ALICE KORVANDER
Alice commençait à sentir son mauvais pressentiment s’assurer, se développer. Ce que la scientifique hautaine affirma en voyant la fiole ne fit que renforcer ce pressentiment, cette sensation d’angoisse :
«
Vos magiciens seront incapable d'identifier cette substance, pour la simple et bonne raison qu'il n'ont jamais eu affaire à celle-ci. Nous, si. Et si c'est bien ce à quoi je pense, alors vous et votre royaume êtes dans une merde abyssale. Passez la moi. »
Oberyn n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que la femme prit la fiole, et se retira. Alice nota alors qu’Ayano se pressait contre son corps, et tourna la tête. La jeune fille était nerveuse, et Alice esquissa un léger sourire à son intention.
«
Je l'aime pas. Elle est comme celles qui on enlevées Oneesan. -
Oui... Mais elles ne la prendront pas, ne t’en fais pas. »
Ayano bondit d’Éclipse, et écrabouilla un ver. Personne n’y fit vraiment attention, si ce n’est Alice, mais surtout parce qu’elle vit Ayano délaisser ses chaussures à l’entrée du Château, avant de filer. Elle se dit que sa belle-sœur devait vraiment, à l’avenir, faire un peu plus attention à l’endroit où elle marchait. Ce ver de terre était vraiment moche, et Alice ne pouvait guère se douter que, en réalité, Ayano venait, par sa maladresse, de détruire un agent biochimique qui comptait infester Sylvandell depuis le cœur du pouvoir : le Château royal. Oberyn se rapprocha de la porte d’entrée, et regarda Alice.
«
Tout ça ne me dit rien qui vaille... J’ai beaucoup voyagé, Princesse... Et je ne connais pas beaucoup de substances sur lesquelles les Tekhanes sont aussi sûres d’elles. »
Alice déglutit. Elle se rappelait dans sa tête la conférence à laquelle elle avait assisté à Novac, au terme de laquelle les Tekhanes avaient reçu des Ashnardiens le plein concours des autorités publiques contre les menaces de bio-infestation formienne. Alice y avait assisté pour récupérer sa femme, tandis que les diplomates ashnardiens avaient espéré pouvoir bénéficier de la technologie tekhane, en insistant sur le fait qu’il serait plus facile, pour les Ashnardiens, de se défendre avec la technologie tekhane. Ces dernières avaient clairement refusé, et les Ashnardiens, en désespoir de cause, avaient du autoriser l’intervention légitime des Tekhanes. À vrai dire, les Tekhanes seraient quand même intervenues, et les Ashnardiens n’avaient aucune raison logique de refuser ça.
Le duo entra, et Alice cligna des yeux en voyant que la salle de banquet avait été transformée. Son père, Tywill Korvander, était dans la pièce, observant en clignant des yeux les appareils qui se mettaient en place. Des gros câbles électriques roulaient sur le sol, et des techniciennes, secondées par quelques soldats déboussolés, installaient des ordinateurs, des écrans le long de la salle de banquet.
«
Mais qu’est-ce que c’est que ça ?! »
Éberluée, Alice s’avança lentement. D’énormes écrans plats avaient été installés, montrant des images satellites chevrotantes, tandis que des femmes discutaient entre elles, dans de petits appareils qu’Alice identifia comme des radios et des oreillettes.
«
Améliorez la position du satellite, l’image n’est pas très stable ! -
On repositionne les paraboles pour mieux capter. »
Oberyn semblait également surpris. Alice, toujours aussi estomaquée, se rapprocha de son père, qui était en train de fulminer dans son coin.
«
’Loperie de bordel de pétasses chaudes comme un putain de volcan en cloque... »
Tywill était relativement hostile à la technologie, et Alice comprit que se rapprocher de lui n’était pas une très bonne idée. Elle préféra s’avancer près de la table, regardant le grand écran plat. Elle reconnut vaguement Sylvandell, alors que l’image défilait, passant à travers plusieurs filtres. Félicitant son séjour sur Terre, qui lui permettait d’en savoir un peu plus sur ce qu’elle voyait, elle comprit que les Novaquiennes recherchaient quelque chose.
