Pas de fausse note ! [PV Louis de la Lavande]

Il y a deux sortes de cours, et deux sortes de professeurs. Les cours chiants où on écoute un professeur rébarbatif réciter son cours et qu'on prend des notes, et les cours plus sympathiques où les élèves sont amenés à agir par eux-mêmes, aidés par une professeur pleine d'entrain, jeune, et qui adore, pour l'instant, son métier. Quand on entendait le cours de Musique de Mlle Dubrinov, on pensait tout de suite à la deuxième sorte de cours. De l'extérieur de la classe, c'était un brouhaha sans nom mélangeant flute, piano, cris, chants, paroles, chuchotements, rires, poèmes, rock'n'roll et prises rapide de notes. De l'intérieur, c'était des élèves plutôt sages qui obéissaient assez bien et qui profitaient plus ou moins d'un cours un peu bordélique donné par une professeur jeune. Les élèves avaient toujours du mal à accepter l'autorité de Kasja Dubrinov, 26 ans, visage de lycéenne, habits d'étudiante, caractère enjoué et plein de vie. Mais, peu importait pour la demoiselle, tant que ses cours restaient calmes et qu'on l'écoutait.

Mais surtout, qu'on ne faisait pas de fausses notes. Kasja était assez indulgente : vous pouviez répondre une ou deux fois, vous rebellez une fois, crier quatre ou cinq fois, ne pas rendre votre devoir deux fois : pas d'heures de colles, pas de mots, elle laissait passer. Mais vous faisiez une fausse note, une seule et unique fois, et vous en attendiez parler pendant quelques cours. Alors, si dans un même morceau, vous en faisiez plusieurs, ça pouvait devenir catastrophique. Et si, en plus, ce n'était pas dans votre habitude et que vous étiez un bon élève modèle, c'était directement dans le bureau de votre sulfureuse professeur de musique. Et, c'était ce qui allait se passer pour Louis de La Lavande.

Kasja tapait la pulsation du pied, mettant le métronome plus fort pour que son élève le prenne en compte. Elle fronçait ses minces sourcils roux, d'un air contrarié. Il en faisait beaucoup, là ! Pourquoi ?! Lui qui était bon élève, normalement. Bon, d'accord, il ne savait pas interpréter, mais il savait plus ou moins bien jouer. Ca pouvait suffire. Mais, là ! Là, il exagérait.

"-Je t'attends dans mon bureau, après le cours, Louis.."

Tout le morceau avait été faux. Du début à la fin. De la première note qu'elle lui avait reprendre quatre fois à la dernière. Il avait peut-être un problème ? La musique et Kasja, c'était une grande histoire d'amour, et quand on la jouait mal, il lui semblait toujours qu'un problème allait arrivé ou était là. Elle l'attendrait donc, pour en parler. Ca l'étonnait quand même beaucoup.

Louis de la Lavande faisait chavirer le coeur de beaucoup de lycéenne et pourtant aucune n'eut l'honneur de chaparder le sien. Le jeune bourgeois ne pouvait pas se permettre de laisser des filles de bas étages avoir la chance ne serait-ce que de le toucher. Heureusement pour le beau jeune homme les femmes, comme certains hommes fauchaient les espoirs des demoiselles un peu trop familière à son goût. Sa popularité permettait au moins de le protéger du contact répugnant des prolétaires, cela n'empêchant pas les plus fou de lui faire une tape amicale dans le dos. Mais finissons là un constant pour entrer dans le vif du sujet, le cours de musique. Comme il était issue d'une bonne famille, la flûte était bien trop pour les simple d'esprits, non, il lui fallait que le que chose qui souligne la haute famille dont il était originaire. Il ne prit donc pas le piano, encrassé par les doigts des prolétaires. Il vint à porter son choix sur le violon, un instrument noble que les personnes de petite famille ne pouvaient apprécier.

