Sergueï,
Cette première lettre est pour toi.
Je prends le bateau demain pour le continent.
Il ne me sera plus aisé de t'en faire parvenir ensuite. Les coursiers ne sont guère nombreux à faire le voyage jusqu'à notre royaume de Gora Moroz. J'espère tout de même que ce sera possible, car je ne pourrais vivre longtemps sans avoir de vos nouvelles : des tiennes et celles de ma mère.
Quitter notre terre, si froide et si rude, me fait prendre conscience que je l'aimais profondément, qui s'en serait douté ? Je ne vous ai pas habitué à cela, moi qui aime tant affirmer que je suis un pragmatique. Combien de fois me l'as-tu reproché ? … de tout ramener à des nombres, à des catégories, à des théories scientifiques démontrables ? Mais le déracinement, ce n'est déjà plus la même chose. Je me sens naître une sensibilité nouvelle. Peut-être même a-t-elle toujours été là, tapie, attendant que des émotions assez fortes la tire de son sommeil ?
On ne peut jamais savoir ce que nous réserve notre propre être avant que celui-ci choisisse de nous le dévoiler. C'est une phrase que je n'aurais jamais prononcé deux jours avant, mais j'y crois à présent profondément. J'espère que tu ne me croira pas devenu mystique pour autant. Mon amour de la raison est intact, même si je ne puis dire qu'il soit sorti inaltéré du turbulent flot de mes pensées récentes. Je crois pouvoir dire qu'il s'est enrichi d'une dimension nouvelle.
Ne t'en fais pas, je n'ai pas oublié ceux qui nous enseignaient la logique et la méthode sur les bancs de l'académie royale. Ces souvenirs sont pour moi trop précieux. Le temps passé avec toi, les innombrables heures à tenter, en feuilletant des ouvrages antiques et lourds, de comprendre les fondements et les aboutissants des sciences golémiques ou telluriques ne pourront pas s'effacer. Pas plus que ne s'effaceront tous les moments que nous avons partagés dans notre enfance.
Tu sais, si la première correspondance de mon voyage est pour toi, c'est aussi parce que tu es le premier ami que j'ai jamais eu. À l'aube de ma vie, tu étais déjà présent. Cela ne doit rien au hasard, il est vrai. Nos parents se connaissaient déjà bien avant notre naissance, Leur travail d'ingénieurs à la cour, leur passion les avaient rapprochés. En leur temps, ils ont joué le plus grand des rôles en participant à la création de cette vie à partir des pierres, le Chambellan. D'un tel héritage, nous pouvons être fiers. Mais c'est aussi toi qui m'a poussé à suivre les traces de nos aïeuls, moi qui était alors réticent. Là encore, c'était toi l'initiateur, enthousiaste et génial. Il était donc logique que tu débutes également cette aventure là.
Te souviens-tu du pistolet arcanique que nous avons conçu ensemble ? Nous en avions trouvé les plans dans le bureau de notre professeur d'anthracitique, lorsque nous étions tout deux en retenue. Il n'était décrit qu'à l'état de prototype, il ne fonctionnait pas. Nous avions modifié l’impédance de la chambre à entropie pour stabiliser le réactif calorifique. Nous n'aurions jamais cru que cela suffirait pour rendre adiabatique le processus et ainsi transformer le cycle en une combustion interne réversible. Qu'est-ce que nous avions ri ce jour là, comme tout semblait facile ! Pourtant, tout le monde n'a pas apprécié le trou d'un rayon de deux mètres que nous avions fait dans le mur du laboratoire.
Je suppose que notre jeunesse justifiait qu'on nous le confisque. Nous n'avions après tout que neuf ans.
C'est mon père qui jusqu'ici l'avait gardé en lieu sûr. Lorsque je lui ai annoncé mon départ, il me l'a remis. Il en avait amélioré la précision, avait rendu réglable la condensation de l'explosion avec le génie qui est le sien. C'est un outil dangereux, mais tu ne peux douter de ma compétence à l'utiliser : après tout, je t'ai toujours surpassé aux épreuves de tir !
Tu peux bien m'accorder cela, les domaines où je brille plus que toi sont si rares ! Je suppose que c'est pour cela que toi, tu as été titularisé, et que moi, je m'en vais chercher loin de chez-nous ce qui m'a manqué. Je ne t'en veux pas, tu le sais bien : tu n'as pas décidé du nombre de places. Tu n'as même pas décidé d'être meilleur que moi.
