Deux perles rares sous contrat [PV Talon]

Complètement paumée, voilà dans quelle situation se trouvait actuellement Ki'leya. Cela faisait en effet une heure qu'elle tournait en rond dans cette "capsule" à la recherche du bureau des nouveaux arrivants. Pour comprendre comment la jeune Twi'lek en était arrivée là, il fallait remonter de quelques heures dans le temps.

Tout avait commencée lorsque son vaisseau était enfin sortit du dernier trou de ver après plusieurs jours de voyage, arrivant en vue de la fameuse station spatiale. Et lorsque une voix lui demanda de s'identifier dans son comlink, la belle mit un moment avant de lui répondre. Avant de partir et durant le trajet, la Twi'lek avait en effet appris la langue usuellement parlée à bord de la station, communément appelée le Terranien – qui était lui-même issu du Japonais – et avait quelques sonorités plaisantes aux oreilles. Non, le langage en lui-même était assez simple, contrairement à l'écriture qui était véritablement une plaie. C'était cette même écriture qui lui faisait à présent défaut, ne parvenant tout simplement pas à la lire sur les panneaux d'indications. En réalité, il lui fallait une carte d'autorisation pour pouvoir rester à bord de la station et profiter ainsi de ses installations, en toute légalité. C'est donc après une inspection de son vaisseau – qui transportait principalement des caisses de rations militaires – et des instructions, que Ki'leya était partie pour le centre administratif de la Capsule.

- Rhaaaa... Mais il est où ce centre à la noix ? Pouvaient pas mettre un sous-titre en Basic, sous les indications ? J'espère régler ça vite fait, que j'puisse enfin m'débarrasser de mon stock de rations !

Cette histoire commençait déjà à sérieusement la gaver, alors qu'elle n'était même pas encore dans le centre administratif. Cherchant désespérément son chemin, elle n'avait pas vue la seule autre Twi'lek présente à plusieurs centaines de parsec à la ronde.

« Une cargaison? Et je suppose que je ne peux rien savoir sur le contenu...
 -  Bzzzzzz... Zeeeeee’Schtoooooooooollkkk !! » répondit l’homme-grenouille.

Son nom étant imprononçable, Talon surnommait son interlocuteur Tête de scaphandre. C’était un homme-grenouille venant d’un monde aquatique, qui s’était lancée dans la conquête spatiale il y a des siècles. Tête de scaphandre ne pouvait pas survivre dans un environnement sans eau, et sa combinaison était lourde, car elle abritait de l’eau partout, y compris dans son casque. Il communiquait par le biais d’une radio avec la Sith, qui avait du mal à comprendre ce qu’il disait dans les détails. De ce qu’elle savait de Tête de scaphandre, c’était un pirate, qui avait été exilé de son monde natal, après avoir détruit un bâtiment administratif, afin de libérer des prisonniers d’un trou pénitentiaire. Tête de scaphandre travaillait pour le compte d’une organisation criminelle opérant dans la galaxie, la Constellation Blanche. La Constellation avait contacté il y a plusieurs semaines Talon, afin de lui demander son aide pour protéger des éléments sensibles. Après quelques hésitations, la Sith avait accepté. La mission, simple à résumer, consistait à protéger un vaisseau qui irait délivrer des marchandises à une planète riche et influente, Kophis-IV, capitale de l’Empire kophisien.

Les deux se tenaient dans l’un des cafés de la « Capsule », un terme qui désignait toute une partie de la station spatiale indépendante consacrée à la vie. La Capsule avait une énorme forme sphérique aux murs extérieurs transparents. Dans certains secteurs, des hologrammes affichaient un ciel artificiel. Ils étaient dans un café jouxtant l’une des rues principales de la petite zone urbaine se trouvant dans la station. Il y avait même, ici et là, de petites zones vertes, purement décoratives. L’oxygène respirable provenait essentiellement des serres se trouvant dans une autre partie de la base. Tête de scaphandre ne buvait rien. Jambes croisées, Talon l’écoutait. Il lui avait donné la fiche technique du vaisseau. C’était un petit vaisseau kophisien assez rapide, tout en précisant que la marchandise, sans indiquer sa nature exacte, serait petite, et serait amenée dans le vaisseau avant que ce dernier n’embarque.

Talon aurait pu le piloter, mais Tête de scaphandre lui expliqua que la Constellation avait déjà un pilote. En revanche, ils avaient reçu des informations, comme quoi d’autres concurrents seraient à la recherche de ce bien. La Constellation avait donc décidé de faire appel à quelqu’un pour protéger le convoi, et Talon était apparue comme le meilleur choix. Moins il y aurait de personnes impliquées, et moins il y avait de chance que les choses ne dérapent.

« Sobo’Sobo’Sobo ! martela Tête de scaphandre. Ki’Liiii-Za’Sschiiii !! »

Talon but un peu de sa boisson, tout en hochant sa tête, ses lekkus remuant lentement. Tête de scaphandre lui donna une petite tablette graphique, que Talon attrapa. C’était une opération comptable attestant qu’elle avait reçu un premier acompte. La Constellation savait comment lui parler. L’argent, Talon en avait constamment besoin pour entretenir son vaisseau. Elle rendit la tablette à Tête de scaphandre, qui sembla assez satisfait, et continua à lui parler. Talon finit sa boisson, se releva, et sortit du café dix minutes après.

Elle avait plusieurs jours à tuer dans la base, en attendant que la mission commence. Elle marcha dans une artère commerciale, avec des néons le long des murs, et de nombreux piétons. C’était comme une espèce de rue, mais sans voitures, avec différents panneaux indiquant des boutiques. Il y avait aussi des terminaux avec des hologrammes, qui servaient de guides touristiques. C’était vraiment une base énorme. Initialement, Talon avait eu un peu de mal à se repérer, mais, à force, elle connaissait plutôt bien la station. Les différents secteurs étaient reliés entre eux par un système de métro. Elle vit plusieurs gardes, et continua à marcher. Elle voulait retourner à son appartement, et s’engagea dans un couloir de maintenance assez désert... Mais pas totalement. Il y avait à l’intérieur deux hommes, ainsi qu’une femme, les deux tournant autour de la femme.

Le premier était un Masskif, et le second un simple humain, tandis que la femme... La femme était une Twi’Lek. Les trois avançaient devant elle, et Talon sut immédiatement que les motivations des deux hommes étaient aussi dangereuses que le cul de la Twi’Lek était attirant.

« Oui, lâcha l’homme, le centre administratif est par là… »

C’était un fieffé mensonge, car ce chemin menait aux appartements. Talon ne pouvait pas le savoir, mais ces deux hommes avaient vu la Twi’Lek dans l’artère, et lui avaient proposé leurs services pour la conduire au centre administratif. Les Masskif étaient des créatures connus pour avoir de nombreux violeurs et autres gredins, et celui-là ne semblait pas déroger à cette règle. Talon se rapprocha lentement d’eux. En soi, le sort d’une autre femme l’intéressait peu, mais ce n’était pas tous les jours qu’on croisait une Twi’Lek.

« Vous cherchez le centre administratif ? »

L’humain se retourna, en fronçant les sourcils.

« Hey, mais c’est la fête des filles sexy, aujourd’hui ! »

Elle ne dit rien, fronçant légèrement les sourcils, en penchant la tête sur le côté.

« Je croyais que le centre administratif était de l’autre côté... »

L’homme fronça les sourcils, visiblement agacé.