Louis n'aimait clairement pas cette classes, avec que des fils et fille d'ouvrier, de plus ils étaient tous si collant à vouloir aller admirer son manoir, mensonge qu'il avait formulé pour que l'honneur de sa famille soit conservée. Il ne pouvait se permettre de dire qu'il vivait dans une maison de prolétaire, même si cela n'était pas à la porté de tout étudiant de son âge. Il refoulait tout la colère de ses petits gens et leurs modes de vie misérable, se lever, travailler, dormir. Louis avait des aspirations bien meilleurs, vivre dans la sphère des dominants, de ceux bien née et ayant au final la décision sur les prolétaires par leurs noms et l'histoire de leurs familles. Le jeune homme était très fier de l'histoire de sa famille qui avait voyagé à travers le temps, sans doute l'était-il trop. Il se mit à accorder le violon, se rendant compte avec une certaine frustration que les gens de mauvaise famille ne savaient décidément pas entretenir un si beau instrument. Une fois ceci fait, il vérifiat l'archer, retirant quelque crin trop usé, il sortie de son sac un linge qu'il mit sur l'instrument, comme s'il ne voulait pas le salir par son contact. Enfin il se mit à commencer son morceau.

Les oreilles instruite auront sans doute reconnu Sonatta N°1 presto de Bach. Il s'agissait d'un morceau fort complexe à cause de ses successions rapide de notes. Ce que Louis vint à sous-estimer ce fut la colère de jouer un tel chef d'oeuvre à des ignares, sans doute fut-ce cela la raison des fausse notes.  Certes pour une personne peu instruite cela passait quand même, mais pour une oreille attentive comme celle de la professeur de musique, cela était décevant, même Louis comprit cela en se faisant interpeller pour venir en fin de cours. Avec une mine un peu déçu, il se mit à déposer l'instrument à l'endroit où il devait être. Louis aurait put jouer comme beaucoup de lycéen et critiquer sa prestation en mettant le doigt sur la qualité de l'instrument, mais le violon était en parfait état, un miracle dans les mains d'incultes, il ne pouvait s'en prendre qu'à son manque de sang-froid.

Aussi attendit-il la fin du cours, réfléchissant à un moyen de retourner cette situation à son avantage. Heureusement les autres pensèrent que Kasja ne voulait que perfectionner l'art musicale de Louis, ce dernier ayant reçu tout de même beaucoup de félicitation de les part de ses camarades. Mais là n'était pas le problème principal. Louis savait que cette professeur pouvait ternir sa réputation et sa popularité, ce qui le tracassait un peu, il fallait donc tout faire pour l'avoir dans sa poche et pourquoi pas l'obliger à vider celle de Kasja. Il attendit que tout le monde parte pour se diriger vers le bureau de la professeur. D'un geste du poignet fort habile il se mit à toquer et attendit l'invitation à entrer, tout en respectant la politesse de mise envers une personne d'un "rang" supérieur.

- Me voilà madame. Je présume que vous souhaitez que nous discutions de ma catastrophique prestation.

Louis attendit que la professeur de musique demande à ce dernier de s'installer. Le jeune homme n'afficha ni sourire, ni signe de colère, il était fort calme, comme s'il comprenait la situation. Il était prêt à répondre à beaucoup de question, souhaitant aussi au passage trouver des failles à exploiter chez cette jeune femme un peu trop extravertie.

