La musique adoucissait les mœurs, et constituait un très bon exorcisme contre la peur. Quand on était isolée dans une voiture, sous une pluie battante, et face à une tempête antédiluvienne, la peur était un réflexe naturel. Doutzen se laissait donc emporter par la chanson, comme pour espérer que les accords de musique parviennent à taire la pluie. De fait, la pluie avait cessé, mais il faisait toujours un vent infernal, et la tempête était toujours là. Les épisodes pluvieux allaient sûrement reprendre d’ici peu, mais, en attendant, c’était un léger silence apaisé qui régnait.
Jusqu’à ce que…
*
KRAAAAA-KOOOUUUUUMMM !!*
Un cri s’échappa des lèvres de Doutzen qui bondit sur place. La Chevrolet ayant une boîte de vitesse automatique, son genou ne rencontra pas un levier de vitesse, et elle atterrit contre le corps de Quentin, ayant sursauté presque par réflexe. Le coup de tonnerre avait illuminé une obscurité pesante, et Doutzen tourna la tête, avant de réaliser la bêtise de son geste… Elle releva le regard pour croiser Quentin, mains crispées sur son débardeur, mais sans pour autant s’éloigner.
L’homme alla même jusqu’à poser ses mains autour de son corps, la serrant instinctivement, et Doutz’ se mit à sourire.
«
Hum… Désolée… Les bruits forts et imprévus comme ça, ça… Ça me fait toujours sursauter. »
Elle rougit légèrement, tout en restant néanmoins accolée contre lui. Là, comme ça, elle sentait nettement mieux ses muscles, et elle frissonna quand il caressa ses cheveux, avant de se laisser aller à une petite blague. Elle sourit en retour, et crispa alors ses mains sur son torse, afin d’en prendre appui, et de se redresser légèrement. Il fallait dire qu’elle s’était un peu avachie gauchement sur l’homme, mais elle constata vite qu’il n’était pas pressé de la repousser… Une absence de réaction que, bien entendu, elle nota, et
interpréta.
Un malicieux sourire vint ainsi se nicher sur ses lèvres, et elle resta contre lui. Sur l’autoradio, ce fut au tour d’
Ooh Child, des Five Stairsteps, de défiler, véritable musique de circonstance, tandis que le regard de Douitz’ observait celui de Quentin. Nul besoin de parler, en effet, les yeux s’en chargeaient, ainsi que la musique :
Ooh-oo child
Things are gonna get easier
Ooh-oo child
Things'll get brighter
Ooh-oo child
Things are gonna get easier
Se mordillant doucement les lèvres, Doutzen conserva une main sur le torse de l’homme, et posa l’autre sur l’arrière de sa nuque, puis se rapprocha encore. Ses seins vinrent de nouveau effleurer, ses lèvres s’entrouvrirent, et elle l’embrassa. Ce fut aussi simple que ça. Il y avait bien longtemps que le sexe n’était plus un tabou pour elle, et, pendant plusieurs secondes, elle apposa ses lèvres contre les siennes, sans constater le moindre rejet de la part de l’homme.
«
Hmmm… »
Un sourire se dessina ensuite sur ses lèvres, après ce baiser.
«
J’aimerais te dire que je suis désolée, et que je n’ai pas pu m’en empêcher… Mais tu n’as pas l’air particulièrement choqué. »
Elle rajouta alors, une lueur espiègle dans les yeux :
«
Tu sais, on risque de rester bloqués ici un certain moment… Je me demande bien ce que tu avais prévu pour qu’on ne s’ennuie pas… »
Le sous-entendu était à peine larvé, et les yeux de Doutzen pétillaient d’une franche malice.