Il m'aura donc fallu près de deux mois et demi pour mettre enfin en ligne ce "bonus"...
Je rappelle donc que cette histoire était celle que j'avais prévu de mettre en ligne pour le concours de fanfic hentai organisé par Lydia, mais que, faute de temps et d'inspiration, je n'avais pas achevé à temps. Je viens à l'instant de le terminer.
J'espère avoir vos avis, comme d'ordinaire...
NB : En ce qui concerne les chansons "d'ambiance" : j'ai essayé de faire concorder leurs moments d'apparition avec l'action mais pour certaines cela dépend de votre vitesse de lecture, alors, j'espère que ça le fera quand même !
Bonne lecture, et merci pour votre patience et votre présence.
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Paris, XIIe arrondissement
1er décembre 1944, 20h12. En dépit du froid mordant de l'hiver, la foule se pressait devant le cinéma. Les souliers vernis aux hauts talons et boucles d'argent piétinaient les pavés irréguliers de la place de la Bastille. Ce n'était pas le quartier le plus huppé de la capitale française, mais ce soir, c'était un soir... exceptionnel. Le Lux-Bastille accueillait l'avant-première du dernier film allemand de Veit Harlan et Wolfgang Liebeneiner, le film qui changerait radicalement la face de la guerre et assurerait la pérennité du Reich, le film Kolberg. Fondé sur une autobographie, il retraçait le combat héroïque de la ville éponyme ayant résisté aux attaques françaises de 1807 ; un film... magistral. Il s'agissait en fait ici d'un visionnage du pré-montage et seulement la crème des crèmes s'y trouvaient. Les plus hauts gradés nazis, les dignitaires et leurs épouses et l'on chuchotait même que le Führer ferait l'honneur de sa présence. Son ministre de la propagande, Goebbels, déjà confortablement installé dans sa loge en trépignait d'impatience.
Les invités entraient petit à petit, présentant leurs cartons d'invitation aux soldats postés à l'entrée, lourdement armés, afin de dissuader quiconque qui ne serait pas attendu, de tenter d'entrer. Le hall avait été décoré de façon magistrale pour l'occasion : de hautes colonnes de marbre à l'inspiration romaine, déplacées spécialement pour la soirée, ornementées de lourdes étoffes de velours qui s'enroulaient autour d'elles, irradiant d'un rouge sanglant et majestueux. Au-dessus des deux entrées donnant dans la salle, accroché à la coursive, le majestueux et puissant aigle allemand, encadré de deux gigantesques drapeaux frappés de la croix gammée.
Les robes pailletées croisaient les costumes trois pièces, et chacun rivalisait d'élégance et de grâce. Dans ce ballet, on distinguait de hautes bottines tournant et virevoltant entre les souliers vernis, de hauts bas et des portes-jarretelles. De magnifiques créatures à la chevelure blonde allaient et venaient, proposant cigarettes, pralines, et autres petits plaisirs à déguster ou fumer pendant la projection. Vêtues de ces simples portes-jarretelles, bas, bottines et d'une chemisette nouée au-dessus du nombril aux couleurs et effigies militaires, un képi tout aussi militaire vissé sur la tête, elles attiraient et attisaient les regards des lubriques nazis à l'allure si roide et droite.
Les acteurs du film étaient sollicités de ci, de là, échangeaient quelques mots avec les hommes les plus puissants du Reich, sûrs d'eux-mêmes et de leur parti, ils regagnaient tranquillement leurs sièges respectifs à grand renfort d'éclats de rire, prenant un dernier paquet de cigarettes – allemandes, natürlich – dans les petits présentoirs portés par ces jeunes femmes au sourire ineffaçable. Elles croisaient ce beau monde, les députés allemands, les acteurs, les chargés de la sécurité de la soirée, elles virevoltaient, si belles et chaleureuses, mais si insignifiantes. Elles finiraient plus tard dans la loge d'un de ces messieurs, à quatre pattes sur le plancher, criant un plaisir feint, des larmes brouillant leurs yeux.
Paris, VIIe arrondissement
1er décembre 1944, 18h44. _Je t'aimerais fort, je t'aimerais déterminé, je t'aimerais intraitable, je t'aimerais cruel, je t'aimerais mien. Je ne t'aimerais pas faible, je ne t'aimerais pas lâche, je ne t'aimerais pas compatissant, je ne t'aimerais pas diplomate._Je t'aimerais forte, je t'aimerais déterminée, je t'aimerais intraitable, je t'aimerais cruelle, je t'aimerais mienne. Je ne t'aimerais pas faible, je ne t'aimerais pas lâche, je ne t'aimerais pas compatissante, je ne t'aimerais pas diplomate. Un ultime regard, un ultime baiser, ces chemins se séparent.
Retour au XIIe arrondissement,
Le Lux-Bastille, 1er décembre 1944,
20h35 Goebbels s'agitait dans sa loge. La séance était programmée pour 20h30 et ils avaient d'ores et déjà cinq minutes de retard. Bien sûr, il fallait attendre le Führer, mais être en retard n'était pas dans ses habitudes, ni dans celles du Reich.
Enfin, la porte se poussa, et le petit homme moustachu, leur guide à tous, entra dans la loge. Des étoiles plein les yeux, le ministre se leva presque d'un bond, et tendant son bras droit devant lui, il expulsa un « Heil Hitler ! » de fierté de sa poitrine. Son mentor eut un grand sourire, lui répondit par un bras tout aussi bien levé et s'empressa de lui serrer la main. Le dirigeant de l'Allemagne paraissait très enthousiaste quant à ce nouveau film. Il avait toujours été un grand soutien de son ministre et aimait vivement son travail, qui était la pâte d'un grand maître et d'un grand patriote, il n'y avait aucun doute à ce sujet. Le Führer ne donna aucune explication quant à son retard, et son ami n'en demanda aucune : on ne Lui demandait jamais rien, Il avait toujours de bonnes raisons, Il avait l'Empire à construire, l'Europe à soumettre pour lui ouvrir les portes de la prospérité.
Dans le hall presque désert venait de passer leur chef à tous, et les jeunes demoiselles en service avaient toutes exécuté le salut. Elles devaient désormais se répandre dans les allées et les coursives encerclant le théâtre et donnant accès aux différentes loges.
Alors que chacune d'entre elles se dirigeait vers son poste, un cri, suivi d'un bruit sourd les fit brusquement se retourner. Plaqué au sol, un jeune soldat allemand hurlait. Quelques unes s'approchèrent, tandis que les autres s'éloignaient pour rejoindre leur poste : les affaires de la sécurité ne les regardaient pas. Grand bien leur fit, car le soldat, se débattant toujours comme un beau diable, était parvenu à dégainer son Luger Parabellum, et commençait à tirer à tort et à travers. Rapidement maîtrisé par les autres soldats, il fut assommé sans plus de cérémonie avec la crosse de son propre semi-automatique. Traînant son corps à travers la pièce, les soldats le portant disparurent dans une des pièces du rez-de-chaussée réquisitionnée par la Waffen. L'officier, impeccable dans son bel uniforme militaire regarda les jeunes femmes encore présentes et choquées par la scène.
_Was warten Sie zu Ihren Positionnen haben ? Benötigen Sie einen meiner Männer ? (Qu'attendez-vous pour rejoindre vos postes ? Avez-vous besoin d'un de mes hommes !?)
