Aux petits soins! [PV Shunya] FIN

Allongée près d'elle, la princesse lui faisait part de ses petits fantasmes pour sur le moment, rien de bien original mais véridique. Même si elle mit bien vite un frein à cela, elle l'avait dit au moins, c'est déjà ça. Caressant la hanche de sa future femme, elle ne pouvait quitter son regard de ses deux yeux verts, si magnifiques, si envoûtant. Elle lui parlait en ne lui disant que la pure vérité. Comment pourrait-elle lui mentir ? Les seuls mensonges qu'elle pourrait réussir à lui dire, ce serait pour lui faire une surprise et encore, Nora a toujours dit qu'Hinata était une très mauvaise menteuse. Même si elle aimait l'entendre lui dire qu'elle l'aimait, elle culpabilisait toujours un peu de l'avoir vraiment remarqué qu'hier. Bien sûr, elle l'avait déjà vu dans le palais, que ce soit le réfectoire, dans les couloirs ou ailleurs, mais son si joli visage était parmi de très nombreuses femmes, plus jeune ou plus âgée, difficile de la voir là, dans toute sa beauté.

« Effectivement, je doute entendre un ''non'' de leur part mais... ça serait très étrange... »

Oui car avant d'annoncer officiellement ses fiançailles avec Shizuka Shunya, elle comptait lui demander sa main et l'autorisation de ses parents, comme son père l'avait fait avec ses grands-parents – les parents de sa mère donc – puis de plus, elle comptait faire ça un soir, discrètement. Moins de personnes sauront la princesse en virer, mieux ce sera. Sa petite amie avait les mains baladeuses sur son corps mais elle ne va pas l'en priver, si elle voulait lui caresser les fesses... Elle lui avait dit, elle était tout à elle. Faisant ce petit plaisir à sa petite amie, elle se rapprochait pour mieux se coller à elle en ne la quittant pas des yeux, venant elle aussi passer sa main sur ses douces fesses.

« Tout savoir sur moi ? Mais tu veux tout savoir de quelle façon ? Dans ma vie de tous les jours ou bien plus... intimement ? »

Leur poitrine venait se coller, leur ventre aussi et leur nez se frôlaient mais pas de baiser, pas tout de suite.

« Tu sais, ma vie de tout les jours n'a rien de très amusant. Les papiers à vérifier, signer, corriger, les réunions, tout ça, on est loin des contes pour petite fille de la belle princesse dans son palais et de la fière guerrière qui repousse mille et un mercenaires pour venir baiser la main de la princesse. »

Oui là où la magie des contes fait face à la cruelle réalité. Cela dit, cela aurait pu être plus réel si ses parents seraient encore de ce monde ? Hinata n'aurait pas eu à rentrer si brusquement dans le bain du monde de dirigeantes. Elle serait une princesse qui chercherait plus ou moins l'âme sœur, qui ferait ce qui lui plairait avec sa sœur... Ha, Kagami. Pas un jour ne passait sans qu'elle ne pense pas à sa petite sœur chérie. Le monde est bien cruel mais elle refuse de penser à elle dans un moment où elle est nue contre une femme, ça lui couperait l'envie. Sérieusement, penser à une petite fille durant l'acte. Une petite fille morte dans ses bras en plus !

« Nora m'aide beaucoup et je m'amuse comme je peux avec mes rares amies. »

Nora, Yami, Tsukasa qui malgré son côté pervers était quand même une des rare à lui parler sans répéter son titre de princesse toutes les trois secondes, il y avait certaines capitaines ou jeunes samurai/vice-capitaine avec qui elle s'entendait bien. Il y avait bien des choses qu'elle faisait et qu'elle aimait faire, sa vie n'était pas si nulle que ça mais ici, son esprit avait tendance à facilement piocher des idées coquines que des choses normales. Venant un peu plus se coller contre elle – en l'embrassant un peu par la même occasion – elle rompit doucement le baiser sans détourner son regard de ses jolies pupilles. Les joues légèrements rosées, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas été aussi heureuse.

« Mais sinon, je dois bien avouer que j'ai un petit faible pour les kitsunes. Surtout en furry. Elles sont si douces et douées. Mais en ce qui est de faire l'amour, j'aime les choses plus féminine comme frotter nos intimités l'une contre l'autre en jouissant ensemble. »

La main de la princesse pressait un peu plus cette chair si tendre et délicieuse, elle pourrait en profiter comme bon lui semble en plus, c'était un avantage d'être sa petite amie.

« Hmm tu sais, je n'ai essayé qu'une seule fois d'être une futa... avec un membre masculin donc... c'était contre ma volonté mais même si je préfère nettement faire ça en étant une femme toute simple... plus je passe ma main dessus et plus l'idée de te pénétrer par-derrière me tente... Pardon mon amour d'être si crue et si... direct mais je ne sais pas, ici, j'ai l'impression que le moindre de mes fantasmes sort de ma bouche en même temps que ma respiration... Crois-moi, d'habitude, je ne suis pas du tout comme ça... »

Le fait de délier sa langue si facilement lui faisait un peu peur, c'est vrai. Elle ne savait pas si pour Shunya, il en était de même mais elle avait peur de lui faire peur justement. La princesse se mordait la lèvre inférieure, sa libido ayant légèrement chuté à cette idée. Elle restait contre elle, sa main était toujours sur sa fesse mais... elle était moins énergique qu'avant ses dernières pensées sorties de sa bouche...

À quoi Shizuka pensait en demandant cela ? Pour être honnête, elle-même l’ignorait... Elle avait juste envie d’en savoir plus, sans vraiment s’appesantir davantage sur ce que ce « plus » signifiait. Se mordillant les lèvres, son regard était planté sur celui de la Princesse, et cette dernière se mit à parler. Hinata parla d’une voix douce et magique, envoûtante, et lui expliqua rapidement qu’il n’y avait pas grand-chose à dire sur ses activités en tant que Princesse. Shizuka, bien entendu, savait que ça n’avait rien à voir avec l’image qu’on se faisait dans les contes de fées. C’était bien plus administratif, et, même si tout l’intéressait, elle dut admettre qu’il était bien plus intéressant d’entendre les fantasmes de la Princesse. Elle rougit légèrement quand cette dernière lui avoua avoir déjà été une Futa’, et surtout devant ses fantasmes, notamment sur les Furrys, ou sur la sensation de frotter son intimité contre la sienne. Dans sa tête, Shizuka, elle, se représentait sa Princesse avec une verge... Woow ! C’était... Non, Shizuka n’arrivait tout simplement pas à se le représenter... Mais, pour autant, l’image trottait dans sa tête, remuant en elle, tournoyant dans son esprit. Clignant des yeux, elle répondait aux baisers de sa future femme... Sa future femme ! Shizuka n’arrivait pas à y croire... Mais oui, cela ne semblait plus faire aucun doute ! Est-ce que ses parents s’étaient mariés si rapidement ? Shizuka avait toujours eu un peu de mal à poser la question. Elle savait que son père et sa mère s’aimaient profondément, mais... Avaient-ils ressenti le coup de foudre, eux aussi ? Est-ce que ce que Shizuka ressentait en ce moment continuerait à durer ? D’un côté, elle l’espérait, mais, de l’autre... Être esclave de ses sentiments était quelque chose d’horrible, le ciment de toutes les tragédies romantiques qu’elle avait l’habitude de lire. C’était horrible... Et en même temps merveilleux. Pour Shizuka, il y avait clairement maintenant un « avant » et un « après ». Jamais elle n’avait été aussi heureuse qu’en ce moment, et elle redoutait sincèrement la souffrance qu’elle ressentirait en étant séparée d’Hinata.

Shizuka lui sourit, et hocha lentement la tête, frottant son nez contre le sien :

« Moi, j’aime bien tes fesses... Mais je ne sais pas pourquoi. Elles... Je les trouve si douces, si fermes, si agréables... »

Elle-même ignorait pourquoi elle disait ça, mais c’était comme si toutes les inhibitions avaient sauté, comme si elle sentait que jamais Hinata ne pourrait la juger, comme si, instinctivement, elle se doutait que la Princesse d’Edoras ne pourrait jamais la regarder avec horreur, en se disant que Shizuka était une fille avec des fantasmes incompréhensibles et horribles.

« J’aimerais bien te voir avec un sexe masculin... Il paraît que c’est... Très intense comme sensation... Et... »

Elle se mordilla à nouveau les lèvres, les joues rouges, sa main se crispant un peu plus sur le postérieur d’Hinata, ses doigts glissant contre sa croupe.

« Je... J’aime bien les combinaisons en latex, aussi... Et en cuir...  Je ne sais pas pourquoi, mais... Chaque fois que je vois les soldates de Tekhos à la télévision, ou les Celkhanes, je trouve leurs tenues affreusement belles et moulantes... »

Shizuka rougit encore un peu. Elle ignorait comment elle arrivait à dire tout ça finalement, et elle rougit confusément.

« Tu... Euh... »

Ayant envie de changer de sujet, la jeune femme aborda un autre domaine :

« Est-ce que je pourrais dormir avec toi, maintenant ? Pas tous les jours, bien sûr, mais... Euh... Quand l’Académie n’aura pas besoin de moi... Si ça ne te dérange pas... »

Elle avait terminé sa phrase sur un tout petit ton, toute gênée...

