Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

Bonjour et bienvenue.

Ce forum présente des œuvres littéraires au caractère explicite et/ou sensible.
Pour ces raisons, il s'adresse à un public averti et est déconseillé aux moins de 18 ans.

En consultant ce site, vous certifiez ne pas être choqué par la nature de son contenu et vous assumez l'entière responsabilité de votre navigation.

Vous acceptez également le traitement automatisé de données et mentions légales de notre hébergeur.

Choc social [Les Soeurs Yume]

Nos partenaires :

Planete Sonic Reose Hybride Yuri-Academia L'Empire d'Argos Astrya Hybride Industry Iles Mystérieuses THIRDS Petites indécences entre amis
Inscrivez-vous

Amélie

Humain(e)

Choc social [Les Soeurs Yume]

lundi 26 mai 2014, 02:28:19

*Salle 303, salle 303... Putain de salle 303 ! Allez, allez, vite, ma petite Mél’, vite !*

À travers les allées silencieuses de l’université de Seikusu, on pouvait entendre les bruits de pas précipités d’une jeune femme qui cherchait les escaliers. Dehors, le soleil était en train de laisser place à la lune après une domination sans partage pendant des heures. Amélie était en retard. En retard ! Il y avait eu un bouchon énoooorme au centre-ville, et elle était descendue dès qu’elle possible, faisant tout le chemin à pied. Elle portait un sac à dos abritant un cahier offert par Zetsu avec un stylo 4 couleurs, ainsi qu’un dictionnaire, et la jeune femme filait à toute allure. Elle avait fini par rejoindre l’université. Elle était plutôt bien foutue, mais, malheureusement, elle était immense. À l’image de la ville, elle était cosmopolite, accueillant un nombre assez important d’étudiants étrangers, et la dame à l’accueil était visiblement pressée de terminer sa journée, et irritée devoir devant elle une jeune fille hirsute avec une minijupe, un débardeur, et avec une casquette noire vissée sur ses longs cheveux noirs. Une gaijin sans aucune forme d’éducation, qui lui avait demandé l’emplacement de la salle 303, avec un insupportable accent étranger .Sans se laisser démonter, la fonctionnaire lui avait répondu d’aller au troisième étage. Il y avait un ascenseur, mais Amélie avait abandonné l’idée de le prendre. Il était coincé au sixième, et mettait une éternité à descendre. Elle avait donc grimpé le long des marches, des escaliers interminables aux marches raides, jusqu’à atteindre le troisième étage.

La jeune femme se sentait maintenant dans la peau d’Astérix et Obélix cherchant à obtenir le laissez-passer A38 dans un bâtiment administratif. Elle avait fini par atteindre le troisième étage, et avait regardé sa montre, constatant qu’elle était en retard de plus de cinq minutes. Elle s’était mordillée les lèvres, avant d’avancer, lisant les numéros des portes. Elle réalisa alors qu’elle était arrivée par l’autre côté de l’université, car elle tomba sur la porte 321. Elle décida de remonter le couloir, en suivant la succession des numéros. 319... 317... 315... 313... 311... 331. 331 ?!

« What the… ? » ne put s’empêcher de marmonner Amélie.

C’était quoi ces putains de couloirs avec des numéros de portes qui ne se suivaient pas? Amélie grommela, et trouva un plan, mais il était illisible. Elle avait encore du mal avec les chiffres, et sentait son cœur se mettre à trembler. Zetsu avait su la convaincre de venir ici, en lui disant qu’elle devait perfectionner son japonais. Amélie suivait des cours au lycée, mais il n’y en avait pas aussi longtemps qu’elle le voudrait, et la fac’ les organisait plus facilement. Les cours étaient assurés par des étudiants, généralement des doctorants ou des étudiants en Master. C’était un bon moyen pour eux de toucher quelques deniers, et ainsi d’arrondir leurs fins de mois. Amélie ignorait comment Zetsu avait fait, mais il avait réussi à l’inscrire à un cours de remise à niveau, s’occupant de toute la paperasse administrative. Elle avait avec elle un joli formulaire administratif, signé par le président de la faculté et par elle, attestant qu’elle était inscrite à ces séances.

Toute la difficulté était de trouver la salle 303. Amélie s’avançait le long des couloirs, et, sans s’en rendre compte, elle était alors à côté de cette salle quand elle vit une étudiante passer rapidement. Elle avait enfilé des écouteurs, et se dirigeait tranquillement vers une soirée arrosée quand Amélie posa la main sur elle, afin de la retenir.

« Hey ! s’exclama la donzelle, une Japonaise pure souche.
 -  Salut ! Excuse-moi de te déranger, mais tu sais où...
 -  Non, j’ai pas de fric, lâche-moi, sale droguée ! »

Hein ?! Amélie cligna des yeux tandis que la femme s’écartait. Il fallait bien dire qu’avec sa casquette, son débardeur, sa veste, ses collants et sa minijupe, elle était bien carrossée, et ce d’autant plus que cette course dans les couloirs l’avait fatigué. Mais, de là à la snober comme ça... Sans se rendre compte qu’on pouvait l’entendre depuis les pièces à côté, Amélie brandit un doigt vers la femme.

« Non mais oh, tu te prends pour qui, SALOPE ? Va chier ! MAL BAISÉE, va !! »

La femme ne lui répondit pas, et Amélie grogna, puis regarda autour d’elle, et finit par voir la porte de la salle 303, à proximité.

*Ouf !*

Amélie s’y dirigea rapidement, toqua à la porte, puis l’ouvrit rapidement, sans attendre qu’on daigne lui répondre.

« Bonsoir ! lâcha-t-elle en entrant. Désolée d’être en retard, je me suis perdue dans les couloirs de l’u... De l’université. »

Elle avait légèrement bafouillé, car elle s’était exprimée en japonais, un japonais hésitant. Réalisant alors qu’elle avait toujours sa casquette, Amélie rougit et l’attrapa précipitamment, puis joignit ses deux mains devant elle, se mordillant les lèvres, en baissant un peu la tête.

« Dé... Désolée... » répéta-t-elle à nouveau.

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Les Soeurs Yume

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 1 lundi 26 mai 2014, 13:59:42




- … SALOPE ! … MAL BAISEE !

Keiko s'émerveillerait toujours de la façon qu'avaient les gens de se désintéresser d'une chose enrichissante et constructive pour porter leur attention sur des futilités. Dès que ces jolis mots s'étaient fait entendre, toutes les têtes s'étaient tournées vers le mur blanc qui les séparaient du couloir. Même Noriko, assise au fond, avait cédé, mais pas bien longtemps. Keiko avait fait tomber son crayon sèchement sur le bureau. Un geste qui était un juste rappel à l'ordre. Noriko s'était tournée vers son amie comme si de rien n'était, non non, je te jure que je n'ai pas décroché un seul instant. Quelques étudiants – les plus craintifs et les plus studieux, elle peinait encore à les distinguer les uns des autres – s'étaient à nouveau tournés dans sa direction. C'est quand Keiko ouvrit la bouche à nouveau, afin de continuer sa passionnante explication d'un génome dont la moitié de cette classe ne saurait épeler le nom que le calme fut à nouveau troublé.

- Bonsoir !  Désolée d’être en retard, je me suis perdue dans les couloirs de l’u... De l’université.

La nippone, derrière son bureau, la dévisagea sans rien dire. Beaucoup de Japonais avaient une aversion pour les étrangers, surtout ceux qui maîtrisaient très mal leur langue. Les gens étaient étrangement puristes, ici bas. Qu'un étranger écorche leur langue maternelle, et ils hurleront au scandale, mais qu'ils fassent eux-mêmes des fautes aberrantes, et personne ne relèvera jamais. Keiko poussa un petit soupir, ignorant sa seconde plâtrée d'excuses.

- Assieds-toi.