Confuses et bredouillant, elles reculèrent, se dirigèrent vers leur poste.
_Non, pas vous. Une d'elles se figea immédiatement, et tourna son beau regard vert vers lui.
_Oui, monsieur... ?L'accent allemand de l'officier faisait frissonner la pauvre créature. Il eut pourtant un sourire charmant et, d'un mouvement de tête, lui fit signe de venir.
Il n'était pas rare qu'un officier prenne ainsi une jeune femme sous le bras l'espace d'une soirée... Mais s'il la prenait pour l'un de ces bordels militaires ? On racontait que des femmes étaient enlevées en pleine rue, durant la journée, pour être conduites de force dans un bordel militaire où défilaient de simples soldats, ou bien des officiers, rien que des uniformes, toute la journée. Elles étaient forcées de travailler là-bas, où que ce là-bas soit. Si elles tentaient de s'échapper elles étaient exécutées, après avoir été une nouvelle fois violées par tous ces hommes.
Tremblante, la jeune femme s'approcha, avec un petit regard inquiet vers ses collègues qui, elles, partaient, tristes pour leur amie mais rassurées de ne pas être à sa place.
Déglutissant difficilement, elle prit le bras qu'il lui tendait et ils s'engagèrent à leur tour dans la pièce où avait été emmené le jeune soldat.
La pièce était saturée de fumées de cigares et autres cigarettes, et la pauvre petite fenêtre ouverte en vain dans un coin ne changeait rien. Sur une table traînaient un jeu de cartes, des chopes de bière vides. Au fond, une petite porte. Ils la franchirent et se trouvèrent dans une pièce de facture et de taille plus modestes. Un bureau trônait dans la pièce, légèrement excentré, il attirait quand même le regard. A un mètre ou deux du bureau, sur une chaise, le jeune soldat était attaché. A côté de lui, il y avait une autre chaise. L'officier s'arrêta à côté de cette dernière et fit signe à la jeune femme de s'asseoir. Sans un mot, elle s'exécuta, tirant sur sa jupette masquant à peine ses fesses divines, brusquement mal à l'aise d'être la seule femme dans cette pièce remplie d'hommes en uniformes. Elle jeta un regard perdu autour d'elle, et sur le jeune soldat ligoté à ses côtés.
Le commandant s'installa à son bureau et sortit son boîtier à cigarettes. Ses gestes étaient lents mais précis, calculés. Comme cherchant à torturer davantage cette pauvre enfant terrorisée. Craquant une allumette, il alluma cette cigarette coincée dans ses lèvres. Il la secoua et la flamme mourut dans un soupir de fumée. Il eut de nouveau un petit sourire et fit signe aux soldats dans le dos de la jeune femme. Elle n'osa tourner la tête pour voir ce qu'ils faisaient, en dépit du tintement métallique qu'elle perçut. Sans ménagement, les soldats jetèrent sur le jeune attaché un seau d'eau glacée. Quelques éclaboussures tirèrent un cri à la demoiselle tandis qu'à côté d'elle, le prisonnier secouait la tête en poussant des râles.
_Bien, maintenant que vous êtes tous deux attentifs, peut-être pourrions-nous commencer... Il sortit d'un des tiroirs un dossier, qu'il ouvrit sous leurs yeux ahuris.
_Ainsi donc, poursuivit-il de son horrible accent,
sauf erreur de ma part, vous êtes mademoiselle... Solange Dobray, il mit sous son nez une fiche avec une photo,
et monsieur Jean Marman, il présenta sous les yeux du soldat le même type de fiche,
connus pour vos activités criminelles et terroristes... Un grand sourire de carnassier étira les lèvres de l'allemand. La jeune femme se mit à trembler de plus belle, réellement terrorisée :
_Monsieur je vous jure que je ne vois pas de quoi vous voulez parler je... Je m'appelle Emeline Dubreuil, je ne connais personne du nom de Solange Dobray, je vous assure et je...
La fin de sa phrase s'étouffa en un sanglot muet tandis que l'officier, toujours sourire aux lèvres la dardait de son regard implacable. Il se tourna vers le prisonnier :
_Et je suppose que vous n'êtes pas Jean Marman... ?
_Tut mir Leid mein Sturmbannführer, ich verstehe nicht...
_Pardon ?
_Ich spreche nicht Französisch... Was wollen Sie, mein Sturmbannführer ?Un silence tendu s'installa et le visage de l'officier se ferma instantanément. Se relevant, il tira un peu sur le bas de son veston militaire, l'épousseta du dos de la main. Regardant encore les deux jeunes gens qu'il venait d'arrêter, il rangea les deux fiches dans le dossier qui retourna à sa place dans le tiroir.
_Bien. Dans ce cas je n'ai plus rien à faire ici. Au revoir monsieur, au revoir mademoiselle. Avec un nouveau signe du chef aux soldats, il sortit de la pièce.
Et alors que la jeune femme pensait en avoir fini, et commençait à se relever pour sortir de la pièce, deux soldats l'encadrèrent et la prenant sous les bras, la tirèrent dans un coin de la pièce. Le même sort était réservé au jeune soldat, jusqu'à ce qu'il se retrouve attaché à un montant de bois. Un jeune sous-officier, frappant ses gants dans ses mains surgit de derrière le montant.
_Bien... son accent était moins tranchant que celui du commandant,
si vous refusez d'admettre vos identités, cela ne sera pas trop embarrassant. Ce que nous voulons, dit-il en tournant autour du pauvre soldat,
c'est vos petits camarades terroristes et dangereux... Aussi, nous vous laissons le choix : donnez-nous l'emplacement exact d'où se trouve le quartier général de votre petit groupe de rebelles et nous ne vous tuerons pas. Vous intégrerez un programme de réadaptation du Reich à la suite duquel vous serez libres de vivre vos vies comme avant, et en parfait accord avec la grandeur de l'Empire. Mh... ? Vous imaginez, Jean... ? Pouvoir retourner dans vos bureaux du journal, écrire de nouveau, et peut-être même, être à la tête de la rédaction... N'avoir de comptes à rendre à personne hormis le Reich, le Führer lui-même si vous le souhaitez...
Tout ce qu'il nous faut, monsieur Marman... ce sont des noms, une rue, une place où faire une descente..._Ich verstehe nicht Oberscharführer... ! Ich spreche nicht Französisch ! Was wollen Sie mein Oberscharführer... ? Le soldat commençait à sangloter, comme à bout de force, et pourtant cela ne faisait que commencer.
Avec un soupir résigné, comme face à un enfant refusant de reconnaître sa faute, le sous-officier fit un signe de main à trois soldats inoccupés.
Aussitôt ils avancèrent en remontant leurs manches et les coups commencèrent à pleuvoir. Au début on ne percevait que le bruit sourd de la chair meurtrie sous les poings serrés et les coups de pieds. Mais plus les coups pleuvaient et plus on pouvait sentir que la chair ne serait plus la seule à souffrir. Bientôt on perçut le premier craquement sinistre d'une côte qui lâchait. Le soldat hurlait, au début, mais la violence des chocs lui avait petit à petit coupé le souffle.
Au second craquement, le sous-officier fit signe à ses hommes d'arrêter.
_Jean Marman... Permettez-moi d'insister. Toutes ces souffrances sont inutiles... Nous ne demandons que le nom d'une rue, ce n'est rien, croyez-moi... Nous ne voulons pas les noms de vos complices, simplement la rue, et cette souffrance s'arrêtera, c'est tout...