Shizuka était la beauté et la douceur incarnée. Si belle, même si son harem faisait d'elle une jeune femme moins timide, moins réservé, elle arrivait encore à avouer ses fantasmes, même si ce n'était pas quelque chose de surprenant, c'était mignon de les savoir. Elle aimait ses fesses ? Un jour ou l'autre, il faudrait qu'elle trouve des dessous qui vont mettre cela en valeur, même si pour le moment elle n'avait rien en stock, c'était inutile de demander à Tsukasa, elles n'avaient pas la même taille. Certes, pour les jouets, les potions, les conseils elle était là pour aider mais les vêtements, à moins d'avoir les mêmes proportions, ce n'était pas une véritable boutique à elle seule. À moins que... Shizuka revint aussi sur le fait qu'elle ai été une futa, quelle petite étourdie. Hinata gloussait en continuant de lui caresser les hanches, allant vers ses fesses avant de remonter, faisant toujours le même petit bout de chemin avec sa main.

« Mais tu me verras bientôt avec... tu m'as offert ta virginité après tout. De même... j'aurais un cadeau spécial rien que pour toi. »

Oui, elle n'était plus vierge donc elle ne pouvait offrir ce cadeau à sa petite amie mais elle avait un autre cadeau, dans le même genre mais c'est à voir plus tard. Inutile de faire le tour de la question en une soirée, autant en garder pour la suite. De même, sa guérisseuse lui avouait son goût pour les tenues en latex ou cuir, comme celle des Tékhanes et des Celkhanes. Dire qu'elle en avait eu au palais il y a quelques semaines, quand Luna était encore là. Certes, leur venue n'avait rien e joyeux avec cette mission horrible mais inutile de se retourner l'estomac avec ses images. Cependant elle ne comptait pas la laisser continuer sur ce chemin en venant parler du fait de dormir avec elle. D'accord, elle va lui répondre à cette question mais pas seulement. Hinata remuait encore un peu pour mieux se coller contre elle en posant ses lèvres sur les siennes pour un rapide baiser.

« Bien entendu, c'est même un ordre ! » Lâchait-elle joyeusement.

Hinata avait t=très souvent dormi avec sa petite sœur, pour ainsi dire toujours. Même si elles avaient leur chambre, les sœurs s'amusaient à se rejoindre la nuit pour dormir l'une avec l'autre. Même après la mort de Kagami, elle a longtemps dormi avec Nora. Hinata était capable de dormir seule, mais elle avait du mal à s'endormir quand son lit était vide, de même qu'un mauvais rêve lui suffit à en perdre le sommeil et rejoindre Nora. C'est pour cela que bien souvent, elle offrait à une des étudiantes plus jeune qu'elle de dormir avec elle. Non pas qu'elle ce genre de penchant pour les jeunes filles mais cela lui donne encore l'impression d'être une grande sœur.

« Tu dormiras autant de fois que tu voudras avec moi. Dans un premier temps, Nora t'aidera sûrement à quitter ma chambre le matin ? À moins qu'on utilise un des passages secret du harem pour rejoindre le palais ? Tant que l'annonce n'est pas officielle, autant éviter d'en faire courir le bruit, ma chérie. »

Elle voulait faire l'annonce de son futur mariage une fois les Shizuka informer de la liaison entre leur fille et la princesse, ensuite, Edoras comme le monde entier saura que la princesse Kaguya n'est plus une princesse à marier. Après tout, toutes les Kaguya avant elles ont eu des maris ou femme par amour, jamais pour raison financières, politiques ou autres, l'amour à prôner sur le reste, toujours. Faisant de même avec la fesse de son amour, elle la caressait un peu plus passionnément en adoptant un petit sourire coquin.

« Tu sais, il me serait très facile de dégotter une ou deux tenues Celkhane ou Tékhane ? C'est le genre de chose qui ne possède qu'une taille car cela vient épouser tout les types de morphologies, venant faire comme une seconde peau sur mon corps... Tsukasa m'a même dit qu'il en existait des plus sexy... »

Son nez venait se frotter au sien alors que son regard était lié à celui de la jeune femme, venant passer ses lèvres doucement sur les siennes. Elle voyait mal comme ce genre de tenue pouvait être plus sexy car c'était déjà le top du top dans le genre mais s'il y une chose à savoir, c'est ne jamais sous-estimer une Tékhane en ce qui concerne le sexe. Tsukasa était Edorasienne mais depuis quelques années seulement, elle était née et avait grandi à Tékhos et son expérience prouvait bien que ce dicton était vrai. Les Tékhanes ne sont pas les dernières pour améliorer le sexe avec des méthodes nouvelles ou parfois même farfelue. Alors qu'un nouveau baiser unissait ses deux-là, une chose étrange et imprévue se produisait.

« Eh bien, je vois que tu as eu le courage de le lui dire. »

Hinata se retourna, surprise mais pas paniquer, cette voix lui était très familière. Nora était adossée au mur, les bras croisées à les observer. Cette salle la rendait un peu moins pudique car même si l'Ange l'avait plus d'une fois vue nue, Hinata ne s'était pas jeter sous des couvertures pour s'y cacher, l'observant simplement.

« Moi qui pensais vous trouver toutes rouges après avoir partagé votre premier baiser, il faut croire que les choses ont été plus rapide que prévu. »
« Que veux-tu, je crois que j'en suis folle amoureuse. »
« Je suis contente pour toi, Hinata. Mais je crois que vous avez perdu la notion du temps. Ils ne vont pas tarder à manger alors vous devriez vous rhabiller et remonter dans la chambre déjà. Et puis, tâcher d'en garder un peu pour vos soirées. »

Même si Tsukasa se ferait une joie de donner des idées à sa princesse, Nora n'avait pas tort, elle tourna les talons pour les laisser tranquille le temps de remettre les pieds sur terre et se préparer. La princesse déposa un nouveau petit baiser rapide sur les lèvres de Shunya en lui souriant.

« Elle a raison. On continuera ça ce soir. Allons reprendre un peu de force avant ça... même si je te croquerais bien en guise de repas. »

Hinata gloussa avant de doucement s'écarter d'elle pour s'habiller avant de ne pas tenir parole.

Shizuka était d’accord avec le fait d’en parler à ses parents avant de lancer les hostilités en annonçant ça à tout le monde. La main d’Hinata était très prisée, justement parce qu’Edoras était un royaume important. Il était idéalement placé, entre Tekhos et le reste de Terra, une porte d’entrée importante vers Tekhos, concentrant de multiples routes commerciales, terrestres comme maritimes, avec un fleuve qui remontait le long d’Edoras pour rejoindre Tekhos Metropolis, et deux embouchures permettant, soit d’atteindre la mer et Nexus, soit de filer à l’intérieur des terres. Il bénéficiait ainsi d’une position idéale, bénéficiant en plus d’un climat tempéré très agréable. C’était un royaume riche, bénéficiant d’une armée, d’une technologie avancée... Oui, la main d’Hinata devait être très convoitée. Shizuka avait beau être enfiévrée par l’amour, elle savait que l’officialisation de leur union en ferait grincer plus d’un... Mais c’était ainsi. L’amour avait sa propre voie, son propre cheminement, et il venait de s’exprimer entre les deux femmes. Elles étaient ensemble depuis une éternité dans ce lit, se blottissant l’une à l’autre, tandis qu’Hinata lui confiait pouvoir obtenir des combinaisons tekhanes moulantes, probablement par le biais de Tsukasa.

La guérisseuse, lors de ses séjours au Temple de la Lune, avait déjà croisé Tsukasa. Venant de Tekhos, elle l’avait toujours regardé bizarrement, avec une petite lueur inquiétante derrière ses lunettes. Maintenant, Shizuka se rappelait les rumeurs circulant sur Tsukasa... Visiblement, elles étaient fondées. Curieuse, Shizuka, tout en restant contre Hinata, et en ayant une main posée sur son corps, entrouvrit les lèvres, et se mit à parler :

« Hinata, est-ce que Tsukasa... ? »

Elle n’eut pas le temps d’achever sa phrase car elle entendit du bruit. Tournant la tête, la guérisseuse vit alors Nora arriver, et rougit légèrement. En d’autres circonstances, elle se serait faufilée sous les rassurantes couvertures du lit, mais, là... Pour être honnête, elle n’était nullement gênée qu’on la surprenne dans le plus simple appareil... Elle ne saurait pas trop dire, mais, alors que Nora, auparavant, l’intimidait un peu, elle était maintenant totalement rassurée en sa présence. Elle ne craignait même pas un quelconque excès de jalousie. C’était comme si l’atmosphère de cette chambre influait sur Shizuka, balayant les ondes négatives, afin de ne laisser qu’un amour vibrant pour Hinata, Hinata qu’elle tenait toujours chaleureusement entre ses bras. Elles étaient étroitement entremêlées, et Nora, surprenant Shizuka, leur expliqua que le soir approchait, et que ce serait bientôt l’heure du dîner.

*Déjà ?!*

Comment le temps avait-il fait pour filer si vite ?! Tête posée contre l’un des seins d’Hinata, comme s’il s’agissait d’un tendre oreiller, Shizuka releva immédiatement la tête, surprise... Puis son regard croisa à nouveau Hinata, et elle rougit devant le compliment de cette dernière, lui répondant par un tendre baiser.

« Je t’aime, Hinata... »

Aucune remarque intelligente, aucune réflexion subtile, c’était tout ce qu’elle trouvait à dire... Et c’était bien suffisant. Hinata se retira, puis Shizuka finit aussi par s’arracher du lit, et par enfiler ses vêtements.

