La Horde des Amazones était un peuple de nomades qui voyageaient à travers Terra depuis des éons. Un voyage sans fin, une quête éternelle qui ne se terminait jamais, pour retrouver la légendaire Themiscyra. Silke avait eu l’occasion de parler à Lie du funeste passé de son peuple. Jadis, les Amazones vivaient sur une île paradisiaque, Themiscyra, néanmoins dangereuse, car entourée de monstres marins redoutables, et régulièrement assiégée par des pirates, ou par les forces continentales, désireux de s’emparer des ressources de l’île. Le peuple qui vivait sur cette île, majoritairement composé de femmes, s’était ainsi défendue, tout en menant des raids dans les villages locaux, afin de coucher avec les hommes. Peu à peu, Themiscyra avait toléré la présence d’hommes, lors de cérémonies spéciales, afin qu’ils engrossent les Amazones, mais ce passé utopique s’était effondré quand des hordes de Barbares avaient déferlé dans la région.
Ils avaient ravagé les terres côtières, avant de fondre sur Themiscyra, assiégeant l’île avec une flotte comprenant des milliers de vaisseaux. De nombreuses Amazones avaient fui, mais la plupart avaient été capturées, asservies, et dispersées ensuite au gré des esclavagistes mes achetant. Néanmoins, beaucoup d’Amazones s’étaient retrouvées dans le royaume barbare d’Hyrkanie, travaillant comme esclaves auprès de la population locale. Une vie difficile et de labeur, qui avait duré des siècles, et qui avait forgé le tempérament belliqueux et rebelle des Amazones. On les avait dépouillés de leur fierté, de leurs souvenirs, mais pas de leur foi. Les Amazones n’avaient jamais cessé de vénérer Artémis, la Déesse-mère, et, quand les Hyrkaniens avaient découvert l’existence de temples secrets, ils avaient envisagé de les détruire. Les esclaves s’étaient alors révoltés, et une violente guerre civile avait déchiré l’Hyrkanie en deux. Les Amazones avaient pris les armes, et avaient fui. La Horde était née. Elles avaient fui en suivant une leader charismatique, dont la Reine Andromaque était la descendante.
Silke avait noté le vif intérêt de Lie pour la Horde, et, pendant leurs aventures à Gielad, elle lui avait donc parlé de son peuple, et Lie lui avait dit qu’elle comptait les rejoindre. L’Amazone lui avait indiqué où les trouver, car toutes les Amazones s’éloignant de la Horde disposaient d’un plan montrant les déplacements de la Horde, afin de pouvoir facilement y retourner. À Gilead, Silke s’était éloignée de la Horde, ce qui faisait qu’il faudrait du temps pour la rejoindre. Elle avait envoyé un corbeau avec un message pour les prévenir.
Quand Lie approcha, la Horde se reposait dans des prairies, et s’était installée dans une zone paisible, avec des lacs, et quelques villages agricoles à proximité. Il fallait renouveler les stocks de nourriture, et, surtout, se reposer. Elles avaient traversé une région rocailleuse et escarpée, et beaucoup d’Amazones ouvrières étaient fatiguées, ou s’étaient blessées. De même, les Amazones guerrières avaient dû se battre contre des monstres et des bandits, ainsi que contre des Orcs.
Fanis s’était ainsi battue, et avait participé à un raid contre le camp des Orcs, l’incendiant en combattant ces monstres.
Aujourd’hui, elle était juchée sur un épais rocher se dressant en hauteur, voyant d’épaisses forêts autour d’elle, celles que la Horde avait traversé, avec, au fond, les montagnes qu’elles avaient traversé. Elle faisait le guet, quand elle perçut enfin du mouvement.
*
Quelqu’un approche...*
Prudente, Fanis se laissa tomber, et se rapprocha discrètement, aussi silencieuse qu’un prédateur ayant repéré sa proie. Elle approcha ainsi de la silhouette, et aperçut une femme avec une longue chevelure rousse. Constatant que la personne était seule, Fanis se rapprocha encore. Elle s’était glissée dans son dos, et marcha volontairement sur une racine, provoquant un craquement audible, qui amena la jeune femme à se retourner.
Les deux créatures se jaugèrent du regard, puis Fanis fronça les sourcils.
«
Je m’appelle, Fanis, femme, et je suis une Amazone. Que viens-tu faire par ici ? »