Il y avait beaucoup d’esclaves à sauver. Comment aviez-vous pu être aussi aveugle ? Il n’était pourtant pas l’heure de se sermonner, mais tu ne pouvais t’empêcher de te sentir coupable en voyant tous ces prisonniers, toutes ces victimes. Combien d’autres avaient déjà péri sous les assauts de ces monstres ? Indéniablement, vous aviez manqué à vos obligations, à votre devoir. Quand on surveillait tout l’univers, il était parfois difficile de voir les petites exactions, et, maintenant que vous étiez là, tu ne pouvais que te reprocher ta lenteur à avoir agi. Il était temps d’en finir avec ces chiens, et, plus que jamais, tu avais senti ta résolution s’emparer de toi. Elle bouillonnait dans tes veines, te rendant plus agressive, plus sauvage, bien plus mortelle. Tu ne comptais pas les laisser s’échapper, tu ne comptais pas leur offrir une victoire facile. Lacruze ne tombera pas ! C’est, en tout cas, ce dont tu essayais de te convaincre, mais, malheureusement, les démons continuaient à se rapprocher. Toi et Narïm continuiez à harceler les néarass pour récupérer les esclaves, mais ces derniers avaient rejoint le fort, et s’acharnaient désormais sur le corps de garde du mur intérieur. L’huile bouillante et les flèches peinaient à les repousser, et, malgré tout l’acharnement des Lacruziens, ils manquaient d’armes vraiment efficaces. Un comble, de la part d’un Empire démoniaque, mais Lacruze n’était pas le fort frontalier le plus solide de l’Empire. Cette horde avait choisi d’attaquer une région qui était relativement pacifiée, ce qui expliquait la lenteur des Ashnardiens à envoyer des renforts. Vous ne pouviez tout simplement pas les abandonner ici, ce n’était pas acceptable.
Les Lacruziens, eux, en arrivèrent effectivement à de redoutables extrémités. Le duc ordonna qu’on repousse les néarass, quitte à sacrifier leurs prisonniers. De toute manière, ces femmes étaient déjà condamnées. Les anges étaient submergés par le nombre, et le duc commençait à sentir à nouveau son courage vaciller. Cependant, si lui-même se mettait à fuir, ce serait terminé. Il entendit les femmes hurler, et ferma les yeux, priant silencieusement pour que Dieu daigne le pardonner. Il n’avait pas le choix. Il fallait à tout prix protéger le rempart intérieur. Avisant les autres démons s’escrimant sur le second corps de garde, il ordonna à une compagnie d’archers et d’arbalétriers de venir soutenir les défenseurs se trouvant sur place.
« Monseigneur, ils semassent sur la tour coupée ! »
Le duc tourna la tête vers la tour. Elle était séparée du mur, mais ceci ne sembla pas décourager les berserkers. Ils s’élancèrent, et sautèrent alors par-dessus le précipice, sous le regard médusé et horrifié du duc. Ils étaient menés par une sorte de berserker plus gros que les autres, et le duc devinait qu’il s’agissait de leur chef. Ils s’enfonçaient contre ses spadassins, et le duc ordonna de les contenir. Il brandit son épée, et s’élança lui-même, suivi par ses hommes.
« Tuez leur chef, ça découragera les autres ! »
Un berserker les chargea, et le duc brandit son épée. Sa lance s’abattit sur ce dernier, et il serra les dents. La masse du berserker le repoussa, et le démon récupéra sa lame, afin d’attaquer à nouveau. Le duc tenait son épée dans son autre main, et attaqua encore. La lance heurta à nouveau le bouclier, et il envoya son épée en avant, l’enfonçant dans le ventre du berserker. Le démon grogna de dépit et frappa alors le duc au visage. La force surhumaine du démon souleva le duc, qui dévala un escalier, et s’écrasa en contrebas, ayant perdu son épée, qui était resté dans le ventre du monstre. Sonné, le duc gisait sur le sol, la joue ensanglantée, ses oreilles sifflant. Entre-temps, le berserker qui l’avait repoussé sauta sur le sol, avançant vers lui. Du sang s’échappait de sa plaie, mais le démon ne comptait pas s’arrêter. Le duc rampait misérablement.
