter. Peu lui importait les motivations de l’inconnu, elles étaient forcément mauvaises. Sans prévenir, il se propulsa hors du divan. La réception sur le sol fut un peu laborieuse, mais déjà il s’élançait vers la porte du cabinet. D’abord à quatre pattes, il se redressa pour atteindre la poignée, ouvrir... L’adrénaline contrebalançait pour l’instant le produit. Mais il percevait malgré tout un inquiétant engourdissement. Quelques mètres... il n’avait que quelques mètres à faire !

Et en dernier recours, il lui restait sa montre. En réalité, c’était d’avantage un bracelet électronique prévu pour le localiser, une obligation du programme de réinsertion. Il ne pouvait pas l’enlever afin de l’empêcher de fuguer. Si le signal GPS était coupée, ou s’il indiquait une position suspecte, les X-Men devraient être informés de l’incident. Le jeune mutant, bien sûr, n’appréciait pas cette montre qui symbolisait ses fautes, mais pour une fois, il était heureux de la porter.
« Modifié: lundi 21 juillet 2014, 12:49:54 par Mascotte »
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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 7 mardi 22 juillet 2014, 21:38:06

L'albinos n'essaya pas d'empêcher Ernest de courir vers la porte, et se contenta de jeter un nouveau coup d’œil à sa montre. L'enfant-rat ne rencontra pas de difficulté particulière à parvenir jusqu'à la porte, ni-même à ouvrir cette dernière. Derrière se trouvait la même salle d'attente, dont la porte vitrée aurait dû laisser passer la vive lumière du jour.

Mais cette lumière était en grande partie masquée par la masse d'un individu colossal, projetant sur le parquet une ombre plus impressionnante encore. C'était un homme à l'obésité morbide et qui devait faire plus de deux mètres trente ; son corps rond était serré dans une grossière salopette en jean bleu qui laissait dépasser de gros bourrelets de chair. Sa peau était luisante de graisse… mais plus que cela, elle était véritablement élastique. Tout son être n'était qu'une masse flasque et huileuse, presque liquide, qui n'offrait aucune prise.

Il paraissait étrange qu'un tel individu ait pu entrer sans alerter personne. En réalité, il paraissait même étrange qu'il ait pu passer la porte du cabinet. Bloquant presque totalement le passage, il croisait les bras, son visage laid fixant Ernest.

« As-tu déjà croisé Glucide ? » interrogea l'albinos, qui s'approchait à pas lents, presque fébrile. « Il a été absent ces dernières années. Maladie, c'est ça ?
Ouais, c'était un accident…  professionnel... une mauvaise rencontre… avec un… Béhémoth… »

L'obèse prenait toute la place, mais un autre individu habillé de cuir noir apparut de derrière la montagne de graisse. Il était en comparaison banal – et minuscule – mais devait tout-de-même mesurer un bon mètre soixante-dix. La peau pâle, il arborait une figure aux traits sombres, néanmoins assez séduisante, avec un regard vif.

« Nous avons de l'avance, mais ce n'est pas la peine de tarder. Glucide, pourrais-tu déshabiller Ernest ? N'essaie pas de lui enlever sa montre maintenant, ça ne sert à rien. »

Tentant d’exécuter les ordres, le colosse tenta de se saisir du petit mutant. Bien qu'inamovible et presque impossible à blesser, il était plutôt maladroit, et l'objectif demandait un peu trop de doigté pour lui.

« Ah… Vein, aide-moi… »

L'autre compère était d'une agilité plus standard.
« Modifié: mercredi 23 juillet 2014, 03:31:35 par Le Messager »

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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 8 mardi 22 juillet 2014, 23:54:39

En franchissant la porte du cabinet, Ernest crut avoir une chance de s’en sortir. Une pensée plus qu’éphémère... Déjà la voilà balayée par la vision du flasque obèse, une personne si massive que son ombre engloutissait la salle d’attente. Le petit hybride, coupé net dans son élan, s’immobilisa, la gueule à demi ouverte. Il avait eu dans l’idée de crier, d’appeler son chauffeur, dès qu’il serait sortie. Mais ce n’était plus d’actualité. Quelque chose lui disait qu’il n’y avait plus personne à appeler. Ses yeux étaient rivés sur l’obstacle infranchissable. On put y lire son affolement naissant.