Kasja était ce qu'on appelait réellement, une extravertie. Si une professeure pouvait être traitée de ce mot, c'était bien elle, qui ressemblait toujours plus à une élève petite et coquette qu'à une professeure qui devrait imposer le respect. Comment vouliez-vous qu'un élève hautain et se sentait supérieur, respecte vraiment cette professeur ? En plus d'être une personne gentille et douce de caractère, son gout pour ... les hommes rajoutait encore à cette impossibilité d'avoir peur en ce bout de femme rapide. Etre sévère était totalement contraire à ses idées, à ses opinions. Pour qu'un élève prenne en compte ce qu'elle pensait, elle préférait d'abord en parler avec lui, voir ce qu'elle pouvait faire, avant d'agir comme lui disait son instinct. C'était là encore un mauvais effet de son caractère extraverti...Elle ne faisait que ce que lui dictait son instinct. Ca marchait avec la musique, les notes, les tempos, les pulsations, les demi-soupirs et les cadences, alors pourquoi ça ne marcherait pas avec les humains, les élèves, les jeunes et les adolescents ? Si une manière de faire lui permettait de faire craquer une syncope récalcitrante, cette même manière devait imposer le respect à un élève vulgaire. Pire, ça devait le réduire à regarder sa professeure comme le Messie. C'était là les espoirs de Kasja en son territoire de professeure. Et quand elle n'arrivait pas aucun moyen à ses fins...Aux grands malheurs, les grands moyens, en amour elle chantait, en respect, elle chantait. Telle une sirène d'Ulysse, elle s'infiltrait dans le cerveau de ses gens révoltés pour leur donner une envie particulière. Mais ça ne marchait pas tout le temps, et c'était un peu compliqué, avouons-le.

Kasja rassemblait des partitions sur son bureau. Elle mit une barre de mesure à un devoir de solfège qu'elle comptait donner à ses élèves et sortit un stylo rouge pour corriger une dictée musicale à deux voix. Les copies et les fautes s'enchaînaient, jusqu'à celle de Louis de la Lavande, cet élève qu'elle trouvait très, voir trop, débrouillard et très sérieux. Il avait une oreille musicale, c'était sûr et certain. Elle ne trouva aucune faute, et rajouta juste quelques rythmes oubliés. Comme de toute manière, les rythmes n'avaient pas été demandé, il avait encore fait du boulot en trop. Ce gamin était réellement bizarre. Elle ne pouvait nier qu'il était charmant et brillant, mais elle sentait que quelque chose en lui clochait. Son instinct, voyez-vous. Le fait qu'il soit si hautain avec ses camarades, peut-être...Il était charmant, mais assez froid, tellement froid qu'on aurait dit qu'il était dangereux. Calculateur ? Il se sentait incompris ? Supérieur ? C'était peut-être ça. Ou juste elle se faisait des idées. En fin de compte, il aidait toujours quand il fallait, il pouvait très sympathique avec les autres...Pouvait-elle être jalouse d'un gamin parce qu'il avait l'oreille absolu ? Tout de même ! Elle suçotait son crayon les yeux dans l'air cherchant à savoir si elle se faisait des idées ou pas, quand il toqua. La professeure rangea les copies d'un mouvement, et se leva. Elle montra une chaise d'un geste évasif de la main avant de se rasseoir en hochant doucement la tête avec un mince sourire.

"-Tu as vu juste." Sa voix était calme, et elle posa son regard marron sur lui. "Assis-toi, donc, tu n'as pas à rester debout comme ça.." Elle lui sourit aimablement, avant de caler son menton dans la pomme de sa main, coude sur la table, pour fixer le jeune homme, d'un air un peu embêté. "En début d'année, j'ai été aimablement surprise de te voir jouer du violon, puisque je suis moi-même diplômée en alto." Elle fronça un peu les sourcils, détournant le regard. "Tu en jouais très bien, jusqu'à aujourd'hui ou, sans vouloir te vexer, ça a été une catastrophe. Je sais bien que tu peux penser que ça ne mérite pas de venir dans mon bureau, mais j'en suis d'un autre avis." Son regard revint vers lui, pendant qu'elle se décrivait mentalement le jeune homme aux cheveux bleus. "Tu es un élève très sérieux, je viens juste de corriger une de tes copies, et par rapport au reste de la classe, effectivement, tu es supérieur. Mais ton attitude en cours me dérange un peu, certaines fois." Elle hocha doucement la tête. Voilà, elle était enfin arrivée à mettre le doigt dessus ce qu'elle ressentait depuis qu'elle avait rencontré son élève en début d'année. Un je ne sais quoi de dérangeant, dans son air..."Puis, je n'ai jamais demandé un morceau aussi compliqué. Pourquoi avoir choisi un morceau que tu ne pouvais pas jouer ? Tu as un problème d'égo, c'est ça ?" Kasja se mordit la lèvre. Elle allait sans doute trop fort avec lui. Quelle idiote ! Elle devait juste être jalouse de son pauvre chou. Il ne paraissait tellement pas méchant, maintenant qu'elle l'avait devant lui...Elle soupira doucement. Pauvre gamin...Elle se faisait vraiment des idées. "Ou tu as peut-être des problèmes chez toi ? Ca m'étonne vraiment de toi, de m'avoir présenté quelque chose qui ne devait pas te sembler au point.."