Elle lui montra un place, juste à côté de Noriko, qui était plus là pour tuer le temps que pour vraiment étudier. Elle avait essayé de faire partie du monde de Keiko et de s'intéresser à la chimie, sans grands résultats, sinon celui de tuer un rat de laboratoire. Elle n'en avait pas dormi pendant trois nuits, revoyant la petite bête agoniser après avoir léché une goutte d'une substance qu'elle avait préparée avec amour. Enfin, avec tout l'amour qu'elle avait. Le problème venait sans doute de là. Noriko n'avait pas beaucoup d'amour à donner, sinon pour elle-même, elle en prenait conscience au fur et à mesure des jours. Elle retira son sac sans un bruit, faisant signe à la nouvelle arrivante de s'installer sur le siège désormais vide.

- Ne te fais pas remarquer encore, c'est un conseil. Dans le couloir, déjà, on t'a bien entendu, alors fais-toi toute petite.

Noriko se pencha vers elle, curieuse de voir à quoi elle ressemblait. C'est à cet instant qu'elle s'exclama, tout en faisant tomber son classeur sur le sol :

- La môme ?
- Noriko !

L'intéressée releva la tête immédiatement. Tout le monde la regardait. Tout le monde, et surtout Keiko. On voyait bien que cette dernière se retenait d'hurler. Keiko détestait se donner en spectacle inutilement, c'est pourquoi elle se contenta de l'incendier du regard. Noriko aurait mis sa main à couper qu'elle rêvait de lui envoyer une chaise dans la gueule. Elle inclina la tête en guise d'excuse, avant de récupérer son classeur. Il avait claqué violemment en touchant le sol, et quelques feuilles s'étaient éparpillées. C'est avec son pied, refusant de se baisser, qu'elle les récupéra, jetant des petits regards vers celle qu'elle venait d'appeler « la môme ».

- J'te connais. J'en mettrais ma main au feu, chuchota t'elle tout en surveillant Keiko, qui continuait son cours avec aplomb. On s'est déjà vues, toi et moi, je le sais, mais j'sais plus quand, attends …

Elle se tourna plus franchement vers elle, ignorant le fait que Keiko pourrait nettement la voir.

- La môme, la môme …

Elle murmurait, sourcils froncés, appuyant son stylo sur ses lèvres. Noriko était très intrusive, dans sa façon d'être, et ne s'embarrassait pas vraiment des bonnes manières. L'exact opposé de Keiko qui, droite, récitait sans la moindre erreur un cours qu'elle connaissait par cœur.

- Mais oui, la MD !

Silence dans la salle. Peut-être  Noriko venait-elle de parler trop fort. Plusieurs paires d'yeux s’écarquillèrent dans leur direction. Ceux de Keiko étaient les plus tranchants. Droite, le stylo dans une main, l'autre appuyée sur le bureau, impeccable et fière dans sa blouse immaculée, elle fixait sans ciller son amie. Personne sur Terre n'aurait supporté être regardé comme ça. Noriko s'était juste habituée à ne plus trembler de peur quand une Keiko agacée la regardait ainsi.

- Pardon, je …
- Refais-moi ça encore une fois, et tu sors. Ta nouvelle amie te suivra. Vous pourrez parler de MDMA à votre guise, dans les couloirs, mais pas dans mon cours.

Les derniers mots étaient martelés avec autorité, ce qui fit taire Noriko. Enfin, pendant dix secondes. Elle n'était pas un exemple de sérieux et d'obéissance. Elle attendit que Keiko soit plus calme, concentrée sur le cours qu'elle donnait, avant de glisser à la môme.

- Elle était bonne, dis ?







Amélie

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 2 mercredi 28 mai 2014, 02:05:50

Devant elle, il y avait une prof’ qui avait l’air aussi belle que casse-couilles... Et encore, Amélie était familière. Elle sentit tout de suite que cette fille était le genre « pouffiasse-mal-baisée » qui tape sur les doigts des étrangers. Elle n’avait pas encore vraiment regardé les autres étudiants. Son cœur hurlait dans sa poitrine, sa chevelure était légèrement décoiffée, et elle savait qu’on pouvait la jeter dehors. L’université, c’était plus strict que le lycée, après tout. Quand Zet’ lui avait dit qu’elle y irait pour des cours, Amélie avait même cru à une farce. Elle à la fac’, sérieusement ? La fac’, c’était le domaine des génies et des têtes d’ampoules pour elle, pas des filles comme elle qui n’avaient même pas le Bac. Elle restait debout, nerveuse, et, sans même la saluer, « Miss-Malpolie » (Amélie allait l’appeler comme ça, car, en raccourcissant, ça faisait M.M, comme les M&M’s, et elle trouvait ça rigolo) lui désigna un endroit où s’asseoir.

« Me... Merci, Madame... »

Tenant sa casquette devant elle, Amélie se dépêcha de s’asseoir vers la chaise, sans vraiment s’attarder sur le visage de sa camarade, trop nerveuse. Elle le fut encore plus en écartant la chaise, car cette dernière se mit à racler, provoquant comme un bruit de déchirement qui attira quelques regards énervés. Rougissant à nouveau, Amélie, qui n’avait pas l’habitude d’être sous le feu des projecteurs, s’excusa à nouveau piteusement en s’asseyant, et sortit d’une main tremblante son cahier et son stylo. C’était un cahier à la couverture rose, Zetsu lui ayant dit que la couleur allait bien avec son string (il aimait bien la mettre mal à l’aise). Elle l’ouvrit, et on pouvait voir qu’elle avait plutôt bien écrit, couchant de nombreux kanjis avec des traductions. Si un professeur de langues aurait vu ce cahier, il n’aurait tout simplement pas cru qu’une Occidentale aurait pu en apprendre autant sur le japonais, et ce aussi rapidement.

Amélie voyait, devant elle, à côté de la prof’, l’image d’un truc qui avait l’air chimique, et se demanda où elle avait débarqué. À Mishima, on leur filait des diaporamas sur PowerPoint, en essayant de leur expliquer en quoi le japonais était fondamentalement différent des langues latines. Là où la langue latine notait à la base des phonèmes, le japonais, lui, avait été construit sur les mores... Du moins, c’est ce qu’Amélie avait retenu, mais elle savait que c’était encore plus compliqué, car le japonais connaissait trois types d’écriture différents ! Elle était ressortie complètement écroulée de son premier cours, en ayant l’intime conviction qu’elle n’arriverait jamais à apprendre le japonais, et il avait fallu que Zetsu la rassure, ainsi que Mimi’.

Plongée dans ses pensées, tout en essayant de se demander dans quelle espèce de cours pour malades mentaux elle avait débarqué, elle sentit une présence insistante à côté d’elle... Sa camarade la reluquait, et Amélie était en train d’écouter la prof’, en suçotant le bout de son stylo. Elle tourna la tête vers l’autre fille.

*Qu’est-ce qu’elle a, celle-là ? Elle a pété une durite ou quoi ?!*

La femme lui expliqua qu’elle devait faire attention à ne pas se faire remarquer, car on l’avait entendu, et elle rougit légèrement.

« Dé... Désolée... »

Néanmoins… Néanmoins, cette femme lui disait quelque chose. Amélie l’observait silencieusement, essayant de se dire où elle l’avait vu, en se disant qu’elle n’avait pas pu oublier un visage aussi joli. Visiblement, la nana devait aussi la connaître, car elle l’observait attentivement... Et s’exclama alors. Amélie sursauta en entendant le classeur de la femme tomber, et M&M’s réagit, en parlant d’un ton fort et sec. Elle se contenta d’appeler la femme par son nom, « Noriko », ce qui sembla calmer Noriko... Juste le temps pour elle de récupérer son classeur avec son pied.

*Minute...*

Les souvenirs revenaient. Ils n’avaient plus de bio’ en stock, les caisses étaient vides, et Zetsu avait entendu parler d’une dope spéciale, vendue à un prix acceptable, et qui était très efficace. La Yume, c’est comme ça qu’on l’appelait. Amélie avait suivi Zetsu dans un endroit calme de Seikusu, près du parc, le soir... Noriko lui parla à nouveau, en lui disant qu’elle l’avait déjà vu, et Amélie rougit à nouveau.

