Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Le coup de filet [VV]

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Archie

E.S.P.er

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 30 vendredi 01 mars 2013, 03:51:17

Les galeries, un lieu qui ne met personne vraiment à l'aise, pas même Vincente, qui se méfie des éventuelles mauvaises rencontres que nous pourrions y faire. Je ne sais pas comment elle fait pour se fier aux sens de son hermine, pour ma part, je me contente d'être particulièrement vigilant sur un plan télépathique. Je devrais moi-même être capable de détecter des individus qui s'approcheraient de nous. Heureusement, à part la trace diffuse de quelques rats errants, et un animal plus gros, sans doute un chat sauvage, je ne capte l'esprit d'aucun être vivant. L'obscurité, dissipée uniquement par la lumière du cristal ocre, rend l'ambiance à la fois inquiétante et intimiste. Je me demande, amusé, comment elle réagirait si je lui prenais la main. J'y renonce : elle doit être suffisamment stressée comme ça, retrouver son chemin dans ces tunnels n'est pas chose aisée. Puis nous sortons par une sortie identique à la dernière fois. Elle m'adresse de nouveau la parole.

-Alors ce n'est pas la légendaire double V qui fait la loi chez-elle ? je réplique, malicieux.

J'avais déjà remarqué depuis un temps l'autorité qu'exerçait l'autre fille, Lena, sur l'ensemble de la bande. Quand Vincente sort, ce qui doit arriver assez souvent, ce doit être elle qui s'occupe de gérer tout ce monde. Si même les voleurs se mettent à respecter un emploi du temps, maintenant... Cependant, jusqu'à demain soir, même en comptant le trajet du retour, ça fait déjà pas mal de temps à passer. À passer ensemble. Enfin, c'est probablement que la liste des choses à faire est plus longue qu'elle en a l'air.

Nous marchons. Si ne nous sommes pas dans les bas-fonds, les quartiers que nous traversons ne sont pas très riches pour autant. Nous passons dans une large rue, qui doit servir certains jours de place pour un marché secondaire. Les choses à y voler ne doivent pas manquer. Je suis toujours pas très rassuré, ses explications ne m'ont pas tout-à-fait convaincu : les gardes sont peut-être des pleutres pour leur grande majorité, mais, j'en suis la preuve, certains chasseurs de primes peuvent être particulièrement coriaces. Surtout que les 3000 pièces d'or de la récompense peuvent en faire lever plus d'un. Je dois me faire une raison, Vincente aime vivre dangereusement. J'espère simplement qu'avec moi, cela devient, justement, un peu moins dangereux. Je m’attelle à sonder les esprits des moindres passants, m'attendant à tout moment à ce que derrière une apparence anodine se cache un redoutable tueur à la solde de la garde. Je n'en détecte pas un seul. Je suis peut-être paranoïaque.

Soudain, ma partenaire tourne, s'engouffrant dans une ruelle périphérique. De là, elle dégage au sol, recouvert par un tonneau, ce qui ressemble à une plaque d’égout scellée. Adroitement, elle fait tourner entre ses doigts certaines vis, et le pavé de fer coulisse sur le côté. Elle se saisit, sans que j'ai vraiment le temps de les apercevoir, de quelques bijoux. Je fais le guet, pas très sûr de moi.

-Alors ça y est, je suis officiellement complice de recel... je murmure, sans en paraître très affecté. Je crois que ma conscience va supporte ça. Je souris.

Je n'arrive toujours pas vraiment à me dire que Nexus est mon monde, et ainsi, ses lois me passent un peu au dessus de la tête. Sur Terre, faire une telle chose m'aurait probablement révolté, sur Terra, cela me trouble à peine. Vincente remet la plaque et le tonneau en place, et nous repartons. À mesure que nous marchons, la qualité des rues et des façades m'indique que nous nous rapprochons des quartiers plus aisés. J’aperçois, sur le côté, une échoppe où un homme se fait tatouer sur le bras un symbole que je ne connais pas.

-Tu as déjà pensé au tatouage ? De là où je viens, les, hm, bandits, ont souvent un signe distinctif de ce genre.

Je ne me souviens pas avoir vu quelque-chose de semblable sur son corps, que j'ai eu -il faudrait sans doute que j'arrête d'y penser- largement l'occasion d'observer, mais j'ai peut-être raté un élément déterminant.

Vincente Valentyne

Humain(e)

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 31 vendredi 01 mars 2013, 18:08:07

Je sens Archie tendu. Il se montre hyper-attentif à son environnement, craignant un danger chaque fois qu'un passant nous croise. Bon, c'est vrai qu'il n'a pas tord d'être ainsi sur ses gardes, mais à être trop méfiant, on finit par attirer la méfiance. Il faudra que je lui en touche deux mots...
Je l'emmène à ma cache, une trappe dissimulée dans laquelle quelques bijoux, fruits de mes larcins récents, et dont j'espère bien tirer quelques pièces. J'entends Archie faire un commentaire sur le fit qu'il se rendait complice d'un délit, ce qui me fait sourire.

T'en fait pas, c'est comme tout. La première expérience est marquante, après c'est juste une question de temps pour que ça devienne une habitude.

Puis nous nous remettons en route. Ma destination est les hauts quartiers de Nexus, là où est installé Asul, mon receleur. En chemin, Archie me désigne une boutique de tatouages, me demandant si j'avais déjà envisagé la chose. Là d'où il vient, c'est chose courante, en tout cas.

Ici aussi. Mais c'est avant tout un symbole d'appartenance à un clan, à une guilde... En tout cas, pas de ça pour moi, tant que ça impliquera de rester immobile pendant plus de deux heures : trop risqué.

Je continue mon chemin, bifurquant dans une série de ruelles, jusqu'à déboucher dans une impasse. Nous y sommes, Asul est juste là. En fait, pour les non-initiés, comme c'est le cas d'Archie, il n'y a rien, juste un escalier et une porte. Mais telle est la volonté d'Asul.

Officiellement, Asul n'a pas d'existence. Pourtant, il est surement une des personnes les plus célèbres de la cité. Dans la Nexus des ombres, du noble le plus haut placé au brigand le plus miteux, tous connaissent Asul. Dans une ville agitée par les complots et les guerres de territoire, Asul s'est imposé comme zone neutre. Un pari impossible, qu'il a pourtant réussi. N'étant d'aucun camp, il agit comme intermédiaire, informateur, receleur, et bien d'autres rôles encore. Mieux encore, il assure ces services avec une qualité experte, ce qui le rend terriblement influent. En temps normal, une telle personne aurait été intégrée de force à un camp ou un autre, quand elle n'est pas tout simplement tuée. Pourtant, Asul a très peu d'ennemis, ou en tout cas, très peu en état de lui nuire.

Sans hésiter, j'entre dans la battisse. Asul est juste là, assit à un bureau, et semblant lire quelque ouvrage. Le vieil homme semble avoir l'age de la ville, ce qui est peut-être vrai. Personne ne se souvient d'une époque où Asul n'était pas présent, pas même l'ancien le plus vénérable. Une véritable chape de mystères entoure Asul. Qui est-il, d'où vient-il, comment obtient-il tout ces renseignements, et comment se débarrasse-t-il de ses ennemis, … Tant de questions qui seront à jamais sans réponse.Vêtu d'une robe bleue nuit décorée de symboles argentés, son visage indéchiffrable n'offre aucun élément marquant, que se soit sa bouche, son nez, ses yeux verts ou ses cheveux touffus, absents sur le sommet de son crane. Pourtant, et en dépit de son apparence anodine, personne n'ose s'en prendre à lui.

Pour une raison connue de lui seul, il m'a prit sous sa protection lors de mes débuts. J'ai pu ainsi évoluer librement, sans avoir trop à craindre des foudres des guildes de voleurs ou des coteries de nobles. Aujourd'hui encore, il s'arrange pour limiter les avis de recherche à mon nom, et désigner des cibles plus prioritaires que ma personne. La rumeur, persistante, veut que cette protection soit due à des faveurs sexuelles, volontaires ou forcées. Lui prétend que je suis la fille qu'il aurait toujours voulu avoir. La vérité restera sans doute un éternel mystère, comme le reste...

Comme je m'avance, il lève les yeux de son livre, et se livre à une courte gymnastique oculaire. Sans parler, je lui réponds par un exercice similaire. Il prend alors une clochette qu'il fait sonner. Une des bibliothèques pivote alors, révélant Ludivia, la jeune terranide-chat chargée de l'accueil des visiteurs, et de les faire patienter le temps qu'Asul les rejoigne. Pourtant, lorsque je franchis le pas de cette porte dérobée avec Archie, Asul se lève et s'engage à notre suite.

