[FINI] Un vampire à occire ! [Mélinda Warren]

"Quoi ? Un vampire ? Au lycée Mishima !?"

C'est comme ça que la journée de Takeshi finit. Un de ses vieux amis et accessoirement ancien élève lui avait donné ce tuyau. Il aurait entendu une fille totalement bourrée au bar, certainement une de ses camarades de classe, lui en parler. Selon lui, ce serait une rumeur belle et bien fondée, et Takeshi avait pleine confiance en lui. S'il lui disait que cette personne était un vampire, c'en était un. Normalement. D'ailleurs, ils étaient à ce même bar, mais seuls. Dans un coin sombre.

"Oui, un vampire. Ou plutôt une vampire. Elle dirige un club au lycée Mishima, où elle y est, selon les versions, très populaire ou très impopulaire. J'ai pas pu trouver plus d'informations sans me mettre en danger, mais il semblerait qu'elle habite dans un manoir. Imagine la belle vie !
-Oui, ça ressemble bien aux vampires... Besoin d'un grand espace, de diriger des gens... En tout cas, celui que j'ai déjà croisé était comme ça, et j'ai vraiment eu du mal à m'en défaire ! C'est que ça bouge vite ces bestiaux !
-Du coup, comment vas-tu faire ?
-J'ai mis au point une nouvelle potion qui étourdit les créatures du diable. Un mélange entre de l'eau bénite et du venin de serpent.
-Le serpent auquel je pense ?
-Celui-là même !
-Ouh, ça va faire mal... C'est bien asphyxiant si je ne m'abuse ?
-Exactement ! Cela l'obligera à respirer plus que de raison les relents d'eau bénite, qui ont des propriétés étourdissantes.
-Mais tu n'as pas changé ta potion pour en terminer ?
-Non, bien entendu. Mais je devrais être en mesure de lui faire avaler, pour un effet plus radical. J'ai bien failli me faire vampiriser la dernière fois, à attendre que la potion lui ronge les ligaments !
-Oui, tu nous en avais déjà parlé... Bref, voici les informations sur cette vampire.
-Je t'écoute.
-Il s'agit de Mélinda Warren, du lycée Mishima. Elle a l'apparence d'une adolescente, et a moulé son corps de façon à ressembler à la femme parfaite. De moins d'une vingtaine d'années, évidemment... Bref, je m'égare. A ce que je sais, elle aime soumettre les jeunes filles de sa classe, et ce serait une pointure du marché d'esclave sur Terra. Mais elle est la plupart du temps sur Terre, je ne sais pas pourquoi.
-Tu m'en a déjà beaucoup dit, mon ami. Je te remercie pour ces informations. Pourquoi ne viendrais-tu pas participer à la capture ? Un peu d'exercice te ferait le plus grand bien ! Tu grossis !
-Moi ? Euh... C'est-à-dire que... J'ai des... Trucs à faire ! Voilà ! Des trucs à faire !
-Haha, je plaisante ! Je sais bien que tu aimes pas le danger. D'ailleurs, en parlant de danger, où en est-tu sur tes découvertes à propos...

Ils discutèrent de choses et d'autres pendant une petite heure, avant d'aller se coucher. Takeshi était tout excité à l'idée de mater son second vampire. Il ne tenait plus en place, si bien qu'il dut presque s'assommer pour dormir un peu. Le lendemain, lorsque Takeshi se réveilla, il se sentit frais comme un gardon. Il avait pensé à son plan jusque dans ses rêves, et avait eu le temps d'établir la majorité des scénarios possibles. Déjà, contacter un des professeurs de cette fameuse Mélinda, ensuite, prétextant telle ou telle excuse, l'attirer seule dans une pièce. En tant que vampire, elle ne devrait pas trop être réticente à cette idée à cause du danger. Sortir la potion assommante, la briser, cracher un peu ses poumons, puis faire boire à cette créature de l'enfer sa potion contre les créatures du diable. Il l'avait recrée sur le modèle de la précédente, qui avait malheureusement fonctionné à retardement, mais qui l'avait occis tout de même.

TROIS JOURS PLUS TARD

Takeshi était assit sur une chaise, seul dans une salle de classe, attendant l'arrivée d'une certaine Mélinda Warren. Pour tout le monde, il s'appelait Matako Okayashi, et était dirigeant d'une entreprise en Corée du Sud. Il voulait s'entretenir avec Mlle Waren pour une proposition de stage dans une de ses filiales nippones. C'est ce qu'il avait raconté au professeur qui s'était occupé de la faire venir. Il ne savait pas du tout ce que ce prof lui avait dit pour la convaincre de venir. Car, en effet, il y aurait pas mal d'argent à la clé pour le lycée Mishima.

Il était angoissé et ne tenait plus bien en place. Pour tenir, il sortit une flasque contenant uniquement de l'eau et en but une gorgée. Pas d’alcool avant un combat. C'était une règle qu'il s'était fixé, et qu'il tenait à la lettre. D'ailleurs, en parlant de combat... Voici la cible !

La journée de cours n’avait pas été très prolifique pour Mélinda, qui apprenait de moins en moins de choses utiles dans ce lycée... Elle savait déjà tout ce que les professeurs disaient, et elle n’était restée que pour se renseigner sur le mystérieux Matoko Okayashi. Il y a deux jours, l’une de ses profs’ lui avait dit qu’un certain Matoko Okayashi désirait la voir, afin de discuter d’une proposition de stage dans une filiale nippone. Mélinda avait accepté, mais n’en avait pas moins été surprise. Qui était donc cet individu dont elle n’avait jamais entendu parler ? Elle n’avait aucune esclave s’appelant Okayashi, et aucune de ses filles ne lui avait dit connaître une quelconque Coréenne s’appelant Okayashi. Les doutes de Mélinda s’étaient accrus, et, en menant une recherche sur Internet, par le biais d’autres lycéens, elle avait appris qu’il n’existait aucun PDG sud-coréen s’appelant Matoko Okayashi. Le seul nom vaguement approchant sur Google était Matoko Kobayashi, un mangaka japonais, et dessinateur de mecha. Il existait aussi un Motoko Obayashi, qui était un sportif de volley-ball japonais. Mélinda avait donc rapidement compris que ce Matoko ne venait point pour une demande de stage, mais qu’il avait d’autres idées derrière la tête... Et, vu le plan fumeux qu’il avait mis en tête, il devait savoir des choses sur Mélinda, mais guère assez. Autrement, il aurait su que, face à une menteuse experte, il fallait travailler un peu mieux son dossier pour qu’il ait l’air crédible.

Mélinda avait décidé d’aller le voir pour mettre les choses au point, et savoir ce que cet individu lui voulait. Sa poste était de penser, soit à un Terran voulant faire affaire avec elle, éventuellement en la menaçant, soit à un Terrien qui avait entendu parler d’elle, et voulait, aussi, faire affaire avec elle. Dans les deux cas, Mélinda était méfiante, car elle savait que, généralement, ceux désirant faire affaire avec elle n’étaient jamais très honnêtes. Elle s’attendait donc au pire, et c’était bien pour ça que Bran, fidèle à lui-même, veillerait sur sa petite sœur.