*Bien sûr, c’est toi qui m’as fumé de la dope... Seigneur...*

Noriko insistait, et Amélie se pinçait les lèvres en rougissant, n’osant pas parler. Noriko se mit alors à s’exclamer, irritant à nouveau la prof’, en instaurant un silence de mort dans la pièce .Amélie se ratatina sur place. C’était pour ça qu’elle n’avait jamais vraiment aimé le lycée... Toute cette discipline ridicule, c’était tellement barbant ! Mais, quand on avait pas les moyens de se payer un prof’ à domicile, c’était ça, ou rien. En tout cas, Noriko s’en était rappelée, tout comme Amélie. Quand elle avait vu cette femme, Amélie l’avait trouvé belle, terriblement belle. La « môme » avait pris sa dose, et s’était envoyée dans les étoiles sur un banc dans le parc, en compagnie de Zetsu. C’était bien ELLE ! Nom d’une pipe ! Amélie n’arrivait pas à y croire, et on pouvait voir sa bouche s’ouvrir sous le coup de la surprise... À peu de choses près, elle ressemblait au Coyote des cartoons quand il voyait Jessica Rabbit danser sensuellement avec sa robe à paillettes.

Noriko lui demanda si elle avait été bonne, et Amélie rougit, puis hocha la tête.

« Euh... Ouais... J’ai... J’ai sacrément plané, ça m’a fait un bien fou. »

C’était dingue ! Tomber sur elle, comme ça ! Amélie regarda la prof’, puis à nouveau Noriko, fronçant les sourcils.

« J’ai du mal à t’imaginer dans un cours de remise à niveau... Et la manière dont la prof’ t’appelle par ton nom... Vous vous connaissez ? »

Amélie pouvait faire preuve d’une certaine forme de familiarité, et, malgré le fait qu’elle soit une junkie, elle n’en restait pas moins dotée d’une certaine jugeote. Comme quoi, les deux n’étaient pas forcément incompatibles.

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Les Soeurs Yume

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 3 dimanche 01 juin 2014, 21:32:30



Du coin de l'oeil, Noriko surveillait Keiko. La mettre hors d'elle était un acte purement suicidaire. La petite brune était enthousiaste de revoir une de ses clientes, mais elle ne souhaitait pas s'attirer les foudres de sa partenaire-amie-colocataire. Grands dieux non. Elle attendit un petit moment avant de répondre à celle qu'elle appellerait « la môme » sans scrupules. Keiko avait les yeux rivés sur elles. Noriko pouvait lire dans son regard qu'elle avait envie d'une cigarette, et d'un rail en passant. Cela avait le mérite de calmer ses nerfs, quand ils se mettaient à bouillir. Allumant un projecteur, Keiko éteignit la lumière, continuant ses explications. Dans la pénombre, Noriko pourrait être plus discrète ; elle patienta jusqu'à cet instant pour s'adresser à nouveau à son ancienne cliente.

- C'est cool, qu'elle t'ait plu … J'en ai encore, tu sais. Plein.

Noriko cherchait toujours à refourguer sa came. C'était un réflexe amusant. Elle se voyait parfois comme la jolie blonde de « Smiley Face », qui se balade avec son pacson d'herbe et son sourire charmant en espérant en vendre pour se faire un peu de thunes.

- Quant à Keiko …

Elle lui montra du doigt son amie, en blouse blanche, droite et sérieuse, qui commentait de nombreux schémas d'un ton monocorde. Keiko détestait donner des cours. Elle aurait aimé rester dans son laboratoire, à expérimenter mille et une choses, seule, en silence, concentrée, passionnée par les atomes qui se rencontrent et les cellules qui s'agitent.

- C'est à elle que tu dois la poudre et les petites pilules qui t'ont fait planer. Tout ça, c'est fait main, par elle. Elle crée, je vends.

Noriko devait sans cesse contrôler ses chuchotements, qui n'en seraient bientôt plus. Dans le noir, elle avait tendance à penser qu'on ne la verrait ni ne l'entendrait. En vérité, pour la louper, il fallait le vouloir. La nippone n'était pas très discrète, ni réservée, ni … Mh, v'voyez ? Une caricature de mauvaise élève.

Elle se pinça les lèvres au moment où la lumière se ralluma. Keiko la regardait en secouant la tête. Un petit sourire, sur ses lèvres, sous-entendait que cette situation l'amusait quand même un peu. 'in, si ça avait été quelqu'un d'autre que Noriko, il s'en serait pris une, voire deux, mais dans l'état actuel des choses, la jolie petite brune ne craignait rien.

- Si tu en veux encore …

Noriko griffonna une adresse, sur un papier, avant de déchirer bruyamment sa feuille.

- Tu viens ce soir. Là. On a un arrivage. J'ajoute mon numéro, mh, et … Ouais, voilà, appelle-moi. Faudrait pas que tu tombes sur Keiko, tu vois. 'fin, je veux dire … Discrétion. Tu m'appelles.
- Noriko …

La voix de Keiko venait de chantonner son nom de façon plutôt effrayante.

- Pardon. J'me tais.






Amélie

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 4 mercredi 04 juin 2014, 01:24:40

Amélie avait clairement du se tromper de cours. Tout ça ressemblait bien trop à un cours de chimie, avec des schémas, des molécules, des formules compliquées... Et pas à un cours de japonais. La belle était perdue, et, si elle n’avait pas eu la chance de tomber sur cette femme, elle aurait probablement essayé de discrètement s’enfuir, surtout après son arrivée très théâtrale. Quand elle était seule, Amélie était bien plus timide, bien plus réservée. Seule, Amélie était dans un pays étranger, un pays qui lui était presque totalement inconnu, si ce n’est par le biais des dessins animés qu’elle avait pu voir sur M6 quand elle était encore petite, ou des mangas qu’elle avait pu lire. Cependant, entre les dessins animés et la réalité, il y avait quand même une différence. Certes, on pouvait voir des cosplayeuses et des pandas géants dans les rues de Tokyo et dans certains quartiers branchés de Seikusu, mais, globalement, la ville croulait sous le nombre, ainsi que sous les Japonais. Tout était illisible, indéchiffrable, et Amélie avait en permanence, ou presque, besoin de Zetsu ou de Mimi’ pour se repérer. Presque, en effet, car elle avait bien su se rendre toute seule à la fac’... Et, même si elle s’était visiblement trompée de cours, elle avait au moins rencontré une vieille connaissance.

Maintenant qu’elle était assise face à elle, les souvenirs d’Amélie revenaient. Cette drogue... Zetsu lui avait dit qu’elle était nouvelle sur le marché, qu’il avait eu de bons retours, et Amélie avait adoré la fumer. Elle avait joyeusement plané. Ainsi, quand la lumière s’abaissa, et que Noriko lui avoua en avoir d’autres, elle eut toute l’attention d’Amélie... Non seulement parce que Noriko était sacrément belle, mais aussi parce qu’elle disposait, selon Amélie, du sésame qu’elle recherchait : un moyen de s’évader, un moyen d’oublier sa vie minable, un moyen sûr et indolore de goûter à la texture des rêves. Tous les organismes de santé et les rapports médicaux auraient beau dire tout ce qu’ils voulaient sur la nocivité de la drogue, pour Amélie, elle était toujours moins novice que cette saloperie de vie dans laquelle elle vivait. Si la vie avait au moins daigné lui faire un seul cadeau, Amélie n’aurait jamais fumé, et elle ne serait même probablement jamais partie au Japon. Malheureusement, tout ce que la vie lui avait offert fut un viol, une mère toxico’ tellement défoncée et en manque qu’elle engueulait ses mômes à la moindre occasion, et des frères cinglés et psychotiques. Qu’Amélie se drogue était sans doute un moindre mal, car l’autre option, c’était de se jeter du haut d’un pont, faire comme tous ces jeunes Asiatiques qui ne se reconnaissaient plus dans le monde, et qui se jetaient du haut des ponts.