Nos débouchons dans un salon à la décoration feutrée et sobre, mais meublé de façon à être agréable. Quelques fauteuils, un divan, une table basse, et un grand buffet plus loin, forment le mobilier de la pièce. Sans cérémonie, je prends place dans un fauteuil pendant qu'Asul fait de même.

Et bien et bien, ma fille, je ne pensais pas voir un jour avec un compagnon !

Je me fige. C'est vrai que j'ai entrainé Archie dans mon quotidien de voleuse sans lui demander son avis. J'étais tellement bien en sa présence, et elle me semblait tellement naturelle, que je n'ai pas réfléchis une seule seconde. Il a surement mieux à faire, où en tout cas, peut-être ne veut-il pas être mêlé à tout ça. Je lui jette un regard confus, essayant de connaître ses intentions.
Yukio Onoki
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Archie

E.S.P.er

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 32 dimanche 03 mars 2013, 00:45:59

-Reste à savoir si c'est une bonne habitude, alors !

Je ne suis pas sûr que ce soit le cas, mais je refuse d'y voir autre chose qu'un jeu. Je me demande si, si elle avait exercé le métier d'assassin, je l'aurais suivi aussi aisément. À ce que j'ai pu lire sur les avis, elle n'est pas recherché pour meurtre, alors ça ne doit pas trop être dans ses habitudes... à moi qu'elle le cache bien. Accompagner une voleuse, je crois que j'aurais pu tomber sur bien pire, plus violent, plus immoral. Peut-être, si nous coopérons un peu plus longtemps, je pourrais essayer de la diriger vers autre chose. Elle ne manque pas de talent, d'intelligence, d'adresse. Il doit y avoir des activités moins dangereuses et tout aussi lucratives auxquelles elle conviendrait tout autant. Rien d'évident ne me passe par la tête. Tant pis, je continuerai de garder un œil ouvert.

Les chemins que nous prenons me sont pour l'instant inconnus. Pour l'instant seulement, car à mesure que nous avançons, ma mémoire retient tout ce que mes yeux voient, enregistre l'emplacement des bâtiments, la nature des boutiques, le visage des habitants. Enfin, c'est un cul-de-sac auquel nous aboutissons. Je comprends, malgré l'apparente insipidité du lieu, que nous sommes arrivés. Je lance ma télépathie sonder les éventuels esprits présents. J'en détecte un seul, celui d'une femme ; les pensées qui la traversent sont un peu différentes de ce que j'ai l'habitude de lire, pas dans leur contenu, mais plus dans leur couleur. J'en conclus qu'elle n'est probablement pas tout-à-fait humaine. Rien d'agressif ne semble nous attendre derrière cette mystérieuse porte.

-Asul est une femme ?

Je suis un peu perplexe, persuadé de l'avoir entendu penser à son receleur au masculin. Cela prouve bien que je ne suis pas à l'abri d'une erreur d'interprétation, surtout lorsqu'il s'agit de lire un esprit aussi vif que le sien. Il semblerait qu'elle est parfois un peu dure à suivre, aussi bien physiquement que mentalement. Je hausse les épaules : c'est un détail.

Un détail par rapport à ce que je découvre en rentrant. En face de nous se dresse un vieil homme, qui dans son apparence n'a rien de surprenant. En revanche, là où devrait se trouver une trace, même infime, de ses raisonnements, il n'y a rien. Pas la moindre pensée diffuse suggérant qu'il se serait assoupi. Je fronce les sourcils, alors que la femme que j'ai, elle, bien détectée, est appelée. Nous nous approchons, ma méfiance est maximale. Je connais quelques personnes, à Seikusu, dont j'ai été incapable de lire l'esprit, car ils me rejetaient avec violence ; je les évitais soigneusement. D'autres encore parviennent, je ne sais comment, à me faire oublier après coup ce que j'y ai trouvé, du moins je le déduis car ce sont les seules parties de ma mémoire qui sont floues. Lui, il est simplement absent du plan psychique. Je fronce les sourcils, puis je me reprends. Vincente a l'air calme, elle le connaît à l'évidence bien. Elle ne peut pas se rendre compte de son étrangeté. Il pose une question qui la gêne, mais c'est sur un tout autre point.

-Je profite juste de l'honneur qu'elle me fait en me tolérant à ses côtés, je ne lui suis pas très utile...

J'ai pris l'initiative de lui répondre, d'un ton poli et effacé. Je m'efforce de paraître le plus inoffensif possible, et surtout de cacher ma paranoïa qui va croissante à mesure que les scénarios se montent dans ma tête. Je choisi d'en faire part à Vincente : autant qu'elle soit au courant. Je concentre ma télépathie, puis je formule mentalement quelques phrases distinctes. J'ai rarement recours à ce procédé, parce qu'il est plus difficile et plus effrayant qu'une simple parole, néanmoins, mes mots doivent clairement résonner à son esprit :

Fais attention, je n'arrive pas à lire ses pensées. Il n'a pas l'air dangereux comme ça, mais je ne peux pas anticiper ses actions. Je vois deux explications possibles, soit c'est un télépathe d'une puissance incroyable, soit c'est une machine.

Une troisième possibilité me vient en tête. Ce pourrait aussi être un cadavre. Je préfère l'écarter pour le moment.

Vincente Valentyne

Humain(e)

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 33 lundi 04 mars 2013, 02:55:41

Je sens la peur en moi. J'ignore de quoi, j'ignore pourquoi, mais je sens cette peur. Peur de ce qu'Archie pourrait dire. Quelles paroles pourraient pourtant me faire peur ? C'est insensé. Et pourtant, c'est ce qui est en train de se passer.
Finalement, Archie sort une phrase relativement anodine. Je me rends compte alors que j'ai retenu ma respiration jusque-là. Pourtant, mes craintes ne diminuent pas. Au fond, je n'ai pas de réponse à mes questions. Je sens qu'Archie n'a pas tout dit, qu'il a encore des choses à cacher. Et c'est la nature de ces choses qui m'inquiète. Quand j'y pense, j'ai le sentiment de ne pas vouloir savoir ce que c'est, de les laisser là et de les oublier.

Je suis tellement obnubilée par ça que je manque de rater la voix d'Archie. Pourtant, celui-ci ne parle pas ! Il me faut un temps avant de comprendre qu'il utilise ses pouvoirs pour me parler directement dans ma tête. Le sujet de son inquiétude, à l'opposé du mien, manque de me faire pouffer de rire. Visiblement, la nature d'Asul l'angoisse. J'essaye de formuler ma pensée en phrases.

* Je ne sais pas qui est Asul, mais j'ai confiance en lui. Et j'ajouterai qu'il y a des secrets qu'il vaut mieux laisser dormir... *
- Alors, en quoi ce vieil homme peut t'être utile, Vincente ?

Focalisée sur Archie, j'en avais oublié le motif de ma venue. Je sors de mon sac les bijoux récupérés tantôt, et les pose sur la table. Asul en ramasse un, l'examine attentivement, puis fait un signe à Ludivia. Sans un mot, la terranide récupère la marchandise, et part dans la pièce à coté, pour estimer la revente, et la part qui me reviendra.

J'en profite pour interroger Asul au sujet des évènements dans l'est des bas-fonds. Évidemment, le vieil homme est au courant. Il semblerait que le trafic d'enfants soit revenu à la mode... Mais pourrait connaître un déclin rapide, un ami d'Asul ayant perdu la vie dans les affrontements. Je suis rassurée : si Asul s'en occupe, aucune chance de voir ces actes se reproduire, et pour longtemps.

Finalement, après avoir discuté de tout et rien avec le vieil homme, Ludivia revient avec une bourse bien garnie qu'elle me remet, toujours silencieusement. Puis nous quittons la demeure. Sur les marches, je fais le point. Plus exactement, il y a maintenant un point que je voudrais éclaircir. Et la personne qui pourra me fournir les réponses est toute proche...

Résolument, je m'enfonce dans les hauts quartiers. J'y ai récemment installé une planque, ça fera l'affaire pour ce qui va suivre. Mon objectif est une bâtisse reconvertie en réserve. Si la plupart de l'espace est occupée, il y a  un espace sous les combles qui lui est laissé à l'abandon, car inexploitable. Mais que j'ai pu investir, en ménageant un accès via le toit.

J'arrive en vue du bâtiment en question. La tension monte en moi, mais c'est une étape essentielle. Je fais signe à Archie d'attendre un peu, et pars en éclaireur. Comme escompté, le coin est désert. J'escalade l'arbre le plus proche, dont les branches donnent un accès direct au toit. Archie me rejoint pendant que je déverrouille la trappe d'accès. Puis nous nous glissons tout les deux à l'intérieur. Dans le petit espace, il n'y a rien de particulier à voir. Juste un minimum de matériel, et un coin couchette. Mais pour moi, le sujet est ailleurs. Je prends la parole d'une voix tremblante, le dos tourné.

