Au terme des léviations de Thibault, il avait pu découvrir que les toxiques fumées n'étaient pas réellement le "must" de l'air respirable, et c'était peut-être là un indice sur l'absence de toute vie aux alentours du Donjon. Cependant, ces épais nuages aux formes originales n'expliquaient pas la sécheresse des sols ou l'absence de plantes résistantes.
Pour quelqu'un avide de mystères, la simple géographie locale pouvait l'intéresser à elle seule. Mais Thibault semblait plus intéressé par le bâtiment qui avait percé la montagne, venant s'envoler un peu plus haut, un peu plus bas jusqu'à se décider à entre par le balcon.
Un balcon au milieu d'une muraille c'était un fait assez peu commun, aussi pouvait-on facilement mettre une telle étrangeté architecturale sur le dos de l'Overlord, narcissique au possible. Mais lorsqu'on connaissait un peu le seigneur démoniaque, ce détail faisait "hic" sur le portrait du stratège. Il était très centré sur lui même, mais n'était pas idiot ou fou pour autant.
La curiosité l'emportant sur la réflexion, Thibault s'avança donc du balcon jusqu'à la salle qu'il ouvrait sur l'extérieur. Une pâle lumière émanait d'une torche derrière ce qui semblait être un rideau de soie rouge, baignant la pièce d'une atmosphère chaleureuse et plutôt agréable, bien loin des rudes parois que l'explorateur avait pu examiner.
La salle était petite, et ressemblait à une chambre de domestique, quelques coffres et une armoire représentant l'unique mobilier de la petite pièce. Une porte classique de Donjon donnait sur un petit couloir, entrouverte comme pour inviter le curieux à s'avancer. Une brise légère régnait dans ce couloir et il n'était pas rare que les flammes de la torche ne dansent sur les murs en de larges ombres inquiétantes.
le plafond était relativement bas et il ne fallait pas mesurer 2 mètres si l'on souhaitait s'y promener librement. En comptant la porte, il allait devoir se baisser pour explorer ce nouveau monde qui s'ouvrait à lui. L'endroit était silencieux, presque inquiétant, ou au contraire accueillant pour l'inattentif qu'il était. A lui de voir.
Tendant l'oreille, il entendrait la voix d'un homme, rauque, graveleuse, même, émanant du fameux couloir venteux, peut-être même d'une pièce voisine. Des pages se tournaient et quelques phrases accompagnaient le bruissement des feuilles, solennelles, comme un récit que l'on dictait à voix haute. Mais elle était encore trop éloignée pour être convenablement audible.
Bien que la pièce soit une chambre, il n'y avait pas de lit, pourtant les quelques coffres, si ouverts, dévoileraient de la lingerie féminine, quelques fioles aux couleurs exotiques et divers ustensiles de satisfaction sexuelle. Tout laissait à penser qu'une succube habitait l'endroit, aussi Thibault pouvait-il se cacher dans l'un des meubles pour attendre la propriétaire, la surprendre et peut-être simplement la ravir.