Le cours se termina, et Mélinda, dans son petit uniforme scolaire, qui lui allait comme un gant, et lui donnait presque l’impression d’avoir seize ans, sortit, et rejoignit la salle indiquée pour l’entretien de stage. Elle se trouvait à l’étage, dans un coin assez isolé, où il n’y aurait personne qu’eux. Rien que le lieu était, en soi, déjà révélateur. Si cet homme était vraiment un homme d’affaires ayant une filiale à Seikusu, pourquoi ne pas inviter Mélinda dans son bureau ? Pourquoi demander un rendez-vous dans une salle de cours au lycée ? Ce n’était pas très professionnel.

*Pas du tout, même.*

Ce ne serait pas la première fois qu’on chercherait à attenter à la vie de la petite esclavagiste. Elle avait hérité d’un harem qui aurait du s’écrouler. Elle aurait du s’écrouler, être dévorée par les autres concurrents, et ainsi faire définitivement disparaître du paysage ashnardien le nom des Warren. Au lieu de ça, l’arrogante vampire avait, non seulement survécu, mais également réussi à prospérer. Il y avait de quoi attirer bien des convoitises. On lorgnait sur son marché, on lorgnait sur son chiffre d’affaires, sur ses bénéfices, et sur sa volonté de s’étendre.

*Si cet individu me veut du mal, il va comprendre que je ne suis pas qu’une belle petite poupée...*

Mélinda rejoignit la porte, et, respectueusement, tapa à cette dernière, comme pour s’annoncer, puis entra.

Le soleil se couchait, comme toujours à cette heure, dardant de ses lueurs orangées la pièce. La vampire s’avança lentement, et sourit devant l’homme. Il ressemblait à un alcoolique s’étant trompé de salle.

« Okayashi-san ? s’enquit Mélinda, en utilisant le ton respectueux et policé des Japonais. Je suis Mélinda Warren... J’ai eu vent que vous cherchiez à me voir, alors... Me voici. »

Un léger sourire éclairait ses lèvres. Elle ne sentait rien de particulier venant de cet homme. Son sang était normal, ce qui était... Troublant. Ce n’était pas un démon ashnardien, et il avait l’air de ressembler à un clochard terrien.

*Est-ce le père d’une de mes filles ? Un beau-père, un oncle ?*

D’aucuns pouvaient s’insurger, derrière de fallacieux prétextes mormons, pour le traitement que Mélinda offrait à ses ouailles. La vampire s’avança lentement, et sautilla sur le bureau du professeur, posant ses fesses dessus, en croisant nonchalamment les jambes.

« Qu’est-ce qu’un homme comme vous pourrait bien vouloir à une jeune femme comme moi ? »

Deux petits coups légers sur la porte d'entrée se firent entendre. Il n'eut même pas le temps de murmurer un "Entrez" que la porte s'ouvrait déjà, laissant paraître une jolie jeune femme. Elle avait un corps... Envoûtant, se rapprochant au mieux de ce que Takeshi appelait la perfection. Des cheveux châtains foncés lui tombaient jusqu'aux hanches, et un visage parfaitement proportionné lui souriait légèrement. Mais le plus piégeur, selon lui, était ses profonds yeux verts dans lesquels on pouvait se perdre pour plusieurs siècles sans même s'en rendre compte. Il murmura à voix haute, sans même s'en rendre compte :

"Un véritable corps de poupée..."

De plus, cette couleur orangée se reflétait sur ses cheveux, les faisant briller de mille feux. La magnifique créature se présenta :

"Okayashi-san ? Je suis Mélinda Warren... J’ai eu vent que vous cherchiez à me voir, alors... Me voici."

Elle s'avança dangereusement de Takeshi, qui eu un petit coup de sang à ce moment, mais qui reprit vite contenance. Il pouvait faire passer ça assez facilement sous le compte d'une perversion soudaine, son apparence naturelle aidant. La vampire s'assit sur le bureau, juste à coté du chasseur de vampire. Situation assez inhabituelle, quand on y pense bien. Mais qui n'allait pas durer bien longtemps. Cela, il l'assurait !

"Qu’est-ce qu’un homme comme vous pourrait bien vouloir à une jeune femme comme moi ?
-Jeune ? répondit-il en haussant un sourcil. Ne nous mentons pas plus que nécessaire s'il vous plaît. Je m'appelle Takeshi."

Il prit sa flasque de sa main droite et la rangea à l'intérieur de son imperméable. Dans le même geste, il en sortit une fiole contenant une solution orange brillante. Avant de lui laisser le temps de réagir, il déboucha la fiole et en but deux gorgées.

"Ceci est un des breuvages de mon invention. Il réunit l'exotisme des meilleurs fruits de la Terre ainsi qu'un fruit de Terra. Je vous invite à goûter par vous-même."

La fiole en question contenait un mélange de jus de goyave, de fruit de la passion, ainsi qu'un des fruits ne poussant que sur Terra. Il agissait ainsi pour inhiber un peu la méfiance de la créature lui faisant face. Pendant que celle-ci goûtait ou non de son excellent jus multi-fruits, il se leva et se balada un peu dans la pièce, tournant parfois le dos à Mélinda.

"Voyez-vous, pour moi le monde se divise en deux catégories de personnes. Les personnes venant de la Terre, et celles venant de Terra. Vous et moi faisons partie de la seconde catégorie. Dans cette même catégorie, il y a encore deux types de personnes."

En parlant, il avait mis un peu de distance entre lui et la vampire. Profitant d'un moment où il lui tournait le dos, il avait sorti une seconde fiole d'une potion d'un violet inquiétant, avec une fumée épaisse de la même couleur. Pour l'instant, il tenait cette fiole bouchée, à l'abri de l'air ambiant. Car la fumée était sous très haute pression, et que le matériau utilisé pour la fiole n'était pas du verre, mais beaucoup plus résistant. Cependant, à cause de la pression, il avait exactement la même fragilité que le verre, tout en gardant la transparence.

Il fit face à la créature et lui annonça :

"Il y a les personnes normales, comme moi, et les créatures du démon, telles que vous. Les secondes doivent être occis !"

Il jeta la fiole vers la seule porte de la pièce, condamnant ainsi la sortie. La fiole se brisa, libérant ainsi le gaz sous pression qui emplit la pièce en moins de trois secondes. Il se rendit compte, au moment où il lança la fiole, qu'il n'avait pas fait attention de savoir si la porte était fermée ou non. Bah, c'est sans importance après tout ! Selon ses calculs, Mélinda et lui devraient commencer à tousser et à s'étouffer dès la première respiration, ce qui arriva assez vite pour Takeshi. Le gaz se dissiperait au bout de deux minutes, laissant alors à Takeshi deux autres minutes pour s'occuper de la vampire qui serait étourdie par les relents d'eau bénite.

A genoux, Takeshi crachait ses poumons.

Jambes croisées, Mélinda comprit assez rapidement qu’elle ne s’était pas trompée. Ce type n’était pas franc du collier, et l’avoua sans ombrages, tout en lui offrant une potion contenant, selon ses propres mots, « l’exotisme des meilleurs fruits de la Terre ainsi qu’un fruit de Terra ». Mélinda ne songea même pas à le renifler, craignant qu’il n’y ait là une quelconque vapeur toxique, et le posa à côté d’elle, les sens aux aguets. Ses ongles étaient déployés, formant presque des griffes, tandis que l’homme marchait. Ce clochard était bien trop menaçant, bien trop suspect, et Mélinda sentait une entourloupe, un piège gros comme un pâté de maisons. Elle avait certes les jambes croisées, mais elle observait la jugulaire de l’homme, prête à bondir pour l’égorger si jamais il tentait de l’attaquer. Avait-il un pistolet ? La peau d’un vampire était résistant, mais les balles pouvaient lui faire mal, et même la tuer. Au lieu de ça, l’homme balança une fiole tout en se lançant dans une tirade qui ôta désormais tout doute sur ses intentions belliqueuses.