«
Regardez... Position 23’-36’-XE. -
Il y a quelque chose de curieux…Une forte concentration…Veuillez cibler… Est-ce qu’on a le filtre 7 ? -
Il sera opérationnel d’ici une minute, mais je crois que c’est confirmé… Une telel concentration de chaleur ne peut pas être due à autre chose… C’est près d’une source d’eau importante. »
Une «
source d’eau importante »... Il ne pouvait pas s’agir de grand-chose d’autre. Alice déglutit en comprenant que les Novaquiennes étaient en train de parler du lac dans lequel Alice, Ayano, et Sakura, s’étaient baignées. Elle sentit un frisson la parcourir, et revit finalement la Novaquienne s’approcher d’elle, pour confirmer ce qu’elle pressentait.
«
J'ai une très mauvaise nouvelle pour vous, princesse. Cette substance que vous avez ramenée, c'est un pathogène utiliser par les formiens pour réaliser ce que nous nommons "bio-infestation". Ce qui signifie que vous allez subir une attaque Formienne. Heureusement, celle-ci ne semble en être qu'à la phase une. C'est une véritable chance, car généralement, celles-ci ne sont détectées par nos instruments qu'à partir de la phase trois, lorsque l'air et l'eau sont saturées par ces spores et que les morts commencent à s'empiler. Pour une fois, nous allons donc pouvoir intervenir bien plus tôt et sauver bien plus de vies... »
Au fur et à mesure que la femme parlait, Alice sentit un frisson désagréable la traverser. Sakura... Elle ignorait comment, mais elle
sentait que Sakura était en danger. La scientifique continuait à parler dans le vide, Alice ne l’écoutant plus :
«
...Évacuation de la pop... »
Sakura ! Sakura était en danger, Alice en était persuadée ! Son cœur se mit à s’affoler, et elle parla rapidement :
«
C’est au lac ! L’entrée de... Enfin, le cœur de ce... De cette bio-infestation, là... C’est dans le lac, et Sakura a plongé dedans ! Il lui est arrivé quelque chose, je le sens ! Il faut intervenir ! -
Personne n’interviendra, l’interrompit la Novaquienne.
À partir de maintenant, l’état d’urgence est déclaré sur votre royaume, et, en application de la convention sur les menaces xénos signée entre Ashnard, Tekhos, Novac, et d’autres États, et en vertu de l’article 4 de la présente convention, les autorités militaires tekhanes prennent le contrôle des opérations. Commandeur, réunissez vos hommes, et dites-leur d’aller dans les villages, et de regrouper les gens dans la partie haute de votre ville ! Nous avons appelé des renforts, qui arriveront d’ici quelques heures par hélicoptères. Un camp de décontamination sera mis en place, et... »
Alice ne l’écoutait plus. Elle savait qu’elle ne pouvait rien faire, mais elle était intimement convaincue que Sakura était en danger, que quelque chose de terrible lui était arrivé. De la sueur coulait le long de son front. Elle devait retourner au lac. Cependant, elle savait que les Tekhanes allaient désormais interdire l’accès à l’ascenseur menant à la partie basse de Sylvandell, et que tous les Sylvandins allaient être évacués vers la partie haute. L’article 4 de la convention disposait explicitement que, face à une menace de bio-infestation avérée, les autorités militaires tekhanes avaient l’autorité totale et absolue pour endiguer la crise, sous réserve des quelques dispositions prévues dans une annexe à la convention, parmi lesquelles on trouvait quelques ultimes limites, très faibles, très théoriques.
La panique s’emparait de son cœur, et elle entreprit de s’asseoir, perturbée.
