To Lud [Bast - Kimuko]

T’en souviens-tu ? De quoi te rappelles-tu ? Toute ta pensée n’est pas obnubilée par la tour qui pulse devant toi, par cette énergie vibrante qui fait trembler le sol. Alors que tu saignes, que la vie te quitte, des pensées te reviennent à l’esprit. Tu as du mal à voir, du mal à penser, mais, quant à te souvenir... Et ton esprit, naturellement, dérive, et tu te rappelles... Oui, la mémoire te revient. Tu te souviens, les images se reconstituent, alors que le temps semble t’échapper. La première fois... Tout n’avait pas commencé là, mais, pour toi, ce fut le premier départ. Gilead... Lud, la cité perdue... La femme-chat, et la kitsune hasardeuse... Tout te revient. Et, lui, surtout... L’Étranger Sans Âge, l’homme en noir... Il portait un nom différent, à cette époque. Différent... Tout aurait pu être différent. Il s’en était vraiment fallu de peu. Mais, parfois, ce « peu » fait toute la différence.

Pas vrai ?

*
*  *

Le soufflement du vent est la première chose qui te vient à l’esprit pour te rappeler cette scène. Le soufflement du vent, et le crépitement des flammes. Vous aviez traversé une longue chaîne de montagnes, et, naturellement, vous aviez froid. Du moins, sauf toi, car toi, tu es une Ange, habituée au froid. Mais tu n’irais pas jusqu’à prétendre que ce feu ne t’a pas fait du bien. Tu n’irais pas jusqu’à prétendre que tu n’appréciais pas son contact, que tu n’appréciais pas la délicieuse odeur sortant du plat. Vos dernières provisions y passaient, mais tout était terminé. Au-dessus de vos têtes, le soleil se couchait. Lud était enfin là. Pas l’un de vous ne parlait. Vous étiez tous plongés dans vos pensées, dans vos soucis, vos problèmes. Vos espoirs, ou vos sombres projets de machinations. Tu t’en souviens encore, mais tu as relevé la tête, pour les observer.

Le pistolero s’était relevé. Roland. Le Tekhan, l’héritier de Gilead. Il observait la ville depuis la butte, le vent faisant remuer sa longue cape, son chapeau de cow boy rapiécé, perpétuellement vissé sur sa tête. Près de toi, il y avait la femme-chat, Bast. Celle qui était en recherche de ses origines. Elle était à ta gauche. A ta droite, il y avait la kitsune, Kimuko. Et lui, tu t’en souviens ? Talbain le sauvage, le loup-garou qui vous avait rejoint en cours d’aventure. Tu reconnais également Obsidian, une femme qui parlait peu, et qui portait perpétuellement sur le visage un masque ne laissant paraître que ses lèvres Et, si tu commences à te souvenir clairement de chacun d’eux, il y en a un que tu n’oublies pas en particulier. Celui sans qui cette quête n’aurait jamais été possible. Celui qui vous avait tous rassemblés. A cette époque, il se faisait déjà appeler Randall Flagg, mais, toi, tu as pris coutume de choisir un surnom qui convient mieux à quelqu’un qui n’a pas d’identité : il est l’Étranger. L’Étranger Sans Âge.

Tous, vous êtes dans vos pensées. A quoi peuvent-ils bien penser ? En as-tu une idée ? A ce que vous avez traversé au cours de ces derniers mois ? A toutes les épreuves qui vous ont rapproché ? Toi-même, à cette époque, tu y repensais... Ou alors, étiez-vous préoccupés par Lud ? Dans le fond, ne ressentais-tu pas une sorte de nostalgie à l’idée que le voyage touche à sa fin ? Enfin, tu comprenais que le plus important, dans un voyage, n’est pas la destination, mais la manière d’y arriver. C’est presque tout le continent que vous aviez traversé à la recherche de cette cité perdue et désolée, qui semblait flotter dans l’eau, nimbée de magie. Lud, la cité magique...

Mais il faut que tu reviennes en air pour que nous puissions comprendre, il faut figer cette scène, même si c’est celle qui, dans le fond, t’a le plus marqué. Il faut remonter en arrière, avant les péripéties, avant la jungle, avant les chutes d’eau, avant le fleuve, avant les montagnes, il faut revenir là où tout a commencé... Et tu sais là où tout, véritablement, a commencé.

Nexus. Alors, disons adieu à ces gens fatigués, épuisés, qui semblent presque désabusés, mais habités d’un curieux sentiment d’espoir. Laissons-les à leurs rêves, à leurs envies, à leurs pensées, lissons votre dernier plat cuire, laissons les bouts de carottes brûler au milieu de morceaux de viandes et des herbes, ainsi que de la sauce, de cette nourriture qui vous ouvre l’appétit. Laissons là tout ça, et revenons en arrière.