Le soldat était incapable d'articuler le moindre mot. Avec un soupir désolé, l'allemand marcha jusqu'au bureau où il prit un verre, qu'il rempli d'eau et prit la peine de faire boire son captif. Ce dernier but maladroitement avec des bruits de gorge déplaisants. Et la jeune femme, elle, tremblait de terreur dans son coin, le visage déjà ravagé par les larmes. Que faisait-elle là, elle ? Pourquoi devait-elle assister à ça, elle... ?
_Maintenant... Le nom, s'il vous plaît.
_Ich... Ich verstehe...Il ne put achever sa phrase car un grand coup de poing dans sa mâchoire l'en empêcha brutalement. Les soldats le détachèrent du montant et enchaînèrent ses poings au sol grâce à une grosse boucle de métal fixée dans le béton. A genoux par terre, du sang perlant à la commissure de ses lèvres, son dos était agité de sanglots. Que faisait-il là puisqu'il était innocent ? Que lui reprochait-on exactement ? Il ne comprenait rien et la détresse qui l'assaillait était plus éprouvante et douloureuse que n'importe quel coup qu'on pouvait lui porter. Et de nouveau, ils se mirent à pleuvoir. Son visage se déformait sous les assauts infatigables de ses tortionnaires. Les joues se creusaient sous les poings, le nez s'écrasait, la mâchoire s'ouvrait comme pour amoindrir l'impact. Mais toute la souplesse de la peau humaine ne pouvait rien face à la rigueur des chocs. Bientôt, du sang barbouilla toute la face du jeune homme : son arcade gauche était ouverte, son nez sorti de son axe répandait du fluide par mince filet coulant sur sa bouche aux lèvres éclatées. Son œil gauche avait déjà doublé voire triplé de volume et on sentait qu'il peinait à le garder ouvert : cela lui serait bientôt impossible. L'oeil droit lui aussi tuméfié commençait pour sa part à bleuir. La rapidité de ces blessures à se former ne témoignait que trop de la violence dont il était victime. Un des soldats vint se placer devant lui et, saisissant sa tête dodelinant, il lui enfonça violemment son genou dans le visage. S'il n'avait été retenu par les poignets au sol, le jeune homme se serait étalé de tout son long en arrière sous la violence du coup, au lieu de ça, il était ridiculement suspendu en arrière, retenu en avant par les poignets, sonné par cette violence, toussant, crachant le sang qui lui envahissait la bouche et la trachée. Mais ils n'en avaient pas fini avec lui et de nouveaux coups s'abattirent sur lui, sur ses yeux tuméfiés, sa bouche éclatée, son nez écrasé, ses côtes fêlées voire brisées, ses flancs meurtris... Ils finirent même par s'attaquer à ses jambes sous lui. Cherchant instinctivement à éviter les coups, le jeune soldat se coucha sur le côté, mais cela permit au contraire un meilleur angle d'attaque à ses tortionnaires : les coups de pied labouraient ses genoux – qui craquèrent finalement – ses tibias, ses mollets, ses cuisses... Rien n'était épargné. On aurait cru que les soldats le tabassant cherchaient à broyer et casser chacun de ses os, chacun de ses muscles, toutes les fibres de son être.
La jeune femme assistant à la scène pleurait de tout son être. Tombée à genoux face à la violence qui avait court sous ses yeux, elle était toujours retenue par les bras et plus précisément les coudes, par deux autres soldats totalement impassibles. Ses yeux paniqués ne quittaient pas le terrible spectacle et chaque coup que recevait le jeune homme lui tirait un cri d'effroi.
Brusquement, ils cessèrent leur violence. Le silence s'installa dans la pièce, uniquement troublé par le sifflement de la respiration rendue aussi douloureuse que difficile du jeune homme. Le sous-officier vint de nouveau à son côté et, avec un mouchoir, essuya un peu le sang qui couvrait le visage de son prisonnier, avec une douceur infinie. Avec cette même douceur, il tourna ce visage vers lui :
_Je le répète, monsieur Marman... Il y a d'autres moyens, vous le savez bien... Son buste se soulevant avec difficulté, ledit jeune homme planta son regard dans celui de l'allemand, sa face ayant complètement changé d'expression.
En dépit de toutes ses blessures, on pouvait y lire la détermination, le mépris et la fierté. Avec un rictus, il parvint à articuler quelques mots :
_Allez vous faire foutre...Le sous-officier eut un sourire victorieux :
_Bien, au moins reconnaissez-vous votre identité... Et ainsi si je ne fais pas erreur, cette demoiselle devant vous est bien mademoiselle Dobray, mh... ? Et si je ne fais toujours pas erreur, elle est votre compagne, n'est-ce pas... ? Croyez-vous que les yeux de faucon manquent ce genre de détail ? Aussi, si vous refusez de nous parler, peut-être elle le fera-t-elle.. ? Ou bien, si vous la voyez se faire torturer cela déliera-t-il votre langue ? Mh... Non, c'est vrai. Vous êtes trop fiers, vous les rebelles français... Vous pensez que votre fierté est honorable, que votre cause est juste. Vous ne comprenez juste pas que vous êtes malades, et cette maladie vous empêche de voir la beauté du glorieux Reich... !_Dites-moi, mein Oberscharführer, répondit Jean en sur-articulant le titre,
qui est le plus malade entre celui qui se bat pour une cause juste et ses valeurs, et celui qui massacre des milliers et des milliers d'innocents... ?L'intéressé se releva et regardant son mouchoir entaché de sang, le visage fermé il répondit :
_Ce sont des sacrifices nécessaires, monsieur Marman... Toute paix nécessite la guerre...
_Oui, et c'est bien la raison pour laquelle nous la faisons et...
_Hahahaha ! Vous ne faites pas la guerre, monsieur Marman, vous n'êtes que de petits enfants agités qui cherchent à désobéir à leur parent, des adolescents qui veulent refaire le monde, sans même savoir pourquoi. Ainsi vous vous sentez importants, vous vous sentez vivants... Mais vous n'êtes rien du tout. Dites moi... N'avez-vous pas, vous aussi, tué des innocents ? Bien sûr, ce n'était pas eux que vous visiez, c'était nous, les méchants allemands, mh ? C'est ce que vous vous dites pour vous endormir, le soir, lorsque vous êtes bien au chaud et en sécurité dans les bras de mademoiselle Dobray... ? C'est ce que vous vous dites quand vous vous imaginez avec elle, plus tard, entourés par vos enfants ? Vous n'êtes ni plus ni moins qu'un allemand, monsieur Marman. Nous avons les mêmes méthodes et les mêmes rêves... Vous refusez juste de l'admettre. _Jamais ! Je ne suis pas un allemand ! Je suis Jean Marman ! Mon père a combattu les Boches dans les tranchées, il a saigné vos pairs comme les porcs que vous êtes ! Il a libéré l'Alsace et la Lorraine, il a survécu au Chemin des Dames ! Et moi, son fils, je vous survivrais ! Les français se relèveront et ils vous écraseront, et alors vous verrez que ce rêve que vous nous avez imposé ne pouvait mener qu'à un cauchemar ! Un poing s'écrasant dans sa pommette stoppa net cette envolée lyrique. Le sous-officier soupira lourdement, l'air attristé face à tant d'entêtement.
