I may have lost face but I haven't lost heart. [Jug... Jahoza]

Les Gardiens des Temples ne quittent que rarement le temple qui leur est attribué. Et la plupart du temps, c'est pour amener de nouveaux adeptes, de futurs convertis au culte de Nyx. le Gardien du Temple d'Ashnard était un ancien combattant qui avait raccroché les armes depuis de nombreuses années. Il aimait particulièrement la nuit, cette période de calme et de sérénité, et c'était tout naturellement qu'un adepte de sa Déesse lui apprit le culte. Il devint Gardien un peu par la force des choses, l'ancien étant décédé, et personne d'autre le voulant dans l'immédiat. Ce poste l'enchantait, car il pouvait ainsi prouver qu'il était digne de servir sa déesse.

Il y a deux mois, une adepte, une certaine Julia, lui avait parlé d'un Djinn, un être issu de la magie astreint à de basses tâches par celui qui le contrôlait. Il pouvait être violent, mais il savait utiliser les bienfaits de la nuit pour mener ses missions à bien, et c'est ce qui l'avait interpellée. Le Gardien avait commencé par être sceptique, avant de le voir exécuter une de ses cibles, dans la plus grande discrétion, et fut convaincu qu'il pourrait être un excellent porteur du Voile de Nyx. Il était temps de faire tomber le sien pour l'emmener jusqu'au Temple, ou il ne serait plus contraint par les ordres qui lui ont été donnés. En effet, les Temples de Nyx ont la propriété d'isolant magique, si bien que tous les sorts passant la porte restent de l'autre coté, et réinvestissent leur victime à leur sortie. Du moins, si le sort n'a pas été levé auparavant. C'était grâce à cela que les Formiens passant la porte du Temple du Nid ne se jetaient pas sauvagement sur la Gardienne du Temple du Nid pour la violer sauvagement. Enfin, la plupart du temps... Et puis, de toute façon, elle sait s'en accommoder. Certaines légendes racontent qu'elle est encore vierge... Mais elle ne l'a jamais démenti ni confirmé.

Il se fit passer pour un vendeur de joyaux importants, et se présenta au maître du Djinn. Il s'agissait d'un escroc sans scrupules prêt à tout pour avoir plus d'argent. C'est pourquoi il lui parla d'un véritable joyau, qu'il voulait lui vendre pour 100 000 pièces d'or. Bien entendu, pour éviter que le Djinn reçoive l'ordre de le tuer puis de prendre le bijoux, il prétendit ne pas l'avoir sur lui, et demandait une avance de la moitié du prix pour qu'il revienne ensuite le voir avec ce bijoux. Bien entendu, il lui avait emmené des images de synthèses, réalisées à Tekhos, pour lui montrer l'une des pierres les plus précieuses au monde, sachant ainsi qu'il allait attiser sa curiosité et ainsi envoyer le Djinn à ses trousses. Il sortit donc de la maison du vieux, et se mit à marcher tranquillement, se sachant suivi. S'il l'avait désiré, il aurait pu revêtir le Voile de Nyx et ainsi se rendre indécelable pour lui, mais il voulait l'emmener au Temple, où il pourraient discuter en pleine liberté. Le Temple d'Ashnard n'est visible que pour les adeptes de Nyx et les porteurs de son Voile, et la seule exception était pour les futurs adeptes de Nyx. Le Djinn faisait partie de ces exceptions. Il ne vit donc pas le Gardien s'effacer, comme d'autres le fixant auraient pu, mais plutôt entrer dans un immense temple qu'il n'avait alors jamais vu à cet emplacement. Ce détail pourrait l'inquiéter mais, forcé par son ordre, il devrait le suivre. Dès que le Gardien passa la porte, il revêtit son Voile, se rendant ainsi invisible, et attendit l'arrivée de Jahoza, le Djinn en question. Il fit alors :

Je vous souhaite la bienvenue dans ce sanctuaire, Djinn Jahoza.

Il pouvait alors voir, au milieu, une immense statue de Nyx, à moitié visible, comme si un voile magique l'entourait, ainsi que deux immenses tables élongées, une prenant la partie gauche du Temple, et l'autre la partie droite, avec des bancs. Il y avaient deux personnes attablées, une au beau milieu de la table de gauche, et l'autre au fond de celle de gauche aussi. Ils étaient en train de manger en silence, sans même faire racler leurs couverts sur les assiettes. D'ici, le Djinn ne pouvait pas savoir ce qu'ils étaient en train de manger. Fait assez étonnant dans ce silence, ils ne tournèrent pas la tête vers eux. Les seuls sons brisant ce silence étaient ceux causés par les pas du Djinn et des paroles du Gardien du Temple, alors indécelable. Il voulait savoir quelle serait sa première réaction en tant que Djinn libéré de ses contraintes.

La bicoque de ce bon vieux Suliman n’avait rien de reluisant. Une masure composée de deux pièces à peine, rempli de bibelots et autre vieillerie. Nul n’aurait pu se douter du terrible secret que ce vieux filou renfermait dans son arrière salle… un Djin, d’une puissance sans égal. Et obéissant un gentil chien.

Nul, sauf ce maudit prêtre qui avait tenté de l’arnaquer ! Pourquoi était-il venu si ce n’est pour se jouer de lui… il en demandait un prix bien trop gros. Et le vieux vicelard savait qu’il ne pourrait jamais la revendre et s’en faire un bénéfice. Qui plus est, il n’avait pas une pareil somme sur lui. Mais il possédait Jahoza.
Aussi, laissa-t-il cet arnaqueur de bas étage sans aller, un sourire malveillant aux lèvres.
A peine fut-il parti, que Suliman se précipita dans son arrière salle. Il arracha le Kala du mur pour le jeter dans une bassine d’eau croupi qu’il laissait toujours rempli en cas de besoin urgent.

- Jahoza Kala Méara ! Tu te lèveras et m’obéira… Je veux que tu suives cet homme qui a tenté de me vendre ce joyau. Trouve sa cachette, trouve son joyau, tue le et rapporte le moi…

L’eau se mit à bouillir, de grosse bulle aux teintes colorés firent moussé l’eau en pleine réaction chimique et un bras sortie de l’eau pour s’agripper au rebord de la baignoire. Puis une seconde, ce qui permit au djin d’extirper son corps de l’eau.
Il se redressa d’un bond, main au fourreau, yeux étincelants d’une rage et d’une cruauté sans égal. A l’image de l’ordre de son maître il serait. Il c’était levé pour suivre, pour voler et pour tuer, ainsi en sera-t-il.

