Serais ce le guide attendu ? [ Souta/Janus ]

- Elle est par là les gars ! On la choppe !!

Une situation qui commençait à devenir bien trop redondante. La malicieuse lapine ne devait pas tant l'être, puisqu'elle se trouve encore une fois en mauvaise posture. L'avantage étant, que ses poursuivants étaient bien loin d'être aussi rapide qu'elle, parvenant à garder une bonne distance entre elle et eux. Finalement, elle en vint même à leur afficher un léger sourire narquois durant quelques secondes, où elle se permit de tourner la tête vers elle. Leurs visages étaient rouges et boursouflés par l’adrénaline et le cardio de l’instant. Grizelda quant à elle, était bien loin d'avoir dévoilé toutes ses cartes. Ses jambes pouvaient encore la porter un long moment, et lui offrir une course plus intense. Ces messieurs allaient devoir redoubler d'efforts et d'ingéniosités pour parvenir à mettre la main sur la Terranide. Les humains sont vraiment bien moins capables et astucieux que les autres races. Peut-être est-ce pour cette raison qu'elle se plaît sur cette terre. Même si sa race y est aussi vu comme soumise, elle risque bien moins en leur présence, qu'envers les créatures, démons, ou autre force de la nature.

Filant de ruelles en ruelles, évitant au passage les civils qui semblaient éberlue devant cette course-poursuite, la lapine chavire et dérive sans vraiment savoir où cela allait la mener. Jetant de nouveau un regard derrière elle, Griz constata que ses ravisseurs n'étaient plus sur ses talons. Était-elle parvenue à les semer ? Étant donné leur état de toute à l'heure, cela ne serait pas étonnant. Plutôt ravie, la demoiselle s'étire de tout son long, et reprit son souffle. Par réflexe, l'une de ses mains replaça bien assurément la capuche de son vêtement, avant de quitter le lieu de sa cachette.


Une grand-rue avec plusieurs passant figea son visage. Où était-elle allée ? Déjà qu'elle ne connaissait que bien peu cette ville, voire pas du tout... La lapine c'était trop éloignée des quartiers qu'elle commençait à assimiler. Les gens semblaient eux aussi différents, bien moins accordables que ceux dans la rue principale. Ce n'était peut être qu'une simple impression, et de toute évidence, elle ne pouvait rejoindre dans l'heure la place centrale. Ses poursuivants étaient sûrement à sa recherche, mieux valait, il ne pas faire marche arrière. Mais que faire ? Et ou aller ? Les portails étaient loin, et la journée commençait à se terminer. S'en déduit de par le ciel qui devenait rosé parmi les quelques nuages présents. Des nuages cotonneux, assurément gorgés de pluie. La nuit risque d'être pluvieuse, un toit pourrait lui être nécessaire. Pour autant, à défaut de chercher un logement, Grizelda ne semblait soucieuse des heures qui vont suivre. Loin d'être fatiguée, elle voulait profiter de la nuit. Peut-être, découvrir quelques petites innovations humaines ?

- Elle est là !

Mince ! Les revoilà cela ! Décidément, malgré leur peu d'endurance, l'on ne pouvait renier leur persévérance. Bien mal envie que de se retrouver entravée, Grizelda s’apprêta à repartir de nouveau à tire d'aile. Cependant, elle n'avait calculé la distance adjacente d'une personne qui se trouvait tout près d'elle, et bouscula sans ménagement ce dernier. Surprise par cet accrochage, la Terranide tomba sur son fessier dans un léger couinement.     

Toute cette semaine aura été un beau bordel et j'suis content d'avoir enfin la paix. Sérieusement quoi, j'ai pas eu un jour tranquille depuis un mois. Entre les yakuza, les triades et les albanais qui passaient leur temps à vouloir jouer à qui pisse le plus loin ça a été un vrai merdier aux quatre coins de la ville. Et le pire dans tout ça c'est que j'ai pas pu casser une seule gueule car il fallait soit-disant "ne pas déclencher les hostilités". C'est vrai quoi... C'est tellement mieux d'attendre que la merde t'explose à la gueule sans prévenir.