_Bon... Je vous le répète, nous n'avons besoin que du nom de la rue, et tout s'arrêtera... Vous retrouverez mademoiselle Dobray et..._Je t'aimerais intraitable... dit une petite voix tremblante.
Jean releva son regard bleui par les coups vers sa compagne. Les yeux baignés de larmes, le maquillage ruisselant sur son si beau visage, elle tremblait de le voir autant souffrir.
_Je t'aimerais intraitable, répéta-t-elle.
Il esquissa ce qui se voulait être un sourire complice, avant de relever la tête vers l'allemand, un sourire goguenard aux lèvres :
_Je t'emmerde, trou du cul de saucisse.
_Bien. Il fit un signe de tête à ses troupes, l'un d'eux sorti alors son couteau et sans avertissement, trancha net l'auriculaire du français. Solange hurla, Jean hurla.
_Voilà qui devrait avant tout vous apprendre la politesse, monsieur Marman. Et nous vous trancherons un doigt à chacune de vos incivilités. Bien. Maintenant, je vous prierais de bien vouloir répondre à ma question s'il vous plaît : où se cache le groupe de rebelles auquel vous êtes affiliés ?
_Dans ton cul ! Aaaaaaaaah !L'annulaire rejoignit le premier doigt au sol. Sa main ruisselait de sang. Solange, si elle n'avait été tenue par les soldats, se serait effondrée au sol. Elle savait son homme fort. Elle savait que même avec tous ces os brisés il survivrait, que ces doigts n'étaient rien face à l'importance de leur combat. Mais elle l'aimait. Elle ne pouvait supporter de le voir souffrir ainsi. Elle pouvait ressentir la souffrance de son amant jusque dans ses os, souffrance qui ne faisait qu'amplifier la sienne de se sentir si inutile, si incapable.
Un troisième doigt rejoignit encore le petit lot qui commençait à se constituer aux genoux de Jean. Il hurlait de douleur et de rage. Tous deux étaient impuissants. Aussi inutiles que des moucherons, et ils seraient bientôt jetés dans les égouts par ces salauds de Boches... Alors que le soldat s'apprêtait à trancher un quatrième doigt, elle se releva d'un bond.
_Non ! Non ! Je vous en prie, pas lui ! Prenez-moi, moi, pas lui ! Je vous en supplie ! Pas lui... Arrêtez... ! Les soldats rirent, constatant avec plaisir que leur petit jeu fonctionnait enfin. Le sous-officier cependant resta un moment silencieux. Il considéra un long moment la jeune femme, avant que son visage ne s'éclaire d'un inquiétant sourire.
_
Oui... Messieurs, dit-il en se tournant vers ses subalternes,
elle vous demande de la prendre, je crois... Et il se pourrait qu'en la voyant entre vos mains, monsieur Marman se décide enfin à parler, qu'en dites-vous ? Et si jamais il continuait à s'y refuser, elle nous dira peut-être ce que nous voulons savoir elle-même. Croyez bien ma chère, dit-il en s'approchant d'elle,
que je rechigne à utiliser de telles méthodes, mais c'est vous-même qui nous avez soumis l'idée, et il ne dépend que de vous et de votre compagnon de faire en sorte que tout s'arrête. Vous ne me laissez pas, hélas, d'autres alternatives... Il resta un moment à la regarder, l'air sincèrement désolé avant de reprendre,
bien, messieurs, je vous en prie... Mademoiselle Dobray est laissée à vos soins. N'oubliez pas, le but est qu'elle parle, n'est-ce pas... ? Très bien, je vous laisse, donc. N'oubliez pas de me faire un rapport à la suite de cette entrevue. Un rapport détaillé, bien sûr.Avec un sourire, il sortit à son tour de la pièce.
Le silence s'installa de nouveau. Puis, lentement, les soldats rattachèrent le prisonnier au montant de bois. Les genoux vaguement pendouillant, il n'était retenu que par les bras et les épaules qui étaient solidement attachés audit montant. Ils s'approchèrent alors de la jeune femme dont le regard reflétait la profonde terreur qui l'envahissait. Elle planta ses yeux dans ceux boursouflés de son amour.
_Je t'aime, Jean...
_Je t'aime, Solange.Elle aurait pu se débattre, elle aurait pu tenter de s'échapper. Mais ils auraient tué Jean. Elle ne pouvait rien faire, elle ne pouvait rien faire...
Brusquement relâché de toute pression autoritaire, c'est fou comme l'on peut découvrir un homme sous un jour nouveau. Ces soldats, si bien soignés, tellement obéissants, tellement... allemands, soudain, se transformaient en bêtes assoiffées de sexe. Ils devenaient ces hommes immondes avides de femmes. Dans un cas comme dans l'autre, ils n'étaient que des animaux aux yeux de Solange. Des bêtes brutales et sans conscience, des êtres immondes. Et il fallait se faire prendre par eux. Ravalant ses sanglots, elle ne protesta pas lorsqu'ils la mirent à genoux devant eux. Elle ne protesta pas quand ils lui mirent d'autorité les mains sur leurs queues. Elle ne protesta pas lorsqu'ils lui frappèrent les joues de leur sexe encore un peu mou. Le visage fermé, hostile à toute expression, seuls ses yeux brouillés de larmes montraient son dégoût, sa détresse...
Son uniforme était déjà fort peu couvrant, ils n’eurent de fait que peu d'effort à faire pour dévoiler son corps de femme : sans ménagement, ils déchirèrent la chemisette qui couvrait sa poitrine, et leurs mains avides se mirent à courir sur ses deux seins ronds et fermes, lourds de volume. Face à elle, Jean regardait, le visage aussi fermé. Elle pouvait sentir en lui le bouillonnement de la haine, elle le connaissait si bien...
En dépit de sa volonté, elle ne put conserver bien longtemps son regard vrillé dans celui de son amant, trop honteuse qu'il la voit ainsi s'offrir en pâture aux allemands. La hissant sur les genoux, ils la firent ainsi basculer à quatre pattes. Docile, elle ne bougeait pas, ne s'esquiva pas lorsqu'une main allemande vint caresser l'une de ses fesses à peine couverte par la jupette et sa culotte à froufrous. Les yeux toujours clos, elle serrait les dents, les poings refermés s'enfonçant les ongles dans la chair et le dos des mains sur le béton froid et rugueux. La main sur sa fesse glissait lentement le long de cette courbe plus ronde qu'un globe, elle glissait, glissait, effleurait son sexe, toujours plus près, toujours plus sensuellement... Comme si elle pouvait aimer ce qu'on allait lui faire. Nul besoin de schéma. Les animaux qu'ils étaient, s'ils semblaient encore un peu humain pour le moment et se comporter comme tel, elle savait qu'il faudrait peu de temps avant qu'ils ne la labourent comme des veaux. L'un des soldats lui saisit le menton entre les doigts, la força à ouvrir les yeux. Il eut un sourire qu'elle aurait pu, en d'autres circonstances, trouver charmant. Caressant du pouce les lèvres purpurines de la jeune française, il semblait songeur.
_Nous allons te faire aimer les allemands, petite Solange... Pour un prénom pareil du nom des anges nous donnerons, je te le promets, le meilleur de nous-mêmes, et quand tu seras remplie comme un bénitier, tu chanteras notre hymne, tu verras, petite Solange...Et il posa d'autorité ses lèvres sur celles de la jeune femme. Elle en eut un haut-le-cœur : cet accent, cette voix, ce baiser, et ces mains qui continuaient de s'approcher, toujours plus près, de son intimité la plus pure...
