Le grand jour! [PV Rinako Yukimitsu]

Pour le prochain stand, Suki laisse Rinako choisir. C'est vrai qu'elles font des économies à payer quelques séances de tir puisque généralement, rares sont celles qui arrivent à dévaliser les stands du premier coup mais bon, pas de chance pour le parc, elles accueillaient deux membres du commando de Caelestis, peut-être plus si jamais une autre traine dans le coin? Ce serait vraiment un étrange hasard! Mais pour la suite, Rinako s'en donne à cœur joie pour décrocher la surprise et avait même l'audace de finir avec un dernier plomb qu'elle loge dans un ballon. Il n'y a rien à dire, elle l'excite. Oh oui c'était bizarre mais comme on dit, chacun ses goûts. Certaines personnes seraient excité en voyant une belle fille lécher une glace ou manger sensuellement une banane mais pour Suki, voir sa petite amie si douée avec les armes, ça semblait presque un poème pour elle qui n'a jamais vraiment eu de goût ou préférence pour ce qui touche l'art et le reste en général en dehors de l'armée. Mais elle reprend vite conscience quand Rinako explose de rire, pourquoi donc? Car la surprise arrive et on ne peut pas dire que c'est une mauvaise blague! La lapine jaune qui tire la tronche aussi grande qu'elle! Suki devait être à peine plus grande, de quelques centimètres mais déjà la voir en petite était prise entre la blague et la mauvaise blague mais à cette taille! Elle aurait bien envie de demander s'il n'y avait pas un autre modèle, ce qui n'était pas le cas car c'est rare de voir deux personnes décroché la surprise en une seule journée. Mais quand Rinako lâche sa phrase, elle en oublie ça et se perd un peu dans ses pensées. Elle pensait à elle, c'était si beau... Autant elle la trouvait excitante avec une arme entre les mains mais avec cette phrase, elle la trouvait si belle.

« Holy sera surement très heureuse... »

En l'espace de quelques secondes, la béatitude de Suki passe du rêve à la grosse connerie sortie en public. Quelle idiote! Elle avait dit Holy! Holy, c'était un petit nom, un surnom même qu'elle lui avait donné car elle n'avait toujours aucun nom! Elle ne se rappelait pas de son nom et les filles avaient beau consulter tout les prénoms possibles, elle n'en aime aucun! Alors oui c'était plus un fantasme car elle ne l'avait jamais appelé comme ça ni même proposé ça aux femmes qui s'occupent d'elle mais c'était pour Suki comme révélé un fantasme, elle n'osait pas! Puis elle ne voulait pas qu'elles croient qu'elle voudrait l'adopter. C'est le cas bien sur, plus les jours passent, plus elle pense à elle quand elle ne travaille pas mais elle sait bien qu'élever une enfant seule, c'est accordé en de rares occasions et même avec son bon travail pour Caelestis, elle n'était pas sûr que ça passe!

« Je, c'est j-juste que je trouve que ça lui va-vas bien, c'est tout! »

Elle s'emmêlait les pinceaux avec tout cela mais elle ne peut pas déjà parler adoption alors qu'elles sont officiellement en couple depuis une heure ou deux, non, elle allait trop vite! Même dans ses rêves, ça n'arrivait pas si vite! Elle était peut-être nulle en drague mais elle savait certaines choses. En amour vaut mieux éviter de parler enfant, mariage et belle-famille dans les premiers jours! Et là, évoquer Holy, le nom qu'elle avait « donné » à cette petite blonde, c'était comme déjà parler adoption. Elle avait honte mais ça ne l'empêchait pas de rougir en fuyant vers un prochain stand pour dégommer n'importe quoi pour décrocher des peluches à tout va. Avec le lapin géant dans les bras, Suki avait transféré les autres peluches dans son sac pour que ça soit plus simple et elle fut si rapide qu'elle avait déjà fait toute la liste, avec surement un ou deux cadeaux en plus? Bah, ça pourra toujours être pour celles qui au quotidien s'occupe si bien de ses petites. Suki n'oublia pas de passer par la boutique des lapins afin d'avoir sa Rinako-bunny et offrir aussi elle-même miniature en bunny pour Rinako. La liste étant complète, il ne restait que la grande roue avec sa queue. Suki restait plutôt muette durant le trajet, le fait de s'ouvrir un peu sur Holy semblait l'avoir calmé, elle n'osait pas trop parler mais en vérité, elle avait autre chose en tête qui la tracassait.

Rien de grave, juste un de ces trois interdits lors des premiers jours. On ne peut pas dire que ça la hantait mais elle y avait pensé soudainement, sans véritable raison avant que ça finisse vraiment par la hanter. Quand la queue défila et qu'elles pouvaient prendre place dans la cabine, la grosse peluche et le sac furent posée sur les sièges en face d'eux avant de prendre place auprès de sa petite amie. Peu importe le temps qui passe, elle ne s'y fera pas de sitôt à cette remarque. La cabine grimpait doucement pour laisser le temps aux autres de grimper dans les cabines avant d'avoir quelques tours complets sans interruption et elle attendit que cela commence pour lâcher la main de Rinako, hésitante d'abord sur la marche à suivre? Va-t-elle le faire ou non? Pas le baiser, ça ne sera qu'au sommet ça mais... il évident que des deux, c'était Rinako qui était la plus grande en taille mais... elle se voyait mal être la soumise? On disait que dans un couple, il y avait toujours une soumise? Certes pour le moment elle n'a rien d'une femme qui porte la culotte mais bon, au fil des jours, elle serait bien capable de changer? Tant pis, s'il y a une déesse ou même un dieu de l'amour, la divinité la guidera sur le bon chemin! Passant ses jambes au-dessus des siennes, elle prit place sur les cuisses de Rinako en bloquait sa tête sur son épaule. Elles étaient seules avec les peluches mais elle avait honte et peur d'en faire trop... Faut néanmoins reconnaître qu'elle était bien, accrochée à son cou.

« Tu p-pense quoi du m... ma... mariage? »

Elle l'a dit! Elle a officiellement parlé d'un des interdits à croire que l'amour la rend si stupide! Fallait rectifier le tir, vite!

« C'est pas pas que je suis pour ou contre, c'est j-j-juste que j'y pensais... Faut dire qu'il y a tant de modèles différents, de coutumes... »

C'est vrai mais elle n'osait plus la regarder en face de peur de voir une réaction choquer et qu'elle soit repoussée. Elles avaient le temps, pourquoi parler de ça? Surtout que ses parents n'étaient même pas mariés! Juste ensemble depuis si longtemps. Mais pour en revenir aux robes, il y avait les classiques, tout en blanc en général, importé de la terre, qui remportait un certain succès. Sur Caelestis, on tentait de reprendre un peu cela à leur mode, parfois avec quelques ajouts pour ne pas avoir froid, passer un petit clin d'œil à la mode locale, certaines partie très moulantes par exemple. Sur Tékhos, avec leur goût pour la mode, c'était parfois très bizarre. Une tenue très moulante, blanc ou non, laissant le dos ou le ventre à l'air libre quand ce n'était pas autre chose! Elle ne comprenait pas grand-chose à la monde mais elle n'aimait pas trop cela. Elle ignorait comment ça se passait sur Novac? Mais à Edoras, c'était de sublimes kimonos, sous les cerisiers en fleur le plus souvent, oui, elle avait un faible pour ça ou pour la classique robe blanche... Mais qu'allait en penser Rinako? Ce n'était qu'une conversation qu'elle aurait pu éviter mais c'est trop tard, elle avait mis les pieds dans le plat donc soit la conversation est reportée, soit elle allait en connaître la réponse dans peu de temps?

J'ai un peu honte. Suki n'en finit pas d'être gênée et j'aime tellement la voir rougie que je ne peux pas m'empêcher d'en rajouter.

" Holy ? "

Je l'interroge aussi du regard un sourcil haussé mais toujours souriante. Elle a bien craqué pour cette petite et c'est réciproque, c'est seulement compliqué avec la paperasse et les conditions à remplir. Ce genre de conneries me met hors de moi. Les esclaves ont droit à un suivi médical, quand elles arrivent enceinte on leur propose des contraceptif ou l'avortement suivant le stade de grossesse. Elles peuvent aussi garder l'enfant, ma mère n'a pas été la seule. Mais les enfants déjà nées... Parfois l'orphelinat me fait penser à une animalerie : pour adopter il faut bien sûr montrer pattes blanche. On en confie pas des enfants à n'importe qui. Et justement ! On les sauve, on s'attache et parfois elles aussi, mais nous les soldates : on est n'importe qui ! Rinako, moi et surtout ma mère. Toutes les mères qui font partie des troupes, en fait. Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour être légitime ? S'ouvrir le ventre pour y faire rentrer la gamine ?

Je sais par expérience comment on est élevée par une mère célibataire des commandos, elle s'en est très bien sortie mais on ne va quand même pas laisser une chance à une autre commando avec une enfant qu'elle n'a pas pondue elle-même. Quelque part c'est du foutage de gueule et ça m'énerve d'autant plus que de gueule de ma petite amie qu'on se fout. Mais tu vas régler ce problème dans la seconde, reste calme, ma fille ! Et ne gâche pas cette bonne journée avec ta petite amie... Hmmm ! Ma petite amie ! J'adore ça, en fait je suis déjà moins énervée à l'idée d'entrer vraiment dans sa vie.

" C'est vrai que c'est mignon. "

Vendu ! Cette gamine n'a toujours pas de nom officiel, elle n'en veut aucun à ce qu'il paraît. Moi je pense que si Suki voulait l'appeler "Banane Flambée" elle sauterait de joie. Elle ne veut pas d'un nom et d'un couple d'inconnues si gentille et blindée de fric soient-elles. Sa mère est morte en tentant de la protéger, tuer par une bande d'enfoirés monstrueux et peut-être sous ses yeux. Ce qu'elle veut n'a rien de mystérieux : elle veut rester auprès de la femme qui a réglé leur compte à ces monstrueux enfoirés, qui l'a sortie elle-même de cet enfer. Ça aurait pu être moi si leur connard de chef n'avait pas eu envie de se vider dans ce qu'il avait de plus inoffensif sous la main. Cette horreur-là je l'ai digérée, je pense déjà aux épreuves à venir : ma vie de couple à peine naissante avec Suki, et la famille qu'on va fonder un jour ou l'autre.