La professeure semblait elle-même perdue dans ce qu'elle pensait sur Louis. Elle lui sourit gentiment et attendit une réponse après son petit monologue perdu. Elle ne savait tellement pas quoi penser...Ce n'était pas juste une note récalcitrante, un rythme qui se révoltait, une pulsation mal placée...C'était un élève qui lui semblait double, qu'elle pensait voir sous deux faces. Mais peut-être qu'elle se trompait...Ca pouvait en pas être un morceau majeur et mineur...

Louis se mit à bouger, quand la professeur lui intima de s’asseoir par le souple geste de la main de la jeune femme. Il plaça bien son dos sur sa chaise, n'étant visiblement pas inquiet ou stressé par cette convocation. La vérité ?  Cela l'ennuyais grandement, se faire juger par un prolétaire était à la fois insultant et humiliant. Le plus ennuyant fut sans doute d'entendre Kasja se vanter d'avoir un diplôme que Louis pourrait obtenir, oui il est sans doute trop confiant sur ses capacités. Le jeune homme s'estimait de loin supérieur face à l'interlocutrice, mais sa ruse l'empêchait ouvertement de l'exprimer, donnant simplement l'impression d'avoir un grand sang-froid. Louis continua d'écouter les dire de Kasja, ne répliquant pas au moment où elle dit que le jeune homme ne devait pas trouver justifier sa convocation ici. Si seulement la jeune femme ne pouvais savoir combien il aurait aimé à cet instant faire chuter la professeur de son piédestal, effectivement cela l'enquiquinait de devoir se coltiner une discussion peu riche et si ... banale. Mais Louis se dit que si cette professeur semblait s'inquiéter pour lui, cela serait un moyen idéale pour ouvrir son coeur, de force si nécessaire, mais il espérait ne pas employer de méthode aussi peu ... classe. Dominer totalement une personne sans avoir à le frapper est une récompense que seul  Louis peut se délecter.

Une personne peu intelligente ne serait pas resté de marbre, le jeune homme quand à lui ne fit aucun geste face à la parole de Kasja. Cette dernière se mit à exposer son ressentit sur lui en cours. Louis se dit que cette femme n'était pas aussi idiote qu'elle en avait l'air, il était très charmant en effet, mais la seule chose qu'il ne supportait pas c'est le contact avec des prolétaires, aussi a-t-il la triste réputation d'être un briseur de coeur pour toute les demoiselles souhaitant lui déclarer sa flamme. Bien sûr il invente des excuses, usant des bon mots pour faire sous-entendre, à ses jeune filles un peu trop clouée dans des livres à l'eau de rose, qu'il n'est pas l'homme idéal. Cela fait toujours son petit effet, mais pour les professeurs il avait déjà en tête le moyen de les repousser, ayant vu certaine jeune femme lorgner sur lui. On ne pouvait nier qu'il était bel homme et avait une sacré popularité par son simple physique.