*
*  *

Nexus, à cette époque, était une ville qui ne connaissait pas la crise. A cette époque, Tekhos n’avait pas atteint l’essor technologique qu’on lui connaissait. A cette époque, Ashnard était un Empire lointain, qui n’avait pas encore traversé le continent pour envahir la cité millénaire. A cette époque, Nexus était gouvernée par un puissant Roi, un illustre souverain, qui avait réussi à faire de Nexus une capitale mondiale de la culture, un centre économique. A cette époque, Nexus était la plus grande fierté de Terra. Toi, tu voyageais au milieu des docks, des ports interminables, tu entendais les mouettes voler, tu te félicitais de voir à quel point Nexus semblait moderne. Certes, il y avait déjà des esclaves, mais la guerre n’avait pas encore ravagé Terra, et il faisait bon se promener à Nexus. Les bas-fonds étaient très petits, le marché noir inexistant, la corruption faible. Il y faisait bon vivre, on entendait des artistes chanter, des troubadours, les crieurs publics vantaient les exploits du gouvernement. Certes, il existait bien des pauvres, des malheureux, mais rien de comparable à maintenant. Tu t’en souviens ? Oui, bien sûr. Il faisait bon vivre, alors, à Nexus.

C’est là-bas que tu as rencontré Roland et Flagg. A cette époque, l’auberge la plus en vue était celle du Crépuscule de la Mer. On y dégustait surtout des fruits de mer. Des crevettes, des huîtres, des langoustes, des crabes, et tout un stock de poissons. Toi, tu adorais les moules et les gambas. C’est d’ailleurs avec ça qu’ils t’avaient accueilli. Roland parlait alors peu, et, sur le coup, tu ne savais quasiment rien de plus sur lui que son nom. C’était Flagg qui te parlait.

« J’ai cru comprendre que vous recherchiez du monde pour aller à Lud. »

Lud était une cité magique, les vestiges d’une ancienne civilisation avancée, et, à cette époque, elle suscitait bien des envies, même parmi les Anges. Toi, tu savais que c’était une cité empreinte de magie, et les mystères de sa disparition t’intriguaient. Cependant, la première difficulté se posant avec Lud était de savoir où elle était, dans la mesure où il s’agissait d’une cité flottante. Elle dérivait donc sur l’eau.

« C’est exact, te répondit-il Je suis Randall Flagg, diplômé de l’académie de magie de Nexus. Je monte une expédition pour rejoindre Lud. Lui, c’est...
 -  Roland, répondit l’homme, ses yeux indiscernables sous le rebord de son chapeau. Je cherche aussi Lud. »

Il ne dit rien plus, tandis que Flagg t’avait parlé. Il t’avait expliqué que Lud intriguait l’académie magique de Nexus, et que le conseil avait voté pour que l’un des membres honoraires de l’académie se rendre sur Lud, afin de monter une expédition.

« Je pense savoir où trouver les cartes susceptibles de conduire à Lud, la cité des rêves. Il paraît que tous les rêves peuvent s’y accomplir. N’est-ce pas formidable ? »

L’annonce avait été déposée dans l’un des panneaux réservés à l’affichage public. C’est comme ça que tu avais été au courant, tout simplement. Tu ne répondis rien. Exaucer tes rêves... Il y a bien longtemps que tu ne crois plus en ce genre de futilités. Tu ne t’intéresses pas aux gens qui regardent tes ailes. Ce n’est pas tous le sjours qu’on peut voir un Ange, et, pour l’occasion, tu avais fait l’effort de te vêtir un peu, même si tu étais habillée de manière très légère. Tu es une Ange, une femme à la peau endurante. Tu n’as pas besoin d’une armure qui ralentirait tes mouvements.

Du moins, à l’époque, c’est ce que tu croyais.

Nous sommes à Nexus, plusieurs siècles avant que l’homme qui se tienne devant toi ne te condamne à mort, et ne tente de remodeler toute la Création.

[Mettre du Stephen King c'est très osé J'adore ]

Qui était elle ? C'est l'idée qui l'avait frappé à son éveil. Elle s'était éveillé près d'un lac, en province, nue. Son reflet dans l'eau lui avait rappelé certaines choses, en fait, beaucoup mais si peu à la fois. Elle savait qu'elle avait des pouvoirs, comme le fait de savoir communiqué avec les félins et transformer une partie de son corps en une arme implacable. Elle savait aussi qu'elle n'était pas humaine, mais rien que son reflet lui révélait cette information.

Ce qu'elle ne savait pas, c'est qui elle était. Elle sait qu'elle a une mission de très grande importance, mais quoi donc ? Tout ce mystère et ce vide dans son esprit la torturait à l'intérieur de son âme. Ne pas savoir qui on était est déjà pénible, savoir qu'en plus, on a une chose extrêmement importante à accomplir... Alors qu'elle était toute à ses considérations, un homme s'approcha, son sourire graisseux et sadique indiquait des intentions peu recommandable...

"V'là ti pas une nouvelle esclave à vendre. Allez viens là ma minette, tu va voir j'uis gentil..."

