~ Extrait du journal du Pr Shu Tanaka, conservateur au Musée d'Histoire du Monde de Seikusu. [...] Du mal à cacher mon excitation alors que la momie du Prince va être enfin exposée ! C'est toujours un grand moment que de dévoiler au monde une découverte qui nous tiens à coeur. Nous sommes à deux jours du début de l'exposition qui durera deux mois. Ensuite, peut-être que le Prince prendra un avion pour le Louvre, en France. A titre de curiosité archéologique il est vrai... Mais le Louvre ! Un honneur pour le piètre égyptologue que je suis.
Ma femme dit que je n'ai pas à me montrer si modeste. Depuis la découverte du tombeau dans une parcelle non-répertoriée de la Vallée des Rois, je n'ai eu de cesse de percer à jour l'identité et la vie du Prince anonyme. Et après dix longues années de recherches incessantes et de spéculations, le peu que j'ai réussi à découvrir est pourtant parvenu à intéresser la communauté égyptologique du monde entier. Certes, le résultat de mes recherches sur le Prince font de lui une figure un peu trop fantaisiste qui fait marcher l'imagination des communautés les plus fertiles en idées folles et autres théories absurdes... Mais son existence est vérifiée et jusque là, aucun de mes confrères n'a été en mesure de prouver que mes découvertes étaient erronées.
Pourtant, je dois avouer que ces trop nombreuses zones d'ombre me laissent perplexe, moi aussi. Et mes réflexions lors de ces moments de trouble ne sont pas scientifiques.
Lors de ces phases, j'ai chassé mes idées inutiles en rédigeant de petits mémos à partir de mes notes les plus complètes et les plus techniques. Je les adjoins à ce journal afin de le clore. L'ouverture de cette exposition japonaise scellera définitivement mes recherches et j'aimerai que mon journal en soit une sorte de synthèse accessible à toutes et tous.
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AJOUT 01 / NOTES ANTHROPOMORPHIQUES[Photographie jointe : Momie du Prince]Le parcours historique du Prince ayant été des plus difficiles à percer à jour, mes assistants et moi-même avons occupé notre temps et chassé notre frustration en tentant de dresser un portrait du Prince durant son vivant. Voici ce que les estimations et simulations 3D ont put dresser comme apparence physique.
Nous pensons que le Prince était un jeune homme athlétique mesurant approximativement un mètre quatre-vingt cinq pour un poids qui aurait avoisiné les quatre-vingt kilos. Il n'est pas difficile d'imaginer le Prince avec une silhouette sportive, aux lignes agréables et attirantes. La musculature sèche et bien dessinée qu'on lui prête devait avoir été sculptée par une activité intense et rigoureuse. Possiblement des entraînements militaires et martiaux, couplés à une excellente hygiène de vie. Ce qui nous amène à penser que le Prince était au moment de sa mort dans une très bonne condition physique.
Son visage possédait certainement des lignes fines et racées, héritage royal faisant de lui un bel homme. Un nez fin et discret, de petites lèvres. D'après les écrits que nous avons put retrouver, le Prince possédait une chevelure d'un noir de jais, lui tombant jusqu'au omoplates et qu'il coiffait peu, à part de grandes mèches cerclées d'anneaux de métal. Quant à sa peau, elle était légèrement basanée et mettait en avant des yeux d'une remarquable couleur Or.
On trouve sur la langue du prince une rune tatouée, soumise à de nombreuses légendes.
[Croquis joint : Le Prince]______________________________________________
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AJOUT 02 / NOTES PSYCHOLOGIQUES(Je précise tout de même que ces notes relèvent de la pure déduction faite à partir de documents et de légendes et ne sauraient ainsi être prises pour vérité absolue.)
D'après nos recherches tant historiques qu'anecdotiques, le Prince s'avérait certainement être un jeune homme capricieux et impulsif, qui profitait de sa très haute position dans la société égyptienne de l'époque pour assouvir ses envies et autres désirs sans se soucier du qu'en dira t'on ou même des répercussions sur autrui. De ce fait, on le prétendait cruel et tyrannique, très porté sur la sexualité et quelques courants considérés comme "déviants". On sait notamment qu'il fit de deux de ses soeurs ses concubines, les faisant s'unir parfois avec des animaux pour son bon plaisir.