« Je... Je ne fais que prendre un raccourci... »

A force de tourner en rond dans son coin, Ki'leya avait fini par tomber sur deux types qui avaient fini par lui proposer leur aide. En soi, la belle ne faisait pas vraiment confiance à son interlocuteur lorsqu'il s'agissait d'un Masskif, mais comme ils étaient les premiers à lui répondre favorablement depuis son arrivée sur la station, la Twi'lek ne pouvait que faire avec. Malgré tout, elle conservait ses mains proches de ses blasters, juste au cas où.

- Oui, le centre administrative est par là…

Vu que la direction indiquée par l'homme montrait une sorte de parc avec plusieurs familles en sortie et une série de bâtiments un peu plus loin, plutôt qu'un entrepôt désaffecté, c'était sans doute vrai. Elle décida donc de les suivre mais resta assez méfiante. Et ce fut donc de manière tout à fait inattendue qu'ils entendirent une voix féminine juste dans leur dos.

- Vous cherchez le centre administratif ?

Ils se retournèrent donc et Ki'leya eu la surprise de voir une autre Twi'lek, mais de type lethan. Ceux de son espèce étaient déjà rares dans cette partie de l'univers, il fallait en plus que ce soit une couleur inhabituelle, comme elle. Les nombreux tatouages sur sa peau laissaient à penser que son homologue était une guerrière et donc normalement, peu encline à s'adresser aux autres excepté les représentant(e)s de sa race.

- Hey, mais c’est la fête des filles sexy, aujourd’hui !

- Je croyais que le centre administratif était de l’autre côté...

- Je... Je ne fais que prendre un raccourci...

Le ton agacé et l'incohérence de cette affirmation firent "tilt" dans la tête de la jeune Twi'lek et, pendant que les deux mâles étaient obnubilés par la femme plus mature, Ki'leya dégaina ses armes et pointa les canons sur les tempes des deux individus.

- Un raccourci complètement à l'opposé ? Vous me prenez pour une demeurée les mecs ? Vous savez quoi ? Je fais d'avantage confiance à une représentante de mon espèce qu'à vous. Désolée pour vous.

Et elle tira... deux décharges paralysantes, qui les envoyèrent fissa dans les bras de Morphée. Ils s'écroulèrent donc au sol, juste à leurs pieds. La jeune Twi'lek fit un sourire sincère à son homologue.

- Merci pour l'indication. C'est ma première visite sur cette station et j'ai un peu de mal pour me repérer. Je m'appelle Ki'leya, et toi ?

Talon eut la surprise de voir que la Twi’Lek réagit rapidement. Elle faisait visiblement plus confiance à une Twi’Lek qu’à un Masskif et à un humain. La Sith ne pouvait pas vraiment lui reprocher ça, même si, dans l’absolu, Talon était bien plus dangereuse qu’eux. La femme réagit donc en leur tirant dessus à l’aide de ses blasters, lâchant des décharges électriques qui les sonnèrent. L’humain heurta le mur, et tomba par terre, rejoignant le Masskif.

« Merci pour l'indication. C'est ma première visite sur cette station et j'ai un peu de mal pour me repérer. Je m'appelle Ki'leya, et toi ? »

Ki’leya ? Ce nom ne lui disait rien. Les lekkus de Talon se mirent à légèrement remuer, comme pour exprimer sa curiosité. Talon décroisa les bras, et consentit à lui répondre :

« Talon. Il vaudrait mieux s’écarter d’ici, avant que des gardes ne se rapprochent. »

Et, disant cela, la Sith se retourna, puis quitta le couloir de maintenance, revenant sur ses pas. Elle retourna dans l’artère commerciale. Talon n’avait rien de prévu aujourd’hui. Sa mission ne commencerait que dans quelques jours, et elle pouvait donc se renseigner un peu sur cette femme. Après tout, les Twi’Leks n’étaient pas vraiment légions dans cette station, qui n’était pas dans la galaxie d’origine de ce peuple. Autant se renseigner un peu... Surtout qu’elle avait un beau postérieur. Dans l’artère, Talon donna de plus amples explications à la jeune femme :

« Cette station est immense. Pour se repérer, il n’y a pas que les panneaux, mais aussi des bornes avec des guides électroniques... Viens, je vais t’en montrer une. »

Talon s’avança rapidement le long du chemin, jusqu’à voir une borne. Cette artère était une galerie, entourant une sorte de grand parc avec des rivières artificielles, ainsi que des statues. Il y avait ainsi, entre les magasins, des espèces de grandes ouvertures dans les murs permettant de voir le parc. Il y avait une borne devant l’une de ces ouvertures, et il n’y avait personne devant. Talon s’y dirigea, et posa sa main sur un écran noir. Elle appuya dessus. L’écran était au-dessus d’une borne comprenant des voyants, et les voyants s’enclenchèrent, analysant les empreintes digitales de Talon, chargeant les informations. Des lignes numériques rouges enveloppèrent ses doigts, tandis que la mention « NE RETIREZ PAS VOTRE MAIN ! » s’affichait en clignotant. Le scanner dura quelques secondes, avant que les couleurs ne virent au vert.

« Bienvenue, Madame Talon », lâcha une voix informatique féminine.

L’hologramme chargea alors l’I.A. responsable de la station spatiale. Une superbe femme apparut. Cortana. D’après ce que Talon savait, cette I.A. était une reproduction d’une autre I.A. sévissant dans une autre partie du Multivers. La plupart des publications érotiques diffusées au sein de la base, que ce soit par papier, ou par voie numérique, montraient Cortana. On pouvait voir sa poitrine sans que cela ne gêne personne, car les mœurs de la station spatiale étaient différentes que celles sur Terre. Des seins ne choquaient nullement les extraterrestres.

« Toutes ces bornes permettent de communiquer avec Cortana, expliqua encore Talon. Pour l’activer, il suffit de poser sa main dessus. La borne analyse ensuite tes empreintes, pour voir si elles sont répertoriées dans la base. Cortana ne sert pas que de guide touristique, mais aussi d’assistante numérique. »

Elle regarda ensuite à nouveau Cortana.

« Je désirerais que tu charges un plan de la base dans le PDA de cette femme. Elle cherche à se rendre au centre administratif, mais ne s’y retrouve pas.
 -  Très bien, acquiesça Cortana. Veuillez me montrer l’ID de votre PDA, afin que je vous communique ces informations. »

- Talon. Il vaudrait mieux s’écarter d’ici, avant que des gardes ne se rapprochent.

Talon... La jeune fille avait vaguement entendue ce nom dans une cantina de Nar Shaddaa, dans la bouche de l'un des clients, à l'époque où elle-même n'était encore qu'une danseuse. Si cela ne se voyait que peu physiquement, son interlocutrice devait être bien plus âgée qu'elle. Pendant que la Twi'lek rouge regardait ailleurs, Ki'leya déplaça les deux types contre le mur d'une ruelle perpendiculaire à la leur, puis suivit sa nouvelle guide.

- Cette station est immense. Pour se repérer, il n’y a pas que les panneaux, mais aussi des bornes avec des guides électroniques... Viens, je vais t’en montrer une.

Voilà qui était bien plus intéressant, et beaucoup plus pratique aussi. Elle suivit donc son aînée jusqu'à un parc entouré de boutiques aussi diverses que variées, avec l'originalité d'être partiellement ouvertes sur le parc. Non décidément, cette station était vraiment particulière, avec ses verdures et ses fleuves un peu partout. N'empêche que Ki'leya avait une petite pensée pour tout ces gens qui n'avait jamais posée un pied sur la terre ferme. Suivant Talon, la jeune vit aussitôt la dite borne et la raison pour laquelle elle n'avait pas tout de suite captée que s'en était une. Sans blague, ça ressemblait d'avantage à une poubelle publique qu'à une borne électronique... Ou alors, l'appareil avait les deux fonctions ? Talon posa sa main sur le scanner et celui-ci analysa ses empreintes digitales, pour finir par afficher un hologramme  représentant une femme à moitié nue. Habituée à voir des femmes nue depuis Nar Shaddaa, cela ne la choqua nullement. Et puis, ce n'était qu'une IA, rien de plus.