Noriko lui expliqua que c’était Keiko qui avait conçu cette drogue, et elle qui la vendait.

« Ah... » commenta Amélie.

D’un seul coup, elle comprenait mieux le lien unissant ces deux-là. Noriko semblait effectivement bien plus sociable que Keiko, et donc plus à même de vendre de la dope. Même avec des drogués et des junkies, on ne gagnait rien à faire preuve d’un peu de sympathie. Keiko présentait son cours, et les élèves notaient, tandis qu’Amélie avait abandonné l’idée de comprendre quelque chose. Ça fusait japonais dans tous les sens, et son esprit ne pensait maintenant plus au cours, mais à cette promesse que Noriko venait de lui faire... De la Yume ! Amélie n’allait pas cracher dessus.

« Vous formez un joli couple, quoi... »

Dans sa bouche, il n’y avait aucun sous-entendu sexuel apparent. Keiko fusilla à nouveau Noriko du regard, mais ça n’empêcha pas cette dernière de déchirer bruyamment sa feuille, faisant à nouveau se retourner quelques élèves, tandis qu’elle écrivit quelque chose sur son bout de papier, expliquant à Amélie qu’elle pourrait lui fournir à nouveau de la Yume. Cette information déclencha en Amélie une sorte de délicieux frisson, comme une doucereuse promesse à venir. Elle lui avait fourni un eadresse, mais, au Japon, les adresses étaient zarbis. Ce n’était pas un nom de rue comme « La Rue de l’Olivier », ou « Allée Hirohito », mais un ensemble de numéros ! Zetsu lui avait expliqué que c’était les gaijins qui étaient fadas. Donner des noms à des rues... Chaque numéro correspondait à une circonscription administrative, ce qui permettait un repérage bien plus facile. Quel intérêt de donner des noms à des rues, si ce n’est de perdre les gens et d’égarer les touristes ? Quand on comprenait le système, ce numéro était bien plus parlant que n’importe quel nom. Amélie reconnaissait la justesse du principe, mais, par un chauvinisme tout à fait hypocrite, doublé par son incompréhension de ce système, elle se refusait à le reconnaître.

Keiko se rappela alors à elles, ce qui eut pour effet de calmer Noriko... Pour un temps, du moins. Fronçant lentement les sourcils, Amélie se mit à sourire, sur le coin des lèvres.

« Vous êtes comme chien et chat, toutes les deux... Mais je vais pas refuser une si belle poudre. Juste, euh.. »

Incapable de parler en japonais, Amélie chuchotait dans un anglais approximatif, qui sentait bon le français, cette langue qui massacrait au scalpel l’anglais, en ne respectant aucune de ses intonations.

« J’ai un guide en ville, tu vois ? Un type cool, et tout... C’est lui qui m’avait emmené à toi la première fois, et... Euh... Il est pas méchant. Ça te dérange pas qu’il vienne ? Parce que, honnêtement... Ces rues japonaises, j’y capte que dalle ! »

Elle prononça les deux derniers mots en français, et se pinça les lèvres. Elle voulait aussi amener Zetsu pour avoir un garde du corps si jamais les choses déconnaient. Avec son pistolet-mitrailleur (déchargé, certes), il était VRAIMENT impressionnant ! Enfin, pour elle, en tout cas.

Non ?

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Les Soeurs Yume

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 5 jeudi 26 juin 2014, 14:40:06



Keiko ralluma la lumière au moment même où la phrase d'Amélie touchait à sa fin. Une pichenette sur l'interrupteur, tik, et la lumière fut. Noriko fronça les sourcils, éblouie. Elle était très sensible, au niveau des yeux. Quand le soleil était trop violent, elle devait porter des lunettes de soleil immenses qui lui mangeaient le visage. Keiko lui lançait ce genre de petits piques - allumer la lumière d'un coup sec, sans prévenir - quand elle voulait l'emmerder, pour une raison ou pour une autre.

- Pause cigarette. Noriko, tu restes. Ta nouvelle amie aussi.

Keiko avait plutôt bien anticipé les mouvements de son amie. Stoppée dans son élan, prête à se lever pour aller s'en griller une, Noriko fit la moue. La salle se vida, les sièges raclant bruyamment le sol. Keiko les regardait sans rien dire. C'était assez troublant. Il se dégageait d'elle quelque chose de glacial et d'inquiétant. Ses doigts tapotaient le rétroprojecteur lentement. Tap tap tap tap tap. Pouce, index, majeur, annulaire, auriculaire. Elle prit une lente inspiration, avant que ses talons ne claquent sur le sol, suivant un rythme régulier. Elle s'approcha des deux jeunes femmes, s'asseyant sur une table, près d'elles.

Noriko ne pouvait s'empêcher de sourire. Keiko ne l'impressionnait plus vraiment quand elle jouait la grande méchante louve. Elle pouffa. Keiko s'alluma une cigarette, avant de faire sauter un par un les boutons de sa blouse.

- C'est déjà pénible de faire cours devant ces mollusques, alors si tu me mets des bâtons dans les roues, Noriko, ça devient une torture.
- Je suis désolée, sincèrement. J'ai retrouvé une vieille amie.

Noriko donna un coup de coude à Amélie.

- Dis-lui ton nom, Keiko n'oublie jamais rien.
- Je ne vois pas qui est cette jeune fille.
- Raaaah, putain, c'est bon, c'est une cliente.
- Merde, Noriko, essaye de comprendre que vendre de la drogue pendant mes cours, c'est indécent !

L'intéressée s'enfonça dans son siège, grimaçant comme une enfant qui viendrait de se faire engueuler. Les cendres de la cigarette de Keiko s'écrasaient sur sa blouse, et elle n'en avait rien à foutre. La nippone retira sa blouse, dévoilant une robe noire impeccable, qui puait le chic et la haute-couture. Ses yeux noirs détaillaient l'adolescente de haut en bas. Elle incarnait la cliente de base, une gamine qui claque sa thune dans la drogue dès qu'elle en a l'occasion. Le regard qu'elle posait sur elle était lourd, oui, et gênant. On avait toujours la sensation que Keiko déshabillait les gens du regard, avant de les juger cruellement, quand elle posait ses yeux sur quelqu'un.

Keiko ne la méprisait pas, elle ne trouvait juste aucun intérêt à cette enfant. Elle aimait les gens surprenants et, pour le moment, cette adolescente n'avait rien de hors du commun, à ses yeux. Dommage.

- Vous avez 5 minutes pour finir vos petites affaires. Quand le cours reprendra, je vous veux sages comme des images.
- Jawohl, mein Führer ! ricana Noriko.
- Ne me pousse pas à bout, ou ta poudre blanche chérie pourrait bien disparaître de son tiroir, ce soir.
- Keiko !

Cette dernière quitta la pièce, se réfugiant dans un petit laboratoire, dans une salle voisine. Elle prit soin de faire claquer la porte.

Noriko secoua la tête, avant de regarder Amélie à nouveau.

- Viens seule, ce soir. 'fin, le mec peut te conduire dans la rue, tu vois, mais pas devant chez nous. J't'ouvrirais. J'te ferais entrer. Keiko sera sûrement en train de planer, avec deux ou trois japonaises nues, dans son lit, alors ne te fais pas d'inquiétude. Dis-moi juste, tu passes vers quelle heure ? Faudrait que j'ai les idées claires, à ton arrivée.

Noriko essayait toujours de bien gérer ses trips, calculant l'heure de la prise, le temps de la montée, celui de la redescende ... En vain. Elle était trop gourmande. Elle prenait autant de cocaïne qu'elle buvait de verres. Autant vous dire que le nombre était impressionnant. Elle essayait de faire comme Keiko, qui gérait tout avec un professionnalisme bluffant, mais elle se plantait souvent.