Aussi puissant qu'il était sûr de lui et imbu de sa personne, l'égyptien jouissait d'un charisme certain et d'une aura incontestable. Ses colères, dit-on, étaient légendaires. Pourtant, le Prince jouissait également d'une sagesse certaine trop facilement éclipsée par ses traits de caractère les plus sombres.
Le Prince n'était pas une personne à qui on pouvait prétendre refuser quoi que ce fût et qui prenait soin de jouer sur le côté prophético-divin de sa naissance afin d'asseoir son pouvoir.
Toutefois, il est avéré que le Prince n'était pas pour autant un fantoche incapable. Loin de là, en vérité. Intelligent et rusé, c'était un homme politique caractériel mais réfléchi, capable d'orchestrer nombre de coups bas pour parvenir à ses fins. Fin stratège social, Le Prince savait qui il devait tenir dans la paume de sa main et comment le faire. Instruit, poli et racé, c'était un bon ambassadeur auprès des nations étrangères et -chose paradoxale au vu de son côté impérial- qui savait oeuvrer dans le sens de son peuple.. Tant qu'il y trouvait son compte, la plupart du temps.
Son portrait physique lui prêtait un corps de guerrier et c'était bien ce qu'il était. Chef des armées, Le Prince allait le plus souvent en première ligne afin d'assouvir ses envies de brutalité violente et de combat. De ce fait, ses soldats tendaient plus à l'apprécier que le reste du peuple et aimaient à se livrer avec lui -pour la plupart du moins- à des exactions cruelles sur les peuplades vaincues. Qualifié de "génie combattant", le Prince savait apparemment se servir tant d'épées que de lances et autres arcs avec un certain brio. Les légendes l'apparentent également à la magie et aux sortilèges, mais cela n'a put être vérifié.
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AJOUT 03 / NOTES HISTORIQUESQuand le tombeau du Prince fut découverte, nous peinâmes tant à retracer son histoire qu'a la placer dans une chronologie cohérente. L'emplacement de sa tombe sous-entendait qu'elle était plus ancienne que d'autres, mais la période qu'elle présentait ne correspondait pas à cet état de fait. Comme si l'inhumait enjambait deux époques... Nous avons préféré d'abord penser qu'il s'agissait d'erreurs d'interprétation mais aujourd'hui je me sais que le Prince régnait sur une "dynastie perdue" volontairement effacée de l'Histoire et c'est pour cela qu'on ne connait aucun nom au Prince ou à l'ensemble de sa famille. Nous sommes sûrs de son rang au vu des apparats et autres cartouches trouvées avec lui, mais rien qui ne donnait son identité précise.
Le Prince aurait été en son temps le fils aîné d'une dynastie puissante, hériter en devenir d'un pouvoir politique et social d'une très importante influence sur l'Egypte de cette époque. Appelé à être formé par son père -dépeint comme un pharaon sage et avisé très apprécié de ses sujets- le Prince fut confronté plus tôt que prévu aux affres du pouvoirs, lorsque Pharaon tomba gravement malade. Incapable d’exercer son pouvoir mais refusant de le transmettre, le souverain fit confiance à son fils pour exercer une place de régent.
Habile et doué malgré son jeune âge (il était âgé d'environ quinze ans lors de sa "prise de pouvoir"), le Prince fût accueillit chaleureusement par son peuple.
Le jeune régent laissa rapidement dit-on le pouvoir lui monter à la tête. Profitant de l'affaiblissement de son père tout en étant lui-même influencé par des ministres avides de reconnaissance, le Prince s'imposa comme un tyran qui fit résonner la colère dans les villes. Sous son règne, les impôts avaient augmenté de façon substantielle, saignant la populace qui ne parvenait pas à se convaincre de l’intérêt d'une révolte. En effet, le Prince était belliqueux et se fit fort de bouter les bandits et tribus nomades dangereuses hors de son royaume, assurant ainsi un certain confort à ses compatriotes les plus modestes. Le commerce se développa alors, ce qui fît prospérer le royaume suffisamment pour que le Prince entame quelques campagnes guerrières pour la plupart couronnées de succès. Bien entendu, cela ne fit qu'assurer le Prince de sa puissance et de sa légitimité.
