Décidément. Elle aurait dû commencer par-là. La question lui parut soudainement plus appropriée, moins directe, moins entrain à l’hostilité de la part de l’homme. Même si ce dernier l’avait heurté d’une remarque par la suite, celle qui l’étouffa presque. Dylan se questionna si c’était réellement un numéro de charme et non une tactique quelconque pour qu’elle sympathise davantage avec lui. Néanmoins, elle devait admettre être à la merci de ses mires constamment viré vers les siennes, avec profondeur. Ses traits typiques avaient leur charme. Il massait ses tempes, d’une main robuste et grande. Deux sillons creusés vers le bas dans l’espace entre ses sourcils trahissaient une habitude de contrariété ou de frustration intense. Les rides que zébraient sous ses yeux traduisaient une longue et pénible vie, couverte de stress, alors qu’il entrait à peine dans la trentaine. La magnifique toison de sa barbe qu’ornaient ses joues, son menton et le contour de ses lèvres fines lui égayait la dureté de son visage. Il était beau. Même ses habits trop petit ne parvenait pas à lui enlever cette posture pleine de charisme.
Dylan observait, silencieuse, furtive dans les attentions de ses yeux, remarquant le roulement de ses muscles au niveau de ses bras. Sous ses vêtements, il devait être taillé dans la pierre.
Le bourdonnement grave de la voix la ramena à la réalité, Moc entamait sa réponse. Dans sa lancée, il n’avait pas grand-chose à dire à ce sujet, mis à part que c’était difficile. Son statut d’ex-détenu le suivait, mettait de l’ombre dans ses tentatives de réinsertion. L’empathie se faufila dans le cœur de la jeune femme, drainant une panoplie d’émotion pareil à elle, peine, regret pour lui, espoir, alors qu’elle le fixait comme si le but était de lui partager ses sentiments via ses yeux. Mais très vite, elle revit ce bouleversement vécu plus tôt, au moment où elle avait ouvert la porte. Cette fois, dans l’évidence claire et nette : leurs regards s’agrippaient l’un à l’autre. Une braise dans le velours de son bas-ventre, une palpitation dans la poitrine ouvrit très finement ses lèvres. Elle aimait la hardiesse de ses attentions qui s’orientaient parfois vers son buste…
La jeune psy prit lentement sa lèvres inférieur dans sa bouche, la pinçant entre ses dents, l’humecta plusieurs fois. L’esquisse d’une scène torride prenait lentement forme dans le plus secret de son être. Mais pâmée, elle se décida finalement à détourner les yeux, s’apercevant que la chaleur montait à ses joues à présent empourprés. Ouf… Elle gribouilla dans son carnet « charmeur » qu’elle raya aussitôt, presque frénétiquement.
Je vois… Elle se racla la gorge, de nouveau asséché, mais cette fois par la fièvre ardente de son ventre.
Son sérieux reprit le dessus, concentrant ses pensées vers ses réponses, à sa voix… Qui lui retournait gentiment sa question. L’ironique, fourbe, malin patient lui renvoyait la question comme si elle était également à la recherche de l’épanouissement sociale et de la réinsertion. Mais le mexicain engageait cela vers sa vie personnelle. Dylan hésita longuement avant de se décider à répondre. Pourquoi pas ? Se disait-elle.
… Eh bien, plutôt bien. Je m’épanouie pleinement dans mon travail, qui est assez ardue, il faut l’avouer ! Mais après… J’ai travaillé fort pour y arriver. Ça me plaît d’aider les gens… Va-t-elle se lancer ? Ignorer ses deux autres et petites questions ? … Ensuite, non. Pas d’enfant, ni de mari.
Elle haussa des épaules, l’air de dire que c’était ainsi, mais un sourire éclaircit son visage, signalant qu’elle n’était nullement dérangée.
Mais étant donné que nous plongeons un peu dans le personnelle… Vous avez de la famille ? Elle se leva doucement, en prenant son carnet et son stylo. Allons sur le sofa et le fauteuil si vous le voulez bien. C’est plus confortable.
En effet, le bureau était assez grand pour y contenir un grand bureau et un espace réservé à ses entretiens, disposé tel un petit salon avec un grand sofa et un fauteuil en cuire, une table base, le tout dans des tons noirs et brun foncé, sobre et simple.