Quelques minutes plus tard, après lui avoir administré une bonne correction et libéré sa marchandise enchaîné à sa carriole, la dame chat était toujours en pleine interrogation : Visiblement, son identité ne reviendra pas seule, elle doit partir en quête de celle ci. Il faut qu'elle laisse faire le destin, celui ci lui accordera de retrouver ce qu'elle a perdu ou lui donnera une nouvelle identité jusqu'à sa mort. En attendant, il faut qu'elle s'habille, cela ne lui dérangeait guère de rester nue, mais si il lui fallait donner une leçon à tout les hommes sur sa route pour pas qu'il la prenne pour un objet sexuel, cela l'ennuyait. Ce n'était pas épuisant, juste lassant et ennuyeux. N'ayant rien de décent dans la carriole ( à part des équipements qui laisserait encore plus supposer qu'elle n'était qu'une esclave de plus ) elle prit les vêtements de l'homme. A présent vêtue d'un long manteau sombre ( sans rien dessous ) qui cache totalement son corps hormis son visage et ses oreilles, elle s'était installé au poste du cocher et s'était mise à suivre la route jusqu'à la ville la plus proche.

Après un court périple de deux jours, elle arriva à une ville immense. On lui appris qu'il s'agissait de Nexus, la capitale de ces terres, de ce monde. Elle abandonna son véhicule et son attelage au plus offrant et vendit sa cargaison à un homme louche. La voilà avec un bon petit pactole pour bien commencer sa nouvelle vie.

C'est alors qu'elle l'aperçu... Créature à l'air terrible mais angélique à la fois... Et un sentiment impératif lui disait "Là, voilà où doit te conduire ton destin. Suivre cette créature...". Alors, elle se transforma en siamois imposant. Aussi belle et gracieuse que si elle était divine, mais aussi grande et forte qu'un enfant tigre. Elle suivit la créature ailée, discrètement. Elle s'attabla avec deux personnes, une sorte de cowboy et un homme étrange, en cape noir et emblèmes sur sa tunique. Le premier, avare en mot, était nommé Roland. Un nom simple, mais élégant. Le second parlait beaucoup mais semblait érudit, il se nommait Randall. Avant que la créature ailée ai parlé, la chatte décida de faire son apparition, toujours sous sa forme animal pour faire son petit effet une fois qu'elle jugera le moment venu.

Sautant soudainement sur une chaise vide, à la gauche de l'Ange, elle posa une patte avant sur la table, comme pour commander à boire et sommer les autres de participer à la réunion, là maintenant, tout de suite. Et le tout en plongeant son regard dans celui de la créature ailée, sans fléchir.

Hmmm... Encore une belle journée qui commence ! Le ciel est bleu, juste quelques petits nuages ça et là. Le temps idéal pour faire des farces ! Ça faisait longtemps que je n'en avais pas faites, et comme la situation s'était calmée, autant en profiter !

Jusqu'à il y a peu, des bande de ronins s'étaient constituées dans les bois environnants. Ils s'attaquaient aux habitants du village, ce qui m'avait mise en rogne. On ne touche pas impunément aux gens de mon village ! Et pour qu'ils le comprennent bien, je les avais traqués tous, un par un. Ça a prit du temps, mais ils ne méritaient pas mieux.

Donc, j'avais été bénie, remerciée, tout ça tout ça, mais maintenant, les choses devaient reprendre leur cours normal, et pour moi, ça se traduisait par faire de bonnes petites blagues !  Je quittais le temple où j'avais élu résidence, revêtant une apparence plus humaine. Et je rata une marche.

Eeeeyh, c'est quoi ce cirque ? C'est pas une marche que j'ai ratée, je suis carrément tombée dans un trou, là ! Un trou bizarre, d'ailleurs... J'ai l'impression de voler dans un ciel étoilé. C'est plutôt joli, en fait... Je vois plein d'étoiles, plein de planètes... Et j'en oublie qu'à la fin d'une chute, il y a atterrissage.

Je m'écrase sur une surface dure, dans un fracas infernal. Aïe, ça fait mal, comme arrivée ! Bon, je ne crains pas m'être cassé quelque-chose, mais quand même... Bon, je ne vais pas rester comme ça indéfiniment, hein, on va penser à bouger un jour. Je passe donc en position accroupie.
Alors, voyons voir... Je suis sur une table, dans ce qui ressemble à une auberge. Jusque là, ça va. Seulement, personne ici ne ressemble aux habitants de mon village, ni à aucune autre personne que j'ai pu voir dans mon existence. En tout cas, tous me regardent, à commencer par les 3 personnes qui étaient assises là. La plus proche, qui me fait face, est une jolie femme blonde, qui me renvoie mon regard de ses yeux bleus, dans lequel je voie de la surprise. Elle a aussi une magnifique paire d'ailes blanches dans le dos. Ça alors ! Je ne savais pas que ça existait, les tengu blancs !

Attend un peu... Il y a quelque-chose qui cloche. Son odeur n'est pas celle d'un tengu. Je m'approche d'elle pour sentir un peu mieux son odeur. Bizarre... C'est une odeur que je ne connais pas. Je la regarde, l'air interrogateur.