" Archie... Tu n'as pas été franc tout à l'heure... Pourquoi tu me suis ? "
Yukio Onoki
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Archie

E.S.P.er

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 34 lundi 04 mars 2013, 14:15:32

À défaut de pouvoir anticiper les actions du vieillard, je ne rate aucun de ses mouvements. Je connais plus d'une centaine de signes corporels annonciateurs d'agressivité : j'ai toujours pensé jusqu'ici qu'ils ne me serviraient jamais à rien, comme quoi j'avais tord. Cependant, je dois bien avouer que son visage n'offre pas beaucoup plus de prise que son esprit, je peine à distinguer la moindre expression involontaire. Cet Asul m'inquiète de plus en plus, je n'ai pas l'habitude d'être face à un interlocuteur dont je ne peux rien déduire sur les intentions. Si Vincente n'avait pas eu une telle confiance en cet homme, j'aurais probablement déjà pris mes jambes à mon cou, ou plus probablement je me serai éloigné très prudemment. Bon, elle semble trouver mon angoisse assez ridicule, alors j'évite de trop l'alerter. Si sa relation avec lui marche depuis aussi longtemps, je ne devrais pas la troubler, qui qu'il soit. Je surmonte mon stress en tentant de n'entendre ses paroles par l'intermédiaire des pensées de double V, un exercice difficile mais qui réduit un peu la menace qu'il représente pour mon inconscient.

Lorsque nous ressortons, après qu'elle ait revendu ses bijoux volés, et qu'elle ait pris la température de la ville, je suis quand même très soulagé. Asul n'est pas seulement mystérieux, il est aussi visiblement très puissant, et très informé. La manière dont il parle de s'occuper du trafic d'enfants m'effraie un peu, même si je sais que la cause est probablement juste. Quand j'aurais un peu de temps, je crois que j'essayerai d'enquêter un peu sur ce personnage qui semble presque omniscient. Ma paranoïa doit y être pour beaucoup, mais pendant un moment, j'ai même eu l'impression diffuse qu'il fouillait lui-même mes pensées... à moins que ce ne soit que les quelques coups d’œil qu'il me jetait de temps en temps... Je m'excuse pour mon attitude, alors que nous nous éloignons du repaire du receleur.

-Désolé, ne pas savoir ce que mon interlocuteur pense me met mal-à-l'aise. C'est stupide, la plupart des gens sont toujours dans cette situation quand ils s'adressent à quelqu'un... on s'habitue un peu vite à lire les esprits, je crois.

Puis, sans me donner de nouvel objectif clair, Vincente me mène dans une nouvelle direction. Nous allons vers des quartiers qui ont l'air mieux fréquentés, je ne devrais pas être trop inquiet. Pourtant, sa détermination, et quelques unes de ses pensées que je capte me font pressentir ce à quoi elle aspire. Je me mords la lèvre inférieure, et prépare ma défense : nous continuons à monter dans la ville. Elle m'indique un chemin d'accès qui passe par un peu d’escalade. Sans surprise, je suis obligé d'user d'un peu de télékinésie pour ne pas trop souffrir de l'escalade, ou plutôt parce qu'il s'agit d'une autre de mes mauvaises habitudes. Relativement à mon poids, mes muscles, même avec le retard de développement qu'ils acquiescent, ne sont pas si faibles que ça. Je rejoins immédiatement son avis, l'endroit est exigu, et il n'y a rien à voir, si ce n'est qu'elle possède vraiment des caches partout dans Nexus.

Elle me pose une question, ce à quoi je m'étais attendu. Je ne l'avais néanmoins pas envisagée sous cet angle, et cela m'oblige à revoir un peu ce que j'avais préparé.

-Pourquoi je te suis ? Yebat', tu m'avais dis avoir une dette envers moi, non ? Alors j'attends juste une occasion pour que tu la paie.

Évidemment, mon ton n'a rien de sérieux, mais je la sens si tendue, ne serait-ce que dans l'intonation tremblotante de sa voix, que j'essaie de la détendre en faisant un peu d'humour, alors que moi même je suis loin d'être à l'aise. Seule ma préparation me permet de faire encore un peu de style.

-Sérieusement : je n'ai pas été très loin de la réalité dans ce que j'ai dit à Asul tout à l'heure. Je ne te sers à rien, et je considère qu'arpenter la ville avec double V est un honneur qui ferait envie à bon nombre de personnes.

L'interrogation est simple, et je pourrais la faire tourner assez longtemps en rond sans mentir une seule seconde. Toutefois je vois bien ce que la question implique et où elle veut en venir, et je n'ai pas l'intention de la tourmenter.

-Mais si tu cherches une raison plus profonde, ben... rétrospectivement, je ne suis pas tombé amoureux de toi dès la première seconde, désolé...

Je marque une petite pause, à la fois pour ménager un effet, mais surtout parce que je sens l'émotion me monter à la gorge, la serrant dans un étaux invisible. Je commence à avoir un peu de mal à articuler, à détacher les mots les uns des autres. Je risque de bégayer. Je voudrais aller très vite, pourtant. J'inspire, j'ignore mon cœur qui refuse de se calmer. Je peux bien lui laisser ça, lui qui est d'habitude si régulier et paisible.

-...Cela m'a pris quelques minutes, en fait. Je ne me le pardonne pas, mais il fallait avouer que te poursuivre m'occupait une bonne partie de l'esprit...

Heureusement qu'elle me tourne le dos, finalement, car même ainsi, je ne sais pas où regarder. Il y a un ravin entre connaître dix mille manières de faire une déclaration, et la faire. J'ordonne à mes jambes un peu faibles de rester bien droites, je suis suffisamment petit pour ne pas avoir besoin de m'affaisser plus.

-Je sais, désolé, je te l'avais déjà plus ou moins dis, mais comme on était en train de survoler Nexus sous une pluie de carreaux, je me suis dis que tu avais peut-être mieux à penser à ce moment là.

Je prends mon courage à deux mains, et je fais un pas en sa direction. Pas besoin de plus, dans cette situation, pour être pratiquement collée à elle. Je ne n'avais pas été aussi proche d'elle, en fait, depuis le moment où j'ai renoncé à la capturer. Je tente de poser une main timide sur son épaule, puis une seconde, lui laissant tout loisir de me repousser, ou de s'éloigner. Sa propre incertitude rend tout si difficile... Ma voix devient moins forte, comme si j'avais honte de ce que j'allais dire.

-Mais je comprendrais très bien que ça ne soit pas réciproque, ou que tu préfères ne pas te prendre la tête avec ça. Je ne suis pas grand-chose, alors que tu es Vincente Valentyne. J'hésite, puis je parviens à rajouter, avec une certaine difficulté, les mots se bousculant dans ma bouche : et tellement plus, aussi...

Vincente Valentyne

Humain(e)

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 35 lundi 04 mars 2013, 22:52:49

Amoureux...

Ce mot résonne dans ma tête. C'est... Je ne sais pas. Je n'arrive pas à savoir. Moi qui me vante de ma vivacité d'esprit, je n'arrive pas à aller au bout d'une seule pensée. Je suis perturbée, déboussolée. C'est un sentiment nouveau pour moi, et qui me dépasse complètement.

Je sens Archie s'approcher, et poser ses mains sur mes épaules. Instinctivement, je veux le repousser, mais je n'en fais rien. À la place, mon bras vient serrer ma poitrine. Je ne sais plus où j'en suis, je suis perdue, complètement. Ses mains sur mes épaules, je voudrais les fuir et les prendre en même temps. Incapable de faire quoi que ce soit, je reste là, immobile.

Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, et j'ai du mal à respirer. C'est la première fois que je sens ça. Une douleur irradie dans mon corps, ça me fait mal. Je ne comprends pas cette souffrance physique. Mais ça ne me permet pas de l'ignorer.
Sang et larmes montent. Ma tête tourne, alors que ma vue se brouille. J'ai l'impression de perdre le contrôle de la situation, de mon corps, de mon esprit...

Mais pourquoi ? Pourquoi Archie est-il amoureux de moi ? Je ne suis rien d'autre qu'une fille misérable, une voleuse. Tout ce que je sais faire, c'est ça, voler. Je n'ai rien d'autre, pas le moindre charme. Des belles filles, il y en a plein les rues de ce quartier, et toutes seraient ravies d'être l'élue d'une personne aussi puissante qu'Archie. Alors pourquoi ? Pourquoi ?

" Pourquoi ? "

Ma voix est chevrotante, chargée d'émotion. Je fais volte-face et saisis Archie par le col. Je suis un peu plus grande que lui, j'avais oublié. De fait, je le domine légèrement. Je plonge mon regard dans le sien. Ses yeux bleu tranchant me fixent. C'est fou, en dépit de leur froideur, ils semblent si intensément vivants... Ma voix se brise sur mes dernières paroles.