Quand Kasja se mit à dire qu'il ne pouvait pas jouer se morceau, son poing se mit à se serrer. Il savait le jouer, c'était son morceau favoris pour se calmer les nerfs, aujourd'hui n'avait été qu'une simple jour de malchance, rien de plus. Sans le savoir la professeur avait mit le doigt sur un élément de Louis, son égo, il en avait tellement, suffisamment pour son projet insensé et cela ne l'effrayait pas de se faire écraser par cet égo sur-dimensionné. Il fallait bien quelqu'un dans sa famille pour redresser la barre et comme personne à part lui ne semble s’inquiéter du futur familiale. Louis nota la mimique de Kasja, sachant à se moment là qu'elle n'était visiblement pas assez intelligente pour voir que derrière ce jeune homme charmant et serviable se cache une être peu scrupuleux et dangereux.

Vint la question du problème familial, Louis saisit cet instant pour laisser des gestes trahissant une découverte de la part de la professeur. Le jeune homme avait choisi son terrain de jeu. Il se mit à prendre une profonde inspiration et expira longuement, comme pour se décontracter, puis il prit la parole. Louis se mit à choisir  une voix hésitante, ce qui ne le ressemblait absolument pas, étant toujours sûr de ses propos, c'était voulu.

- En temps normal je maîtrise ce morceau, cependant ...

Louis attendit que le professeur face un geste de curiosité ou d'inquiétude pour continuer, cela dans le but de faire monter les sentiments de Kasja à son égard, mais aussi, se donner le bon rôle du lycéen pas si parfait que ça.

- Vous avez raison, je n'aurais pas dû entamer un morceau si compliqué dans mon état actuel. Il se trouve que mes parents  ... ils se sont disputés assez violemment il y a une semaine, le soucis venant d'aide que nous n'avons plus, sans parler des frais de scolarité assez cher. Cela m'a travaillé toute la nuit, estimant que je devrais faire des heures supplémentaire, mais mon patron ne souhaite pas cela, ce qui me conduit à chercher un autre travail. Cependant vous pouvez vous douter qu'il est difficile de concilier deux boulot et des études.

Louis restait extérieur calme, lançant quelque signe démontrant que cette façade  cachait une profonde inquiétude. Le jeune homme allait à présent nouer un puissant lien pour dévaster le jardin secret de l’aînée.

- Pour être franc je ne sais plus trop où chercher, vous n'auriez pas des contacts ou un boulot à me proposer, j'estime qu'à mon point je ne peux refuser des petit travaux.

Le jeune manipulateur espérait que Kasja puisse avoir un petit travail, cela serait d'un grand secours pour se rapprocher d'elle sinon ... et bien il improviserait sur le tas. Son interlocutrice semblait être un peu trop sentimentale, Louis allait en profiter un maximum.

- En temps normal je maîtrise ce morceau, cependant ...

Kasja le fixait toujours, ses yeux rouges tremblants dans leurs orbites de peur d'avoir fait mal en engueulant ce pauvre petit élève qu'elle trouvait si faible, maintenant que sa voix à lui s'élevait dans la pièce, toute douce, fluette. Il paraissait tellement sans défense, ce pauvre petit...Elle hocha doucement la tête, attendant avec impatience le reste de sa tirade, prête à l'aider comme elle le pouvait. Pauvre élève, pauvre petit bout de choux à la crème qui paraissait si peu sûr de lui. Il devait vraiment avoir des problèmes, ce pauvre p'tit coeur. Mmm ? Kasja, un peu tarée sur les bords et trop pleines de bons sentiments à la fleurs de rose ? Mmm ? Ouais, je crois bien. Elle était passée d'à peu près intelligente en comprenant qu'un truc n'allait pas à totalement con et niaise en se disant qu'elle était trop sévère et que ce petit avait peut-être juste des problèmes. Il fallait qu'elle le comprenne, pas qu'elle le brise mentalement, bon sang !

