[Faut vraiment que je fasse un effort sur les délais, ça en devient ridicule...]
La petite créature complimente Linda, ce qui la fait sourire. Mais elle ne songe pas à le remercier. Quand on vous dit qu’elle a des lacunes en communication la fillette… Elle penche légèrement la tête sur le côté quand il laisse s’installer le silence. Pourquoi ne dit-il plus rien ? Il ne sait pas à quelle espèce il appartient ? Est-ce que par hasard il serait…comme elle ? Mais non, la réponse qu’il donne est toute autre. Un mog. Ce genre de machin a donc un vrai nom, et mignon avec ça. Cependant le sourire de la jeune femme disparaît rapidement en apprenant qu’il est le dernier de son espèce.
-Oh… C’est vraiment dommage. Je suis désolé pour toi.
Ah ça, pour être désolée, elle l’est, oui ! Elle sait ce que c’est de se sentir seul, de n’avoir personne qui puisse comprendre sa peine. Les loups étaient très gentils, bien qu’un peu méfiants, mais ils ne pouvaient pas comprendre tous les tourments d’un être hybride et monstrueux. Car monstrueuse, elle l’est, dans le sens où elle n’a pas encore fini sa transformation, elle le sait, et est donc destinée à devenir une bête à part entière. Son humanité en grave péril ne la chagrine pourtant pas plus que ça. Après tout, à quoi ça lui servirait, sans la mémoire de sa vie d’humaine, de le rester ?
C’est au tour de Luth de demander l’espèce de son interlocutrice. Les oreilles de cette dernière tiquent un peu. Est-ce qu’elle est censée répondre ? Oh, oui, bien sûr, puisque lui-même l’a fait, c’est la moindre des politesses… Linda soupire donc et s’assied à côté du mog, songeuse. Un peu amère, aussi.
-Ne t’en fais pas pour le « tu », si tu n’y arrives pas ce n’est pas grave. Je…je suis ce que j’appelle une chimère. Une créature artificielle. J’ai été humaine, mais il y a quelques années des scientifiques m’ont transformée en cette chose que tu vois. Enfin, presque, ma queue a bien poussé depuis, tout comme mes ailes que tu as dû voir tout à l’heure. À long terme, je pense que je n’aurai plus rien d’humain. Après, ce n’est qu’une théorie, si ça se trouve je vais juste rester comme ça. En tout cas mon corps ne vieillit presque plus, ça j’ai pu le constater.
Ce qui lui donne l’apparence d’une adolescente pâle comme la mort, aux yeux dorés, aux oreilles et crocs de loup et à la queue de lion, capable de se doter d’ailes d’aigle. Peut-être pour toujours. Cette apparence a son charme, certes, mais…mais ce n’est pas elle. Elle s’est résignée, en six ans, mais accepter son nouvel état a été très dur. C’est pour ça qu’en parler avec quelqu’un lui fait vraiment du bien. Revenant au présent, elle secoue la tête pour chasser ses pensées sombres et sourit.
-Pardon de t’embêter avec mes histoires. C’est juste que j’ai jamais eu l’occasion de parler de ça avec quelqu’un d’autre que les loups chez qui je vis.