Elles se roulaient une sacrée pelle depuis plusieurs minutes lorsque le téléphone de
Tracy se mit à sonner. C’était un beau téléphone rose dernier cri, une touche d’exotisme et de sensualité pour cette fille. À contrecœur, elle rompit le baiser qu’elle était en train d’administrer depuis plusieurs minutes à la belle femme noire se tenant contre le mur,
Candy. Candy restait avec une délicieuse impression sur le bord des lèvres, un léger frisson. Elle était contre le mur, près d’un élégant tableau, dans un luxueux couloir menant tout droit vers les quartiers du patron.
«
Quoi ? s’exclama Tracy dans le téléphone.
Ah... Et il a parlé ? »
Candy frissonnait en voyant Tracy devant elle. Ce n’était pas la première fois que les deux femmes s’embrassaient, ou même se faisaient l’amour sur leur lieu de travail. Le patron n’était pas contre, et les deux femmes n’allaient pas se gêner. Sur ce point, Candy était beaucoup plus coquine que Tracy, et, tandis que la femme parlait dans le téléphone, elle retourna à l’assaut, l’embrassant dans le cou, mordillant cette dernière. Les deux femmes portaient d’élégantes tenues, des costumes qui étaient à la fois sexy et impressionnants. Elles étaient très proches entre elles, comme on pouvait le voir... Et étaient également potentiellement des psychopathes. Après tout, quand on travaillait pour Le Pingouin, il ne fallait pas s’attendre à être sain d’esprit.
Tracy discutait au téléphone avec un homme qui était dans les parties inférieures du Salon de l’Iceberg, en train de câliner un Yakuza. Récemment, l’organisation du Pingouin avait souffert de la concurrence émanant d’un clan yakuza, et le patron avait décidé de réagir. Ses hommes avaient capturé un
kyodai, et étaient en train de l’interroger pour savoir où la cargaison du patron se trouvait. Tracy avait en personne commencé à l’interroger, et avait hésité à appeler Candy. Si Tracy était la « rigide » du duo, Candy, elle, était la « détendue ». Elle mouillait quand elle torturait ses victimes, et le faisait toujours avec un certain régal. Elle l’aurait bien fait, si on ne lui avait pas dit que le patron voudrait les voir.
«
Et bien, continuez à le cuisiner ! Vous tenez vraiment à ce que je dise au patron que vous n’arrivez pas à le faire parler ?... Alors, allez-y franchement, y en a marre que je sois toujours derrière vous pour vous forcer à vous remuer le cul ! »
Candy adorait quand Tracy hurlait, ou la voir torturer les gens. Les deux femmes étaient faites pour s’entendre, et l’avaient senti dès qu’elles s’étaient vues. Malgré leur sadisme, elles étaient très professionnelles, et obéissaient scrupuleusement aux ordres du patron. Candy recommençait à l’embrasser, et Tracy dut la pousser.
«
Mmmhhmm... ronronna la belle panthère.
-
Le patron veut nous voir, Candy. »
Un sourire pervers éclaira les lèvres de Candy, mais elle remisa tout de même sa coiffure, avant de suivre Tracy vers la double porte menant au bureau du patron. Tracy appuya sur le bouton de l’interphone. Elle ne voulait pas déranger le patron, et attendit que le voyant passe au vert, que la porte se déverrouille, pour entrer.
Elle supposait que le patron voulait les voir pour ce Yakuza récalcitrant... Ou bien pour satisfaire ses envies. L’une dans l’autre, Tracy et Candy étaient des employées dévouées.
Il y avait plusieurs entrées dans l’
Iceberg Lounge, cœur économique des activités légales et illégales d’Oswald Cobblepot, alias «
Le Pingouin ». L’un de ces entrées se trouvait à l’arrière le long d’une ruelle où les employés vidaient les poubelles du restaurant, ou accueillaient la nourriture... Et d’autres choses. Un camion était justement là, déchargeant des caisses remplies de bouteilles de vins, de morceaux de poissons et de crustacés. Au Japon, il fallait aimer le poisson. On déchargeait les caisses dans les entrepôts du salon, se dépêchant, car chacun savait que le patron n’aimait pas quand les choses traînaient.
Un homme était dans un coin, en train de fumer en douceur. Il savait que la législation antitabac était particulièrement sévère au Japon, et il ne voulait pas se faire surprendre en train de s’en griller une. Il se détendait donc, en se disant qu’il aurait bientôt fini sa soirée, qu’il pourrait rentrer chez lui. Sa copine serait encore réveillée, avec un peu de chance. Il pensait à la folle nuit d’amour qu’il allait passer quand une silhouette sombre s’écrasa sur lui, l’assommant sur le coup, dans un léger soupir.
Félicia Hardy, enroulée dans sa combinaison noirâtre, traîna discrètement le corps inanimé à côté des poubelles. Elle aurait bien aimé ne pas avoir à l’assommer, mais le temps lui manquait. Elle se cacha contre un pilier, regardant en coin le camion de transport de marchandises.
*
À nous deux, Cobblepot...* se dit-elle alors.