- Vous avez raison, je n'aurais pas dû entamer un morceau si compliqué dans mon état actuel. Il se trouve que mes parents  ... ils se sont disputés assez violemment il y a une semaine, le soucis venant d'aide que nous n'avons plus, sans parler des frais de scolarité assez cher. Cela m'a travaillé toute la nuit, estimant que je devrais faire des heures supplémentaire, mais mon patron ne souhaite pas cela, ce qui me conduit à chercher un autre travail. Cependant vous pouvez vous douter qu'il est difficile de concilier deux boulot et des études. 

Le visage de Kasja se disloqua lentement mais surement, passant de sa teinte rose habituelle à une teinte blanchâtre franchement bizarre, mais qui expliquait très bien ce qu'il se passait dans le cerveau de la professeur : "ce gamin avait trop de boulot, devoir travailler à côté de ses études, le pauvre petit, les frais de scolarité, tellement chers, quelle honte, l'éducation pour tous, que faisait le gouvernement, pauvre enfant, problèmes de famille, des heures supplémentaires, comment vouliez-vous qu'il soit prêt à bien travaillé le matin quand ses parents se déchiraient la veille, et qu'il devait tramer comme un boeuf pour pouvoir payer ses études, concilier deux boulots à la fois, chercher un autre travail, mais quelle honte cette société, et des parents qui le laisse faire cela et ..." Et nous arrêterons là ce monologue des plus explicatifs sur l'état de Kasja, mais des moins intéressant pour la narration.

- Pour être franc je ne sais plus trop où chercher, vous n'auriez pas des contacts ou un boulot à me proposer, j'estime qu'à mon point je ne peux refuser des petit travaux.

Le coeur de sa professeur rata un battement, ses yeux cherchèrent un appui sur le mur derrière son élève, alors qu'elle essayer de réfléchir rapidement à un petit travail qu'elle pourrait lui donner pour l'aider ce pauvre petit qui était obligé de beaucoup travailler pour payer ses études; Et encore, il ne s'agissait pas de ses études supérieures ! Elle eut un sourire. Ce gamin l'avait convaincu. Certes, il ne fallait pas beaucoup pour la convaincre totalement, mais là, il avait touché son coeur en sucre et son émotivité un peu trop émotive. Elle hocha doucement la tête, passant une main tremblante d'émotion dans ses cheveux rouges et se relevant.

"-Je suis en train de refaire ma salle de bain et mon bureau, si tu veux venir m'aider ce week-end, je te rémunèrerai. Mais ça n'a rien de très ... intéressant, mais si ça peut t'aider..."

Elle lui sourit doucement alors qu'elle cherchait quelque chose dans son tiroir, un papier qu'elle sortit et donna à Louis. Dessus, son adresse, ses coordonnées, une carte de visite avec ses diplômes. Elle hocha de nouveau la tête, alors que se sourcils se fronçaient de nouveau.

"-Enfin, je comprends mieux ton attitude. Tu aurais du m'en parler avant, il n'y aucune honte à cela. Si je peux t'aider d'un quelconque manière, appelle-moi. Et si tu es libre dimanche et que tu n'as pas trop de travail scolaire tu n'as qu'à venir me donner un coup de main. " Elle lui sourit, attendant sa réponse.

Elle était passé de l'état d'esprit de quelqu'un qui doute à celui de quelqu'un qui veut tout faire pour aider son élève. C'était là son métier, non ? Aider, éduquer et mener jusqu'aux plus grandes mélodies, des élèves perdues et qui avaient besoin de professeurs gentils et sympathiques qui voulaient les faire devenir des gens intelligents et adulés. Oui, elle est vraiment naïve et ne pouvait penser qu'en bien.

Louis jubilait intérieurement de voir cette professeur devenir aussi pâle qu'un mort. Il était surprit de par la sensibilité, Kasja était au final une victime que Louis pourrait manipuler aisément, tant qu'il restait dans son rôle de premier de la classe ayant des soucis sous cet aspect de perfection. Pour le manipulateur, se retenir de sourire était difficile, il était tellement affligé devant tant de douceur. Captant le regard de la professeur, cherchant visiblement à trouver une solution, il se mit à avoir un visage inquiet, limite une imitation du chat Potté dans Shrek. C'est alors que la professeur se mit à avoir une idée de travail.

