'And my heart is like an eagle …'
Une pause. Une toute petite pause. Après une mission haute en couleurs, de celles qui te piétinent les pupilles, Niki avait le droit à une pause. Histoire de reprendre des forces, avant de repartir. Et je la mérite bien, cette pause, qu'on se le dise! A bord de son vaisseau, Dove calée dans sa chevelure, ronronnante, elle se permettait une escapade sur Terre. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas permis ce genre de folies. La Capsule devenait, à la longue, étouffante, pour elle qui aimait tant gambader dans les vastes espaces. Elle pilotait un joli petit engin, qui aurait pu en laisser certains interloqués. Jouer le rôle de l'OVNI, elle adorait. 'fin, elle se rendait à peine compte que, sur Terre, des machines de ce genre, c'était plutôt rare. Elle avait calée, quelque part dans son engin, une moto qui avait la fabuleuse capacité de quitter le sol. Et la blondinette avait hâte d'utiliser ce joujou, tout neuf.
'I love to fall from the sky !'
En attendant, elle chantonnait. Remuant des épaules, les mains sagement posées sur les manettes, Niki profitait de ce congé. Sur Terre, il serait dix-neuf heures quand elle atterrirait. Elle attendait juste de trouver le bon endroit où se poser. Une plaine vide, où elle serait tranquille. Même si le revêtement de son vaisseau – un truc pas très grand, un peu plus qu'une voiture 6 places – avait la faculté de se fondre dans le décor, autant minimiser les risques.
C'est pourquoi elle se 'gara' en bord de mer, au pied d'une falaise, traumatisant une bonne dizaine de baigneurs au passage. Et elle appelait ça minimiser les risques … Dove dans le cou, la jeune femme quitta son vaisseau d'un bond joyeux. Elle portait sa tenue habituelle, cette combinaison qu'elle ne quittait jamais, et qui lui attirait les regards. Niki ébouriffa ses cheveux. Seikusu, clamait un panneau. Soit. Elle ne connaissait pas cette ville japonaise. Pas encore. L'air marin la fit sourire comme une môme. La nuit tombait doucement, sur la ville paisible. Les architectures terriennes, elle ne les comprenait pas vraiment, mais parvenait à les trouver jolies. Parfois. Cet immeuble grotesque, la jeune Ættìve le toisa avec une grimace. Le blanc était usé, devenu gris sale. Cette tour immense, vitrée, l'enchanta plutôt. Elle resta un moment devant, se regardant dans la glace, essayant de calmer son petit alien qui frétillait d'envie et de curiosité. Calme, Dove. Quelle que soit la planète, les aliens n'étaient jamais très bien vu. Le petit bout de femme qu'elle était goba quelques sushis, avant de continuer sa visite. On la regarda bizarrement, on la siffla (ce à quoi Dove répondit par un grognement significatif, du style « Tu veux t'battre ? »), on la complimenta sur sa tenue … En somme, tout se passa bien.
Ce qui déconna, c'est quand elle voulu visiter le lycée. Elle le trouvait joli. La bâtisse n'était pas laide, bien qu'usée, et il s'en échappait des odeurs douces. Le savon, les parfums des adolescentes, les bonbons vendus dans l'enceinte du bahut. D'un pas léger, Niki s'invita dans ces lieux inconnus pour elle. La jeune Ættìve en avait entendu parler, de ces lieux d'enseignement. Mais ils n'avaient rien à voir avec les siens, ceux qu'elle avait tant aimé sur D▲-ttìæ . Et puis, y'avait pas assez de végétations. Tandis que le lycée se vidait de ses étudiants, elle arpenta les longs couloirs, sereine. Il n'y avait presque plus personne.
"Tu peux sortir, Dove."
Silence. Silence fluide. Long silence fluide. Niki porta sa main à son imposante chevelure.
"Dove ?"
Pas de Dove. Putain non. Elle était encore là, pourtant, il y a deux minutes. Elle sentait encore son souffle paisible, sur sa nuque. Abandonnant sur place un bouquin qu'elle avait trouvée, ici, là, sur une table, elle poussa un lent soupir. J'devrais lui coller une puce, à cette fugueuse ... La petite blonde porta ses mains à son visage, ses yeux furetant dans les alentours. Où était-elle allée ? Un peu partout.Ça ne va pas beaucoup m'aider, ça ...
"Do-o-o-ve ! DOVE !"
Sa petite voix, habituellement enjouée, était teintée d'inquiétude, tandis qu'elle scandait son nom dans les couloirs. Si son alien, son alien chéri, qu'elle aimait malgré la bave visqueuse qu'elle crachait un peu partout quand l'envie lui passait par la tête, se faisait chopper … N'y pense même pas, tu vas flipper. Et puis, elle ne savait pas qui elle devait plaindre, dans l'histoire. Soit Dove, soit la personne qui tomberait dessus. Les aliens n'étaient pas vraiment réputés pour leur altruisme. Elle seule avait su dompter cette petite créature.
"Bébé chéri ?"