Amélie

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 6 samedi 28 juin 2014, 02:22:04

Noriko et Keiko, elles étaient... Comme chien et chat. La première était sympathique, ouverte, accueillante, la seconde fermée, froide, et autoritaire. La manière dont elle dévisageait Amélie, avec sa longue robe noire sexy friquée... Brrr, on aurait dit une espèce de comtesse médiévale ! Amélie n’avait plus qu’à l’imaginer avec un fouet pour parfaire le tableau. La petite Française réussit à dire comment elle s’appelait, mais ce fut presque tout ce qu’elle parvint à dire. Cette Keiko était flippante et intimidante, et elle n’avait visiblement  pas envie de lui parler plus que nécessaire. La Française baissa la tête, timide, écrasée sur elle-même.

« Dé... Désolée... » réussit-elle à articuler piteusement.

Elle froissa ses mains dans son dos. Elle avait du mal à comprendre ce qui lui arrivait, et Noriko lui avait ensuite indiqué de venir en personne. Zetsu pouvait l’accompagner, mais Amélie devait venir seule. Pourquoi seule ? Elle n’avait pas confiance en Zet’ ? Ou est-ce que ces deux nanas comptaient la découper en morceaux, et l’abandonner dans une poubelle ? Ouais, elles avaient l’air de ressembler à de vrais psychopathes, avec leurs caractères complémentaires et antagonistes ! La petite Amélie cligna des yeux à plusieurs reprises, pensant avoir mal entendu quand Noriko lui expliqua que Keiko serait au lit ce soir avec deux (ou trois) Japonaises, nues. Nues, quoi !

Amélie rougit de honte.

*Elles veulent me sauter ?!*

Il ne fallait pas oublier qu’Amélie restait encore une adolescente, une jeune femme qui avait connu comme seule expérience sexuelle un viol... Peut-être qu’elle devait proposer Mishi ? Mimi’ ne verrait sûrement aucune objection à être dans le lit de ces deux nanas, mais elle... Ohlàlà, tout ça lui semblait tellement... Dantesque ! Flippant, même ! Mais Noriko était sérieuse, et Amélie, pour le coup, ne savait plus quoi dire, surtout quand elle lui demanda à quelle heure elle comptait venir. Amélie était juste partie pour s’acheter de la drogue afin de se détendre avec Zet’ et Mimi’, pas pour... Euh... Pour faire quoi, justement ?

« Ben... Euh... J’sais pas... C’est genre souvent que... Euh... T’invites souvent des clientes chez toi ? Parce que, ben... »

Il y avait beaucoup de truchements et de « euh » dans sa phrase, mais elle était effectivement troublée, et perturbée. Elle parlait avec de grandes personnes, des filles qui voulaient l’inviter chez elles !

« Tu comprends, j’voudrais pas... Que ma présence cause des emmerdes entre toi et... Et Keiko. »

C’était une inquiétude plutôt légitime, quand on voyait la manière dont Keiko semblait être exaspérée par Noriko, et par Amélie. Elle ne voulait pas se sentir de trop... Surtout que, vu leurs vêtements, ces deux nanas semblaient être plutôt friquées. Amélie ne savait plus du tout où se mettre ! La pauvre ne pouvait tout simplement pas s’imaginer qu’on puisse vouloir d’elle... Qu’avait-elle donc de si particulier pour ça ? C’était son charme français ? Son accent ?

« J’veux pas vous vous déranger... » finit-elle par dire en froissant timidement ses mains entre elles.

Elle continua encore une fois à fixer ses pieds, n’osant pas regarder Noriko.

Il n’était pas spécialement difficile de comprendre qu’elle était du genre nerveuse et peureuse, surtout face à des inconnus.

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Les Soeurs Yume

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 7 lundi 30 juin 2014, 15:25:24



- Mais angoisse pas !

La main de Noriko frappa vivement la cuisse d'Amélie. La nippone tapait énormément de cocaïne, drogue réputée pour faciliter les relations sociales, ce qui l'avait transformé en créature très sociable. Un peu trop, même. Elle n'avait pas sa langue dans sa poche, et ne savait jamais ranger ses mains. Alors, oui, de ce point de vue, Noriko et Keiko étaient comme chien et chat : si l'une était trop froide, l'autre ne savait pas se tenir. Mais elles avaient le mérite de s'en foutre.

- On fait une soirée, et y'aura pas mal de clients qui passeront. Après, si ça te rassure de venir avec un pote ou deux, viens, mais quelqu'un de confiance. On a eu pas mal de soucis avec des petites frappes qui nous volaient des trucs.

Le souci, avec les consommateurs de drogues, c'est qu'une partie d'entre eux était un ramassis de têtes brûlées sur lesquelles il fallait veiller. Keiko embauchait souvent des vigiles pour surveiller ceux qui avaient un profil à risques. Ce n'était pas du délit de sale gueule, non. Elle se fiait plus à la façon de se tenir d'une personne, aux mots qu'elle choisissait au moment d'ouvrir la bouche, à la façon qu'elle avait de gérer ses soucis. Les petits adolescents de Seikusu s'étaient avérés être, pour la plupart, des gens sur lesquels il fallait garder un œil.

Noriko adressa un sourire à Amélie, un sourire qui se voulait rassurant. Parce qu'elle était sûre d'elle chacun de ses gestes était nimbé de ce sentiment, comme si elle ne pouvait jamais se tromper.

- Quant à Keiko … C'est pas ma mère. Elle n'aime peut-être pas que je ramène des adolescents chez nous, mais moi, j'aime pas sa façon de sélectionner que le haut du panier. Et pourtant, on ne se met pas sur la gueule. Tu peux venir. Tu ne nous déranges pas. Et Keiko ne te mordra pas. 'fin, si tu ne lui donnes aucune raison de le faire.

Tout le monde a peur d'elle, c'est hallucinant. Noriko n'avait jamais vu personne tenir tête à son acolyte.

- Avec un peu de Yume dans le sang, tu n'auras plus peur de personne !

Lança t'elle, avant de se lever, cherchant ses cigarettes dans sa poche. Elle en sortit une, l'alluma. On entendait, en sourdine, le bruit des talons de Keiko, ce qui lui donnait l'allure d'un requin, le genre de créature qui dessine des cercles autour de ses victimes. Elle avait cette aura, ce truc impressionnant et écrasant. Noriko renvoyait une image tout à fait contraire, mais au moins aussi forte.

La fumée blanche voleta jusque devant le visage d'Amélie. Noriko la regardait sans rien dire.

- Calme tes nerfs, lâcha t'elle finalement en lui jetant le paquet de clopes. Et arrête d'avoir peur, ça ne mène nulle part. Si t'aime autant les paradis chimiques, ce serait une erreur d'avoir peur de nous.
- Tout juste.

Keiko venait de sortir. Elle avait un long manteau sur le dos, un manteau noir très élégant.

- Tu pars ?
- Oui.
- Mais le cours n'est pas …
- Ils m'agacent, ils sont aussi réactifs que des moules sur un rocher.
- T'as utilisé quoi, comme excuse ?
- Ma grossesse me donne des nausées.
- Ahah, putain, t'es vraiment pas possible.
- On se revoit à la maison ?
- On se revoit à la maison.

Le regard de Keiko s'arrêta un petit instant sur Amélie. Elle la jaugea, silencieuse, son visage n'exprimant aucune expression.

Puis elle sortit de la pièce.

Noriko se tourna vers l'adolescente, à nouveau.

- Ça te dit de prendre le goûter avec moi ?

Connaissant Noriko, on se doutait que ça n'avait rien de très enfantin. Elle finit tomber ses cendres sur le dos d'une table, récupérant son sac à main au passage.