« Il y a les personnes normales, comme moi, et les créatures du démon, telles que vous. Les secondes doivent être occis ! »

La fiole que l’homme balança libéra une sorte de fumée épaisse, un gaz visiblement toxique. Elle remplit la pièce, et Mélinda éternua à son tour, sentant sa gorge s’irriter et s’enflammer. Elle tomba au sol, à quatre pattes, une main sur sa gorge, versant des larmes. Cet individu venait-il de se sacrifier ? Elle cracha et siffla, ses canines sorties, son beau visage légèrement déformé par la contraction de ses muscles. Le gaz remplissait la pièce, laissant les deux individus au sol, et Mélinda entreprit de ralentir son rythme sanguin.

L’une des fenêtres explosa brusquement, dévoilant la présence de Bran, qui se posa sur le sol. Il avait eu le temps de se préparer, et avait bloqué sa circulation sanguine. Il ne respirait ainsi pas, plongé dans un mode de concentration intense. L’inconvénient était qu’il ne pouvait pas rester longtemps. Il saisit sa sœur par l’épaule, et sortit par la fenêtre, plantant ses griffes dans une interstice. L’air frais fit du bien à Mélinda, qui rouvrit les yeux. La langue pendante, elle inhala l’air frais, et toussa encore.

« Connard de magicien ! Il m’a balancé une potion toxique ! »

La potion devait probablement l’étourdir. Au bout de quelques secondes, elle se dissipa, et Mélinda put retourner dans la pièce. Bran la suivait. Il se rua vers le pseudo-mage. Bran portait un débardeur blanc et un pantalon en cuir noir. Sa main saisit le mage à la gorge, et le souleva. Faisant preuve de sa force herculéenne, Bran balança l’homme, qui rebondit sur une table, la renversant, avant de s’affaler sur le sol.

« Sérieusement ?! s’exclama Mélinda. C’était quoi, ce plan foireux ? Tu pensais vraiment me tuer comme ça ? Je crois que tu n’es qu’un pauvre dément qui en a assez de la vie. Je ne planterais même pas mes crocs dans ta gorge. »

Bran s’avança vers l’homme. Ses mains se saisirent de la table derrière laquelle l’homme avait atterri, et il la balança contre le mur, où elle se brisa en deux. Il s’avançait lentement, ses muscles tendus, ses yeux fusillant le mage du regard.

« Quel genre d’assassin es-tu donc ? Croyais-tu vraiment que je viendrais comme ça, voir un parfait inconnu, sans prendre un minimum de précautions ? Je me fiche de savoir si c’est personnel, si tu veux me tuer par conviction, parce que j’ai baisé ta sœur, ou si tu as été payé pour ça. »

Il n’y avait personne qui pouvait venir l’aider, et les griffes de Bran étaient déployées, prêtes à bondir pour lacérer le corps de l’homme, et le tuer, tout simplement.

Parfois, il fallait faire au plus simple. Mélinda pensait toutefois qu’elle allait se faire examiner par une magicienne, plus tard. Certes, elle allait bien, mais cette fiole pouvait tout à fait avoir des effets secondaires cachés.

*Maudit mage !* pesta-t-elle en son for intérieur.

Avant même d'avoir fini de s'étouffer, Takeshi sentit que quelqu'un le prenait à la gorge.

Pas possible ! Elle devrait...

Lorsque son agresseur le leva, l'alchimiste put alors le voir. Il ne s'agissait pas de Mélinda, mais d'un autre vampire apparemment. Sa respiration se bloqua pendant bien une seconde avant que cet inconnu le balance au fond de la pièce, où il s'affala comme une poupée de chiffon sur le sol. Il était en très mauvaise situation, mais il trouva le moyen de se sourire à lui-même. Dans une trentaine de secondes, au maximum, si cet homme était réellement un vampire, sa main devrait commencer à se désagréger dans une fumée verte épaisse. En effet, il avait pris quelques précautions et avait badigeonné son corps de la potion anti-vampire, si bien que un vampire touchant sa peau serait affecté.

Finissant de s'étouffer, il entendit ces mots de la part de la vampire :

Sérieusement ?! C’était quoi, ce plan foireux ? Tu pensais vraiment me tuer comme ça ? Je crois que tu n’es qu’un pauvre dément qui en a assez de la vie. Je ne planterais même pas mes crocs dans ta gorge.

Le mage eut un rire nerveux. De plus, la seconde créature s'approchait dangereusement de lui, et il semblait fin énervé.

Quel genre d’assassin es-tu donc ? Croyais-tu vraiment que je viendrais comme ça, voir un parfait inconnu, sans prendre un minimum de précautions ? Je me fiche de savoir si c’est personnel, si tu veux me tuer par conviction, parce que j’ai baisé ta sœur, ou si tu as été payé pour ça.

Takeshi avait mal au crâne. Celui-ci avait heurté la table de plein fouet, si bien qu'un filet de sang s'en échappait. Il réfléchissait aussi vite qu'il le pouvait. Peut-être lui répondre, avant que cette autre créature du démon le terrasse, gagnant ainsi du temps. Car il allait bientôt ressentir une intense douleur...

Je suis... Un... *Tousse tousse* Grand rêveur. Je veux... *Crache un peu de sang* Purger ce monde... Des démons tels... *Tousse* Que vous.

Il toussa et cracha une ultime fois, avant de sentir l'air frais emplir ses poumons à nouveau. Il essuya le filet de sang s'échappant de sa bouche et repris, d'une voix plus posée :

Estimez-vous heureux de ne pas m'avoir mordu. Sinon, vous seriez morte dans d'atroces souffrances, alors que je vous en propose une indolore et rapide. D'ailleurs, votre ami devrait commencer à avoir les mains qui brûlent, s'il s'agit d'un vampire...

Le bruit caractéristique de la potion anti-vampire agissant sur l'homme se fit entendre. Une douleur pouvant assommer un homme normal devrait être ressentie par cette créature. Cependant, une chose interpella Takeshi : la couleur de la fumée se dégageant de ses mains n'est pas verte, mais marron. Cela voulait dire... Que sa potion était ratée ! Sa douleur durera encore plusieurs minutes, voire une petite heure, mais ses mains ne se désagrégeraient pas ! A ce moment, Takeshi commença a paniquer.

Merde... Merde. Merde !!!

Réalisant que, à tout moment, Mélinda pourrait décider d'en finir avec sa pauvre vie, il décida de commettre l'irréparable. Il gardait toujours sur soi une potion qu'il avait lue dans un livre, portant la mention "Ne boire sous aucun prétexte". Il l'avait conservée, ignorant totalement son effet, au cas où il se trouverait en état de mort assurée. Il la sortit de son imperméable. Elle s'était pas contenue dans une fiole, mais dans un tube à essai métallique, fermée par un bouchon métallique aussi. Il la déboucha, et une odeur pestilentielle se dégagea. Il leva à nouveau les yeux sur Mélinda et dit d'un ton solennel :

Mélinda, si tel est votre véritable nom, j'avoue ma défaite devant l'incapacité à tester mes potions sur des créatures telles que vous. Alors que cette personne aurait dû mourir à petit feu, il continuera seulement à agoniser pendant une heure au maximum.