Si l'une de nous était une hermaphrodite on s'y mettrait peut-être dès aujourd'hui. Mais niveau romantisme on y gagne avec un simple baiser au sommet de la grande roue. La file d'attente est affreusement longue et je sens ma Suki chérie de plus en plus nerveuse. J'ai peut-être eu tort de parler d'Holy, si ça me donne la rage pour elle doit être encore pire. J'espère qu'une fois seule avec moi dans une cabine qui montera au-dessus du sol, elle sera moins stressée. D'ailleurs ça finit enfin par arriver, et le temps d'asseoir la Suki-lapine grandeur nature entre les sacs... Mon cœur se met à battre la chamade, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me grimpe dessus comme ça, qu'elle se colle aussi franchement. C'est...

Trop bon ! Je suis toute excitée, mais aussi infiniment apaisée. Enfin toute seule avec elle, enfin libre d'être tendre avec elle et de laisser libre cours à mes sentiments. Ma Suki... Je passe les bras autour d'elle pour la tenir contre moi, respirer son odeur les yeux fermés. Je ne m'étais pas privée de le faire cette fameuse nuit, aujourd'hui c'est différent, c'est bien mieux. Mais dans sa course folle mon cœur rate un battement. Je rouvre les yeux. J'ai bien entendu ? Elle me parle de... mariage ? Cette fois c'est tour de baliser, et pas qu'un peu. Plus elle essaie de noyer le poisson plus je me dis qu'elle était sérieuse.

" Tu... Tu y penses... déjà ? "

Me dire que ça viendra bien au bout d'un moment c'est une chose, me prendre une perche comme ça dans la tronche en est une autre. Il n'y a pas que ça : tout ce que j'ai entendu sur le sujet me revient en tête. Des histoires de cul, de dépendance affective, de petites attentions, de grandes fêtes, d'anniversaires, de bagues, de crises, de rapports de dominance, d'équilibre... Tout un bordel encore plus monstrueux et informe que tout ce que j'ai pu voir dans la Fourmilière ! Dans la mesure où un tiers de ces histoires en contredit un autre alors que le dernier rime à rien j'ai pas le choix. T'en veux de la mécanique de couple version commando celkhane ? je reste sur les rails, ce qui n'est une image si mal choisie parce que je défonce tout sur mon passage depuis ce matin.

" Je... J'avais jamais pensé au mariage... avant aujourd'hui. "

Timidement mais je fonce quand même. Si je suis en train de faire une connerie je ne laisse même pas cette possibilité m'effleurer : je m'en fout. On m'a déjà assez emmerder et prise pour une conne sur tout le reste, alors maintenant que j'ai enfin une vie privée j'en fais ce que je veux ! Mais putain c'est chaud ! Ma gorge se serre et j'ai les entrailles qui passent au mixeur à tel point que j'ai peur de me faire dessus. Je passe quand même mes mains tremblante sur les hanches de Suki, puis je remonte en la redressant jusqu'à doucement tenir son visage entre mes doigts. Je parie que je suis tellement rouge que mes cheveux ont l'air blancs. Tant pis, maintenant qu'on en est là...

" Je... Je veux me marier avec toi, Suki... Pas tout de suite mais... Je t'aime et... "

Et je veux faire une grande fête rien que pour ma chérie, une cérémonie avec des robes, des fleurs et tout le reste !

Idiote! Imbécile! Conne! Elle se traitait de tous les noms et si elle le pourrait, elle demanderait à ce que l'on fouette son cerveau ou son cœur ou même sa langue! Pourquoi sortir une telle connerie! Elle évoquait subtilement son attachement à Holy depuis le début et soit Rinako n'avait rien contre, soit elle ne remarquait pas grand-chose. Un de ces interdits était passé comme une lettre à la poste. Alors pourquoi jouer avec le feu? À rapprocher cette allumette près d'une feuille de papier, c'est sur qu'elle finira par bruler. Voyez par là que Rinako est la feuille et Suki – ou du moins le sujet de la conversation – était l'allumette. Elle avait envie de remonter le temps et la fermer tout simplement. Elle avait l'impression de marcher sur une mine et c'était quitte ou double! Ou alors elle retire le pied et explose avec Rinako ou bien elle relève le pied et elle a un miracle, la mine est défectueuse. Vaut mieux pas jouer avec la chance et si elle s'en sort vivante, elle ne parle plus mariage, enfant ou beaux parent avant plusieurs jours? Semaines? Mois? Oui, pour les beaux-parents, elle se douterait bien que ses parents seraient si heureuse de voir leur fille unique amoureuse d'une fille, une grande première dans la petite famille Tetsuhiko. Mais elle ne voulait pas parler de ses mères vis-à-vis de Rinako avec sa mère. Comment prendrait-elle le fait de parler avec ses mères? Elle y passera un jour ou l'autre, elle ne va pas cacher Rinako à chaque fois qu'elle croise ses parents. Mais bon, ça sera surement à elle de demander à les voir ou de la questionner. Au moins sur ça, elle ne fera pas de connerie.

Mais dieu merci, déesse merci, elle n'en savait rien, Rinako voulait bien l'épouser! Mais si c'était si peu important pour Suki, pourquoi elle sentait son cœur s'emballer et une soudaine bouffée de chaleur? Normalement sa combinaison est faite pour la tenir au chaud vu l'altitude mais quand même. Elle n'avait jamais pensé mariage – pas qu'elle s'en souvienne – alors pourquoi aujourd'hui et avec elle? Elle releva sa tête puisque la mine n'avait pas explosé pour voir Rinako rougir. Elle était si craquante. Bien que tendue, sa queue tigrée se balançait de nouveau derrière son dos alors que ses petites oreilles remuaient elles aussi, satisfaite d'avoir rectifié le tir. Même si tout est bien qui finit bien autour bien rectifié le tir autant que possible. Elle se recula un peu pour la regarder et même si Suki avait aussi un peu le rose aux joues, ce n'était pas facile de parler de ça en la regardant autant que possible dans les yeux sans détourner son regard, sans bafouiller.

« Moi aussi je t'ai-t'aime... mais ce n'était qu'une idée comme ça je... je n'y ai p-pas vraiment penser au ma...  mariage et tout ça... c'était... de la curiosité surtout... je pense? »

Comment savoir? Puis bon, elles remettront cette discussion à demain, dans un mois, un an, dix ans? Non pas dix ans, elle voudrait bien voir Holy dans une belle petite robe de demoiselle d'honneur, jetant des pétales autour d'elle. Elle sera mignonne. Oh et puis d'ici quelques années, elles auront surement un autre enfant? Non mais ça va pas là! Elle voyait déjà Holy comme sa fille et continuer plus loin, se voir avec leur enfant, assez grande pour endosser une robe et jouer elle aussi la demoiselle d'honneur? Même bourré, elle ne se souvient pas avoir autant plané! Et qu'on ne mette pas cela sur le dos d'une drogue, elle veut bien dire qu'elle a déjà été bourrée et plus d'une fois mais jamais de drogue! Ça faisait partie de ses principes. Plus la roue montait vers le ciel, plus l'instant du baiser grimpait à grands pas. Elle se collait de nouveau sur elle en posant sa tête sur sa poitrine, pouvant la voir d'un œil en contre-plongée mais ça la rendait toujours si belle.

« J'espère qu'on aura l'occasion d'avoir d'autres genres de sortie comme ça? Je pensais pas que j'aurais pu autant aimer cela. »

D'ici quelques instants, le baiser romantique. Il manquait le coucher de soleil mais ce n'était que partie remise puisqu'un long programme les attendait déjà. Distribuer les peluches, lui faire visiter son appartement, en apprendre un peu plus sur elle, éventuellement un diner romantique et enfin leur première nuit d'amour.

Mais quelle bourrine ! Je me sens tellement mal d'un coup que je voudrais me coller un gros coup sur la tête pour me compacter comme une cannette de soda. C'est dans ma nature, je m'enflamme pour un rien, je tourne sans prévenir comme le vent, et quand je craque je ne fais que des ravages. Incendie, tornade, tremblement de terre : je suis trois catastrophes naturelles pour le prix d'une ! Quand je veux vraiment quelque chose je ne peux pas faire autrement que me jeter à fond dans la tourmente, et je veux Suki plus que tout. Mais comment faire la part des choses ? Je la connais quand même assez pour savoir que ce n'était pas "une simple idée comme ça à laquelle elle ne pense pas vraiment". Celle-là, elle ne tremble pas comme une feuille en les évoquant.

Bordel ! Bourrine et conne : t'es irrécupérable, ma fille ! Il aura fallu que je la fasse flipper et qu'elle revienne se coller à moi pour que je comprenne. Je ne la connais pas, je la découvre à peine en réalité. La blonde glaciale et inébranlable qui nous pilote sur le terrain ne dit rien au hasard, elle ne fais pas non plus semblant avec cette maladresse si... craquante ! Et même envers moi-même je ne peux pas rester en colère alors qu'elle est dans mes bras. Ma Suki, ma petite amie. Avec sa combinaison c'est encore plus dur mais je vois enfin à quel point elle est fragile, délicate. Pour elle aussi tout ça est nouveau, et sans aller jusqu'à lui faire peur ça doit l'impressionner. Je n'ai plus nagé dans le bonheur depuis si longtemps que je ne sais même plus en profiter. Mais j'apprends.

Mes bras la serrent tendrement avant que ma main droite remonte caresser ses cheveux. je penche la tête pour souffler à son oreille.

" La prochaine fois on pourrait aller à Metropolis, ou Novac ? Même Edoras histoire de vraiment se changer les idées ? Ne t'inquiète pas, avant d'être ta femme j'ai envie d'être ta petite amie quelques temps... Une petite semaine, ça te va ? "

Je redresse la tête avec un petit rire. Envolée, la pression ! Comme quoi il suffit de le vouloir. L'heure tourne et la roue également, j'ai encore un peu de temps pour compter fleurette à mon amoureuse. Je viens à peine de comprendre que je dois être plus soigneuse et l'idée me plaît énormément : couver ma blondinette du regard, essayer d'être plus attentive et attentionnée, tout simplement faire de mon mieux pour la rendre heureuse. Si je continue à la faire flipper comme ça elle n'osera bientôt plus ouvrir la bouche.

Mes mains glissent pour venir se glisser dans son cou, mes pouces montent caresser ses joues. Je détaille ses traits une seconde. Qu'elle est belle ! Puisqu'on est pas foutue de parler d'avenir sans s'embrouiller chacune de notre côté, autant remuer ce que le passé de plus doux à nous offrir.