Les néarass continuaient, pendant ce temps, à s’acharner sur le corps de garde principal, brisant les fers en acier de la herse de sécurité.
« On n’arrive pas à les repousser !
- Continuez, ne vous arrêtez pas ! »
Cette horde semblait interminable, et les Lacruziens se battaient avec l’énergie du désespoir, convaincus que leur fin était venue. Le corps de garde ne parvint guère à les repousser plus longtemps. De l’autre côté, il y avait des hallebardiers et des spadassins, qui virent une main sinistre, enveloppée dans une épaisse armure métallique, jaillir de la porte, les menaçant. Une autre apparut alors, et la porte ne tarda pas à exploser. Les néarass chargèrent alors, fondant dans la mêlée. Les hallebardes se brisaient contre leurs lourdes armures, les épées des spadassins parvenaient à peine à les entailler.
La masse d’un soldat s’abattit sur la joue d’un néarass, entaillant son armure, mais sans le tuer. Le démon, furieux, envoya son poing clouté fracasser la tête du soldat, lui brisant la nuque sous l’impact. Il se dirigea ensuite vers un autre ennemi, un spadassin qui tenait une claymore à deux mains avec laquelle il avait réussi à tuer un démon. Le néarass s’avança vers lui... Quand une silhouette massive s’abattit devant lui. Tout ce qu’il vit fut une masse aussi épaisse que lui, puis le contact d’une lame brûlante qui le transperça.
« Repoussez ces chiens ! leur hurla Narïm. Vous devez tenir !! »
Le solide Ange envoya sa lourde épée heurter la lance d’un ennemi. Sa lame brillait, alimentée par des runes magiques. Elle avait été forgée pour tuer des démons et des créatures malfaisantes, et se gorgeait du sang sur la lame, un sang que les runes avlaient, renforçant ainsi leur efficacité. Narïm tendit sa main, et envoya une onde de choc qui repoussa un néarass, puis balança des arcs électriques lumineux avec ses doigts sur un autre démon, qui poussa un couinement de douleur. Un démon le chargea alors, avec des gantelets équipés de longues griffes. Les lames s’enfoncèrent dans son flanc, et Narïm sentit la douleur irradier.
« Vermine ! »
Le néarass restait contre lui, et Narïm serra le poing, puis frappa le visage du démon, explosant une partie de son casque.
Sur le rempart intérieur, les berserkers repoussaient les spadassins, et s’attaquaient aux archers. Quant au duc de Lacruze, le malheureux rampait, en essayant de s’échapper au berserker, qui le retourna. Le duc se retrouva couché sur le sol, et vit le berserker attraper son épée, avant de la brandir. Quand il la retira, son sang jaillit sur le visage du duc, mais, malgré les traces de sang, il vit la lame se redresser... Et s’abattre violemment sur son torse. Le démon se pencha ensuite, attrapa les cheveux du duc moribond, puis tira, tout en immobilisant son corps, et le décapita ensuite, dans un bruit sinistre, déchirant ses os et ses muscles avec sa force terrifiante. Leur chef mort, le courage des Lacruziens risquait de décroître.
Les berserkers se tenaient sur la plateforme, achevant les survivants. Un homme avait la jambe broyée, et rampait, laissant derrière lui une traînée de sang. Le berserker brandit sa lance... Quand il se mit à fondre sur place. Horrifié, le soldat vit un intense rayon lumineux le recouvrir, faisant fondre sa peau. Il se mit alors à calciner sur place et le soldat vit alors qu’une lance magique, extrêmement brillante, se trouvait dans son ventre. D’autres lances similaires frappèrent d’autres berserkers, les faisant flamber, un feu interne venant les dévorer.
