La créature émergea dans la nuit, par une Faille qui apparut et disparut très rapidement. Une créature silencieuse, sans yeux, sans pattes... Elle tomba sur un sol confortable, une belle herbe, à côté d’une balançoire, et resta là, sans bouger, sans même pouvoir bouger. En effet, l’être n’était rien de plus qu’un
œuf, suffisamment petit et suffisamment inerte pour que personne ne songe à lui. Qui, après tout, irait se préoccuper d’un œuf ? Curieux œuf que celui-ci, d’ailleurs, car il était légèrement gluant, étonnamment chaud... Et émettait une lueur violette tout aussi étrange. De lentes et faibles pulsations, qui l’amenèrent à briller pendant quelques instants, avant de s’éteindre.
Devant lui, devant cet œuf silencieux, il y avait une petite maison de banlieue. Une maison japonaise typique, située à l’entrée du quartier résidentiel de la ville, près des transports en commun permettant de rejoindre le lycée Mishima. Inerte, l’œuf n’en était pas pour autant vivant, et, à l’intérieur de sa carapace, une petite créature flottait dans un bassin génétique verdâtre. Une sorte de minuscule fœtus verdâtre, dont le poumon se mit à battre. La créature se recroquevilla lentement sur place, et attendit, patiemment, sagement.
Elle n’eut de fait pas trop longtemps à attendre. Au petit matin, l’honorable famille se réveilla. Comme à son habitude, le père, qui travaillait dans la zone industrielle, fut le premier à se lever. Et, comme d’habitude, le chien aboya, désireux de sortir, ce que l’homme fit donc. Le chien se déplaça alors. Du nom de
Cujo, le chien était un très gros saint-bernard, inoffensif et particulièrement affectueux, qui adorait dormir, et recevoir des câlins, paradoxe d’autant plus impressionnant que Cujo pesait environ 120 kilos. Cujo avait un comportement si doux que même Skippy, le chat de la famille, s’entendait bien avec lui. Skippy, d’ailleurs, dormait avec la
jeune fille du couple. Le petit chat avait pris l’habitude de se faufiler dans sa chambre la nuit, et de bondir sur elle, dormant ainsi paisiblement.
Cujo ne tarda pas à se rapprocher, reniflant le sol, et sentit rapidement la présence de l’intrus. Il gronda alors, ce qui était très inhabituel chez lui, mais, à ce moment, le brave père était en train de prendre sa douche. Cujo était très rarement sur la défensif, mais se rapprocha lentement de l’œuf, tout en continuant à gronder... Et l’œuf émit alors une pulsation violette. Le
premier contact ne lui échappa pas, et, même si le fœtus à l’intérieur ne pouvait émettre de pensées intelligibles, il réagit intuitivement. L’œuf brilla plus fortement encore, et libéra un nuage de spores, heurtant les narines de Cujo, surprenant le chien. L’énorme saint-Bernard se rapprocha alors de l’œuf, grognant moins, et le lécha alors... Puis grogna encore, et se recula.
À l’intérieur de la maison, c’était l’heure à laquelle la fille du couple se réveillait, et attirait Cujo en sortant sa pâtée. Mais là, au lieu de réagir rapidement, Cujo restait au fond du jardin... Et se mit même à aboyer, comme si quelque chose le perturbait, le troublait...
«
WOUUUF !! WOUUUFFF !! » aboya Cujo.
Il gronda encore, et l’œuf se mit encore à briller, multipliant les pulsations... Avant de s’éteindre quand la jeune fille approcha. Il ne restait alors plus que cet étrange œuf baveux à la lueur violette, qui se dressait devant la balançoire, et Cujo qui cessa d’aboyer, redevenant calme, mais en poussant quand même quelques glapissements... Puis se mit à se frotter contre les jambes de la jeune fille, réclamant des caresses...