Sans parler de la vieille folle qui a pas arrêté de me relancer en bas de la rue avec ses "Vous allez faire une rencontre humide très bientôt."
Dans le genre racolage glauque on peut pas faire mieux. Okay, j'suis pas fier de m'être tapé certaines gonzesses, mais de là à viser dans la granny toute fripée faudrait pas abuser non plus. Sa date de péremption doit être tellement dépassée qu'on peut plus la lire correctement sur l'emballage.

Ce vendredi après-midi m'aura au moins permis de souffler, surtout que quelques types et leurs copines qui ont décidé de faire la tournée des bars assez tôt m'ont demandé de les rejoindre pour décompresser. La situation en ville semble s'être calmée depuis quelques jours. Le calme avant la tempête ? Sans doute ! C'est même ce que j'attends avec impatience car le boulot ne manque pas quand les rangs de chaque organisation criminelle sont à cran.

Un café à la main, je rang mon portable dans la poche de ma veste en cuir. Je ne fais pas plus de 10 mètres quand quelqu'un me rentre dedans. Me faisant écraser mon gobelet au contenu brûlant dans ma main et sur mon t-shirt blanc qui va être défiguré à vie. Pas une grande perte vu que j'en ai une dizaine à la maison. Juste que voilà... Flemme d'y retourner. Et me balader torse nue en ville c'est un coup à me taper des emmerdes inutiles avec les flics.

- PUTAIN... DE... MERDE !

Chaque mot est séparé de quelques secondes entre la brûlure, la surprise et mon cerveau qui traite mon environnement alors que mon regard balaie rapidement tout ce qui m'entoure.

- Héhé, *huffff* on te *huffff* tient ! Tu *hufff* nous *hufff* feras *hufff* plus *hufff* courir.

Trois mecs, clairement sur les rotules, s'approchent de la greluche qui m'a fait me renverser mon café sur moi. Sans réfléchir je me saisis du poignet du bonhomme d'un air menaçant.

- Pas si vite, connard. J'te connais pas et je la connais pas plus. Mais elle m'a foutue dans la merde et ça va se régler entre elle et moi.
- T'es qui, toi ? Dégage ! C'est pas tes oignons !

Ooooh, merci. J'ai attendu ce moment si longtemps. Celui où un abruti viendrait m'emmerder de lui-même. Il ne se passe pas une seconde avant que mon poing ne vienne brutalement et sèchement rencontrer son nez qui produit un horrible son en se brisant.

- Putain ! L'enculé ! Mon nez !

Ses deux acolytes commencent alors à m'insulter grassement avant de se lancer sur moi. Il me faut même pas dix secondes pour leur filer une branlée et le voir filer. Juste de quoi faire passer la douleur quelques secondes.

Mon regard se pose alors sur l'inconnue qu'ils semblaient poursuivre.

- Et t'es qui au juste ? Une tapin qui fuit son mac ? Bah, c'est ta vie après tout. Mais tu dois me dois un t-shirt, un bandage pour ma main et on verra pour me rembourser le temps que tu m'as fait perdre. Alors commence par te lever et amène ton cul.

En la regardant brièvement elle semble être plutôt bien foutue. Pas que ça change grand chose vu que je l'emmène avec moi alors que je me dirige à la première supérette qui passe pour acheter un t-shirt uni.
A peine ressortis, j'enlève ma veste que je lui tends pour qu'elle la garde quelques secondes et retire mon haut dont je me sers dans la foulée pour m'essuyer un peu partout avant de le balancer dans la poubelle la plus proche. J'enfile alors mon t-shirt neuf et récupère ma veste dans la foulée.

- On va faire la tournée des bars ce soir et tu seras mon rencard pour pas qu'on me pose des questions emmerdantes. Ce sera pas cher payé pour le temps que tu m'as fait perdre, hein ?
Après je te force pas. Mais bonne chance si tu retombes sur les potes des mecs qui te poursuivent.