SARAH KERRIGAN
Quand Sakura émergea, les Tekhanes n’étaient pas encore là. Le processus d’incubation ne dura qu’une heure, ce qui fut relativement plus rapide que prévu. La Reine des Lames veillait alors sur sa couvée. Thorne lui avait dit que les Novaquiennes étaient au courant de sa présence. La bio-infestation allait échouer, c’était indéniable... Mais Sarah ne comptait pas partir comme ça. Elle voulait se renseigner sur cette Sakura Korvander, et comptait poursuivre sa bio-infestation, notamment afin de donner l’illusion qu’elle chercherait à contaminer la région. Pendant que l’incubateur transformait Sakura, Sarah s’était pleinement renseignée sur elle, et avait ainsi su tout ce qu’elle avait besoin de savoir. Sakura Konoe, une ancienne lycéenne de Mishima, disposant d’un pouvoir qui en avait fait une esclave richissime : la terramorphose. Elle avait été une nageuse d’exception, avant d’être capturée par Hiro Atayashi, un esclavagiste nexusien. Elle avait fini par devenir la Princesse de Sylvandell en se mariant à Alice, et en étant bénie par le dragon d’Or de Sylvandell, une sorte de puissante créature que les Sylvandins, dans leur ignorance, assimilaient à une divinité. Elle avait vu que Sakura avait été brièvement capturée par une autre esclavagiste, Mélinda Warren, et que Sakura, tout en étant hostile à l’esclavage, appréciait secrètement l’idée d’être soumise... Ce que Sarah interpréta comme un héritage de son éducation japonaise, une éducation qui se caractérisait par la soumission, et par ses années de servitude auprès d’Hiro... Une sorte de plaisir inconscient qu’elle se refusait à admettre.
Elle avait continué à lire dans sa tête, et avait rapidement découvert l’existence d’une sœur, qui, visiblement, n’avait pas les mêmes capacités que Sakura. Ceci avait intrigué Sarah. Si Ayano était la sœur de Sakura, alors le génome si particulier de Sakura devait se retrouver dans celui de sa sœur. Alice Korvander était sans intérêt pour elle, mais Ayano... Elle avait pris la décision de trouver un moyen de la capturer, afin de pouvoir voir si, comme Sakura, elle était dotée de capacités terramorphiques latentes... En somme, elle voulait voir si Sakura et Ayano étaient bien les descendantes lointaines de Formiens qui avaient, un jour, existé, sur Terre. Une telle chose signifierait qu’il y avait eu des Formiens sur Terre, mais que ces derniers avaient disparu. Comment ? Pourquoi ? Quand ? Autant de questions que Sarah se posait. En offrant Sakura et Ayano à Abathur, il pourrait travailler sur leur génome, et obtenir des réponses plus précises.
Comme elle s’y attendait, Sakura sortit de l’incubateur en étant complètement transformée. Le phénomène avait bien marché, et elle était très appétissante. Parmi toutes ces formes, l’incubateur avait choisi d’utiliser le modèle elfique, car, du point de vue de Sarah, un elfe était à la fois un être noble et soumis, ce qui représentait bien l’image qu’elle donnait de ses Cérébrates. Dans sa tête, l’amour de Sakura pour Alice avait été reportée sur Sarah, qui lui avait offert la possibilité d’être pleinement libre, en acceptant pleinement ce qu’elle était. Sarah doutait que l’amour de Sakura pour Alice soit totalement mort. Ce genre de sentiments était difficile à éradiquer, surtout qu’elle n’avait pas Abathur sous la main.
En attendant, la nouvelle Sakura s’allongea sur le dos, en manque, devant le Chasseur xénomorphe. La créature noirâtre poussa un léger grognement, tandis qu’un chibre épais se formait entre ses belles jambes noires. Sa longue queue caudale glissa sur le sol, et l’imposante créature, faisant plus de deux mètres, se rapprocha, se penchant vers la femme. Son sexe noir était solidement tendu, faisant une trentaine de centimètres. Il aurait aussi pu la pénétrer avec sa queue caudale, mais il préférait la conserver pour ses fesses.
«
Alors viens me satisfaire, en attendant... » lui souffla-t-elle.
Les mots de cette femme accrurent son érection, et la bête poussa un grognement satisfait, pliant les genoux, frottant son front contre sa tête, les faisant glisser sur ses lèvres, ainsi que sur son nez.
«
Tes ordres sont miens, Maîtresse... »
Une longue langue gluante frotta la joue de la femme, et ses mains grandes et tranchantes se posèrent sur ses épaules. Il s’allongea sur elle, et la pénétra d’un coup sec, sans attendre plus longtemps, et glissa l’une de ses mains, pinçant le téton de la femme. Sa gueule se rapprocha ensuite de la bouche de cette femme, et vint la lécher, avant d’entreprendre ce qui pouvait se rapprocher le plus d’un baiser, de sa part.