La voix de l’Albinos lui fit tourner la tête, ce qui ne l’empêcha pas de remarquer l’arriver d’un type en cuir noir. Ils étaient trois ! Trois, juste pour lui ! Et lui, en plus, il avait bu cette saloperie de produit ! Inutile de nier l’évidence, le piège s’était déjà refermé. Cependant, ce n’était pas parce qu’il le savait, qu’il allait l’accepter. L’ordre donné le fit sortir de son mutisme. Paniqué, sa voix était encore plus aiguë que d’accoutumé.

« Attendez ! Attendez ! Vous êtes de la Confrérie, c’est ça ? »

Il se jeta de côté pour éviter la main boudinée de Glucide. Son équilibre précaire l’envoya pratiquement au sol. D’une main, il se réceptionna. Apercevant l’entrée des cabinets, il s’y dirigea. C’était affreux comme chaque geste lui coûtait.

« Si vous voulez l’Altérium, suffit d’une prise de sang ou d’un prélèvement de salive ! Ça sert à rien de me foutre à poil ! A rien ! »

Le jeune mutant n’était pas du genre pudique. Il avait vécu des mois dans les égouts de la ville en se contentant la plupart du temps de sa seule fourrure comme habit. Mais en présence de scientifiques, c’était très différent. Cela le ramenait à ses heurs les plus sombres de son existence, celles où il n’avait été plus qu’un animal de laboratoire. Or, l’albinos lui avait déjà administré un médicament et donné des explications médicales précises. Avait-il juste subtilisé le savoir de Matias Miller ? Ou... non, non, Ernest refusait d’y penser. Arrivé à la porte des cabinets, il en actionna la poignée, mais dût se dégager pour esquiver à nouveau le tas de graisse. Voie des WC bloquée. Sortie de la clinique libérée... L’enfant-rat essaya de l’atteindre mais, trop lent, trop engourdi, le type en noir venu aider son malhabile collègue l’attrapa sans difficulté. Trop faible, impossible de se dégager. Ce ne fut pas faute de se débattre, de chercher à mordre et à griffer. Encore un peu et il était soulevé par l’obèse.

« Je suis pas un traître ! J’vous jure ! C’est un X-Men qui m’a ramené de force à l’Institut ! » braillait-il alors qu’il se faisait dépouiller de ses affaires.

Tous ses efforts pour lutter ralentissaient à peine la manœuvre. Chaussure, chemise, pantalon, caleçon... bientôt, il ne resta que la montre. Si l’on faisait exception de quelques proportions humanoïde et du fait qu’il possédait des mains, ce n’était qu’un gros rongeur. A la Confrérie, on l’avait connu plus maigre avec une fourrure plus terne. Il paraissait même avoir un peu bronzé. Là où sa peau était visible, le blafard cadavérique s’était mué en une pâleur plus commune. Cessant de gesticuler, il fixa l’albinos.

« J’ai pas eu le choix ! Si je collaborais pas, c’était la prison ou peut-être même la chaise électrique ! Je suis pas un traître ! J’en suis pas un ! J’vous jure ! »

En cet instant, il aurait à peu près dit n’importe quoi pour qu’on le laisse tranquille.
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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 9 mercredi 23 juillet 2014, 03:20:39

En voyant Ernest esquiver les premières tentative du colosse, l'albinos sembla un instant légèrement nerveux, comme s'il craignait que l'incompétence de ses brutes ne lui joue un tour pendable. Mais finalement, avec l'aide de son compagnon, l'obèse parvint après bien des efforts à affirmer sa prise sur Ernest.

