En apesanteur... (pv:Lucy Wings)

Encore une réunion fastidieuse dans une haute tour de Seikusu. Une réunion sur un événement d'envergure où tout le gratin du pays serait présent. Quatre piste de danse, quatre djs, deux restaurants et trois bars, vous voyez le tableau. Et comme il y aura des ministres à la sauterie, on demande à la police de fournir des hommes afin d'encadrer ces bourgeois. On attend pas moins de cinq cents personnes sur le toit de cette fichue tour. Donc me voilà à parler chiffre et d'effectif avec des fils à papa qui en temps ordinaire crachent sur mon uniforme. Mais ici, non, ils sont mielleux et même trop gentils avec moi. Mais je m'en fous royalement, j'ai trente hommes de dispo et je peux même monter à cinquante si nécessaire. Les modalités sont finis et je prends congé de ses messieurs. Lorsque je referme la porte, je hurle énormément d'insultes dans ma tête comme pour libérer cette pression accumulée pendant les trois heures de réunion à la con. Je me rends aux ascenseurs afin de quitter définitivement ces lieux. Je me vois dans le reflet des portes d'ascenseur et je suis contente d'être en civil pour une fois, je vais pouvoir rentrer directement à la maison. Le rapport attendra bien une nuit. Les portes s'ouvrent et j'appuie directement sur le zéro, étant au vingt-troisième étages, j'ai le temps d attendre.

Quelques étages plus bas, les portes s'ouvrent et une jolie petite rousse rentre, étant contre la parois du fond, je suis derrière elle et je profite totalement de la vue de ce jolie petit lot. Naturellement, je penche la tête à gauche pour accentuer ma vue sur ce petit cul bien rebondit. La vache, je la croquerai bien la rousse. Mais soudain, un freinage sec de l'ascenseur et nous voilà bien bloquées elle et moi.

- Fais chier, c'est pas vrai...

Je me place devant la console de commande et je frappe le bouton ouverture de porte très vite mais c'était inutile... Je soupire et me replace dans mon coin, regardant la jolie demoiselle, je lui souris.

- Bon ben, on est amenée à rester un moment ensemble. J'espère que vous n'êtes pas clostrophobe...

Okay, peut être qu'elle avait sous estimé la complexité des habitudes architecturales locales. Ou des habitudes locales tout court. Aux Etats-Unis, jamais on ne l'aurait laissée aller dans des étages qui n'avait aucune raison d'accueillir des touristes. Ce qu'elle était, selon toute vraisemblance ! Peut être qu'ils l'avaient prise pour une célébrité, ou quelqu'un d'important ? Lucy s'amusa à flatter son égo quelques minutes à cette pensée.

Une étrangère, rousse, dont la tenue vestimentaire tranchait complètement avec la plupart des individus dans l'immeuble... Vu la saison, elle avait laissé son manteau sur l'autre continent. Un jean taille basse, un débardeur un peu large laissant voir la naissance de peau de ses hanches, surmonté d'un gilet plus léger, qu'elle n'avait mis qu'à mesure que la soirée s'était installée.
 
Gwen bossait toute la journée, elle avait donc eu quartier libre. Elle avait marché d'un pas plutôt assuré (elle n'aimait pas donner l'impression d'être en situation de faiblesse. ) entre les grandes parois vitrées, promenant son petit nez couvert de tâches de rousseur ici et là, sans objectif particulier. L'endroit était joli, la décoration variée. Certaines passerelles menaient vers des terrasses fleuries, des salles remplies d'aquarium, d'oeuvres d'art...
Si elle avait correctement déchiffré les kanjis sur l'immeuble, elle était dans une sorte de bâtiment culturel qui accueillait toute sorte d’événements.
Elle rebroussa chemin elle même, une fois arrivée dans un lieu probablement plus professionnel, ou réservé à d'autres qu'elle. Ce qu'elle ne détermina que grâce aux regards déplacés qu'on lui lançait. Personne ne lui dit jamais rien. Ils étaient aussi pris au dépourvu qu'elle, sans doute.