" Tu es qui toi ? Tu n'es pas un Yokai, et pourtant tu n'es pas humaine non plus ? "

Tu connais le pouvoir des rétrospections, l’influence des « si »... Si seulement tu avais su, à cette époque, ce qui se tramait, si seulement tu avais été moins... Moins bornée. Oui, c’est bien le mot qui convient. A cette époque, tu croyais encore qu’on pouvait simplifier l’univers, le catégoriser en des groupes bien distincts : les Anges, les Démons, et les autres, cette troisième catégorie formant une masse indistincte influençable par les deux premières catégories. Pourquoi voulais-tu Lud ? Tu le savais très bien, mais tu ne pouvais pas exposer toutes tes raisons aux deux humains. Non pas que, à cette époque, tu éprouvais déjà des doutes à leur égard, mais tu estimais, tout simplement, que ça ne les concernait pas. Lud était, à tes yeux, une ville dangereuse, qui abritait une faille démoniaque résultant de la grande guerre, un endroit que les démons pouvaient exploiter pour venir dans ces plans. Il fallait atteindre Lud pour surveiller ce portail, tout simplement. C’était aussi simple que ça. A aucun moment, tu n’espérais que cette ville magique, cette ville qui était jadis légendaire, t’offrirait d’immenses pouvoirs. La puissance ne t’importait guère. Seule comptait ta volonté de faire en sorte que les plans intermédiaires ne deviennent pas moins impurs.

Alors que tu réfléchissais, tu te mis à tourner la tête, en voyant... Une chatte ? C’était un beau siamois au pelage noir, qui avait posé l’une de ses pattes sur la table, comme s’il voulait commander quelque chose. Le pistolero, Roland, ne dit rien, se contentant d’être plongé dans ses pensées, tandis que Flagg tourna sa tête vers le chat.

« Vous avez de curieux animaux de compagnie... »

Lui aussi le sentait ? Ce chat n’était pas un simple chat. Tu le sentais, et ce n’était pas que sa posture qui le disait. Mais aussi ce que tu percevais de lui. D’étonnantes vibrations magiques. Intriguée, tu penchas l’une de tes mains vers lui. Il ne se mit pas à fuir, comme un chat normalement constitué l’aurait fait, et tu le pris sur tes genoux, le caressant légèrement, frottant tes mains le long de son pelage. Les chats faisaient partie de ces animaux que tu avais toujours bien apprécié. Ils étaient majestueux et tendres, fiers et câlins. Tu frottais celui-là le long de son échine. Face à toi, Flagg ne disait rien.

« Allons au vif du sujet, Flagg. Vous dites que vous avez trouvé des... »

Tu ne pus terminer ta phrase, car, au même moment, quelque chose tomba depuis le plafond. Tu levas les yeux, et vis une espèce de femme s’écrouler sur la table. Roland fut le premier à réagir, témoignant que, malgré son état silencieux, il était sur le qui-vive. Il avait pointé son pistolet vers la tête de la femme, tête qui était tournée vers toi. Elle se mit à quatre pattes, et se rapprocha de toi, te... Te reniflant. Tu reconnus indéniablement une kitsune, qui avait l’air assez naïve, mais dont tu pouvais – et tu étais sûre que Flagg, à ce moment, le pouvait aussi – percevoir la force.

« Tu es qui toi ? Tu n'es pas un Yokai, et pourtant tu n'es pas humaine non plus ? » lâcha-t-elle, sur un ton étrangement familier.

Sa remarque te fit sourire, tandis que Roland relevait son arme, réalisant que la femme n’était pas une menace. Intriguée, tu levas la tête, ne voyant rien. Aucun trou. Elle avait du passer par l’une de ces failles dimensionnelles qui, parfois, se formaient.

« Je suis Yehaël, kitsune. Ange de la Pureté. Le terme de tengu ne m’est donc pas adapté. »

Tu tendis ta main vers elle, lentement, l’autre continuant à caresser le pelage du chat, et tu frottas délicatement la joue de cette dernière. Flagg se racla alors la gorge, manifestant ainsi sa présence.

« Il semblerait donc que nous soyons au complet. Cinq membres, c’est un bon début pour une expédition de ce genre. Mais peut-être faudrait-il que nos deux inconnues daignent se présenter ? Bien que je vais me répéter, je m’appelle Randall Flagg. Je suis un magicien émérite de l’Académie magique de Nexus, et j’organise une expédition vers Lud, la cité perdue légendaire. Cet homme qui est à côté de moi est un pistolero de Gilead, le sieur Roland. Peu loquace, mais efficace. »

A cette époque, tu n’avais pas encore compris. Et Roland non plus. A cette époque, tout ce que tu pensais, c’était que tu aimais bien ce chat sur tes cuisses, et cette kitsune qui avait l’air un peu excentrique, débarquée d’on ne sait où. Pourtant, ce fut bien comme ça que tout démarra, que tout se déclencha. Ce n’est pas spécialement le début que tu aurais imaginé, mais, parfois, la réalité réserve ses propres surprises.

L'ange la prit sur elle et commença à la caresser tranquillement pendant que la discussion continuer son cours. Le Bavard commença alors a la scruter tout en laissant planer le doute sur sa nature. Serait elle démasquée alors qu'elle n'a presque rien fait encore ? Peut être bien, et dans ce cas là, son instinct qui lui hurlait qu'elle devait suivre cette Ange était tout à fait justifié ! C'est à ce moment là qu'une autre ange tomba du ciel... ou du plafond... Sans l'éclater, l'écraser ou l'abimer en quelques façons que ce soit... Serait ce une faille dimensionnelle ? Et comment connaît elle ce concept fort étrange et mystérieux ?