Il se débarrassa des ministres trop gourmands pour le remplacer par des hommes lui étant plus soumis et fidèles tout en prenant une curieuse décision concernant ses soeurs. En âge d'être mariées, elles furent privées par le Prince de leurs rangs et de leurs droits pour devenir ses concubines et objets de plaisir exclusifs. Le Prince prétendit que c'était simplement pour les garder auprès de lui, mais bien des gens s'accordèrent à penser que le régent craignait qu'elles ne quittent le palais pour y revenir aux bras de maris qui auraient voulu s'en prendre à son pouvoir. Si les rumeurs qui prêtèrent au Prince des penchants zoophiles pouvaient être mises sur le compte de personnages désireux de ternir un peu plus une réputation qui n'avait pas besoin de l'être, les rares écrits retrouvés ainsi que les tombes liées à celles du souverain prouvent que le Prince avait ses propres soeurs comme compagnes.
Ce qui suit tient pour une bonne partie de l'imaginaire populaire et des légendes.
A l'apogée de son pouvoir, le Prince apprit que son père qui avait survécu jusque là n'en avait plus pour très longtemps. Loin de le pleurer, le régent en entretint une peur presque panique à l'idée de mourir : cela aurait réduit à néant tous ses efforts et l'aurait privé de son pouvoir. Aussi la recherche de la vie éternelle serait-elle devenue son obsession, le conduisant à user de son influence pour convoquer à lui les plus grands mystiques, prêtres et autres magiciens prétendument capables de le prémunir de la mort. Aucun ne parvint à le convaincre vraiment et tous furent tués, à part une sorcière à la peau blanche venue des lointaines contrées de par-delà la mer. Cette femme -dont nul écrit ne cite le nom mais dont on estime qu'elle était possiblement européenne- lui prouva qu'elle était capable de vaincre la mort. Le Prince la prit alors sous son aile pour qu'elle lui livre tous ses secrets.
La femme était vénale et le Prince la couvrait d'or en échange de ses arcanes. Leur duo fonctionnait et bientôt l'âme du Prince fût liée au mythique Bénou, lui permettant ainsi de revenir du royaume des morts tout en lui octroyant la maîtrise du feu en plus des arts magiques qui lui avaient été transmis. Mais le Prince, bien que contenté, n'en était pas moins paranoïaque. Craignant que la sorcière ne lui vole ce qu'elle lui avait donné, il tenta de la tuer. Mal lui en prit... Sa tentative échoua et c'est lui qui fût fauché par la mort.
Celui dont l'âme brûlait du feu de l'oiseau mythique ne pouvait pas mourir, mais la sorcière ne désirait pas que le Prince puisse revenir trop tôt à la vie. Le maudissant, elle emprisonna son âme dans les limbes pour ne la laisser en sortir qu'au plus tard. Lorsque le corps du Prince fût embaumé, la magicienne tatoua sur sa langue une rune l'empêchant de communiquer son nom réel, nom qui fut rayé de l'Histoire. La dynastie du Prince périclita et son nom fût effacé de l'Histoire pour devenir une légende destinée aux enfants et aux fantasques, comme une leçon sur la gourmandise et les désirs de pouvoir.
Mais le Prince était bien réel et, d'après sa légende, destiné à revenir tôt ou tard dans le monde des vivants...
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AJOUT 04 / RUMEURSPuisque la légende est plaisante et que c'est ce qui vaut au Prince l'honneur de voir sa dépouille exposée au musée, j'ai considéré que les anecdotes prêtées au jeune régent pouvaient trouver leur intérêt à être annotées. Les voici donc, sommairement présentées.
- L'âme du Prince serait liée au légendaire Bénou, oiseau de feu immortel assez similaire au phénix. Ainsi, le Prince est immortel. Du moins n'est il jamais retenu longtemps au royaume des morts, son âme revenant sans cesse. Son corps peut lui se régénérer dans les flammes, que le Prince peut contrôler.
- Le Prince connaîtrait l'ancienne magie égyptienne et européenne et serait de surcroît un combattant aguerri.