Elle rebroussa donc chemin, appelant l'ascenseur du 14ème. La porte s'ouvrit sur une ravissant blonde en uniforme. Pas du tout le genre qu'elle s'attendait à croiser ici. Après un moment d'hésitation, elle rentra un peu trop vite dans la boîte en métal en demandant le rez de chaussé aux boutons qui se trouvaient là. La porte se ferma sous son nez. Lucy profita du reflet dans le métal pour observer la femme.

Est-ce que ? Mais oui, elle lui matait carrément le cul ! D'abord mal à l'aise une seconde, Lucy leva finalement les yeux vers le haut de l'ascenseur, flattée.

Elle failli tomber à la renverse quand l'ascenseur s'arrêta brutalement. Les lumières clignotèrent un instant, puis plus rien. La policière réagit plus vite qu'elle. Lucy la laissa appuyer sur les boutons et constater que cela ne fonctionnait pas.

La rousse déchiffra les paroles de celle qui se trouvait en face d'elle. Son sourire la mit à l'aise et elle sourit également, en s'appuyant contre les portes. Elle choisit ses mots pour répondre, avec un accent prononcé.

-Heu.. Non ? Je n'ai pas peur, vous êtes là pour me protéger.

Lucy sortir son smartphone mais elle n'avait pas l'abonnement permettant de le rendre utile ici.

-Vous pouvez appeler au secours ?

Elle avait replacé ses cheveux derrière son oreille en souriant timidement.

Sans vraiment le vouloir, je remarque cette jolie petite rousse se concentre sur mes mots, était elle sourde ou malentendante? Mais, j'ai eu ma réponse lorsqu'elle parla un japonais avec un fort accent anglophone. Sur le coup, j'en ris mais juste parce que c'était rare que je tombais que sur une anglophone avant de reprendre mon anglais.

- Oh Well, vous n'êtes pas japonaise... Désolée pour le rire. Ça me fait plaisir d'entendre l'accent anglophone.

Je lui tends la main pour la saluer.

- Je m'appelle Sophia Monroe et oui, je suis policière au Pays du soleil levant.

La question de la rousse tilta dans ma tête et c'est alors que je chope mon téléphone portable mais, pas de réseau. L'ascenseur bloque les ondes et c'est de même que ma radio personnelle.

- Ben, je réitère mes propos, on est partie pour être bloquées un long moment.

Alors, je me replace plus confortablement contre l'une des parois de la structure tout en observant ma compagne de galère. Observant son corps et son visage, elle était vraiment jolie et j'ai vraiment envie d'elle.

Lucy saisit la main qu'on lui tendait avec un sourire timide.

Bonjour Sophia. Je m'appelle Lucy. Lucy Wings.

La policière confirma les craintes de l'américaine. Elles étaient bloquées, sans le moindre contact avec l'extérieur ! Quelle étrange situation. Presque romanesque... La rouquine appuya sur le bouton d'appel de la cabine métallique, au cas où, puis se replaça confortablement contre un mur, tentant d'imiter l'air désabusé et plutôt sexy de la blonde en face d'elle.

Elle posa un pied contre le mur derrière elle pour plier le genoux et enfonça ses pouces dans ses poches en serrant les bras contre son corps. Un réflexe d’intervertie voulu qu'elle plaqua ses bras contre ses côtes, ce qui avait pour conséquence de faire ressortir sa poitrine. Ce qui, elle l'ignorait, pouvait passer pour un message de drague assez peu subtil.

Je viens d'arriver en ville et j'ai l'impression que vous devez être souvent occupés ! Il y a une procédure à suivre pour attendre dans ce genre de cas ?

Sa nouvelle position me donne une jolie vue sur sa poitrine, c'est qu'elle a plusieurs atouts la rousse. Bref, elle me demande si il y avait des procédures dans ces cas là. Je lui souris et me dégage une mèche de cheveux qui était sortie de mon béret.

- Bah il existe la procédure de hurler de toutes vos forces pour espérer que quelqu'un vous entende. Mais j'ai un doute. Je pense qu'il y a eu un court-circuit car plus rien réponds mais on garde la lumière.

Sachant très bien que j'en ai pour longtemps, je retire mon béret et la pince de mes cheveux. J'ouvre ma veste d'uniforme et libère mes pieds des escarpins police.

- Oui, je sais c'est pas classe mais cela me permet d'être à l'aise.

Posant le tout dans un coin, je me replace devant la rousse qui m'attire toujours autant.