Amélie

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 8 mardi 01 juillet 2014, 01:20:44

Ne pas angoisser... Haha, elle en avait de bonnes, elle ! Ne pas angoisser, quand on se trouvait à l’autre bout du monde, dans un endroit où on ne captait rien, que ce soit les panneaux sur la rue, les sous-titres à la télé, ou les étiquettes... C’était une sacrée chance que les Japonais aiment autant l’anglais ! Sans ça, Amélie serait encore plus paumée qu’elle ne le serait déjà. Alors, ne pas angoisser, quand on lui proposait une soirée chez deux superbes nanas qui avaient l’air aussi perverses l’une que l’autre... Haha, sérieusement, cette fille était un vrai clown ! Bien sûr, tout ça, Amélie ne pouvait pas le dire, mais c’est ce qu’elle pensait. Au lieu de ça, elle se reçut un paquet de cigarettes, et l’observa en clignant des yeux. Noriko réalisait-elle qu’elle était en train de violer la loi ? Le Japon avait une politique extrêmement stricte sur le tabac, l’interdisant dans bon nombre d’espaces publics, parfois même dans la rue. Amélie n’osa rien lui dire, mais elle trouvait ça... Ben, en fait, Noriko était vachement cool ! Elle intimidait Amélie parce que cette dernière peinait à comprendre ce qu’elle lui voulait.

Elle lui expliqua qu’Amélie pouvait venir avec un ami, du moment qu’il n’était pas lourd. Elle avait confiance en Zetsu, mais elle se demandait surtout si le jeune homme accepterait de la suivre dans un manoir de richards. Zetsu se méfiait de la bourgeoisie, et il était surtout probable qu’il l’amène jusqu’au manoir, avant de décarrer. Il ne voulait surtout pas se mêler aux riches, et ainsi craindre que son père ne le retrouve. Entre fugueurs, il y avait une règle d’or : on ne parlait jamais de son passé. D’où on venait, ça n’avait aucune importance. Seul un fugueur pouvait le comprendre. Toutes ces conneries de psy’ sur la nécessité de faire des introspections, de confronter les démons de son passé, c’était bon aux débats télé’, mais, dans la vraie vie, si on avait choisi de se casser de chez soi, ce n’était pas pour qu’on vienne vous faire chier ensuite en vous reparlant du passé. Il fallait laisser le passé à sa place : dans les cauchemars des longues nuits d’hiver.

Noriko fumait devant elle, et le tabac ne la dérangeait pas. Amélie déglutissait, hésitant à s’en griller une. Ça ne valait pas la bio’, bien sûr, mais elle pourrait s’en contenter. Ce qui faisait hésiter cette petite délinquante, et bien, c’est qu’elle était justement dans un lieu public, et qu’elle ne voulait pas que Keiko s’énerve contre elle. Ouais, Amélie était légèrement contradictoire, car elle n’hésitait pas à fumer, à se piquer, ou à cautionner les vols de Zet’, ou encore à hurler contre ceux ou celles qui lui tapaient sur les nerfs, mais, d’un autre côté, elle pouvait aussi être extraordinairement effacée et timide... Comme en ce moment. Noriko et Keika déstabilisaient la jeune femme, qui ne savait pas ce qu’elles voulaient. Pourquoi vouloir s’enticher d’une vagabonde comme elle ? Elle restait coquette, essayant toujours de prendre une douche par jour en allant dans les bains publics, mais ce n’était pas simple, et il lui arrivait parfois de n’y aller qu’une fois tous les deux ou trois jours.

Keiko revint alors les voir, magnifique dans un long manteau noir, lui donnant encore plus l’air d’une dominatrice sado-maso. Amélie l’imaginait bien cravacher le cul des filles qui partageaient sa couche. Elle annonça avoir utilisé l’argument de sa grossesse pour écourter le cours, ce qui fit cligner des yeux Amélie. Keiko la regarda ensuite, et Amélie déglutit. Elle avait bien envie de lui demander si elle était vraiment enceinte (parce que, sérieusement, elle ne faisait pas vraiment enceinte, avec son corps mince aux proportions parfaites !), mais cette dernière partit, sans un mot.

*Bon... Au moins, elle t’a pas crié dessus.*

C’était toujours ça de pris. Amélie se retrouva face à Noriko, et la Française restait toujours aussi muette, presque comme si elle avait perdu sa langue. Elle en profita pour sortir une cigarette, l’alluma, et commença à fumer. Hum ! Ça faisait du bien. Noriko lui proposa alors de goûter avec elle... De la bouffe gratis ! Amélie n’allait sûrement pas dire non, hey ! Elle hocha la tête de haut en bas, avant d’extirper de la fumée, soufflant sur le visage de Noriko, lui rendant la monnaie de sa pièce, avant de sourire.

« J’veux bien, ouais... Et... Merci. Sérieux, c’est sympa, ce que tu fais. »

Vu la familiarité de cette femme, elle pouvait se permettre de la tutoyer. Par contre, Amélie ignorait totalement où se trouvait la cafétéria, et elle allait donc de se contenter de suivre cette belle poupée.

Curieusement, dans sa tête, il lui revenait toujours à l’esprit la remarque de Noriko sur Keiko, couchant avec plusieurs femmes en même temps dans son lit. Elle devait avoir un lit sacrément grand... Et Amélie avait du mal à s’ôter cette image de la tête, sans trop pouvoir se l’expliquer. Pourtant, elle savait qu’elle n’était pas lesbienne.

Du moins, c’est ce qu’elle croyait.

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Les Soeurs Yume

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 9 mardi 01 juillet 2014, 14:09:38




Noriko lui répondit d'un p'tit sourire, avant de lui faire signe de la suivre. Elle agita l'index, prenant son manteau – une veste en fourrure blanche tachée de cendres grisâtres et noires – et son sac à main. Elle était chic, dans son genre, mais, à côté de Keiko, la petite nippone faisait presque mauvais genre. Elle était moins élégante que son amie, surtout dans sa façon de vivre. En quittant la pièce, sa cheville se plia dans un angle impromptu, manquant de la faire chavirer. Ce genre de choses ne serait jamais arrivé à Keiko. Et ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autres.

La japonaise fouilla dans sa poche, en sortit un trousseau de clé minuscule. Silencieuse, elle se retournait de temps en temps pour s'assurer qu'Amélie la suivait. Pas question de la paumer dans ces immenses couloirs. Les bâtiments de l'université étaient pires que des labyrinthes, à ses yeux. Seule Keiko les connaissait par cœur. Le jour où elle avait voulu apprendre à Noriko comment se repérer ici … Et bien, ça avait pris un mois. Mais maintenant, elle connaissait sur le bout des doigts l'accès aux laboratoires, les codes, les clés et leurs serrures. Elles passèrent devant une cafétéria. Noriko ne s'arrêta pas. Non, elle cessa de marcher arrivée devant une porte rouge. Une main sur la poignée, l'autre sur le trousseau. Clic clic. La porte ne grinça pas en s'ouvrant.

C'est un laboratoire titanesque qui s'étendait devant leurs yeux. Six souris blanches, dans une cage, s’agitèrent en les voyant entrer. Les néons clignotèrent quand Noriko appuya sur l'interrupteur, leur lumière blafarde giflant les murs. Ting ting ting. La japonaise fit signe à Amélie d'entrer, avant de fermer prudemment derrière elles. Un coup d'oeil derrière les stores, fermés soigneusement, et elle s'approcha de la cage.

- Bonjour, mes petits !

D'un geste, elle l'ouvrit, plongeant la main à l'intérieur, attrapant une boite en métal dissimulée sous les copeaux. Les souris s'offusquérent un instant, avant de choisir de s'en foutre. L'une essaye de grignoter le bracelet de la nippone. Elle envoya valser le rongeur quelques centimètres plus loin.

- C'est un bracelet Hermès, petite créature, ne mange pas ça !

La boîte en métal fut vite jetée sur une table, dans un claquement sourd.

Noriko se tourna vers Amélie, qui devait ne rien comprendre.

- C'est le laboratoire attitré de Keiko, c'est ici qu'elle bosse, enfin en partie, le plus gros est chez nous. Elle a du coucher avec je-ne-sais-pas-qui pour l'avoir. Le directeur, ou la directrice … Oh, elle s'en fout, d'façon. Et moi aussi, tiens.