" Pourquoi ? Pourquoi es-tu amoureux de moi, Archie ? Qu'est-ce que Vincente, une fille pitoyable, à l'existence insignifiante, a de spécial ? Au point de risquer sa vie pour la sienne ? Au point de rester 5 jours dans un taudis crasseux à attendre ? Au point de la suivre dans sa vie de voleuse ? Répond-moi, Archie ! "
Yukio Onoki
(compte prinipal)
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Archie

E.S.P.er

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 36 mardi 05 mars 2013, 00:54:09

Après avoir posé sa question, elle se retourne, assez vite. Un instant, je crois qu'elle va me frapper : je suis suffisamment concentré pour ne pas esquisser le moindre geste de défense. Elle m'agrippe. D'un point de vue extérieur, le geste aurait pu paraître assez violent, mais la violence ne traverse pas son esprit, et son geste n'en contient pas plus, quand bien même il ne me met pas en très bonne posture. Ses yeux verts me fixent, essaient de saisir les miens. Je dois faire un gros effort pour soutenir son regard absinthe, alors que mon instinct me pousse seulement à baisser le mien, et à filer sans demander mon reste. Pus grande, plus forte que moi, en me tenant ainsi, elle m'agresse presque... et ça ne me dérange pas le moins du monde. J'affiche néanmoins un air mi-abattu, mi-amusé. Ce qu'elle me demande, je le sais, je n'y trouverai pas de réponse satisfaisante. Je soupire, et lance d'une petite voix.

-Je dois vraiment répondre à ça... ? Yebat', dans les histoires, quand le prince dit à la princesse qu'il l'aime, elle ne cherche pas à comprendre : ils s'embrassent et c'est terminé... Je ne dois pas ressembler assez à un prince, c'est pour ça.

Pourquoi je l'aime ? Un texte de Pascal, un philosophe français, me revient. Il prétendait que l'on ne pouvait aimer une personne qu'à travers ses qualités, son physique, son intelligence, son talent, des traits de son caractère... et pas pour une éventuelle chose immatérielle, une quelconque âme, qu'il était de toute façon impossible d’appréhender. Pascal est sans doute mon auteur préféré, et malgré qu'il n'ait pas disposé d'un centième de mes capacités de calcul, il était un plus grand génie que je ne le serais jamais. Et pourtant, il lui manquait une chose qui aurait peut-être fait changer son appréciation : il était incapable de sonder les esprits comme je le fais, donnant alors corps à cette âme qu'il ne pouvait voir.

-Tu le sais déjà sans doute, je ne connais pas beaucoup de personnes de qui je me sens aussi proche. Mais je ne sais pas trop si c'est le passé qui est important...

Je pourrais lui parler des nombreux éléments qui nous rapprochent. Je pourrais lui parler de son corps, diaboliquement gracieux et sensuel, qui exerce sur moi une attraction charnelle sans précédant. Je pourrais lui parler de son esprit, d'une rare vivacité, que j'ai tant de plaisir à suivre par télépathie. Je pourrais même lui parler des zones de mon cerveau qui sont impliquées dans ce processus d'attachement, je les connais, pour la plupart. Toutefois, ce serait briser toute la magie du phénomène. Je pourrais essayer quelque-chose de poétique, mais j'ai beau avoir en mémoire des milliers de poèmes dans toutes les langues, cela ne fait pas de moi un poète. Alors j'essaie, pour une fois, de mettre des mots sur des choses presque impossibles à mettre en mots. Tant pis, si ce sont des banalités.

-C'est vrai, il y a plein de filles dans les rues... je ne les connais pas, et je n'ai pas plus envie que ça de les connaître. C'est peut-être de la bêtise, de l'obstination, mais pourquoi j'irai à leur rencontre ? J'ai déjà trouvé la personne... enfin...

Une faille dans mon discours, une rupture au milieu d'une phrase. Ça ne m'arrive pas souvent. Je reprends une inspiration, je ne dois pas céder à la panique. Les battements de mon cœur vont jusqu'à frapper mes tempes, la sueur commence à perler de mon front.

-Je n'ai jamais été aussi bien en compagnie de quelqu'un jusqu'ici. Il n'y a personne d'autre avec qui je veux plus être que Vincente Valentyne. Que toi. Je n'ai pas de meilleure explication, désolé...

Ses yeux sont humides. Elle tremble. Je n'ai pas besoin d'une quelconque faculté de lecture mentale pour voir qu'elle est sur le point de basculer d'un côté ou de l'autre. Ce n'est pas facile d'être celui qui doit rester à peu près maître de lui-même, pour soutenir l'autre. Moi aussi, j'ai envie de m’effondrer, de céder à l'émotion. Mais il faut que j'y résiste, encore au moins quelques secondes.

-Tu sais, ce n'est pas quelque-chose de très triste... je suis même sûr que ça peut être assez agréable, peut-être avec un peu de recul...

J'hésite à attraper ses mains pour les serrer dans les miennes. Je crois que j'en ai déjà suffisamment fait en ce sens, je ne veux pas avoir l'impression de la forcer. Si elle veut aller plus loin, elle devra elle-même faire la route. Un vieux titre de Billy Paul, The Times Of Our Lives passe dans ma tête, je ne sais pourquoi : comme s'il sortait d'un Jukebox, le moindre accord de clavier résonne à mes oreilles.

Vincente Valentyne

Humain(e)

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 37 mercredi 06 mars 2013, 00:44:06

Il biaise. Il ne répond pas à ma question.

J'ai envie de le frapper pour ça. Mais à l'idée de lui faire mal, mon envie ne prend pas corps. Je ne comprends plus rien. Je me sens déchirée entre plusieurs sentiments, tous différents.
J'aimerais le haïr, mais je n'y arrive pas. Je voudrais fuir, mais je ne peux me résoudre à être loin de lui. J'en deviens folle. Non, je pense plutôt être sur le point de craquer, mais sans comprendre pourquoi.

Puis un mot me revient : amoureux.

Archie s'est confessé. Et moi ? Suis-je amoureuse de lui ? Je ne sais pas. Je n'ai jamais envisager tomber un jour amoureuse. Plus exactement, c'est un privilège que j'ai banni de ma vie. Un luxe que je ne peux pas me permettre. Pour survivre, j'ai du faire une croix dessus. Dans un monde de misère et régit par la mort, l'attachement ne mène qu'à la douleur. Pour tailler mon chemin, j'ai fermé mon cœur, je l'ai barricadé.
Du moins, je croyais...

Je repousse Archie. J'ai besoin de crier, de hurler, de pleurer. Je serre les dents, tout en sachant que cette boule dans ma gorge sera la plus forte. Je tombe à genoux au milieu de la pièce. Mon poing vient heurter le mur quand les premières larmes tombent de mes yeux. Je voudrais parler, mais je n'arrive pas à produire de sons intelligibles.

Ce conflit interne me ravage. Je suis déchirée entre deux parties de mon être. L'une aime Archie, l'autre n'est pas conçue pour aimer. L'impossibilité de concilier les deux me fait souffrir atrocement. Mes sanglots sortent avec difficulté, incapable d'exprimer franchement ma douleur. Je voudrais que ça cesse, mais je ne sais pas comment...
Yukio Onoki
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Archie

E.S.P.er

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 38 mercredi 06 mars 2013, 02:33:56

Je crois qu'en réalité, je préfère quand elle me pose des questions, même difficiles, même insolubles. J'ai beau ne pas être très doué pour répondre lorsqu'il s'agit de choses abstraites, ou de mes propres sentiments, je peux quand même me reposer un peu sur des raisonnements. Ce que je lui ai répondu ne l'a pas touchée autant que j'avais espéré, à moins que ce ne soit le contraire. Je voulais éclaircir un peu son esprit, mais je n'ai réussi qu'à le rendre plus confus et plus chancelant encore. Je suis à la fois déçu, et furieux contre moi-même. J'aurais peut-être du être plus explicite, ou plus technique. Il n'y aurait pas eu de magie, de poésie, beaucoup moins d'émotion, néanmoins, elle aurait probablement vue la situation sous un angle plus rationnel.

Elle hésite à me frapper, me repousse. Sitôt à ma place, je ne cherche pas à avancer de nouveau. Je cherche à maintenir une distance de sécurité, non pour moi, mais pour elle, pour ne pas la troubler encore plus : comme l'espace qui sépare un électron d'un noyau atomique, soumis à plusieurs forces, suit une complexe équation, je cherche une position d'équilibre. Je secoue la tête. Une goutte de sueur coule sur mon front.

-Je suis vraiment désolé, Vincente. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça.