Elle n'avait jamais eu qu'un seul amant, un seul amour, le seul et le vrai, ils devaient se marier après la guerre, et cet unique amour était justement en train de la regarder se faire toucher par d'autres. La honte qui l'étreignait était sans égale, mais elle n'avait pas le choix, non, pas le choix...
Elle eut un glapissement de surprise en sentant qu'on écartait les pans de son dessous pour voir apparaître son puits d'amour. Instinctivement, elle serra les cuisses, et une claque sonore sur son séant la rappela à l'ordre, lui tirant un nouveau cri. Les hommes rirent, caressèrent cette fesse avant de lui coller une seconde fessée. Les exclamations de Solange semblaient les exciter alors que ce séant prenait une teinte rougeâtre. Leurs mains semblaient prendre toujours plus d'assurance, alors que son sexe et sa fesse endolories étaient à découverts. Lui appuyant sans ménagement une botte entre les omoplates, l'un des soldats la força à étaler son visage et sa poitrine au sol, dans une position de soumission extrême, offrant son corps à leurs rêves. Ils riaient en caressant cette entrejambe. Afin qu'elle ne tente rien, en dépit de cette position soumise, l'homme qui avait gardé sa botte sur son dos en profita pour se saisir de ses poignets et, les tirant en arrière sans ménagement, il tira sa ceinture de son pantalon pour attacher ensemble les bras de la jeune femme. Cette fois, elle était bel et bien prisonnière, au même titre que son cher Jean, Jean qui ne quittait la scène des yeux, bouillonnant de rage, de peine et de détresse. Cette scène lui faisait plus mal encore que ses multiples blessures. Mais il ne pouvait rien faire. Les alliés allaient venir, bientôt, leur groupe devrait être là pour la Libération, il ne pouvait pas sacrifier cette cause pour un amour, quand bien même il s'agissait de son amour, de sa future épouse, non, il ne pouvait pas, elle ne le voudrait pas. Elle l'aimerait fort. Elle l'aimerait implacable. Elle l'aimerait dénué de compassion. Il n'y avait que ça. Que ça.
Solange sursauta en sentant brusquement sur l'entrée de son intimité le contact froid d'une salive inconnue. L'un des hommes, plus pressé que ses compagnons avait craché afin de pouvoir faire glisser un doigt. Ce sexe encore étroit s'ouvrit comme une fleur à ce passage en dépit du déplaisir ressenti par la jeune femme. Elle serra les dents, refusant de leur offrir davantage ses cris et ses larmes, refusant de montrer à son amant qu'elle n'était pas forte, qu'elle ne méritait pas son amour. Il l'aimerait forte, il l'avait dit, ils se l'étaient dit. Elle serait forte.
Elle pensa se briser la mâchoire en serrant encore plus fort alors qu'un second doigt rejoignait le premier. Les autres hommes continuaient de lui caresser les fesses, le dos, le clitoris ou, passant sous son ventre, la partie de ses seins qui n'était pas écrasée contre le bitume. Ces mains, toutes ces mains sur et en elle lui donnaient la nausée. Fermant les yeux encore plus fort elle tentait de penser à autre chose, mais comment faire abstraction quand des doigts vous laboure le ventre et que votre corps réagit à ce que votre esprit refuse ? Oui, son corps, son corps la trahissait. Et alors que toute son âme hurlait de haine, de répulsion et de honte, son corps, lui, s'épanouissait dans une réaction, hélas, naturelle. Entre ses cuisses elle sentit couler lentement son propre fluide, traître, laissant à penser qu'elle pouvait apprécier les sévices qu'on lui faisait subir. Elle rejeta la tête en arrière dans un râle de détresse alors qu'un des soldats, goguenard, faisait remarquer que, enfin, elle se rendait compte de la supériorité allemande sur tous les points. Leurs doigts humides de cyprine commencèrent à glisser sur son anus, voie inviolable mais... avec eux, comment l'inviolable pouvait-il le rester ? Sans ménagement, un index s'y engouffra et son corps se tendit de douleur. Plus que douloureux, c'était désagréable. La sensation, la situation invivable... Elle aurait voulu mourir, mourir, mourir. Tout mais pas ça. Fermant encore les yeux, elle les rouvrit soudain en poussant un cri alors qu'elle sentit un membre roide s'enfoncer en elle. Ca y était, cela commençait. Le soupir satisfait de l'allemand répondit à ce cri, tandis que posant ses mains sur ses reins, et mettant un pied de chaque côté du séant de sa victime, il entamait un mouvement brusque de va-et-vient dans ce sexe si conciliant. Les ongles de la jeune femme griffaient le béton tandis qu'elle tâchait de retenir le moindre son, mais rien n'y fit, et ses cris de souffrance commencèrent malgré elle à laisser la place à des cris de jouissance. Paradoxalement, cette jouissance était décuplée par le fait qu'elle lutte contre cette dernière. Mais il n'y avait rien à faire, elle se gangrenait en elle, rampant le long de sa colonne, irradiant dans ses omoplates, faisant s'ouvrir son sexe, même son entrée secrète, déchirant sa gorge sous ses gémissements et cris de plaisir. Elle ne pouvait rien faire, et même la douleur qu'elle ressentait avant, en sentant sa poitrine frotter contre le sol de la petite pièce avait laissé place à un plaisir étrange. Le plaisir de s'abandonner, de reconnaître ne pas maîtriser ce qu'il se passait. Et après tout, c'était elle, elle qui avait dit à ces hommes de la prendre, de quoi pouvait-elle leur en vouloir, les blâmer... ? Elle était la seule coupable. Elle était ce que son corps était : une traître. Et alors que cette verge puissante labourait son intimité elle finit par détendre son dos, son corps qui se mit alors à onduler bien plus souplement sous les coups de rein. Ceux-ci alors s'affirmèrent davantage. Chacun d'eux écrasait sans ménagement sa face contre le sol et remontait ses fesses comme une offrande aux cieux. Avec un grand rire, satisfait de son effet, ce premier allemand lui claqua une nouvelle fessée. Brusquement et sans prévenir, il se retira d'elle et enfonça son gland dans son anus. Elle poussa un cri de surprise, de douleur et de plaisir mêlés tandis qu'elle sentit ce chibre se secouer étrangement. Il se pencha à son oreille.
_
Baptême de foutre allemand pour notre petit ange. Enfonçant d'un coup sec la totalité de sa verge dans cet anus étroit, il en ressortit aussitôt. Le mouvement rapide et si sec coupa le souffle de la jeune femme par la sensation indescriptible qu'elle lui procura.