Il mit le tube à essai bien en évidence.

Ceci contient une potion dont je ne connais pas les effets, mais que j'ai toujours voulu essayer. Cela entraînera certainement ma mort, mais je vous prierai de nettoyer les dégâts pour ne pas inquiéter inutilement les autres personnes ayant accès à cet endroit. Si vous survivez, bien entendu...

Sans lui laisser le temps de réagir, il but la potion, toujours allongé sur le sol. Lorsqu'il eut fini, il posa la tête contre le sol et attendit.

Bran s’avançait vers l’homme. Peu importe son nom, il était décidé à accomplir la volonté de sa sœur, et à le tuer. C’était aussi simple que ça. Bran n’aurait aucune faiblesse à accomplir ce geste, aucune hésitation. Ce cancrelat allait périr. Il s’avançait, sans tenir compte de ce que l’homme disait, lorsqu’il sentit sa main brûler. Tournant la tête, Bran constata qu’une épaisse fumée marron s’échappait de sa main. Il secoua cette dernière, agacé, et entreprit de la frotter contre sa veste. Ce magicien avait du s’enduire d’une quelconque substance toxique. Mélinda était tombée sur une espèce de cinglé, de fanatique intimement convaincu que les vampires étaient le mal incarné. Du point de vue de la petite vampire, le mal ne venait pas tant des vampires que des humains. Un vampire n’était pas plus foncièrement mauvais qu’un être humain, et elle pensait que la plupart des atrocités de ce monde avaient été commises par des humains. Qu’on lui prouve le contraire.

Elle vit l’homme se saisir d’une nouvelle fiole, et poussa un soupir, agacée devant l’insistance de ce mage. Un vrai farfelu. La main de Bran n’avait rien, et celui-ci allait s’avancer, quand Mélinda lui fit signe de s’arrêter. Autant accorder la dernière cigarette au condamné. Il ne serait pas dit qu’elle soit cruelle.

« Ceci contient une potion dont je ne connais pas les effets, mais que j'ai toujours voulu essayer. Cela entraînera certainement ma mort, mais je vous prierai de nettoyer les dégâts pour ne pas inquiéter inutilement les autres personnes ayant accès à cet endroit. Si vous survivez, bien entendu... »

Bras croisés, elle ne répondit rien, et il avala la fiole, jusqu’à la dernière goutte, avant de la balancer sur le sol. Mélinda attendait. Il n’y eut aucune explosion magique, rien d’autre qu’un homme en train de mourir. La vampire sentait le rythme cardiaque de ce dernier décroître de plus en plus, s’atténuant à l’approche de la mort. Il allait mourir, c’était un fait. Son ultime coup d’éclat n’était rien de plus qu’une tentative de suicide. Bran observa Mélinda, demandant à connaître la suite des évènements. Mélinda réfléchit un peu. Elle ne pouvait pas sortir avec un cadavre et le traîner dans le lycée, ce ne serait pas très propre. Elle pouvait encore moins appeler la police, car elle ne tenait pas à ce que les policiers se mêlent de ses affaires. Elle finit par hausser les épaules.

Ils étaient en hauteur, il y avait donc peu de risque pour qu’un élève arrive ce soir. Au pire des cas, ce serait à cet élève de se débrouiller.

« Il va falloir revenir ce soir, et l’incendier, je ne vois que ça. On le balancera depuis la fenêtre pour l’envoyer dans la cour, sous la protection de la nuit, et on le traînera dans un coin isolé, avant de le faire flamber. »

Ce plan lui semblait être le plus simple pour éviter les complications. Le cadavre brûlerait bien, avec un bidon d’essence, et Mélinda n’entendrait plus parler de ce cinglé.

Elle était cependant encore loin de se douter que le pire était encore à venir.

La potion commença à faire son effet après une quinzaine de secondes. Takeshi pouvait sentir son corps se dilater lentement, tandis qu'il se transformait en énergie pure. Petit à petit, il devint de plus en plus transparent, pour finir par ne plus exister, tout simplement. Ses vêtements se posèrent sur le sol comme de vulgaires chiffons. Cinq secondes après la disparition complète de Takeshi, un événement improbable eut lieu. Un bruit sourd se fit entendre, comme si on déchirait l'univers tout entier à l'endroit précis où se trouvait l'homme, tandis qu'une forme apparut d'un coup.


Nous sommes le 25 décembre 2013. Pierre est affalé sur son lit, avec son PC portable, en train de consulter ce forum qu'est LGJ. Il est en train de répondre à celle qui se fait appeler Alice, qui utilise son personnage vampire qu'est Mélinda Warren. Il organise un grand changement pour son personnage, Takeshi. Il lui fait boire une potion qui changera à jamais sa vie. Lorsqu'il clique sur le bouton "Soumettre", un bruit de déchirure se fit entendre. A l'instant même, il se retrouva totalement nu, sur une pile de vêtements, sans son ordinateur. Lorsqu'il se redressa légèrement pour regarder devant lui, il vit une assez jolie jeune fille, et un homme qui se tenait devant lui. La fille en question lui donnait un air de déjà vu. Elle portait un uniforme scolaire nippon, bien qu'elle ne semblait pas d'origine japonaise. Pierre pensait rêver.

Putain, où est-ce que je suis ? fit-il pour lui-même, en français.

Puis il regarda un peu plus attentivement la fille. Elle avait des yeux verts profonds, et un visage juvénile. Il mit encore une seconde avant de se rendre compte de l'endroit où il l'avait déjà vu. Dans son ordinateur. Elle ressemblait comme deux gouttes d'eau à cette Mélinda Warren, personnage de fiction avec qui il était en train de "combattre" quelques secondes auparavant par l'intermédiaire de son personnage. Il crut rêver éveillé. Oui, c'est ça, il était en train de rêver ! Lentement, il amena sa main gauche à pincer son avant-bras droit. Il se pinça jusqu'à en avoir mal. Mais rien ne changeait. Il ne se réveillait pas.

Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? se dit-il encore une fois.

Il ne comprenait pas du tout ce qui venait de passer, et surtout comment cela était possible. Il ne pensait pas que la science fiction pouvait un jour toucher une personne réelle, et là, il était totalement au dépourvu. Si ce dont il se souvenait était exact, cette fille était un redoutable vampire esclavagiste, vivant dans la luxure grâce à un réseau d'esclaves féminins. Il n'avait d'ailleurs pas lu de RP de sexe entre elle et un homme. Enfin, pas qu'il s'en souvienne.

Puis il regarda autour de lui. Ils étaient dans une salle de classe, avec les carreaux des fenêtres brisés. Il se dit alors que c'était exactement comme dans le RP qu'il venait d'écrire. Quand il regarda autour de lui, il reconnut le chapeau de Takeshi. Il avait choisi l'image pour son chapeau qu'il trouvait classe, bien que décharné. Cela lui donnait un effet... inquiétant.

Alors là, je suis dans une merde pas possible...

Il n'était pas conscient que les personnes en face de lui ne pouvaient pas comprendre ce qu'il disait. Il resta ainsi, attendant une réaction quelconque.