Mon visage est neutre, mes lèvres sont serrées, mes yeux rougis. Je la regarde, elle est à genoux. Ses pensées deviennent de plus en plus lapidaires, courtes, fortes. Son poing s'écrase contre la cloison. Lorsque j'ai préparé cet entretient, j'ai prévu beaucoup de choses, le refus net et froid, l'incertitude qui m'aurait laisser prendre des initiatives... il y avait aussi cette possibilité que nous nous tombions dans les bras. Comment ma simple présence peut-elle causer chez-elle un tel traumatisme ? Elle semble en lutte avec elle-même, je suis conscient d'avoir provoqué ce duel à mort, alors que j'aurais pu l'éviter. J'ai l'impression d'avoir gâché quelque-chose. J'ai été trop rapide, trop prétentieux. Le bilan de ma pitoyable opération se résume à un seul mot qui me glace : l'échec.

-J'aurais vraiment voulu que ça se passe bien...

Je ne suis plus en mesure de l'aider, mon expérience personne ne me sert plus à rien : je ne me suis jamais interdit d'aimer quelqu'un, cela n'arrivait juste pas. Le superordinateur qui me sert de cerveau se chargeait simplement de mettre une distance entre moi et les autres. C'est la première fois où j'arrive à la réduire, à la franchir, et cela cause tant de douleur à l'autre. Ce n'est peut-être pas la bonne manière de faire, ou ce n'est peut-être tout bonnement pas une chose à faire. Son état, ses interrogations, sont contagieux. La question me revient à l'esprit. Pourquoi est-ce si difficile ? Elle veut que cette situation cesse. Ma bouche se déforme sur le côté, est prise d'un petit spasme, un semi-sanglot. Une larme coule sur ma joue.

-Je te laisse réfléchir, si tu veux, je propose en me retournant, pour ne pas exposer mon propre chagrin. J'ai une chambre aux Trois Corbeaux, dans les quartiers ouest.

Le sentiment de l'abandonner à son sort me déchire, mais je ne vois plus comment faire autrement. En partant, je risque de faire plus de dégâts encore, je n'ai pas beaucoup d'autres choix. Ma présence la bloque, l'embrouille. Elle a peut-être besoin de temps, c'est la seule chose que je peux raisonnablement espérer.

-Tu sais où me trouver. Fais attention à toi, je murmure, en me hissant au dehors.

Vincente Valentyne

Humain(e)

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 39 mercredi 06 mars 2013, 20:11:24

