Pauvre Tomoko, elle venait d'entendre le « clic » de la mine sur laquelle elle venait de poser le pied, désormais, elle ne pouvait plus s'enfuir sans qu'on ne vienne la secourir. Et encore, elle n'était pas sûre de quitter cette pièce en un seul morceau, même avec de l'aide extérieur. Son imagination pouvait être très profonde, avoir des tas et des tas d'idée, mais elle n'était pas si créatif que ça. Elle n'avait pas de talent spécial en dessin, en musique, ou autres même, mais quand il s'agissait d'imaginer des choses en partant sur un simple signe de la main pour lui dire au revoir, elle était forte. Mélinda avait beau l'avoir invité en tout bien, tout honneur, elle avait déjà imaginé grignoter quelque chose avec sous un beau décor, toutes les deux en yukatas, à observer des feux d'artifice en se regardant amoureusement tout en se tenant la main. Oui, et ça pouvait aller encore plus loin !
Mais soyons franc, Tomoko refuserait d'habiter ici. Elle pouvait agiter autant d'appât qu'elle voulait, il n'y a que chez elle ou elle pouvait être elle-même sans avoir ce stress permanent, alors vivre ici... Elle ne vivra pas trois mois sans avoir un ulcère à l'estomac tant elle sera stresser ! Mais son piège, pour faire oublier sa réponse n'avait pas fonctionné, Mélinda revenait à la charge en lui tournant autour, comme un fauve ! Quelle chose elle a imaginé ? Oh que non, elle ne pouvait pas dire ça, elle passera pour une folle ! Puis dans le meilleur des cas, admettons que Mélinda soit vraiment amoureuse d'elle, elle ne voudrait pas causer du tort à ce couple, rendre Vanilla malheureuse par sa faute, briser un mariage, oh non, elle n'oserait plus se regarder dans un miroir ! Si encore, ce serait le genre de femme à humilier Mélinda, à la rendre malheureuse de bien des façons, okay, elle aurait moins de remords, mais sa femme ne semblait pas être comme ça !
C'est que Mélinda avait le chic pour accumuler les barrages pour obtenir une réponse. Proche, trop tactile à son goût, sympathique – quoi que même désagréable elle n'aurait pas plus de facilité à lui répondre – bref, c'est limite si tout n'était pas une excuse pour justifier ce silence ? Joueuse ou trop curieuse, Mélinda venait parler de ses yeux, qu'elle trouvait aussi joli que les siens. Mais elle est folle ? D'où elle avait de beaux yeux ? Grand, cernés de partout, ce n'est pas pour rien si ses cheveux cachait une partie de son visage, ce n'était pas vraiment de la feignantise, elle ne supportait pas son visage, elle se trouvait moche, disons le simplement. Le fait de faire trop d'effort, se maquiller, changer de coiffure et « se faire belle », elle s'en rendait malade. Ce soir, ça allait, elle n'en avait pas trop fait après tout donc, c'était supportable. Bien que la réponse ne sortait pas de sa bouche, elle parvenait tout de même à répondre avec la tête, la secouant doucement à la négative. Se prétendre aussi belle que Mélinda Warren, même si ce ne sont que les yeux, jamais elle n'oserait.
Baissant les yeux pour espérer pouvoir lui répondre, elle n'y arrivera pas en la regardant dans les yeux. Les siens étaient jolis, profond, même un poil inquiétant à vrai dire. Elle ne savait pas si tout le monde avait ce genre de regard, mais elle avait l'impression qu'en la regardant dans les yeux, elle savait tout ce que Tomoko pouvait cacher, de ses peurs, de ses fantasmes...
« N-non... Tu as d-des y-yeux p-pl-plus jolis que les m-miens... »
Elle ne disait pas cela pour être gentille, elle disait sa vérité. Elle n'est pas du genre à se mettre sur le devant de la scène et à montrer combien elle était belle. Au contraire, ça la terrifiait. Mais paradoxalement, elle rêvait d'être aussi belle et connue que Mélinda au lycée, mais voir tout ce monde baver sur elle, comme avec Mélinda, elle imaginait ça très bien... elle le vivrait nettement moins bien en vérité. Toujours, debout, face à elle, son regard faisait pencher doucement sa tête vers le bas, c'est ainsi, elle ne supportait pas tant que ça son propre reflet...
b]« Et... »[/b]
Ha, elle continuait donc ?
« Même... T-tout... tout le... le reste... »
C'est vrai qu'elles étaient assez opposées. Mélinda avait des tas d'amis, une beauté que peu de gens n'ose contredire, rieuse, souriante, alors qu'elle était seule, pas particulièrement jolie, effrayée. C'est pour dire, peu de gens la regardait, à croire qu'elle était invisible. Même ses camarades de classe, si on la cherche, eux-même doivent chercher dans leurs souvenirs si elle a été aperçu aujourd'hui, voir s'il y avait une Tomoko dans leur classe. Attention, elle n'était pas spécialement jalouse, juste... Elles vivaient dans deux mondes différents.