C'est sans attendre sa réponse que je m'éloigne en sortant mon portable pour vérifier l'adresse du bar où me rendre.

Une altercation qui ne dura que quelques secondes, avant que les chasseurs se décidèrent à faire demi-tour tandis que l'un d'eux essaya vainement de canaliser les flux de sang jaillant de son nez. La lapine ne prôna pour autant le moindre remerciement devant l'auteur de cet exploit, qui lui permit ainsi de leur échapper. De toute évidence, il n'avait pas fait cela pour lui venir en aide. Mais simplement dans un geste égoïste, pour lui faire régler ses bêtises. Il était évident qu'il avait fait les frais d'une altercation qui ne le regardait nullement, et cela pouvait se comprendre. Grizelda aurait préféré se contenter de le remercier, régler sa dette et s'en aller. Mais deux choses l'en empêche... Premièrement, l'homme lui imposa fermement de le suivre. Deuxièmement, les énergumènes n'étaient pas loin. Les lèvres de la demoiselle s'ouvrirent, et se ferment promptement. Dans un léger râle, elle se releva. Il fallait au moins qu'elle le gracie pour son effort. Se sera donc docilement qu'elle l'accompagna jusqu'à la boutique, une fois qu'il sera de nouveau revêtu, les choses seront réglées, et elle pourra repartir.

Une fois le tee-shirt acheté, Grizelda servit un instant en portant la veste de l'homme. Son regard ne put que rester fixé sur le torse nu devant elle. Ses mirettes grandissantes la trahissaient certainement quant aux faits qu'elle ne le trouvait pas désagréable à regarder. Secouant doucement la tête pour se reprendre, elle qui était restée muette jusqu'à présent, s'apprête à prendre congé. De nouveau, il fit plus rapide qu'elle, lui proposant... Non. Lui requérant sa présence. S'il n'y avait pas prêté attention, les oreilles de cette dernière eurent un léger soubresaut. Et le petit bout de son nez remua à son tour. Elle fut toutefois surprise qu'il daignât lui laisser le choix par la suite... Le choix... Bien que de toute évidence, elle ne possède réellement pas cette liberté. D'un mouvement rapide, elle vint à le rejoindre et marcher à ses cotés.

Grizelda, je m'appelle Grizelda.

La Terranide imagine bien que son nom devait l'importer peu, sinon, il le lui aurait certainement déjà demandé. Bien qu'elle n'attendait aucun retour de sa part, elle explique cette présentation si soudaine. Une manière pour elle de lui confirmer qu'elle allait le suivre pour cette soirée. De toute évidence, c'était la meilleure option qui lui venait. Les chasseurs de Terranide de toute à l'heure, n'étaient sûrement pas loin. Et ce type était plutôt fort... Tant qu'elle était avec lui, il ne devrait rien pouvoir lui arriver. Du moins, elle l'espérait. Qui plus est, cette suite de mots prononcés par l'individu l'attisait quelque peu. Une tournée des bars... Elle ne pouvait refuser cette invitation.

Si je suis votre rencard, vous êtes bien censé savoir comment je m'appelle, n'est ce pas ?

L'intonation de ses derniers mots était légèrement appuyée, démontrant un appel dans l'espoir d'un écho à cette présentation. Même s'il l'avait aidé seulement pour sa propre cause, il pouvait néanmoins se présenter. Le regard de la lapine le détailla un instant. Il était plutôt grand, et bien musclé. À ses côtés, elle paraissait bien frêle. Mais se sera plus particulièrement sur sa main que ses iris s'attardèrent.

Attendez. Votre main, il faudrait la soigner à cause de la brûlure. Nous n'irons nul part tant que vous n'aurez pas eu de soin.

