Une telle proximité gênait Jessica, mais elle ne pouvait plus se le cacher. Cette femme l’excitait, et Laraïna avait visiblement bien compris que, pour convaincre la jeune femme prude, il fallait la forcer un peu. Sans son costume, elle était affreusement timide, mais elle n’avait reçu aucune instruction religieuse, et donc aucun enseignement vis-à-vis du sexe. Si elle avait si peur que ça de répondre aux avances de cette belle femme en latex, c’était parce qu’elle avait peur de la décevoir, de ne pas pleinement la satisfaire. Mine de rien, cette perspective était troublante, et Jessica ne se rendait pas compte que, dans une société hyper-sexualisée, les filles comme elle étaient une sorte de lot rare, de tombola, et ne faisaient qu’accroître davantage la soif de sexe de leurs amantes. Jessica n’avait aucune réelle expérience du sexe, encore moins avec les femmes, n’ayant fait l’amour qu’avec Marco, et elle était loin de se douter que Laraïna avait lancé une recherche sur elle, prenant pour un mensonge ce qui n’était rien de plus que de la timidité. Elles filèrent ainsi dans le coin VIP, menant vers les chambres. On pouvait en louer une à la nuit, et elles arrivèrent face à une standardiste qui ne sembla pas surprise de voir Laraïna, et la laissa filer dans un ascenseur. Cette dernière, en conquérante, avait une main posée sur les fesses de Jessica, qui ne faisait absolument rien pour l’en dissuader. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Elle savait qu’elles allaient faire l’amour, et, curieusement, elle ne se sentait nullement gênée. C’était dans l’habitude des Tekhanes. Le sexe et l’amour étaient deux choses à dissocier dans les mœurs tekhanes, et, s’ils étaient loin d’être incompatibles, ils n’étaient pas non plus exclusifs entre eux.
Entre-temps, l’appareil de Laraïna lui transmit les informations qu’elle recherchait. Lorsque les deux femmes entrèrent dans l’appartement, et que Jessica, médusée, observa la suite, les informations apparurent. Pour commencer, l’appareil lui confirma qu’elle était bel et bien inscrite à un lycée, le lycée Meadrow. C’était un petit lycée de quartier, plutôt paisible, sans histoire. Il n’y avait aucune trace des excursions de Jessica dans les ghettos, mais, si Laraïna était bien renseignée, elle apprendrait qu’un membre du lycée Meadrow avait été tué par le Chirurgien, Beth. Comme c’était plus ou moins le seul sujet d’actualité intéressant concernant Beth, il était possible, à partir de Jessica Drew, d’obtenir des informations sur elle, et ainsi d’apprendre que Beth était une fêtarde, qui avait reçu plusieurs avertissements du conseil de discipline, et qui avait un casier judiciaire, pour des délits mineurs : détention et utilisation de stupéfiants, outrages, etc... Elle avait été condamnée à quelques amendes et à des peines d’intérêt général, sa dernière infraction en date, avant sa mort, lui ayant valu une peine d’emprisonnement avec sursis. Il n’était pas bien difficile de supposer que Jessica et Beth avaient du se connaître, car, en poursuivant les recherches à partir de Beth, Laraïna pourrait aussi apprendre que Mility était une amie de Beth, et avait déjà témoigné pour elle durant l’un des procès, en affirmant que Beth était une bonne vivante, et n’avait pas le profil-type des délinquantes.
Par ailleurs, Laraïna pourrait évidemment obtenir des informations sur la famille de Jessica, notamment sur Carol. Elle apprendrait ainsi que sa mère était plutôt riche, étant une femme d’affaires travaillant au sein d’une puissante société pharmaceutique. Concernant Kelly, la seule information digne d’intérêt était dans les bases de données d’une société de beauté novaquienne, qui lui permettrait d’apprendre que la femme avait subi un lifting complet, à l’aide de nanomachines. En bref, il n’y avait aucun secret visible sur cette petite famille, aucun squelette dans le placard, ou aucun scandale qui n’eût éclaté au grand jour. Une petite famille bien honnête... Tellement qu’on imaginait mal que leur fille soit une super-héroïne, même si elle était encore une grande débutante.
« Woow, c’est géant ! »
Le StarNight Club était plutôt grand, et il y avait, dans les étages, d’autres types de clubs, dont un club de strip-tease. Ensuite, il y avait des chambres, et les suites de luxe étaient tout en haut. Indéniablement, elles étaient dans les suites, et une grande baie vitrée permettait de voir le cœur de la ville, avec des tours qui se perdaient dans les nuages, et une farandole incroyable de lumières éblouissantes. C’est en voyant ce genre de décor qu’on se disait que Tekhos était vraiment une superbe ville ! Jessica n’eut cependant guère le loisir d’admirer la scène, car elle se retrouva plaquée au mur, et soupira en sentant Laraïna l’embrasser. Laraïna posa chacune de ses mains contre les poignets de Jessica afin de l’écraser contre le mur, et cette dernière soupira en sentant la femme la mordre aux lèvres. Un frisson la traversa, et elle se sentit fondre, avant de sentir les mains de la femme glisser sur elle, caressant ses cuisses, empoignant l’un de ses seins.
Jessica posa ses mains sur les épaules de la belle, en léchant ses dents et ses lèvres, sentant le plaisir exploser en elle. C’était bien différent des baisers de Maroc, beaucoup moins... Beaucoup moins râpeux, et bien plus doué, bien plus sensuel, bien plus onctueux. La femme adorait ce contact, et y répondit donc sans hésiter, pressant ses doigts contre les épaules de la femme, avant de glisser le long de ses hanches, agrippant chacune de ses fesses, répondant à son baiser.
« Haann !! Fais-moi l’amour, Laraïna... ! » soupira alors Jessica.
Inutile de dire qu’elle était convaincue, et que toutes ses réserves volaient en éclats. Sentir ce latex, cette belle bouche, cette femme qui se pressait contre elle... Qui aurait pu lui résister ? Sûrement pas elle, en tout cas !
En bas de l’immeuble, les cerbères envoyés à la poursuite de Cypion réalisèrent progressivement qu’elle n’était visiblement pas dans le night club. Ils auraient pu s’en aller, mais ils savaient leurs informations fiables, et, surtout, dans le van, l’homme resté au soutien leur signala que Cypion venait de se connecter au réseau. La pirate était étroitement surveillée par cette organisation, en raison de ses compétences redoutables. Ils auraient pu lui proposer de travailler pour eux, mais ils avaient compris qu’elle ne serait pas intéressée. Ils tracèrent le signal de cette connexion, et déterminèrent ainsi qu’elle était bien dans le bâtiment.
« Il est impératif que vous la trouviez. Elle a sans doute du se trouver quelqu’un avec qui coucher. Je ne vois aucune autre raison justifiant qu’elle se connecte sur le réseau. »
Cypion était paranoïaque, comme la plupart des hackers indépendants. Et elle était sûrement venue ici, non pas pour danser, mais pour faire comme la plupart des gens : baiser. Eux le comprenaient très bien, et le spécialiste en informatique se dit qu’elle avait du trouver une partenaire, et qu’elle avait lancé un scan sur elle. Ils avaient maintenant la confirmation définitive que Cypion était là.
Ce n’était maintenant plus qu’une question de temps.