Miyamoto Musashi Miyamoto n’était pas un homme recommandable, et à fort juste titre. Son faciès peu encourageant n’était guère compensé par son curriculum vitae, et la réputation qu’on lui faisait. C’était un tueur, un criminel qui avait son appartement dans les bas-fonds de Nexus, et qui était au service d’une dame encore plus influente : la marchande d’esclaves
Mithraïl. Mithraïl était une Nexusienne appartenant à une influente guilde marchande de Nexus, où elle avait le rang le plus élevé au sein de la guilde : celui, générique, de «
Maître ». La guilde avait plusieurs stands sur la grande Place Publique de Nexus, la grande Place du Marché où on trouvait de tout. Miyamoto était l’homme de main de Mithraïl, un homme de confiance, qui n’hésitait pas à faire couler le sang si sa Maîtresse le demandait. Ils étaient amants, mais elle le payait aussi bien, suffisamment pour qu’il lui reste loyal, fidèle à son code de l’honneur, très particulier.
C’est vers l’un des étals de cette guilde que la jeune Alice, nue comme un ver, se rendit. Que la garde ne l’ait pas encore arrêté pour exhibitionnisme tenait en soi du miracle, mais elle attirait l’attention, et Miyamoto, qui surveillait l’étal, pouvait voir plusieurs gardes se rapprocher de cette femme, probablement pour l’arrêter. Il loucha brièvement sur les formes de la Terranide, sentant une certaine excitation naître en lui... Sexuelle, certes, mais aussi financière. Miyamoto voyait là une future esclave à offrir à sa supérieure. Alors qu’elle se rapprochait du marchand, Miyamoto, assis, réfléchissait. Il portait un débardeur blanc permettant de voir ses muscles saillants.
Miyamoto était reconnaissable pour ses yeux, partiellement bridés, et pour ses gros sourcils. Ses yeux spéciaux étaient un héritage de sa famille : sa mère était une pure Asiatique, alors que son père était un soldat venant de Nexus. Miyamoto avait rejoint l’ordre des
shinobis à cause de lui. Dans Nexus, il espérait bien, un jour, réussir à le revoir, et, en attendant, il travaillait pour des marchands, afin de se faire de l’argent, des relations, pour retrouver son père, et accomplir les missions requises par son clan. Entre ses doigts, il jouait avec une dague, et observait la femme. Une belle Terranide à la peau sombre, légèrement huileuse. Il allait s’extirper de sa chaise pour la rejoindre, quand soudain, la Terranide vola l’un des pains chauds, avant de détaler à toute allure.
«
Hey ! Au voleur, au voleur ! » s’exclama le marchand.
Plusieurs gardes à proximité se dépêchèrent alors, essayant d’intercepter la Terranide à la peau sombre, mais la jeune femme était rapide, très rapide, et réussit à les esquiver, s’échappant de la Place du Marché. Elle arriva dans une ruelle, mais qui se révéla être une impasse. Un mur épais de plus de deux mètres se dressait face à elle, et, dans son dos, les gardes nexusiens ne tardèrent pas à arriver. Brandissant leurs armes d’hast, ils immobilisaient la jeune femme.
«
Tu sais le sort réservé aux voleurs, insolente Terranide ? »
Ces gardes n’étaient pas ceux des bas-fonds, corrompus et lâches. Ils étaient entraînés, et respectueux des lois. Cette vagabonde avait toutes les chances de finir comme esclave. Ils s’avancèrent vers elle, lorsqu’un homme arriva dans leur dos.
«
Il suffit, Messieurs. »
La voix, autoritaire, émanait de Miyamoto. Les gardes se retournèrent. Ils connaissaient l’homme, et ne l’appréciaient pas trop. C’était un criminel, après tout.
«
C’est une voleuse, reculez-vous ! -
Cette jeune femme n’a rien volé, elle est la propriété de Dame Mithraïl. -
Pardon ?! »
Miyamoto s’avançait en disant ça. Cependant, il ne voulait pas que la Terranide soit emmenée dans les geôles nexusiennes, où il risquait de la perdre.
«
Elle s’est échappée ce matin de notre manoir. J’ai été chargé de la retrouver, et de la ramener auprès de sa Maîtresse. »
Les gardes se regardèrent entre eux. Ils hésitèrent. Ils sentaient que cette histoire était louche, mais ils savaient aussi que Mithraïl était une femme influente dans la ville. De toute manière, cette Terranide nue ressemblait à une esclave. Ils haussèrent donc les épaules. Que cette histoire soit vraie ou non, peu leu importait. Ils savaient que l’étal volé appartenait à Mithraïl. Alors, si cette esclave appartenait à Mithraïl, il n’y avait pas de vol. On ne pouvait pas voler ce qui était à soi, après tout.
«
Surveillez-là plus attentivement » grogna l’un des gardes.
Ils partirent, laissant Miyamoto dans la ruelle. Il s’avança lentement vers la Terranide.
«
N’essaie même pas de fuir, jeune créature. Tu appartiens à Mithraïl, maintenant, et elle saura très bien à qui t’offrir. »
Son ton était autoritaire et ferme. Si elle essayait de courir, elle verrait qu’il avait d’excellents réflexes. Il l’immobiliserait sur place, et l’assommerait, pour la traîner dans le manoir de sa supérieure. Miyamoto savait notamment que Mithraïl faisait affaire, en toute illégalité, avec une esclavagiste ashnardienne, une certaine Mélinda Warren.