" L'autre soir, quand on est sorties après la mission, tu as complètement bousillé tout ce que je croyais connaître de toi. Je me faisais des films sur toi, t'as même pas idée. J'étais tellement impressionnée que j'avais pas remarqué que j'étais plus grande que toi. "

Je rougis sans doute. Je devrais avoir honte, ou au moins être gênée de lui avouer tout ça. J'ai pas honte, je suis pas gênée, pas pour ça et surtout pas devant elle. Je caresse doucement ses joues, les yeux plongés dans les siens de plus en lus profond alors que sourire descend.

" Et quand tu t'es endormies comme une masse dans mes bras... C'était peut-être la première nuit dont je rêvais avec la grande Lieutenante Tetsuhiko... Mais c'est la nuit où je suis tombée amoureuse de toi, Suki. "

Si ça passe... C'est que j'ai des heures de vol à regarder des séries à l'eau de rose, jusqu'ici ça n'a servi qu'à m'aplatir le cul sur mon fauteuil et le ramollir à coups de cuillères de glace. Qu'est-ce que je connais d'autre à la vie de couple ? Si ça me rend toute chose de le voir en holo j'espère qu'en direct ça lui plaira. Et comme le veulent les lois du genre, mes yeux se ferment alors que je presse les lèvres sur les siennes.

Suki espérait que Rinako ne s'en voulait pas trop. Elle avait parfois du mal à exprimer vraiment ce qu'elle voulait dire. C'était sa faute à elle, qui a parler du mariage, déjà et non celle de Rinako qui ne faisait qu'être l'élue de son cœur. Assise sur ses cuisses, elle appréciait d'être plus petite pour une fois. Non pas qu'elle se soit déjà plainte de sa taille mais dans ces conditions, elle a pu être celle qui pouvait se poser sur les cuisses de Rinako et non le contraire bien que ça ne l'aurait pas dérangé. Elle passait généralement ses journées en dehors de l'armée à se plaindre de s'ennuyer, passant un peu de temps avec les orphelines ou en s'entrainant, finissant souvent sa soirée dans un bar mais pour une fois, elle appréciait vraiment ce congé exceptionnel. Oui, la prochaine fois, elles pourraient aller ailleurs. Mais bon, Tékhos, terre natale de ses parents mais, il y avait des bons et de mauvais souvenir pour Suki dans cette ville. À commencer par Mélinda. Un piège raté, plusieurs dégâts causés par Suki par obligation dont « emprunter » un bijou à une bourgeoise afin de satisfaire Mélinda, cette connerie, elle a dû le payer avec une nuit avec cette femme aussi! Non pas qu'elle soit laide mais Suki avait l'impression de vendre son corps comme une prostituée. Puis il y avait Nova aussi, cette belle Tékhane avec qui elle avait détruit quelques Formiens et passer un peu de bon temps pendant l'absence de Rinako, quand ses souvenirs étaient un peu confus. Edoras, elle n'y avait jamais mis les pieds mais on lui avait dit que c'était très reposant, il y avait plein de choses pour les touristes et que même s'il y avait des hommes là-bas, ce n'était pas vraiment un problème. Quant à Novac, elle avait finalement eu peu d'échos sur cet autre archipel, elle devrait surement ouvrir un bouquin ou deux pour combler ses lacunes?

Ce qu'elle n'avait pas compris dans son petit cerveau gonflé de rose bonbon et d'amour, c'était le, une semaine? Quoi une semaine? Une semaine de vacances ou elles reparlent mariage dans une semaine? Non, ça ne doit pas être ça, clairement pas ça! Après tout, chipoté sur un détail de sept jours, ça ne doit pas être le genre de Rinako. Non, elle faisait surement référence à une semaine de congé? Oui, une petite semaine loin de Caelestis lui fera surement du bien puis bon, si elle doit oublier le boulot et tout ça, autant venir à Edoras? Vu que c'est de cette ville dont elle avait eu le plus de meilleur retour. Mais elle en parlera plus tard. Pour l'heure elle n'y pensait pas même si posé une semaine de vacances à la même date, toutes les deux, ça peut éveiller des soupçons? Voir Rinako lui caresser les cheveux était si agréable, ses petites oreilles et sa queue gigotaient elles aussi à l'unisson. Elle aurait été une vraie chatte, elle aurait ronronné de plaisir. De plus, la voir l'observer comme ça, chaque détail de son visage ne la gênait pas mais ça la faisait toujours rougir un peu malgré son petit sourire. Elle l'écoutait bien docilement, sa laissant caresser autant de fois qu'elle le voulait, évoquant même leur première soirée, ha oui, le bar. Elle était un peu embarrassée c'est vrai. D'ordinaire elle se fiche de ce genre de détail mais Rinako bloquait cette barrière maintenant et elle restait en sa présence la Suki qu'elle était sous sa carapace.

Mais quand elle lui apprenait que c'était finalement la nuit qui lui avait ouvert les sentiments, elle se sentait heureuse et fière d'avoir bu ne serait-ce qu'un peu ce soir-là et d'avoir avoué ses sentiments même si ce n'était qu'avant de dormir comme une masse, nue contre Rinako dans son maillot trop grand pour Suki, moins pour elle. Suki souriait alors qu'elle fut surprise par ce baisé mais y participait volontiers. Elles devaient être en haut de la grande roue alors? Elle passait sa main sur sa joue pour lui caresser la nuque alors qu'elle frottait sa langue contre la sienne, savourant ce goût unique qu'était la bouche de Rinako. Oh oui, elle aurait volontiers passé quelques tours de roue à l'embrasser encore et encore avec passion en fermant ses yeux. Et quand le baiser n'était plus, en portant à son tour une main sur la joue de Rinako mais bien vite, sa main glissa pour jouer avec une de ses mèches, l'entortillant autour de son doigt.

« Je suis au courant de tous les genres de rumeurs qui tourne autour de moi à la base, certaines sont vraies et d'autres abusées. Mais je suis aussi une femme comme les autres, avec mes hauts et mes bas dans la vie. Désolés d'avoir brisé certains de tes rêves mais derrière chaque icône sur Caelestis se cachent une simple femme. Tu as fait tes premiers pas dans notre lutte Rinako mais bientôt, toi aussi tu auras le droit à ton lot de rumeurs et tu seras une icône pour d'autres soldates ou habitantes. C'est notre image que l'on doit aussi parfois respecter. »

Elle ne voulait pas dire qu'elle faisait exprès de se montrer froide et stricte en mission ou en entrainement mais elle avait toujours agi comme cela. Demain si elle arrive avec un grand sourire et reste bien calme avec ses troupes qui veulent des pauses, elle perdra toute crédibilité. Parfois ça ne lui faisait pas plaisir mais elle devait bien former ses femmes à combattre une des pires espèces égale aux Formiens, les esclavagistes. Mais au moins durant cette soirée, Suki avait ôté sa carapace mais elle avait aussi montré ses rêves et ambitions à Rinako et à moins que certains soirs, elle avait été trop chiffon pour s'en souvenir, elle était la première femme qui était au courant de ce rêve un peu loufoque d'avoir une énorme famille. Elle secoua un peu la tête, ne voulant pas que Rinako ne se torde les neurones en huit pour la comprendre, elle releva le nez vers elle en lui souriant.

« Tout ça pour en venir au fait que je t'aime Rinako. Je me fiche à l'avenir de ce qui pourrait nous arriver sur notre route, mes sentiments seront comme aujourd'hui, intacte. Je t'aimerais demain, puis après-demain et même à mon dernier souffle, je t'aimerais encore et même après. »

Suki pouvait parfois tourner trop autour du pot ou sur des choses inutile mais elle arrivait quand même au bout du compte à ce qu'elle voulait dire! Au diable les rumeurs ou les mauvais coups du destin, Suki savait qu'elle arriverait à se relever coute que coute avec Rinako pour vivre heureuse. Retrouvant sa position qu'elle semblait apprécier, sur elle, autour de son cou, elle reprenait avec un peu plus de timidité autre chose qui lui trottait dans la tête. Rien de bien grave mais bon.

« Rinako... je voulais savoir une chose... Je... j'espère que tu ne me trouves pas trop collante ou m-même bizarre? C'est que... j'ai pas, mais alors vraiment pas l'habitude de ce genre de chose! »

A jeun en tout cas. Bourré, elle avait surement plus ou moins fait ça. Elle n'osait pas vraiment la regarder dans les yeux pour cette question mais bon, une fois la réponse entendu, ça devrait aller mieux?

Erf ! Ma blague sur la semaine avant de se marier a fait un plat monumental. Il va falloir que j'apprenne à connaître son humour, à ma petite amie... Elle en a, au moins ? Entre les mission et le peu de temps qu'on a pu partager à deux, on a pas vraiment passé des heures pliées en deux de rire. Tant pis, ça change rien, je l'aime quand même. je l'aime et je la savoure, je profite au maximum du moindre contact. Son corps frêle contre le mien, ses mains, et surtout sa bouche. Qu'elle m'a manqué cette langue ! Je voudrais continuer à la goûter et la caresser pendant des heures, faire trente fois le tour de la grande roue jusqu'à se que le parc ferme. Me retrouver bloquée tout la nuit avec elle dans cette petite boîte de métal, passer la nuit entre ses bras et un lit de peluches : j'ai du mal à voir une contrariété dans ce scénario... Ah si ! Envie de pipi, ça pourrait vite devenir un problème.

Pour l'instant j'ai encore envie du goût de sa salive qui se mélange à la mienne, mais il faut bien respirer un peu. Un petit coup d'œil par-dessus son épaule me montre qu'on est pas encore tout à fait au sommet. Mais très vite tout mon attention revient à ma petite amie, qui m'entortille une mèche. À son tour de m'ouvrir son petit cœur et j'en frissonne. Les rumeurs... je cille, un moment ça bloque dans ma tête. Une nuit trouble à Tekhos et Suki en a pris pour son grade, la dépression d'une de ses soldates n'a rien arrangé. Cette idée en traînant une autre je sens que la prochaine à chercher la merde en bavant dans le dos de ma petite amie va prendre mon pied au cul ! Déjà qu'avant j'en mourais d'envie quand j'entendais qu'on parlais mal de mon idole, alors maintenant qu'on est en couple va falloir faire gaffe !

