Quelque part, dans la citée-état de Leazas :
Ici, à peine une demie-seconde, il n'y avait rien. Strictement rien. C'est une ruelle sombre tout à fait normale. Pas forcément dangereuse, mais totalement oubliée, et personne ne l'utilisait. Si bien qu'elle était totalement vide. Une demie-seconde plus tôt...
Juste après, il y avait deux jeunes femmes de moins de 20 ans. L'une d'entre elles portait un bonnet, pendant qu'on pouvait voir que l'autre était une Neko. Les deux filles se tenaient la main pour les besoins de la téléportation, et dès que celle-ci fut terminée, celle aux cheveux roses sous son bonnet retira la sienne.
C'est... Ici ? fit-elle.
Oui, j'ai choisi de me téléporter là où il n'y aurait pas beaucoup de monde, répondit l'autre.
Pas beaucoup de monde ? Carrément personne oui !
Le ton était bon enfant, presque blagueur, et la réponse fut un sourire de la part de la jeune terranide. Sans même se concerter du regard, elles avancèrent en même temps, d'un pas décidé, vers un endroit plus fréquenté. La ville semblait similaire à celle de Nexus, mais les deux filles avaient remarqué un changement dans l'attitude des habitants. Alors qu'à Nexus, tout le monde était mortellement sérieux, comme si leur vie dépendait de chaque seconde passée, il y avait ici une certaine joie de vivre ambiante. C'était... Palpable.
C'est ici que j'ai atterri il y a deux ans, avait expliqué la Neko à son amie. J'ai été libérée par un raid de cette cité-état contre une troupe d'esclavagistes assez important qui revenaient d'une rafle. On était au moins une centaine à être libérés. Mais j'ai voulu retourner à Nexus, et...
...et tu t'es faite attraper une nouvelle fois.
Ils entrèrent dans une taverne. Il n'y avait pas beaucoup de monde, mais ça parlait fort, et ça riait. S'il y avait des complots ici, ils devaient être bien cachés, car il n'y avait aucun signe extérieur. Pas ici en tout cas. Les deux jeunes femmes commandèrent à boire. Pas d'alcool.
Dis, pourquoi tu voulais revenir ici ?
Eh bien, c'est une citée-état qui...
...lutte contre l'esclavagisme, je sais tu me l'as déjà dit au moins dix fois. Mais il doit y en avoir d'autres non ? Alors pourquoi ici ?
Il y a pas tellement d'anti-esclavagisme à Terra... C'est la seule citée-état que je connaisse qui la mette en pratique. On est pas sur Terre, et pour beaucoup de personnes, les terranides sont considérés comme des sous-hommes. Du coup, pour eux, il est normal que nous soyons seulement esclaves.
Et que fais-tu des humains considérés comme des esclaves ?
Je sais pas vraiment... La cupidité des personnes est parfois très grande. Et je parle pas uniquement des humains. J'ai déjà vu des terranides esclavagistes. Et ils ne sont pas forcément meilleurs. Et puis, si tu crois qu'il n'y a que des humains et des terranides qui sont esclaves... J'ai déjà vu une ange.
Hein ?!? Une ange ?? Wow wow, deux secondes Amélie !! Ok, déjà, commence par me dire que les anges existent. Ensuite on verra...
La prénommée Amélie rit de bon coeur avant de répondre :
Désolée Lucy, j'avais oublié que sur Terre, la religion était différente... Oui, les anges existent, et certains sont même esclaves.
Ok... Ben c'est pas la joie vot'monde tiens !
C'est une question d'ha...
Elle fut interrompue par un beuglement du groupe d'hommes qui venaient d'entrer dans la taverne.
Vous allez nous donner tout votre argent si vous ne voulez pas mourir !
Un braquage en règle. Un rapide regard permit aux deux filles de voir qui allait les agresser. Il s'agissait de cinq hommes lourdement armés de haches de batailles et d'épées à deux mains. Pas des personnes à faire dans la dentelle. A noter que la table des deux filles était juste devant l'entrée. Lucy n'eut donc qu'à se lever et quelques pas à faire pour se positionner face à eux, leur bloquant le passage. En la voyant venir à eux, celui qui semblait être le leader esquissa un petit sourire pervers.
A moins que tu...
Sa réplique fut brusquement interrompue par des gargouillis. Comme s'il n'arrivait plus à parler. Parallèlement, il se mit à léviter et à agiter des jambes, les bras calés le long du corps.
Que je quoi ? J'ai pas entendu la fin de ta phrase...
Deux de ses hommes de mains tirèrent leurs armes et se précipitèrent sur elle, pour s'arrêter à peu près au même niveau que leur leader. L'épée du premier venait de se briser en deux, pendant que le manche de la hache du second avait été coupé, précipitant la lame tournoyante sur leur opposante avant que celle-ci s'arrête à moins de deux centimètres de son visage. Comme animée d'une volontée propre, la lame imposante de la hache se retourna lentement et fusa, se plantant juste en-dessous du leader, encore surélevé. La peur commença à saisir les bandits, qui détalèrent comme des lapins sans même se préoccuper de celui qu'ils laissaient derrière eux, alors qu'il était en passe de s'étouffer. Il s'effondra alors au sol, comme s'il tombait. Lucy s'accroupit alors à son chevet et lui murmura à l'oreille :
Alors ? Tu veux que je fasse quoi ?
L'homme lâcha un cri de terreur... Enfin, ce qui se rapprochait le plus d'un cri de terreur de la part d'un homme qui avait failli être étranglé, se leva précipitament et partit sans demander son reste. Se désintéressant totalement d'eux, la jeune fille retourna alors s'asseoir en face d'Amélie et lui fit :
Pourquoi c'est toujours quand je rentre dans les tavernes qu'il y a des emmerdes ?