Dylan, comme à son habitude, réfléchissait avec une intensité démesurée, cherchant, supposant, accumulant ainsi des hypothèses autour de son patient qui devait se douter de ses cogitations quasi-obsessionnelles. Rien qu’à la manière dont elle observait. Elle le jaugeait d’un regard pénétrant que ses lunettes ne semblait pas pouvoir atténuer et le tout ponctué d’un léger pincement de lèvre entre la pulpe de ses doigts, les sourcils froncés. Les idées se bousculaient dans son esprit, mais devinera t-il que la plupart de ses pensées aspiraient à une certaine convoitise ? L’exemple la moins crue : elle a songé un long moment à son entrée en prison. Elle supposa, il devait être âgé d’au moins 20 ans. Plutôt jeune. En plein épanouissement sexuel. Donc rien qui ne révélerait de l’expertise à ce niveau. Pourtant, elle se pourlécha furtivement le revers de ses doigts à la simple idée de le mettre en pratique, pratique qu’elle espérait délicieuse. Quinze années à être privé… Ça devait donner quelque chose d’intéressant. Par ailleurs, elle était pratiquement certaine qu’il s’était soulagé auprès de nombreuse donzelle à sa sortie. L’allure charnu et exquis du visage, le gabarit vigoureux qu’il possédait devait en charmer plus d’une, Dylan la première…
Déjà, elle lui plaisait. C’était une évidence qu’elle ne voulait plus écarter. Il la fixait. Il la désarmait de son innocence, du professionnalisme qu’elle se devait revêtir. Mais cette fois… Tente ta chance, salope. Ce n’était pas une première. Éprouver du désir pour un patient. Quel merveilleux scénario porno que ça pourrait donner. Mais à chaque fois, une gifle de raisonnement la ressaisissait et la remettait à sa place : reste la bonne petite psy. Sauf que cette fois…
Mon père est de Saint-Louis. Il a servit l’armée plusieurs années… C’est comme ça qu’il a rencontré ma mère. Il était dans une base à Tokyo…
Un léger rire silencieux lui serra la gorge, elle sembla gênée. Une lueur de malice s’illumina subitement dans son regard, égaya son visage légèrement empourpré. Elle s’était reprit dans l’intimidation exercé par Moc. Le roulement de ses muscles, la chemise qui pourrait exploser à tout moment. Il ne manquait plus que ses mains fines à cette image pleine d’érotisme.
Dylan passa sa main sur sa joue, le petit doigt touchant ses lèvres, lui donnant un air mi-assuré, mi-intimidé, charmé. Séduite. Elle s’accouda du même bras que sa main, glissant l’autre sur son ventre en posant sa paume sur son aine. Le doux serrement que provoqua ce changement de position avait réduit sa culotte en une moiteur ardente, les cuisses toujours croisés. Elle n’avait pas quitté du regard ceux de l’ex-détenu qu’elle fixait à présent de tout son être qui ne voilait presque plus rien.
Entre nous… Ce n’est pas quelque chose que je fais d’habitude. Tu m’excuseras. Mais j’aimerais uniquement te retourner le compliment. À ce moment, son sourire s’agrandit, l’air timide, en tenant l’intérieur de ses sourcils avec ses doigts. Mais qu’est-ce que je vais dire, là ? Son regard se porta de nouveau à lui, l’air joyeux n’avait pas quitté son visage. Tu es quelqu’un de très charmant et séduisant. Voilà. Je l’ai dit. Ne va pas le répéter, hein !
À cet instant précis, elle venait de franchir une barrière qui la détrônait de son sérieux sûrement à tout jamais… Ou du moins, jusqu’à la fin de cette séance. Cependant, une nouvelle ambiance planait dans la pièce, dans l’espace entre leur corps qui paraissait se lier, s’enlacer au fil du temps. Plus enclin à la plaisanterie, au charme. Sympathiser. Le mot se mariait bien à cette étape.
Eh toi, tu viens d’où exactement… ?
Malgré le retour au sujet, la séance n’avait pas réellement reprit, détournant plutôt vers autre chose, de plus intime, une conversation entre deux individus. Tous ce qui avait plus de banal.