Démontrant un certain culot et affront, elle se voulait assurée et quelque peu revêche. Au vu des prouesses de cet homme, mieux valait-il ne pas trop le titiller. Mais Grizelda ne semblait disposer de la notion de retenue. Elle se montrait telle quelle est, un caractère qui pourrait parfois lui jouer des tours. Sa tête tournoya autour d'eux, mains sur ses hanches, elle n'avait nullement ce qu'il fallait sur elle pour cela. Constatant un établissement avec une croix verte scintillante. Elle était déjà passée devant les vitrines de ce genre de bâtiment, il semblerait que les humains stocks des médicaments et pansements ici. Comment appelaient-ils cet endroit déjà ? Le mot lui échappe.

On pourrait aller ici. Ils devraient avoir de quoi vous soulager ? Je vous rembourserais ça plus tard, pour le moment, je ne possède pas de monnaie venant d'ici.

Trahissant le fait qu'elle soit étrangère, Griz ne semblait pour autant s'en rendre compte. De toute manière, il pourrait seulement se dire qu'elle venait d'un autre pays. Ses oreilles encore dissimulées, seuls de longues mèches de cheveux roux s'échappaient et tombaient en cascade devant elle.

A en juger par le fait qu'elle me rejoigne, la minette semble préférer passer le reste de la soirée en ma compagnie que de tenter sa chance seule dans les rues de Seikusu. Au moins elle a de la jugeote. Ou alors elle veut juste se bourrer la gueule pour penser à autre chose, ce qui est aussi un excellent point. On n'a qu'une vie, faut savoir en profiter tant qu'on le peut.

La voilà qui me donne son prénom avant de me lancer que je ferais mieux de le connaître pour la suite. Je prends sur moi pour ne pas lui expliquer que les femmes ici ne cherchent pas l'amour ou une relation sur la durée. Elles se foutent autant que l'on connaisse leur prénom que de découvrir le nôtre. A croire que je suis tombé sur une nana bien naïve qui ne sait clairement pas dans quel genre d'endroit elle vient de mettre les pieds.
Cette ville est un repaire de vipères qui n'auront aucune hésitation à exploiter une personne vulnérable. Ce qui semble être son cas.

Je la regarde alors, stupéfait, en la voyant s'agiter quant à ma blessure. Okay, ça pique un peu, mais pas de quoi en faire un drame. Surtout que j'ai déjà acheté ce qu'il faut pour me désinfecter et me bander la main. C'est surtout que j'attendais d'être dans un coin tranquille pour le faire.

- Tout doux, ma grande. J'ai déjà acheté ce qu'il faut.

Pour le lui prouver je sors le flacon de spray anti-sceptique et un bandage. Je m'arrête de marcher pour me soigner rapidement tout en poursuivant notre échange.

- Par contre tu vas éviter de me vouvoyer. J'sais pas d'où tu viens mais t'es clairement pas du coin. Et ça se voit. Trop, si tu veux mon avis.

Le soin rapide ne me prend pas plus de cinq minutes. Je plie mes doigts pour m'assurer que tout est en place dans un premier temps. Puis je tends le bras en avant pour m'assurer que rien ne tire sur les muscles. Jusqu’ici tout va bien.

Je m'approche alors de Grizelda à qui je mets une main au cul en souriant.

- Tu vois ? Pas de bobo. Tout fonctionne parfaitement. Et prends ça pour un... début de remboursement.

Mon précédent jugement ne m'avait pas trompé : cette nana est foutrement bien gaulée. Avec un peu de chance ce n'est qu'à ma main qu'elle goûtera ce soir. Chaque chose en son temps. D'abord la picole et le fun pour évacuer la pression accumulée toute cette semaine. On verra où la soirée nous mènera.

Histoire de meubler le temps les dix minutes de marche jusqu'au premier bar je me lance à deux ou trois questions.

- Tu m'as pas répondu d'ailleurs. Ils te veulent quoi ces mecs ? J'ai rien contre casser la gueule d'inconnus. C'est juste plus fun quand il y a du contexte.
T'as des dettes ? T'as fuis ton mac ? T'as volé le mauvais type ?