- Bienvenue, Madame Talon

- Toutes ces bornes permettent de communiquer avec Cortana. Pour l’activer, il suffit de poser sa main dessus. La borne analyse ensuite tes empreintes, pour voir si elles sont répertoriées dans la base. Cortana ne sert pas que de guide touristique, mais aussi d’assistante numérique.

Ki'leya hocha la tête, comprenant l'utilité. Malheureusement pour elle, n'étant pas encore répertoriée dans la base de donnée, il lui aurait été impossible de s'en servir, même en le sachant déjà.

- C'est bon à savoir. Je sens que je vais pas mal l'utiliser à l'avenir.

- Je désirerais que tu charges un plan de la base dans le PDA de cette femme. Elle cherche à se rendre au centre administratif, mais ne s’y retrouve pas.

- Très bien. Veuillez me montrer l’ID de votre PDA, afin que je vous communique ces informations.

- Un PDA ? Vous pensez que mon Comlink peut passer ?

Ki'leya savait très bien ce qu'était un PDA, mais les trouvant trop encombrant, la Twi'lek avait fait quelques bidouillage pour fusionner les deux. Si elle en avait les moyens, elle n'aurait pas hésitée à se greffer un implant cybernétique pour rester en contact permanant avec l'holonet. Avoir toutes sortes d'information dans n'importe quelle situation lui aurait été bien pratique. Ki'leya détacha donc son pendentif de son cou et le brancha à la borne. A sa grande satisfaction, elle vit les données se télécharger, et un plan de la station apparut en hologramme, là où aurait dû apparaître un quelconque autre interlocuteur. Un tracé rouge partait de la borne jusqu'à un autre bâtiment.

- Le transfert est terminé. Merci d'avoir utilisée une de nos bornes, en vous souhaitant une agréable journée.

Et l'IA disparut, laissant à la nouvelle arrivante un moyen de régler sa situation sur la station.

- Merci Talon, sans toi, je serais encore en train de tournée en rond ou dans une situation délicate. Maintenant, je vais enfin pouvoir me faire cette fichue carte et livrer ma cargaison.

« Merci Talon, sans toi, je serais encore en train de tournée en rond ou dans une situation délicate. Maintenant, je vais enfin pouvoir me faire cette fichue carte et livrer ma cargaison. »

Talon ne répondit rien sur le coup. Cortana avait disparu, ses services n’étant plus requis. Il ne restait donc plus que les deux femmes. La Sith jetait des regards à droite et à gauche, recherchant des traces des soldats. Elle connaissait suffisamment cette station pour savoir que la sécurité était plutôt bien organisée, et elle connaissait les Masskif pour savoir qu’ils étaient de fieffés menteurs. Ils pouvaient très bien affirmer que les deux Twi’Leks les avaient violentés, et avaient cherché à leur dérober leurs biens. Or, Talon ne tenait nullement à perdre du temps dans le service pénitentiaire de la base, à devoir s’expliquer, et ce d’autant plus que son statut de Sith ne plaiderait pas forcément en sa faveur. Même si les lois de sa galaxie ne s’appliquaient pas ici, les autorités se méfiaient des Sith, et encore plus quand ils traitaient avec des organisations criminelles comme la Constellation Blanche. On ne pouvait pas vraiment le leur reprocher.

Elle aurait très bien pu partir en mission, mais il n’y avait rien à faire. Le dispositif astronomique n’avait repéré aucune activité formienne à proximité, et sa mission ne commencerait que dans quelques jours. Méditer était important, mais elle ne se voyait pas faire ça toute la journée. Elle regarda donc la Twi’Lek. Elle était plutôt jeune. Un humain n’aurait pas vu la différence d’âge, mais Talon savait clairement qu’elle était plus âgée qu’elle... Elle avait mentionnée l’existence d’une « cargaison », ce qui supposait que Ki’leya était une pilote. En soi, rien de bien important. Talon se mit à marcher, avançant vers le centre administratif. Elle connaissait suffisamment la base pour ne pas avoir besoin d’une carte.

« Le centre administratif est un endroit dont tu risques d’entendre fréquemment parler, l’informa-t-elle. Si tu es une pilote, à chaque fois que tu quitteras la base, il te faudra une autorisation du centre administratif, ainsi qu’une autre pour rentrer. Tout ça se fait de manière numérique, mais chaque vaisseau est contrôlé, afin de vérifier qu’il respecte bien certaines conformités techniques. »

Le véritable argument était surtout de lutter contre la contrebande. Bien que la station spatiale soit libre, elle n’autorisait pas les trafics, et disposait de sa propre législation. Cependant, comme tout système, il avait ses failles, et les contrebandiers savaient les exploiter, que ce soit en trafiquant les ordinateurs de contrôle, ou en corrompant les fonctionnaires, ou en trouvant d’autres astuces. Le duo remontait ainsi l’artère, jusqu’à s’approcher de la station de tram’. Le tramway serait indéniablement la méthode la plus rapide pour rejoindre le centre administratif, qui avait sa propre station.

« Alors, comme ça, tu es une pilote, hum ? Et que transportes-tu ? Du Ryll ? »

Le Ryll était une substance très précieuse de Ryloth, la planète-mère des Twi’Leks. Il avait assuré leur fortune, mais aussi leur malédiction, car le Ryll était une substance qu’on pouvait utiliser comme narcotique, ce qui, naturellement, avait attiré sur Ryloth bon nombre de criminels et de trafiquants. Le trafic d’esclavage twi’lek avait pour origine le trafic de Ryll. Talon n’était pas particulièrement sensible à la cause des Twi’Leks, mais, étant elle-même une Twi’Lek, elle se devait tout de même d’en savoir un peu sur son peuple.

Pendant le téléchargement des données, Ki'leya avait pu voir Talon jeter des coups d'œil un peu partout. Sans doute aurait-elle dû tuer les deux types de tout à l'heure, mais une enquête aurait sans doute été ouverte et, si caméra de surveillance il y avait, les deux Twi'lek auraient été grillées. Quitte à avoir des ennuis, autant faire en sorte que ce soit le moins grave possible. Les deux femmes se remirent donc en route, suivant cette fois-ci le trajet pour se rendre au centre administratif.

- Le centre administratif est un endroit dont tu risques d’entendre fréquemment parler. Si tu es une pilote, à chaque fois que tu quitteras la base, il te faudra une autorisation du centre administratif, ainsi qu’une autre pour rentrer. Tout ça se fait de manière numérique, mais chaque vaisseau est contrôlé, afin de vérifier qu’il respecte bien certaines conformités techniques.

- Mouais... Si c'était le cas, ils feraient une révision tout les six mois, comme sur Coruscant. T'es sûre que c'est pas plutôt pour inspecter la marchandise ? Si c'est le cas, ils peuvent toujours chercher.

Oui, elle souriait et de manière tout a fait effrontément. Depuis qu'elle était à bord de son vaisseau, la jeune Twi'lek avais appris deux trois trucs pour passer outre les scanners. Non, à son avis, la demande d'autorisation numérique devait sans doute faire un scanne du vaisseau et vérifier ce qu'il transportait. Ki'leya allait encore devoir faire quelques modifications dans son cocon mobile. Alors qu'elles approchaient d'une station de transport publique, son aînée lui posa une question.