Sans s’accorder un mot, Jahoza sorti de la bassine d’eau et se dirigea vers la porte d’entrée. Voilà des années qu’il ne s’adressait plus la parole, des années qu’il était confiné au silence et à la soumission la plus absolue. Il allait encore une fois s’acquitter de sa tâche et revenir comme l’esclave qu’il était.

Les rues étaient bondées de monde, et le djin en profita pour suivre calmement sa cible. Optant pour l’apparence d’un jeune homme au trait très doux… comme un touriste perdu dans une grande ville. Mais sous cette illusion, ses yeux d’or scrutèrent sans cesse sa cible, ne le perdant pas une seule seconde. Il l’analysa, le jugea, tentant d’anticiper et de prévoir ses déplacements. Evaluant le résultat d’une hypothétique attaque frontale… réfléchissant à ses chances de le surprendre ! Sa démarche était celle d’un homme confiant. Confiant de quoi ?
Il allait surement, toute en prenant soin d’être aperçu… de sorte que même un amateur aurait pu le filer. Il ne se retourna pas une seule fois, facilitant la mission du djin qui n’était pas dupe. Juste contraint à obéir bêtement, malgré toute son expérience et son sens inné pour flairer un danger.

Un temple, jusqu’alors inconnu de Jahoza… était-ce parce qu’il n’avait jamais mis les pieds dans cette partie de la ville ? Peut-être, en tout cas cela le dérangea. Une forte source d’énergie émanait de ces lieux, et l’inquiétude du djin grandit.
Il s’arrêta devant la porte, hésitant une seconde… pas sur le fait d’y entrer ou pas, car il y était forcé, mais sur le comment y entrer.

Il fit les choses simplement… son corps devient celui d’un adolescent au trait agréable et délicat, une pointe d’espièglerie caché derrière un visage meurtrie. Feindre le jeune homme battu par un père indigne… se réfugiant dans un temple. Il avait déjà fait mieux, mais les choses étaient étranges et sa concentration en fut altérée.

Le jeune garçon battu ouvrit donc la porte du temple pour y rentrer précipitamment… et quelque chose d’inconcevable se réalisa ! Il redevient lui-même. Sa volonté lui appartenait et son masque n’était plus le siège de sa soumission, juste celui de sa puissance. Ses muscles prirent de l’ampleur et son dos jusqu’alors bien lourd, s’allégea en une fois. Il tendit les bras comme pour se rendre compte de la situation.

La méfiance revient en une fois… On connaissait son nom, on l’attendait, pire que tout on l’avait piégé. Le jeune homme disparu, laissant place au djin. Sa main avait empoignée le manche de son katana qu’il serra de toutes ses forces. Les articulations de ses doigts se blanchirent sous l’effort et les quelques poils sur sa peau ocre s’hérissèrent.
 
- Qu’est-ce que ceci ? Tu as dupé le vieux Suliman mais je suis d’une autre trempe… et si tu connais la puissance des djins, craint moi et parle sans attendre…

Sa voix none humaine résonna dans l’immensité du temps ! Elle frémissait, un mélange d’excitation, de crainte et de joie. Il était libre… enfin… mais peut-être était-ce juste l’espace d’un instant. Il avait peut-être son nouveau maître devant les yeux. Et si celui-ci était capable de lever sa malédiction, il n’osait imaginer l’étendu de sa puissance.
Ne comprenant pas encore que c’était l’influence du temple qui l’avait libéré.

Un jeune garçon hein ? Après tout, l'invisibilité la plus flagrante passe par le passage au vu et au su de tous. Et puis, de toute façon, il n'avait pas vraiment eu le choix. Le Gardien ne connaissait pas exactement l'ordre qui avait été donné au Djinn, mais celui-ci devait le suivre à la lettre. D'ailleurs, au moment où il entra dans le temple, il put sentir sa puissance naturelle revenir à lui. Le Gardien le sentait, telle une alarme. Il ne fut d'ailleurs pas le seul à le sentir. Dans une salle annexe se trouvait un démon, un autre disciple de Nyx en pèlerinage. Mettre le voile à l'intérieur du temple étant une prérogative du Gardien du Temple, il y alla à découvert. Malgré son envergure de plus de trois mètres de haut, ses pas ne faisaient strictement aucun bruit, comme s'il flottait au-dessus du sol sans jamais le toucher. Ce qui était faux d'ailleurs. Il marchait tout comme les autres disciples de Nyx. Silencieusement. C'est ainsi qu'il apparut dans le champ de vision du Djinn, et il s'avança jusqu'au milieu du Temple. Sa venue ici avait deux buts.
Le premier était de dissuader le nouveau-venu d'utiliser sa magie au sein du Temple. Pour cela, il donna un aperçut de sa puissance pendant une seule seconde, dévoilant ainsi son impressionnante aura de magie démoniaque et d'oppression, avant que celle-ci disparaisse, et qu'il ne reste plus que la magie du Djinn de palpable, en plus de celle du Temple. Il avait l'habitude, comme beaucoup d'autres, de dissimuler son aura magique pour ne pas déranger les autres adeptes de Nyx pendant leur prière, et c'était le Gardien du Temple, pourtant un simple humain sans la moindre parcelle de magie dans son corps, qui le lui avait enseigné. Enfin, il savait déjà le faire, mais seulement partiellement, et c'est lui qui lui a permis d'atteindre la maîtrise totale. Les Gardiens étaient vraiment des personnages très liés à Nyx, quel que soit leur nombre, même s'ils faisaient la plupart de leurs requêtes à la Gargouille. Il ne savait pas comment cela se faisait, s'il y avait un lien psychique entre la Gargouille et les différents Gardiens, mais dès qu'on avait besoin de ses services, il était là.
Le second était de venir voir qui était ce nouvel être qui avait une telle puissance magique, et surtout de savoir pourquoi il avait été admis au Temple de Nyx. Oui, le fait qu'il ait été admis était une évidence, car même les autres dieux étaient incapables de voir les temples sans l'accord de la déesse Nyx ou un des Gardiens. Et l'être qu'il vit n'était autre qu'un Djinn, un être de magie pure. Intéressant... Si sa déesse continuait à fidéliser ainsi des êtres aussi puissants, elle pourrait monter une véritable armée. Pas pour attaquer bien entendu.