« Bien deviné… le rat… maintenant arrête… de bouger… »

Il le ceinturait dans ses bras gigantesques et mous ; la pellicule de graisse qui recouvrait sa peau nue était légèrement adhésive et surtout très désagréable. Pendant ce temps, Vein retirait les vêtements un à un.

« Tant pis, pauvre Ernest. Altérium ou pas, tu nous seras bien plus utile autrement, maintenant. Si tu es encore des nôtres, alors tu devrais être heureux de faire des sacrifices pour la cause. »

Parallèlement, l'albinos se déshabillait lui aussi. Le petit pull, le pantalon en tweed bien découpé et les autres affaires de Tobias Miller furent rangés dans un coin. Si le visage du mutant rendait difficile l'estimation de son âge, son corps, lui, était celui d'un vieillard malingre. Les membres étaient extrêmement maigres, et on voyait nettement ses côtes ressortir. L'impression de vieillesse et de fébrilité était renforcée par sa peau livide, et une pilosité intégralement blanche.

« Nous allons procéder par étapes. »

Il s'approcha, et plaqua ses deux mains décharnées sur les épaules de l'hybride. Elles étaient froides. Puis il planta son regard dans les yeux de ce dernier… et ce regard, à nouveau, changea… pour quelque-chose de plus bestial. Son nez s'allongea, devint un museau, et il perdit plusieurs dizaines de centimètres et se couvrit de poils. Une queue glabre poussa en bas de son dos dont la courbure avait légèrement évolué.

La copie conforme du rat sembla étourdie un instant. Elle se reprit.

« Tu vas trouver cela amusant, peut-être : dans quelques minutes, une partie de moi sera persuadée d'être toi. C'est parce que cette partie de moi sera toi, d'une certaine façon. »

La voix nasillarde d'Ernest était reproduite à la perfection, même si l'intonation était un peu différente.

« Je vais m'habiller à côté. Passez à l'étape suivante. Et n'en mettez pas partout. Je ne veux rien voir quand je reviens. »

Il prit les affaires d'Ernest et s'enferma dans la pièce sans un mot de plus pour celui dont il venait de voler l'apparence.

« Ah… l'étape suivante… je le tiens… vas-y Vein…
Il y a un truc pour la douleur ?
Je sais… pas trop… on n'a pas d'autres… moyens de toute… façon… tu t'en… soucis vraiment… ? »

Pour toute réponse, Vein sourit, révélant une mâchoire presque vampirique, aux canines immenses. Il agita les doigts de sa main droite, et ceux ci se fondirent en une masse brumeuse sombre. La forme se modela progressivement, pour former une longue griffe noire, à l'aspect solide.

L'obèse entra trois gros doigts qui ne craignaient rien – il n'y avait pas besoin de plus – dans la gueule de l'hybride pour l'empêcher d'émettre de son trop strident. Insensible à d'éventuelles protestations, qui devaient l'amuser, l'homme en noir attrapa la main d'Ernest qui portait la montre.

Son appendice d'ombres s’abattit avec beaucoup de précision en amont du bracelet de métal. Il se révéla particulièrement tranchant, pénétrant la chair ; sans même rencontrer de difficulté lorsqu'il fendit l'os. La montre – et la main – tombèrent sur le sol dans une gerbe de sang.

***
*

La suite de la scène devait être plus floue. Glucide qui attrapait déjà un gros chiffon blanc dans une des poches de sa salopette. Vein qui s'esclaffait, puis qui attrapait nonchalamment Ernest par son bras encore valide.