« Qu’est-ce que c’est encore que ce délire ?! »

Devant les petits yeux ébahis de Mélinda, cette dernière vit le corps de Takeshi se mettre à... À disparaître. Ce n’était pas comme si son corps était en train de fondre, de se ratatiner et de se disloquer sous la présence d’un acide corrosif. Non, il se volatilisait, devenant une sorte de pure énergie, avant de finalement disparaître, ne laissant plus que ses vêtements. Mélinda cligna des yeux, indécise, et renifla. Non, ce n’était pas un sortilège d’invisibilité... À moins que ce sort ne soit aussi capable de faire disparaître les battements du cœur... Vu que Takeshi avait l’air d’avoir une dent contre les vampires, c’était quelque chose de tout à fait possible.

Mélinda n’eut guère le temps de se poser de questions qu’une forme réapparut.

*Allons bon, que se passe-t-il encore ?!*

Un homme nu débarqua alors, en lieu et place de Takeshi. Il avait des cheveux coupés courts, foncés, et semblait éberlué. Rien à voir avec Takeshi... Il ne ressemblait pas à un clochard, et Mélinda cligna des yeux, surprise. Qui était ce type ? Elle ne l’avait jamais vu auparavant ! Mélinda fronça lentement les sourcils.

« Putain, où est-ce que je suis ? » s’exclama l’homme.

Cette langue n’était pas totalement inconnue à Mélinda, car elle avait suivi quelques cours de langue en rejoignant la Terre. Elle avait notamment appris le mandarin, mais également les langues occidentales, comme l’anglais, et un peu de français, une langue qui était encore répandue dans une bonne partie du monde. Elle reconnut donc certains accents, mais il n’était pas très fréquent qu’on la parle devant elle. Même les Français qu’elle connaissait préféraient parler le japonais. Les yeux de l’homme, ahuris, regardaient autour de lui. Mélinda ne l’avait jamais vu. Était-ce un piège ? Un nouveau sortilège de ce mage cinglé qui avait cru pouvoir agresser Mélinda en sortie de cours ? Pourquoi diable fallait-il donc qu’elle tombe toujours sur des cinglés ?

Mélinda se rapprocha un peu, nerveuse, ses griffes pointées. Bran était dans son dos, masquant un peu mieux que sa sœur sa surprise devant cet homme. Peu importe qui ce bonhomme était, si sa sœur demandait à ce qu’il le supprime, il obéirait sans se poser de questions.

« Alors là, je suis dans une merde pas possible... » lâcha encore l’homme.

Mélinda comprit un seul mot : « merde ». Elle soupira, agacée, et fit signe à Bran. Le puissant vampire s’avança lourdement, adoptant une posture agressive, et attrapa l’inconnu, le souleva, et le plaqua férocement contre le mur, enfonçant ses griffes dans son cou, avant de l’envoyer s’écraser lourdement contre la table, plaquant sa main sur sa tête, l’immobilisant fermement. Sa tête était tournée de côté sur la table, et Mélinda se pencha vers lui. Bran avait immobilisé l’un de ses bras dans son dos, en forme d’équerre, et pouvait, en tirant dessus, infliger une grande douleur au brave homme.

Mélinda se pencha, et décida d’opter pour l’anglais :

« Who the fuck are you, dude ?! »

Elle parlait en effet beaucoup mieux anglais que français.

Lorsque Mélinda s'était déplacée vers lui, Pierre n'avait pas réagi, encore paralysé par la surprise. Mais lorsque l'autre homme s'avança vers lui d'un air menaçant, il commença à paniquer. Il eut pour réflexe de reculer, toujours le dos à terre. Sans aucune difficulté, il l'attrapa par le cou et le plaqua au mur. Pierre sentit quelque chose s'enfoncer dans son cou, mais ce n'était pas le plus important. Il essaya de hurler, mais l'inconnu l'étranglait en même temps qu'il le tenait. Il ne réussit qu'à laisser échapper un gémissement de douleur intense. Puis il se sentit plus léger, notamment au niveau du cou. Et pour cause ! il l'avait balancé sur une des nombreuses tables. Il réussit à se réceptionner sans trop de mal grâce à un réflexe de survie qu'il ne pensait pas avoir, ce qui lui évita d'avoir la tête explosée contre la table. Mais cela ne lui évita pas d'en voir trente-six chandelles pendant une petite dizaine de secondes, alors que son assaillant lui tenait le bras derrière son dos, en position parfaite pour le lui casser.

Il ne reprit entièrement ses esprits qu'au moment où Mélinda Warren parla. Il n'entendit pas tout ce qu'elle voulait dire, mais il reconnut la sonorité de l'anglais. Et là, il reconnut son erreur. Forcément, ils étaient au Japon ! Ils ne pouvaient pas comprendre le français !... A ce moment, il remercia silencieusement son prof de japonais. Paniqué, il répondit, en japonnais avec un fort accent français :

Pitié, arrêtez, je vais vous dire ce que je sais tout !

Il reprit un peu de son souffle pendant une dizaine de secondes, puis enchaîna :

La théorie la plus probable, c'est que nous soyons dans mon rêve, et que vous soyez en fait qu'un esprit de ma création. J'étais en train d'écrire un message sur un forum, en France, et je suis tout à coup... Comment dire ? Arrivé là, sans le savoir. Mais puisque cette théorie vous aimerez pas, j'en ai une autre, qui va vous sembler... Euh... Merde... Impossible.

Pierre sentait qu'il jouait sa vie sur cette réplique. Si il lui racontait pour le forum, elle aurait certainement envie d'en savoir plus, beaucoup plus, quitte à l'enfermer pour toujours, voire à le tuer si elle jugeait qu'il en savait trop. Il décida de s'inspirer d'une des fictions qu'il avait aimé, Stargate SG-1, avec son histoire de changement de dimensions.

Apparemment, j'ai changé de... Monde. Contre ma volonté. Les deux mondes seraient pareils, avec quelques différences.

Il regarda Mélinda avec des yeux suppliants :

S'il vous plait, me faites pas de mal. Je pouvais pas savoir que je serais ici ! Je veux juste rentrer chez moi... Je... Je dirais rien ! Rien du tout ! Je sais même pas ce que je dois dire !!

Le pauvre homme s'embourbait, et son japonnais était plutôt approximatif à certains moments. Il faisait des fautes qui auraient pu porter à confusion, sans même s'en rendre compte. Tout ce qui comptait pour lui, c'était de se barrer d'ici, le plus vite possible !

[HRP : Gras = japonnais. Gras + italique = français.]

Le mystérieux inconnu était plaqué contre la table, et se mit à parler, passant du français au japonais. Mélinda cligna les yeux en l’écoutant. Il lui parla d’un délire improbable sur un quelconque « forum » figurant en France. Il évoqua ensuite l’existence d’un autre monde d’où il serait venu. Mélinda ferma lentement les yeux, réfléchissant. Manifestement, ce type était fou à lier. Cependant, son principal problème était disparu : Takeshi était parti, et il y avait, devant elle, un type qui avait l’air bien vivant. Dès lors, il n’y avait plus de cadavre à faire disparaître.

