Les gosses s'amusaient à l'embêter avec leur balle de foot, et lui ne trouvait rien de mieux que la leur renvoyer gentiment, avec un petit sourire narquois qui laissait entendre que non, ils n'arriveraient jamais malgré tout leurs efforts à lui faire un de ces "petits ponts", même si ils utilisaient toutes les techniques possible et imaginable pour réussir. Ce n'était pas du à leurs incompétences, mais juste que le clochard qu'ils essayaient de confondre en cette fin de matinée n'était rien de plus qu'un de ces légendaires seigneurs de la nuit, et qu'il voyait cette balle se déplacer avec la vitesse d'une grosse limace sur le point de mourir d'indigestion. Donc à chaque tentative, il la déviait d'un coup de talon, la faisant rebondir juste avant, ou juste se décalait de côté comme si il comptait faire ce geste depuis un petit temps, prenant toujours les enfants au dépourvu, et les faisant tous plus rager les uns que les autres. Finalement, l'heure du repas rappela tout le monde chez soi, et le clochard le plus apprécié de ce coin ci de la ville partit faire son petit brin de marche, laissant derrière lui un ballon et un ou deux autres gosses qui n'avaient pas voulu abandonner avant le déjeuner. Au moins son départ leur évitera de s'écrouler suite à une anémie.
Commençant à se balader, le jeune homme, car c'est bien à cela qu'il ressemblait malgré ses 35 années, partit vers la zone la plus intéressante de la ville à son goût. Contrairement à bon nombre de ses collègues, ses connaissances des passages entre Terre et Terra lui permettaient de se laver, de manger à sa faim, et de faire autre chose de ses journées que de chercher survie et nourriture, ce qui lui donnait enfin un aspect plus que convenable, et un air avenant qui lui permettait de ne pas être refoulé aux portes des infrastructures comme le métro, la bibliothèque, ou aussi, le centre commercial. Après qu'y ferait-il, lui le sans le sou, le non-dôté d'un statut social suffisant, ou de la moindre rentrée de monnaie ? Eh bien il vagabondait, il observait les personnes qui allaient et venaient, se prenant de jeu de deviner qui parmi tout ceux ci pouvait venir ou non d'un territoire de Terra. Car oui, il avait peu à peu compris l'état des êtres qui comme lui venait de Terra, et peu à peu se questionnait-il sur une chose : Quel était le vrai monde, la Terre, ou Terra ? Alors bien sur il observait tout le monde, répertoriait les échanges et les coutumes, pour le plus grand plaisir de sa curiosité.
Mais là c'est une autre sensations qui s'empara de lui alors qu'il venait de passer les portes fenêtres de l'entrée, superbe portes automatisées qui s'étaient ouverte sur un violent vent d'air chaud. Dans la galerie, où normalement le vampire pouvait sentir quelques origines Terranes, quelques petits sangs de nekos, de démons, et autres êtres qui bien sur se dissimulais ici à la perfection, il ressentait à l'instant même une présence écrasante, forte, une de ces présences qui normalement rendent humble quiconque dans l'autre monde où la présence psychique et magique est facilement reconnaissable. Oui ce qu'il sentait dans cette galerie marchande bondée à cette heure par nombre de couples, de familles, de curieux qui profitait d'un jour un peu beau pour sortir de chez eux et aller se ré-enfermer sous des vitres pour faire moults courses, c'était la présence implacable et inestimable d'une divinité. Bloqué sur le palier, interloqué par ce qu'il venait de ressentir, c'est la vigie qui finalement le taquine un peu, et le vampire feint la gêne, un peu rieur dans le fond, avant d'entrer clairement dans la galerie marchande avec une seule idée en tête, une idée somme toute des plus simple et radicale : Trouvez la dite divinité.
S'avançant dans les allées, soudainement bien moins vagabond et tête en l'air qu'avant, il scrute un peu tout autour de lui en essayant de déchiffrer les variations d'énergie présente dans l'air, afin de trouver l'épicentre de celle-ci, et donc de trouver le dieu ou la déesse qui était venue faire sa petite séance détente au milieu du magasin. Sa recherche lui prend malgré tout une bonne moitié du centre commercial, jusqu'à ce qu'il prenne un des grands escalators pour monter au premier étage, et atterrir devant un troquet duquel l'énergie s'échappe en masse. Pas besoin de douter plus longtemps, le vampire s'en approche et voit en effet celle qui devait exulter tant de puissance : Il s'agissait d'une jeune fille, cheveux longs, air froid, ou endormi peut-être ? En tout cas elle semblait se perdre dans les méandres d'une boisson quelconque, à réfléchir. D'un pas léger, le vampire entre, tranquillement, et se dirige sans hésiter vers la table de la demoiselle, pour s'y installer sans le moindre doute, comme si le tout était naturel. Maintenant commençait la phase la plus intéressante : Combien de temps mettrait-elle à comprendre que le vampire à deviner ses origines, et combien de temps mettrait-elle à remarquer que celui qu'elle en face d'elle est tout sauf humain.
- Bonjour, pardonnez moi de m'installer ici, mais la place manque, et quitte à boire quelque chose, je préfère le faire en face de quelqu'un qui me semble agréable.