Et tous deux qui étaient entourés de la même brume noire : pour le passager, il n'y avait rien à voir, seulement l'obscurité, et pas grand-chose à entendre, seulement des sons confus et aigus (on pouvait deviner parfois des klaxons, et plus tard, la sirène d'un bateau). Il y faisait froid, et la notion de temps n'existait pas vraiment. Tout autour, les ombres rendaient le moindre mouvement lourd et, en définitive, inutile.
« Modifié: mercredi 23 juillet 2014, 03:49:43 par Le Messager »

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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 10 mercredi 23 juillet 2014, 10:02:25

Ce... ce n’était pas pour l’Altérium ? Utile autrement ? Comment ça ? Ernest, muet de stupéfaction, ne tarda pas à avoir un indice. Oubliant totalement le gluant contact de Glucide, il assista à la métamorphose du vieil albinos en sa copie conforme. Les Confréristes ne voulaient pas la molécule mutagène. Non, ils voulaient sa place. Un moyen de pénétrer l’Institut ? Probable. En tout cas, il comprenait pourquoi on l’avait dévêtu. Pas du tout pour ce qu’il imaginait à la base. Lorsque le faux Vermine déserta son champ de vision, emportant ses affaires, une nouvelle question s’imposa à son esprit. C’était quoi la prochaine étape ?

Là encore, il comprit. La montre. Elle était indispensable pour leur plan. Et Vein allait la lui retirer, visiblement sans beaucoup de précautions. Malgré lui, l’hybride glapit :

« Non, non ! »

Bientôt, l’obèse le bâillonna, à sa manière. Le jeune mutant mordit les doigts énormes de toutes ses forces, sans le moindre résultat. C’était comme de la gélatine trop élastique, trop résistante. Il rua des jambes pour repousser l’homme en noir. Pas d’avantage de succès. Le bras saisit, il ferma les yeux. Il s’attendait à ce que la griffe d’ombre tranche le bracelet et le charcute au passage. Mais non, ce n’était pas logique. La montre devait rester intacte. Alors, comment Vein allait-il procédé ? Une douleur fulgurante lui répondit. Rouvrant les yeux, il aperçut sa main tomber, beaucoup de sang aussi. Il ne réalisa pas vraiment. Il savait juste qu’il avait mal, mal, terriblement mal, tellement mal que ses pensées devinrent confuses.

Sombrant dans une demi inconscience tourmentée, il eut la vague impression de voyager. Une sensation de froid désagréable l’enveloppait. Face à lui, des ombres mouvantes, étranges, incohérentes. Au milieu d’elles, ses idées voguaient, décousues. Où était le véritable Matias Miller ? Mort ? Et son chauffeur ? Peut-être qu’il aurait dû hurler à gorge déployée dans la salle d’attente. Peut-être que cela aurait donné l’alerte. Il avait quand même braillé alors qu’il se débâtait... Etait-ce assez ? Une peur affreuse l’étreignit, celle que les X-Men perde sa trace, celle que personne ne vienne à son secours. Comme lors des quinze jours... Il crut entendre le rire du savant fou. Le rire de sa mère aussi, elle qui l’avait rejeté, elle qu’il exécrait..., elle qui le traitait de sale rat manchot. Pourquoi manchot ?

Non... il nageait en plein délire. Ce n’était qu’un cauchemar, un de plus. Il allait sous peu se réveiller dans sa chambre, à l’Institut. Haletant et en sueur, il se sentirait idiot d’être à nouveau victime de son imagination morbide. Et il serait malgré tout terriblement rassuré de voir, à travers la fenêtre, le parc verdoyant, paysage auquel il s’était attaché. Il ne pouvait qu’en être ainsi... Il en serait ainsi...
« Modifié: jeudi 24 juillet 2014, 14:19:37 par Mascotte »
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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 11 vendredi 25 juillet 2014, 08:35:54

Deux silhouettes descendaient des escaliers ; un rondouillard, court sur pattes, assez vieux, et une femme beaucoup plus jeune, étrangement élancée. À deux, ils portaient un petit corps.

« Je n'aime pas tellement le petit temps qui se prépare là, ça tourne à l'orage, il me semble bien ? Mademoiselle a-t-elle des sens spéciaux pour sentir cela aussi ?
Ta gueule. Fais juste attention à où tu marches. NON, crétin de mâle, tu vas pas encore me faire le coup ; fais atten... B…BORDEL ! »

L'homme âgé venait de rater une marche. Il tenta de s'agripper au fardeau qui était également retenu par son binôme. Mais mystérieusement, alors qu'il le tenait solidement une seconde encore avant, sa prise glissa, et il affala, dévalant une demi-dizaine de marches. Heureusement, sa coéquipière sembla heureusement assez forte pour maintenir sans problème le corps par ses propres moyens.