J'entends Archie me parler, mais je ne comprends pas ce qu'il me dit. Ou plutôt, je n'y fais pas attention. Tout mon être est centré sur ce conflit interne qui fait rage. Du coin de l'oeil, je vois Archie quitter la pièce. Où va-t-il, je m'en moque. J'ai juste besoin d'être seule.
Je m'affaisse peu à peu, jusqu'à finir prostrée au sol, ma tête dans mes bras. Quelques sanglots sporadiques éclatent. Pourquoi ai-je autant de mal à exprimer ce que je ressens ? Je reste ainsi, pendant un temps infini, incapable de faire passer la douleur...

~~~~~

Combien d'heures se sont écoulées ? Je l'ignore. Peu à peu, la douleur a fini par refluer. Je me lève. Un coup d'oeil à l'extérieur me permet de constater que la nuit est tombée depuis quelque temps. Pourtant, je n'ai pas sommeil. Je sors. Debout sur les toits, je décide de courir. Pourquoi, pour aller où, je n'en sais rien. Juste courir. Juste sentir le vent et le frisson. Pourtant, j'ai beau courir de droite et de gauche, sauter d'un toit à l'autre, et voler au dessus des rues, je ne sens rien. Je m'arrête, et constate que je suis devant l'auberge des Trois Corbeaux, là où est Archie. À cette pensée, une pointe de douleur me traverse, et je décide de faire demi-tour. Mais quelque-chose me retient.

Trois silhouettes encapuchonnées semblent s'escrimer sur une porte de service de l'auberge. Des voleurs ? Ou pire ? Et pour quoi ? À l'instant où j'envisage qu'ils pourraient être là pour Archie, mon corps est parcouru d'une onde glacée. Mais j'écarte cette hypothèse rapidement. C'est impossible, pas vrai ? …
En un saut, je suis au dessus d'eux. Je me penche et écoute ce qu'ils disent.

- Eh, t'es sur qu'il est là ?
Mais ouais, j't'ai d'jà dit que j'l'ai vu entrer ici ce soir !
Bon, magnez-vous, on va pas passer la nuit là !
Tranquille, il va pas s'envoler, avec la drogue que j'lui ai filée.


Bon, je ne suis pas plus avancée... Je sais juste qu'ils en ont après quelqu'un, que ce quelqu'un est drogué, et que la gueule de bois à son réveil sera surement le cadet de ses soucis. Les trois hommes finissent par forcer la serrure, et s'engouffrent dans l'auberge. Je suis tentée de les laisser faire, mais l'idée qu'ils soient après Archie me taraude. Finalement, j'entre à leur suite.

Eux ne perdent pas leur temps. Discrètement, ils montent à l'étage, semblant chercher une chambre précise. À voir l'efficacité et le silence avec lequel ils agissent, ce ne sont pas des simples bandits. Ce qui me rassure, c'est que ce ne sont pas des pros non plus, sans quoi ils m'auraient déjà repérée.
Ils semblent avoir trouvé la pièce qu'ils cherchaient. Ils y entrent sans un bruit. Je m'approche doucement.

- Et beh, y'dord bien, le lascard !
Sur, c'est puissant ce truc tu sais ?
C'est l'bon au moins ? Qu'on ait pas fait tout ça pour que dalle ?
T'es lourd, mais oui ! Blanc comme un cul et les cheveux noirs, c'est lui j'te dis !
Faites gaffe à pas le réveiller, vous savez de quoi il est capable...


Mes doutes prennent de plus en plus d'ampleur. Risquant le tout pour le tout, je regarde dans la chambre. Et sur le lit, je vois le visage d'Archie, plongé dans un profond sommeil.

Je ne sais pas exactement ce qui c'est réellement passé ce moment-là dans ma tête. Mais les conséquences, elle je m'en souviendrai toujours. Ma mai droite plonge à ma ceinture pour dégainer ma dague, pendant que ma main gauche déploie ma lame cachée. Sans attendre, je me rue dans la pièce, frappant deux des hommes au flanc alors qu'ils me tournaient encore le dos. Il s'effondrent en hurlant. Le troisième n'a pas le temps de réagir que mon bras se lance, plantant ma dague dans son ventre, pendant que ma lame le cueille à la gorge. Il meurt dans un gargouillis de sang. Vivement, je me retourne, et achève les deux autres d'une frappe dans l'oeil, atteignant leurs cerveaux et les tuant sur le coup.

Je me redresse, et me tourne vers le lit. Archie est là, il me regarde. Je m'élance vers lui, et le prends dans me bras. Je serre son corps chaud, vivant, contre moi.

" Merci. Merci... "
Yukio Onoki
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Archie

E.S.P.er

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 40 mercredi 06 mars 2013, 22:44:22

Je m'éloigne. Je la laisse, seule, je m'éloigne. J'ai presque réussi à tenir une parfaite neutralité jusqu'ici, à cacher mes émotions, mais à présent, chaque pas est un supplice, un déchirement. J'avais presque espéré qu'elle me retienne. J'ai été stupide. Elle ne reviendra probablement jamais, je ne sais même pas si elle a entendu ce que je lui ai dis, si elle sait où me retrouver. Sitôt que je suis sûr d'être assez éloigné d'elle pour ne pas l'alerter, mon indifférence disparaît tout-à-fait, mes larmes coulent. Elles dévalent mon visage, chaudes. Je n'ai pas réellement pleuré depuis dix ans, neuf mois, et trois jours. Ce n'est pas aussi bruyant que je l'aurais cru. Mon chagrin est silencieux. Je suis juste décomposé, adossé au mur en pierre blanche d'une bâtisse, à peine écarté de la route. De temps en temps, un sursaut vient agiter ma poitrine.

Je suis un imbécile. Un imbécile et un lâche. Je n'ai rien trouvé de mieux que de l'abandonner, alors qu'elle avait peut-être besoin de moi. Pourquoi je me sens obligé d'utiliser le mot peut-être ? Elle avait besoin de moi, il n'y a pas à nuancer. J'ai juste eu peur d'échouer encore, et cette crainte stupide m'a coûté l'infime espoir qu'il me restait. Je n'ai aucune excuse qui vaille. Je lui ai fais du mal, j'ai mérité tout ce qui m'arrive. Je mériterais même infiniment plus. Je ferme les yeux. Mes paupières sont brûlantes, comme si j'avais de la fièvre. Je sais que je ne suis pas malade au sens strict du terme. Je tombe en position assise, au bord de ce chemin. Je ne me relève pas. Je prends ma tête dans mes bras, et je reste ainsi. À la vue de tous ces passants, je m'en fiche. Je ne les vois plus. Je ne veux plus les voir.

Enfin, au bout d'une heure et vingt-deux minutes, mon chagrin semble se tarir. Rien ne vient le remplacer, aucune colère, aucune sage résolution. L'impression de vide, l'absence de volonté. La cruelle absence de sens dans ma vie me frappe. Vincente protège sa bande, le commerçant fait marcher ses affaires, l'artiste compose son œuvre. Et moi ? Je n'ai pas d'inspiration, pas d'attrait pour l'argent, et personne à aimer. Je ne fais qu'errer, en causant du mal autour de moi. Malgré les grands pouvoirs dont je suis doté, je ne sers à rien, pour personne. Pire, je suis nocif. Siridov, l'agent qui a essayé de me capturer avant d'être repoussé par Sentinel, avait raison. Je ne suis pas humain. Je ne suis qu'un monstre, socialement inadapté et dangereux. S'il avait été face à moi, je lui aurais demandé de me me ramener en laboratoire, je me serais laissé faire. Au moins, j'y aurais peut-être fait avancer la science.

Mais voilà, il n'y a pas de Siridov, il n'y a personne pour faire attention à moi, pour me trouver le moindre intérêt. Je n'intéresse personne, et personne ne m'intéresse. Sans me soucier des regards, qui, cette fois, se posent bel et bien sur moi, je prends mon envol, d'un air las. Presque absent, je file en ligne droite, au dessus des toits, vers l'auberge des Trois Corbeaux. J'y ai loué une chambre. C'est la seule chose à laquelle je peux encore m'attacher, finalement, dans ce monde. Je n'y réfléchi de toute façon plus. Je n'en ai plus l'énergie. J'ai un objectif, aussi désuet soit-il, c'est le plus puissant : me coucher, dormir.

Je me pose juste devant la porte de l'auberge. Je ne compte pas les gens qui ont du me voir. Je m'en fiche. Je pousse la porte, comme un zombi, décomposé. Je m’apprête à monter les escaliers qui me mènent à mon lit, avec la même indifférence morbide. Toutefois, une voix, semblant venir de très loin, m'interpelle. Pourtant, elle vient du tenancier, qui est juste à côté de moi. Mécaniquement, je tourne mon regard vers lui. Il a un sourire triste et compréhensif.

-Laissez-moi deviner... le jeune monsieur est en plein chagrin d'amour ?

Je ne lui réponds pas. Je m'apprête à repartir, sans aucune forme de politesse. C'est un homme intelligent. En temps normal, j'aurais du être intéressé, mais en l'état, je ne le suis pas un instant. J'ai juste envie qu'on me laisse tranquille. Il insiste cependant :

-Bah, mon gars, ce sont des choses qui arrivent ! Une de perdue... Allez, un verre pour faire passer, c'est la maison qui offre.

Je m'arrête. C'est une perspective qui me semble en valoir une autre. Je n'ai jamais bu d'alcool de ma vie. Je trouvais ça trop dangereux, j'ignore quel effet cela peut avoir sur mes implants, et surtout, cela me semblait inutile. Je le laissais avec un certain dédain aux pauvres hères qui n'avaient que ça. Mais en matière de dénuement, je n'ai à présent plus rien à leur envier. Je m'arrête, je m'assois sur un tabouret. Je cède.

Je bois une première gorgée bière, mousseuse. Je manque de la recracher. Le goût est affreux, et je n'y suis pas habitué. Tous les ingrédients de la mixture, tous plus délétères pour la santé les uns que les autres, me reviennent en mémoire. Je termine cependant la choppe. Je suis déçu, pas un seul souvenir n'a quitté mon esprit, tout est encore vif, la douleur, le désespoir. Cela n'ira pas assez vite, avec une concentration si faible, même avec ma carrure. Je pose quelques pièces sur le comptoir.

-Ce que vous avez de plus fort, je demande, d'une voix cassée.

L'aubergiste lève un sourcil, mais ramasse volontiers le pécule et apporte une bouteille d'un liquide jaune, translucide. On pourrait presque le prendre pour de l'eau croupie.

-Une liqueur d'Ashnard : ça fait pas du bien au gosier, mais si c'est ce que vous voulez... fait-il, avant de sortir un verre.

Je lui fais signe de verser directement dans la choppe que je tiens à la main. Je ne veux pas utiliser de récipient plus délicat, je ne veux plus rien risquer de briser. Il hausse les épaules, et s’exécute. Je bois presque cul sec. Je convulse un instant. J'ai l'impression d'avoir avalé une braise. Tout mon corps ayant été traversé par l'alcool, de ma gorge à mon estomac, me brûle affreusement. J'ouvre la bouche, cherchant un peu d'air. Je refoule l'envie de vomir qui me vient. Puis la chaleur devient peu à peu agréable. Le sang revient dans mon visage, mes yeux se rallument. Je donne encore de l'argent. Ce sont mes dernières économies. Je reprends une pleine choppe de l'élixir incolore. Je la bois, aussi soudainement que la première. Les effets sont proches, mais plus intenses, la phase douloureuse est plus courte. Je n'ai qu'une envie, boire encore.