La première à faire l'erreur se prendra un pain et tout le monde sera prévenue... Ou pas. Ce que j'entends de la propre voix de ma Suki chéri fait résonner beaucoup de choses, comme une partie du puzzle se mettait en place. Mais surtout... Je n'arrive pas à croire ce que j'entends. Ça ne me choque pas, ça me surprend un peu, je ne peux pas m'empêcher de passer au travers. En fait je n'arrive pas à croire qu'elle puisse penser ce qu'elle dit. Bien sûr j'ai moins d'expérience qu'elle, mais mon expérience est si intense que j'ai déjà de très fermes conviction sur moi, sur nous deux, sur nous toutes, sur la façon dont l'univers tourne tout autour. Mais ça ne tient pas qu'à ce que j'ai vécu récemment, avant ça il y a des années d'entraînement. Il y a surtout la danse, mes pouvoirs si particuliers qui m'ont terrifiée et fascinée si longtemps, tout ce chemin avant d'accepter vraiment cette partie de moi.

Son amour inconditionnel et impérissable, qui ne faiblira jamais, ne vacillera pas d'un cheveux quoi qu'il arrive : ça non plus je n'y crois pas, je n'y croirai jamais. Comment croire que cette partie de nos vie restera intacte malgré les épreuves que nous affronterons ensemble ou chacune de son côté ? Pourquoi s'enfouir la tête dans le sable ? Pourquoi avoir peur de ces combats ? À mes yeux ils valent déjà la peine, bien plus que les autres... Que tout les autres. Je ne peux pas retenir le sourire qui étire mon visage, j'ai même peur de me déchirer la face ! Ce que je ressens est... magique, je ne vois pas d'autre mot. Sans faire exprès, sans même savoir, Suki m'a remis les idées en place mieux que personne n'aurait su le faire.

Ma première réponse, je la glisse à son oreille. Elle veut savoir si je la trouve collante ?

" Tu peux prendre l'habitude, Suki, parce que je voudrais que tu restes accrochée à moi comme ça pour toujours. "

On va devoir se cacher un moment auprès de nos sœurs d'armes et de nos supérieures, dont je prendrai bien une grande partie à coups de pompe au cul. Si on... Non : comme on tiendra le coup on sera bien forcées d'assumer un jour ou l'autre. Elle doit redouter ce moment alors que je l'attends déjà. On devrait pas, on le sait très bien, le putain de règlement : on le connaît. Mais qu'on vienne me forcer la main. D'un côté la femme que j'aime et le bonheur que j'aurai jamais fini de défendre et de nourrir. De l'autre des galons, une foutu médaille et quoi ? Ma petite culotte qui brûle pas ? Ça, tu vas pas en faire des cauchemars, ma fille ! C'est clair et net ! Est-ce que j'en serais capable ? Est-ce que je ferais ce que tout le monde me décrirait comme la chose à ne pas faire ?

Je suis la fille de ma mère, j'ai été la chose à ne pas faire... Et pas que pour elle : je suis aussi la plus grosse connerie qu'un putain d'enfoiré ait faite de toute son existence.

Je m'arrache à mes révélations pour remarquer qu'on arrive au sommet. Finalement le romantisme va en pâtir, et j'en fais sans doute trop. C'est plus fort que moi, je glisse les mains sous les épaules de Suki pour l'écarter doucement.

" Décolle-toi quand même une seconde, ma chérie. Faut que je te dise un truc important. "

Vite, debout avant qu'on redescende ! Je prend ses mains dans les miennes, me mordille la lèvre une seconde. heureusement que je suis conne et bourrine. Heureusement que je suis amoureuse aussi, parce que je nage tellement dans le bonheur que je ne doute pas une seconde. je relève les yeux.

" Ma chérie... Je crois que tu te plantes sur tout la ligne. "

Quoi ? J'étais sensée mentir sur ce que je pense ? Non, je ferais pas ça à la femme que j'aime. Je me tourne vers l'extérieur, l'entraînant avec moi. Caelestis est à nos pieds, ses îles étalées devant nous.

" J'ai énormément de choses à te dire, Suki. Des choses que j'avais peur de te dire il y a encore dix minutes. Et je te dirai tout, je te le promets. Mais d'abord... Tu te goures. On est pas de simples femmes comme les autres, et je dis pas ça parce que je t'aime. Depuis qu'on est gamines on se bat pour ne pas être comme les autres, on se battra encore aussi longtemps qu'on pourra. "

Je ne suis pas en train de lui faire un discours enflammé de recruteuse ou d'héroïne. D'ailleurs, les Zéroïnes... Elles m'ont mis du plomb dans le crâne, mais peut-être pas de la façon qu'elles voulaient. Les Zéroïnes, les Formiens, Mastermind, Rayka et tous les autres : ils croyaient qu'il suffit de parler et d'insister pour me faire plier ? J'ai pris et j'ai compris ce que je voulais. je reste calme et souriante, un peu frissonnante en revenant à ma belle blonde et à ses deux paires d'oreilles. Quoi ? C'est marrant de voir une fausse tigresse avec quatre oreilles.

" Nos hauts et nos bas son insupportables, Suki. Les autres craquent quand on tient, elles se résignent quand on se relève. Alors l'image et les rumeurs : si tu crois qu'on doit s'en soucier, moi je pense qu'on doit s'en foutre. "

Je resserre les doigts autour des siens, mon sourire s'est fait la malle quand j'ai pensé à une certaine connasse. J'ai hâte de voir sa photo rayée du tableau des ennemies publiques, que quelqu'un lui défonce sa gueule de poupée en porcelaine ! Je le ferai moi-même, ou je ferai tout pour que Suki ait sa chance.

" La seule chose qui m'intéresse vraiment sur ce qui s'est passé entre toi et cette salope de Warren, je la connais déjà : elle t'a fait du mal. Alors les rumeurs et l'image, on laisse les autres s'amuser avec... C'est déjà assez difficile d'assumer ce qu'on est et sauver des gens à la pelle. "

Je termine sur un sourire, et relâche ses doigts pour monter caresser à nouveau sa joue.

" Tu vaux mille fois mieux que dans mes fantasmes, Suki. Les autres peuvent raconter ce qu'elles veulent, pour moi tu seras toujours à la hauteur. "

Suki n'avait pas capté la blague? Pourtant ce fut son idée initiale mais bon, même en difficulté dans une situation inconnue, Suki avait su user de son mental et rester logique. Rinako pourrait surement lui apprendre à avoir un peu d'humour car elle en avait de l'humour, comme tout le monde. Mais le sien était... spécial. Mais si elle sait rester lucide, elle peut aussi partir en un rien dans un délire pas possible. Rinako n'aurait sans doute senti qu'un léger sursaut après lui avoir avoué qu'elle pouvait rester accroché à elle autant qu'elle veut. La cause était simple. Elle venait d'imaginer une scène où elles étaient dans cette position. C'est simple, elle venait de s'imaginer en robe de marier, poussant la porte de leur maison, chambre d'hôtel ou autres. Suki pendue au cou de Rinako pour passer leur lune de miel. Romantique mais elle n'avait pas vraiment pensé à cela? Elle se voyait comme une dominante dans un couple même si elle n'a jamais été en couple à part aujourd'hui mais... dans ce cas, elle se voyait porter Rinako en cas d'un éventuel mariage et d'une éventuelle scène comme celle-ci. Était-il possible qu'elle ne soit pas si dominante que cela et que pour certaines choses, elle tenait absolument à être la petite femme paisible au foyer? Possible... elle n'avait jamais vu cela sous cet angle mais bon...

Même quand vint le moment de la lâcher un peu, elle retrouva sa place à côté, elle aurait pu juste sourire en entendant son petit surnom – ma chérie – mais comme il s'agissait là d'une chose sérieuse, elle se taisait et écoutait bien gentiment. Ses mains dans les siennes, elle fut étonnée de la situation que ça prenait? Elle se plante? Planté? Oui, ça peut arriver dans quel sens? Elle savait qu'elle aurait dû la fermer que parler mariage! Ou alors c'est le fait d'être collante? Pire, elle ne veut pas d'enfant maintenant et devra faire une croix sur Holy? Oh bon sang, elle a rarement autant paniqué en une seconde! DES choses à lui dire, DES! Oh non, tout son beau tableau rose tombe à l'eau? Quoi? Elle parlait juste d'une petite erreur de phrase? Ça la rassurait un peu mais ce n'était que la partie visible de l'iceberg peut-être? Oui, elle savait que les Celkhanes n'étaient pas comme les autres, qu'elles libéraient les esclaves, elle savait ça mieux que quiconque mais si ce n'est que pour ça, pourquoi un tel cinéma? Elle devait rester concentré, si ce n'était que ça, Rinako le lui aurait glissé rapidement sans faire tout ça. Elle disait des choses vraies mais Rinako ne voulait quand même pas parler rumeur? Bien sur, elle se fiche des rumeurs, elles pouvaient dire qu'elle est stricte, frigide, nulle, que c'est un mec, nan! Faut pas abuser quand même. Mais Suki se fichait de tout ça, elle avait l'impression que ça, c'était à part de son alarme « couple en danger » qui raisonnait dans son cerveau.

Ses mains serraient un peu plus ses doigts, voilà la balle qui arrivait, est-ce que ça sera un coup fatal ou un tir raté? Tout cela pour une broutille ou bien une chose grave? Suki était assez inquiète depuis le début mais chaque problème qu'elle soulevait, elle les jetaient par-dessus son épaule pour le moment, pour elle, ce n'était pas LE problème. Finalement, la raison arriva en deux noms, Mélinda Warren! Oh c'est pas vrai! Cette connasse venait la faire chier un tel jour! Suki lui aurait avoué tôt ou tard tout cela, la seule erreur de son passé mais pas aujourd'hui bordel! Elle avait l'impression d'observer un champs de fleur. Elle était au milieu, tournant sur elle-même pour inonder ses yeux de pureté et voilà soudainement un cheval qui levait la queue et déchargeait sa merde! Voilà de quoi elle avait l'impression en entendant le nom de sa pire ennemi en ce jour béni. Mine de rien, ses paroles étaient réconfortantes. Parmi les rumeurs à ce sujet dans la base, il y avait du vrai et du faux comme dans chaque rumeur. Reste a trier le vrai et le faux. Malgré la mine inquiète qu'elle tirait depuis tout à l'heure, elle avait un début de sourire en observant Rinako dans ses yeux avant de venir l'enlacer dans un câlin. Ce n'était que cette pute qui la tourmentait? Elle s'en faisait pour elle, c'était si adorable. Tant de peur à cause de cette vampire mais ce n'était rien, du moins, c'était moins grave que ce qu'elle pensait.

