... Allez savoir pourquoi, Cyanne s'ennuyait dans les profondeurs marines. Cela faisait bien trois mois qu'elle n'avait pas gambadée sur Terre, préférant nager avec les requins aux abords de la baie de Seikusu, monter dans le manége des typhons jusqu'à en perdre la raison, jongler avec les hypocampes ou se déplacer sur les dos de quelques araignées de mer au fin-fond des océans. Mais, une fois toutes cess attractions menées à bien, il fallait envisager autre chose. Evidemment. Faire mumuse dans l'eau et se créer des fausses moustaches avec l'écume pour faire marrer ses congénéres, c'était gentil deux secondes. Ainsi, une jolie matinée où la pluie avait décidée - pour une fois depuis trois mois - de cesser de battre l'eau de mer, la siréne sortit des eaux. Toute fresh, toute propre sur elle, elle fit un dernier signe de la main à ses amies les tortues de mer - elles étaient bien sympathiques, par ailleurs - et s'extirpa hors de l'eau, troquant sa queue de poisson contre une paire de jambes.
Bon, tout aurait du se passer normalement, comme dans un conte de fée noyé à l'eau de rose. Mais non ; ce ne fut pas le cas. Loin de là, même. Aussitôt sortie de l'eau, la petite rousse se vianda monumentalement sur la plage, la tête dans le sable. Une vague vint gifler ses joues roses, tandis qu'un couple d'ados se foutait d'elle. Elle leur envoya une armée de crabes aux fesses, tout en se relevant, appuyée sur ses mains. Cyanne oubliait à quel point son équilibre était approximatif, quand elle quittait les flots. Restant sur le sol à tâter ses jambes et à tester ses réflexes - le fait qu'une jambe réagisse quand on appuyait sur le genoux l'avait toujours fait tripper - elle commença à chantonner une mélodie qu'elle avait inventée.
... Au bout d'une minute, elle en avait déjà marre, et se remettait debout. Pour remonter quatre secondes après.
- Aaah, bordel !
Jura t'elle en tambourinant le sable trempé de ses poings minuscules. Il y a peu, elle avait appris à se déplacer grâce à des tentacules, transformant sa queue de poisson en 8 jolies tentacules. Une pote poulpe lui avait donné le filon. Et cela l'aidait assez, quand elle était sur Terre. Mais là ... J'm'imagine mal me balader avec mes tentacules. Je me ferais descendre. Les êtres humains étaient si méfiants.
Une dernière tentative, et elle s'écroula sur le sable à nouveau, dans un couinement. Bon, là, c'était officiel, elle en avait marre.