« En tout cas, cette chambre est magnifique... »

Shizuka le pensait sincèrement. Y revenir la tenterait bien, car c’était clairement un endroit superbe. Shizuka attrapa ensuite la main d’Hinata, et lui sourit0

« Guide-moi, mon amour... Je suis toute à toi pour la soirée... »

La guérisseuse flottait maintenant comme sur un petit nuage.

Tout était tellement merveilleux qu'elle avait vraiment l'impression de rêver.

Oui le temps avait vite défilé mais c'est toujours comme ça quand on s'amusait, c'est bien connu. Oui, du coup, ça avait vite défilé mais ce n'était que partie remise. Le temps de manger et dans une heure ou deux, grand maximum, elles vont pouvoir recommencer. Alors que la princesse commençait à reprendre ses vêtements, sa petite amie semblait se faire de plus en plus proche d'elle, venant prendre sa main pour lui être voué corps et âme. N'était-elle pas mignonne ? Cela dit, Hinata avait une petite surprise à préparer alors non, elles ne seront pas toujours ensemble ce soir, il va bien falloir qu'elles se séparent un peu. Elle gardait le sourire en poser son front contre le sien, son nez se frottant au sien, c'était presque un baiser qui se préparait mais... non, il ne faut pas retomber dans ce cercle vicieux ici, la moindre chose était un prétexte pour aller plus loin.

« Ne t'inquiète pas, je te guiderais pour tous. » voyez le double sens quand même. « Mais après le repas, je te laisserais un bon quart d'heure, voir même une demi-heure pour que tu fasses ce que tu veux. Que ce soit aller voir des amies ou tenter de trouver une excuse ou même attendre dans ma chambre ? Ne t’inquiète pas pour moi, juste une petite formalité à remplir. »

Inutile de vendre la mèche, autant faire croire que c'était un petit travail à finir rapidement, ça devrait aller si c'est ça. En vérité, elle comptait rendre une petite visite à Tsukasa. Elle qui lui faisait toute genre d'avance, il était temps de voir ce qu'elle pourrait faire pour sa princesse. Mais pour le moment, là n'était pas la question. Une fois prête, toute les deux se dirigeait vers la petite salle privée. D'ordinaire cette salle servait quand il y avait des invités qui ne souhaitaient pas partager la même salle que tout le palais. Hinata prend ses repas avec elles d'ordinaire, soldates, servantes, étudiantes sauf en cas de maladie ou invités. Et là, inutile que les gens se posent des questions sur elle et Shunya même si ça arrivait à la princesse de manger avec des filles de son palais sans avoir aucune raison. Le moins de doutes possible ! Hinata n'avait pas besoin de donner une raison mais pour Shunya, l'excuse était simple. Tout le monde ne mangeait pas en même temps, certaines mangeaient un peu avant ou après, il faut bien des personnes pour surveiller le palais durant le repas ou bien même travailler entre-temps à l’entraînement, bibliothèque ou autres.

Ensemble, dans le salon privé, il n'y avait rien de spécial, de même que Nora se chargeait elle-même de ramener les différents plats. Pas de menu spécial, c'était la même chose que tout le monde mais juste entre elles. Le repas n'avait rien de spécial, l'occasion de bavarder un peu, parlant de tout et de rien. Encore une occasion d'en apprendre plus sur sa future femme ?

« Et si tu me parlais un peu de tes parents ? J'aimerais bien en apprendre un peu plus sur eux avant de les rencontrer. À ce propos, je pense que l'on fera cela d'ici deux ou trois jours ? On fera cela de nuit avec Nora. On ne les dérangera pas au moins ? Je n'aimerais pas déranger mes futurs beaux-parents... »

Elle était princesse de ce royaume mais ce n'est pas une raison pour agir comme elle veut. Si ses parents dormaient ou n'étaient pas disponibles, alors elle fera en sorte de les croiser quand ils seront libres. Sa discutions avec eux est importante mais elle refuse de les déranger pour ça. Elle fera comme bon leur semble. Si jamais Shunya souhaite les prévenir de son passage dans quelques jours, alors autant le faire. Ce serait dommage de sortir de nuit, en cachette et tomber sur une porte fermée. C'était simple à faire, Hinata, Shunya et Nora auront de quoi se couvrir et passer pour des touristes arrivées tardivement pour atteindre la maison des Shizuka. Hinata était prête à tout pour sa future femme, quitte à y aller doucement mais sûrement.

La Princesse lui expliqua qu’elle avait une surprise pour elle, surprise nécessitant qu’elles se séparent après le repas pendant un petit moment. Shizuka acquiesça lentement, sans pouvoir nier qu’elle était... Intriguée. De quelle surprise s’agissait-il donc ? De quoi est-ce que Shizuka était en train de parler ? Les questions se bousculaient dans son esprit, remuant dans sa tête. Est-ce qu’elle avait une combinaison moulante en latex, finalement ? Rien qu’à l’idée d’en porter une... Sincèrement, Shizuka ne comprenait pas l’origine de ce fantasme précis ! Le latex n’était pas très répandu à Edoras, où on préférait majoritairement des tenues vestimentaires plus amples, et beaucoup moins connotées, sexuellement parlant. Cependant, elle se trompait aussi peut-être du tout au tout... Qui sait ce que son aimée lui préparait ? Et puis, quelle importance ? Shizuka n’arrivait toujours pas à croire que c’était bien irréel, qu’il n’avait fallu qu’une journée pour qu’elle bascule ainsi dans le bonheur le plus complet. Tout s’était joué à toute allure, les évènements se précipitant à une folle vitesse. Voilà maintenant que les deux femmes parlaient mariage et progéniture ! Pour Shizuka, tout allait vite... Si vite qu’elle avait peur que la Princesse ne s’emballe. Bien sûr, pour Shizuka, rien au monde ne lui ferait plus plaisir que d’être mariée à la Princesse, mais... Hinata méritait peut-être mieux... Shizuka n’était pas en train de penser qu’elle ne pouvait pas se marier avec elle, non, juste qu’elle savait que le pouvoir impliquait parfois, au nom de l’intérêt de l’État, de sacrifier ses propres penchants. Un mariage politique ne serait-il pas plus préférable, en ces temps troublés ? Les Kaguya avaient maintenant un contrôle très fragile sur le royaume. La famille avait été décimée, empêchant ainsi cette dernière de mettre à la tête de différents secteurs-clefs du pays des membres de la famille... Même au-delà des frontières, la guerre entre Ashnard et Nexus continuait à embraser le monde, amenant des États secondaires à s’affirmer sur la scène internationale, bouleversant les rapports de force préétablis : Herzeleid, l’Empire de Vapeur... Dans ce contexte, Hinata ne ferait-elle pas un choix plus judicieux en se trouvant un époux, ou une épouse, qui aurait pu augmenter l’influence du royaume ? Shizuka, elle, n’apportait rien...

La question la turlupinait alors qu’elles sortaient de cette mystérieuse pièce secrète, pour rejoindre un salon privé. Shizuka savait que, en temps normal, Hinata mangeait dans un grand salon, en compagnie du personnel du Temple de la Lune. Le salon privé n’était réservé que pour les hôtes de marque : dîner d’affaires, négociations diplomatiques... Se retrouver seule avec Hinata était intimidant, mais aussi le signe qu’Hinata comptait se renseigner un peu avant d’officialiser son union. Shizuka n’était pas perturbée. Le contraire l’aurait surpris. Ce soir, elle voulait être seulement avec Hinata, et réfléchir... Comment se comporterait-elle demain ? Ressentirait-elle toujours le même désir pour Hinata ? Est-ce que la peur de ne pas être à la hauteur viendrait l’assaillir cette nuit ? Alors que le repas arrivait, et que Shizuka se tenait en face d’Hinata, cette dernière lui posa alors une question sur sa famille.

Shizuka cligna lentement des yeux, en sortant de ses pensées.

« Euh... Et bien... Mon père s’appelle Mamoru. Il... Il travaille dans la gestion d’une rizière à proximité de la capitale. C’est... C’est une exploitation familiale, qu’il gère avec mes oncles et mes tantes... Ce faisant, il se lève tôt, et rentre assez tard. C’est un homme courageux, valeureux... Et très patriotique. Tout à fait entre nous, je crois qu’il risque de tomber dans les pommes si tu sonnes à sa porte, et si tu lui annonces que nous envisageons de nous... Enfin, euh... Voilà... »

À l’idée de prononcer le mot « marier », Shizuka avait rougi fortement, baissant la tête en serrant nerveusement ses mains.

*Ohlàlà, mais quelle godiche ! Ressaisis-toi, ma vieille !*

Elle releva la tête, et la secoua de haut en bas, revenant alors sur le cas de sa mère :

« Quant à ma mère... Euh... Elle s’appelle Aiko. Elle a bénéficié d’un congé-maternité pour moi et ma sœur... Elle travaille dans l’une des banques d’Edoras, et s’occupe des finances de la maison. Mon père aimerait bien qu’elle rejoigne la rizière, mais Maman aime bien son travail à la banque... Elle a fait de hautes études d’économie à Tekhos, et Papa et elle étaient des amis d’enfance... Mamoru lui tirait les couettes dans la cour de récréation pour attirer son attention, et il était toujours puni, là où Maman avait toujours de bonnes notes. »

Elle rougissait en en parlant. Ses parents s’aimaient profondément, et c’était Aiko qui gérait la maison. Elle s’occupait des finances, suivant le modèle edorassien classique... Le mari rapportait l’argent, et la femme gérait le budget de la maison. Le schéma évoluait cependant en ce sens que c’était aussi Maman qui, grâce à son salaire, apportait de l’argent. Mamoru avait toujours été un cancre. Fils de fermier, il n’avait rejoint l’école que parce qu’elle était obligatoire, et aussi parce qu’apprendre à lire et à écrire était indispensable pour gérer la rizière. Il avait d’ailleurs séduit Aiko en lui apportant des bols de riz... Et Shizuka ignorait que sa grande sœur avait été conçue dans la grange de la rizière, quand Mamoru avait rompu son service militaire le temps d’un week end. Il avait couché avec Aiko dans la grange, et en avait profité pour lui demander sa main.