Le jeune homme se mit à écouter la demande. Refaire une salle de bain et un bureau, Louis sentait qu'il allait galérer, mais toucher un peu d'argent était suffisant, sans parler qu'il pourra fouiner un peu pour découvrir les secrets de la professeur. Il prit le bout de papier, qui lui permettait d'avoir une meilleure connaissance de sa proie. Il lu rapidement l'adresse, les diplômes, ainsi que le numéro de téléphone. Louis fit alors attention aux dire de Kasja.

La pauvre femme était totalement bernée, Louis avait d'un coup réussi à se faire prendre sous son aile. Mais il ne fallait pas la jouer trop sentimentale, il était un homme et donc il avait sa fierté. Le lycéen hoche de la tête quand la professeur dit de l’appeler s'il y avait un problème.  Il mit dans sa tête la date du travail, le dimanche ... il pourra facilement s'y rendre, n'étant pas loin. Louis allait sans doute être crevé le lundi, mais le sacrifice était nécessaire pour gagner encore plus.

Avec le sourire d'une personne rassuré, Louis se mit à répondre.

- Je n'hésiterais pas à venir, par contre j'aimerais éviter que cela s'ébruite. Non pas que je ne vous fais pas confiance, c'est juste que j'aimerais éviter d'avoir davantage d'ennui qu'à l'heure actuelle.

Kasja hocha la tête avec un sourire amusé avant de reprendre son sérieux habituel, pour avoir l'image d'une professeur proche de ses élèves et sérieuse. Bien sûr, elle ne dirait rien. Même pour elle, savoir qu'un élève venait chez elle, ne serait pas bien vu par les autres professeurs, les autres élèves, la directrice. Elle avait déjà assez de problème avec sa directrice qui ne faisait que râler en trouvant Kasja trop proche des élèves, trop jeune pour enseigner, habillée trop court, parlant trop fort, trop doucement, avec trop de sous-entendus, sans dire les choses. SI en plus, ladite directrice était au courant que Kasja payait des élèves, elle se ferait des idées en pensant que c'était pour des raisons obscures, elle la ferait passer pour une prédatrice sexuelle terrible...Ce qu'elle n'était pas. Pas totalement du moins, pas encore, pas avec cet élève là, pas tout de suite. Elle soupira doucement, avant de lui montrer la porte, l'entretien étant terminé.

"-Je ne dirai rien, ne t'en fais pas. Et je pense donc que tu feras de même. Tu peux comprendre qu'une professeur pourrait être mal-vu si les autres apprenait pour ... mon aide."

Elle sourit de nouveau balayant son hésitation face à la relation qu'elle allait avoir avec son élève et ouvrit la porte face à son élève. Il était réellement charmant. Mmm...Le pauvre petit, avoir tant de problèmes...Elle espérait l'aider de son mieux.

"-Alors, à dimanche, Louis..!"

La professeur referma la porte derrière Louis. Elle verrait bien ce qu'il se passerait dimanche..Il semblait tellement inoffensif, ce Louis. Elle le voyait terriblement bien avec des ailes d'ange, maintenant qu'il avait ouvert son coeur à la jeune professeur pleine de bon sentiment. Elle réfléchissait. Il l'aiderait pour le bureau, sans doute. Elle ne pensait même pas qu'il pourrait fouiller dans ses papiers. Il y aurait pourtant certains papiers sur le suicide de son mari, qui trainaient toujours sans qu'elle y fasse attention. Non, ce gamin ne pouvait pas lui vouloir de mal, et c'était une très bonne raison pour l'inviter directement chez elle. Normal, logique, totalement...

Elle l'attendrait chez elle, le jour J.