Et alors, alors, le vrai travail commença. Un des hommes vint confortablement s'allonger sur le bureau de leur chef. Deux autres saisirent Solange sous les aisselles et la soulevèrent du sol pour l'asseoir sur le premier et la maintenir légèrement en suspend au-dessus de lui tandis qu'il faisait glisser sa queue dans ce sanctuaire tout juste ouvert. La douleur dans son cul la fit se cambrer, tandis qu'ils l'allongeaient sur l'homme qui la pénétrait ainsi. Se plaçant entre ses jambes, un de ceux qui la tenait vint la pénétrer par l'avant. Elle sentait son corps plein de ces queues, elle sentait ses trous ouverts et épousant la forme de ces sexes roides et dressés, elle sentait son corps pulser de cette douleur et de ce plaisir qui la rendaient plus humide encore. Ces deux hommes commencèrent alors leur danse en elle et elle ne put retenir ses cris de jouissance. Ils restaient trois hommes de côté, un avait déjà joui en elle, et il retourna alors près de Jean. Il l'attrapa par les cheveux et le força à se remettre à genoux : il tenait à peine, ses rotules avaient dû être brisées ou déboîtées... Hilare, l'allemand lui tourna d'autorité le visage dans la direction de sa bien-aimée :
_Tu lui avais pris le cul, mh ? Non ? Ah, eh bien tu peux nous remercier : on a découvert qu'elle aimait ça, et on a découvert ça, pour toi. Maintenant mes amis vont s'occuper d'elle et on pourra te dire si elle est bonne ou pas. Mais je te comprends : c'est vrai qu'elle est belle. Et ses fourreaux conviennent à toutes nos lames !Il le lâcha brutalement et Jean s'étala sur le sol avec un bruit sourd et une plainte. Un coup de pied dans le ventre l'empêcha de gémir davantage. Cet allemand s'éloigna de lui, essuyant le bout de sa botte sur la chemise ouverte du Résistant qui l'avait sali de son sang en recevant le coup. Tirant de sa veste une boîte d'allumettes et un boîtier à cigarettes, le soldat en tira une et se l'alluma, la botte appuyée contre le prisonnier, le dos contre le montant de bois, et contemplant le spectacle de Solange se faisant prendre par ses deux amis.
Son anus, autrefois douloureux, semblait désormais aussi souple et accueillant que n'importe lequel de ses autres orifices habituels et elle sentait son cul se tendre sous chacune de ces pénétrations. Les coups de butoir de celui qui la prenait par l'avant venait faire s'entrechoquer les deux queues au travers de sa paroi et cette sensation lui faisait véritablement perdre la tête. Les mains toujours ligotées dans le dos, même la douleur dans ses épaules commençaient à lui être agréable. Elle sursauta en sentant sur son visage un contact familier. Ouvrant les yeux elle vit qu'un troisième allemand se joignait à la partie : lui ouvrant la bouche il y enferma sa queue avec un grognement animal. Il lui baisait la bouche. Il n'y avait pas d'autres mots. Agrippant sa crinière, il faisait aller et venir sa verge avec une telle rapidité et une telle brusquerie que des sortes de gargarismes s'échappaient de la gorge de la jeune fille. Prise par tous les trous, cette simple idée semblait lui faire perdre la tête alors que dans son bas-ventre et dans ses fesses elle sentait les hommes accélérer leurs mouvements, les intensifier. Ils étaient si brutaux que son corps sautait entre eux, le bureau en dépit de sa solidité, commençait à grincer de façon inquiétante. Ils allaient de plus en plus vite, comme des fous, ils haletaient, ils grognaient, ils juraient, ils s'agrippaient au corps de leur victime gémissante et tout autant haletante. Elle sentait en son être qu'elle était au bord de l'implosion, comme si, chacun de ces sexes bouchant ses trous empêchait en fait au plaisir de s'évacuer et qu'elle allait véritablement exploser ou plutôt imploser de ce trop plein de plaisir. Cambrant brusquement son corps alors que l'homme qui avait son sexe dans sa gorge empoignait sans douceur ses jolis seins, elle eut un long cri étouffé par cette verge et le sperme qui inondait sa bouche. Elle n'eut guère long à attendre avant de sentir les deux autres sexes se secouer dans son puits d'amour et ses fesses par les orgasmes des deux autres hommes. Un à un, et après un petit moment, ils se retirèrent d'elle, la laissant choir au sol après que celui qui était sous elle l'ait fait tomber pour se relever. Son corps tremblait, comme en état de choc par ce qu'il venait de recevoir. D'entre ses jambes s'écoulait plusieurs filets de sperme et sa bouche en était souillée à plusieurs endroits. Haletante elle sentait encore ses trous battre des assauts qu'ils avaient subi et elle en gémissait encore. Mais un dernier homme n'avait pas été servi, un dernier homme voulait humilier cette française soit disant résistante qui ne valait finalement guère mieux que la pire des putains : trois queues avaient finalement suffit à la détourner de sa soit-disant mission : les françaises n'étaient que des catins, elles ne seraient jamais l'égale des aryennes, non, jamais !
Ce cinquième homme, saisissant Solange par sa longue chevelure, la traîna jusqu'à la chaise qu'avait autrefois occupé le pauvre Jean. Il défit brièvement les liens de la jeune femme pour les refaire presque aussitôt : elle avait désormais les épaules qui reposaient sur le dossier et les mains attachés aux pieds de la chaise, les genoux reposant sur l'assise. Après lui avoir administré quelques fessées violentes laissant s'imprimer les marques de ses doigts sur la peau, ce dernier enfonça son dard en elle, une nouvelle fois. Son intimité réagit au quart de tour en lui faisant vibrer, au creux des reins, une nouvelle décharge de plaisir. Agrippant les barreaux de la chaise, la française sentit sa poitrine venir battre brutalement le bois du dossier à chacune des poussées de cette queue en elle. C'était bon, si bon ! Jamais elle n'avait été prise comme ça, jamais elle n'avait ressenti ça, comme ça !
Une nouvelle poussée lui fit brutalement relever la tête : elle saisit le regard de son amant. Le vrai. Son seul et unique amour. La souffrance qu'elle y lut n'avait rien de physique. Il souffrait de la voir prendre ainsi du plaisir dans les bras, avec les corps de l'Ennemi. Et alors qu'elle avait eut du plaisir, qu'elle avait du plaisir, elle eut tout d'un coup honte. Que faisait-elle... ? Que faisait-elle mon Dieu... ? Et alors que jusqu'à présent ils ne lui avaient tiré que des cris de jouissance, chaque coup de butoir lui tirait à présent des larmes de honte et de rage. Traître de corps, traître de corps ! Et elle ne pouvait rien faire, ficelée à cette chaise, totalement immobilisée, elle était toute incapable de la moindre action. Et les larmes roulaient, roulaient...
_Ah ! S'exclama le premier des soldats à l'avoir prise,
regardez ça ! Voilà qu'elle est triste maintenant de n'avoir qu'un seul de nos sabres pour tous ses fourreaux ! Bonne petite pouliche, va !Il s'approcha alors d'elle, et tandis que celui qui la besognait s'attaquait maintenant à son cul, il lui enfourna sa queue dans la bouche. Fermant les yeux, se haïssant et se maudissant au fond d'elle-même, les larmes se mirent à rouler plus fort le long de ses joues.
Et alors qu'elle implorait le Ciel de la laisser mourir, là, maintenant, tout de suite, elle sentit contre son poignet un objet dur et rugueux. Ouvrant les yeux, et en dépit des secousses qui l'empêchaient de voir convenablement, elle comprit bientôt : le couteau. C'était le couteau qui était à la ceinture de ce Boche qui, con comme tel, avait laissé glisser son pantalon aux genoux, soit non loin des mains de sa captive. Levant les yeux vers l'allemand – car c'était quelque chose qui semblait exciter les hommes, que de voir le regard de celle dont ils labouraient la gorge – elle contorsionna son poignet. Si elle n'avait eu cette verge dans la gorge, elle aurait sans doute grimacer de douleur tant la position de son poignet devenait insupportable à mesure qu'elle le tordait pour atteindre le manche dudit couteau. Les coups de rein du cinquième homme et le plaisir – ce foutu plaisir – qu'elle ressentait ne l'aidaient pas non plus dans sa tentative.
