Mia eut un sourire moqueur. Les louanges étaient bien la dernière chose qui avait un effet sur l'elfe. La dernière chose, je vous promet. A moi, maintenant, de dire les choses telles quelles sont. Si le forgeron, ne paraissait aux yeux de l'elfe qu'un monstre menaçant, dangereux, et pas digne d'un intérêt plus grand que celui qu'on porte aux cadavres en putréfaction (c'est dire), c'était bien parce que l'elfe semblait sûre, certaine, archi-sûre qu'elle n'en ferait qu'une bouchée pour son déjeuner. (Oui, il semblait aussi qu'on fut le matin, le soleil ne déclinant toujours pas, ne bougeant même pas dans le ciel feuilleté [ce qui doit être vachement bon, comme pâtisserie]). Bref. Mia préférait le garder à l'il alors qu'il continuait de sa voix d'homme de la ville avec son sourire de vendeur de mets délicieux à lui raconter maints bobard qui ne semblait même pas l'effleurer. Enfin, ne pas l'effleurer...Dans l'absolu, ils auraient pu juste voler autour d'elle et se perdre entre les arbres...Pourtant, certains rester quelques instants dans l'oreille de l'elfe qui doutait, rougissait, fronçaient ses minces sourcils pour revenir à son état initial : il était ennemi, il devait mourir. Si jamais, elle s'éloignait de ce schéma simple, elle pouvait avoir des problèmes.
Il faudrait peut-être finir d'expliquer le pourquoi du comment de son attitude. Ca pourrait être intéressant, non ? De connaître d'où vient une telle paranoïa, une telle haine pour le monde, et une telle envie de se débarrasser le plus rapidement possible de toutes personnes venant lui tenir compagnie...Sans doute qu'elle ne venait pas que d'une manie de protéger les runes. Non, ça serait mentir, et faux. Bien sûr, qu'elle se sentait gardienne d'un secret, bien sûr que ça ne 'avait pas aidé...Mais Mia était quelqu'un de profondément bizarre à décrire, quelqu'un qui n'était pas double, mais bien pire, quelqu'un dont on ne voyait que des parcelles de caractères. Peut-être bien que la mort de son peuple l'avait rendu hystérique à chaque fois qu'elle entendait un pas dans la foret. C'était plausible. Peut-être, aussi, que la solitude l'avait fait devenir cruelle. Mais l'était-elle cruelle ? Dans le fond, tuer ses ennemis la réjouissait. Mais parfois, elle s'en voulait. En bref, l'elfe était une des plus chiantes avec des états d'âme par moment, un caractère souvent à vous ronger la corder qui vus empêche de lui sauter dessus...Et en plus de s'en contre-fiche, quand les problèmes ne venaient pas à elle, elle les créait toute seule, en insultant une race qu'elle trouvait inférieure, ou autre choses bêtes qui ne méritent même pas d'être citées. Mais, sans doute à l'inverse du forgeron, on n'avait pas le choix entre la détestait ou l'aimait. Elle ne voulait laisser pas le choix. Vous ne pouviez que la voir sous son mauvais jour, et la haïr. Comme Mia se contrefichait des 'tas de choses qui pourraient (dans l'absolu) l'intéresser.' Autant citer le beau-parleur qui gagner en charme avec ses paroles ridicule aux yeux (à l'il), d'une elfe silencieuse. Arrêtons là ces palabres inutiles, elle n'avait plus le cur à ça, et Mia sentit son cur tremblait, sentit le stresse et l'ambition se faufilait dans son sang, empruntant ses artères pour trouver son cur, sentit la haine et la moquerie montait dans son cerveau par ses veines, finir leurs courses effrénées dans son corps tremblant. Et tout cela quand les mots suivant pénétrèrent dans sa tête, accompagné de la voix qui portait loin du forgeron Amser.
-Un dieu m'a apprit que l'on avait toujours le choix et je m'en vois désolé mais le mien est déjà fait. J'en finirai donc d'un seul coup, la gardienne et sa forêt seront tranchées d'un coup unique.
Pourquoi pas lui ?! Il se posait la question, cet idiot ? Ce forgeron de mes deux ? Pourtant, il ne fallait pas être bien intelligent pour comprendre que le forgeron savait très bien ce qu'il faisait. Et sans doute même que Mia était bien moins rusée que lui. Pourquoi, donc, ne pourrait-il pas menacer une elfe guerrière ? Et bien mon p'tit. Je vais te l'expliquer, moi, pourquoi. Parce qu'en plus d'être une satanée parano abominablement mal lunée quand tu l'as rencontrée dans les bois, Mia est une femme sans vergogne, cruelle quand on lui donne le baton pour vous battre, sans mauvais jeu de mots, s'il te plait. Et là, c'est pas le bâton que Mia avait devant elle...C'était le fouet (oui, le fouet), et elle comptait bien saisir l'occasion pour s'amuser un peu. D'où le rictus qui rida un peu son visage blessé, un rictus réellement cruel. Elle pouvait donc l'être...Sans doute quand l'adversaire semblait sûr de lui, quand il continuait dans sa lancée... Elle soupira, avant de reculer prestement devant les mouvements brutaux et amples de Amser. Son saut en arrière était effrayé, comme le voulait Amser, Mia tombait des nues et un instant, crue qu'elle était tombée sur plus fort qu'elle. Il avait de quoi faire peur.
