Les autochtones étaient vraiment des individus fascinants, parfois. C’était largement le cas pour la chanteuse. La petite femme était une bonne chanteuse, et, visiblement, son romantisme se couplait avec une sorte de délicieuse perversion. Elles continuaient à se lécher et à se caresser, jusqu’à ce que Lynn lui demande si elle n’avait pas avec elle des objets :
« Tu as des jouets ? Les miens sont restés dans ma loge… »
Des jouets ? Anna mit quelques secondes avant de réaliser à quoi le terme « jouets » pouvait bien faire allusion... Sûrement pas à un camion de pompiers et à des figurines, plutôt à des objets mâtures, ce genre de jouets qu’il ne fallait pas mettre entre toutes les mains. Anna ne répondit pas sur le coup, réfléchissant. Évidemment, elle ne partait pas en mission avec ces trucs, et ce n’était pas sur une planète vierge qu’on risquait d’en trouver. Néanmoins, si cette dernière voulait quelque chose de plus technologique... Il devait bien y avoir un moyen de la satisfaire. Anna écarta lentement Lynn, et alla se placer au-dessus d’elle, l’embrassant sur les lèvres. Elle avait senti, sur ses lèvres, l’intimité de cette dernière en train de s’égoutter, laissant filtrer cette délicieuse mouille dont on raffolait tant. Elle l’embrassa sur les lèvres, tendrement, en soupirant, puis s’écarta un peu, et se releva, avant d’inspecter son appareil.
« Je n’ai pas de ‘‘jouet’’ sur moi, mais je connais des endroits où nous pourrons en trouver... »
L’inconvénient, c’était qu’Anna ne pouvait pas voyager à sa guise entre les dimensions. Il y avait des lois à respecter, et, si elle partait pour une autre dimension, il faudrait encore attendre un peu plus longtemps, avant que Lynn ne retourne sur Terre. Ceci n’aurait concrètement aucune incidence sur l’écoulement du temps dans sa propre dimension, où, quand elle reviendra, Lynn n’aura passé, tout au plus, qu’une dizaine de secondes dans cet « ailleurs ». Ce serait comme un rêve, dont le souvenir s’estomperait progressivement. Redressée, Anna était en train de configurer l’appareil pour un nouveau saut dimensionnel.
« Accrochez-toi à moi, nous allons ailleurs. »
Elle ne configurait pas que la dimension de destination, mais aussi le lieu, sachant précisément où se rendre. Dans une Terre futuriste. Elle sentit la délicieuse Lynn se blottir contre elle, et, quelques instants plus tard, le sol disparut, de même que le décor, et les deux corps se retrouvèrent à nouveau à flotter dans le vide, dans un abîme noirâtre insondable, entouré de halos blancs qui dansaient, impossibles à toucher, des images indescriptibles, perpétuellement mouvantes, se former. Elles étaient dans le tronçon des réalités, l’autoroute des dimensions, avec un nombre interminable de sorties. Anna maintenait fermement Lynn, et les deux femmes furent avalées par un portail, et se retrouvèrent, non plus à l’air libre, mais dans une pièce plongée dans la pénombre, où l’air légèrement lourd indiquait clairement un bâtiment.
« On est arrivées... »
Anna relâcha la jeune femme, et s’écarta d’elle, se dirigeant vers les voyants contre un mur, actionnant le générateur du bâtiment. Immédiatement, on entendait la ventilation se mettre discrètement en marche, tandis que des lumières d’ambiance s’enclenchaient, révélant une pièce aux murs sombres, bleus. Il y avait plusieurs tables, ainsi que des armoires métalliques. Se mettant à marcher, Anna ouvrit l’une d’entre elles, et en sortit plusieurs objets, dont une curieuse ceinture contenant un sexe masculin artificiel, ou, plus simplement, un gode.
« Nous sommes dans une ancienne boîte de sexe fermée, dans un monde alternatif et légèrement futuriste. En attente de la destruction de cet établissement, une bonne partie du matériel est restée. »
Elle déposa la ceinture sur une table, et préféra sortir une simple culotte en latex, tandis que, près de Lynn, une table transparente se dressa, à la verticale, légèrement penchée en arrière, avant de se mettre à l’horizontale.
« Déshabille-toi, et installe-toi sur cette table, nous allons commencer les choses sérieuses. »