Il s'avança encore et s'arrêta à dix pas de lui. Enfin, dix des pas du démon, qui avait une bien plus grande enjambée que lui. Il le jaugea ensuite du regard, inclina légèrement la tête en signe d’acquiescement et lui fit de sa voix inhumaine :

Bienvenue au Temple d'Ashnard. Le Gardien va bientôt vous recevoir.

Sans sembler se préoccuper plus de lui, il tourna les talons et retourna d'où il venait. En réalité, il veillait sur les fluctuations de magie qu'il pouvait sentir venant du Djinn et se tenait prêt à toute éventualité, même s'il savait que le Gardien pourrait s'en occuper. Après tout, les Gardiens sont avant tout des experts dans la maîtrise de l'utilisation du Voile de Nyx, et il pourrait ainsi faire disparaître le Temple.

Quelques secondes à peine après cette intervention pour le moins inattendue, qui avait pris au dépourvu le Gardien, celui-ci se ressaisit. Il fit donc au nouvel arrivant :

Ici, toute magie est soumise à la volonté de Nyx. Tu as deux choix : soit sortir d'ici et retourner à ta vie d'avant, soit prendre place sur l'un des bancs.

Ce qu'il ne lui avait pas dit, c'est qu'au moment où il s’assiérait, une assiette remplie de mets apparaîtrait devant ses yeux comme par magie, ainsi que des couverts. Dans l'assiette se trouverait une des spécialités de sa race ou de sa provenance. Il ajouta :

Et puis, il s'agissait uniquement de t'inviter, rien d'autre.

La tension était palpable… ce lieu et ses habitants semblaient animés d’un pouvoir qu’il n’avait plus côtoyé depuis longtemps. Ces genres sensations ne lui avaient plus parcourues la nuque depuis des siècles et des siècles. La dernière fois avait été lorsqu’il avait lutté avec certains compagnons djins contre les sorciers qui les chassèrent pour les tuer ou les capturer.

Les résistances avaient été cataclysmique, engendra une formidable débauche de magie et de rage. A cette époque, l’être humain semblait ivre de pouvoir et de contrôle. Il agissait sans mesure et sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Leur folie et leur soif de toujours plus de grandeur leur avait fait gagner cette guerre invraisemblable.
De temps à autre, face à un sorcier assez puissant, Jahoza revivait cette ivresse et en frémissait d’horreur.

Ce lieu était particulier… insondable ! Il restait en garde, ne lâchant plus le manche de son Katana, prêt à fendre l’air pour trancher quiconque lui voudrait du mal. Il était sorti de bien de bien des embuscades et ne devait sa survie qu’à sa volonté de survivre, sa ruse et à pas mal de chance.
Et à en croire la gueule et la taille du démon qui venait de débouler… il allait en avoir sacrément besoin.
Le djin, aussi courageux et puissant était-il, dégluti bruyamment et resserra le manche de son sabre.
Il avait bel et bien comprit les règles du jeu et prit grand soin de ne pas paraître menaçant. Surtout qu’il n’était pas sûr que sa métamorphose puisse lui permettre de s’échapper bien loin.

La voix du démon fit frémir le sol, évoquant sa puissance et sa grandeur. Il lui souhaita la bienvenue, à son plus grand étonnement.
Ensuite, le jeune homme qu’il avait suivi avec l’ordre de l’abattre une fois le joyau en sa possession, c’était mis à lui parler. D’une voix agréable et absente d’animosité à son égard. Il semblait sincère…
C’est donc un peu rassuré que le corps de Jahoza se décrispa. Il se tient droit, main gauche posé sur le manche de sa lame sur son flanc.
Une tonne de question lui hantèrent l’esprit… un esprit libre, avec son libre arbitre et contraint à aucun ordre ! C’était aussi agréable que déroutant…

- Je… Nyx ? C’est elle qui ôte mon fardeau ? Pourquoi ? Comment… qui est ce et que me veut elle ?

La méfiance repris subitement le dessus… comme si la gaité et la surprise c’étaient envolés.

- Je ne suis pas dupe… ma vie de servitude ne peut prendre fin sur une simple invitation !

Son ton n'était pas agressif... juste perplexe ! Voilà des siècles que les hommes se jouaient de lui et le traitaient comme un chien. Pourquoi cela changerait il !?

La présence d'un démon en ces lieux avait fortement inquiété le Djinn, ce que le Gardien trouvait normal. Lui aussi avait été inquiet la première fois qu'il avait rencontré un tel être de puissance en ces lieux. Mais la discrétion est de mise lorsqu'on est un disciple de la déesse protectrice de la Nuit, et il n'avait jamais été en danger. De plus, avec sa maitrise du Voile de sa déesse ainsi qu'en sa qualité de Gardien du Temple d'Ashnard, il pouvait sans mal bannir n'importe quelle créature de ce lieu sacré. En théorie, parce qu'il n'avait encore jamais été confronté à une divinité. Bien que Nyx ne l'ait pas interdit, il ne se risquerait pas à en inviter une dans le Temple. Il n'était pas aussi téméraire. Et puis, cela n'apporterait pas grand chose à sa déesse, si ce n'est que le dieu ou la déesse en question connaitrait son existence, ce qui n'était pas forcément une excellente idée.
Jahoza était inquiet, cela se voyait. Il se demandait ce qu'il se passait, et pourquoi il n'arrivait pas à comprendre la situation. Parallèlement, il semblait ravi qu'il puisse formuler une pensée propre, et il ne se gêna pas.

Je… Nyx ? C’est elle qui ôte mon fardeau ? Pourquoi ? Comment… qui est ce et que me veut elle ?

Tant de questions... Il n'eut même pas le temps d'ouvrir la bouche que le Djinn enchaina :

Je ne suis pas dupe… ma vie de servitude ne peut prendre fin sur une simple invitation !