« Quant à les voir... Mon père acceptera de te revoir à n’importe quelle heure de la nuit, mais... Il faudra le prévenir en avance, car il voudra faire un discours, et nettoyer son costume d’officier. »

Mamoru avait réussi à devenir officier à la guerre. Il aurait pu avoir une brillante carrière, mais, pour ça, il aurait dû s’éloigner d’Aiko, et il avait choisi d’y renoncer, et de retourner s’occuper de la rizière.

« Et... Euh... J’ai deux sœurs, aussi... Megumi est la plus grande, et elle fait des études à l’université de Tekhos Metropolis, et revient de temps en temps nous voir. Quant à Chikako... Elle a trois ans... Voilà... »

Triste conclusion, mais Shizuka ne savait pas quoi dire d’autre.

La princesse était impatiente de faire connaissance avec sa nouvelle famille mais ne brûlons pas les étapes, elle savait qu'elle devait faire les choses doucement mais sûrement, une chose à la fois. Elles étaient prêtes à manger paisiblement, avoir une soirée bien tranquille avant de se retrouver seule. Certes, c'était le cas ici aussi mais il y avait beaucoup d'aller et venue de la part de Nora puis soyons honnête, elles étaient trop prudes pour tenter quoi que soit. Bref, la princesse posa ses questions pour en savoir plus sur la famille Shizuka, pour ce qui était de ses parents, rien de bien extraordinaire et pourtant, elle écoutait avec une oreille grande ouverte ce qu'elle lui racontait, le profil de ses parents. Un père qui travaille dans les rizières, une mère qui travaille dans une banque et gère les finances à la maison. Elle savait qu'ailleurs, c'était l'homme qui était le « chef » comme à Nexus ou même Ashnard mais elle s'en fichait, elle avait grandi avec ce principe de vie et cela lui convenait parfaitement. Elle a grandi ainsi, elle respecte la façon de faire ailleurs comme dans son royaume. C'était après tout pareil à Tékhos.

« Haha, inutile de mettre les petits plats dans les grands car je souhaite les rencontrer. Je veux être traitée comme une invitée mais je n'en demande pas tant. Tu leur diras simplement que tu as quelqu'un à leur présenter. Il se douterait que c'est une personne qui te sera chère mais pas besoin de sortir le tapis rouge pour moi. »

Surtout que mine de rien, Hinata allait devoir affronter sa phobie, parler à un homme, devoir se rapprocher de lui car après tout, il sera son beau-père un jour ou l'autre. Mais bon, avec lui, ce sera donc le premier pas vers sa guérison... ça lui passera bien un jour, reste à savoir quand. Elle n'avait pas vraiment de crainte vis-à-vis de la mère de Shunya, ni même concernant sa sœur mais il y avait une chose que Shunya lui avait caché ou bien qu'elle n'avait pas retenu hier à cause de sa maladie... Pourtant, elle n'aurait sûrement pas oublié un tel détail.

« Tu as une petite sœur ? De Trois Ans ?! »

Hinata était aussi surprise qu’émerveillé. Non seulement elle aura une belle sœur mais elle aura aussi une belle – petite – sœur ! De trois ans ! Elle sera toute mignonne, timide peut-être, elle prononcera ses petits mots peut-être avec hésitation ? Et Hinata ? Elle sait qui elle est ? Elle voudra venir la voir ou pas ? Si Shunya se posait divers questions sur l'amour d'Hinata, rien qu'avec cette dernière phrase, elle devait se rendre compte que rien au monde ne fera changer Hinata d'avis, surtout maintenant qu'elle sait cela.

« Il faudra que je lui trouve un cadeau alors ? Et pour tes parents et ta sœur aussi du coup ! Oh, qu'est-ce que je pourrais leur prendre ? Puis si on arrive tard, ta petite sœur sera sûrement en train de dormir ? »

La crainte de ne pas la voir ce soir-là. Elle imaginait bien Shunya avec sa petite sœur dans ses bras, une image si belle, si poétique, elle ferait faire de beaux rêves à Hinata. Oh et quand elles auront un bébé, cette adorable Chikako avec sa nièce dans les bras, oh ça doit être trop chou ! Puis avant cela, elle viendra voir sa sœur au palais, elle dormira avec elles dans le lit, Hinata lui offrira tout ce qu'elle voudra et le temps d'un week-end ou d'une semaine, ça leur donnera des idées sur la façon d'élever un enfant, ça sera si grandiose. Quelques mots de Shunya auront suffi de faire d'Hinata une princesse en train de rêver tout éveillé. Dorénavant, elle était impatiente, plus encore, d'aller chez elle demander sa main à ses parents. La princesse allait prendre sa main en lui souriant.

« Ma Shunya, y a-t-il une chose chez toi qui me déplaît ? Plus tu me parles, plus j'ai l'impression de t'aimer plus que possible. »

Hinata avait ce complexe de grande sœur et face à une demoiselle qui a moins de dix – voire même treize – elle devient totalement gâteuse et follement heureuse envers ses jeunes demoiselles, elle leur décrocherait la lune pour elles. Oui, pas une journée ne passait sans que Kagami lui manquait. Elle la voyait partout, dans les cheveux longs et noires des jeunes edorasiennes, dans leur sourire, leur grands yeux curieux, leur rire envoûtant. Même si elle a plus d'une fois invité de ses jeunes pensionnaires au palais, parfois même à dormir avec elle, aucune mauvaise langue ne s'est délié et pour cause, tout le monde savait que la princesse sera bien la dernière personne à fantasmer sur ses enfants. Elle les aimait, oui, mais comme une grande-sœur.

« Et si... » Soudain, c'est la crainte. « Et si elle ne m'aimait pas ? Pour une raison inconnue ou parce que je lui vole sa grande-sœur ? Parle-moi d'elle ? Ainsi que de Megumi, je veux en apprendre sur elles, pour savoir leur offrir un joli cadeau et afin de me rapprocher déjà d'elles, avant même de les rencontrer ! »

La petite visite après le repas dans le palais attendra, elles n'avaient même pas fini en plus. Mais là, Hinata avait plus soif de curiosité sur sa future belle-famille plutôt que sur son repas. L'amour lui servait à remplir son estomac, Shunya était à croquer après tout. Un peu craintive mais aussi déterminée, elle se tenait à côté de sa bien-aimée, prête à retenir toutes les infos pour plaire à ses belles-sœurs !

Shizuka avait un peu de gêne à parler de sa propre famille, au regard du passé difficile de la Princesse. Elle avait perdu toute sa famille, et évoquer la sienne était donc un peu gênant pour Shizuka. La guérisseuse, silencieusement, se demandait, avec amusement, comment sa famille allait réagir en voyant la Princesse débarquer à l’improviste. Mamoru, son père, en aurait probablement une syncope... Mais, d’un autre côté, croiser son père permettrait peut-être à Hinata de surmonter sa peur des hommes. Papa n’était qu’amour et dévotion, un gros nounours qui se faisait mener le bout du nez par Maman. Shizuka était bien placée pour le savoir : c’était toujours avec Papa que Shizuka jouait, et Maman qui venait lui reprocher d’avoir trop joué avec Shizuka, et de ne pas avoir fait les devoirs avec Shizuka. Parfois, les deux s’enfermaient dans leurs chambres, et, pour les avoir espionnés depuis le couloir, Megumi lui avait juré qu’elle avait entendu de drôles de bruits émanant de la chambre... Et ce n’était que des années après que Shizuka avait compris pourquoi leurs parents s’enfermaient ainsi dans toute la nuit, et pourquoi ça sentait fort le refermé le lendemain matin, quand Shizuka et Megumi, conformément à la répartition quotidienne des tâches ménagères, faisait le lit et aérait la chambre.

La Princesse sembla soudain se passionner pour Chikako et Megumi, notamment Chikako, et lui demanda si elle avait bien une petite sœur, ce qui fit sourire Shizuka.

« Oui, oui, ma puce... »

Elle pouvait lire le bonheur dans les yeux d’Hinata, et le compliment que cette dernière lui fit ensuite la fit rougir. Visiblement, les choses allaient bien se passer entre Hinata et sa belle-famille. Hinata revint ensuite sur Chikako et sur Megumi, et Shizuka sourit devant le risque que sa famille puisse la refuser.