- Alors, comme ça, tu es une pilote, hum ? Et que transportes-tu ? Du Ryll ?

Voilà qui était très personnel, mais cela la fit légèrement rire. Décidément, son espèce avait une sacré réputation dans le commerce.

- Pas vraiment nan. Déjà, faudrait que je songe à me rendre sur Ryloth un jour. En fait, je transporte de bêtes rations militaires. D'après mon contrat, je dois les livrer à un type, qui les transportera ensuite vers une cité nommé Ter... Terya...

Elle regarda rapidement sa fiche holographique depuis son pendentif, avant de reprendre.

- Non, une ville nommée Tekhos sur un monde appeler Terra. Apparemment, ils veulent leur faire découvrir les saveurs de l'univers... Avec des rations militaires... Franchement, je les plains... Mais tant que je suis payée, c'est pas vraiment mon problème.

Finalement, le tram arriva à la station et les deux Twi'lek montèrent, attirant au passage bien des regards. Il fallait croire qu'elles étaient les deux seules représentantes de leur espèce de toute la station, ce qui n'est pas l'idéal pour passer inaperçue.

- Et toi, de ce que je peux en voir, t'as l'air d'une guerrière. Tu connais bien cette Terra ? C'est un monde technologiquement avancé ou complètement sauvage ?

Ki’leya n’avait pas l’air d’avoir froid aux yeux... Elle venait plus ou moins d’avouer ouvertement à Talon qu’elle ne transportait pas toujours du matériel licite. Talon ne dit rien, préférant écouter. Le tramway fila rapidement, les conduisant au centre administratif. Il y avait de tout dans cette station spatiale. Le financement de cette dernière avait toujours intéressé Talon. Cette base était, non seulement immense, mais aussi dotée de technologies révolutionnaires qui lui permettaient de voyager entre les galaxies, et de bénéficier d’une situation d’autosuffisance, tant sur le plan alimentaire, qu’énergétique. C’était tout simplement fascinant, et cette autonomie suffisait à garantir la forte indépendance dont jouissait la base. Elle sortit de ses pensées quand Ki’leya lui expliqua que sa mission était de convoyer des rations militaires à Tekhos, sur Terra. Des noms qui firent immédiatement mouche dans l’esprit de la Sith.

« Et toi, de ce que je peux en voir, t'as l'air d'une guerrière. Tu connais bien cette Terra ? C'est un monde technologiquement avancé ou complètement sauvage ? » s’enquit-elle.

Elles grimpèrent des marches qui les amenèrent dans un couloir filant, au cœur du complexe administratif. Il y avait, encore, plusieurs panneaux menant à différentes parties du complexe : accueil, service d’enregistrement du spatioport, service de recensement, service de réclamations administratives, commissariat, etc... Talon s’engagea dans un couloir, et lui répondit.

« Terra est avant tout un monde dangereux. »

Elle connaissait ce monde, car il y avait dessus une imposante ruche formienne. C’est ce qui en faisait un monde dangereux, car, de ce qu’elle avait vu, Terra n’avait pas les moyens, sur le long terme, de repousser les Formiens. Des civilisations bien plus avancées que ce monde divisé et opposé avaient été massacrées par les Formiens, et elle ne voyait pas pourquoi il en serait différent avec ce monde. Consciente que sa réflexion amènerait Ki’leya à se poser des légitimes questions, la Sith s’empressa de la préciser :

« C’est un monde divisé et fracturé, où Tekhos est la nation la plus avancée, d’un point de vue technologique. Le reste du monde est rempli de sauvages et de primitifs qui se font la guerre avec des épées, des flèches, et des sorts magiques. Cependant, la véritable menace provient d’un astéroïde qui s’est écrasé dans le vaste territoire tekhan il y a quelques générations. Il abrite une menace qui se répand dans tout l’univers comme une traînée de poudre : les Formiens. »

Dans leur galaxie originelle, les Formiens n’évoquaient rien, car ils n’existaient pas encore. Ils n’étaient encore jamais venus, et, d’après les relevés du dispositif astronomique sur Aurelia, cette invasion ne viendrait pas d’ici quelques siècles, voire même quelques millénaires, vu que le cœur de la Flotte-ruche était très éloigné, ravageant d’autres galaxies. C’était une mort programmée, mais qui mettrait du temps avant de venir. Envahir toute une galaxie, puis voyager d’une galaxie à une autre, prenait tout de même un certain temps.

« Si j’étais toi, quand j’irais sur Terra, je ne m’y attarderais pas trop... Pour le reste, c’est une magnifique planète, riche et diversifiée. »

C’était sans doute ce qui justifiait l’envoi d’un astéroïde de guerre formien, si loin du cœur de la Flotte-ruche. Le duo se rapprocha d’une porte qui s’ouvrit à leur passage, les conduisant dans un grand hall avec de nombreux individus. Au centre, une œuvre trônait, montrant, à travers un hologramme très réaliste, la création et l’expansion de l’Univers. Par le biais de hauts-parleurs, une voix parlait de temps en temps, diffusant quelques informations :

« Nous vous rappelons que le service administratif des déclarations de revenus fermera plus tôt que prévu aujourd’hui... Les soldes commenceront dès quatre jours. Vous pouvez d’ores et déjà télécharger le programme virtuel sur n’importe quelle borne automatique. »

Talon regarda Ki’leya.

« Tu devrais pouvoir obtenir une carte de séjour ici. »

Le trajet en tramway fut étonnamment rapide, malgré la distance séparant les deux modules. Une fois qu'elles furent à destination, les deux Twi'lek gravirent une volée de marches et débouchèrent sur un long couloir, bifurquant à plusieurs reprises sur d'autres services administratifs. Ce fut seulement à cet instant que Talon lui répondit.

- Terra est avant tout un monde dangereux. C’est un monde divisé et fracturé, où Tekhos est la nation la plus avancée, d’un point de vue technologique. Le reste du monde est rempli de sauvages et de primitifs qui se font la guerre avec des épées, des flèches, et des sorts magiques. Cependant, la véritable menace provient d’un astéroïde qui s’est écrasé dans le vaste territoire tekhan il y a quelques générations. Il abrite une menace qui se répand dans tout l’univers comme une traînée de poudre : les Formiens.

Okay... Ki'leya sentait qu'elle avait bien choisie son coin encore. Après les Vong et la petite gueguerre entre les Sith et les Jedi, elle allait avoir droit à présent à un nouvelle ennemi. Non pas qu'elle avait combattue les précédant, ce n'était pas son rôle, mais si une guerrière Twi'lek estimait que ces Formiens était une menace, c'est qu'elle devait être sérieuse, quoi que pas trop urgente pour leur galaxie à elles. Mais à vrai dire, la Ruusan était encore jeune et n'avait pratiquement aucune expérience dans les grandes guerres. Les seules fois où elle avait dû combattre, c'était pour sauver sa peau des pirates et de la concurrence.

Quand à cette Terra, rien que le fait d'imaginer un monde où les blasters coexistaient avec les épées était assez inhabituel. Vu la technologie embarquée dans son vaisseau, il ne faisait aucun doute que la jeune Twi'lek n'avait pas grand-chose à risquer faces à ces sauvages, bien qu'elle ignorait ce que Talon voulait dire par "magie". En réalité, la seule menace réelle à ses yeux semblait être les Formiens mentionnés plus tôt.

- Si j’étais toi, quand j’irais sur Terra, je ne m’y attarderais pas trop... Pour le reste, c’est une magnifique planète, riche et diversifiée.