« Rinako... merci de t'inquiéter pour moi mais... ne parlons pas d'elle, pas aujourd'hui. Je te raconterais tout un jour, ce qui s'est vraiment passé mais, je ne veux pas que cette journée ait une tâche comme celle-ci. »

Qu'elle reste dans son trou, Suki trouvera un fusil assez puissant pour lui loger une balle à des kilomètres et des kilomètres! Elle tourna sa tête vers une des vitres, voyant que peu à peu, le paysage revenait, la foule, tout ça, elles vont devoir descendre mais pas avant un dernier baiser, même petit. Elle passa sa main sur sa joue avant de coller ses lèvres contre les siennes pour partager un petit baiser qui ne perdait rien en saveur puis elle la regarda dans les yeux, voulant tirer un trait sur la vampire, pour aujourd'hui au moins. Qu'elle ne vienne pas gâcher sa journée quand même.

« On n'a même pas pu savourer le paysage tout la-haut, ça sera une raison suffisante pour revenir ici mais avant, nous avons des cadeaux à distribuer. »

Elle sourit avant de prendre son sac de peluche et quitter la cabine avec Rinako, plus amoureuse que jamais. Avant de quitter le parc, ce fut l'occasion d'acheter un ou deux cadeaux pour les plus grandes là-bas avant de rejoindre après de longues minutes l'orphelinat. Début d'après-midi, c'était la sieste pour la plupart des plus petites – dont surement Holy – et les plus grandes jouaient sans faire de bruit dans leur coin. En arrivant, une des employées souriait en voyant ses deux soldates arrivées mais plus encore en voyant le sac dans le dos de Suki, la grande peluche dans le dos de Rinako. Chacune choisira son cadeau bien sur, inutile d'offrir un truc qu'elles n'aiment pas. Mais si certaines curieuses arrivaient déjà vers elles, malgré un sourire pour chacune d'elles, elle laissait ce sac aux animatrices, elles devaient départager le tout, sauf l'énorme lapin, ça, c'était à elles de l'offrir. Et les leurs, faudrait pas offrir leur cadeau aux filles quand même. C'était Rinako qui l'avait gagné après tout, elle n'allait pas lui arracher le lapin pour l'offrir elle-même.

« Rinako, allons le lui offrir maintenant, toutes les deux. Nous pouvons la réveiller? »
« Qui ça? »
« Ho... la petite blonde qui ne me quitte plus quand elle me voit. »
« Oh, bien sur. De toute façon, je pense que vos cadeaux ne vont pas tarder à réveiller celles endormies donc une qui se réveille avant les autres, ce n'est pas un problème. Elle se trouve dans sa chambre habituelle. »

En théorie, elle pourrait avoir des copines dans sa chambre mais comme elle était une des dernières arrivées, elle avait sa propre chambre pour le moment.

Une tâche ? Je vois très bien ce qu'elle veut dire, mais sur le coup un frisson de malaise me balaie les épaules. Suki s'est faite avoir par une ennemie pendant une nuit et c'est une tâche. Quand je vais lui raconter mon histoire, la vraie, elle va se dire que c'est une marée noire ! Je comprends que ça lui pèse, qu'elle ne veuille pas en parler ou y penser. Elle comprendra peut-être quand elle saura. Bref ! Pour l'instant je parle trop. Mais c'est sa faute aussi ! Je suis tellement excitée, toujours angoissée, à moitié hallucinée. Mais bon, j'arrête pour l'instant.

En route vers la sortie du parc je me penche vers elle.

" J'ai déjà plein d'idées pour la prochaine visite, ma chérie. "

Maintenant que j'ai repéré le terrain je sais où tendre des embuscades romantiques à ma petite amie, et je lui laisserai pas une chance d'y échapper. Je crois même que si la prochaine fois on parle mariage il va y avoir de la vraie demande dans l'air. Les commandos d'élite sont sensées être les meilleures dans tous les domaines, pourquoi pas dans les escapades amoureuses ?

Direction l'orphelinat pour y larguer un paquet qui fera sans doute passer une bombe nucléaire pour un pétard mouillé. Les filles sont déjà survoltées quand elles ont de la visite, alors avec des cadeaux dans tous les sens ça va être l'anarchie. Les animatrices vont sans doute nous maudire un peu de débouler aussi tard. Et il y a une fillette en particulier qui... Qui me fait rire rien que d'y penser. En approchant de sa chambre, le gros lapin dans les bras, je donne un petit coup de coude à Suki.

" J'espère qu'elle va pas te garder et me laisser la peluche. "

J'ai beau en rire, cette petite tête blonde reste dans son coin, elle ne se mêle pas vraiment aux autres. J'ai un peu peur pour elle, peur qu'elle grandisse en se laissant faire et en se repliant sur elle-même. Plus de chaînes, plus de viols, mais à l'arrivée une fille tout aussi meurtrie et résignée. J'en ai fait assez pour aujourd'hui, et avec Suki je n'ai pas fini de remuer la vase. La mienne, mais je n'imagine pas une seconde que ça pourrait la laisser de glace.

Ma petite blondinette d'amour pousse doucement la porte de la chambre de la petite tête blonde qui la fait fondre. Et je dois bien avouer qu'elle me fait craquer, moi aussi. On entre à pas de loup, la gamine est allongée dans son lit, le dos tourné à l'entrée. Ça commence déjà à s'agiter dans les chambrées voisines, elle ne bouge pas mais elle ne me fera pas croire qu'elle dort. Par contre je ne peux pas m'empêcher de rougir avec un sourire en repensant à cette nuit.

" Sois pas jalouse mais je crois que j'ai trouvé une blondinette encore plus craquante que toi. "

Bien sûr je l'ai dit à voix basse, mais en me redressant je parle un peu plus fort.

" Dommage qu'elle dorme, on repassera plus tard... Suki. "

Et soudain la fillette jaillit de son lit pour filer comme un missile droit sur Suki. Elle se jette dans ses bras et je ne peux m'empêcher de penser qu'elles se sont vraiment trouvées, toutes les deux. On doit plus ressembler à des grandes sœurs qu'à des mères adoptives potentielles, mais elles ont besoin l'une de l'autre et ça crève les yeux. Ou je me fais encore des films ? C'est tellement beau de les voir toutes les deux. Il y avait un peu de ça dans mon sprint sur le mariage : on refuse moins facilement l'adoption à un couple. Les commandos ne sont jamais assurées de rentrer, mais d'un autre côté entre la solde et les primes on a de quoi élever très décemment une famille nombreuse.

Je m'approche avec ma grosse lapine, sa tête pelucheuse juste sous la mienne, et guide la papatte géante jusqu'à l'épaule de la fillette.

" Et nous, on peut avoir un câlin aussi ? "

C'est vrai que ça serait amusant mais elle craignait que cette situation n'arrive vraiment et ce n'est pas un lapin géant qui changerait quoi que ce soit. Mais elle espérait. Elle voulait profiter de cette étreinte qu'elle avait pris l'habitude d'avoir à chacune de ses visites mais elle espérait que son cadeau sera remplacé Suki en son absence. En arrivant, elle dormait comme un ange. Certes elle leur tournait le dos mais elle était sûre que sa bouille d'ange soit fermée et plongée dans un beau rêve. Suki ne serait pas jalouse, elle avait beau être amoureuse de Rinako, on ne trouve pas plus beau qu'une enfant assoupie. Puis Holy était si mignonne, elle serait bien plus belle si elle souriait mais jusque-là, Suki pouvait les compter sur les doigts d'une seule main le nombre de fois où elle avait souri. Mais après avoir perdu sa mère et avoir été violé, dieu sait combien de fois, comment voulez-vous que cette enfant souris comme n'importe quel enfant de son âge? Son innocence a été brisée par des mecs qui ne pensent qu'à l'argent et au sexe! Même pas la décence de laisser les enfants en dehors de leurs jeux pervers! Elle avait beau dormir, Suki serait capable d'attendre son réveil ou bien de la réveiller comme les autres. L'animatrice leur avait donné l'autorisation de la réveiller mais elle se sentirait coupable de la sortir de ce beau rêve. Si toutefois elle rêvait de ça? Mais à croire que Rinako avait réussi à la réveiller, elle bondit de son lit pour venir voir Suki, enlaçant ses petits bras autour de ses jambes avant qu'elle ne se mette à genoux pour la câliner à son tour.

Suki était belle quand elle était souriante, qu'elle retirait ces sourcils froncés qui étaient devenue une habitude qu'une menace. Mais pour les enfants, elle arrivait à redonner à ses sourcils, une forme normale. Son petit koala était de retour mais elle n'allait pas la porter tout de suite, elle se releva à peine pour s'asseoir sur le lit et caresses ses petits cheveux blonds. Elle avait sa combinaison de Celkhane blanche. Une combinaison entière, comme elle. Certaines demandaient à avoir les bras ou les jambes nues, se rapprochant plus ou moins su genre de tenue de Rinako mais depuis qu'on lui avait donné celle-ci, elle n'en voulait pas d'autres qu'on lui proposait. Sa petite amie s'approcha avec sa peluche pour la lui offrir, Suki restait souriante en regardant Rinako et la peluche, avec la tête d'Holy qui hochait sur le lapin et Rinako puis elle.

« Vas-y, prend-là, elle est pour toi cette grosse peluche... »

Suki avait déjà eu aujourd'hui des voix gênées ou timides face aux tentatives de Rinako mais quand elle parlait à cette petite, pas la moindre trace de méchanceté dans sa voix, la voix d'une Ange. Lâchant un peu la Celkhane, elle tendait ses mains vers la tête de lapin pour la rapprocher et la garder contre elle. La plupart de la peluche était par terre mais ce n'était pas grave. Elle caressa un peu sa peluche avant de lever ses yeux vers Rinako pour lâcher avec sa petite voix:

« Merci... »

Elle tourna la peluche pour mieux la regarder en face avant de sourire et de serrer cette dernière dans ses bras, comme n'importe quel enfant de son âge. Voilà qui faisait plaisir à voir. Elle avait peu de filles avec qui elle jouait de temps en temps ici mais elle espérait que jour après jour, elle fasse des progrès pour redevenir la petite fille joyeuse qu'elle devait être avant d'avoir atterri chez ses dingues. Suki la gardait sur ses cuisses et bien que son lit n'était pas grand, Rinako pourrait facilement se mettre à côté d'elle.

« Tu as fait quoi de bien depuis la dernière fois? »

Elle tendait son doigt vers la table de nuit avec dans son tiroir plusieurs dessins. C'est ce qu'elle semblait préférer faire ici, dessiner. La plupart montraient plusieurs enfants jouer, dessiner comme n'importe quel enfant de son âge le ferait mais ça se voyait. Certains personnages étaient très grands, surement les animatrices? Et parfois, il y avait elle et une fille toute jaune, de la tête aux pieds avec des cheveux jaunes aussi, elles étaient toutes les deux dessus.