Elle secoua la tête. Ces deux-là avaient des mœurs légères.

- Voyons voir.

Ses mains parfaitement manucurées s’emparèrent de la boîte. Elle fouilla dedans, choisissant un pacson rempli d'une poudre blanche. Noriko donna quelques pichenettes dans le plastique, histoire de décoller ce qu'il y avait dedans.

- Cocaïne ? Speed liquide ? A moins que tu n'aie très faim et que tu préfères un para de MD ou un buvard de LSD, mais faut s'accrocher, ça dure quatre heures en moyenne.

Noriko battit des cils de façon très innocente, comme si elle parlait là d'un simple goûter, quelque chose de … légal.

- Tu ne t'attendais pas à vraiment manger, mh ? Sinon, y'a à boire dans le frigo, là, derrière toi, le truc avec tous ces autocollants vieux de mille ans.




Amélie

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 10 mercredi 02 juillet 2014, 00:31:15

Amélie suivit donc Noriko, qui enfila une veste en fourrure blanche. C’était un vêtement chaud et confortable. Amélie le lui aurait bien piqué, mais elle n’était pas Zetsu, et se contenta de la suivre, l’esprit embrumé. Tout ça allait un peu trop vite pour elle. Initialement, elle était venue ici pour un cours de langue, et elle se retrouvait maintenant à déambuler les couloirs de l’université en suivant une élégante Japonaise, qui s’avérait être une dealeuse perverse ayant comme amie une sorte de femme fatale semblant tout droit sortie du film de Brian de Palma... Ce film où la femme se tapait une actrice dans les chiottes pour lui tirer son costume en or lors du festival de Cannes. Curieusement, c’était cette scène qui revenait à l’esprit d’Amélie, comme une manière de la titiller, de lui montrer que sa limite hétérosexuelle n’était pas aussi franche que ce qu’elle croyait. Impossible de se départir de cette idée : Keiko dans un lit, couchant avec plusieurs Japonaises... Autant elle trouvait les Japonais assez quelconques, mais elle devait admettre que les Japonaises étaient plutôt mignonnes.

Elles arrivèrent devant le cafétéria, partiellement désert, mais Noriko continua tout droit.

*J’en étais sûre, elle va te violer !* lâcha une voix dans l’esprit d’Amélie.

Cette dernière la rejeta. Elle restait proche de Noriko... Bon, pas au point de lui tenir la main, mais ça s’en ressemblait. Elle avait l’impression que, si cette dernière disparaissait, Amélie serait perdue au milieu de tous ces Japonais, et de tous ces panneaux incompréhensibles. La Française continua à suivre Noriko. Ouais, avec son manteau de fourrure, elle faisait vraiment dealeuse... Il ne lui manquait plus que des lunettes sombres, style M.I.B., et ce serait parfait. C’était comme dans ces films avec les gars qui, en ouvrant leurs épais manteaux, avaient une infinité d’objets et de trucs dessous. Des prêteurs sur gages, ou un truc comme ça. Amélie la suivit ainsi jusqu’à une porte.

Noriko la déverrouilla, et Amélie, nerveuse, entra. Est-ce que Keiko serait derrière, avec un fouet, et des chaînes ? Et putain, pourquoi est-ce qu’elle pensait toujours au sexe ? Il fallait qu’elle se calme ! Noriko voulait juste avoir une cliente fiable. Les dealers savaient que les consommateurs étaient utiles. Dans ce milieu, le bouche-à-bouche fonctionnait très bien, et, quand on était des outsiders, voulant défier la mainmise des Yakuzas, ou de défier les Russes, il fallait trouver un moyen de se rendre attractif... Et encore plus quand on était une nana. C’était un laboratoire, avec des souris... Amélie repensa à nouveau à ce livre, qu’elle avait lu jadis, sur une souris qui devenait intelligente grâce à un docteur, qui appliquait ensuite ce traitement sur un clochard... Des fleurs pour Algernon. Il y avait six petits Algernon qui se mirent à se rapprocher de Noriko, tandis que cette dernière sortit une petite boîte abritant la poudre du bonheur.

Amélie comprit alors que Noriko voulait juste lui proposer de se détendre. Elle en avait profité pour lui dire que Keiko avait du se taper le directeur... Amélie s’imagina l’un de ces vieux directeurs pleins de rides, au crâne dégarni avec de grosses lunettes carrées, comme dans les mangas... Le vieux pervers de base qui rêvait de caresser le cul des minettes, et qui se tapait sa secrétaire.

« Euh... Ben... »

Ça, elle trouvait que c’était vachement cool ! Amélie hocha la tête, et se rapprocha.

« J’veux bien de la coke... Si y a une soirée ce soir, j’ai pas envie d’être stone avant qu’elle commence... »

Elle se prit donc un peu de cocaïne, s’en enfilant une ligne dans le nez. Sa vision fut légèrement éblouie, ses sens en ébullition... Mais elle se sentait bien mieux. Le stress partait, elle se calmait, et observa Noriko avec un sourire.

« Putain, elle est bonne... »

Ooooh, si ça faisait du bien ! C’est dans ce genre de situations qu’Amélie arrivait à accepter le fait qu’elle se trouvait bien loin de son pays natal, et qu’elle était complètement paumée. Son esprit était cependant toujours embrouillé par ce que Noriko lui avait dit concernant Keiko, et Amélie était maintenant un peu plus prolixe, la drogue circulant dans ses veines l’aidant à y voir plus clair.

« Dis... Pourquoi Keiko me déteste ? C’est parce que je suis Française ? »

Les étrangers n’avaient pas vraiment la côte au Japon, surtout quand ils étaient des fugueurs en fuite.

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Les Soeurs Yume

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 11 mercredi 09 juillet 2014, 19:38:06



Prendre soin de ses clients était une régle de base, chez Noriko. Elle veillait scrupuleusement à se faire une bonne publicité, puisque les affaires marchaient ainsi. Keiko donnait une image de la drogue très propre, très bien gérée, une image très plaisante qui séduisait une certaine cible. Noriko, c'était l'explosion, l'effusion, c'était la drogue bouillonnante qui brise les frontières et la bienséance. A elle deux, elles touchaient donc une majorité de cibles. Il restait ceux qui fabriquaient eux-même leur came, et ceux-ci, elles les gardaient comme bons potes mais se donnait comme règle de ne jamais rien leur acheter. Un dealer qui confectionne lui-même ses paradis chimique ne peut acheter les clés d'un autre paradis. Et puis, elles estimaient avoir la meilleure marchandise du marché, chose qui se vérifia au moment où Noriko sentit son palais s'anesthésier après un rail.

Haaa, putain, quel bonheur.

Dans les films, on voyait souvent les gens se frotter de la cocaïne sur les gencives afin de « goûter » de la coke. La cocaïne n'est pas réputée pour ses saveurs. En vérité, de cette façon, ils testaient la qualité de ce qu'ils allaient acheter : plus la blanche était bonne, plus les muqueuses étaient anesthésiées. Autant vous dire que celle de Noriko et Keiko valait le détour.

Noriko joua pendant un moment à passer sa langue sur son palais, enjouée. Cette sensation l'émerveillerait toujours, ainsi que ce goût amer et médicamenteux qui coulait dans sa gorge. Elle ne s'interrompit que pour répondre à Amélie.

Keiko ne te déteste pas, voyons.

La nippone fixa l'adolescente un moment. Les souris, réveillées, faisaient un tapage abominable. Elle se leva brusquement, leur distribuant de la nourriture. En dix secondes, elles se turent. On n'entendait plus que les claquements de leurs dents sur les bâtonnets de nourriture industrielle.

En plus, elle raffole des bonnes manières françaises, de Paris, du vin, tu sais … C'est très exotique. Elle aime les façons des françaises, ah, et leur élégance, putain. Non, non, elle n'a rien contre toi. Elle est très froide, c'est sa nature. La première fois qu'on s'est parlés, elle m'a engueulée parce que je l'avais tutoyé, tu sais.