Il semblait dubitatif sur le fait que sa condition puisse changer ainsi. Quel age avait-il ? Combien d'années avait-il passé bridé comme cela, ne pouvant même pas penser par lui-même ? Elle avait eu raison, ce Jahoza sera une recrue de choix. Il faudra juste faire attention à ce que son désir de vengeance ne détruise pas le reste. D'un autre coté, il avait raison. Ce n'est pas l'invitation du Gardien qui le libérera définitivement de sa contrainte mais bel et bien sa déesse, lui ouvrant de vertigineuses possibilités. En contrepartie, il devrait avoir foi en elle, et aimer les bienfaits de la nuit tombée sans dénigrer le soleil. C'était tout un art, mais il aurait le temps d'apprendre. En sa qualité de Gardien, il ne pouvait pas le libérer. Seule Nyx le pouvait. Pour l'appeler, il lui faudrait l'accord de la Gargouille, qui lui avait indiqué qu'il serait là d'ici moins d'une heure. En attendant, il avait le loisir de commencer à le convaincre des possibilités que sa déesse pourrait lui proposer. Le Gardien enleva son Voile, redevenant ainsi visible, d'abord transparent puis de plus en plus opaque, aux yeux du Djinn. Il était à moins de trois mètres de lui, les bras croisés et un air totalement neutre dans ses yeux. Il lui fit :

Tout te sera révélé en temps voulu. Sache juste que les Temples de la déesse Nyx bloquent tous les flux magiques issus de l'extérieur, y compris celui qui te contraint. Donc si tu sors de ce lieu sacré, tu ne seras plus en pleine possession de tes moyens, quoi que je fasse.

Il se retourna et avança de quelques pas en plein milieu du Temple tout en lui parlant avec une voix un peu plus forte pour qu'il puisse l'entendre correctement :

Prend place et satisfait ta faim. Je te révèlerai ce dont tu as besoin de savoir. Quant au reste, tu vas devoir l'apprendre seul.

Il s'arrêta et se mit face à Jahoza.

Quelle que soit la personne devant toi, dans un Temple de Nyx, nous sommes tous ses disciples, fit-il mystérieusement.

Un ange passa... juste au dessus de leurs têtes. Il était entré sans aucun bruit dans le Temple et le Djinn, dos à la porte, n'avait pas pu le voir. Car lui aussi avait caché son aura magique sous son Voile. Il vola rapidement jusque vers le démon, se posa à coté de lui et ils commencèrent à converser à voix assez basse. Cette vision aurait été totalement improbable dans tout autre lieu, mais Nyx distordait ces lois. La foi en Nyx est bien plus importante que la haine ancestrale entre anges et démons.

Une demie réponse et une curiosité à peine contentée. Le djin fronça des sourcils, plissant ses yeux dorés et flamboyants. Il tenta de transpercer du regard le disciple de Nyx qui lui tournait le dos un instant, s’éloignant quelque peu de lui.
Il soupira et rengaina lentement son katana. La lame retentis alors qu’elle glissait dans son fourreau et un petit bruit caractéristique indiqua à tout le monde que le garde venait de se caler contre le fourreau. Puis, le silence revient…

Le disciple se remit à parler… la situation était claire ! Il devrait montrer patte blanche pour en savoir plus. Mais ce nouveau gout de liberté avait animé Jahoza de sentiment contradictoire. Il avait toujours lutté de toutes ses forces pour aller à l’encontre de ce qu’on lui ordonnait de faire. Mais la force qu’on lui opposait, l’écrasait et il devait se soumettre.
A présent qu’il était en pleine possession de ses moyens, il avait la volonté de contredire tout et de se rebeller. Ne plus laissé personne lui dicté ce qu’il devait faire.

Mais le djin était une créature millénaire, doué d’une raison et d’une conscience au-delà de la conception des mortelles. Aussi, il eut assez de recul pour s’en rendre compte et lutta contre ce petit travers dans son jugement. Il décida donc d’accepter la proposition et s’installa lentement. Calculant le moindre geste afin de ne pas entraver un mouvement de recule ou un bon pour esquiver un hypothétique piège.
Mais rien… sa méfiance frisait la paranoïa ! En même temps, quand un ange passe par la fenêtre sans annoncer sa présence magique et discute avec un démon, il y avait de quoi… dans toute son existence, il n’avait jamais vu pareil spectacle.

Jahoza réfléchit un court instant, croisant les bras à présent qu’il était assis… en face de lui, aucune assiette. Un djin ne se nourrissait pas… mais il consommait un vin aux épices à outrance ! Comme une récompense… une friandise qu’on jette a un chien pour avoir obéie correctement.

- Ta déesse est puissante… et je la remercie de ce cadeau qu’elle me fait ! Son hospitalité ainsi que ses intentions sont probablement bonne… aussi, j’écouterais avec attention tes propos, mortel !

Patriot Anthem de Yousei Teikoku... Ce que j'écoute en ce moment-même alors que je suis sur le point de te répondre, Jugger. Enfin, joueur de Jugger. Tiens d'ailleurs... Je reviens, je vais sur un autre RP vite fait !

Valààà ! Ilé content le petit Tartare, ilé content...
...
Non, laisse tomber. Je divague. Vague.

Bref !
Des yeux d'orées et flamboyants... *Regarde sur Google la définition d'orée*

bord, lisière d'une forêt ou d'un bois.

Hummm... J'imagine que tu voulais dire "dorés". Ouais, on va dire ça, parce que sinon, je vois pas grand chose d'autre...
Ouais, il range son arme. En même temps, va trancher en deux un démon avec ça. Quoique... Techniquement parlant, il pourrait le faire. Mais rien ne dit qu'il serait mort ensuite. Surtout s'il y a un ange à ses cotés pour l'épauler. Un ange qui épaule un démon... Je crois qu'il y a que moi pour faire des trucs pareils ! Mais rien de mieux pour illustrer la puissance de Nyx et la dévotion de ses fidèles. Et de toute façon, ce sont des anges laxistes et des démons pas très virulents...
Une méfiance qui frise la paranoïa. ça se voit forcément, non ?
Et je vais aussi supposer que y'a le verre de vin épicé qui est apparu devant toi.

