William poussa un soupir las et secoua ses cheveux qui oscillèrent devant ses yeux comme des stalactites noirs. Cette fille ne pourra jamais le comprendre, mais comment pouvait-il lui en vouloir? Le problème n'était pas que cela soit Iaso ou quelqu'un d'autre qui possède ce pouvoir incroyable, mais tout simplement que celui-ci existe. C'est lâche de le dire, mais à partir du moment où William avait découvert son pouvoir et avait réalisé son potentiel, il avait été obligé de capturer Iaso et de se l'approprier. C'est une obligation professionnelle même si tout les sentiments bons et justes de Dolan lui criaient de la libérer sur le champs. C'est comme si un guépard délaissait une gazelle sous prétexte que celle-ci est blessée. Non seulement, il ferait un piètre prédateur mais en plus, il ne tiendrait pas longtemps dans son monde de cruauté où la bonté n'a pas sa place.
-C'est juste que sans ton pouvoir, tu ne me détesterais pas, avoua-t-il avant d'ouvrir la porte et de lui faire signe de venir, lui coupant ainsi toute possibilité de rétorquer.
William attendit Iaso dans la pièce où elle avait accomplie son miracle. Le jeune homme qu'elle avait soignée était debout maintenant.. Encore sous le choc, il tâtait avec incrédulité sa poitrine indemne. Pourtant, Il réussit à prononcer un faiblement remerciement lorsqu'il vit arriver l'avocat. Les deux hommes se connaissaient car William collaborait souvent avec sa famille. Ce dernier lui proposa de se reposer et le jeune homme acquiesça sans accorder ne serait-ce qu'un seul regard vers Iaso.
Le couple reprit donc sa progression dans les couloirs qui menaient à la cellule de Iaso, toujours flanqué des deux habituels gorilles qui s'assuraient que l'esclave ne traine pas trop en chemin. Lorsqu'ils furent arrivés à bon port, l'un d'eux ouvrit la porte qui émit un grincement sinistre en pivotant sur ses gonds rouillés. De leurs masses, les hommes de main pressèrent Iaso de rejoindre sa "chambre" sans faire d'histoire, puis se postèrent en retrait.
William entra à la suite de Iaso, n'étant visiblement pas lassé de sa compagnie – même si la réciproque était surement fausse-. Soudain, l'avocat avisa qu'il n'avait pas répondu à la question de Iaso concernant les livres. A vrai dire, il n'y avait pas prêté attention. Pour lui cette histoire avait déjà été abordée et éludée. Lorsque Dolan disait quelque chose, ce n'était pas pour rien et il était inutile de mentir à une esclave.
-A propos, tu auras tous les livres que tu désires, mais en attendant je peux répondre à tes questions, proposa-t-il. J'ai une bonne connaissance de l'histoire terrienne.
En fait, William ne voulait pas partir. Il se plaisait en la compagnie de sa guérisseuse en chef, même si cet intérêt était en sens unique.