Tu atterris alors sur le rempart. Tes yeux bleus étaient maintenant devenus rouges. Tu avais usé d’un sort pour multiplier ta lance, créant des clones magiques qui venaient de prouver leur efficacité, et tu te tenais face aux berserkers. La magie irradiait de ton corps. Trop de sang avait été versé. Un berserker se rua vers toi, mais ta lance lui transperça le cou, ressortant de l’autre côté. Ses yeux hagards te fixaient stupidement. Tu avais chargé Arinna et Nazra de s’occuper des prisonnières, afin de te concentrer sur eux.
« Il semblerait que je vous ai sous-estimé... Une erreur que je compte bien réparer. »
Les berserkers te regardaient, indécis. Tu els chargeas alors, et ton genou heurta le ventre d’un des leurs. Ta main se tendit vers ta gauche, envoyant des espèces de cristaux lumineux qui atteignirent le torse d’un berserker, avant d’exploser, le balançant sur le sol. Semblant émerger, un berserker te chargea dans le dos, brandissant sa lance, mais, alors qu’il l’abattait, tu t’élanças en hauteur, et, plutôt que de te toucher, sa lance transperça son coéquipier. Toi, tu profitas de ton élan pour décrire un salto aérien, arrivant derrière ce berserker, et ton poing s’enfonça dans son dos, ressortant de l’autre côté. Ton bras était couvert de sang, et ta main tenait encore son cœur. Tu la retiras sèchement, et envoyas d’autres cristaux lumineux vers un berserker... Qui se protégea avec sa lance. Son arme explosa en deux, et il fonça vers toi. Désireuse de ne pas te faire encorner, tu t’envolas à nouveau, mais le berserker tendit sa main, et l’agrippa autour de ta cheville, puis te balanças vers la ville. Ton corps fut emporté par sa puissance, et tu traversas le toit d’une maison, puis l’étage, un mur intérieur, une pièce, une fenêtre, pour traverser ensuite la rue, et t’écraser dans une autre maison, défonçant la porte d’entrée pour t’affaler lourdement sur l’escalier.
Iranaël, quant à elle, sentait le poids du démon se rapprocher d’elle. Sa lame était plantée dans son flanc, mais la douleur ne semblait pas l’arrêter, et il s’était transformé, sa gueule atteignant une taille démesurée pour la dévorer. Elle courbait son dos vers l’arrière, sentant les dents triangulaires du monstre se rapprocher. Malheureusement pour lui, l’Ange ‘navait plus qu’à attendre quelques secondes. Les runes de Justicia n’avaient pas été utilisés depuis qu’elle était arrivée, et la lame était maintenant rechargée. Iranaël avait toujours sa main sur la lame.
« Argh... C’est... Terminé, démon. J’ai... »
Les runes s’enclenchèrent alors, et créèrent une explosion magique qui pulvérisa une partie du corps du démon. Son sang vint tomber sur le corps d’Iranaël alors qu’elle repoussait le corps du rempart, ce dernier ayant subitement perdu de toute sa puissance. Elle récupéra sa lame, et la brandit.
« …VAINCU !! » hurla-t-elle en sentant la magie exploser en elle.
Un rayon doré frappe de plein fouet Iranaël, et créas une terrifiante onde lumineuse, qui recouvrit tout le château, aveuglant démons comme Lacruziens le temps de quelques secondes. Iranaël flottait ensuite dans les airs, observant la scène de bataille. Elle ignorait si le seigneur démoniaque était mort, mais elle supposait que cette fin serait trop facile. Malheureusement, elle n’avait pas le temps de s’occuper de lui, et préféra rejoindre Narïm. Les démons étaient en train de s’enfoncer dans la ville, et il fallait empêcher ça. De la ville, ils rejoindraient sans problème la cathédrale.
Mais les anges étaient toujours là pour se battre.