- Lucy, c'est joli comme nom, et ça fait du bien d'entendre un nom étranger comme le miens. Si tu veux, après que le problème de l'ascenseur soit passé, je peux te faire visiter Seikusu et Kyoto si tu veux.

Attendant sa réponse, je recoiffe mes cheveux avec mes mains, ensuite je supprime la cravate de ma chemise, qui finit avec les autres affaires, et je défais quelques boutons de ma chemise, laissant un petit décolté mignon.

- Que fais tu au Japon, Lucy?

L'américaine rigola légèrement, histoire de détendre l'atmosphère, ou en tout cas de montrer qu'elle n'était pas en état de panique. Lucy admira le discret ballet que lui offrait Sophia : pieds déchaussés, cheveux lâchés et chemise ouverte sur un décolleté admirable. Même si la rousse ne se savait pas attirée par les femmes (après tout c'est normal d'être attirée par les garçons quand on est une fille non ? C'était son éducation en tout cas) elle ne put s'empêcher d'admirer le physique de celle qui se trouvait en face d'elle.

Merci, c'est pas très original mais je l'aime bien ! Avec plaisir ! Je manque de guides pour la ville et en compagnie de toi, je me sentirai rassurée !

Elle s'adressait avec elle de manière familière et naturelle, comme à une amie, même si sa posture corporelle restait encore tendue -ce qui, rappelons le, mettait en avant sa poitrine. Cependant, son sourire se faisait plus franc, dévoilant une belle dentition saine sous ses jolies lèvres.

Je suis venue me changer les idées après … une rupture.

Est-ce que c'était une bonne idée d'évoquer ça ? Elle n'allait pas passer pour une allumeuse ou quelque chose du genre ?

Tout en écoutant Lucy, je me replace contre la parois de l'ascenseur, mes yeux se perdent encore sur son corps, mais lorsqu'elle parla de rupture, mes yeux se fixent à nouveau sur les siens.

- Oh merde, pardon... Je suis désolée pour toi.

J'aurai aimé la prendre dans mes bras mais je pense qu'elle aurait été quelque peu contrariée par ma familiarité. Alors je me contente de faire une bouille triste, naturelle, maintenant, je connais pas son caractère.

- Sans être indiscrets, pourquoi le connard ou la connasse t'a lâché? Enfin, sans être méchante, je vais pas m'en plaindre, cela me permet de te connaitre.

J'étais sincère et je voulais être réconfortante au besoin de Lucy. Comment est ce qu'on pouvait lâcher un joli petit lot comme elle? Elle a un petit air mutin qui lui donnait pas mal de charme à mes yeux. Et puis, je voulais la connaître afin de tuer le temps et puis, si je pouvais gagner une nouvelle amie, c'était que du bonus en plus.

Lucy soutint le regard de Sophia avec un petit sourire gêné mais qui se voulait plein d'assurance. Elle sourit plus largement à la mention de « connard ou connasse ». Parce que ce type était effectivement un connard et parce que son interlocutrice avait pris soin de mentionner le pendant féminin de la chose. Cela donnait un nouvel éclairage au reluquage de fesse précédent.

  Et bien il eu ce qu'il voulait avec moi et j'étais amoureuse. Lui, il avait déjà une copine, je pensais qu'il la quitterait pour moi.  Elle soupira. Mais non...

La rousse se trouvait à regarder le bout de ses chaussures, qu'elle frottait doucement en petits arcs de cercle devant elle. Elle en avait trop dit évidemment. Enfin. C'était gênant non ? Allez, pas la peine de pourrir l'ambiance ! Elle releva les yeux vers Sophia.

Et toi ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Sur un sourire qui était un poil moins naturel que la seconde d'avant, elle détailla à son tour le corps de Sophia, l'air de dire « une belle fille comme toi doit avoir une bonne raison d'être dans la police au Japon ? »

Lucy m'explique le traditionnel enfoiré qui est champion dans l'abus de confiance de minettes amoureuses de beaux parleurs.

- Aaah l'enfoiré de fils de pute... Je déteste ce genre de personne.