« M.E.R.D.E. La prochaine fois, je le porte seule. Trois prisonniers à descendre, trois fois tu te casses la gueule. C'est presque miraculeux, putain. Rappelle moi pourquoi ils te gardent ?
Allons demoiselle, fit le vieil homme en rajustant son chapeau et ses lunettes, c'est parce que j'ai capacité à créer des obstacles inattendus. Mais en contrepartie, Dieu nous impose des…
Ta gueule Poissard, ta gueule ! Je déteste ta putain de gueule. Je déteste ton putain de Dieu. Je déteste ce putain de job. Surtout, SURTOUT, je déteste cette putain d'île. »

***
*

« Ah, enfin, tu te réveilles. »

Les mots auraient pu potentiellement être effrayants… mais ni le ton, amical, ni la voix, jeune et féminine, ne l'étaient. Le prisonnier était allongé, le dos calé contre un matelas assez dur, sans être absolument inconfortable. En ouvrant les yeux, il pouvait voir ce qui semblait être un matelas identique, juste au-dessus de lui, et en tournant un peu la tête, le visage d'une adolescente.

« La requine t'a juste posé par terre, mais je t'ai mis ici. C'était ma place avant, mais je n'avais pas la force de te porter jusqu'en haut. »

Elle avait un nez très pointu, en trompette, des narines très longues, et des pommettes hautes, plus rouges que sa peau pâle et de grands yeux bleus. On pouvait distinguer deux grains de beautés, discrets, près de son oreille droite, derrière laquelle est relevée sa chevelure blond-roux, qui sinon tombait jusqu'à sa poitrine. Elle était ravissante, mais son visage avait quelque-chose de fatigué.

Elle portait un tee-shirt bleu clair, qui lui laissait les bras nus, et un pantalon dans le même tissu, qui faisait pyjama… ou tenue de détenu.

« Ils auraient pu te donner quelque-chose pour t'habiller… Ils ont dû oublier. On leur demandera, si tu veux, quand ils passeront. »

En effet, Ernest, lui, ne portait rien. La température n'était en ce sens pas un problème, car il faisait particulièrement chaud, peut-être trente degrés.

« Est-ce que ça va ? »

Le prisonnier avait été correctement soigné. Sa main manquante avait été remplacée par un bandage blanc propre. Le moignon était sur la voie de la cicatrisation. La jeune fille fixa un instant le membre mutilé, puis détourna le regard.

La cellule faisait environ huit mètres carrés, sans fenêtre. La seule ouverture était une porte de métal, avec une fente grillagée de dix centimètres de hauteur à un mètre cinquante du sol, qui devait s'ouvrir de l'extérieur. Sur les murs nus, une peinture blanche commençait à s'écailler sous l'effet de l'humidité. Il y avait un lit superposé (Ernest était sur le plus bas), et dans un coin, des toilettes à la turc et un minuscule évier. C'était tout.
« Modifié: vendredi 25 juillet 2014, 08:41:04 par Le Messager »

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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 12 vendredi 25 juillet 2014, 10:38:14

Alors qu’Ernest revenait à lui, il prit tout d’abord conscience de la température. La sensation de froid n’était plus qu’un souvenir. Les ombres aussi. Il n’y avait plus que l’obscurité de ses paupières closes, la chaleur humide et un picotement au bras gauche, celui où il portait la montre. Il était allongé, sur un matelas, pas sur un sol d’acier. Suite à chaque cauchemar un peu trop intense, il avait peur de se découvrir en cage en ouvrant les yeux. Après avoir un peu remué, il osa regarder. Un lit superposé ? Ça y ressemblait. Mais depuis quand y en avait-il un dans sa chambre ? Une voix lui fit tourner la tête, non sans le faire sursauter par la même occasion. Chamboulé par le mauvais songe, il était fébrile, nerveux. Une jeune femme lui tenait compagnie, plutôt jolie. Finissant de s’accoutumer à la luminosité, il la détailla d’un air passablement perdu. Lorsque ce qu’elle lui disait prit un sens dans son esprit embrumé, il comprit pourquoi tant d’étrangetés l’environnaient. La dure logique s’imposa. Impossible de la nier plus longtemps.