Allez, commençons la réponse !

Jahoza alla s'asseoir, restant sur ses gardes comme si une attaque pouvait avoir lieu contre lui à tout moment. Il était donc très prudent, car le démon qu'il avait croisé
aurait pu le réduire en charpie lorsqu'il s'était approché. Mais ce n'était pas un défaut que l'excès de prudence. Surtout dans la situation dans laquelle il se trouvait, dans
le temple d'une déesse dont il n'avait jamais entendu parler, près d'un ange et d'un démon. Contre toute attente, il n'y eut pas de nourriture lorsqu'il s'assit, seulement un verre.
De quelle boisson pouvait-il s'agir ? Il n'en avait strictement aucune idée. Le Djinn la connaissait certainement. Pas lui.

Il parla ensuite au Gardien qui était resté immobile.

Ta déesse est puissante… et je la remercie de ce cadeau qu’elle me fait ! Son hospitalité ainsi que ses intentions sont probablement bonne… aussi, j’écouterais avec attention tes propos, mortel !

J'ose ? Allez j'ose !

Le Gardien eut un petit sourire à peine dissimulé, avant de lui avouer :

A vrai dire, pour les meilleurs utilisateurs du Voile de Nyx, il est dit que la Mort elle-même n'arrive pas à les trouver. Je ne sais si j'arriverai un jour à ce niveau de maîtrise, mais lorsque tu t'adresses à un fervent de Nyx, appellation de "mortel" est plus qu'hasardeuse.

Boum ! HeadShot !

Il se mit ensuite à réfléchir. Il remerciait la déesse alors qu'elle n'avait encore pas agi, et il disait qu'il allait l'écouter "avec attention". Il doutait encore certainement de lui... Il lui apprendrai à lui faire confiance, à lui ainsi qu'aux autres adorateurs de la Déesse. Il lui annonça :

Ceux à qui Nyx donne sa bénédiction ont plusieurs obligations. Pas beaucoup, peu contraignantes mais nécessaires pour que la Déesse puisse faire son travail en paix. La première est de ne jamais l'impliquer dans un conflit, et même ne jamais citer son nom ou son titre en présence d'êtres étrangers à son culte. La seconde est de se rendre au moins une fois par an dans un Temple de Nyx pour prier. La troisième est de respecter chacun des fidèles de Nyx et de le traiter en égal. C'est certainement la règle la plus compliquée à suivre, mais si eux y arrivent, il n'y a aucune raison pour que tu ne le fasses pas.

En disant cela, il avait montré le démon et l'ange de la tête. D'ailleurs, ce dernier venait de s'envoler, et il se dirigeait vers le Gardien.

Surprise modafoca !

Dis-moi, est-ce que la salle isolée d'entraînement est libre ? lui demanda-t-il alors qu'il atterrissait.
Oui. Crois-tu qu'il pourrait se joindre à vous en tant qu'observateur ?
Il pointait vaguement Jahoza du doigt.
Hummm... Il n'a pas encore de Voile ? Non, ce serait trop dangereux.
Dommage.

L'ange s'envola à nouveau, suivi du démon, et ils quittèrent tous deux la pièce par une des grandes portes sur les cotés, suivis du regard par le Gardien.

Ils vont finir par détruire le Temple si ils continuent ces deux-là...

A ce moment, Jahoza put sentir que la contrainte de l'obéissance était revenue, et que l'ordre était toujours le même : s'emparer du joyau, puis tuer le Gardien. Cette obligation dura un instant infime, de l'ordre d'un dixième de secondes, avant qu'il retrouve sa liberté d'agir.

Voilà ! Un petit peu de suspense pour terminer, rien de tel ! Hé hé... La suite au prochain épisode !

Suspense retiré, par un petit manque de compréhension de ma part. That's ashame... *_*


Jahoza alla s'asseoir, restant sur ses gardes comme si une attaque pouvait avoir lieu contre lui à tout moment. Il était donc très prudent, car le démon qu'il avait croisé aurait pu le réduire en charpie lorsqu'il s'était approché. Mais ce n'était pas un défaut que l'excès de prudence. Surtout dans la situation dans laquelle il se trouvait, dans le temple d'une déesse dont il n'avait jamais entendu parler, près d'un ange et d'un démon. Contre toute attente, il n'y eut pas de nourriture lorsqu'il s'assit, seulement un verre. De quelle boisson pouvait-il s'agir ? Il n'en avait strictement aucune idée. Le Djinn la connaissait certainement. Pas lui.

Il parla ensuite au Gardien qui était resté immobile.

Ta déesse est puissante… et je la remercie de ce cadeau qu’elle me fait ! Son hospitalité ainsi que ses intentions sont probablement bonne… aussi, j’écouterais avec attention tes propos, mortel !

Le Gardien eut un petit sourire à peine dissimulé, avant de lui avouer :

A vrai dire, pour les meilleurs utilisateurs du Voile de Nyx, il est dit que la Mort elle-même n'arrive pas à les trouver. Je ne sais si j'arriverai un jour à ce niveau de maîtrise, mais lorsque tu t'adresses à un fervent de Nyx, l’appellation de "mortel" est plus qu'hasardeuse.

Il se mit ensuite à réfléchir. Il remerciait la déesse alors qu'elle n'avait encore pas agi, et il disait qu'il allait l'écouter "avec attention". Il doutait encore certainement de lui... Il lui apprendrai à lui faire confiance, à lui ainsi qu'aux autres adorateurs de la Déesse. Il lui annonça :

Ceux à qui Nyx donne sa bénédiction ont plusieurs obligations. Pas beaucoup, peu contraignantes mais nécessaires pour que la Déesse puisse faire son travail en paix. La première est de ne jamais l'impliquer dans un conflit, et même ne jamais citer son nom ou son titre en présence d'êtres étrangers à son culte. La seconde est de se rendre au moins une fois par an dans un Temple de Nyx pour prier. La troisième est de respecter chacun des fidèles de Nyx et de le traiter en égal. C'est certainement la règle la plus compliquée à suivre, mais si eux y arrivent, il n'y a aucune raison pour que tu ne le fasses pas.

En disant cela, il avait montré le démon et l'ange de la tête. D'ailleurs, ce dernier venait de s'envoler, et il se dirigeait vers le Gardien.