Enfin ! Enfin elle y parvint !
Le plus doucement qu'elle le put, elle retira le couteau de son portant et, adroitement, retourna la lame pour qu'elle soit vers le haut. Cachées par celui dont elle suçait la queue, les autres hommes ne pouvaient voir ses mains. Adroitement, elle vint appuyer la lame contre le cordage qui la retenait attachée aux pieds de la chaise et, heureusement, les précédents ébats ayant frotté la corde contre le bureau l'avait quelque peu abîmée : elle serait plus aisée à sectionner. De plus, les mouvements de reins, dans son dos, lui permettaient une poussée plus grande de la lame contre la corde, elle n'avait presque pas d'effort à faire, sinon tenter de garder le tranchant au même endroit pour couper le plus efficacement possible. Seulement une vague de plaisir commençait à déferler en elle, une vague intense. Cela ne manqua pas : elle dût, pour ne pas laisser choir le couteau, s'immobiliser, tandis que le plaisir ravageait son petit corps meurtri. Il fallait qu'elle lutte, lutte, mais plus elle luttait, et plus ce plaisir était fort, comme si ce plaisir était lui-même sadique et devenait plus fort lorsqu'on le combattait, mais si elle ne le combattait pas, elle ne pourrait se sortir de cette situation, elle ne pourrait sauver son amant, son cher Jean, l'amour de sa vie.
Sortant momentanément de sa bouche, le jeune soldat s'amusa à balader sa verge sur le visage de la jeune femme, frappant ses joues avec, lui malmenant les lèvres, les yeux. Grimaçant de dégoût, elle le laissa faire, continuant de maintenir la lame bien appuyée contre le cordage alors que derrière elle s'annonçaient les dernières salves de son bourreau. Elle fut de nouveau le corps empli de la semence de l'un de ses ennemis, et, à cette idée, de nouvelles larmes perlèrent à ses yeux. La vue brouillée par tant d'eau et par les secousses, sans compter la position, elle ne parvenait guère à voir si son action menait à quoi que ce soit. Solange s'immobilisa et cacha le couteau comme elle le pouvait derrière son avant-bras alors qu'un autre homme prenait la place derrière elle, entrant directement dans son entrée arrière, sans ménagement et sans préambule. Il eut un grognement de satisfaction en y entrant, elle, de désagrément. Il n'y allait pas de main morte, ou plutôt, de queue morte et crochetant sa chevelure, manqua lui briser la nuque dans sa brusquerie. Cela facilita en revanche l'ouvrage du premier de ces hommes à l'avoir prise car il avait ainsi un meilleur accès à sa gorge et quoique cela fut douloureux pour la jeune femme, il pouvait sans peine aller au fond des choses.
Tandis que les trois autres hommes avaient repris des activités ma foi passives, à fumer cigares ou cigarettes et boire une bonne choppe de bière bien méritée, Solange, elle, s'appliquait toujours à rompre ses liens. Elle sentait déjà l'étreinte se desserrer et se concentrait plus encore pour achever ce premier cordage. Enfin – et elle dut cacher sa joie – elle sentit ce poignet gauche libre de ses mouvements. Tous ces hommes occupés ou à la prendre, ou à fumer et boire ne faisaient pas même attention à ce qu'elle pouvait faire, pensant que tout ce dont elle était capable pour le moment était de tous les recevoir en elle. Discrètement elle fit alors glisser sa main gauche vers le lien droit afin d'en attaquer la corde. Cette fois-ci il lui fallut moins de temps de par la position plus adéquate de ses mains et par la brutalité exacerbée de son nouveau locataire de l'antichambre. Ses allers et venus donneraient sans nul doute des bleus sur la poitrine de la jeune fille car elle heurtait avec une violence toute extrême ce dossier de chaise. Mais cette fois, fort heureusement, si l'on puis dire, Solange ne s'en préoccupait pas. Non, ce qui importait, ce n'était plus le plaisir, ce n'était plus non plus la douleur, alors même qu'elle était intense, non, c'était de se libérer, tuer ces cinq hommes et libérer son amant pour retourner ensuite au Quartier Général. La mission Boom était un échec, cela était certain, mais ils pouvaient encore s'en sortir et faire survivre la mission !
Son poignet droit était libre. Cette fois, elle n'eut pas à réfléchir : ses jambes étant libres, elle n'eut pas de difficulté à envoyer un coup de pied brutal dans la cuisse de son cher locataire germanique, et, en même temps, elle planta autant de fois qu'elle le put le couteau dans le ventre de celui qu'elle s'appliquait à recevoir dans sa bouche depuis tout ce temps déjà. Une fois dégagée de l'emprise de ces deux hommes, elle bondit sur ses jambes légèrement chancelante. Fort heureusement, le temps qui lui fut nécessaire pour retrouver l'usage normal de ses membres – car ils étaient légèrement tétanisés d'être restés si longtemps dans la même position inconfortable – fut plus court que le temps qu'il fallut à ses tortionnaires pour réagir. Profitant de ce temps de latence, elle plongea sur celui qui l'avait prise en dernier par derrière et lui trancha la gorge d'un coup sec. Elle eut alors juste le temps de faire volte face pour esquiver un opercut vers sa mâchoire – qu'elle jugeait de surcroît bien assez endolorie pour le moment – qui se perdit dans l'air, et elle répliqua par un gauche bien senti dans le plexus solaire. Il eut un moment le souffle coupé, mais, entraîné, il parvint à la désarmer en cognant brutalement son poignet contre le bord du bureau. Dans un cri, elle avait lâché la lame et se retrouvait donc à combattre à mains nues, ce qui s'avérait bien plus dangereux tout à coup car non seulement elle devait encore vaincre quatre soldats, mais en plus trois d'entre eux avaient eu le temps de reprendre leur semi-automatique. Par une pirouette, elle changea de place, de sorte à avoir l'homme qu'elle combattait au corps à corps dos aux trois autres armés et donc, elle, face aux quatre hommes. Sans réfléchir, les trois tirèrent à volonté, sans même, semblait-il, prendre le temps de véritablement viser, ce qui fut fort stupide, puisque de nombreuses balles se logèrent dans le corps de leur compatriote qui tomba, mort, dans les bras de Solange. Evidemment, cela était tout à fait planifié puisqu'il lui servit ainsi de pare-balles, allant toutes se ficher dans son corps, mais n'allant pas au-delà. Un chargeur de semi-automatique est, Dieu soit loué, rapidement vidé. Elle bondit sans hésiter vers le plus proche d'elle et après quelques prises de bras, se saisissant de sa tête, d'un mouvement sec, lui sectionna la nuque, il s'écroula, raide mort. Le second venait tout juste de recharger, qu'elle lui enfonça la crosse dans le crâne : cela ne le tua pas, non, bien sûr, mais l'assomma sans mal. Elle n'eut qu'à se retourner vers le troisième et dernier homme, lui pointant l'arme sur le front. Avec un sourire, elle le regarda :
_Baptême de sang pour notre petit Boche. Elle tira sans hésiter, et il s'écroula, raide mort.