C'est à cet instant que je remarque la présence à côté de moi d'un autre client. Je ne vois pas son visage. Je tente de lire son esprit : c'est difficile, mais ça n'a rien à voir avec lui. J'entraperçois quelques bribes de son métier. Étrange, cela ne fait pas partie de ses pensées immédiates. Peut-être l'alcool débride-t-il certaines de mes capacités. Il est chasseur d'esclaves occasionnel, il s'occupe principalement de remettre sur le marché les terranides qui traînent dans la ville basse, quand il arrive à en attraper. Cela m'indiffère, même si la veille cela m'aurait peut-être scandalisé. Je le trouve même plutôt sympathique. Il s'adresse à moi. Je n'ai plus trop les capacités de saisir chacun de ses mots. Il me propose de me payer un autre verre, puisque j'ai l'air d'aimer ça. Mon corps frêle supportera-t-il une autre dose ? Quelle marge me reste-t-il avant le coma éthylique ? Je me rends compte que je ne suis plus capable de répondre à cette question. Je m’esclaffe, et accepte. Je trempe les lèvres dans le breuvage, je le trouve d'un goût un peu différent, pas désagréable. Mes papilles ne sont de toute façon plus très exigeantes.

Puis je sens l'inconscience arriver. J'ai sans doute un peu trop abusé. Ils n'ont pas les mêmes moyens médicaux, dans ce monde. Je vais sans doute mourir dans mon propre vomi. C'est arrivé à des plus grands que moi. Mourir comme ça, ça n'est pas vraiment mourir. On sent à peine partir. Je ne suis pas en état de combattre les ténèbres qui s'emparent de moi. C'est trop tard.

***

Un cri. J'ai mal à la tête, terriblement mal à la tête, et au ventre. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux, et pourtant, mon instinct de survie m'y oblige. Car c'est un cri d'agonie que j'ai entendu. Un voile blanc apparaît devant moi, je distingue quelques couleurs. J’aperçois Vincente. Elle est tellement belle, pure, au milieu de tous ces cadavres. Une ange immaculée au milieu d'une marre de sang. Une image biblique. J'ai un grand sourire béas, je me dresse en position assise. Moi qui ne suis pas très croyant, je dois me faire une raison : le paradis existe peut-être, et si c'est le cas, j'y suis sûrement. Je n'ai plus trop la notion du temps, du mouvement. Je sens ses bras m'enserrer. C'est agréable, tellement agréable. Dommage qu'elle sente aussi fort le mauvais alcool. J'ai un vertige, je serai retombé sur le dos si elle ne m'avait pas encore tenu. J’enfouis ma tête dans son cou, répond à son étreinte par la mienne, plus fébrile mais déterminée. Je ne sais pas si c'est un dernier plaisir hallucinatoire que mon cerveau m'offre, ou la récompense d'une quelconque divinité. Je veux profiter de cet instant, quel qu'il soit. M'approcher d'elle, le plus possible, et y rester. Je suis serein, je me sens flotter, je ne sens plus de douleur. Je n'ai pas de mots à apporter. Je ne veux rien ajouter.

Ce n'est pas l'avis de cette silhouette, qui s'avance, dans l'encadrement de la porte. Il est un peu trop loin pour que je le vois distinctement, ma vision est de toute façon brouillée, floue. Je distingue qu'il tient dans sa main un objet lumineux, une lanterne sûrement. Dans son autre main, il tient une arme, une petite arbalète, sans doute. Il est assez ventru. J'ai beau ne pas très bien pouvoir l'observer, il m'est familier. Je ne me souviens plus exactement, ça m'agace. Je n'ai pas l'habitude de ne pas me souvenir. Ce dont je ne me souviens pas n'existe pas. Il s'exclame quelque-chose. Qu'est-ce qu'il dit ? Je ne sais pas. Il semble nous en vouloir, il nous menace et il beugle. Je n'aime pas l'entendre beugler, il me donne la migraine. Il me dérange. Je n'ai pas besoin d'une telle indélicatesse dans mon rêve. Il doit disparaître. Je le regarde et fronce les sourcils, perdant mon sourire.

Il éclate. Le gros homme éclate, soudainement, presque en silence. Des morceaux de chair sanguinolents sont projetés dans tous les sens, sans qu'on puisse vraiment identifier à quelle partie de son défunt corps ils appartenaient. À l'endroit où il se tenait, il n'y a plus qu'une trace rouge sur le sol, une lanterne et une arbalète tombent. Je suis soulagé. Je me sens de nouveau bien. Cela me revient maintenant : il s'agissait de l'aubergiste. Je ne sais pas s'il a eu le temps d'alerter la garde. Je m'en fiche. Je les ferais tous exploser s'ils viennent me troubler. Je trouve cette perspective amusante. 'essaie de rire, mais ma bouche est engourdie, comme le reste de mes muscles, d'ailleurs. Ce que je produis ressemble plus à des toussotements qu'à de vrais éclats de rire. Tout est si simple, finalement.

Pourquoi est-ce que je cherchais des solutions compliquées ? Je fais ce que je veux, car je peux tout. Les substances qui empêchent mes pouvoirs de fonctionner se comptent sur les doigts de la main, et il ne doit pas y en avoir une seule sur Terra. Et je ne veux rien d'autre que rester avec Vincente. Je la regarde, je la sens. C'est la plus belle chose que j'ai jamais vu de toute ma vie. Je la serre encore, je caresse ses cheveux. Elle s'exclame qu'elle m'aime... je crois. Je lui réponds, amoureusement. Hélas, assez faiblement, incapable d'articuler.

-M'aosi, gueteme...

Je pense que je n'ai jamais été aussi heureux. Seul une infime partie de mon esprit fait vaguement dissidence, ayant l'impression d'avoir manqué quelque-chose d'important. Je balais ce doute sans difficulté. Tout est bien.
« Modifié: jeudi 07 mars 2013, 13:49:20 par Archie »

Vincente Valentyne

Humain(e)

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 41 jeudi 14 mars 2013, 23:39:24

Archie est indemne. Une infinité de choix auraient pu causer un résultat différent, pourtant. Si je n'avais pas voulu sortir, si je n'étais pas allée au 3 Corbaux, si je n'avais pas vu les hommes, si, si, si... Tant de possibilités que ça finisse mal. Mais non. Archie est là, je le tiens, il me tient, et j'aimerais que nous restions ainsi encore longtemps. Mais un cri nous interrompt.

Je me retourne. Un homme, l'aubergiste probablement, se tient dans l'embrasure de la porte. Il est paniqué, sûrement par la vue des cadavres. Alors que j'essaye de prendre la parole pour lui expliquer, il se tait soudainement. L'instant d'après, il explose. Je ne suis pas sûre d'utiliser le bon terme, pourtant je ne vois pas comment mieux expliquer la situation.
Archie se met à rire bêtement, puis à bégayer. Je ne l'ai jamais vu comme ça, lui qui semble toujours maître de lui. Puis une odeur agressive me fait comprendre l'ampleur du problème : Archie est ivre.

" Bon sang Archie, que ce que... "

D'autres cris résonnent. Visiblement, toute l'auberge commence à ce réveiller. Aie, la situation se complique grandement... Si quelqu'un me voit, il me prendra sûrement pour l'agresseur, et si le lien avec Double V n'est pas fait, je serais chanceuse. D'un autre coté, je ne peux pas m'enfuir tout en portant Archie. Mais si je le laisse, il y a des chances qu'il tue ceux qui s'approcheront, comme feu l'aubergiste. Vite, une solution, une solution...

J'entends que ça commence à bouger. Je n'ai plus beaucoup de temps... Tant pis, je joue le tout pour le tout. Je récupère les fioles d'huile dans mon sac, qui me servent quand je suis poursuivie, pour déséquilibrer mes poursuivants. Je les jette aux quartes coins de la pièce, où elles se brisent, répandant leurs contenus. Puis je reviens vers Archie.

" Retrouve-moi au parc ! "

J'empoigne ma dague, et lui flanque un grand coup du pommeau dans la nuque, l'assommant promptement. Je m'en veux d'agir ainsi, mais je n'ai pas de meilleure idée pour le moment. Heureusement, son corps frêle me permet de le tirer hors de le pièce facilement. Un cri me signale que j'ai été vue... Sans trainer, je rerentre dans la chambre, attrape la lanterne trainant au sol, et ouvre la fenêtre d'un coup de pied. J'envoie la lanterne au sol, et saute. Je l'entends se briser, et le feu se répandre. Puis l'atterrissage change l'ordre de mes préoccupations. Bon, rien de cassé, c'est déjà ça. Et avec l'incendie naissant, tout le monde sera plus préoccupé à combattre les flammes qu'à me courir après. J'en profite pour disparaitre dans la nuit, priant pour qu'Archie de souvienne du rendez-vous fixé...
Yukio Onoki
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Archie

E.S.P.er

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 42 mardi 26 mars 2013, 15:09:41

Mon bonheur ne s’embarrasse pas de discernement, de raisonnement, de lucidité. Je n'entends pas les cris, ou plutôt mon inconscient les chasse aussitôt qu'ils atteignent mes oreilles. Le cerveau est une machine capable de se mentir à lui-même, et c'est encore plus vrai pour le mien, qui n'est qu'en partie organique. Une zone de mon encéphale est tout-à-fait capable d'agir indépendamment de l'autre, de commander mon corps, de diriger mes pensées ou d'utiliser mes pouvoirs. Pourtant, même cette schizophrénie ne parvient pas à filtrer tous les indices de l'horreur de la situation. Des images passent, des sons, élargissent la brèche, avec une vitesse proportionnelle à ma puissance intellectuelle. En l'espace de quelques secondes, je ne me sens plus du tout bien. J'ignore encore ce qui se passe, mais je dois me retenir pour ne pas hurler. Je jette un regard terrorisé à Vincente, puis je sens un coup sourd, à l'arrière de mon crâne. Des étincelles emplissent mon regard. Je lutte malgré moi contre l'inconscience : à l'endroit où j'ai été frappé, ce sont principalement mes implants qui ont été touchés. Ils me lâchent, finalement, après s'être débattus. Le reste de mon esprit, excessivement faible, ne tarde pas à suivre.