Dis-moi, est-ce que la salle isolée d'entraînement est libre ? lui demanda-t-il alors qu'il atterrissait.
Oui. Crois-tu qu'il pourrait se joindre à vous en tant qu'observateur ?
Il pointait vaguement Jahoza du doigt.
Hummm... Il n'a pas encore de Voile ? Non, ce serait trop dangereux.
Dommage.

L'ange s'envola à nouveau, suivi du démon, et ils quittèrent tous deux la pièce par une des grandes portes sur les cotés, suivis du regard par le Gardien.

Ils vont finir par détruire le Temple si ils continuent ces deux-là...

Il fut surpris ! Oui surpris... grande fut sa magie et il avait déjà assisté à de nombreuse forme d'utilisation de celle-ci. Des arts ancestraux, parfois même oublié des hommes, provenant d'un âge révolu.
Mais sur ce coup la, le djin fut bluffé. Un vin aux épices, une boisson corsée qu'il affectionnait particulièrement. Il ne put s'empêcher d'exprimer un léger ricanement, maintenant toujours ses bras croisés.
Que Nyx savait y faire avec les nouvelles recrues... Car si il comprenait bien, son nouveau maître lui offrait le choix de refuser. Mais préférait le charmer plutôt que de le soumettre.

Il pencha son visage par dessus le récipient et l'observa longuement... pas d'autre piège à l'horizon. Sa main empoigna le pichet de vin et il s'en abreuva par longue gorgé. Déglutissant bruyamment sans une once de retenue.
Une fois le pichet fini, il le claqua sur le bois de la table...

Son masque, son Kala, se tourna vers le gardien qui lui expliquait les différents rudiments de ce culte de Nyx. Il sourit sous son masque et acquiesça d'un signe de tête.
Nullement affecté par l'alcool que son corps emplie de magie supportait différemment qu'un mortel.

- Il me faut donc embrasser la foi de la déesse Nyx...

Jahoza ne releva pas les interventions angéliques et démoniaque, se contentant des les observer calmement.

Au vu de la manière à laquelle le Djinn avait descendu le pichet, cela devait faire longtemps qu'il n'avait pas goûté à ce genre de boissons. Mais ce que le Gardien trouvait un peu étrange, c'est qu'il n'y avait aucune nourriture devant lui. N'y connaissant rien aux Djinns, il ne savait pas qu'ils n'avaient ni le besoin, ni l'envie de manger. Les tables des Temples étaient faites pour subvenir directement au besoin et à l'envie de manger et de boire, pour que les fidèles en prière n'aient pas besoin de ramener quoi que ce soit à l'intérieur des Temples, ni d'en sortir pour des besoins primordiaux. Elles ont toutes été enchantées par la déesse Nyx elle-même, et ne peuvent être déplacées ou détruites d'une manière conventionnelle.

Il me faut donc embrasser la foi de la déesse Nyx...
Il faut surtout que la déesse t'accepte. Nyx refuse d'avoir des fidèles qui pourraient lui faire défaut. Et...
Et ton masque me fait chier, fit une seconde voix démoniaque derrière le Gardien.

Celui-ci se retourna, surpris. Non pas parce qu'il avait entendu une voix qui semblait sortir de nulle part, ni parce qu'elle utilisait un langage grossier, mais parce qu'elle avouait une faiblesse. La Gargouille apparut alors. Il n'était pas très grand, de l'ordre des deux mètres, mais beaucoup plus inquiétant. Il fixait le masque de Jahoza d'un oeil mauvais, comme s'il était frustré qu'un tel objet lui résiste.

Comment ça ?
Le sort d’assomption sort directement de son masque et le relie à son commenditaire. Et je n'arrive pas à isoler l'ordre actuel.
Il est pas possible qu'il puisse retirer directement le masque ?
Nan, car c'est aussi l'objet qui le lie à la vie. Et ça me fait chier ! Je crois qu'il va falloir attendre la déesse...

La Gargouille se tourna ensuite vers la future recrue.

Alors raconte... T'es qui, quoi, pourquoi ? Et pourquoi tu nous écoutes ?

C'était le caractère de la Gargouille. Il parlait directement, sans faux-semblant et bien qu'il semblait très cru, il était habile avec les mots. La question était volontairement ouverte à l'interprétation du Djinn pour qu'il puisse savoir ce qu'il avait en tête. Il voulait savoir s'il était digne de servir sa Déesse. Et aussi s'il avait besoin de suivre une thérapie pour qu'il apprenne à vivre, comme la plupart des formiens et certains anciens esclaves.

Le djin observait cette nouvelle créature débouler… ce temple n’était qu’une fanfare et à l’incohérence la plus totale. Il n’était pas certain de réellement comprendre toute l’étendue de la puissance avec laquelle il traitait.
Visiblement, à en croire ce nouveau démon, il en savait bien plus sur lui qu’il en était raisonnable, comprenant l’essence de ce qu’il était. En effet, son masque… son Kala, était la prison de son âme, de sa puissance et de sa liberté. Il ne pouvait s’en séparer sans être observé en lui, redevenant cette âme esclave dormante, attendant qu’un nouveau maître accomplisse le rituel pour lui soumettre un ordre. Ordre qu’il n’avait en aucun cas pu esquiver… et ce malgré ses nombreux essaie.

Il se redressa donc et quitta son siège, ennuyé de cet interrogatoire et de ne pas comprendre ! Avoir effleuré cette vérité le perturbait au plus au moins. Lui qui avait toujours couru après la liberté comme un chien surexcité, à présent qu’il entrevoyait la possibilité de l’avoir il ne savait pas comment réagir. S’il devait s’en réjouir ou s’en inquiéter.
Il se rapprocha donc du gardien et de la gargouille non loin de lui, mais sans aucune intention hostile. Sa démarche était certes un peu teintée de son impatience mais rien de plus. Ses yeux dorés se plongèrent dans ceux de son interlocuteur et il se plaça droit comme un « i » non loin de lui.

- Je suis un Djin ! Une créature depuis longtemps oublié et contraint à l’esclavage… mais on m’appelle Jahoza comme tu dois également le savoir ! Fier guerrier, qui a lutté et lutte toujours pour la liberté des miens…

Il toisa du regard l’être devant lui… probablement plus fort, sensiblement aussi rapide et agile que lui. Mais cela ne l’effrayait pas.

