Il était temps. Il sentait que ça montait. Oui, il sentait la soif de sang monter en lui. Il se leva de sa couche et se dirigea vers le bloc-notes posé sur la table en évidence, et prit le stylo entre ses doigts. D'une écriture tremblante par le manque de contrôle, il parvint à écrire un mot rapide à l'attention de Mordret. "I'm off to kill." D'une démarche presque contrôlée, il se dirigea alors vers son armoire. Les battants s'ouvrirent, une main ferme attrapa un manteau noir qui alla se poser sur ses épaules. Les bras toujours nus rentrèrent une nouvelle fois dans l'armoire, pour en sortir ce qu'il lui fallait. Son six-coups, toute un sac de munitions... et un joli fusil à pompe chromé. Celui-ci finit à sa ceinture, tel un fourreau, alors qu'il tenait fermement son six-coups dans une poigne tremblante. Son regard était fou.
Les portes s'ouvrirent violemment après un coup de pied magistral entre les ouvrants. La jambe encore levée du Puppeteer fit un pas en avant, puis le Puppeteer lui-même disparut. Une course effrénée créa un léger nuage de poussière, alors que les diverses rambardes éclataient en morceaux et que les pièges s'activaient après que le pied de l'homme scorpion se soit posé dessus. Les gardes du côté d'Ahnard ne virent que la barricade exploser en centaines de morceaux de bois, et un éclair noir et blanc leur passer sous le nez. Ca leur suffisait : ils savaient qui venait de passer en trombe. Encore trois minutes de trajet.
Puis les gardes arrivèrent. Ceux de Nexus. Ceux-ci tentèrent d'arrêter l'homme-scorpion sans savoir ce à quoi ils s'exposaient. Ethan Andersen sauta par-dessus le premier garde, et une queue noire vint se planter dans son cou. La queue se releva, envoyant le garde voler dans les airs. A sa réception se trouvait le tibia du Puppeteer, qui l'envoya s'empaler sur l'épée d'un autre garde. Un regard rapide sur les troupes informa le scorpion de ce qui l'amuserait : il en restait huit. Le second garde, celui qui avait empalé son camarade sans le vouloir, finit avec une balle entre les deux yeux rapidement. Le Puppeteer, lui, avait déjà sa main sur la cheville du cadavre le plus frais et avait commencé à prendre appui.
Cent-quatre-vingt degrés. Ce fut la rotation du Puppeteer au moment de soulever le garde mort pour éclater la cage thoracique d'un troisième garde à l'aide du cadavre. Dans une belle gerbe de sang, le troisième garde recula de deux pas. Assez pour que le Puppeteer lui fracasse le crâne avec son talon, en prenant appui sur sa tête afin d'atteindre le quatrième garde et retourner sa propre lame contre sa mâchoire. Avec un léger coup de genou dans la main, Ethan permit au garde de s'empaler tout seul, la lame ressortant sobrement du haut de son crâne, là où aurait été le trou occipital à sa naissance. Un garde tenta, dans un dernier cri pour se donner du courage, d'approcher l'homme-scorpion pour lui asséner un coup d'épée. Il n'en eut pas le temps : une monstrueuse pince noire se referma sur sa tête. Le corps sans tête s'écroula au pieds du Puppeteer, dont la pince se changea en main, tenant toujours la tête.
D'un regard, il vit sa prochaine cible. On ne sut jamais si ladite cible était homosexuelle ou nécrophile, mais les lèvres de la tête arrachée et celles du garde se rencontrèrent dans un beau fracas d'os brisés. Six sur neuf. Il en restait donc trois. D'un seul assaut, un garde tenta de lui passer une épée en travers du corps. Sans se retourner, le Puppeteer prit la lame entre son pouce et son index. Il laissa le garde lutter quelques secondes, durant lesquelles la lame trembla légèrement. D'un mouvement vif du poignet, l'homme-scorpion retourna la lame contre son propriétaire. Celle-ci vint se planter dans son poumon gauche. Peu après, le pied du Puppeteer vint se poser sur l'épaule du garde qui crachait son sang, et sa colonne vertébrale ainsi que son poumon droit furent tranchés net en deux. L'épée était partie se planter dans le sternum du huitième garde d'un lancer habile.
Ethan laissa les deux cadavres tomber au sol, et se dirigea en marchant vers le dernier garde qui eut un mouvement de recul. Avec un cri de terreur, il laissa son arme tomber au sol. Le débit de parole impressionnant d'un humain menacé aura toujours surpris le Puppeteer, un peu emmerdé à chaque fois. Il détestait les supplications et les prières futiles. Cependant, le garde était différent cette fois : il lui délivrait une information qui donnerait un but à sa boucherie.
- F-F-Fier guerrier ! Attends ! Si tu me laisses la vie sauve, j-je m'engage à te donner une information qui pourrait t'intéresser !
- Alors parle, larve.
- T-Tu promets de me laisser en vie ?
- Oui, je le promets. Alors, parle !
- Voilà... On dit qu'il existe dans un autre monde des épées capables de détruire le monde si elles sont toutes réunies ! Ce n'est qu'une rumeur, mais...
- Intéressant... et où se trouvent-elles ?
- T-Tout près d'ici ! Nous étions partis inspecter l'endroit, en vérité.
- Oh, je vois. Approche donc, humain. En gage de ma gratitude, je me dois de t'étreindre.
Hésitant, le garde fit un pas en avant, puis deux. Sa démarche titubante montrait sa peur, mais aussi son soulagement. L'information n'était pas entrée dans l'oreille d'un sourd. Il se présenta donc en face de l'homme-scorpion, qui tendit les bras pour les passer autour du garde. La chaleur du scorpion surprit le garde, avant qu'il se rende compte que son propre corps refroidissait. Il n'avait pas senti les huit pattes de scorpion sortant des côtes du Puppeteer se planter dans ses reins. Un sourire cruel trônait sur le visage d'Ethan, alors que le garde reculait en tenant ses plaies.
- J'ai promis de te laisser en vie, soit... mais pour combien de temps ?
Tentant le tout pour le tout, le garde tourna les talons et tenta de courir. D'un air désabusé, le Puppeteer ramassa l'épée dudit garde et la lança sur lui. Le garde trébucha au dernier moment, esquivant donc miraculeusement l'épée qui se dirigeait vers son dos. A terre, il tentait de ramper. D'une démarche lente, le Puppeteer le rattrapa et regarda où s'était plantée l'épée. Il se retrouva face à un tout autre monde : un homme en costume-cravate gisait contre une porte, épinglé à la porte en question par l'épée qu'il avait lancé. Une blessure à l'estomac : il était dans doute évanoui. Le Puppeteer écrasa la tête du garde, avant d'entrer dans la maison. Il s'assura d'être bien bruyant, histoire que la personne qui habitait ici voit qu'il s'était introduit sans la moindre permission.
Le style était bien différent de Terra. Était-ce le monde dont le garde parlait ? Non, une vibration magique émanait de la maison. L'homme-scorpion se concentra sur la vibration : elle venait de six objets. Cinq épées... non, six. Une d'entre elles résonnait plus violemment avec le Puppeteer. Avec un sourire, il observa les alentours. Il devait trouver l'épée qui était rentrée en résonance avec lui, car c'était un signe. Cette arme était faite pour lui, et lui seul.