Le Néréide tourna aussitôt les yeux vers cette silhouette toute longiligne, toute gracile et agile. Nul doute, il s’agissait d’une survivante. Comme il devait s’y attendre, elle manifestait toute sa méfiance, armant son arc. C’était prévisible. Cela aurait dû être anticipé. En aucune manière, il ne fallait donner matière aux premiers soupçons de la rescapée. “Noble gardienne, je suis Vittorio, un agromancien et un magicien qui travaille avec la nature pour nourrir les terres et les êtres qui y vivent. Je sais que ta communauté, les Gardiennes de l'Oeil, a été outragée par la folie humaine. C’est un événement difficile à surmonter, source de nombreux problèmes futurs. Je suis ici pour t’aider, si tu me le permets.”
Vittorio observait un silence, jetant alentour un regard circulaire : la forêt, paisible et verdoyante, s'étendait à perte de vue, tel un océan de jade. Les arbres majestueux où s’abritaient nos deux protagonistes se dressaient fièrement vers la voûte céleste, les préservant, par leur feuillage dense et touffu, des rayons dorés du soleil. La lumière filtrait à travers les feuilles, suscitant une atmosphère chaleureuse et paisible ; les buissons, couverts de fleurs sauvages, éclataient de couleurs vives et éclatantes ; les oiseaux chantaient gaiement, emplissant l'air de leurs mélodies douces et harmonieuses ; le murmure de l'eau, qui coulait tranquillement dans un ruisseau caché, ajoutait une note apaisante à ce tableau idyllique qui contrastait singulièrement avec les événements qui frappèrent la Sororité des Gardiennes de l’Oeil. “Je comprends parfaitement que tu sois méfiante envers les étrangers, mais je t'assure que je ne suis pas venu ici pour te causer du tort.”
À quelques mètres de leur position, les chemins sinueux, serpentant entre les arbres, semblaient inciter Siraye et Vittorio à une promenade tranquille dans la nature. “Au contraire, je viens ici en paix, je viens pour t’offrir mon aide. Avec mes pouvoirs, je peux t’aider à cultiver des fruits et des légumes nourrissants, à faire pousser des plantes médicinales, et à ériger un refuge sûr pour toi et tes amies. Mon intention est de te soutenir, pas de te nuire.” Les feuilles mortes craqueraient doucement sous leurs pas, tandis que la mousse moelleuse offrait un tapis doux et confortable. Au loin même, une clairière se dessinait, baignée dans une lumière chaude et dorée. Les rayons du soleil y pénétraient en cascade, déployant un spectacle enchanteur ; les fleurs sauvages y fleurissaient en abondance, offrant leur beauté naturelle à quiconque aurait la chance de les admirer. C'était une forêt de rêves, paisible et sereine, où le temps semblait suspendu. “Je suis conscient que ta confiance doit être gagnée, et je suis prêt à faire ce qui est nécessaire pour gagner la tienne. Je suis prêt à écouter attentivement tes préoccupations, à répondre à tes questions et tes besoins”, conclut-il d’un ton amène en lui tendant un fruit rouge tout en volupté, sorti de ce sol fertile et charbonneux. Ce fruit délicieux, du haut de sa tige, pendait majestueusement depuis le pouce et l’index du damoiseau, offrant ses courbes parfaites à la lumière du soleil. Sa peau, très douce au toucher, était d'un rouge profond et vibrant, évoquant les feux de l'amour et de la passion, tandis que les feuilles vertes qui l'entouraient semblaient s'écarter, pour mieux dévoiler sa beauté envoûtante. De minuscules gouttelettes de rosée s'étaient curieusement déposées sur sa surface, offrant une brillance et une fraîcheur inégalées. Leur éclat cristallin reflétait la lumière du jour, ajoutant une touche d'émerveillement à l'ensemble. Les graines noires, qui s'alignaient avec une régularité surprenante dans la chair juteuse et pulpeuse, semblaient prêtes à éclater de vie et de saveur.
En contemplant ce fruit parfait, nous pouvions presque sentir le parfum enivrant qu'il dégageait. Un arôme sucré et épicé, puissant et délicat, qui éveillait les sens et évoquait la promesse d'un plaisir inégalé. “Ce fruit est à toi.” Ce met était un joyau, une merveille de ce sanctuaire sylvain. Vittorio affichait un sourire naissant, à la commissure de ses lèvres. La survivante devait avoir une faim de tous les diables !