- J'imagine que c'est riche et diversifié du coté des sauvages, hum ? Bah c'est pas quelques flèches qui pourront percer le bouclier énergétique de mon vaisseau. J'paris que même les habitants de cette Tekhos n'ont jamais été au-delà de leur planète.

Les deux femmes finirent par entrer dans un hall d'attente, un hologramme de l'univers au centre. Apparemment, cette station avait pour habitude de se déplacer entre les galaxies. Finalement, Ki'leya enviait un peu les habitants de la Capsule. Pouvoir voyager dans l'espace sans quitter sa maison, c'est plutôt chouette, même si dans le fond, pouvoir voguer parmi les étoiles dans son cocon lui manquerais cruellement. Une annonce résonant dans la salle fit sourire la jeunette. Au final, peu importe la région de l'univers, il y avait des choses qui ne changeait jamais : les soldes. Peut être l'occasion de remplacer le condensateur d'énergie par un autre plus puissant.

- Tu devrais pouvoir obtenir une carte de séjour ici.

- Ça, je n'en doute pas. La vrai question, c'est de savoir combien de temps cela va-t-il prendre.

Et malheureusement, faire une carte de séjour prit énormément de temps. Pour commencer, on lui demandait un acte de naissance ou de résidence sur l'un des monde de l'univers, ou n'importe quel établissement dans lequel la Twi'lek avait travaillée, que ce soit en tant qu'employée, militaire ou esclave. Retracer son parcours sur Nar Shaddaa et Tatooine prit donc beaucoup de temps, particulièrement lorsqu'on sait qu'il y a peu de loi sur ces mondes, essentiellement sous l'emprise du Cartel des Hutt. En outre, Ki'leya était née d'une mère esclave, avait été revendue par son géniteur dans une Cantina, avant d'être de nouveau rachetée par un contrebandier et affranchie par ce dernier. N'ayant donc aucun document officiel la concernant, les recherches se tournèrent vers le père adoptif, ou un acte attestant de l'adoption fut retrouvé dans les archives de Coruscant. De là, furent retrouvés l'acte de propriété du vaisseau ainsi que le compte en banque, tout deux légués légalement à la Ruusan. Ce n'est donc qu'après plus de trois heures de recherches, qu'elle pu enfin faire faire sa carte de séjour, qu'elle pu récupérer encore une heure plus tard. Quand à ses données génétiques, elles furent enregistrée dans la base de données de la station, afin que Ki'leya puisse se servir des bornes. On lui attribua enfin un petit studio dans la section de la station concernée, mais qu'elle pourra s'offrir mieux avec de l'argent et de l'ancienneté.

Lorsqu'elle quitta enfin le bureau, la Twi'lek était éreintée et n'avait qu'une seule envie : se relaxer dans la cantina la plus proche. Son nouvel appart pouvait et sa cargaison pouvaient bien attendre un peu.

- J'en ai ma claque des administrations ! Il me faut une corélienne ou toutes autres boissons s'en rapprochant... Dis, tu connais une cantina sympa dans le coin, le genre d'endroit où se relaxer s'en s'attirer d'ennuis ?

Connaissant l’administration de la base, Ki’leya en aurait sûrement pour une bonne heure. Talon ne comptait donc pas attendre éternellement dans la salle d’accueil, et sortit du centre administratif. Cependant, que faire ? Rentrer chez elle ? S’entraîner ? Rien de tout cela ne la tentait vraiment... Elle choisit donc de se rendre dans une sorte de cybercafé moderne, et se connecta au réseau local, afin d’obtenir des informations. La Sith commença par consulter ses mails, et ne vit rien d’intéressant. Il y avait de la publicité, et, parmi tous les mails, plusieurs rapports un peu plus utiles. Il y avait un rapport de la commission technique après l’examen du X-07. Elle vit aussi un autre courriel, qui venait d’Aurelia. C’était un rapport des recherches du dispositif astronomique, sur l’avancée de la Flotte-ruche, et sur la progression des avant-postes formiens. Il n’y avait rien de particulier à signaler, rien qui ne justifiait son intervention rapidement. Elle alla ensuite surfer un peu, et chercha, à tout hasard, des informations sur Ki’leya Arakia. Elle ne trouva que sa fiche publique au sein de la base spatiale, mais elle n’était pas remplie, ne permettant de rien savoir sur elle. Il fallait croire que cette Twi’Lek était une vraie novice.

Elle continua ensuite à se promener sur le réseau virtuel La Sith se releva à nouveau, et s’étira largement, sentant son dos craquer, puis retourna dans le centre administratif.

*Pourquoi est-ce que je l’attends, d’ailleurs ?*

Ki’leya n’avait aucune affinité avec la Force susceptible d’en faire une chevalière de la Force. Ce n’était qu’une simple Twi’Lek, et Talon n’avait jamais été attirée par son propre peuple, qu’elle méprisait plus qu’autre chose. Les Twi’Leks étaient un peuple qui auraient pu dominer la Galaxie, et, au lieu de ça, ils avaient une politique isolationniste, et étaient envahis par le crime. Ils se vendaient entre eux, participaient à du trafic d’esclaves, et les Twi’Leks les plus connus étaient, soit des seconds couteaux, soit des criminels intergalactiques. Talon ne s’était jamais sentie l’âme d’une Twi’Lek, et, pourtant, quelque chose en Ki’leya l’attirait. Sa beauté ? Une manière de lutter contre la solitude galactique ? Bien qu’elle soit une Sith, Talon ne se considérait pas comme un seigneur Sith, mais comme une simple guerrière qui avait sa propre ligne de conduite.

Talon savait que sa vie présentait l’inconvénient d’être seule... Et, si la solitude n’était pas en soi quelque chose qui l’effrayait, c’était une chose dont elle se méfiait. La Sith réfléchissait, jusqu’à percevoir l’aura de Ki’leya. Épuisée, la belle Twi’Lek à la beau peau sortit du centre administratif, et lui parla assez rapidement, exprimant son mécontentement de la bureaucratie locale :

« J'en ai ma claque des administrations ! Il me faut une corélienne ou toutes autres boissons s'en rapprochant... Dis, tu connais une cantina sympa dans le coin, le genre d'endroit où se relaxer s'en s'attirer d'ennuis ? »

La Sith se décolla du mur, et hocha la tête.

« Je connais un endroit comme ça, oui... Suis-moi. »

Les femmes retournèrent au tramway, filant à nouveau dans la Capsule, et Talon se dirigea vers une sorte de bar appelée l’Hyperion. Il n’y avait pas vraiment de zones mal famées dans la Base Spatiale, mais l’Hyperion était connu pour être la plaque tournante d’un certain nombre de trafics de stupéfiants, et de deals en tout genre. Il y avait une véritable faune d’espèces, et Talon y entra la première. C’était une cantina au style assez sombre, comparé à d’autres, qui rappelait aussi les tanières de Tatooine. Il y avait de nombreuses tables, des gens parlant fort, jouant au poker, et, dans les coins, des écrans plats diffusaient les dernières nouvelles galactiques.

« Comme tous les bars et débits de boissons de la base spatiale, l’Hyperion dispose d’un nombre assez élevé de rafraîchissements. Je suis sûre que tu trouveras... De quoi te booster. »

Talon s’assit sur une chaise, et croisa les jambes, avant de regarder Ki’leya.

« Alors, dis-moi... Par quel détour hasardeux as-tu fini par te retrouver dans la Base spatiale ? »

C’était une question légitime, compte tenu de l’écart entre leur galaxie et la trajectoire usuelle de la Base Spatiale.