« Crois-moi, Hinata, tout le monde sera surpris de te voir, mais pas un ne voudra pas de toi... S’il y a bien une chose que Papa nous a appris, c’est à aimer notre patrie, et la famille des Kaguya. Pour le reste... C’est moi qui m’occupe de Chikako très souvent, quand je rentre de l’académie. Ma mère est souvent en voyage d’affaires, et, même quand elle revient, elle est souvent plongée dans ses livres comptables. Quant à mon Papa, il travaille souvent aussi assez tard pour la rizière, et rentre fatigué. Alors, c’est moi qui me suis chargée de changer Chikako, de la coucher, de la border, et de lui lire des histoires... Elle m’aime beaucoup... Alors, je crois qu’elle adorera dormir avec nous deux, si ça ne te dérange pas, bien entendu... »

D’un autre côté, le tableau serait touchant... Chikako, blottie entre les deux femmes... Il était fréquent que Chikako pleure en pleine nuit, et, comme elle dormait dans la même chambre que Shizuka, cette dernière avait pris l’habitude de la prendre de son lit pour la coucher dans le sien, où elles dormaient alors ensemble. Les deux femmes étaient relativement mignonnes, ensemble... Alors, à trois... Se pinçant les lèvres, Shizuka pensa à autre chose, et revint sur Megumi, puisqu’Hinata avait aussi désiré savoir comment les choses allaient se passer avec sa grande sœur.

« Quant à Megumi... Je... Euh... »

Shizuka rougit à nouveau, ce qui, chez elle, signifiait généralement qu’elle allait parler de sexe.

« Elle... Hum... Elle voudra sûrement savoir si... Euh... Si tu es... Euh... Enfin... Euh, hum... Si tu... Si tu fais de bons bisoux... »

Elle lâcha la fin de sa tirade sur une toute petite voix, avec les joues cramoisies... Naturellement, c’était à toute autre chose qu’elle pensait... Mais elle n’arrivait pas à le dire. Elle se racla alors la gorge, fixant son plat pendant quelques secondes, son cœur battant longuement la chamade, puis elle redressa cette dernière, son regard croisant celui d’Hinata :

« Elles seront ravies de te voir, Hinata... Rassure-toi, tu n’as rien à craindre... Absolument rien. »

En apprendre plus sur eux, quel plaisir ! C'est si bête, si simple et pourtant la princesse écoutait chaque mot, un à un. Ses futurs beaux-parents semblaient sympathiques comme tout et le mieux, elle aura deux belles-sœurs, une grande et surtout une petite ! Oh, si elle n'avait pas des projets et si Nora ne lui interdirait pas d'y aller comme ça, à l'improviste rendre visite aux Shizuka, elle aurait sûrement voulu les rencontrer ce soir ! Shunya raconta plus en détail ses liens avec sa petite sœur Chikako, du fait qu'elles étaient proches, qu'elle s'en occupait souvent et même Shunya venait proposer comme ça, de la faire dormir avec elles. C'était une idée qui l'avait fait fantasmer mais de là à l'entendre sortir de la bouche de sa petite amie ?!

« Oh mais volontiers ! Je ne pourrais rien refuser à ma future femme et à ma future belle-soeur ! »

Avoua-t-elle toute enjouée. Ha, s'occuper de Chikako, ça va être un avant-goût de la vie de parent mais l'occasion aussi pour Hinata de revivre ses choses qu'elle avait partagé avec Kagami. Bien sur, elle se sentait proche des autres petites filles de l'académie mais là, il s'agira de sa belle-sœur, sa nouvelle famille. Hinata était aux anges, à penser à tout ce qu'elles pourraient partager à trois, même à deux. Cette petite Chikako sera traitée comme une princesse avec Hinata. Elle ne pourra rien lui refuser, c'est évident. Puis vint Megumi, sa future grande sœur qui elle, voudra sûrement plus de détails intimes à voir Shunya dire cela de cette façon. Chose qui surprit aussi Hinata, la forçant même à regarder ailleurs en se grattant la joue.

« Oh ? Eh bien... je suppose que je pourrais bien... avouer une petite chose ou deux... Mais rien de trop intime évidemment... je ne vais quand même pas... enfin, ce que l'on fait ensemble ne la regarde pas après tout... »

C'est vrai ça, elles seraient entre filles mais ce n'est pas une raison pour dire tout ce qu'elle a fait avec sa sœur après tout. Ce serait gênant... Déjà qu'elle a du mal à parler de sexe avec Tsukasa qui n'avait rien à voir avec sa famille alors avec sa future belle-sœur ? C'est trop en demander ! Et Shunya concluait sur le fait qu'elles seront ravies de la voir. Elle lui souriait à nouveau en venant lui caresser le visage. Elle ne dit rien mais elle se disait que sa famille aussi serait ravie de la faire entrer dans la famille. Sa mère était une femme généreuse, douce mais qui savait se faire respecter de ses enfants tout de même, comme une bonne mère de famille. Elle aurait accepté Shunya comme sa fille, de même pour son père. À l'image des couples à Nexus ou ailleurs, l'homme avait la place dominante dans la famille et la femme était souvent un peu plus en retrait mais douce, là, les rôles étaient inversés, son père était très calme et attentionné. Viril aussi, il ne faut pas croire, il prenait plaisir à élever ses enfants et les éduquer pendant que sa femme gouvernait le royaume. Et Kagami ? Elle aurait environ quinze ans aujourd'hui, elle serait heureuse pour sa sœur, elle serait heureuse d'avoir une autre grande sœur. Ce qu'elle lui manquait...

Hinata ne disait rien à ce sujet, ne voulant pas installer une mauvaise ambiance alors comme bien souvent, elle gardait quand même le sourire en mangeant son repas. Le repas continuait en bavardant encore un peu, quand vint le dessert ! La princesse avait tout prévu, elle avait glissé un petit mot à Nora en arrivant et voilà la surprise ! Un éclair au chocolat ! Pour deux. Non pas qu'Hinata fasse attention à sa ligne ou soit radine mais... Shunya avait sûrement deviné la suite, non ? De toute façon, elle va se faire une joie d'expliquer sa pensée de suite.

« J'ai toujours voulu partager un moment comme ça où la dernière bouchée sera pour nous deux en même temps ! Je trouve ça super romantique et mignon à la fois ! Acceptes-tu de partager ce dessert avec moi, mon amour ? »

Quelle question, bien sûr qu'elle allait accepter ! Face à face, les yeux dans les yeux, leurs lèvres se rapprochant de plus en plus, qui irait dire non à une chose pareil, à son être aimé ? Chaque bouché la rapprochait de plus en plus d'elle, la faisant rougir un peu plus encore, son regard était tenté de fuir aussi. Mais lorsque le dernier morceau était là, entre ses deux doigts, elle souriait un peu plus en écoutant son cœur battre plus vite pour en prendre une partie avant de toucher les lèvres de sa douce petite amie, partageant ce dernier morceau mais partageant surtout un nouveau baiser au bon goût de chocolat. Hinata fermait les yeux en se penchant sur elle, partageant salive, langue et chocolat. Certes, il y a avait plus pratique pour manger mais c'était aussi très bon comme baiser... et comme dessert. Après cela, elle va devoir profiter de leur pause pour préparer la suite mais, pour le moment, elle savourait ce contact avec les lèvres de Shunya.

« Tu est toujours aussi délicieuse, mon aimée. »

Elle passait sa main encore propre sur sa joue pour la caresser alors qu'elle gloussait, n'en revenant toujours pas d'avoir une petite amie aussi formidable.

Shizuka crut discerner une lueur un peu triste dans les yeux de son aimée, et ce malgré le tendre et rassurant sourire qu’elle lui offrit. Parler de sa famille avait forcément dû amener Hinata à penser à sa famille défunte, et c’était ça, justement, que Shizuka voulait éviter. Elle savait qu’Hinata avait eu une petite sœur, Kagami, avec laquelle elle s’était très bien entendue, et elle ne voulait pas que penser à Chikako lui rappelle ce qu’elle avait perdu jadis. Ce qu’Hinata avait vécu était terrible, et Shizuka l’avait vécu à tous les niveaux. Elle l’avait vécu personnellement, car elle se trouvait au Temple de la Lune quand la tentative de putsch avait eu lieu, et elle l’avait ensuite vécu d’un point de vue familial. Mamoru, son père, avait été effondré quand il avait appris ça, et, après le massacre des Kaguya, l’exploitation de la rizière avait été à perte. Alors qu’il faisait auparavant des profits, il avait affronté l’hostilité des Edorassiennes, et les anciennes ordonnances, qui avaient eu pour but d’égaliser les rapports entre les sexes, avaient évolué vers davantage de discrimination : des taxes plus lourdes pour les hommes, sans parler du ressentiment général... Plusieurs fois, Mamoru avait hésité à fermer la rizière, mais c’était l’exploitation familiale. Il avait dû essuyer de nombreuses enquêtes administratives et policières. Dans les semaines ayant suivi le massacre des Kaguya, beaucoup de familles avaient fui, et les hommes restés avaient tous été accusés d’être des traîtres. Mamoru avait été interrogé, et Shizuka se souvenait encore de cet horrible spectacle, quand les policières étaient venues chez eux, en pleine nuit, afin de le traîner hors du lit. Si Hinata était morte... Si elle était morte ce soir, la guerre civile aurait définitivement éclaté. Les villes auraient été brûlées, la population se serait déchirée, et Edoras aurait cessé d’exister.