- Je suis actuellement, esclave de Suliman… et tant que personne n’aurait pris mon Kala pour accomplir le rituel qui m’invoque, je resterais son serviteur. Et ni toi ni moi n’y pouvons rien. Espérons que ta déesse est véritablement aussi puissante que son gardien le dit…

Espérons que ta déesse est véritablement aussi puissante que son gardien le dit…

Aussitôt eut-il prononcé ces paroles qu'il put sentir une espèce d'aura l'entourant délicatement, comme un drap posé sur une œuvre d'art. Aura que seul lui pouvait sentir, mais qui forçait le respect. Quelques secondes plus tard, il put distinguer deux yeux d'un bleu aussi profond que la nuit éclairée par les étoiles. Juste les yeux, à moins de cinquante centimètres des siens. Il sentit ensuite une main, caressant doucement le poil de son épaule, descendant doucement jusqu'à son visage obstrué par son masque, marque de sa vie et de sa servitude.

Détend-toi... fit une voix de femme, si douce et harmonieuse qu'on aurait pu la confondre avec le vent.

Encore une seconde de ce contact avec le masque, puis Jahoza... disparut, tout simplement. Comme s'il n'avait jamais existé. Le Gardien et la Gargouille, étonnés au début, eurent des réactions totalement différentes. Alors que le premier avait posé un genou à terre et s'était incliné devant l'intervention de sa déesse, le second avait pris son envol et se tenait actuellement sur une des corniches d'une des nombreuses colonnes du Temple. Il avait passé ses deux mains derrière sa tête et regardait la scène d'un air intéressé. Il était curieux de voir ce qui allait se passer ensuite. Jahoza, dont il connaissait strictement rien de sa vie, était le premier Djinn qui était intéressé par le culte de Nyx.

De Jahoza il ne restait que le Kala, comme flottant dans l'air et se déplaçant lentement vers l'une des deux longues tables. Quand le masque fut au-dessus de celle-ci, une bassine d'eau apparut et il fut plongé à l'intérieur. Une voix résonna dans le Temple.

Jahoza Kala Méara. Je vais te donner un ordre que tu devras suivre jusqu'à la fin de ta vie.

Le Gardien releva la tête, intrigué. La Déesse allait lui donner un ordre ? Elle allait l'esclavager ?
La Gargouille, quant à elle, avait souri. Elle avait compris où voulait en venir sa déesse. Et elle ne fut pas surprise de l'entendre continuer :

Vis.

Puisque le seul moyen de faire vivre Jahoza était de lui donner un ordre, la déesse lui avait donné un non-ordre. Elle lui ordonnait de vivre jusqu'à sa mort, sans donner aucune précision. Il serait donc entièrement libre de ses mouvements jusqu'à ce que cet ordre se finisse, c'est-à-dire à la mort du Djinn.

Un ordre, unique, simple et pourtant si complexe ! Un ordre pour en dissipé des millions d'autres. Un ordre pour le contraindre à ne plus jamais être esclave de ceux-ci. Un ordre de vie, d'espoir et de liberté.
Les forces s'opposèrent entre elle ! La malédiction ancestrale, la magie pur de Jahoza et la conscience du Djin s'ébranlèrent. Son Kala frémissait nerveusement tandis que l'eau se mit à bouillir. Celle-ci fuma avant d'éclabousser bruyamment... modifié ! Libre de ses mouvements, libre dans sa puissance... le corps de Jahoza se forma dans l'eau, sous son Kala étincelant d'un blanc éclatant. Des picotements engourdirent le bout de ses doigts. Ils se sentaient libérer d'une fatigue éternelle, ils se sentaient comme alléger du plus lourd des fardeaux.

Sa main s'extirpa de l'eau, il serra le poing ! Librement, en Djin souverain et conquérant.
Une renaissance... c'était ce qui s'approchait le plus de ce qu'éprouvait Jahoza en ce moment. L'ordre était simple, et seul le bon sens et la bonté d'une déesse fût capable, en des siècles et des siècles de servitude à prononcer se mot unique mais qui impliquait tant de chose. Tout paru plus simple, tout paru plus beau et plus radieux.
Alors que quelques heures plus tôt il s'extirpait de cette bassine d'une façon lente et amorphe, cette fois ci il put se permettre d'en jaillir violemment. Sa pose était gracieuse et fluide alors qu'il traversait les airs pour retomber sur le sol du temple. Il amorti sa chute en faisant une roulade, et termina son mouvement débout.
Sa main avait au même instant dégainé son katana et il porta une attaque horizontal, tranchant le vide. Ses jambes étaient puissantes, ses chevilles souples... Son poignet était ferme, son bras décidé.
Le cœur de Jahoza battait à une vitesse incroyable alors qu'il souriait sous son masque. Ses yeux d'or brillèrent d'une lueur chaude et vive. Il chercha du regard à capter se regard salvateur, chercher à remercier la déesse.

Avec une rapidité déconcertant il rengaina son sabre de façon traditionnel, comme après avoir vaincu un adversaire. Puis il s'inclina humblement et répliqua, la voix encore tremblante...

- Je... vivrai ! Merci !

Son corps était sous pression, comme un volcan trop longtemps bouchonné qui s'apprêtait à exploser. Il peina d'ailleurs à se calmer, un milliard de question lui venait en tête, et un milliard de désir se bousculait également dans son esprit fraichement empreint de liberté.

- Je... merci... Nyx est sage ! Loué soit sa grandeur... Que dois je faire à présent ?

Voilà que libre, la première question du Djin était de savoir ce qu'il fallait faire. Un vieux tique de sa vie passé... et une réel volonté d'être formé au culte de Nyx, sa libératrice.
Doucement, l'idée et la volonté de libérer les siens se forma... et ce grâce à cette intervention divine.

[HRP : Désolé pour le retaaaaaaaaaaaaaard !!]

Vis.

Tel était l'ordre donné à Jahoza par la déesse primordiale de la Nuit. Elle resta pour assister à la réincarnation du Djinn, sa dernière réincarnation jusqu'à la fin de ses jours. Personne ne serait capable de retirer l'ordre qu'elle lui a donné, excepté le contrordre d'un dieu plus puissant qu'elle.