***

J'ai mal à la tête. Encore ? Je suis sur le sol, l'odeur m'indique qu'un tas d'ordure se hisse non-loin : ou peut-être suis-je même posé dessus. J'ouvre des yeux affolés, et je porte une main à ma bouche. J'essuie machinalement les sucs gastriques qui en débordent. Je tousse, expulsant de ma gorge les glaires aigres. J'ignore combien de temps je suis resté dans le noir. Mon horloge interne a été complètement bousculée par toutes ces substances. Je regarde le ciel : je suis dans une ruelle grise, étroite, sale, et il fait jour. Puis-je espérer qu'il ne se soit passé qu'une journée ? Je frisonne. Pourtant, la météo n'a pas l'air particulièrement difficile. Je mets un temps à comprendre que je suis presque nu. On m'a pris ma tunique, mes chaussures, des habits neufs, si l'on exceptait une manche, achetés la veille. Sans surprise cette fois, je constate que naturellement, ma bourse est absente. J'ignore quelle a été la suite des événements, mais il est probable qu'on m'ait laissé pour mort.

Je soupire, et me lève. Mes premiers pas sont difficiles, cependant, j'ai plus de résilience que je le pensais. Très vite, j'arrive à reprendre une marche normale. Je me frotte l'arrière du crâne : j'ai faim. Je pense que mon organisme, en consommant intensément mes ressources énergétiques pour me maintenir en vie, a accéléré l'élimination des drogues qui circulaient dans mon organisme. J'ai lu rapport dans les dossiers me concernant qui évoquait un processus de ce type, destiné à récupérer plus rapidement des blessures. Je pensais que mes créateurs n'avaient pas eu le temps de l'implanter, ou y avaient renoncé. Je ne sais pas trop quoi penser. Fait rare, mes souvenirs sont flous. Ma mémoire de la veille, et de la nuit, est fragmentaire. Les éléments dont je dispose me permettent quand même de reconstituer un tableau cohérent. Je sais principalement que j'ai beaucoup bu, et que quelque-chose à mal tourné, ensuite. Je suis cependant incapable de discerner le réel de l'onirique. Mon cerveau ne faisait alors plus de distinction nette entre ce qui relevait du rêve et ce qui relevait de la réalité. La violence s'impose comme élément principal de la scène.

Il n'y a qu'un seul détail qu'il me reste : Vincente m'a demandé de la retrouver au parc. De quel parc s'agissait-il ? L'a-t-elle précisé ? Je n'en sais rien. Je ne suis même pas absolument certain qu'elle ait été présente. Il est tout simplement possible que je sois entré en crise, et ait causé de lourds dégâts. Une angoisse m’envahit. Et si je lui avais fait du mal ? Et si je l'avais tuée ? La perspective me terrifie. C'est impossible. Il faut que j'en ai le cœur net. Courant presque, je me dirige vers l'espace vert le plus proche, espérant que ce soit le bon. Essoufflé, je me retrouve à demi-nu au milieu les arbres. Les plaques de métal qui parcourent mon dos le long de ma colonne vertébrale sont particulièrement visibles : tant pis. Il y a une fontaine, pas de trace de double V, ni physique, ni mentale. Je m'agenouille devant l'eau. J'y plonge la tête. D'abord pour me débarbouiller. Puis de plus en plus longtemps. Je suis un monstre contre-nature. Elle est probablement morte, et c'est uniquement ma faute. Ma gorge est serrée, alors que mon visage éprouve la froideur du bassin. La noyade. Est-ce une mort assez cruelle pour l'abomination que je suis ? Je devrais aller me rendre à Siridov. Ils me tueraient, me disséqueraient, probablement. Je l'aurais bien mérité. Je ne me sens pas la force de pleurer. Je reste là, muet, immobile. J'espère.
« Modifié: mardi 26 mars 2013, 17:13:35 par Archie »

Vincente Valentyne

Humain(e)

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 43 samedi 30 mars 2013, 22:08:05

Archie ne s'est pas présenté au parc le premier jour. Ni le suivant. Je suis taraudée par l'angoisse. Cet élément n'est pas resté inaperçu aux yeux de Lena, lorsque je suis retournée au camp la première nuit. Avec la frayeur que je lui ai causée il y a une semaine, je ne me sentais pas vraiment le droit de lui mentir, même si je ne lui ai pas tout dit. Je me doute bien qu'elle n'est pas dupe, mais heureusement, me fait confiance et n'insiste pas trop.
Toujours est-il que cette absence d'Archie m'inquiète. Je veux m'interdire d'y penser, mais l'idée qu'il ai pu mourir cette nuit là revient sans cesse. J'ai passé deux jours complets dans ce maudit parc, sans résultats. Pourtant, j'avais d'autres choses à faire... Mais je continue à parcourir ces allées, dans l'espoir, de plus en plus mince, d'apercevoir la maigre silhouette d'Archie.

Aujourd'hui encore, j'erre dans ce parc. J'essaye de me convaincre que ce sera la dernière journée, et qu'après, il faudra se résoudre à effacer Archie de ma mémoire. J'ignore si j'y parviendrai... Trop de choses se sont passées pour que je l'oublie aussi facilement. Tant de choses... Et tant encore sur lesquelles je n'ai pas mit de mot. Pourtant, s'il y a une chose de sûre, c'est que je tiens à retrouver Archie. Ne serait-ce pour m'assurer qu'il aille bien. Même si, je le sens, d'autres raisons me poussent encore à trainer dans ce parc.

C'est en revenant vers la fontaine centrale que je le vois. Penché vers le bassin, je ne vois que son dos, mais pourtant, je sais que c'est lui. La pâleur de sa peau, sa maigreur, ses cheveux noirs, ces éléments inimitables meconfirment ce que je sais déjà. Je remarque également des pièces de métal incrustées dans son dos, mais ce détail ne me fait ni chaud ni froid. J'ai eu l'occasion de voir pire, et à plusieurs reprises. Mais le trouble survient là où je ne l'attendais pas.

J'avais imaginé des dizaines de scénarios, au sujet de ces retrouvailles. Comment il allait être, comment je réagirai, puis comment lui réagira. Pourtant, alors que j'allais prendre la parole, le blocage survient. Je n'arrive pas à dire un mot, à faire un geste. Je suis comme paralysée, et je n'arrive ni à savoir pourquoi, ni comment m'en sortir.

" ... A... Archie... ? "
Yukio Onoki
(compte prinipal)
~~~
Irys Flyvia ~¤#¤~ Vincente Valentyne
~~~
Kimuko ~¤#¤~ Shacionne Sanatarionn

Si l'une de ces filles vous intéresse, faites-le moi savoir via un petit MP ;)

Archie

E.S.P.er

Re : Le coup de filet [VV]

Réponse 44 dimanche 31 mars 2013, 04:03:28

Elle est là, dans mon dos. Étrangement, je ne l'ai détectée qu'assez tard. Le choc, les événements d'il y a -je viens de le lire dans son esprit- deux jours de cela, auraient-ils un peu déréglé ma télépathie ? Probablement pas. Ma faiblesse vient plus certainement de l'état émotionnel qui était le mien : des questions un peu trop nombreuses qui se bousculaient dans ma tête, de mon abattement, de mon dégoût de ma propre personne, de ma résignation. Je peux à présent parler de cela au passé, car à la seconde où j'ai pu confirmer, et cela ne m'a guère pris plus d'un instant, que c'était bien elle qui s'approchait de moi, un grand éclair de joie m'a traversé. Il m'a presque fait sursauté. J'ai du serrer le bord de la fontaine pour ne pas me relever brusquement. Non, je ne veux pas la brusquer.

Les choses ont-elles changées, en un couple de jours ? Je n'en suis pas convaincu. Je suis le fil confus de ses pensées. Elle paraît toujours aussi fragile. Pourtant, elle s'était préparée ? Ma seule présence semble la bloquer, à moins que ce ne soit autre-chose... elle-même n'en est pas sûre. C'est embêtant, car je n'en sais pas plus qu'elle. Si elle avait eu la moindre idée, j'aurais pu l'aider, mais malheureusement, son propre esprit lui est aussi opaque, sinon plus, qu'à moi. Je reste à fixer l'eau. Je sais qu'elle est toujours derrière moi. Ne pas la voir directement m'aide à contenir mes sentiments. J'ai peur d'être trop instable, et elle n'a pas besoin de ça. C'est peut-être la solution. Devrait-on arrêter de se rencontrer, et simplement communiquer par télépathie ? Elle m’appelle par mon nom, d'une voix hésitante. Je ne lui réponds pas. Je ne me retourne pas, je ne bouge pas les lèvres.

J'hésite. S'adresser à elle en s'introduisant directement dans ses pensées ? C'est sûrement la solution la plus sage. Celle qui aurait le plus de chance, de défaire au bout d'un moment le nœud si compliqué de ses sentiments. Même si on prenait en compte ce que je pourrais trouver en matière de psychologie dans mes connaissances, cela serait long, complexe, sans doute pénible. Et si ce nœud était un nœud gordien ? La légende originelle disait que quiconque déferait ce nœud incroyablement sophistiqué deviendrait maître de toute l'Asie. Quand un roi perse le défia, Alexandre le Grand, confronté à ce problème qu'il ne savait résoudre malgré son esprit, avait trouvé une solution plus simple : il avait tranché le nœud de son épée.

Vincente !

Le message télépathique est fort, intense, radieux, brusque. Peut-être même, par sa soudaineté et sa puissance, il l'étourdira, un peu. Je laisse éclater ma joie contenue depuis une bonne minute. Profitant de l'hébétement causé par ma manifestation, je donne de ma personne. Je n'en ai pas l'habitude, et ne suis pas du tout confiant dans mes chance de réussite, mais je me lance. Je me retourne, et je franchis d'un pas la distance qui nous sépare. Enfin, créant un petit champ de force sous mes pieds, pour arriver à sa hauteur, j'écarte les bras et les referme autour d'elle. Ma vitesse d’exécution ne lui laisse pas vraiment l'occasion de me repousser. Je me colle à elle, je l'étreins de toute mes forces, quand bien même celles-ci sont pour elle tout-à-fait négligeables.

Enfin, j'incline légèrement ma tête ruisselante d'eau, et j'approche assez rapidement mes lèvres des siennes. Toutefois, je ne les colle pas directement, lui laissant, cette fois, la latitude pour refuser le baiser. Je crève de peur. Je tremble. Un instinct, presque une pulsion de survie, m'incite à fermer les yeux, comme pour éviter de contempler l'animal féroce, le prédateur, qui va bientôt me déchirer en morceaux. J'y résiste, je ne sais comment. J'essaie de capter son regard vert, directement, sans faire attention aux gouttes qui, dégringolant de ma chevelure trempée, risquent de tomber sur le mien. J'avais prétendu une dizaine de secondes plus tôt que je ne voulais pas la brusquer. Je me demande qui, en cet instant, est le plus brusqué des deux. Tant pis. Nous en sommes là : j'ai donné le coup d'épée. Reste à savoir si le roi perse apprécie la solution.
« Modifié: dimanche 31 mars 2013, 04:29:36 par Archie »


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