La paranoïa collective avait décru au bout de plusieurs mois, et, alors que son père aurait pu rejoindre la rébellion, ou se mettre à haïr un pouvoir qui l’avait pris pour un traître juste parce qu’il était de sexe différent, il n’avait éprouvé que de la compassion pour Hinata. Si Shizuka dormait souvent à l’Académie, si sa grande sœur était partie à Tekhos, ce n’était pas sans raison. Les deux avaient été traumatisées en voyant les agents spéciaux faire irruption en pleine nuit, accusant son père d’utiliser la rizière pour fournir des vivres et des armes aux rebelles et aux terroristes. Maintenant, les choses étaient retombées, mais la cause masculine, pour l’appeler ainsi, était mal engagée. La rizière souffrait toujours des impôts lourds, juste parce que le dirigeant de la société était un homme. Shizuka trouvait ça injuste, et, maintenant qu’elle avait l’oreille de la Princesse... Certes, elle régnait à travers son conseil, mais c’était elle qui dirigeait le pays. Cependant, lui en parler... C’était très difficile pour Shizuka, qui, de plus, avait le sentiment qu’elle n’était pas à sa place ici. Elle était avec la Princesse, que diable !

Conservant cela dans un coin de sa tête, elle se mit à parler, de sujets anodins, de banalités... Ce qu’elle pensait du Temple de la Lune, sa formation... Mais, dans sa tête, elle songeait toujours à ça.

*Tu peux peser sur les choses, Shizuka... Tu peux aider Hinata à comprendre que les hommes ne sont guère différents que les femmes. Tu peux aider ta famille, il faut juste que tu OSES le faire !*

Oser le faire, justement... Pour cela, il fallait déjà qu’Hinata voit son père, qu’elle voit que Mamoru ne pouvait rien donner d’autre qu’un amour sans bornes. Comment aurait-il pu haïr Hinata ? Participer, de près ou de loin, à ce crime horrible ? Il était un éternel naïf, celui qui se faisait toujours avoir quand des démarcheurs venaient, celui qui donnait volontiers un or qu’il n’avait pas aux pauvres, ce qui crispait à chaque fois Maman... Et ce même si, quand elle reprochait à Papa de gaspiller leurs maigres économies, une mince lueur d’approbation perlait dans ses yeux.

Des éclairs au chocolat arrivèrent alors, en guise de dessert... Ou, plutôt, un seul éclair au chocolat. Surprise, Shizuka se demanda si Nora ne comptait pas en apporter un autre... Puis Hinata se mit à lui parler, et, en comprenant ce qu’elle voulait, la guérisseuse se mit à poliment rougir. Elle se mordilla les lèvres, et commença ainsi à manger l’éclair, en même temps qu’Hinata. C’était un bel éclair, très bon, et Shizuka regardait Hinata, penchée en avant. Les joues terriblement rouges, elle mangeait lentement l’éclair, jusqu’à ce que son nez rencontre celui de la Princesse. Elle pencha la tête sur le côté, attendit un peu, sentant les doigts d’Hinata, joueurs, retenant le moment final... Pusi elles s’embrassèrent ensuite, tendrement, délicieusement.

« Hmmmm... ! »

Shizuka cligna des yeux. Le baiser dura de longues secondes, puis elle le rompit, un sourire sur le coin des lèvres. Elle rougit ensuite, suite au compliment d’Hinata, et cette dernière lui caressa tendrement la joue. Shizuka se mordilla les lèvres.

« Je... Merci... »

Elle se pinça encore les lèvres, puis lui fit un franc sourire.

« Je te retourne le compliment, Hinata... Je t’aime... Je t’aime tellement, ma chérie... »

Sa main venait de se joindre à la sienne, l’agrippant et la caressant.

Face à tant d'amour, comment ne pas être heureuse ? Hinata était la femme la plus heureuse au monde ce soir mais le repas venait de se terminer en beauté avec ce baiser au chocolat et ses quelques petits mots doux glissé par-ci par-là. Ha, ce qu'elle respirait la joie de vivre. Quittant donc leur petit salon privées, elles regagnaient doucement le temple mais la princesse n'oubliait pas de préparer sa petite surprise, c'était important après tout.

« Je pense qu'il est temps de te laisser souffler un peu. Je vais aller... faire quelque chose de mon côté alors tu peux en profiter pour, euh... passé voir tes amies ou prendre des affaires de rechanges pour demain ou... Bref, comme tu le souhaites. Tu peux même m'attendre dans ma chambre ? Enfin, notre chambre à présent. »

Lâchait-elle avec un grand sourire. Elle lui fit un petit baiser sur la joue avant de partir avec Nora. Où ça ? Voir la seule femme dans ce palais qui pourra surement l'aider. Mais Nora devra être-là car cette dernière est aussi belle que dangereuse et pourtant, elle fait partie de son conseil restreint et reste un pillier important pour Edoras. Hinata et Nora avançaient plus rapidement car après tout, Shizuka irait peut-être directement attendre dans sa nouvelle future chambre ? Imaginer où elle pourrait disposer certaines de ses affaires, ses petits bibelots ou même, qui sait, fouiller un peu dans les affaires d'Hinata pour savoir si la princesse n'avait pas quelques petits secrets sous le matelas ? Mais passons. Elle fut exprès de passé par un autre chemin pour rejoindre la chambre de la belle blonde. Elle frappait trois fois à la porte avant que Tsukasa ne vienne ouvrir sa porte doucement avec son éternel petit sourire en coin.

« Bonsoir princesse. J'étais inquiète de ne pas vous voir à table mais, vous avez l'air en forme. Que puis-je faire pour vous ? »
« On peut entrer s'il te plaît ? J'ai un service à te demander. »

Elle s’écarta pour la laisser entrer car nulle doute qu'un service auprès d'elle, ce n'était pas pour savoir comment elle arrivait à être toujours en forme même si Hinata avait son idée sur la question. Sa chambre était sombre, éclairé par plusieurs écrans dont elle avait éteint la majorité en appuyant sur une petite télécommande. Quelques objets, la plupart indécents traînaient ici et là mais le pire, c'est que les femmes de ménage du palais passaient ici chaque matin et même en nettoyant cette chambre à fond, c'était toujours la même chanson.

« Ne faites pas attention au désordre. Alors, que puis-je pour vous, ma princesse ? »
« Voilà, j'aurais besoin que tu me prête... quelque chose. »
« C'est plutôt vague ? Mes lunettes, une tenue, une mes petites culottes ou bien un de mes jouets qui ont différentes tailles et fonc... »
« Tsukasa ! »
« Ma princesse, vous êtes trop vague. Soyez plus précise. »
« Disons une de tes fioles... »
« Encore une fois, laquelle ? Pour être plus sensible au toucher ? Pour tenir plus longtemps ou au contraire, atteindre le paradis en deux caresses, avoir du lait dans la poitrine ou plutôt quelque chose qui pousse ent... »
« Tsukasaaa ! » gémit-elle presque comme une enfant.
« J'ai mis le doigt dessus, comprit. » Mais ce manque d'information allait peut-être jouer un tour à sa princesse ? Tsukasa pioche soigneusement dans sa petite réserve avant de tendre le petit pot, aussi grand qu'une petite bouteille de sirop pour la toux. « Voilà pour vous. C'est un plaisir de vous aider mais... Puis-je savoir en quelle occasion vous la vouliez ? »
« Désolé mais cela n'est pas dans ton intérêt de savoir. Et puis, qui te dit que je j'utiliserais pour moi ? Et ce soir ? »
« Oh mais gardez donc là autant que vous voulez, vous pouvez même la finir. Mon devoir est d'aider ma princesse comme je le peux. Mais... vous me le direz quand même ? Heiiiin ? »
« Un jour, si tu te tiens tranquille... » quand tout le royaume sera au courant du futur mariage de la princesse par exemple. « Je te remercie en tout cas. Et pas un mot de tout cela. »
« Votre visite ne sortira pas de ma chambre princesse. Amusez-vous biiien~ »

Elle allait ouvrir la porte à ses invitées en repartant avant un grand sourire avant de prendre la télécommande pour rallumer ses écrans de pc, un écran affichait la tête d'une ravissante jeune femme que Tsukasa connaissait bien virtuellement. Une jolie demoiselle aux cheveux courts et blancs, très à son goût d'ailleurs.

« Tu as vu ça Ryouka ? Ma petite princesse devient une femme... Dommage que je ne puisse pas me transformer en petite souris, je me demande qui sera l'heureuse élue ? D'autant plus qu'elle aura de quoi faire avec ce que je lui ai fourni. »

Mais chut, c'était la surprise du chef !

Après ce tendre baiser chocolaté, Shizuka se sentait toute chose. Ses lèvres frémissaient suite à ce contact, et, une fois le repas terminé, elles se trouvèrent dehors, main dans la main, le cœur de Shizuka continuant à bondir dans sa poitrine. Son père lui avait toujours répété qu’elle était trop timide, et qu’elle était une femme pleine de qualités. La guérisseuse ne l’avait pas dit à sa chérie, mais, après les tueries au Temple de la Lune, pendant des années, elle avait suivi une pédopsychiatre, afin de guérir de son traumatisme, de son agoraphobie, et de sa peur des autres, ainsi que du contact. La pédopsychiatre avait fini par considérer qu’il faudrait un long traitement, et, comme Shizuka n’avait aucun problème  au niveau de ses résultats scolaires, sa mère avait décidé d’arrêter de payer cette spécialiste. Maintenant, Shizuka allait se marier avec la Princesse... Marchant dans le couloir, elle peinait à y croire. C’était comme vivre un conte de fées, un rêve éveillé ! Une simple paysanne, qui se mariait avec une Princesse... Est-ce qu’on ferait un conte de fées sur elle plus tard ? Elle ne savait pas comment y penser, mais cette idée l’excitait énormément. Elle, la simple guérisseuse, sans aucune ambition, qui marchait main dans la main avec la Princesse d’Edoras... Oh, il ne fallait pas croire que Shizuka sortait avec Hinata juste parce qu’elle était la dirigeante du royaume, mais... Et bien, cet élément était important, mais il avait, en réalité, plutôt tendance à repousser Shizuka. Hinata aurait-elle été, comme elle, une simple paysanne, que Shizuka ne se serait pas sentie aussi gênée de la sentir dans la main. Était-elle vraiment à sa place ici ? Hinata avait beau lui assurer que oui, Shizuka avait encore des doutes.