Réaction automatique du pistolero qui dégaina et qui mettait immédiatement en joue la petite nouvelle qui ne se laissa pas démonter. Celle ci se rapprocha de l'ange. Sans changer de forme, Bast se crispa et se prépara à décapiter la créature, hybride entre l'humaine et la renarde blanche. Elle avait la peau drôlement blanche et soyeuse et émanait d'une force délicieusement divine. Mais semblait être aussi puissante que l'Ange ou moins. Elle renifla l'Ange avant de lui demander qui elle était. Excellente question. Les présentations débutèrent donc et l'Ange n'était autre que Yehaël, celle qui représentait la pureté. Intéressant. Elle devait avoir une mission, sans aucun doute. Rendall se présenta alors à nouveau, ainsi que Roland et déclara que leur groupe de CINQ personnes était à présent prêt.

Comment ça cinq personnes ? Bast compta. l'Ange, la petite renarde, les deux hommes.

...

Bon tant qu'à être grillé, elle se redressa et d'un bond souple, elle grimpa sur la table sans la faire tanguer avant de s'assoir sur son postérieur pour regarder le magicien dans les yeux. Il devait être puissant ou dangereux, alors autant se plier. Elle entrouvrit sa petite gueule avant de laisser échapper quelques mots.

"Ben je suis une chatte. Que voulais vous que je sois ? Bon je peux me transformer aussi, mais sinon j'ai rien de bien spécial... Ah si, je suis un peu plus rapide que votre homme et je pense être aussi forte que tout les hommes présent dans ce bar."

Elle haussa ce qui lui pouvait lui servir d'épaule avant de regagner la chaise qu'elle s'était désigné, à gauche de l'Ange et tapota du coussinet sur la table tout en faisant un signe de la tête à un serveur, ou un barman.  Ou quelqu'un servant des trucs, on s'en fiche, là elle avait soif.

"Un verre de lait de brebis s'il vous plaît. Et du bien fort !"

Elle regarda la tablée et fit un petit signe de l'oreille à la renarde avant de prendre une lueur plus aimable dans le regard. Jetant un oeil à l'homme mystérieux au revolver rapide mais à la main qui l'était bien plus.

Je penche un peu la tête sur le coté. Un ange ? Connais pas, moi. Mais Yehaël, c'est joli comme prénom, quoiqu'un peu étrange. Puis l'homme avec l'etrange robe prit la parole.
J'ai rien compris aux noms, mais j'ai compris qu'il était question d'un voyage pour découvrir des choses. Chouette ! Exactement ce que j'adore !

Puis le chat, que je n'avais pas vu, monte sur la table, et se met à parler. Ça alors ! Serait-ce un Bakeneko ? Je m'approche pour en avoir le cœur net, comme avec l'ange. Mais non, son odeur n'est pas celle d'un Bakeneko, ni même d'un Yokai. On dirait plutôt un Kami, mais avec des différences, et surtout, plus puissant. Bizarre...
Tant qu'à faire, je vérifie l'odeur des deux autres personnes. Le premier, avec son drôle de chapeau, est un humain ordinaire. Quant à l'autre...

Kimuko se fige. Cette odeur n'est pas normale. Il y a des relents de quelque-chose de sombre, de mal. Ses yeux scrutent l'homme, ou plutôt, cette chose se faisant passer pour un homme. Puis l'odeur disparaît. La kitsune hésite...

Bah, j'ai du m'imaginer des trucs, après tout, ce n'est pas vraiment mon monde ici. Et puis, il y a ce voyage, ça a l'air excitant ! D'un bond souple, je descends de la table, puis me retourne pour faire face aux autres personnes.

" Moi c'est Kimuko ! Je suis une Yokai Kitsune. Et j'adore découvrir des nouvelles choses ! "



[HRP : petite précision, le passage à la troisième personne indique le changement de caractère de Kimuko, comme décrit dans sa fiche]

Une chatte qui parle... Encore un peu, et tu te serais crue dans l’une de ces contes pour enfants, ces contes merveilleux, où la logique n’a plus de place, et où tout est potentiellement réalisable. Allais-tu voir des théières se mettre à chanter en harmonie avec des tasses de thé, maintenant ? Tu te surpris à un léger sourire, alors que la chatte se remit sur la table, parlant à Flagg, d’une voix féminine, mais assez... Miaulante. Du moins, c’est comme ça que tu l’aurais résumé. La chatte alla ensuite, avec une espèce de dédain qui semblait caractéristique de cette fière race, se poser sur la chaise à côté de toi. L’autre femme, arrivée de manière impromptue, se présenta comme Kumiko, une kitsune yokai. Ce simple mot signifiait qu’elle venait d’un monde où les Terranides n’étaient pas nombreux. Lequel, tu n’aurais su le déterminer. En revanche, tu étais alors assez surprise de voir que le fait de débarquer dans un monde inconnu ne semblait nullement choquer cette femme. Était-ce à cause de toi ? On disait que les anges avaient, par leur bonté naturelle, le pouvoir d’adoucir les mœurs, et de tempérer les peurs. Vrai ou pas, Kimuko s’était mise à vous renifler, probablement une manière d’appréhender son environnement. Au fur et à mesure de tes voyages, tu découvriras que les Terranides ont en effet un odorat très développé.

