« -J'ai hélas nombre de choses à faire, mais je reviens dès que possible.
*Grattouille l'araignée*
Amusez-vous bien!^^ »
"Ah... non mais, hé !"
Son appel n'avait pas vraiment de but, si ce n'était que l'idée de se retrouver seule au milieu d'un endroit où elle venait de se faire attaquer ne lui plaisait pas vraiment. Si encore elle avait reconnu certaines choses... mais les arbres, les buissons, le sol, tout se ressemblait et semblait s'enchaîner sans fin. D'accord, sa forêt aussi avait ce défaut, mais elle avait appris à le combler au fil du temps en collectant certains détails (la mousse sur un arbre, un ruisseau coupant la terre) et son odorat était aussi très utile. A cet instant précis, rien n'était reconnaissable à ces narines, seule une odeur de mousse fraîche qui évoquait un sol d'automne.
Et en parlant de choses inconnues, c'était qui, ça, d'ailleurs ? D'où elle sortait, avec sa forêt ? Elle devait sûrement y avoir un grade assez élevé pour l'accueillir ainsi, ou alors... ben, c'était peut-être une simple hôtesse, qu'en savait-on.
Et puis, "fusionner avec la forêt" ? C'était quoi, ici, une sorte d'entité végétale ? Le caillou à ses pieds, là, il était vivant ?
...
Après tout, rien ne l'empêchait de considérer tout ce désordre comme un nouveau voyage. Elle se devait de rester méfiante, mais l'être en permanence ne lui servirait qu'à amasser le stress, qui était bien plus malsain chez un animal que chez un homme.
En plus, si l'on occultait les mâles armés de tout à l'heure, si la maîtresse des lieux était bien cette étrange femme, elle avait l'air moins dangereuse que les jaguars dont la hyène s'occupait tous les jours pour son petit-déjeuner.
Les plantes carnivores aussi, elles avaient l'air inoffensives pour les mouches, cela dit...
"...Qu'est-ce que t'en penses, toi ?"
En entendant Mithra lui adresser la parole, la petite araignée grimpa avec souplesse sur son épaule et couina d'un air joyeux, chantonnant presque. Après avoir autant couru, elle devait avoir soif, et la hyène devait bien s'avouer qu'un bon bain serait idéal pour vraiment se détendre. C'est dans cette optique qu'elle rebroussa chemin, observant les environs avec attention, même si Alraunya lui avait certifié qu'elle n'aurait rien à craindre.
Après avoir franchi un bosquet étroit, la terranide fut accueillie par un nuage de vapeur qui précédait la fameuse source chaude. La créature sauta de son épaule pour aller s'abreuver dans un petit ruisseau aux alentours. La sauvage se contenta d'ôter ses pagnes d'un mouvement de doigt sans faire attention à une quelconque présence autour des lieux : la pudeur n'avait jamais été son souci principal, après tout. D'ailleurs, si vous l'interrogiez sur le sujet, elle ne saurait sans doute pas vous dire le sens du mot. Mais bref.
Les éclaboussures partirent un peu partout lorsque le corps svelte, mais musclé de la terranide heurta la surface de l'eau. Elle fit quelques brasses et replongea plusieurs fois, pas habituée à se laisser aller dans un bain chaud sans le transformer en piscine. Au bout d'un quart d'heure, elle finit tout de même par poser son dos derrière un rocher et observer les alentours au travers de l'épaisse fumée blanche que formaient les sources chaudes.
La détente était presque assurée, elle n'était pas du genre à s'inquiéter systématiquement. En apercevant la petite mygale sortir des fourrés proches avec un léopard mort entre les crocs, comme un chien qui rapporterait la baballe à son maître, elle laissa même un de ses rires si caractéristiques lui échapper.