Ensuite Lucy regarde le sol, je me sentais conne d'avoir dit cela mais je le pensais sincèrement. Lucy joue avec ses chaussures mais après elle se redresse et me fixe. Un petit sourire et une question, qu'est ce que je faisais ici. Suite à ça, elle me scrute le corps, pas mal, je lui plais peut être, je l'espère au moins.

- Je dois m'occuper de la sécurité pour un événement de bourges qui ne me respectent que parce qu'ils ont des intérêts, en dehors, ils crachent sur mon uniforme... Alors, j'ai assez joué la faux cul pour aujourd'hui. Heureusement que tu es là pour me tenir compagnie dans cette galère, Lucy.

Lucy se laissa tomber carrément sur les fesses, histoire d'attendre dans la position qui serait la plus confortable. Quitte à être dans l'intimité... Elle posa sa joue dans la paume de sa main droite

Woah, ça a pas l'air d'être la joie... En tous cas je crois que c'est la première fois que je rencontre un policier aussi sympa ! Donc merci à toi aussi d'être avec moi dans cette galère. Et sinon, la vie au Japon te plaît ? Tu fais quoi quand tu bosses pas pour des hypocrites ?

Elle hocha la tête sur le côté, dans un signe d'amitié universel, qui était aussi une invitation à venir s'asseoir à côté d'elle. Elle sorti son téléphone de sa poche et appuya sur le bulle « jeu », tout en écoutant la réponse de Sophia. Si cette dernière n'avait pas envie de parler d'elle, Lucy lui proposerait une activité plus simple, qui ne demandait pas de trop s'exposer devant une inconnue.

Lucy me remercie d'être sa copine de galère, en même temps, c'était pas la mer à boire. Lucy est quelqu'un d'assez sympa à vivre et très jolie à regarder. Après sa question, la rousse se pose au sol afin d'être mieux installée.

- Tu as bien raison, on sera mieux comme ça.

Étant un jupe et pour pas passer une une aguicheuse, je tends mes jambes sur le côté afin de ne pas embêter Lucy. J'inspire profondément.

- La vie au Japon est particulière, je suis dans un pays traditionaliste où j'ai obtenu la nationalité locale mais je ne suis pas de cette tradition. Même si je suis japonaise, pour eux je reste une anglaise perdue sur leur île. Mais, je m'y plais assez bien.

Tout en recoiffant mes cheveux, je regarde Lucy perdue dans son téléphone.

- En dehors de la police, je suis une... Une simple fille qui tente de chasser ses peurs et ses angoisses comme elle peut. Mais je pense pas que tu veuilles connaître toute l'histoire de Sophia la miraculée.

Lucy colla son épaule gauche à celle de Sophia afin de partager au mieux la capacité de son petit écran de téléphone, puis baissa finalement celui-ci pour se concentrer sur le récit de la policière. Peurs et angoisses ? Sophia la miraculée ? Ca avait l'air intéressant !

La rousse sourit pour encourager son interlocutrice et la pousser à continuer, en la poussant légèrement de l'épaule.

Ca m'intéresse ! Et puis de toute façon, on a pas vraiment mieux à faire

Elle secoua son téléphone sur son écran de jeu comme pour montrer que cette option n'avait rien de réjouissant, puis le rangea dans sa poche. Enfin, elle posa son menton au creux de ses mains, comme une enfant à qui l'on va raconter une histoire.

Je t'écoute, Sophia la miraculée ! Enfin si tu veux

Sentir la tête de Lucy contre moi me faisait frissonner, ses cheveux sur ma joue, mais l'histoire de ma vie... c'était autre chose. D'autres frissons montent du bas au haut de mon dos. La peur, le bruit de la détonation résonne à nouveau dans ma tête. BANG BANG. Miharu au sol...

- Ce serait...

Une larme coule sur ma joue avant même que je la vois. C'était comme avec Lirielle, je craque encore.

-... beaucoup trop long...

Lirielle était parvenue à me calmer mais ici, elle n'est pas là et je me lève d'un coup sec et je frappe le mur de l'ascenseur avec mes poings. Gauche, droite, gauche, droite... La plaque se déforme avant que je hurle en tombant sur les genoux en pleure. Bordel, plus de sept ans et je suis toujours incapable de me contenir.

- Je suis désolée, Miharu... Je suis désolée, Lucy... tellement tellement désolée.