*Cependant, rien ne me dit que cet homme n’est pas une réincarnation de ce magicien...*

Takeshi l’avait bien mis en garde. Certes, elle avait pu constater à quel point son plan était bancal, mais il était troublant que cet homme apparaisse juste après avoir bu la fiole. En pensant à ça, Mélinda s’écarta, et se rapprocha de l’endroit où Takeshi avait disparu. Pendant ce temps, Bran continuait à immobiliser l’inconnu, avec sa force herculéenne. Il l’immobilisait sans aucune difficulté. Mélinda, quant à elle, trouva le récipient qui avait servi à faire disparaître Takeshi, et probablement à faire apparaître cet homme, et le prit. Elle observa la fiole, curieuse, troublée, et la renifla. La substance avait disparu, mais il restait encore quelques traces le long des parois. Des résidus. En chargeant un mage de les examiner, Mélinda en serait peut-être plus sur leur composition.

Le temps était suspendu à ses lèvres, alors que, entre ses griffes, la fiole tournait. Elle pouvait aussi bien tuer l’homme, que le laisser vivre. Dans l’absolu, les deux choix se posaient à elle, et le tuer présenterait l’avantage de lui faciliter la vie. D’un autre côté, il y avait là un mystère à résoudre, et, si cet homme disait vrai, alors il était toujours possible que Takeshi soit en vie, et que sa fiole n’ait pas eu pour but de le sauver, mais pour unique fonction d’opérer une transmutation. Ce que Mélinda avait alors pris pour une fuite ne devait être qu’une technique de fuite. Elle grogna, serrant nerveusement des dents.

*Maudits magiciens !*

Elle se retourna d’un bond, pour s’adresser à Bran :

« Lâche-le. »

Bran obtempéra silencieusement. Quand ses mains relâchèrent le bras de l’homme, ce dernier glissa de la table, où son équilibre était précaire, et s’affala sur le sol. Mélinda fléchit les genoux, juste au-dessus de sa tête, et posa délicatement, presque avec sensualité, chacune de ses mains sur ses joues, ses griffes glissant sur sa peau, sans toutefois l’entailler.

« Il y a deux hypothèses, mon beau... »

Mélinda s’humecta les lèvres, réfléchissant silencieusement, avant de poursuivre :

« Un mage a lamentablement essayé de me tuer dans cette pièce, et a bu une ultime potion qui l’a fait disparaître. Soit tu es toujours ce mage, et ton objectif est de me tuer en m’assommant sous les conneries... Soit tu es un pauvre individu issu d’un autre monde, et la potion de ce mage lui a permis de transmuter avec toi. Il s’est retrouvé chez toi, et toi... Ici. »

Les griffes de Mélinda se déplacèrent encore un peu, jusqu’à ce que la vampire n’entreprenne de se relever.

« Alors, dis-moi... Dois-je te tuer maintenant, ou t’épargner ? »

Reste calme... Reste calme... ça ne sert à rien de s'énerver. Surtout que les deux vampires sont plus forts que moi physiquement. Reste calme...

Pierre n'avait, pour l'instant, strictement rien à faire, sinon à penser par quel moyen sortir de ce merdier. L'homme - certainement le frère de Mélinda, qu'il avait aperçu dans un des RPs, même s'il n'arrivait pas à se souvenir de son nom - le tenait toujours, et il savait bien qu'il était strictement inutile d'essayer de se débattre. Il pourrait sans difficulté lui briser le bras, puis l'ensemble de la colonne vertébrale en cas de rébellion. Il entendait la vampire se déplacer, mais il ne pouvait rien voir, car elle était désormais sortie de son champ de vision réduit. Il essaya alors de se souvenir de quelle genre de potion il avait inventé. Il s'agissait d'une potion transformant le buveur en énergie pure pour ensuite déclencher une puissante réaction. Cependant, il n'avait pas encore noté avec exactitude la réaction. Il semblait ici que ce soit la téléportation de Pierre à l'endroit où se trouvait l'énergie. Manque de chance, il ne pouvait rien dire sans risquer sa vie.

Lâche-le.

La brute le lâcha et Pierre tomba comme une... euh, pierre, sur le sol. Cependant, cette fois-ci, il était dos au sol, et pouvait voir Mélinda s'accroupir juste au-dessus de lui. Lorsqu'elle frôla son visage avec ses griffes, il crut sa dernière heure arrivée. Il ferma ses yeux et crispa son visage.

Il y a deux hypothèses, mon beau...

Il rouvrit les yeux et regarda la vampire dans les yeux, effrayé.

Un mage a XXXXXXXX essayé de me tuer dans cette pièce, et a bu une ultime potion qui l’a fait disparaître. Soit tu es toujours ce mage, et ton objectif est de me tuer en m’assommant sous les conneries... Soit tu es un pauvre individu XXXXXXXX d’un autre monde, et la potion de ce mage lui a permis de XXXXXXX avec toi. Il s’est retrouvé chez toi, et toi... Ici.

Evidemment, n'ayant jamais pratiqué le japonnais en situation réelle, il avait du mal à comprendre certains mots et certaines tournures de phrases. Grosso-modo, il avait compris qu'elle lui avait décrit presque exactement ce qu'il avait écrit quelques minutes plus tôt à peine, en plus de ce qu'il venait se passer. Il avait aussi compris qu'elle pensait qu'il était toujours le mage.

Puis Mélinda se releva. Puis elle lui posa la question auquel il s'attendait le moins :

Alors, dis-moi... Dois-je te tuer maintenant, ou t’épargner ?

Il répondit d'une voix rapide et apeurée :

Non, me tuez pas ! Pitié, je... Hein ??

Attend, il n'avait pas rêvé, là !? Elle lui demandait s'il voulait mourir maintenant !... Alors là, il était totalement désemparé devant cette attitude. Voulait-il le mettre au même niveau qu'elle pour ensuite mieux le tuer ? Pierre n'était pas très doué pour ce genre de combat mental. Du coup, il fut assez vite largué dans les théories qu'il put établir, pour finalement qu'il lui reste une seule certitude : il y avait un truc bizarre.

Je, euh... Je pense pas être un danger pour vous. Je pense que si vous êtes des vampires ou des aliens que vous me disiez, ça m'étonnerait pas. Pour les zombies, j'aurais un peu plus de mal, car vous puez pas la chair pourrie. Et de toute façon, je pourrais rien faire.

Après avoir dit ça, il se releva, et ce fut seulement à ce moment qu'il se rendit compte de son état de nudité. Par un réflexe pudique, il cacha ses parties avec ses deux mains et recula précipitamment de deux pas. Enfin, voulut reculer de deux pas. Lorsqu'il posa son second pied, il sentit quelque chose craquer. En effet, il l'avait posé à l'endroit où l'imperméable de Takeshi, pile sur une de ses potions. Un craquement proche de l'explosion retentit, et un assez fort envoi d'air sortit de la fiole, projetant Pierre un mètre plus loin, directement en direction de Mélinda. Cela avait aussi créé un petit cratère, comme si, lorsque le sol avait été construit, il y avait une sphère de la taille d'une boule de bowling qui avait entravé le sol, et que tout le monde avait fait le tour. Il n'y avait aucune fissure visible. L'imperméable avait, par chance, volé dans les airs pour passer dehors par le carreau cassé.

Deux secondes plus tard, devraient retentir une autre explosion, et un mince filet de fumée violette, mais rien de bien menaçant. Les autres étaient des potions à boire, sans aucun autre effet.