La japonaise débitait des phrases les unes après les autres, très vite. Elle sentait que son cœur venait de se réveiller, et tout son corps avec. C'était comme si elle sortait d'une longue léthargie.

Après, c'est vrai que tu corresponds plus à mon milieu qu'au sien, si tu vois ce que je veux dire. Keiko aime les gens élégants, propres sur eux, qui savent se tenir. T'as pas vraiment donné cette impression, ma grande !

Tout en parlant, elle se dirigeait vers le frigo. Elle buvait essentiellement du jus de litchi, depuis quelques temps. Noriko fonctionnait comme ça : elle faisait une fixette sur quelque chose pendant un temps, avant de changer complètement. Ainsi, à tour de rôle, elle s'était limitée à la vodka, puis au café, puis au jus de litchi.

Elle extirpa vivement une canette de jus de litchi, l'ouvrit, avala une grosse gorgée, poussa un soupir de plaisir. Elle ne buvait pas pour effacer ce goût, au fond de sa gorge – ce serait en vain – mais pour tuer dans l’œuf une autre sensation qui montait : sa langue devenait un peu pâteuse, et réclamait à boire sous peine de devenir gênante.

Si tu veux qu'elle arrête d'être méprisante, rentre dans son jeu, suis ses régles, mets-lui en plein la vue. Elle aime jouer.

Un conseil très peu sage, mais que Noriko trouvait juste. Face à Keiko, il ne fallait ni être hautain, ni se montrer inférieur. Il fallait clairement jouer dans sa cour, avec ses régles, la surprendre.

Et toi, alors, raconte-moi ? Toujours libre ? Sans attaches ? Des projets, mis à part te défoncer la gueule à coup de Yume ?

Noriko disait cela en souriant, et non pas avec cet habituel ton réprobateur que l'on prête aux adultes.




Amélie

Humain(e)

Re : Choc social [Les Soeurs Yume]

Réponse 12 jeudi 10 juillet 2014, 01:32:21

Les stéréotypes des étrangers sur la France, en particulier sur Paris, étaient toujours amusants, surtout quand ils venaient d’Asie du Sud-Est. S’il fallait associer une expression à Paris aux yeux des Japonais, ce serait tout simplement « Tour Eiffel ». Zetsu lui avait expliqué que les Japonais adoraient cette structure, à tel point qu’ils avaient fait une réplique à Tokyo : la fameuse tour de radio rouge, la tour de Tokyo. Paris, son exotisme, les restaurants et les bars élégants le long de la Seine, sous un soleil couchant, manger un plat le long des bateaux-mouches en voyant Notre-Dame... Amélie avait déjà mangé sur les quais de Paris, le soir, un Kebab infect dans la bouche, ou un sandwich sous cellophane, en voyant Notre-Dame, les péniches à quai, ou la flamboyante Tour Eiffel. Non, Paris n’était pas romantique. Elle était tout, sauf romantique. C’était un foutu enfer rempli de prédateurs, de tueurs, de psychopathes, et de malades mentaux. Amélie se droguait à cause d’eux, pour oublier. Il n’y avait que ça qui l’aidait à ne pas se suicider : se rendre complètement stone quand le passé refluait dangereusement, se déchirer tellement la gueule qu’elle en planait totalement. Elle aurait pu boire à outrance, mais elle avait trop peur de s’égorger avec le tranchant d’une bouteille en ayant un éclair de lucidité... Et puis, d’après Zet’, la dope était plus facile à obtenir que l’alcool.

Noriko se déplaçait à gauche et à droite, en lui expliquant que, pour plaire à Keiko, il allait falloir la jouer à la bourge... Amélie, une bourge ?! Impossible ! Même avec son charme français, elle était bien incapable de faire des courbettes, ou ce genre de choses, surtout que Keiko la faisait flipper... Non seulement pour ses manières froides, mais aussi parce qu’elle avait l’air d’être une nymphomane en puissance, du genre à embarquer les filles dans son lit immense pour leur faire l’amour toute la nuit... Amélie avait du mal à croire que tout ça n’était pas qu’un canular, qu’elle allait passer sa soirée dans un manoir. Un manoir, quoi ! Elle n’osait y croire, ‘y avait forcément une couille quelque part !

*Lui en mettre plein la vue... Elle veut que je lui récite du Baudelaire ?*

Amélie n’avait absolument aucune idée de comment faire. Il allait falloir qu’elle demande à Zetsu des conseils. Impressionner les gens, jouer un rôle, c’était sa spécialité. Il se faisait passer pour un Yakuza, après tout... C’était son chevalier servant. Bon, il avait un costume rapiécé, un pistolet-mitrailleur déchargé, mais il savait se donner un rôle, et, sans lui, elle se serait probablement suicidée. Ouais, elle allait lui en parler... Et elle l’engueulerait sûrement pour ce cours, car il avait du se tromper quelque part. Noriko continuait à parler, et lui posa alors une question plus intime : ce qu’elle comptait faire.

La Française ne répondit pas sur le coup, regardant le sol, fixant ses pieds. Que faire d’autre ? C’était, en réalité, très simple. Elle ne regarda pas Noriko, tandis que des voix dansaient dans sa tête. C’était ça, le plus terrible. Elle avait beau avoir fui à l’autre bout du monde, elle avait beau s’injecter autant de cette saloperie que possible dans les veines, les souvenirs, eux, ne voulaient pas disparaître. Les hurlements hystériques de sa mère, elle attachée sur le lit de sa mère, pleurant en voyant son frère se rapprocher d’elle, et sa mère, dans l’autre pièce, tellement défoncée, tellement out, qu’elle n’avait rien vu.

« Les ‘‘bonnes manières françaises’’, dit-elle alors, en utilisant le français pour cette expression, ça n’existe pas. Paris, ça n’a rien de romantique, d’exotique, ou je sais pas ce que Keiko peut s’imaginer. Y a que les touristes qui croient ces conneries. »

Si parler de son passé était la seule manière possible de se rapprocher de Keiko, Amélie allait devoir se forcer. C’était une règle d’or : les fugueurs n’évoquaient jamais leur passé entre eux. Il suffisait d’un regard pour se comprendre. Pas de curiosité morbide, juste une tacite et silencieuse compréhension. Amélie savait ce qu’elle était : une gêne, une noirceur, ce petit cheveu dans la soupe qui venait vous dire qu’un grain de sable s’était immiscé dans les rouages de la machine et la grippait lentement, comme un poison corrosif, une tâche de pourriture et de rouille qui grossissait au fur et à mesure. Les riches détournaient son regard d’elle, sauf quand elle leur offrait de l’argent. Noriko et Keiko n’étaient pas si différentes que ça, à ses yeux : si Noriko venait pour elle, c’est parce qu’elle était une cliente. Ce n’était rien de plus que du business.

Amélie était très lucide sur sa situation catastrophique, ce qui ne faisait que renforcer davantage sa détresse, car elle ne se faisait pas vraiment d’illusions. Impossible pour elle d’envisager l’avenir à long terme, car, sur le long terme, elle ne pouvait s’imaginer que dans une petite boîte, son corps incinéré ou offert aux scalpels d’étudiants en médecine maladroits. Elle redressa donc la tête vers Noriko.

« Je suis une Française exilée au Japon... Une Française à Seikusu, comme dirait Sting. »

Elle l’avait dit en anglais : « a Frenchwoman in Seikusu ». Au moins, elle connaissait ses classiques.

« Je suis des cours pour comprendre votre foutue langue, mais je pédale dans la semoule. Si je n’avais pas eu d’excellentes notes en anglais, et si votre pays ne fantasmait pas sur les Américains, je crois que j’aurais pas réussi à passer la douane. J’ai eu la chance de rencontrer quelqu’un qui m’a aidé... Sans rien me demander en retour... Alors, mon seul projet, dans l’immédiat, tient en un mot... Survivre. »

DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.


Répondre
Tags :