Cette chambre n’était pas la sienne.
Le cauchemar n’en était pas un.

Ça lui fila un sacré choc. Une inquiétude certaine marqua ses traits bestiaux alors qu’il se redressait sur son séant. Son regard passa au-delà de la demoiselle, considérant maintenant la pièce. Il n’était peut-être pas en cage, mais en cellule. Sa réaction brusque lui donna un vertige. Il l’ignora. Il réexamina la femme, s’intéressant cette fois à sa tenue plutôt bizarre. Puis ses yeux glissèrent sur lui-même, constatant sa nudité mais surtout... surtout... l’absence de sa main gauche. Le bandage accrocha toute son attention. Son vertige devint presque un malaise.

« Ho merde... » murmura-t-il, catastrophé.

Il se laissa lourdement retomber sur le matelas. Il soupira et ajouta :

« C’est pas vrai... C’est pas vrai... les salops... »

Il referma les yeux et crispa les mâchoires, écrasé par le poids de cette réalité. Il finit quand même par se rappeler qu’il n’était pas seul. Pas seul... Dans aucun de ses rêves déments, il ne s’était retrouvé dans une situation comme celle-ci. On ne semblait pas vouloir faire de lui un rat de labo. Mais alors, c’était quoi le programme ?

« J’imagine que ça pourrait aller mieux », répondit-il enfin, un rien sarcastique.

Ernest n’était pas spécialement aimable de nature. Il avait fait beaucoup d’efforts pour s’améliorer, sauf que là, il n’était plus à l’Institut. Non, il était dans la merde. Il se força toutefois à redevenir aimable, parce que ce serait stupide de se mettre à dos sa collègue de prison. Il la fixa et desserra les dents.

« Pas sûr qu’ils aient oublié. Ils doivent se dire que j’en ai pas besoin. Mais oui, on peut toujours demander. Même s’ils me filent un truc trop grand, m’en fiche, ce sera toujours mieux que rien. Heu... tu m’expliques un peu où on est, là ? J’ai l’impression d’avoir loupé un chapitre. »

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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 13 vendredi 25 juillet 2014, 17:45:16

La jeune fille parut davantage préoccupée par la détresse du prisonnier que par son peu de politesse. Elle était assise au bout du lit, qui prévu pour des adultes sans doute, était loin d'être occupé dans toute sa longueur par Ernest.

« Alors tu es vraiment nouveau ? On est quelque-part en sous-sol. Ici, juste ici, c'est une sorte de prison. C'est l'endroit le plus agréable. Il y en a d'autres qui le sont moins. Je ne sais pas ce qu'il y a à l'extérieur. Je crois que c'est une jungle, ou alors une île. Peut-être les deux en même temps. »

Elle montra le plafond, qui, nus comme les murs, révélait de grandes traces d'humidité sous sa peinture. L'eau devait s'infiltrer quelque part.

« Tu ne perds pas grand-chose, pour les vêtements. Ils sont en recyclé. »

Pour illustrer son propos, elle se leva et tira sur sa propre tenue au niveau de l'épaule. Le tissu bleu ne tarda pas à se déchirer sur un bon centimètre, sans qu'elle paraisse aucunement forcer.

« C'est pour éviter qu'on se pende, je pense. Les draps sont pareil. »

Debout, l'adolescente n'apparaissait pas comme très grande, un mètre cinquante-cinq. Elle avait de légères courbes, agréables à l’œil et toujours délicates, mais elle était surtout très maigre.