Son il cligna douloureusement, quand le reflet du soleil sur l'épée du forgeron vinrent quelques peu bruler sa rétine. Et d'un coup, le noir...Mia recula de nouveau, comprenant bien que sa vie ou au moins, ses membres, en dépendait, et le jour revint en un éclat de lumière, comme une longue trainée de sang, comme une blessure ouverte par l'épée. Il venait de lui faire quoi, là ?! Avec ses grands gestes brutaux, sa cape qui tourne...Il voulait un truc dans le genre ? Mia laissa échapper une sorte de rire ironique, malgré son cur qui battait à sang à l'heure, un sourire mielleux aux lèvres. Il voulait cela...? Il l'aurait donc. Dans ce genre là, elle savait faire, elle aussi. Mais son cur ne voulait pas se calmer de nouveau. Il tapait contre sa cage thoracique pour s'enfuir bien loin, il tapait contre ses tempes pour la faire s'évanouir. Mia tremblait un peu. Sa voix rauque s'éleva dans l'air, blessante.
"-Oh, vraiment ? Et moi, un peuple m'a appris qu'il valait mieux essouffler l'ennemi que de le tuer d'un seul coup. C'est plus amusant..."
Comme Asmer l'avait prévu, elle envoya un coup traître qui fut parer par le tranchant de l'épée du forgeron. Mais ce n'était que pour le faire tourner un peu, le temps de planter de toutes ses forces sa première épée dans le sol. L'épée dans le sol ne pouvait plus bouger, et Mia sauta sur la garde. Elle était assez mince et fine pour que le temps de quelques secondes, toute l'épée puisse subir son poids sans se tordre ou se cambrer. De la garde, elle se projeta sur le géant et lui donner un coup assez ... violent, soit, mais surtout bizarrement, dans le ventre, dans le but (no-atteint) de le faire chanceler. Non parce qu'une elfe volante, qui se projette sur un forgeron géant après avoir sauté sur son épée, pour lui donner un coup pour l'étourdir, ben vous pourrez chercher, mais vous trouverez pas ça souvent.
Après ce coup de génie, Mia retomba en arrière, par terre en une roulade d'elfe bien nait (en un truc stylé, donc), et rattrapa sa deuxième épée. Enfin, ça c'était le plan, mais la roula de ne se passa pas si bien, et Mia sentit que le fait qu'il ne soit pas tomber, ni même trembler, n'allait pas l'aider dans la suite.C'était sans doute une des raisons pour laquelle elle en avait deux, d'épées. Elle attrapa donc le manche de la deuxième, arrivant tout de même à se remettre debout, malgré un peu de sang qui coulait le long de sa tempe, se mélangeant à ses cheveux argents. C'était pas la seule fois qu'elle faisait cette botte et elle en avait l'habitude...Mais normalement, ça mettait son adversaire par terre, et elle n'avait plus qu'à reprendre son épée et lui enfonçait dans la gorge. Là, ça l'avait sans doute un peu étourdi, mais même pas fait tomber. Et l'elfe s'était blessée elle-même, dans son mouvement trop rapide. C'était pour avoir moins peur mais siffler pour ramener les problèmes, elle ne savait réellement que faire ça. Et la peur continuait de grignoter son courage, laissant échapper de minces filets de sa force sur le sol. Déçue, l'elfe changea de technique. Ses longs cheveux volaient toujours autour d'elle, longs, sans doute, puisqu'ils arrivaient à ses pieds. Elle se releva et se tourna vers le forgeron, avec un grand sourire tremblant, un sourire qui se voulait assuré, mais qui semblait assez...perdu. Disons que l'elfe n'avait pas l'habitude d'adversaire aussi coriace. Mais tout de même, se battre, ça la mettait de très bonne humeur. Elle le fixa une seconde, constatant une lueur un peu malsaine dans les yeux d'Amser. Un frisson vint se perdre sur son échine. Mmm...Un je ne sais quoi d'effrayant, ce forgeron, tout de même. Un je ne sais quoi de pas vraiment humain. La peur montait en crescendo. Etre courageuse, ne l'empêchait pas de sentir un danger très proche, qu'elle voulait à tout prix évitait. Et ça, sans lui donner les runes. Non, parce que le plus simple, c'est surtout pas ce qui faut faire.
"-Alors, prêt à courir, mon beau ?" Et dans la bonne humeur, viennent parfois des paroles un peu ... un peu beaucoup plus 'accueillante' que ce qu'elle voudrait dire. Elle sentit le rouge remontait à ses joues, face à son propre langage. Mais tant pis...Elle avait trop envie de le faire courir, le voir s'essouffler, comme un buf et pouvoir le cueillir facilement, et ne plus avoir peur. Ne plus sentir ce danger prêt à éclater. Elle serra ses mains sur la poignée de l'épée, pour retrouver une contenance. Son corps frêle tremblait un peu, parcouru de frisson qui n'étaient toujours pas dû au froid. Elle se mit à partir entre les arbres, de son pas un peu volant, ne voulant pas blesser les feuilles mortes (qui se ramassaient à la pelle). Elle se pensait suivie par le jeune homme qui avait l'air de vouloir goute que goute ses Runes. Tant mieux, il trouverait les prières d'avant-mort. La seule chose qu'il pourrait atteindre pour l'instant, c'était les cheveux argentés de Mia qui gambadaient joyeusement derrière elle, entre les troncs.
Autant mettre à exécution un plan moins dangereux.