« Moi c'est Kimuko ! Je suis une Yokai Kitsune. Et j'adore découvrir des nouvelles choses ! »

Un léger sourire traversa les lèvres de Flagg, qui avança l’une de ses mains pour caresser la tête de Kimuko, entre les deux oreilles.

« Voilà bien une chose dont je ne doute pas, lui sourit-il. Les Terranides sont par nature aventureux et curieux de tout. Je vous encourage à prendre place auprès de notre petite compagnie, avant que les serveurs ne s’inquiètent de voir une femme assise sur une table. »

Flagg semblait être l’incarnation de la bienveillance, de ces mages un peu vieux qui voyaient les autres avec un œil paternaliste. A cette époque, tu ne pouvais pas te méfier de lui, tu ne pouvais pas deviner ses réelles intentions, et ce dont il était capable. Personne ne le pouvait. Sa malice semblait égaler celle de Satan, le Malin. Randall s’imposait naturellement comme le dirigeant de cette expédition. Les serveurs vous amenèrent des boissons, et tu te contentas d’une bouteille d’eau. Tu étais une Ange, après tout.

« Bien... Maintenant que les présentations, certes sommaires, sont faites, nous pouvons aborder le cœur du sujet : l’objectif de la quête, et le paiement. Comme vous le savez peut-être, les principales guildes de Nexus ont rédigé ensemble une charte qui fixe de manière conventionnelle l’ensemble des dispositions concernant les quêtes. Une quête est ainsi une sorte de convention, juridiquement reconnue, et encadrée. La quête de Lud n’est pas de mon fait personnel, entendons-nous bien sur ce point, mais émane d’une décision collégiale de la part de l’Académie de Nexus. »

Tous ces atermoiements juridiques t’ennuyaient déjà. Contrairement à d’autres Anges, comme Bath Kol, tu n’avais jamais été portée sur l’érudition. Cependant, tu savais que, à cette époque, Nexus était une cité mondialement reconnue, et dont sa lueur se répandait partout, jusqu’à la lointaine et dangereuse Ashnard, sans oublier cette nation en voie d’émergence, Tekhos. A cette époque, les dirigeants nexusiens avaient une forte activité législative, tournant autour du commerce, et de tout ce qui se rapprochait, comme les quêtes. Nexus était terre d’aventures, de guildes, et d’aventures farfelues. Devant les nombreux abus, les dirigeants avaient ainsi établi des règles. Flagg était dans son rôle, tout simplement. Il sortit un papier de sa poche, et le présenta. Il portait le titre « CONVENTION DE QUÊTE », et il y avait, en fin de page, l’emplacement réservé aux signatures. Roland et lui avaient déjà signé. C’était une sorte de parchemin qu’on pouvait enrouler.

« Je vous en prie. Lisez et signez. Ne prenez pas cette convention à la légère, elle nous autorise, en tant qu’aventuriers officiellement reconnus, à nous aventurer dans des endroits où, en temps normal, il nous faudrait solliciter des autorisations administratives, dont les formalités sont assez ennuyeuses à obtenir. »

Tu considéras le papier avec suspicion. Il comprenait des termes juridiques, un véritable assemblage de phrases longues et complexes. La rémunération se composerait du « butin acquis », ce qui n’avait pour toi aucune importance. Tu signas donc rapidement, et Flagg récupéra ensuite le papier, une sorte de rouleau de parchemin, avant de le ranger.

« Bien... Cette petite formalité faite, notre but est de trouver Lud. Lud est une cité qui présentait un niveau technologique très avancé, et qui, d’après les différentes informations que mes élèves et moi avons pu glaner dans les bibliothèques, était une cité flottant sur l’eau, sur une espèce de grosse plateforme. Il y aurait eu, à un moment, une terrifiante tempête, qui aurait sabordé les piliers de la plateforme. L’origine de cette tempête est sujette à discussion. Pour certains, la tempête aurait eu des conditions météorologiques, mais d’autres chercheurs parlent d’un gigantesque monstre de mer, « Léviathan », qui aurait attaqué Lud. Toujours est-il que, depuis cette période, Lud suscite bien des fantasmes, en raison, justement, de son haut niveau technologique. C’était une ville qui avait un fort commerce maritime. Elle utilisait des appareils pour s’enfoncer dans les profondeurs océaniques, et y trouver des gisements précieux, et elle se livrait à une sorte de piraterie étatique, ce qui, comme vous vous en doutez, entretient le fantasme d’un trésor. »

Il but un peu, reprenant son souffle. Tout en lui était réussi. Il avait la voix d’un orateur, d’un professeur qui enseignait dans les amphithéâtres.

