Xyla lui sourit. Elle savait qu’il existait bien des Amazones qui se montraient assez hésitantes à l’idée de rejoindre la Horde, alors que, inversement, d’autres acceptaient presque spontanément la nouvelle vie qui s’offrait à elles. Et Lie, visiblement, appartenait à la seconde catégorie. Xyla, elle, n’avait jamais eu à se poser cette question. Sa mère l’avait abandonné auprès des Amazones, et elle avait toujours grandi en ne connaissant que la Horde. Autant dire qu’elle ne se sentait pas particulièrement dépaysée en étant ici. C’était une Amazone dans les veines, redoutable guerrière, qui avait pour habitude d’être très dénudée. Enfin, de manière générale, on ne pouvait que reconnaître que les Amazones étaient franchement peu vêtues. C’était un style, tout simplement, à se demander comment elles pouvaient être d’aussi redoutables guerrières. Et, pour autant, nul n’aurait osé remettre leurs compétences en doute.
L’Amazone sourit donc, et caressa encore le ventre de la femme.
«
Il n’y a pas que ta fille qui sera une Amazone, Lie. Toi aussi, tu le seras. Tu en as déjà l’envie, et c’est la principale chose qui importe. »
Le reste, l’entraînement, la discipline, les principes de vie de la Horde, tout ça s’apprenait sur le tas. La Horde, de fait, ne pouvait se suffire à elle-même, et avait donc toujours besoin d’enrôler des forces extérieures... Des personnes comme Lie, autrement dit. Xyla lui sourit donc à nouveau, se montrant chaleureuse. Certes, la Celkhane venait avec une fille, mais elle apportait aussi sa valeur ajoutée, elle-même.
Fanis profita de ce moment pour répondre à la femme sur ce qui se trouvait dans la grande tente :
«
C’est ici que siège le Conseil, mais tu as raison, il n’y a pas que ça. On y trouve aussi toutes les structures indispensables, notamment un dortoir, et le centre d’accouchement. Pour des raisons évidentes, les nouveau-nés ne peuvent pas gambader librement dans la nature, et restent les premières semaines au chaud. »
C’était une évolution liée à la Reine Andromaque. Lie aurait le temps de le réaliser, mais, pendant des siècles, la Horde avait vécu de manière très archaïque, pour ne pas dire barbare, avec un taux de mortalité à la naissance bien trop élevé. La Reine avait tâché de moderniser les pratiques de la Horde, bien consciente que son peuple ne pouvait pas continuer à ce rythme. L’une de ses décisions notables avait notamment été d’interdire la pratique de l’abandon de nouveau-nés jugés trop faibles pour la Horde, une pratique qui avait divisé la Horde en de multiples occasions. La lucidité de la Reine Andromaque avait été proprement salutaire pour la Horde, car c’était elle qui avait réalisé à quel point ce peuple était un anachronisme voué, à terme, à disparaître.
Tout ça, les Amazones auraient l’occasion d’en parler plus longuement à la belle Celkhane. Pour l’heure, la priorité était de la présenter au Conseil.
«
Allons-y, Lie, tu pourras parler avec Xyla plus tard. »
Les deux femmes rentrèrent dans la grande tente. On pouvait en réalité parler d’un chapiteau, et, à l’intérieur, il y avait un couloir central, avec, à gauche et à droite, des ouvertures. La salle du Conseil se trouvait droit devant, et ce fut par là que Fanis se rendit. Aucune porte, tout était accessible. La Reine n’entretenait aucun secret avec son peuple, tout simplement, et, en parlant de la louve, les deux femmes tombèrent finalement sur la Reine en personne :
Andromaque. Elle était assise à la table du Conseil, et écrivait quelques notes.
«
Salutations, ma Reine. »
Fanis s’inclina respectueusement, et lui présenta sommairement Lie, sans lui cacher que la jeune femme attendait une fille de Silke.
«
Oh... Voilà qui est intéressant. Et tu souhaites faire partie de notre famille, donc ? Pourrais-je savoir pourquoi une Celkhane chercherait à nous rejoindre ? »