« C'est moi, ça? » dit-elle doucement mais elle n'avait en réponse qu'un hochement de tête. Suki déposa un baiser dans ses cheveux avant de reprendre. « C'est très ressemblant en plus. »

Elle déposa le tout à sa place avant de la garder contre elle, sauf que cette fois, elle observa Rinako avec ce même visage qu'elle avait pour Holy. Elle ne disait rien, elle ne faisait aucun signe avec sa tête mais elle disait clairement, je veux l'adopter.

« Et tu n'as pas joué avec tes copines? »
« A la balle... puis au chat. Mais j'arrive pas, la corde à sauter. »
« Moi non plus je n'y arrive pas. Mais si tu essayes encore, peut-être tu arriveras à m'apprendre la prochaine fois? »

Et un nouveau hochement de tête de sa part. Bien sûr Suki savait faire cela mais elle pouvait bien laisser Holy lui apprendre quelque chose. Cela avait beau être qu'une sieste pour les plus petites en cette après-midi, elle la sentait encore un peu fatiguer à rester coucher dans ses bras comme ça, à moins que ce ne soit la peluche qui l'aide déjà à s'endormir? Mais elle tourna sa tête de façon à lever les yeux vers Rinako.

« Pourquoi t'es venue avec Suki? »

Oui, à part à sa libération, elle avait déjà vu Suki beaucoup de fois et Rinako, pas vraiment mais jamais toutes les deux ensemble. Faut dire que depuis une semaine, Suki avait eu qu'une mission longue alors que Rinako avait eu une grosse mission bien longue.

« De rien. »

Un tout petit merci, je n’en demandais pas temps. Je suis vraiment gâtée aujourd’hui. Suki est assise sur le lit, Holy confortablement tassée entre elle et son gros cadeau tout jaune et pelucheux. Elles sont tellement craquantes, toutes les deux ! Je fonds !... Et un frémissement tire mes pensées à l’écart du spectacle attendrissant que j’ai sous les yeux. Les dessins. Je ne dessine plus depuis que j’ai rejoint l’armée. À la mort de ma mère, selon la procédure normale, j’ai vu une pédopsychiatre à laquelle je n’avais pas fait de cadeaux. Trop triste et enragée je ne voulais rien dire alors elle m’a demandé de dessiner... Maman...

Un instant j’ai l’impression que tu vas passer la porte. Les cheveux encore mouillés en débardeur et gros froc avec l’odeur étouffante de la lessive et du gel-douche standards, tu me demanderais pourquoi j’étais pas en embuscade sur l’air d’atterrissage...

Le regard de Suki me ramène dans la chambre. Même si elle n’avait jamais parlé d’adoption je saurais ce qui fait briller ses yeux comme ça, et je souris d’autant plus largement que je suis d’accord. En fait, si ça dépendait de moi on serait déjà en route vers la fameuse maison de Suki avec Holy et sa grosse peluche... Et une corde à sauter, tant qu’à faire. Je souris en regardant la petite.

« Tu devrais plutôt lui apprendre à dessiner. »

Et un petit clin d’œil pour ma petite amie en espérant amuser le petit bout de chou. Ça en fait des petites choses, heureusement qu’on a l’énorme peluche pour garder un équilibre ! J’ai du mal à y croire mais Holy tourne ses grands yeux vers moi pour me parler ! À ce qu’il paraît elle n’en a vraiment que pour Suki, quand elle est dans les parages tout le reste passe à la trappe. Je souris d’autant plus et m’approche, puisque je suis invitée dans le tableau. Je viens m’accroupir à côté du lit pour passer une mèche derrière sa petite oreille, et lui chatouiller la joue au passage.

« Parce que moi aussi je voulais te voir. Et aussi parce que je vous ai à l’œil, toute les deux... »

Je fronce les sourcils, d’un air suspicieux tellement abusé que même pour la gamine je ne dois pas être crédible. Un petit coup d’œil de pure forme vers ma petite amie et j’en reviens à Holy.

« Ouaiiiiiis... Vous êtes des petites malines : si je fais pas attention Suki va rester ici et je vais repartir avec la peluche. En plus elle a déjà mis des fausses oreilles pour que je vois pas la différence. »

Pourquoi même à l’ère des holos et des poupées cybernétiques plus vivantes que nature les fillettes aiment toujours les clowns ? Parce qu’ils font mine de réfléchir pour passer pour des andouilles. Pour confondre des oreilles de lionnes avec des oreilles de lapin il faut vraiment pas s’y connaître. La blondinette blottie sur ma petite amie rougie et frémie, elle se retient de rire. Elle en veut une autre couche ? Mademoiselle est servie ! Je tourne mon regard ridiculement sévère en direction la grosse tête de lapine en peluche.

« Oui, Suki, je te surveille. Tu m’auras pas comme ça. En plus si je rentre à la base avec une peluche je vais encore passer pour une idiote. C’est pas gentil. »

Alors ? Qu’est-ce que je vaux en kitsune-clown ?

N'était-elle pas adorable? Suki pourrait rester comme ça à la blottir contre elle des heures entière, elle ne la dérangerait pas, jamais. Le dessin, la corde à sauté, à la balle, à la poupée, à la dinette, elle se laisserait volontiers porter par tous ses jeux auxquels elle aura envie de jouer. Rien ne sera de trop pour elle mais pour le moment, elle fantasme, elle n'était pas à elle, elle était une petite fille qui attendait de voir des femmes venir ici et craquer sur sa bouille d'ange. Et bien sur, vu commente elle est craquante, ça peut arriver très vite. Elle avait aussi peur de cela... Elle avait entendu dire que si une enfant refuse ses potentiels parents, elle pouvait rester encore un peu ici pendant que les animatrices lui faisaient comprendre que ça sera ses nouvelles mamans mais... est-ce une simple rumeur ou la vérité? Quoi qu'il en soit, c'était déjà étonnant qu'elle adresse la parole à Rinako mais pourquoi pas? Non seulement elle était là le jour où elle l'avait sauvé mais elle espérait qu'elle s'habitue vite à la voir. Suki ne voulait pas bousculer les choses mais elle voulait rapidement adopter Holy, être au moins bien en couple avec Rinako et déménager aussi. Vu qu'elle n'a qu'une chambre, elle ne risque pas de pouvoir adopter une enfant dans ces conditions. Mais si sa petite amie était d'accord, dès demain elle demande plus grande maison avec deux chambres!

Cette dernière faisait le clown pour faire sourire Holy, elle se retenait de rire la chipie mais elle riait quand même, bien que ça ne se voit pas tellement. Elle était si adorable comme ça. Les deux, Holy et Rinako.

« Alors qu'est-ce que je fais? Je rentre avec elle ou on lui donne ta peluche? »

Malgré quelques petits rires de sa part, elle ne répondait pas et regardait Rinako, surement en attendant une nouvelle blague? Suki baladait sa main sur son corps – surtout ses côtes – pour la chatouiller et la faire rire un peu. Une enfant, ça devait sourire et avoir le sourire, chose qu'elle semble avoir du mal à fournir. Mais ça se voyait qu'elle était toujours fatiguée et qu'elle espérait surtout dormir. Ce n'était pas encore la soirée mais elle avait dû bien se dépenser? Gardant sa peluche avec elle, elle observa de nouveau Suki en espérant comme d'habitude une bonne réponse mais...

« Suki, tu restes dormir avec moi? »

Cette question, Suki y était habituée avec elle mais elle était toujours aussi dure à entendre car elle connaissait la suite. Elle allait fondres en larme et pleurer de toute son âme pour qu'elle dise oui. Quand bien même elle pourrait dire oui, elle n'aurait pas le droit. Chaque enfant devait dormir seule dans son lit ou sauf cas contraire, avec une animatrice, en général si la petite est atteinte de terreur nocturne ou pour cause de maladie. Et Suki était une soldate. Elle passait sa main sur sa joue en la regardant tendrement mais... ça ne marchera pas, comme toujours.

« Je ne peux pas, tu le sais bien. »
« Mais siii! Reste! Je veux dormir avec toi! »

Elle lâchait déjà sa peluche pour jouer les koalas pour s'accrocher à son cou mais, voilà qui était trop tard. Elle pouvait tout lui promettre, elle voulait juste dormir avec elle mais Suki n'y pouvait rien changer, c'est ça le pire dans cette histoire. Accrochant ses mains autour de sa nuque, elle ne risquait pas de lâcher prise facilement, en général, les animatrices devaient l'éloigner d'elle mais... elle a rarement fait quelque chose de si dur à supporter... Elle commençait déjà à pleurer, Suki a essayé de la détacher, de la rassurer en même temps mais rien ne l'atteignait. Elle pleurait de plus en plus fort pour ne pas la lâcher mais... elle avait de plus en plus de mal à parler, sentant son cœur venir se loger dans sa gorge. Comment refuser ça à une enfant en mal d'amour? Elle était la seule qui lui redonnait un peu le sourire à chacune de ses visites mais elle devait la lâcher car elle n'était pas sa mère. Quand elle avait enfin réussi à la faire lâcher – rapidement, ce qui est rare –, elle ramassa sa peluche pour la lui donner, faisant en sorte qu'elle soit face à face avec sa nouvelle copine. Elle avait eu du mal à le sortir surtout à la voir pleurer comme ça et sa voix était si faible dans ce moment-là...

« Je suis... là aussi... »

Malgré une légère amélioration, elle prenait sa peluche pour pleurer sur elle, c'est à peine si elle avait réussi à déposer un baiser sur son front avant de quitter la chambre d'un pas rapide pour s'adosser contre un mur et se calmer du mieux qu'elle le pouvait. Suki plaquait sa main sur sa bouche comme pour se retenir de vomir mais elle voulait surtout retenir ses larmes et ses gémissements. Toujours pareille, elle était sur le point de fondre en larmes à son tour mais elle devait être forte! Mais ce n'est pas facile...

Je commence à me dire que je viens de faire une connerie en blaguant sur le sujet. La petite Holy a l'air d'y croire assez pour quémander une nuit avec Suki. En fait je trouve qu'elle se ressemblent, deux mignonnes petites blondes qui se sentent seules et rêvent d'être ensemble. Si c'était possible je ferait l'impasse sur ma première nuit d'amour avec ma petite amie pour la laisser avec son petit bout de chou. Ça me fend le cœur de les voir comme ça, je n'ose pas en placer une... ni sourire. Un jour prochain, le plus proche possible, Holy foutra le camp de cette chambre dans les bras de Suki. Bien sûr je serais là, pour taper les bagages et la grosse lapine.