Haletante et épuisée, elle se précipita vers Jean.
_Oh, mon amour, je suis tellement désolée ! Ne sachant par où commencer, tant il était blessé et baignant dans son sang, elle se remis à pleurer plus encore.
_La clef... So... Solange, la clef...
_Oui, oui ! Oui bien sûr, la clef ! Se relevant aussi sec, elle se rua vers les soldats étendus, épars, au sol. Les fouillant tour à tour, elle finit par trouver la fameuse clef. Et se précipita de nouveau vers son amant pour le libérer. Etendu au sol, même les mains enfin libres, il ne bougea pas.
_Jean, mon amour, je suis navrée que... Que puis-je faire pour t'aider ? Tu peux marcher ?
_Solange... Ils... Ils m'ont brisé les genoux !
_Oui... Pardon... Un mouvement derrière elle la fit faire volte face mais un poing violent la cueillit dans la mâchoire et lui fit perdre l'équilibre, lâcher son arme. L'allemand qu'elle avait simplement assommé venait de s'éveiller et compter bien la tuer, selon toute vraisemblance. Mais bondissant sur ses pieds, elle s'appliqua de nouveau au combat. Pas question cette fois de perdre le contrôle, de perdre son amant ! Parant de l'avant-bras un nouveau poing qui s'élevait contre elle, elle le déplia, dans la continuité du mouvement, et heurta avec violence du tranchant de sa paume, la mâchoire de l'autre. Il vacilla une fraction de seconde sous le coup avant de balancer son pied dans le ventre de Solange. Elle fit un petit vol plané en arrière, jusqu'à entrer en collision avec ce foutu de montant en bois, dont des échardes s'enfoncèrent sans ménagement dans son dos. Nue, elle était plus vulnérable encore. Mais la fluidité de ses mouvements et sa corpulence lui assignaient un avantage non négligeable. Petite, menue, elle se glissait partout, telle une anguille, et l'homme dont elle avait béni le sexe quelques instants auparavant devait désormais s'apprêter à mourir. Alors qu'il ramassait son arme et la pointait en direction de Jean, elle sauta droit sur l'allemand et atterrit sur son bras. Celui-ci se brisa net, la fracture ouverte laissait voir non seulement les deux morceaux de l'os rompu, mais laissait qui plus est, pendre de façon absolument ridicule, l'avant-bras du soldat. Ce dernier hurla, de douleur et de rage sans doute, tandis que la jeune femme souriait :
_Toi aussi, c'était ton baptême de sang français, connard ? Certainement droitier à l'origine, puisqu'il avait saisi son arme de cette main, il ne semblait cependant pas totalement incompétent du bras gauche car il enchaîna un nombre incalculable de prises relativement complexes de ce bras. A chaque fois, elle parait du mieux qu'elle pouvait, ripostait, parait, attaquait, parait, ripostait, on aurait presque cru à un ballet tant tout ceci était réglé comme du papier à musique. Ils étaient à égalité, elle avec sa fatigue musculaire et lui avec son bras en moins duquel s'écoulait une flopée de sang impressionnante. Il n'y avait aucun doute qu'il meure prochainement d'une hémorragie, néanmoins le temps qu'il crève serait autant de temps perdu pour elle et Jean de prendre la fuite et d'échapper aux SS. Il fallait aller plus vite. Cela serait vite réglé. Elle projeta son pied dans le genou du soldat avec toute la force dont elle était capable : ce fut efficace. L'os, avec un craquement sinistre, rompit, tout comme l'avait fait celui du bras. Une fracture simple cette fois, mais qui fut suffisante pour le mettre à terre. Sans perdre une seconde, elle sauta sur lui, ramassant à leurs côtés le couteau qui l'avait tant aidé jusqu'à maintenant. Elle lui trancha la gorge d'un mouvement sec : une giclée de sang lui explosa à la figure tandis qu'il mourrait dans un gargouillis.
Essuyant d'un revers de main ce qui ruisselait sur son visage, elle rampa de nouveau jusqu'à son amant, ramassant au passage deux Luger Parabellum chargés.
_Amour ! Amour ! Lui prenant doucement le visage entre les mains, elle tâcha de capter son regard dans cet océan de bleu, vert et autre violet tous gonflés.
_Mon ange, je suis là, mon amour, nous allons partir. Il faut prévenir les autres, mon chéri...
_So... So... Solange... Je vais y rester, là...
_Mais non mon amour, mais non ! Tu t'appuieras sur moi, et sur... elle chercha quelque chose du regard,
cette canne là ! Seulement il ne faut pas perdre de temps, attends juste deux secondes... Rampant de nouveau au sol, elle tira à elle l'un des manteaux des soldats pour s'en couvrir :
_
Inutile de faire dans la discrétion maintenant, mh... ? Tout le monde est à la projection pour le moment et si les coups de feu sont passés inaperçus, l'absence prolongée de ces types ne le sera pas indéfiniment. Il faut...
_Solange...
_...partir au plus vite ou cette fois ce sera...
_Solange...
_...la fin et on ne peut pas se le permettre, ils comptent sur nous Jean ! On ne peut pas ! Mais pourtant je lui avais dit, à Marcel, deux c'est...
_...Solange...
_...beaucoup trop peu ! Deux noyés dans une marée allemande, on va crever comme des merdes et c'est tout ce que cela donnera. On arrivera peut-être à en tuer deux ou trois – j'en ai buté cinq c'est déjà pas mal pas vrai – mais on mourra aussi, la mission sera un échec et c'est tout ce que l'on gagnera ! Et tout ça pour quoi, hein ? Pour...
_Solange.
_...impressionner les alliés quand ils arriveront ! Ha ! Non mais j'te jure c'est...
_Solange !
_... Pardon. Oui mon amour... ?Il avança vers elle une main sanguinolente et tremblante, rapprochant de lui le visage de sa femme aimée. Il eut ce qui se voulait être un sourire parmi ce visage tuméfié :
_Je t'aimerais forte, je t'aimerais déterminée, je t'aimerais intraitable, je t'aimerais cruelle, je t'aimerais mienne. Je ne t'aimerais pas faible, je ne t'aimerais pas lâche, je ne t'aimerais pas compatissante, je ne t'aimerais pas diplomate. Elle eut un sourire au travers de ses larmes car ces mots qu'ils s'étaient répétés mille fois avaient eu un mal fou à sortir de sa gorge éraillée, l'air passait mal dans ses poumons, c'était un miracle qu'il soit encore en vie... Mais son homme était un homme, un vrai, c'était le seul qui... !
Le flot des pensées de Solange s'arrêta là. Une balle en plein cœur tirée par le Luger Parabellum tenu dans la main de son amant l'avait arrêté. Elle n'avait pas été intraitable, ni cruelle, elle n'avait pas été sienne, elle avait été diplomate et cette diplomatie s'était jouée dans son corps. Quel sort est réservé à ces femmes... ? Un sort pire que la mort. Et elle n'avait pas été intraitable, ni cruelle, elle n'avait pas été sienne. Elle n'aurait jamais plus été sienne.
Serrant contre lui, avec le peu de force qu'il lui restait, le corps de sa princesse sans vie, ce prince, après un hurlement à déchirer le ciel, retourna le canon de l'arme vers lui, le plaça dans sa bouche. Une troupe d'allemands entra dans la pièce.
Il tira.