Lorsqu'elle était sortie du bureau, Ki'leya avait vue Talon se décoller du mur avant de lui demander de la suivre. Avait-elle attendue tout ce temps dans la salle d'attente ? La plus jeune espérait que non. Elle n'était qu'une simple commerçante et ne valait pas autant d'attentions de la part d'une guerrière, sauf si elle n'avait plus vue de Twi'lek depuis longtemps. Pour sa part, Ki'leya devait avouer qu'elle était curieuse vis-à-vis de son aînée. Talon était la première guerrière du peuple Twi'lek qu'elle rencontrait, bien que la jeune fille en avait souvent entendue parler dans les histoires lorsqu'elle était plus jeune, à l'époque où elle n'était encore qu'une esclave.

Le trajet en tram fut une nouvelle fois rapide et les deux femmes entrèrent dans une sorte de cantina à la Tatooine, faisant remonter en la jeune Twi'lek d'autres souvenirs de son passer. L'époque où elle était encore avec sa mère, entre autres.

- Comme tous les bars et débits de boissons de la base spatiale, l’Hyperion dispose d’un nombre assez élevé de rafraîchissements. Je suis sûre que tu trouveras... De quoi te booster.

Sans doute. D'autant plus qu'il y avait sans doute des alcools ici qui étaient inconnus de leur galaxie. En se dirigeant au bar, Ki'leya constata qu'elle avait effectivement raison et ne connaissait que le quart de la carte. Elle se contenta donc de commander une boisson qui semblait assez proche de la Corelienne, un alcool ambré avec un arôme assez tentant, nommée "hydromel". Sans doute issu d'un fruit qui lui était clairement inconnu. Une fois la commende passée, elle se rendit à la table que Talon avait choisie, mais à peine assise qu'elle lui posa une nouvelle question.

- Alors, dis-moi... Par quel détour hasardeux as-tu fini par te retrouver dans la Base spatiale ?

Une question légitime, mais à laquelle Ki'leya prit le temps de réfléchir. Entre temps, les boissons étaient déjà arrivées sur leur table.

- C'est vrai que la livraison n'était qu'un prétexte pour pouvoir venir ici sans trop attirer l'attention... Même si j'ignorais qu'il y avait si peu de Twi'lek par ici... Comment dire...

Réfléchissant encore un peu, la jeune femme trempa ses lèvres dans son alcool et fut surprise par le gout. C'était aussi fort que la Corelienne, mais l'arôme était bien meilleur.

- Mmmm... Hum... Pour être franche, je suis ici pour retrouver l'assassin de mon père... adoptif. Le biologique je m'en tape, vu qu'il m'a vendu à un marchand d'esclave à une époque où j'étais beaucoup trop jeune. Mon père biologique en revanche, était un contrebandier qui m'a affranchie, pour faire de moi sa fille. C'est lui qui m'appris et formée pour le métier. Mais il y a environ cinq mois, il s'est fait tuer pour une cargaison... Et moi, je suis tombée dans le comas pendant un mois.

Ki'leya replongea ses lèvres dans l'hydromel pour prendre cette fois-ci plusieurs gorgées. Dieu que ça faisait du bien...

- Tout ce que je sais, c'est que cet assassin vit ici, sur la station. Et je compte bien rendre justice à ce meurtre.

Elle ne le disais pas, mais elle se souvenait aussi de la foudre alors qu'il faisait beau. Ki'leya ne savait pas d'où cela pouvait venir mais c'était sans doute une arme dans le même genre que les lances flammes. Si elle retrouvait cet assassin un jour, il lui faudrait rester sur ses gardes.

- Et si on parlait un peu de toi maintenant ? Si t'es une guerrière, tu dois être une sorte de chasseuse de prime, non ? Il doit y avoir pas mal de contrat à prendre dans le secteur... En tout cas, très beau manche...

Elle faisait un léger sourire en montrant discrètement du doigt le sabre laser accroché à sa taille. Le fait de murmurer montrait aussi qu'elle voulait se faire discrète. Que Talon soit une Jedi ou une Sith, voir même une mercenaire douée de la Force et ayant volée un sabre, Ki'leya s'en fichait complètement. Avoir une alliée douée de la Force serait toujours une bonne chose, si elles se retrouvaient un jour sous le même contrat.

Elle n’était pas venue ici en touriste. Ça, Talon l’aurait parié. Elle traquait quelqu’un, un individu qui avait tué son père adoptif. Que Ki’leya ait été vendue comme esclave n’était pas, en soi, surprenant. C’était le lot commun pour la plupart des Twi’Leks, le prix à payer pour que Ryloth conserve son indépendance, et sa mainmise sur le commerce de Ryll. Talon n’était pas choquée. Elle avait posé la question par curiosité. La Base Spatiale abritait des dizaines de milliers de résidents, sans parler des innombrables clandestins, de ceux qui avaient perdu leurs appartements, et rôdaient dans la base, et des centaines de milliers de noms inscrits sur les registres administratifs. Le père de Ki’leya pouvait être partout et nulle part à la fois. Pour le retrouver, elle avait compris qu’il fallait se rapprocher des bonnes personnes, des individus qui exerçaient une certaine influence dans la Base. Talon connaissait ces gens, car ils s’adressaient souvent à elle pour obtenir ses services. Et elle avait parfois besoin d’eux, aussi.

Concrètement, Talon ignorait toujours comment Ki’leya avait entendu parler de cette station spatiale, car elle ne se trouvait pas dans leur galaxie. Talon s’y était rendue grâce au dispositif astronomique sur Aurelia, et aux informations recensées dans la base de données du X-07. D’après ce que Ki’leya lui disait, elle avait effectué une livraison avec son père qui avait mal tourné, provoquant la mort de ce dernier, et l’envoyant dans le coma. Il y avait quelques trous, mais Talon n’était pas une inspectrice, et elle considérait que chaque personne avait le droit d’avoir ses propres secrets.

« Et si on parlait un peu de toi maintenant ? Si t'es une guerrière, tu dois être une sorte de chasseuse de prime, non ? Il doit y avoir pas mal de contrat à prendre dans le secteur... »

Elle murmura alors, en désignant le « manche » de Talon, ce qui indiquait probablement son sabre-laser. Talon avait toujours les jambes croisées, et ne répondit pas sur le coup, car une serveuse amenait sa boisson : une sorte de mélange entre le café et le chocolat chaud. Elle attrapa la tasse, en but un peu, puis le reposa sur la table.

« Je ne suis pas une chasseuse de primes, non. »

Une précision indispensable. Pour une Sith, c’était comme une insulte.

« Je n’accepte des primes que quand je manque de liquidités. Vu mes talents particuliers, si l’argent était ma seule motivation, il y a bien longtemps que j’aurais acheté un immense manoir dans je ne sais quelle planète aquatique... Mais il y a effectivement pas mal de primes et de contrats sur la station, si tant est qu’on sache à quelles portes s’adresser. »

Elle but encore un peu. C’était une boisson forte, mais c’était ce dont elle avait besoin.

« Je suis venue ici pour mener un combat, et les capacités exceptionnelles de voyage de cette station sont parfaites pour me permettre de me déplacer dans tout l’Univers. Quant à ce manche... Je crois que tu seras encore plus impressionnée ainsi... »

Le manche du sabre-laser se mit à voler tout seul, avant que Talon ne l’attrapa, et ne fasse jaillir la lame en laser. Son sabre-laser apparut en intégralité, et plusieurs clients l’observèrent plus attentivement. Un sabre-laser, ça ne se voyait pas tous les genres.