« De nombreuses expéditions ont eu lieu pour trouver Lud, certaines financées par les gouvernements, d’autres non. Les Tekhans se sont notamment montrés les plus désireux de retrouver Lud. Mais la cité, jamais, n’a été retrouvée. A tel point que certains affirment qu’elle aurait sombré.
 -  Comment comptez-vous la retrouver, alors ?
 -  Il existe des cartes nautiques. Lud, voyez-vous, n’était pas une cité figée sur place. Elle se déplaçait, et plantait ses piliers près de zones exploitables. Et les nombreux navigateurs de Lud avaient avec eux des cartes nautiques pour pouvoir suivre le déplacement de Lud. Je pense que Lud n’a pas sombré, et je pense qu’elle s’est égarée le long de sa trajectoire. A l’aide de cartes nautiques, et en recoupant la trajectoire de la ville avec d’autres informations, je pense être en mesure de localiser avec plus ou moins de précision la cité magique.
 -  D’autres informations ? Lesquelles ?
 -  J’ai mené mes recherches, notamment pour me renseigner sur les tempêtes, afin d’essayer de trouver celle qui aurait détruit Lud. J’ai trouvé plusieurs cataclysmes atmosphériques qui pourraient correspondre, et que j’ai indiqué sur cette carte. »

Flagg sortit un autre rouleau de parchemin, et, en le déroulant, dressa une carte du monde. Il y avait de grands cercles rouges ici et là.

« L’itinéraire de Lud me permettra de savoir où chercher, et devrait nous permettre de trouver Lud. »

Il laissa la carte sur place pendant quelques secondes. Son plan avait l’air sensé, et, même à cette époque, tu ne doutais pas de la méticulosité de cet homme. Flagg ne laissait rien au hasard, à tel point que, avec une vision rétrospective des choses, tu te demandais s’il n’avait pas, par tu ne sais quel moyen, anticiper la présence de cette mystérieuse fausse chatte, et de la kitsune.

« Des questions ? »

Le serveur mit un petit moment à lui apporter sa boisson. Visiblement, ils ne trouvaient pas de bol ou attendais que ça refroidissent. A moins qu'ils n'attendent que leur boisson se transforme en fromage, mais pour ça, la déesse sous sa forme de chat n'avait pas que ça à faire. La fille renarde à poil blanc se présenta à son tour, elle se nommait Kumiko. Elle serait un avatar de dieu japonais ou quelque chose d'équivalent. Décidément, on ne recrute que des champions ici, c'est fabuleux. Entre l'ange impassible, la yokai un peu fofolle et animal, le cowboy bourru hyper réactif et le magicien capable de voir les individus sous leur véritable nature, il y avait du niveau. Et si elle était la plus faible ? Elle, juste chatte humanoïde ? Elle était forte, mais à quel point ? N'avait elle pas un peu trop enrobé le paquet pour se mettre en valeur ? Que de questions... Mais qu'importe, on lui apporta enfin sa boisson.

Alors qu'elle lapait avec délicatesse le divin fluide animal au goût bien prononcé, on lui proposa de signer un bout de papier. Ce qu'elle fit en y imprégnant une empreinte de patte, frissonnante à cause du liquide froid et noire presque indélébile. De ce qu'elle entendait, Lud semble avoir été détruit il y a fort longtemps, du coup, elle se demandait en quoi elle pourrait bien être lié au destin de l'Ange à sa droite. Bah, après tout, elle s'occuperait ainsi. C'est ça, ou un autre travail plus salissant ou dégradant. Après avoir finit son bol, elle le poussa sur le côté d'un coup de patte.

"Oui, est ce qu'il y a un sac assez grand pour que je puisse voyager dedans ?"

Oui elle était paresseuse, mais on ne gagne rien à ne jamais rien demander.

Le monsieur avec la cape me caressa entre les oreilles, j'adorais ça ! Je pousse un léger ronronnement de contentement, et lui donne un coup de langue sur la joue, pour le remercier.
Par contre, il dit que je suis un terranide. C'est quoi ça ? Je suis un Yokai, pas un terranide ! Même sans savoir ce que c'est, je suis sûre que ça n'a rien à rien à voir avec moi. Enfin, j'aimerai lui faire la remarque, mais il ne me laisse pas le temps. À la place, il sort un rouleau de parchemin, qu'il nous demande de signer, expliquant que c'est un contrat d'aventure. Drôle de truc. Mais comme tout le monde digne, je fais pareil. Ou plutôt, j'essaie, dur de tracer des kanjis avec une plume. J'ai l'habitude du pinceau, moi !

Monsieur Flagg, si je me souviens bien, explique alors le but du voyage. Tout ce bla-bla me fatigue déjà... À la place, je m'intéresse aux boissons, pour finalement gouter un jus de fruits que je ne connais pas, mais qui est très bon. Puis je regarde un peu autour de moi, les différentes personnes, ce qu'elles font... Finalement, à part le style vestimentaire, il n'y a pas grande différence avec mon Japon à moi. Je me demande si il y a matière à farces, ici aussi...
J'allais mettre ce projet en application quand j'entends Monsieur Flagg demander s'il y a des questions. Ça tombe bien, j'en ai une !