Tout cela augure de grandes discussions entre nous. Je sais que Suki vient d'une famille de militaires, mais ses mères sont gradées dans une autre armée. Si elle... Si nous devenons les nouvelles mères de cette gamine, la pauvre se rendra compte que même hors de l'orphelinat nous ne pourrons pas lui consacrer tout le temps que nous voudrons. Le travail, les missions, un peu de temps pour nous deux aussi. Il faudra le préparer à ce qui l'attendra : l'une, l'autre ou les deux convoquées à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. L'une des premières choses que j'ai appris à faire toute seule est d'appeler la voisine pour qu'elle vienne s'occuper de moi, suivant les instructions de ma mère. Je ne me souviens pas l'avoir vue dans cet état même à l'époque où je m'accrochait en pleurant, elle n'était pas dure ou insensible pour autant. Est-ce que je serai à sa hauteur le moment venu ?

On verra bien. Sans vouloir pourrir intérieurement ce touchant tableau j'espère profiter de ma vie sexuelle avec ma petite amie avant d'avoir une enfant. Je n'ai pas honte à l'idée de tirer le maximum du temps qui nous sépare de l'adoption de la petite. Je suis une commando : je m'adapte aux circonstances. Le scénario parfait qui nous verrait rentrer à la maison comme une gentille petite famille n'étant pas envisageable on va déjà voir ce que les deux mamans valent toute seules... On va voir ce que je vaux comme petite amie, surtout. Suki finit par prendre la fuite et je la comprends, l'idée d'abandonner ce petit bout de chou en larmes me serre le cœur. Pour elle ce doit être encore pire mais je la laisse filer dans le couloir avant de rejoindre la petite fille sur le lit, qui serre sa peluche comme si elle aussi allait partir.

L'occasion est trop belle, pas de me glisser entre elles ou de faire ma place maintenant que je suis seule avec Holy. Je viens doucement caresser son petit bras et parler d'une voix douce.

" Elle voudrait vraiment rester avec toi, c'est vrai. Ça la rend triste de partir, à chaque fois. "

Je ne prends pas le temps de pousser le raisonnement plus loin, une autre blondinette a besoin de moi et celle-ci n'est pas vraiment en état de se farcir un sermon. Je dépose un petit bisou dans ses cheveux, son visage restant enfoui dans les poils de sa peluche.

" On reviendra bientôt, promis. "

Un dernière caresse sur son petit bras et je quitte la chambre à petits pas. En sortant je balaie bien le couloir des yeux pour m'assurer qu'il n'y a personne... Personne à part l'autre petite blonde bouleversée que je m'empresse de prendre dans mes bras. Encore une fois je ne fais pas dans les demi-mesures, je la serre contre moi pour la câliner, la décoller du mur afin de lui masser le dos et caresser ses cheveux. Mais je ne vais pas la laisser se morfondre. Je glisse les lèvres près de son oreille.

" Je dois t'avouer un truc, ma chérie. J'ai jamais rien vu d'aussi adorable qu'Holy et toi. "

Il faudra bien une mère sur deux qui ne lui passera pas tous ses caprices, et il y de grandes chances que ce soit pour ma pomme... si j'y arrive, parce que je me vois mal refuser la lune à ces grands yeux miroitants. On verra sur le moment, pour l'instant je surveille le couloir en espérant que ma petite amie aura le temps de se calmer. Je préfère ne pas en rajouter dans un sens ou dans l'autre. Mais il faut bien repartir. Je la garde contre moi, tournant doucement pour nous mettre dans la direction de la porte.

" Viens. On va se... "

Se prendre une bonne glace, histoire de faire passer son chagrin. Mais la cohue de gamines toute contentes de leurs peluches qui nous prend d'assaut m'empêche de finir ma phrase. Au moins on aura pas quitter l'orphelinat que sur des larmes.

C'était dur pour Suki de faire face à ses pleurs, ce n'était pas la faute de Rinako, ça serait arrivée tôt ou tard sauf si elle s'endort avant sans quoi, ce sont les animatrices qui auraient subi ses pleurs. Mais elle restait seule à se calmer comme elle le pouvait. Merde, elle avait laissé Rinako là-bas d'ailleurs? Elle ne doit pas savoir si elle doit laisser Holy seule ou rester avec elle au contraire? Quelle idiote! Heureusement, elle la fit revenir rapidement pour se diriger vers elle avant d'être prise dans ses bras, son dos caressé, de même que ses cheveux. C'était bon. Mais elle n'aimait pas savoir Holy si triste. C'était un caprice en quelque sorte mais dans cette optique, elle ne voulait pas laisser passer ça. Elle voulait rester avec cette enfant qui a perdu ses parents mais... les lois sont les lois. Caelestis est un endroit rêvé mais chaque tableau à ses erreurs, il est possible qu'il y ait des folles qui seraient prêtes à abuser d'une jolie petite fille après tout? Qui sait ce qui se cache derrière sa voisine? Elle était peut-être touchante avec Holy dans ses bras mais ce n'est pas cette belle image qui la fera stopper de pleurer ou qui fera en sorte que les autres la laisse partir avec la petite fille dans ses bras.

Elle passait ses bras dans le dos de Rinako à son tour mais elle ne disait rien. À quoi bon? Ça ne va rien changer et ça risque de faire remonter ses craintes et ses pleurs. Mais bien vite, les petites arrivaient toutes en même temps pour les remercier toutes la la fois. C'était bien mais elle aurait aimé voir le même sourire sur le visage d'Holy, qu'elle soit avec elles pour le dire aussi. Pas en pleurs. Elle essuya ses yeux rougis avant d'avoir un sourire, l'air de rien.

« De rien. Ça nous fait plaisir que vous aimiez vos cadeaux. Soyez sage, d'accord. »

Elle n'était pas d'humeur à s'attarder dessus et passa l'attroupement, une caresse sur la tête que quelques petites avants de rejoindre doucement la sortie. Elle n'oublia pas de prévenir qu'Holy était en pleurs, que l'une d'elles aille au moins tenter de la réconforter. Elle quitta l'orphelinat en saluant une dernière fois les petites avants de soupirer une fois dehors, prenant la main de Rinako. Au diable la gêne, elle avait besoin d'elle.

« Les seules fois où je n'ai pas le droit aux pleurs, c'est quand elle s'endort avant... »

Elle marchait avec elle, en y repensant un peu avant de se laisser guider aussi par Rinako pour une bonne glace, ça ne leur fera pas de mal en effet. Puis en dégustant cela, elle pouvait vraiment confirmer que sa petite amie adore ça, la glace! Elles ne parlaient pas de grand-chose en route à part quelques petites choses routinières. Puis Suki arriva enfin à sa maison, une petite maison classique, pas très grande mais elle était seule en même temps. Là c'était déjà plus intime que sa chambre à la caserne! Il n'y avait pas énormément de chose mais... il y avait des choses. Elle ouvrait la porte pour la laisser entrer chez elle, chez elles plutôt.

« Bienvenue chez toi, Rinako. »

Elle avait encore du mal à lui donner des surnoms. La peinture était blanche partout, bien rangée aussi. Sur la gauche, il y avait la cuisine assez grande mais pas petite non plus. En continuant tout droit, la droite laissait place au salon avec sa table ronde, le canapé avec la table basse. Un livre ou deux de jeux à faire comme des mots croisées à peine entamé, une armoire avec quelques livres et quelques films, essentiellement des films d'humour, des classiques et quelques films de guerre bien sur. Sa grande télé qui servait peu mais quand même, quelques bibelots en tous genres sur les meubles et sur les murs quelques photos.

Elle, bébé dans les bras de sa mère qui venait d'accoucher et sa seconde maman à ses côtés. L'une était blonde aux cheveux courts et la seconde avait de longs cheveux brun. Une autre sur la plage de Caelestis, plus petite qu'Holy, entre un et deux ans avec des petites couettes, assise dans le sable à côté de ses mamans dans un petit maillot de bain rouge à pois blancs. Elle n'avait pas encore cet air froid et strict, non, une petite fille comme une autre qui regardait dans la direction de la photo, la bouche un peu ouverte. Il y avait d'autres photos comme son premier jour à la grande école – la primaire – avec ses cheveux courts et son sourire ou le jour de son diplôme militaire avec ses parents, toutes les trois en salut militaire. Là on reconnaissait la Suki actuelle. Elle avait d'autres photos mais dans un coin de son salon. Elle resta entre le salon et la cuisine, voulant d'abord servir Rinako après tout.

« Tu veux... tu veux quelque chose à boire ou à manger? »

Elles avaient quelques petites choses au frigo après tout, elle lui fera la visite en même temps ou après, qu'importe. Elle était un peu embarrassée, c'est la première fois qu'elle reçoit quelqu'un ici en dehors de ses parents et qu'elle n'ait rien consommé qui soit alcoolisée.

J'ai beau penser à la pauvre petite Holy toute seule dans sa chambre voir toutes ces gamines ravies me rend le sourire. Ce n'est visiblement pas le cas de Suki, elle traverse la petite foule comme elle peut. Ça me rend triste de la voir dans cet état, mais je ne peux m'empêcher trouver ça merveilleux. Quand on ne la connaît qu'en tenue de combat un fusil d'assaut à la main, comment se douter qu'elle est si sensible ? Je la suis d'abord du regard, encore plantée au milieu des enfants déjà déconcertées par sa fuite. Elle ne doivent pas se douter de ce qui lui arrive, et je me retourne vers la source de son chagrin... Cette fois je souris pour de bon, la petite tête surprise d'Holy disparaît dans la chambre. Je suis vite rappelée par les gamines anxieuse de l'évasion précipitée de leur grande copine blonde.

" C'est rien, elle est fatiguée. On a beaucoup marché aujourd'hui.
- Hé ! Vous avez tué des monstres ?
- Ouais ! Il paraît que t'as été chez les Formiens ?
- T'a eu peur ?
- Heu... "

Je suis prise de court et je pense que ça se voit très bien, les animatrices ne sont pas mieux loties que moi. J'étire un grande sourire, toute rouge que je dois être.