Une différence se prôna entre les deux individus, et non pas seulement par le plan physique. Il est vrai que l'homme avait enclenché aisément cette capacité du tutoiement, chose semble t-il moins accessible pour la Terranide. Loin de là, par simple question de respect ou autres magouillages. Il était plutôt question de montrer qu'elle garde ainsi ses distances, d'où ce vouvoiement qui impose un mur entre eux deux. Pas de familiarité, ni de camaraderie. Mais cette singularité fit, qu'elle se mit rapidement à nu devant lui... Tout du moins, au sens littéraire des termes. L'homme remarqua rapidement qu'elle ne venait pas d'ici, mais ne lui laissa le temps de trouver une réponse qui puisse paraître plausible. Puisque ce dernier décida de lui démontrer la bonne aisance de sa dextre, en venant l'écraser fermement contre le fessier de la lapine. Durant un millième de seconde, la seule chose qui lui vint à l'esprit était sa petite queue en fourrure juste au-dessus de cette paluche. Priant pour qu'il ne monte plus haut et ne la remarque. La surprise laissant place à l'indignation, son petit bout de nez se fronça, tandis que ses oreilles s’agitèrent sous sa capuche. D'une légère moue cynique, elle plongea ses iris dans les siens.

- Un... Un début de remboursement ? Je vois.

Malgré ce regard courroucé, aucun geste ne vint à le dévier de sa croupe. Relativisons, sans lui, elle serait pour l'heure certainement avec des chaînes aux pieds et les mains entravées. Alors une main au cul n'était certainement pas la pire des options possibles. D'autant plus, qu'il est relativement accort de se faire accoster par cet homme si bien fichu. Une pensée que la lapine réfuta d'aussitôt, où sont ses principes ?! L'expression de son visage ne lui brima aucun signe cordial quant à ce geste, et continua de marcher à ses côtés.

- Se faire poursuivre dans la rue impliquerait forcément que je sois fautive à un méfait ? Je n'ai de dette envers personne, ni volé qui que ce soit... Et qu'est ce qu'un mac ?  

Douce innocente et ingénue qu'elle devait être. Elle devait plus particulièrement passer pour une idiote, et appuyer le fait qu'elle vienne d'un autre lieu. Ça ne serait pas la première fois qu'elle se fourvoie, Grizelda a beaucoup de choses à apprendre de cette terre. En tous les cas, il demandait une réponse à sa question. La lapine mordit le bas de ses lèvres, pensivement. Il s'était mis ces gars à dos pour l'aider, et serait-elle capable de garder son secret seule ce soir ? Elle pourrait probablement lui attirer plus d'ennuis, mais égoïstement... Il fallait qu'elle pense à sa propre personne en premier. Elle ne le connaissait pas assez pour lui avouer sa race. Qui plus est, avec cette dette envers lui. S'il savait qu'il avait devant lui, une Terranide pouvant être revendue à bon prix, s'en priverait-il ? Alors non. Tant qu'elle n'aura pas cette certitude, il n'était pas question qu'elle abaisse sa capuche. Gardant celle-ci, juste à la limite de sa chevelure. Cela n’empêche pas de voir son visage de poupée.

- Notre accord implique que je reste avec toi pour la soirée, et nous nous en tiendront là. La raison pour laquelle ça c'est produit ne me parait pas nécessairement importante, de toute évidence... Peu de chance qu'ils reviennent te demander des comptes.

D'un léger sourire mesquin, la malicieuse tourna son visage vers lui, affublé d'un léger sourire.

- Mais après tout, tu as peut-être raison. Je suis peut-être une criminelle recherchée ! Une femme dangereuse et dont l'apparence est trompeuse.

Peu de chance qu'il puisse la croire, la lapine ne le savait que trop bien. Mais peut-être que cette réponse peu minutieuse, le ferait dévier de toute ambition d'avoir une réelle solution au problème.