Il y avait un détail plus macabre, sans doute : l'état de ses bras, laissés à découvert. Du dessus de ses mains à ses épaules, ils étaient parsemés de petites plaies, comme autant de piqûres. L'épiderme clair de ses avants-bras laissait apparaître ses veines bleus… dont d’innombrables blessures suivaient le sillage. Un toxicomane n'aurait pas eu pire. Cependant, toutes ces atteintes paraissaient déjà être anciennes d'au moins quelques semaines, et aucune n'était vraiment récente.

« Ce qu'ils font ici… ce n'est pas vraiment clair. Je ne sais pas vraiment s'ils cherchent quelque-chose, ou si c'est juste un prétexte pour… En tout cas moi, ça n'a rien donné, je crois. Mais on ne peut jamais vraiment savoir. »

Elle pinça les lèvres et regarda le sol. Puis elle braqua son regard dans celui d'Ernest.

« Tu as un prénom ? Comment tu es arrivé ici ? Tu as fait quelque-chose qui a déplu à la Confrérie ? Je t'ai déjà vu dans un journal, non ? » interrogea-t-elle successivement. « Lenoir, c'est pas ça ? »

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Re : Le Cauchemar d’Ernest [PV]

Réponse 14 vendredi 25 juillet 2014, 18:51:39

Une prison en sous-sol sur une île, ou une jungle... une île tropicale peut-être... Ernest se rappela la sirène du bateau entendu lors de sa semi inconscience. Génial. Voilà un voyage dont il se serait bien passé. Il se trouvait peut-être à des milliers de kilomètres de New York et un faux lui l’avait remplacé à l’Institut. Tant que l’albinos métamorph ne serait pas démasqué, les X-Men ne seraient même pas qu’il y avait eu un problème. Combien de temps la supercherie pouvait-elle durer ? Le jeune mutant n’en avait aucune idée. L’albinos semblait être en mesure de s’auto-persuadé qu’il était celui dont il avait adopté l’apparence. Cela devait, dans une certaine mesure, le protéger des télépathes, tout en lui permettant d’être parfaitement crédible dans son rôle. Bref, ce n’était pas un bon présage. La cavalerie risquait fort de se faire attendre.

« C’est ça. Ernest Lenoir. Ou Vermine. Ou le rat », répondit l’hybride, avec un peu de retard.

Il peina à détacher ses yeux des traces courants sur les bras de l’adolescente. L’hypothèse cobaye revenait au galop. Toujours allongé, il reprit :

« C’est possible que la Confrérie ait une petite dent contre moi. En tout cas, je me suis fait kidnapper chez mon psychologue. Ils n’y vont pas de main morte... »

Il observa son moignon et eut un rire désabusé.

« C’est drôle... j’ai l’impression d’encore la sentir... Je crois que c’est le phénomène du membre fantôme. »

Il reporta son regard sur la demoiselle, essayant de rester sur son visage, de ne surtout pas regarder ses bras.

« Et toi, t’es qui ? Comment t’es arrivé là ? J’imagine que tu es mutante, parler à un gros rongeur ne te pose visiblement aucun problème. Et si tu pouvais m’expliquer ce qui m’attend, je t’en serai très reconnaissant. Je n’aime pas trop les surprises, surtout les mauvaises en fait. »

Il commençait à avoir envie de pisser. Il ignorait s’il était en mesure de marcher tout seul. Normalement, il ne devrait pas trop y avoir de souci, du moment qu’il y allait en douceur. Pour l’instant, il se contenta de s’assoir au bord du lit. Il appuya sa tête contre son poing, son coude sur un genoux. Son bras estropié, l’espace d’une fraction de seconde, il ne sut pas quoi en faire. Impossible de s’appuyer dessus, comme l’habitude le lui dictait. Il le laissa finalement reposer sur une cuisse.
Krish, alias Mascotte, démon de la souffrance et des fausses apparences
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