Lorsqu'il surgit de la bassine, le Gardien sursauta légèrement, comme surpris. Le Djinn semblait vouloir couper quelque chose en sortant, comme s'il se libérait de ses chaînes. Il sourit. La déesse venait d'accepter explicitement que Jahoza devienne un de ses disciples et elle lui avait donné son voile. Il pouvait le sentir. Le Djinn aurait certainement beaucoup de mal à s'en servir au début, tout puissant qu'il soit, mais avec l'habitude cela pourrait devenir un outil formidable couplé à ses pouvoirs. Notamment pour se cacher d'une divinité quelconque.

Je... merci... Nyx est sage ! Loué soit sa grandeur... Que dois je faire à présent ?

Le Djinn semblait un peu désorienté face à sa nouvelle liberté, et il demandait instinctivement ce qu'il devait faire. L'ordre de Nyx résonna à nouveau dans la tête de Jahoza, telle une voix qui s'éloignait progressivement. Elle lui laissait maintenant le choix : deviendrait-il un de ses disciples ? Ou ferait-il son propre chemin ?

La voix de la Gargouille résonna dans le Temple.

Déjà, tu as un choix à faire. Maintenant que tu n'es plus contraint par ta malédiction, tu peux choisir si oui ou non tu veux devenir un adepte de Nyx.

Il était toujours en hauteur, attendant que Jahoza donne sa réponse. S'il refusait, le Temple disparaitrait de ses yeux et il se retrouverait en pleine rue, comme par magie.

Le Djin resta droit comme un "i", observant calmement la grosse gargouille en hauteur. Il réfléchit longuement, quittant une entité autoritaire pour retomber dans une autre. Mais il avait été libérer par cette déesse, quelque part il lui devait quelque chose. Par ailleurs, avoir quelques crédos à respecter le rassurerait forcément. Des siècles de servitude pour se retrouver si brutalement libre, sans autre but que de vivre... mais comment faisait on ?
Voilà une question qu'il avait souvent caresser avec envie sans pouvoir y répondre aujourd'hui.

Son esprit s'échauffa... il était libre ! Il aimait cela, cette énergie qui dansait entre ses mains. Sa musculature sans entrave magique, son esprit sans contrainte psychique. Une sensation de toute puissance et de fragilité régnait en lui. Comme une dualité propre aux esprits renaissants.
Mais il était Djin, rapidement cette confusion s'estomperait... le bougre était d'ailleurs en train d’effleurer une idée folle. Il était esclave, mais avant il avait été membre d'un peuple ancestrale et noble. Ils avaient été plusieurs à être capturer, et encore aujourd'hui, comme lui, d'autre devaient souffrir de cette condition. Les libérer ! Il lui fallait les libérer tous, il avait été gardien lui aussi dans des temps anciens. Gardien de la liberté de son peuple, gardien de leur survie, de leur grandeur... Voilà ce que signifierait vivre probablement !? Vivre pour ce qu'on juge juste et bon, libre de se soumettre ou pas a une doctrine, a un idéal.

Il s’inclina d'un coup, genoux au sol main et front également au sol. Nyx était bonne, une déesse aussi sage que juste. Il lui devait sa liberté et probablement la liberté futur de son peuple.
Ca, il ne pourrait pas l'oublier ! Jamais !

- Nyx... pourra me compter parmi ses adeptes ! Mais je m’emploierais à libérer les miens, si cela ne va pas à l'encontre de ses préceptes.

Il redressa la tête pour observa le gardien et la gargouille, mais resta à genoux.

- Et si tel est le cas... je me verrais contraint de libérer les miens avant d'accordé mon bras à votre cause. Comprenez que je ne peux oublier d'où je viens et le premier serment de gardien que j'ai fait il y a des siècles. J'espère que Nyx le comprendra...

La Gargouille secoua légèrement la tête en voyant le Djinn s'incliner. Certes il était un démon, orgueilleux et arrogant comme les autres, et même si sa partie démoniaque voulait jubiler devant ce spectacle, il restait de marbre. Car il était avant tout un des favoris de la déesse Nyx, un de ceux qu'elle avait choisi pour accueillir les nouveaux fidèles, encore plus important que les Gardiens des Temples. Et pour avoir ce poste, il avait apprit l'humilité et le respect des êtres inférieurs. Et il ne tirait donc aucun plaisir à voir Jahoza s'incliner face à lui. Même s'il faisait partie d'une des races les plus puissantes de Terra, il s'en foutait totalement.

Il vint ensuite à parler de son avenir. Le Djinn semblait vouloir libérer les siens. En soi, ce n'était pas vraiment important. Il avait un but, il le suivait. La Déesse ne l'en empêcherait pas. Pendant la réplique de Jahoza, le démon entendit une voix dans sa tête. Un appel, lointain, et qu'il appréciait toujours. La Gardienne du Temple du Nid qui avait certainement besoin de ses services. Sans un mot, sans un seul bruit, il s'effaça doucement, disparaissant petit à petit de la vision du Djinn qui devait l'observer. Deux secondes plus tard, le nouveaux disciples de Nyx put entendre la voix de la Gargouille juste derrière lui.

N'oublie jamais ta déesse, lui murmura-t-il.

Puis plus rien.

Quant au Gardien, il commençait à être habitué au manège du démon. C'est pourquoi il ne réagit même pas, devinant qu'il était parti. C'était à lui de rassurer le Djinn, et de lui montrer ce qu'il ne devrait pas faire.

Relève-toi, lui fit-il. Considère les disciples de Nyx comme tes frères et sœurs, quelle que soit leur race, leurs aspirations et leur position dans la hiérarchie.

Il s'approcha, s'assit à la table non loin du Djinn et l'invita à s'installer en face de lui. Devant le Gardien apparut une assiette contenant un foie de haute qualité ainsi qu'une chope de bière. Après tout, il a passé une grande partie de sa vie au front, et ce repas est un de ceux qu'il apprécie le plus.

Concernant ton but, il ne faut pas que tu mêles ta Déesse dans un quelconque conflit. Seuls ses fidèles doivent connaître Nyx.