Finalement, son aimée lui demanda de bien vouloir l’attendre ailleurs, lui laissant carte blanche. Shizuka sortit de ses silencieuses pensées, et acquiesça en hochant la tête. Elle allait lui faire un baiser, mais Hinata réagit plus rapidement, déposant sur sa joue un baiser, avant de s’éclipser. Shizuka n’avait pas eu l’occasion de l’embrasser sur les lèvres, et, si elle avait été plus ferme, elle l’aurait attrapé par la main pour l’embrasser sur les lèvres.

*J’ai peur d’être un boulet pour elle... Je me vois mal assister aux conférences de ministres, ou devoir la soutenir sur des choix difficiles...*

Shizuka avait du mal à réagir sous la pression, et, à la simple idée de se retrouver au Conseil de la Princesse, elle en avait des suées. Elle se mit à marcher, s’aventurant le long des couloirs du Temple de la Lune, croisant quelques servantes, les saluant rapidement en hochant la main, rouge comme une pivoine. La nuit était en train de s’abattre sur Edoras, et elle n’était toujours pas rentrée à l’Académie... Shizuka n’avait aucune affaire particulière ici, et, en fait, elle réalisa qu’elle n’était pas sortie de la journée du Temple de la Lune. Demain, il faudrait qu’elle aille prévenir l’Académie que la Princesse allait bien, puis sans aucun doute aller voir ses parents. Ils étaient habitués à ce que Shizuka ne vienne pas plusieurs soirs, comme elle restait au sein de l’Académie, mais elle avait maintenant quelque chose à leur dire... Et elle imaginait volontiers leurs réactions. Son père serait ravi de voir qu’elle s’était trouvée une copine, sa mère aurait un point de vue plus cartésien, en se disant qu’il ne fallait pas tomber sur un glandouillard qui voudrait les ruiner... Sa grande sœur se demanderait si Shizuka était toujours vierge, et Chikako... Il était probable que Chikako ne comprendrait guère l’importance de cette nouvelle, et que, comme elle n’avait pas vu sa grande sœur depuis plusieurs jours, son premier réflexe soit de se blottir dans ses bras.

*Le pire, c’est qu’il ne faudra pas que je leur dise qui est ma dulcinée...*

Hinata voulait leur faire la surprise, et Shizuka avait du mal à ne pas tout dire envers son père. Là encore, elle marchait sans trop savoir où elle allait, et ses pas finirent par la conduire devant la chambre d’Hinata. Shizuka s’arrêta devant sa porte, clignant des yeux, et se rappela ce qu’elle lui avait dit... Shizuka pouvait aller ici si elle le voulait, et, même si la femme lui avait donné expressément son accord, Shizuka hésita un peu. Diable, c’était la chambre de la Princesse ! Sa main s’approcha du loquet de la porte, et elle la posa dessus, mettant plusieurs minutes, avant de finir par rentrer.

Vide et silencieuse, la chambre était éclairée par quelques bougies, et elle entreprit d’en allumer d’autres, puis s’assit timidement, pendant quelques minutes, sur le rebord du lit. Elle avait vécu tant de choses aujourd’hui qu’elle sut alors ce qu’elle devait faire. La guérisseuse sortit alors, puis fila dans la chambre qu’on lui avait initialement alloué le temps qu’elle guérisse la Princesse. Ses affaires personnelles étaient toujours là, et elle sortit son journal intime, puis fila dans la chambre de la Princesse, s’assit devant un bureau, et entreprit de le remplir.

Sur la couverture du journal, on pouvait lire :

« Les aventures de Shizuka
5^ème Volume »

C’était l’une des rares leçons de sa pédopsychiatre qu’elle suivait : coucher par écrit ce qui lui arrivait, afin d’extérioriser ce qu’elle pensait, et pouvoir les rationaliser. Elle avait déjà rempli quatre cahiers, qu’elle conservait précieusement dans ses affaires, et que personne ne pouvait lire... Pas même ses parents ! D’une main fébrile, elle entreprit donc de remplir des pages vierges, afin de coucher sur papier tout ce qui venait de lui arriver...

...Mine de rien, elle avait bien des choses à raconter.

Au moins leur soirée se dessinait petit à petit. Tout ne sera pas que sexe évidemment... du moins si elles ne vont pas dans le harem. Mais Hinata se doutait bien que cette nuit, ça ne sera pas une simple nuit l'une dans les bras de l'autre. Si elle a été voir Tsukasa pour lui demander ce service, ce n'était pas pour rien. Bref, la princesse retournait vers sa chambre même si avant cela, elle préférait faire un saut vers les cuisines. Non pas qu'elle avait faim mais elle voulait s'assurer de deux choses. Tout d'abord de rapporter un peu de thé si jamais Shunya avait soif et de deux, prendre ses offrandes du soir pour l'autel de Kagami. Hinata n'était pas une dépravée qui allait penser à faire l'amour à sa future femme du matin au soir, elle l'aimerais pour tout et voudrais vivre tout un tas de truc avec elle, pas seulement sexuel.

« Tu penses que c'est une bonne idée d'aller la voir ? Je suis d'acord que dans le domaine, je doute qu'une femme s'y connaisse plus qu'elle mais tu oublies une chose, dorénavant, elle va tout faire pour que tu crache le morceau. »
« Elle le saura comme tout le monde, quand ce sera une annonce officielle. Au pire des cas, je compte sur toi pour éviter qu'elle ne m'embête pas trop à ce sujet. »
« Je rêve où tu veux que je te protège ? Toi qui d'habitude veux te débrouiller toute seule. »
« Oui, mais je ne suis pas seule pour ce cas-là alors... j'espère que tu sauras l'empêcher de trop me tirer les vers du nez. »
« Hum, repousser Tsukasa qui cherche à savoir quelque chose qu'elle ne sait pas... Voilà qui me semble amusant. Tu pourras compter sur moi. De même, tu veux que je te tienne compagnie ce soir, avec vous deux ? » Hinata ne dit rien, rougissant en baissant la tête mais Nora la taquinait en venant posé sa main sur sa tête. « Je plaisante. Je vous laisserais seules. Je vais pas vous gêner. »

Elles pouvaient reprendre le chemin vers les cuisines, un bref arrêt puis redirection la chambre. Nora lui ouvrit la porte, la princesse avait tenu à porter le thé. Elle ne fit donc pas attention au fait que sa petite amie écrivait quelque chose dans un livre. Elle avait aperçu le livre sur le bureau, elle pensait juste qu'elle bouquinait. Elle déposa le plateau sur le lit, rangea sa petite bouteille dans le tiroir de la table de nuit, alors que Nora observa une dernière fois la chambre de son œil de gardienne avant de se mettre à sourire. Elle embrassa Hinata sur le front avant de sourire à Shunya.

« Dors bien Hinata. Dors bien aussi, Shizuka. »

Nora ferma la porte derrière elle pour les laisser en intimité. Il va de soi qu'elle plaça un ou deux pièges si quelqu'un tentait de se mettre à vouloir espionner la chambre, elle pensait à une certaine personne en faisant cela, c'est vrai. Maintenant seules, Hinata gardait le sourire en ayant ce petit air timide qu'elle avait avec Shunya. Il n'y avait qu'hier soir, avec la fièvre où elle n'avait que peu de gêne. Elle se leva pour aller la voir, se plaçant dans son dos en passant ses bras autour d'elle, posant sa joue sur sa tête. Oui, Hinata était très amoureuse, très câline. Elle n'était pas pipelette pour le moment mais au moins elle n'avait pas de mal à être tactile.

« Tu veux un peu de thé ? J'en ai apporté pour moi mais aussi pour toi au cas où. »

Bien entendu, elle ne la questionnait pas sur le livre, même si elle aurait pu se douter qu'elle écrivait quelque chose dedans, elle ne lui poserait pas la question. Elle pensait à un journal intime mais si ce serait le cas, le mot intime veut tout dire, elle ne fera donc rien pour tenter de savoir de quoi il s'agissait. Sauf si Shunya le lui proposait, elle ne demanderait rien. Elle avait même autre chose en tête.