" J'vous raconterai la prochaine fois, d'accord ? Suki m'attend ! Allez ! Faites pas de bêtise et à la prochaine ! "

Et je file à mon tour. Leur raconter... Ouais, si je trouve un moyen de taire les complots, les passages gores et les crises de folie furieuse qui forment un bon quatre-vingt-dix pour cent de l'histoire, les dix pour cent restant se résumant à la soirée au camp que je préfère oublier. Je rattrape Suki et m'arrête net un instant. Elle me prend par la main, comme ça devant tout le monde. Ma petite amie ! J'en frissonne de bonheur et serre doucement sa main dans la mienne pour la réconforter. Je m'abstiens de répondre. Qu'est-ce que je pourrais bien dire ? Elles ont tout aussi envie l'une que l'autre d'être ensemble, à quoi bon ressasser les évidences ? Et je serais bien capable de faire une bourde. Alors je sors la méthode universelle pour les peines de cœur : la glace au chocolat. Ça marche aussi pour les mamans, ou c'est que la mienne s'était faite plaquer pile quand je me suis retrouvée à l'hosto à moitié morte.

Le temps de flâner encore un peu sur le chemin histoire laisser descendre la glace, on arrive dans un quartier d'habitation tout ce qu'il y a de banal. Je scrute les maisons à peu près identiques les unes aux autres, je guette celle de ma chérie. Celle-là, avec des rideaux verts ? Non, je la vois mal faire de la déco d'intérieur. Les jardinières au bord de la fenêtre aussi : je crois qu'on peut oublier. Je n'ai qu'à me laisser guider mais je suis si excitée ! La maison de Suki, de ma petite amie ! Je frissonne plus : je tremble ! Pas sa chambre d'officier, sa vraie chambre dans sa vraie maison ! Bon, sa maison n'a rien d'exceptionnelle comparée aux autres. Ce n'est pas étonnant de la part d'une femme si discrète sur sa vie privée. Peut-être qu'à l'intérieur...?

Mais je ne rentre pas tout de suite. Je reste un instant plantée devant la porte, abasourdie. Rien de stupéfiant ne m'a sauté au visage, pas de détail bizarre qui me fait tiquer à travers la porte grande ouverte... Chez moi. Je crois que le raccord ne s'était tout simplement pas fait dans ma tête. Depuis le début je ne plante qu'un vague décor, ça ne comptait pas tant que j'étais avec elle, et avec Holy aussi. Mais soudain c'est le décor qui me tombe dessus. Sa maison, notre maison. Après toutes ces années cantonnée à la base dans chambre aussi sécurisée qu'une salle de test de réacteurs... Et même bien avant... J'ai une maison, la maison de ma petite amie, notre maison à toute les deux.

Tu vas pas rester plantée là comme un rosier, ma fille ! Bouge !

Mon souffle m'échappe alors que je passe timidement l'entrée. Je suis si nerveuse, d'un coup ! J'ose à peine regarder autour de moi comme si tout risquait de disparaître... Qu'est-ce que c'est grand ! Je n'ai pas l'habitude de ce genre d'endroits. Elle vit vraiment toute seule dans un tel espace ? Vivait ? Même à deux ça fait beaucoup plus que ce que j'ai pu connaître. Et c'est nickel ! Rien de penser à l'état dans lequel je laisse ma chambre. J'en ai pris pour mon grade plus d'une fois lors des inspections. C'est affreux, je lui ruiner sa jolie maison. Soudain mon cerveau repasse à la vitesse de croisière.

" Hein ? Quoi ? Non. Si ! Heu... "

Je rougie, je me mets à frissonner. Je sais plus où me mettre ! À mon tour de paniquer pour un rien. Allez, les neurones ! On s'active !

" Je... C'est que... Je commence à avoir faim.

On pas mangé grand-chose aujourd'hui, et les émotions ça creuse. Toujours aussi penaude je suis ma blondinette adorée dans la cuisine. Malgré moi je fais attention à ne rien toucher, ne pas frôler un mur ou un meuble. Mais petit à petit j'arrive au moins à mieux regarder ce qui m'entoure. La cuisine... J'ai jamais eu de cuisine, en tous cas pas aussi clairement définie. Tout près de ma petite amie qui s'attaque au frigo, je tend timidement la main vers le plan de travail. Incapable de m'en empêcher je retient mon souffle un instant avant le contact, puis me relâche avec un soupir de soulagement. C'est réel, et ça ne s'effondre pas quand j'y touche. Notre cuisine, notre maison... L'endroit où on va vire ensemble.

Je ne peux pas plus me retenir de sourire, je ne pense même pas à essayer. Ma main entière glisse sur le plan de travail, s'y plaque alors que je me tourne vers ma tigresse.

" Merci, Suki. "

Ça doit la surprendre, enfin j'imagine. Je ne suis pas très assurée, mais il faut dire que je me retient de lui sauter dessus pour la serrer dans mes bras en pleurant de joie.

" J'ai jamais... Ma mère était célibataire. On vivait dans un petit appartement... Et après j'ai... J'avais que ma chambre à la caserne... "

Ma gorge s'amuse à remuer, je lutte pour ne pas cligner des yeux parce que je sais bien que ça va couler. Depuis ce matin ça n'arrête pas, j'ai pas l'habitude d'être aussi heureuse. Je détourne les yeux. Je n'y voit déjà plus grand chose mais qu'est-ce que j'aime ce grand truc blanc et flou autour de moi ! Une maison, le rêve inespéré, alors que je n'ai plus de foyer depuis l'âge de huit ans. Et merde ! J'ai cligné ! Je sens les petites gouttes chaudes qui roulent sur mes joue. Je baisse la tête et lève une main devant mon visage pour cacher à quel point mon sourire tremble. Aucune chance que ça masque l'étranglement de ma voix, mais au moins je sens cette énorme boule remonter me laisser un peu de place dans la poitrine.

" Désolée, je... Je suis tellement contente... "

Voilà que Suki l'avait invité chez elle, sa petite amie! Si jamais ses parents étaient au courant de ça, elles seraient étonnées de leur fille unique mais pour le moment, inutile de penser à ses parents, elle ne devait penser qu'au confort de Rinako. Et ça tombe bien, cette dernière avait faim! Suki en cuisinait pas beaucoup, elle avait pris quelques cours avec ses parents avant de prendre son indépendance mais elle se débrouillait. Elle n'était pas un cordon-bleu mais avec une petite amie à la maison, elle peut dire adieux aux plats tout préparer, elle va faire des efforts et surprendre Rinako! Ou inversement? Est-ce que sa petite amie cuisine? Elle verra ça bien assez tôt. Elle ne va pas lui faire un bon petit plat mais ça ne coute rien de lui faire un petit sandwich! Elle ouvrait son frigo pour sortir du pain de mie et quelques petites choses. Un simple jambon beurre? Des crudités? Du poulet. Allez, elle devait deviner! Elle prit une tranche de poulet qu'elle coupa en plusieurs longues tranches peu épaisses, un peu de salade, une ou deux rondelles de tomate et un peu de mayonnaise? Ça devrait faire l'affaire? Sinon elle lui aurait sans doute demandé de mettre autre chose?

Quand elle la remercia, elle trouva ça normal, elle le prit même avec le sourire mais la suite, elle avait toucher la corde sensible sans y faire attention. C'était rare que Rinako parle de sa mère. Bon d'accord, elle n'ont pas passé des semaines ensemble mais même comme ça, elle le savait. Elle en apprenait un peu sur son enfance mais elle ne voulait pas en savoir plus si cela lui était pénible. Mais... que répondre à ça? Lui promettre qu'elles ne vivront pas dans un appartement dans un avenir plus ou moins lointain? Elle laissait le sandwich de côté en se rapprochant d'elle, qui baissait la tête. Sauf que Suki voyait bien ses larmes couler. Elle passe une main sur sa joue, essuyant au passage les quelques larmes avant de la blottir contre elle. Suki est plus petite mais de pas grand-chose donc ça va. Elle passe une main dans son dos, c'était à elle de la réconforter!

« Si ce sont des larmes de joie alors ça va. Mais je ferrais tout pour que ce ne soit pas des larmes de tristesse qui coulent sur tes joues. »

Elle prit le temps qu'il faut pour que ça aille mieux avant de lui tendre son petit repas. Elle en avait préparé un second pour elle puis elle lui prit la main, elle ne savait pas si c'était une bonne chose après avoir parler de son appartement étant petite mais il doit bien y avoir certaines choses qui vont lui redonner le sourire ici? Elle lui prit la main, l'éloignant de la cuisine et du salon pour s'enfoncer dans le couloir. Il n'y avait pas grand-chose mais ça restait une maison agréable. Elle ouvrit une porte qui menait vers la salle de bain. Une baignoire pas très grande mais assez pour essayer un bain à deux un de ses jours. L'inconvénient était que les toilettes étaient aussi dans la même pièce mais comme jusque-là elle était toujours seule, ce n'était pas un défaut ni une qualité. Près du lavabo et du miroir, il y avait quelques dalles fissurées, brisée, parfois en petits morceaux mais cela fait partie des cauchemars qui hantent Suki. Espérons que Rinako n'ait rien remarquer ou ne pose pas de question. Elle ouvrit une autre porte qui n'était qu'un placard avec plusieurs boîtes ou choses dont elle ne se sert pas. Remplis de souvenir qu'elle n'a pas vu depuis bien longtemps! Et enfin, la chambre! Plutôt spacieux, il y avait un grand lit bien fiat, au carré, deux petites tables de nuit bien qu'elle ne se sert réellement que d'une pour y stocker quelques dessins des petites qui le lui offrent. Un livre de chevet aussi et des lampes. Il y avait aussi un pistolet sous le matelas de son côté, on ne sait jamais qui serait assez fou pour lui en vouloir? Un placard pour ses tenues bien qu'il y ait quelques rares tenues différentes. Il y avait aussi une robe posée sur une chaise. Oui, une robe. Souvenir d'une mission avec Grand couillon, la Branleuse et les autres. Peu de décorations ici aussi, même pas un autre télé ici mais bon, ce n'est pas grave. Elle avait en guise de seule décoration une grande photo encadrée d'elle et de son bataillon.

« Notre chambre, mon... mon n'a... mon amour. »

C'était dur à sortir mais va falloir de l'entrainement! Même sa petite queue de tigresse et ses oreilles bougeaient en rythme, insistant bien sur le fait que c'est dur à dire. Pour ne pas trop se laisser tenter, elle retourna avec elle vers le salon où Rinako n'était pas aveugle et voyait bien ce qui se trouvait ici. Elle mangeait tranquillement, attendant des questions éventuellement de la part de Rinako. Elle n'avait pas beaucoup de règles ici, elle était stricte au travail amis ici, plutôt cool comme le diraient les jeunes de nos jours.