" Oui oui, moi ! C'est quoi un terranide ? Parce que moi, je suis un Yokai, et je suis sûre que ce n'est pas pareil !
Et sinon, on part quand ? "

A l’époque, le ridicule de cette expédition t’avait effleuré l’esprit. Donnons-nous le temps des premières impressions, car, après tout, elles fondent l’opinion définitive, et reviennent toujours à notre esprit. Pausons-nous donc un peu, et détaillons ce qui constituait ta première véritable quête en compagnie de ce qu’il convient d’appeler, au sens large et générique du terme, les humains. Un mystérieux mage qui avait l’air tiré de ceux dont on faisait les contes de fées, un énigmatique homme renfrogné avec une arme à feu, ce qui, à l’époque, était rarissime. Une chatte qui parlait, et une yokai énergique qui ronronnait, et qui venait de débarquer du plafond. On en rirait presque, hein ? Mais toi, tu connaissais peu de choses de ce monde, comme de tous les mondes et de tous les plans inférieurs. Tu te félicitais de voir que les démons étaient peu nombreux, et qu’Ashnard, l’Empire démoniaque, restait en retrait, et suscitait les pires rumeurs. L’Empire paraissait tellement éloigné des terres riches et glorieuses de Nexus. Tout était tellement différent à cette époque, autant pour toi que pour Terra. De ce monde, tu te rappelais surtout tes combats incessants pendant des siècles contre les démons. Il n’y avait rien, aucune ville, rien d’autre que des tribus ici et là, des sanctuaires angéliques, et des temples démoniaques, dont il ne reste guère plus trace.

Les deux femmes t’entourant posèrent chacune une question à Flagg. Le mage avait entre les mains une chope de bière, et buvait cette dernière avec appétit. Oui, il avait vraiment l’air de ces mages à la barbe grisonnante qui aidaient les jeunes guerriers, les protégeant de leurs dangers. Si Tolkien avait déjà écrit à cette époque, tu aurais dit qu’il était une sorte de Gandalf, et, en ce sens, tu n’aurais jamais été aussi éloignée de la vérité. Mais il faut se replacer dans le contexte, comme à chaque fois qu’on se livre à une introspection, afin de mieux comprendre les différences entre le moment présent, et la manière dont on interprète ensuite ces évènements, à la lumière d’autres évènements.

« Oui, est ce qu'il y a un sac assez grand pour que je puisse voyager dedans ? »

Flagg haussa les épaules, reposant sa chope, et tourna son regard vers la chatte.

« Son Altesse désirerait-elle un porteur ? ironisa-t-il. Vous avez des pattes, il faudra marcher... Mais vous pouvez aussi prendre votre apparence humaine. »

Tu esquissas un léger sourire. Comme toi, il ressentait l’aura particulière de cette chatte, qui était tout, sauf une simple chatte. Malheureusement, à cette époque, tu manquais encore d’expérience pour percevoir son aura divine, d’autant plus qu’elle-même ne devait pas en avoir conscience, à ce moment. Il reporta ensuite son attention sur Kumiko, buvant encore un peu.

« Oui oui, moi ! C'est quoi un terranide ? Parce que moi, je suis un Yokai, et je suis sûre que ce n'est pas pareil ! »

Elle ne laissa pas vraiment le temps au mage de répondre, avant de poursuivre :

« Et sinon, on part quand ? »

Flagg sourit, et lui répondit assez rapidement :

« Un Terranide... Hum... C’est un terme assez générique, qui, de manière générale, désigne toutes les espèces parahumanoïdes, c’est-à-dire les espèces humaines qui ont des attributs animaliers... Comme les nekos, ou encore les yokai. C’est un terme relativement académique, que les universitaires emploient pour des raisons scientifiques. Pardonnez-moi s’il vous a froissé, ce n’était nullement intentionnel. »

C’était un terme que tu ne connaissais alors pas, mais tu savais que Terra était un monde très riche, avec de nombreuses espèces. Lors de la grande guerre, ce monde avait fait l’objet, en raison de sa forte concentration magique, d’une opposition féroce et acharnée entre tes frères et les démons. Flagg, de son côté, récupéra le parchemin, étudiant les signatures, puis enroula à nouveau le papyrus, le faisant disparaître dans sa longue tunique de magicien.

« Nous pouvons partir dès que vous le souhaitez. Il nous faut trouver un certain Jack Langford.
 -  Il détient les cartes dont nous avons besoin ?
 -  Non, mais il sait où les trouver. Pour ça, nous devons prendre un navire qui nous conduira à Alapor, à la mer de Jade. Langford nous y attendra. Si vous n’avez plus aucune question, nous pouvons aller aux quais. »

Tu n’en avais personnellement aucune. A dire vrai, tu ne ressentais rien d’autre qu’une forme latente d’excitation remonter le long de ton corps, à l’idée de partir à l’aventure. Tu n’avais pas vu ceux qui, dans l’auberge, vous observaient, depuis que vous parliez de Lud. Des individus qui restaient dans leur table, discutant silencieusement entre eux. Tu étais encore bien trop naïve, bien trop pure, dans tout ce que la pureté signifiait.