« Il est à moi, précisa-t-elle. C’est moi qui l’ait fabriqué... Du début à la fin. Le cristal qui l’alimente a été récupéré dans les cavernes de Korriban, dans le tombeau d’un ancien seigneur Sith, Naga Shadow. J’ai du y affronter un tarentarek, qui protégeait cet endroit. »

Korriban, planète-mère des Sith, était imprégnée depuis des millénaires par le Côté Obscur. La planète recelait, dans ses gorges et ses montagnes, de tombeaux et de ruines ayant appartenu à d’anciens seigneurs Sith. Naga Shadow était un Seigneur Sith ayant existé 5 000 ans avant la Guerre Civile Galactique. Il était le deuxième principal disciple d’un Seigneur Sith qui avait régné sur l’Empire Sith pendant plus d’un siècle d’une main de fer, Marka Ragnos. Naga Shadow avait déclenché la première guerre entre la République et l’Empire, entre les Jedi et les Sith. Pour bien des Sith, Naga Shadow avait sauvé les Sith de leur autodestruction, en leur donnant un but commun : éradiquer les Jedi. Face à un ennemi extérieur, les peuples se liguent entre eux, et c’est ce qui s’était passé. Avant cette époque, les Sith se faisaient la guerre entre eux. C’est, tout du moins, ce qu’on apprend aux jeunes apprentis Sith, car Shadow avait aussi eu un rival, Ludo Kressh, qui avait embêté Shadow. Naga Shadow était aussi respecté pour sa grande maîtrise de la magie sith, et avait, en ce sens, toujours été un modèle pour Talon. Il avait affronté la République en infériorité militaire forte, mais avec un esprit de stratège digne du Grand Amiral Thrawn, et avec des pouvoirs magiques impressionnants. Le pouvoir de Shadow était de faire apparaître des illusions très réalistes de vaisseaux sith, afin de disperser la flotte républicaine, pouvant ainsi les prendre à revers.

Quand Talon avait du réaliser son propre sabre-laser, elle s’était donc rendue dans la tombe de Naga Shadow, afin d’y trouver un cristal. L’endroit avait des millénaires, mais les vieux murs étaient encore debout. Cependant, elle avait aussi rencontré les redoutables terentareks, des monstres qu’on trouve dans les endroits imprégnés par le Côté Obscur. C’était une espèce éteinte, mais, même encore, on pouvait, dans des zones très anciennes, en trouver.

Les souvenirs affluaient à l’esprit de Talon, qui éteignit à nouveau son sabre-laser, dans un chuintement.

« Je ne suis pas qu’une simple guerrière, je suis une Sith. Mais ne t’en fais pas, je suis moins vindicative que la plupart de mes camarades. »

Elle secoua lentement la tête, faisant remuer ses lekkus, puis regarda la jeune femme.

« Quant à ton père... Il suffit de rencontrer les bonnes personnes. Cette station est spatiale, mais tout finit par se savoir... »

- Je ne suis pas une chasseuse de primes, non.

Vu le ton utilisé pour lui répondre, Ki'leya sentait qu'utiliser ce terme pour la désigner était presque comme une insulte. De plus, Talon affirma que, au vu de ses talents, si elle ne vivait que pour l'argent, il y'aurait bien longtemps qu'elle aurait pris la retraite. N'importe qui aurait pu y voir là de l'arrogance ou de la suffisance, mais comme la Rutian s'en était doutée en apercevant le manche, son interlocutrice était une utilisatrice de la Force. Et vu comment elle parlait de Korriban, ce devait même être une Sith, étant pratiquement les seuls à pouvoir s'y déplacer librement, comme Talon le précisa un peu plus tard.

- Mais ne t’en fais pas, je suis moins vindicative que la plupart de mes camarades.

La jeune Twi'lek se contenta d'hausser les épaules, avant de répliquer d'un air neutre.

- Franchement, que tu sois Sith ou Jedi, ça ne change rien de mon point de vue. Ou si peut être, t'es moins coincée que les "gardiens".

Le dit point de vue était légitime. Après tout, que ce soit la République ou l'Empire galactique qui contrôle Origine, les deux camps avaient toujours considérés les contrebandiers comme une espèce à exterminer de la galaxie, même si certain d'entre eux comme Ki'leya étaient plus honnêtes que d'autres. Mais l'avantage des Sith par rapport aux Jedi, c'est qu'ils ne ressemblent pas à des espèces de droïdes dépourvus d'émotions. On pouvait même dire que les Sith ne les cachaient même pas, se montrant bien plus franc sur de nombreux points. Enfin, en ce qui concernait sa race, que ce soit sous la domination de l'un ou de l'autre, les Twi'lek seront toujours considérés comme une sous-espèce. Bref, Ki'leya se foutait bien de savoir dans quel camp se trouvait Talon. Elle pouvait même certifier que Talon devait se faire chier dans leur galaxie, pour avoir choisie de venir affronter ces Formiens, plutôt que de continuer de jouer à la guéguerre avec les siens et les Jedi.

- Quant à ton père... Il suffit de rencontrer les bonnes personnes. Cette station est spatiale, mais tout finit par se savoir...

Ki'leya hocha simplement la tête. Cette affirmation était logique. Peu importe la taille d'une station ou d'une citée, les cantinas ont toujours été des zones de passages pour toutes les espèces, un véritable carrefour de l'information, où tout renseignement pouvait s'obtenir en échange d'une poignée de crédits... ou grâce au canon d'un blaster contre la tempe. Cependant, la jeunette n'était pas certaine d'obtenir son info, même contre tout les crédits de Czerka. D'un peu qu'elle en savait, l'individu qu'elle recherchait était un homme - du moins en avait-il la carrure - dans une armure noire et capable de lancer des éclairs de ses doigts. Donc, il y avait de très fortes chances qu'il s'agisse d'un autre Sith. Et si les intentions de Talon étaient nobles dans ce secteur de l'espace, pas sûr que ce soit également le cas pour le meurtrier de son père. Sans doute même cherchait-il un coin de l'univers où établir son propre empire, très loin de l'ordre Jedi ou de ses pairs.

- En fait, il y a des chances pour que le type que je recherche soit également un Sith...

Ki'leya lui raconta alors les circonstances de l'embuscade, ainsi que la nature de la cargaison, un vieille artefact d'origine inconnue qu'elle et son père devaient remettre à un centre de recherche sur Corélia, après qu'une équipe de fouille l'ait extrait de ruines anciennes situées sur Belsavis. L'home qui les avait attaqué était seul et n'avait usé que d'éclairs depuis ses doigts.

- La première chose que j'ai fait en me réveillant, c'était de vérifier si le traceur que j'avais placée dans une cavité de l'artefact était toujours en place... Et le signal amenait jusqu'à cette station, bien que je ne le sache pas, vu qu'il était en mouvement en quasi permanence... Et pour justifier légalement ma présence dans le secteur, sachant mon métier, il me fallait une mission tout aussi légale. Et ça n'a pas été facile. Je sais que toi, tu viens ici pour éradiquer une menace, mais je doute que ton collègue ait les même idéaux...