- Et donc, si j'ai bien compris. Tu fais semblant d'être avec quelqu'un pour la soirée afin de t'éviter des remarques écrasantes ? Un homme comme toi devrait pourtant parvenir à trouver quelqu'un facilement. Mais que les choses soient claires, ce n'est pas un vrai rencard. Alors garde tes mains bien rangées la prochaine fois.

Elle ne dit pas cela d'un ton menaçant, mais juste assez tonique pour se persuader elle-même de sa teneur.

     

L'échange se poursuit tranquillement pendant que nous nous dirigeons plutôt tranquillement en direction du premier bar. Elle commence même à répondre à mes questions l'une après l'autre.

- Pas forcément, mais c'est rare de voir des innocents se faire courser en pleine rue.

A moins de tomber sur la mauvaise personne au mauvais moment. Cette partie de la ville a beau être relativement sûre comparé au quartier de la Toussaint, il ne fait pas bon être une gonzesse seule à une pareille. C'est une éternelle histoire qui se répète chaque jour. Plusieurs fois par jour même.
J'évite de lui expliquer ce qu'est un mac par contre. Histoire de pas plomber l'ambiance.

- Aah, dommage.

La chose sort toute seule lorsqu'elle m'annonce que les mecs qui sont après elle pourraient lâcher l'affaire. Dans un sens c'est pas plus mal vu que les personnes que je vais rejoindre fréquentent des mecs ou des nanas incapables de se défendre eux-même. Sauf que de l'autre côté ça me casse un peu le moral de penser que la soirée pourrait être trop calme.
Enfin bon, faut pas perdre espoir. Avec un peu de chance ils reviendront à la charge.

- Si c'est le cas, ça se voit pas.

Côtoyer des ordures c'est mon pain quotidien. Elle pourrait bien tremper dans une escroquerie ou deux en la regardant. Par contre les criminels de carrière je sais les repérer à des kilomètres de distance. Et cette gonzesse ne fait clairement pas partie de leur espèce. Ou alors elle a encore beaucoup de chemin à faire.

- Non, j'aurais pu aller tout seul. C'est juste que voilà... Tu m'es tombée dessus et t'es plutôt mignonne et bien foutue. Ce qui gâche rien.

Avant de reprendre je lève les mains en l'air comme si je me trouvais devant un flic qui pointe le canon de son arme dans ma direction tout en rigolant.

- Et si je les gardais plutôt à l'évidence ? Après je peux rien promettre, mais je peux au moins essayer. Et ce sera pas facile avec une femme aussi sexy comme rencard.

Je continue de ricaner en rangeant mes deux mains dans les poches de ma veste en cuir alors que l'on fini par arriver au bar en question. L'endroit n'est pas encore trop bondé, ce qui me permet de repérer trois couples au loin.

Il y a Shinji, John et Toka, tous et toutes une femme au bras. C'est d'ailleurs incroyable de voir que Toka est toujours celle qui ramène la nana la plus canon entre eux trois lorsqu'on se retrouve de cette façon. A croire que les lesbiennes sont vraiment plus douées que nous pour la drague.

- Bah merde, j'vois que vous perdez pas de temps.

Mon regard se pose sur trois énormes choppes déjà vides alors que j'étais même pas encore là. Le petit groupe avait réservé une grande cabine pour pouvoir manger et picoler tranquillement à l'abri des regards avant de sortir s'éclater ailleurs.

- Salut toi... et la grande mystérieuse. C'est qui ?
- Ah, c'est Grizelda. Tu m'avais dit quoi déjà ? Ah ouais, une criminelle dangereuse et recherchée. Du coup elle doit cacher son identité en public.
- Ah ouais, la vache. Ca déconne pas.
- Une vache ? Avec un physique pareil ? Sois pas con.
- Okay, okay, on va se calmer les poivrots.

A en juger par les remarques tendancieuses qui tombent d'entrée et les mains baladeuses de Toka qui sont déjà glissées sous la robe qui masque que moyennement la poitrine énorme de sa copine, je sens que la soirée va être longue et bien loufoque.