« Shunya-chan, j'aimerais te demander un petit service pour ce soir. Tu n'es pas obligé de le faire ensuite tout le temps mais au moins pour cette fois... tu voudrais bien prier avec moi pour Kagami ? »

Le culte des morts était important à Edoras, ils avaient autant d'importance que les vivants. Prier pour leur repos était aussi une façon de leur raconter leur journée ou ce qu'ils avaient vécu. Inutile de dire qu'Hinata priait pour elle matin et soir dans sa chambre, sauf peut-être ce matin... Mais bon, ça arrivait que quelquefois. Comme ses parents dans l'arrière du palais, dans les jardins, elle allait y prier tous les jours. L'autel était un petit meuble noir dans sa chambre, en l'ouvrant, il y avait sa photo, une ravissante jeune demoiselle toute souriante aux longs cheveux, un petit coin pour y déposer l'offrande ainsi que de l’encens à allumer si besoin. Hinata comptait lui raconter son histoire avec Shunya. Elle avait sa propre thérapie, elle aussi. Personne ne lui avait prescrit cela, elle l'avait fait toute seule. Elle avait fait son deuil petit à petit. Même si sa peur des hommes est toujours là, ça allait mieux qu'à ses débuts. Les enfants de dix ans environ, maximum, elle arrive à gérer mais les adultes ou adolescent, un rien pouvait la faire craquer, même si elle guérissait peu à peu, voir son futur beau-père ne sera qu'un exercice bénéfique pour elle en plus.

« Au fait, maintenant, je trouve qu'il manque quelque chose à cette chambre... ta touche personnelle ! N'hésite pas à changer ce que tu veux, il faudra juste laissé le lit à sa place pour masquer la cachette du harem. Ainsi que l'autel, en dehors de ça, tu peux modifier ou ajouter ce que tu souhaites. C'est notre chambre maintenant après tout. »

Officiellement quand Edoras prendre part de leurs fiançailles mais pour ça, ce n'est pas avant avoir demandé sa main à son père. De son côté, elle aura des choses à raconter à Elena dans sa prochaine lettre !

Le cœur battant dans sa poitrine, Shizuka écrivait sur son carnet, couchant des mots et des mots. Elle avait tant à raconter, tant de sentiments à coucher. Un mariage... Qui l’aurait cru ? Dans la dernière entrée du journal, elle faisait part de sa nervosité à l’idée de rejoindre le Temple de la Lune, de sa crainte à l’idée de décevoir la Princesse, et l’académie. Et maintenant... C’était comme si un bond temporel avait eu entre ses derniers mots et les nouveaux :

« J’espère ne pas décevoir ceux et celles qui comptent sur moi... »

[...]

« Cher Journal,

Je vais me marier avec la Princesse d’Edoras. »

L’écrire permettait de prendre du recul, et de réaliser à quel point les choses s’étaient emballés ces deux jours. Shizuka avait refait le fil en l’écrivant sur le papier, ne dissimulant rien, pas même la pièce secrète sous le lit. C’était son journal intime, et elle savait que sa famille ne le lirait jamais. En lisant cela, elle avait l’impression de lire une mauvaise fanfic, tant tout avait été vite. C’était typiquement le coup de foudre, des amours latents et ténus qui avaient fini par se réveiller. Shizuka peinait encore à comprendre ce que la Princesse pouvait bien lui trouver. Elle savait qu’Hinata ne jouait pas avec elle un sinistre et cruel jeu, qu’elle était sincère dans sa démarche et dans ses sentiments. Autrement dit, Shizuka était bel et bien chanceuse, et elle ne pouvait qu’être ravie de sa situation actuelle. Elle allait se marier, lui présenter sa famille... Tout ce qu’elle éprouvait était couché sur des pages et des pages. Shizuka avait une belle écriture, même si son écriture témoignait de sa timidité. Le trait était fin, épuré, les boucles rapides et délicates, petites, parfois mal formées.

Elle continuait à écrire, jusqu’à ce que la Princesse revienne. Shizuka reposa alors la plume dans l’encrier, laissa les lettres sécher, et se retourna vers celle qui, bientôt, allait devenir sa femme. Elle salua l’Ange Nora, puis s’approcha de sa bien-aimée, sentant son cœur déborder d’allégresse.

*Oh oui, il n’y a pas de doute possible, c’est bien ici, en ce moment, que je suis la plus heureuse possible...*

La plus heureuse possible, tout simplement... C’était exactement ça. Shizuka était ravie d’être là, et, quand Hinata demanda de prier pour elle la mémoire de Kagami, Shizuka acquiesça, rougissant légèrement. Encore une fois... Ce n’est pas que ça la dérangeait, mais elle avait toujours un peu peur de ne pas être à sa place en priant. Après tout, elle n’appartenait pas encore à la famille d’Hinata, mais, dans le fond, le massacre des Kaguya avait été un drame national. Shizuka pria donc, non seulement pour Kagami, mais aussi pour le reste de la famille. Il ne fallait jamais sous-estimer l’importance des morts, et, sur ce point, comme sur tant d’autres, Shizuka était très superstitieuse. Elle demandait leur approbation, elle promettrait à Kagami qu’elle veillerait sur sa sœur.

*Je ne suis pas très forte, je ne sais pas me battre, mais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger Hinata, et pour lui offrir tout mon amour et toute mon affection...*

Elle priait silencieusement, pendant quelques minutes, et revint ensuite à elle. Gênée et nerveuse, elle écouta ensuite Hinata dire qu’elle pourrait personnaliser cette pièce. Shizuka la regarda, en clignant des yeux, puis regarda à nouveau sa promise... Sa future femme.

« Je... Euh... Tous mes effets personnels sont dans ma chambre, chez mes parents, alors... Il faudra voir ce que j’emmènerais... »

Elle ne voulait pas non plus priver ses parents de toute sa présence. De toute manière, Shizuka ne pensait pas que le mariage viendrait rapidement. Le temps de tout organiser, il faudrait au moins plusieurs mois ! Elle s’humecta les lèvres, regardant à nouveau Hinata, rougissant légèrement.

« Tu... Euh... Ça a été, ta... Ta soirée ? »

La princesse était la femme la plus heureuse de son royaume en ce moment, faire tout ce dont elle a envie avec sa petite amie, c'était son rêve de toujours. Puis, il n'y a pas que le sexe dans la vie. Dans ses contes pour enfants, les deux amoureuses ne concluaient pas l'histoire rapidement pour faire l'amour sans en parler aux enfants, elles vivaient des aventures, partageaient des choses ensemble. Chose que la princesse tenait à faire avec Shunya. Comme personnaliser la chambre aussi avec la touche de sa petite amie mais pas tout de suite selon elle. C'est vrai qu'il faudrait prendre des choses chez elle sans pour autant tout emporter. De toute façon, le temps qu'elles aillent chez ses parents, qu'Hinata annonce au moins ses fiançailles, ça ne sera pas pour demain. Mais bon, si jamais elle voulait changer certaines choses, elle n'allait pas le lui interdire. Shunya vint à prendre des nouvelles de sa soirée. Ha, voilà une question piège... Hinata a toujours été nulle en mensonge... prions que ce se voit pas !

« Oh eh bien, c'était comme habituelle, enfin, d'habitude quoi ? »

Oui, cela devrait aller ? Elle ne s'était pas tellement trompé... à part quand le mensonge était pour une grande surprise, la princesse savait être assez convaincante mais vu la taille de sa « surprise », elle risquait de trahir le fait que sa chose habituelle n'était pas si habituelle que ça et qu'elle cachait quelque chose. Le mieux serait de changer de sujet quand même, ça aiderait à ne pas se trahir mais parler sur quoi ? Nora n'était pas la, elle ne pouvait donc pas aider...

« Dis-moi, comment ça se passe en intimité avec tes parents ? » Houlà, attention aux sous-entendus ! « ENFIN NON ! Je veux dire, dans la vie de tous les jours, comment ils s'entendent, comment ils se comportent, tout ça... »

Oui, elle voulait voir à peu près les différences entre ses parents et ceux de Shunya, voir si tout était identique ou non ? Énorme différence ? Petite différence ? Pas de différence ? Non pas qu'elle voulait être nostalgique en repensant à ses parents mais non, c'était pour avoir une comparaison. Hinata restait à ses côtés, écoutant sa réponse en venant prendre sa main dans la sienne, un geste anodin qui pourtant lui offrait bien plus de confiance en elle.

« Je ne veux pas bousculer les choses et aller trop vite, c'est juste que je me pose des questions sur l'avenir, si nous serions de bons parents par exemple ? »

En prenant exemple sur les bons points de leurs parents respectifs. Il est vrai que la princesse ne voulait pas allez trop vite, autant d'abord bien s'installer ensemble au palais et doucement mais sûrement, elles tenteront de prolonger la lignée des Kaguya avec une ravissante petite fille, un jour ou l'autre. Seule une femme pouvait devenir reine à Edoras après tout. Hinata comptait bien changer certaines règles à l'avenir, rendre certaines lois plus souples pour les hommes, les choses se sont calmé après tout mais pas tout de suite. Elle était dans son nuage rose, entouré d'amours. Serrant doucement un peu plus la main de sa promise, elle ne pouvait quand même pas s'empêcher de regarder ailleurs en posant cette question.

« Est-ce que tu as songé à cet avenir toi aussi... devoir porter mon enfant ? A moins que ce ne soit moi qui porte le tien ? »

Hinata avait envie de rire, doucement mais elle était gênée de parler de ça, elle avait vraiment peur d'effrayer Shunya à déjà songer à ce genre de choses. Mais bon, l'histoire d'Edoras a déjà montré des reines enceintes. Après tout quand le couple était mixte, elles étaient bien obligé, on n'a jamais vu un homme enceinte. Et même chez les couples lesbiennes, certaines reines étaient déjà enceintes de leur femme. Il n'y avait aucun tabou à ce sujet.

« En tout cas je te remercie Shunya... Cela faisait bien longtemps que je n'étais pas aussi heureuse, sans aucune vraie bonne raison... Juste celle de t'aimer et d'être auprès de toi mon amour. »