Le point de vue de Kileya sur les Jedi prêtait à sourire, et traduisait une certaine forme de vérité... Du moins, pour ce qui concerne l’ancien Ordre Jedi. La vieille doctrine avait toujours préconisé de se méfier de ce qu’on ne pouvait pas contrôler et tempérer, car toute forme d’instabilité émotionnelle était considérée comme une faiblesse susceptible de conduire les Jedi vers le Côté Obscur de la Force. Ce faisant, la vieille doctrine portait en soi ses limites, puisqu’elle se construisait par opposition avec le Côté Obscur, ayant comme fondement ce que les Jedi affirmaient combattre : la peur. Les vieux Jedi avaient toujours été dominés par la peur, la peur de sombrer du Côté Obscur, de devenir des Sith qui ensanglanteraient la galaxie, comme l’avaient jadis fait Dark Revan et Dark Malak. Ce faisant, ils avaient été incapables de lutter contre l’avènement du dernier descendant de la lignée de Dark Bane, Dark Sidious, qui avait renversé les Jedi. Une histoire admirable, même si les nouveaux Sith la prenaient avec des pincettes. Ce n’était en effet pas le Côté Obscur qui avait permis à Sidious de prendre le pouvoir, de supprimer l’Ancienne République pour y instaurer un nouvel Empire, mais son intelligence, son sens affiné et subtil de la politique... Ainsi que la bêtise insondable des vieux Jedi.

Cette lutte éternelle et stérile entre les Jedi et les Sith n’intéressait pas Talon. Même après que les Yuuzhan Vong aient ravagé leur galaxie, la guerre entre eux deux s’était poursuivie, interminable, éternelle. La Sith n’était pas mécontente d’en être partie, et de ne plus servir Dark Krayt. Oui, elle était bien contente d’être ici, même si elle poursuivait un adversaire encore plus redoutable que les Jedi et tous les Vong réunis : une menace qui, un jour, s’abattrait sur Origine.

« En fait, il y a des chances pour que le type que je recherche soit également un Sith... » commença alors à se confier la Twi’Lek.

Talon fronça les sourcils devant un tel aveu. Un Sith ? Ici ? Elle aurait probablement du le sentir... Ceci dit, il était possible de masquer sa présence dans la Force. Tant qu’on n’utilisait pas ses pouvoirs, on pouvait ainsi rester camouflé. Kileya se mit à parler, à s’expliquer sur les véritables raisons de sa présence ici. Avec son père, Kileya devait amener à un centre de recherches sur Corellia des artefacts récupérés sur Belsavis. Belsavis... Belsavis... Oui, cette planète lui disait quelque chose. Cette planète avait abrité des Jedi ayant essayé d’échapper à la Purge perpétrée par Dark Sidious. Par la suite, Belsavis avait accueilli l’une des maîtresses de Sidious, Roganda Ismaren, qui était l’un de ses assassins personnels. L’endroit devait bel et bien abriter des artefacts jedi ou siths datant de cette époque. Les reliques dataient essentiellement de l’époque de Plett, le Maître Jedi qui avait amené sur cette planète isolée des Jedi pour échapper à Sidious, avant qu’Ismaren n’arrive.

Les souvenirs revenaient à la mémoire de Talon, qui hocha lentement la tête quand Kileya se mit à conclure, en expliquant comment elle avait fait pour se retrouver ici :

« La première chose que j'ai fait en me réveillant, c'était de vérifier si le traceur que j'avais placée dans une cavité de l'artefact était toujours en place... Et le signal amenait jusqu'à cette station, bien que je ne le sache pas, vu qu'il était en mouvement en quasi permanence... Et pour justifier légalement ma présence dans le secteur, sachant mon métier, il me fallait une mission tout aussi légale. Et ça n'a pas été facile. Je sais que toi, tu viens ici pour éradiquer une menace, mais je doute que ton collègue ait les même idéaux... »

Talon soupira légèrement, et se dépêcha de faire rapidement une petite précision :

« Ce n’est pas parce que c’est un Sith que c’est un collègue. De manière générale, il n’y a pas pire ennemi pour un Sith qu’un autre Sith. Il suffit de voir notre histoire pour constater que, généralement, ceux qui sont responsables de la chute des plus puissants Sith sont eux-mêmes des Sith... Assez ironique, quand on y pense. »

Dark Sidious avait été tué par Dark Vador. La Guerre de l’Hyperespace, le premier conflit historique ayant opposé les Sith aux Jedi, et qui avait conduit à l’éradication presque totale des Sith, avait été perdu par les Sith lorsque les deux disciples de Marka Ragnos, Naga Shadow et Ludo Crech, s’étaient affrontés entre eux. Le premier Empire sith, dirigé par Dark Tenebrae, s’était écroulé à cause des luttes intestinales entre les différents Siths le composant. Dark Bane lui-même avait institué cette règle : l’Apprenti devait tôt ou tard tuer le Maître.

« Remercie ta chance de ne pas être tombée sur ce Sith, Kileya. On ne terrasse pas un Sith avec un blaster, n’en déplaise à Han Solo. Il te tuera sans la moindre hésitation si tu ne l’affrontes pas avec les bonnes armes. »

Talon se demandait si Kileya ne cherchait pas à l’impliquer dans cette vengeance... Tuer un autre Sith ne lui faisait ni chaud ni froid, et elle préférait frapper la première que d’attendre que l’autre Sith la repère. Bien que la lignée de Dark Bane soit éteinte, les fondements de son héritage avaient perduré. Les Sith étaient comme des loups hargneux. Face-à-face, plutôt que de chercher à s’unir, ils s’entredévoraient. Talon se méfiait des Sith encore plus que des Jedi. Un Jedi était aussi limpide que de l’eau, alors qu’un Sith, perpétuellement, mentait.

*S’il y en a un autre sur cette station, je vais avoir besoin de cette femme... Elle a du le voir, ou en savoir plus que sur moi... S’il a pu dissimuler sa présence, alors c’est qu’il doit être doué...*

C’était préoccupant.

- Ce n’est pas parce que c’est un Sith que c’est un collègue. De manière générale, il n’y a pas pire ennemi pour un Sith qu’un autre Sith. Il suffit de voir notre histoire pour constater que, généralement, ceux qui sont responsables de la chute des plus puissants Sith sont eux-mêmes des Sith... Assez ironique, quand on y pense.

C'est vrai que vu comme ça, c'était à ce demander à quoi servaient réellement les Jedi. Ils restaient enfermés dans leur temple sans sortir le nez dehors et chaque fois qu'un Sith était défait, c'était à cause d'un autre, qui avait soif de plus de puissance et donc, détruisait tout ce que le précédent avait bâtis. C'est aussi pour ça que la Twi'lek trouvait cette guerre parfaitement ridicule, et ne s'y intéressait pas particulièrement. Le Sith qu'elle poursuivait s'était montré au moins plus intelligent que ses congénères, en recherchant un endroit de l'univers où il serait le seul Sith présent à des parsecs à la ronde, et sans Jedi pour le gêner.

- Remercie ta chance de ne pas être tombée sur ce Sith, Kileya. On ne terrasse pas un Sith avec un blaster, n’en déplaise à Han Solo. Il te tuera sans la moindre hésitation si tu ne l’affrontes pas avec les bonnes armes.

- Oh, je ne suis pas suicidaire non plus. Si je le retrouve, je ne m'attaquerais pas directement à lui. Il y'a d'autres moyens pour vaincre un redoutable adversaire, plus subtiles qu'un coup de sabre dans le bide ou un tir de blaster dans la tempe...

Il existait après tout des poisons que même la Force ne pouvait combattre, ou du moins très difficilement. Et même dans ce second cas de figure, les réflexes en était extrêmement amoindris. Il suffisait donc de piéger son vaisseau pour le faire exploser dans l'espace en prime. Entre le poison et le manque d'oxygène, le Sith ne pourrait pas survivre très longtemps. Ki'leya termina son verre d'une traite et le reposa un peu plus fort, avant de déclarer très sérieusement:

- J'ai pour principe de toujours mener un contrat jusqu'au bout, même si ça doit durer plus longtemps que prévus.