Tu vas me manquer. Ton esprit et ton corps vont tout deux me manquer. Nos ébats ont été si rares. Pourquoi avons-nous commencé si tard ? J'ai été longtemps complexé par ce qui aurait dû me donner sur toi un double-avantage. Les ballots aiment dire que la taille ne compte pas, et c'est sans doute une sagesse de leur part. Mais toi, tu m'as aussi enseigné que le nombre n'importe pas davantage, si ce n'est en bien. Je te dois cela en plus du reste.
En réalité, votre absence à tous me dévore déjà. Alors que cela fait une semaine seulement que nous ne nous sommes plus vus, je ne puis empêcher mon esprit de vagabonder vers vous, et d'entretenir les inquiétudes les plus sottes. Je ne suis pas fier de vous laisser.
Les gens qui quittent le royaume ne reviennent pas souvent. Te souviens-tu du fils du chevalier Tobor, son héritier, voyageant en quête de gloire ? Cela fait maintenant longtemps que nul n'a de nouvelles de lui. Il m'avait parut si courageux, si brave, si droit que je dois croire qu'il lui est arrivé quelque-chose d'horrible, plus horrible encore que l'attentat qui l'avait touché sans pourtant le décourager de son chemin de vertu. Je m'efforcerai que vous ne perdiez pas ainsi ma trace.
Si cela devait tout-de-même arriver, ne me pleurez pas, car j'aurais enfin trouvé la place qui est la mienne.
Mon très cher ami, je ne puis qu'espérer te revoir un jour. Ce jour là, nous aurons tous deux bien changé.
Tu es dans mon cœur, et je t'embrasse pour toutes les années à venir.
Ton camarade,
Lemme Ostrowski.
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Prénom :Lemme.
Nom :Ostrovski.
Âge :Dix-neuf ans.
Race :Terranide (thylacine).
Orientation :Bisexuel.
| Description physique : Notre sujet est un jeune mâle d'environ un mètre soixante-quinze pour une soixantaine de kilogrammes. On l'associe souvent aux terranides canins, mais son ascendance est un peu différente, puisqu'elle est plus proche du loup marsupial, ou thylacine. Cet atavisme lui confère une queue dans le prolongement de sa colonne vertébrale, d'une soixantaine de centimètres, ainsi que deux oreilles pointues à la fourrure brune, aux extrémités plus sombres, capables de s'orienter dans toutes les directions. Ces dernières émergent d'une chevelure mi-longue de même couleur.
Son regard est vert lichen, curieux et expressif, indéniablement humain malgré sa pupille légèrement fendue verticalement. De la même façon, son nez diverge seulement légèrement dans son apparence de l'organe le plus commun : sa pointe est plate et rose, rappelant vaguement une truffe. Le reste de son visage respire l'enthousiasme, rond avec un menton court, les lèvres assez épaisses et des sourcils arqués, malins. Un couple de rayures strient chacune de ses joues en s'affinant vers l'intérieur.
Comme l'animal dont il partage les gènes, il est mince et élancé mais sa peau est tendue sur une musculature sèche et marquée, très efficace. Son épiderme, normalement pileux à l'exception de ses attributs animaux, est légèrement hâlé par le soleil des neiges. Son anatomie est plus particulière entre ses hanches athlétiques puisque Lemme possède non pas un mais deux sexes. Cet héritage spécial lui octroi deux phallus parfaitement fonctionnels, l'un au-dessus de l'autre, et un seul scrotum. Les deux verges sont plutôt longues, celle du bas l'étant légèrement davantage (vingt-et-un centimètres) que l'autre (dix-neuf centimètres).
Les tenues qu'il porte sont diverses, généralement fonctionnelles car il n'a pas beaucoup de goût pour l’apparat. Elles peuvent être chaudes lorsqu'il est confronté à des environnements froids, cependant, ayant vécu dans un monde de glace, il n'est pas d'un naturel frileux. Ses habits sont souvent complétés de tissus et des bandes de cuir protectrices, notamment autour de ses poignets, prévenant les entailles que pourrait causer le recul de son arme. Une précieuse sacoche portée en bandoulière contient de nombreux outils et composants. |
Équipement et compétences :Le jeune terranide est un ingénieur compétent et inventif, formé aux magies et techniques de son pays natal. Celles-ci impliquent entre autres la construction de golems, de mécanismes fonctionnant grâce à la vapeur et aux arcanes, et d'armes à feu.
C'est un tireur aguerri faisant fonctionner un pistolet arcanique expérimental, générant jusqu'à de longues distances des explosions d'énergie plus ou moins importantes.
Merci à Connor !C'est également un pilote de trotteur, une monture mécanique bipède aux airs de grosses autruches, fonctionnant grâce au charbon. Il possède son propre trotteur, modifié par ses soins, modèle beaucoup plus léger que ceux présentés mais consommant très peu de carburant.