Son pitié n’avait guère d’effet pour Mélinda. La vampire tenait rarement compte de ce mot, qui était contraire à l’existence de la vie. Quand elle était une humaine, personne n’avait fait preuve de pitié envers elle. Même les démons qui l’avaient transformé en vampire, et s’étaient servis d’elle pour triompher de son père, n’avaient nullement agi par charité. Le mystérieux homme nu essaya donc de défendre sa cause :

« Je, euh... Je pense pas être un danger pour vous. Je pense que si vous êtes des vampires ou des aliens que vous me disiez, ça m'étonnerait pas. Pour les zombies, j'aurais un peu plus de mal, car vous puez pas la chair pourrie. Et de toute façon, je pourrais rien faire. »

Elle fronça légèrement les sourcils. La comparer à un zombie n’était guère intelligent, et, alors qu’elle réfléchissait, l’homme se rapprocha de l’imperméable. Réalisant soudain qu’il était nu, il essaya de protéger ses parties intimes, un réflexe idiot... Avant que son pied ne s’enfonce dans la poche de l’imperméable du défunt Matoko, ne brisant une fiole. Il y eut alors comme une explosion d’Air, et le Français s’envola, heurtant Mélinda, tandis que l’imperméable se mit à s’envoler par la fenêtre, provoquant en contrebas une autre explosion, qui fit voleter de la fumée violette. Mélinda n’en avait toutefois, sur le coup, guère pris conscience, car elle atterrit sur le sol, couchée sur le dos, avec le sexe de l’homme glissant à hauteur de ses cuisses, sa tête près de la sienne. Elle eut à peine le temps de cligner des yeux que Bran jaillit.

L’une de ses mains saisit l’homme par les cheveux, et le balança en arrière. Avec sa force surhumaine, le mystérieux individu s’envola, et atterrit sur le sol, s’écrasant sur les fesses. Mélinda se releva alors, et, en tournant la tête, elle vit un chapelet de fumée violette en train d’approcher de la fenêtre.

« Ça ira, Bran... »

Mélinda se releva lentement, en secouant la tête. La luminosité continuait à décroître de plus en plus, des zones d’ombres de plus en plus épaisses se formant dans la salle de cours. La vampire considéra l’individu sur le sol. Il était plus pathétique vraiment effrayant. Elle fronça lentement les sourcils, puis secoua la tête. Elle se rapprocha alors de lui, et posa son pied sur son ventre, l’écrasant à moitié. Le pied était près de son sexe, et, en le ramenant en arrière, son talon glissa sur la verge de l’homme. Mélinda le dominait de toute sa hauteur, ses longs cheveux ondulés glissant impeccablement sur son visage. N’était-elle pas ravissante, ainsi ? La vampire serra ses poings, et fléchit lentement les genoux, s’asseyant à califourchon sur l’homme. Ses griffes glissèrent sur sa poitrine, remontant un peu le long de sa peau.

« Finalement... Je vais te laisser la vie sauve. »

Elle se releva alors, et s’écarta un peu.

« Alors, mystérieux voyageur, comment t’appelles-tu donc ? »

Il percuta la vampire de plein fouet, la faisant tomber sous lui. Il était sur elle, allongé, dans une position assez suggestive. Pierre n'avait pas tout compris de ce qu'il s'était passé. Il avait fait un vol plané sur Mélinda, sans aucune raison, et sans le vouloir. Avant même qu'il ait le temps de s'excuser, ou même de bouger, il se sentit tiré par les cheveux, et laissa échapper un gémissement de douleur. Il repartit dans l'autre sens, atterrissant un peu plus loin que le cratère formé par l'explosion. Heureusement, une fois de plus, il se réceptionna assez bien : sur les fesses, sans taper violemment le coccyx. Sa tête commençait à tourner alors qu'il était assit. Deux secondes plus tard, il s'allongeait pour essayer de calmer ses sens malmenés par l'autre vampire. Il entendit Mélinda lui donner un ordre, mais il n'entendit que le nom qu'elle avait employé. Bran. C'était donc son nom... Maintenant qu'elle le disait, il s'en souvenait.

Reprenant son souffle en même temps que ses esprits, les yeux fermés, il entendit alors des bruits de pas. Se rapprochant de lui. S'il devait mourir, il voulait au moins mourir dignement. Il voulut ouvrir les yeux et se relever, mais il n'en eut pas le temps. Il sentit un pied pressuriser son estomac. Par réflexe, il se redressa à moitié, faisant entendre un autre gémissement de douleur. Génial, elle allait lui donner envie de vomir... Mais cela ne dura pas. Elle recula un peu son pied pour toucher son sexe. Accaparé par la douleur qu'il avait ressenti, puis par le haut-le-cœur qui suivit, se concentrant pour ne pas lui vomir dessus, il ne le sentit même pas. Il n'essaya même pas de la regarder dans les yeux. Son regard était perdu dans le vide, au niveau du ventre de la vampire, trop concentré sur ses autres sensations.

Il la vit alors s'asseoir sur lui, encore une fois au niveau de son estomac. Ah non, il semblerait que ça soit plus bas... Au niveau de son pubis. Ses griffes se perdirent sur le torse de Pierre, lui donnant une nouvelle fois des sueurs froides. Il sentait qu'il allait mourir, il le sentait au plus profond de lui-même. Cela était trop surréaliste pour qu'il y survive.

Finalement... Je vais te laisser la vie sauve.

Ah... Bon, d'accord... Il la fixa alors dans les yeux, mi-reconnaissant, mi-inexpressif, pour la voir se relever et s'écarter un peu de lui.

Alors, mystérieux voyageur, comment t’appelles-tu donc ?

Il résuma la situation, bougeant son bras droit au fil de ses pensées par réflexe.

Bon, je résume... J'atterrit dans un endroit, avec des vampires fictifs qui combattaient un mage fictif... Je me fais agresser, rétamer comme une vieille merde, pour finalement me faire expédier sur elle, réexpédier par son garde du corps, pour qu'elle me détruise mon estomac puis finalement m'épargne... Soit je suis devenu cinglé et là je suis dans un asile de fou, soit ça dépasse mon imagination.

Il se frotta le front et se massa les tempes pour reprendre complètement ses esprits. Puis il se souvint qu'elle lui avait posé une question.

Pierre, je m'appelle Pierre, madame.

Il regarda une nouvelle fois autour de lui. Cela n'avait pas beaucoup changé, sinon un petit cratère, et les vêtements de Takeshi éparpillés un peu partout dans la pièce, à l'exception de l'imperméable. Des vêtements... Pratique ça !

Excusez-moi, mais je pense qu'il serait plus... Convenable que je m'habille.

Il refréna un ultime haut-le-cœur pour ensuite se lever et aller chercher le pantalon de Takeshi qui se trouvait à moins de deux mètres de lui. En l'enfilant, il se remit à parler :

Je ne connais rien de cet endroit. Je crois avoir compris pourquoi je suis là, mais pas je suis où. Et je sais pas où aller non plus. Ni comment rentrer chez moi. Je crois que je vais être obligé de m'aider vous demander.

Des erreurs classiques de japonnais... D'habitude, il faisait la conversion dans l'autre sens, du japonnais au français. Apparemment, la vie avait voulu qu'il teste l'inverse aujourd'hui. Et cela ne lui réussissait pas forcément.

« Pierre, je m'appelle Pierre, madame. »

Le dénommé Pierre semblait totalement pétrifié, comme s’il était persuadé qu’il allait mourir... Ce qui, en soi, n’était pas faux. La vampire envisageait réellement de le supprimer, tout comme elle savait qu’elle ne ressentirait guère de pitié à l’idée de le supprimer. La redoutable vampire était ainsi : délicieusement cruelle et sadique. Horrible, monstrueuse, mais tellement irrésistible. Comment lui dire non ? On aimerait presque qu’elle nous tue, pour avoir le plaisir de se dire qu’on avait été abattus par la plus belle et la plus magnifique des tueuses.

Dans un sourire, Mélinda se releva, et laissa l’homme se rhabiller, enfilant les seuls vêtements disponibles : ceux du défunt Matoko... S’il était bel et bien mort, ce qui, en l’état actuel des choses, n’était guère une certitude. L’homme enfila promptement les vêtements, mais n’avait visiblement guère envie de se séparer de la vampire... Comment le lui reprocher, après tout ? Qui n’aurait pas envie d’être près de la vampire ? Proche de la magnifique Mélinda, qui enchantait les rêves, hantait les nuits, et poursuivait les rêveurs dans leurs fantasmes ? Mélinda se contenta d’un léger sourire amusé, dos tourné à l’homme, qui entreprit de défendre son dossier, de défendre l’idée de devoir suivre une femme qui avait sérieusement envisagé de le tuer.

Il devait vraiment être dans une triste situation pour devoir ainsi quémander la pitié de la femme.

« Je ne connais rien de cet endroit. Je crois avoir compris pourquoi je suis là, mais pas je suis où. Et je sais pas où aller non plus. Ni comment rentrer chez moi. Je crois que je vais être obligé de m'aider vous demander. »

Le ton était hasardeux. Les kanjis étaient là, mais pas dans le bon ordre. Le langage occidental était fondamentalement différent du langage oriental. Les différents idiomes reposaient sur des modes de communication totalement différents entre eux. Mélinda se pinça les lèvres, sa langue claquant brièvement, avant qu’elle ne regarde Bran. Elle ne faisait pas dans la charité gratuite, et ce type désemparé avait tout l’air d’être un boulet... Légèrement cinglé, de surcroît.

*Cependant...*

Oui, il y a avait quelque chose qui l’étonnait, là-dedans. Sa peur était normale, mais elle semblait... Anormale. Sa peur ne semblait pas tant justifiée par le fait d’être tombé sur une vampire que par le fait qu’il avait failli mourir. Il s’adaptait tout simplement bien trop vite à cette situation, au fait de passer d’un endroit totalement différent à un autre... Comme si, dans une certaine mesure, il savait où il était, comme si, inconsciemment, son cerveau reconnaissait cet endroit. S’il était vraiment un simple quidam ramassé par hasard, son cerveau  se serait totalement bloqué, et il aurait fait une crise. Là, il s’adaptait bien trop vite.

Un tel comportement était, en définitive, suspect.

Mentait-il ? Disait-il la vérité ? Quelle était cette histoire de « forum » ? Qu’avait-il voulu dire ? Que, quelque part, dans ce pays où on mangeait du pain chaud avec du beurre, il y avait un individu qui relatait sa propre existence ? Cette histoire semblait totalement délirante, incompréhensible, tellement grotesque qu’elle n’avait même pas envie de l’entendre... Mais ce mensonge paraissait tellement éhonté, tellement énorme, tellement impensable, qu’il n’était tout simplement pas crédible.

Bran attendait que Mélinda se décide. Elle pouvait tout simplement partir, et le laisser là. Elle ne craignait pas grand-chose de cet homme, et, de toute manière, s’il devenait gênant, elle pouvait tout à fait le tuer. La vampire réfléchit donc, et trouva assez rapidement des solutions possibles

« Très bien, jeune Pierre. Je vais t’offrir mon hospitalité. »

En contrebas, une limousine noire attendait Mélinda. Elle était conduite par une jeune étudiante qui bénéficiait de son permis de conduire : Gia.

Une autre des esclaves de Mélinda Warren.

En finissant d'enfiler le pantalon de son ancien personnage, il réfléchit à la tournure de la prochaine phrase qu'il allait sortir. Celle-ci allait certainement être une des plus importantes de sa vie. En effet, il fallait absolument qu'elle le conduise dehors. Il savait que cet établissement était assez grand, et avait peur de se perdre ou, encore pire, tomber dans uns des portails menant vers Terra. Il ne manquerait plus que ça, tiens ! Arriver encore une fois dans un nouveau monde, un nouvel univers, pour ensuite se faire tuer ou esclavager... Nan, il fallait absolument qu'il sorte de cet établissement. Il ne savait pas du tout ce qu'il allait faire ensuite, certainement crever comme une merde, mais au moins, il serait sorti...

En réalité, Pierre ne savait pas exactement quoi demander à la vampire : de le guider jusqu'à la sortie, qu'elle lui montre le chemin, ou encore que son frère le guide. Dans tous les cas, il serait encore un bon moment en danger, mais après cela, il pourrait respirer et réfléchir un peu plus calmement à sa situation. Son cœur battait encore à cent à l'heure, et il était toujours possible qu'elle l'égorge sans autre forme de procès.

Tout en songeant à sa future phrase, il chercha le Tee-Shirt et le pull de Takeshi. Ceux-ci étaient au même endroit, sur une table au fond de la pièce, derrière Bran. Il hésita pendant une seconde, et décida que, de toute façon, cela ne changerait pas grand chose qu'il soit à coté de lui ou à 10 mètres. Il ne possédait pas une allonge suffisante pour prétendre distancer un vampire à la course. Il se dirigea donc vers les habits, restant à une distance de sécurité de Bran de plus d'un mètre, avant d'y arriver. Son rythme cardiaque avait doublé pendant le trajet, et il n'était pas tranquille. Mais alors pas du tout tranquille. C'est en mettant le Tee Shirt qu'il entendit Mélinda lui parler :

Très bien, jeune Pierre. Je vais t’offrir mon XXXXXXXXXX.

Manque de chance, il ne connaissait pas du tout le dernier terme qu'avait employé Mélinda. Qu'aurait-elle bien pu lui offrir ? Sa virginité ? A cette pensée, Pierre eut un petit rire étouffé, discret et totalement involontaire. Il espérait qu'elle n'ait rien entendu. Plus sérieusement, qu'aurait-elle pu lui offrir ? Il y réfléchit en enfilant le pull. Il lui répondit alors :

Excusez-moi, mais je n'ai pas compris le dernier mot que vous avez dit. Merci de votre offre mais j'aurais juste besoin que vous me... me... Merde, comment on dit ça déjà ? m'aider à aller vers la sortie. Je n'ai pas envie de me perdre dans un dédale.

Il regarda alors autour de lui pour trouver la veste de Takeshi. Pas question de sortir dans ce froid polaire sans cet imperméable ! Son œil fut alors attiré vers la fumée bleue qui se tarissait. Intrigué, il se dirigea vers cette fenêtre sans carreaux, et y pencha la tête. Il vit alors l'imperméable coloré entièrement en bleu. Par chance, ils étaient au rez-de-chaussée, et il pouvait sans trop de mal sortir, prendre l'imperméable, et remonter. Attend voir... Pourquoi remonter alors qu'il serait dans la cour ? Logiquement, la cour est reliée au portail de sortie ! Enfin, il croyait. Il se retourna vers Mélinda et lui dit en montrant du pouce la fenêtre cassée :

Je crois que ce sera plus court par là.