Dans la gueule du loup (pv avec Doutzen)

Son empathie était mise à rude épreuve. Aïe, aïe, aïe, elle ne s’attendait vraiment pas à un tel scénario ! Pourquoi fallait-il qu’Alex’ fausse ainsi les données ? Pourquoi fallait-il que ce maudit homme joue sur la corde sensible ? Ne pouvait-il juste pas rester dans son rôle de play boy extraverti ? Était-ce un jeu ? Qu’avaient-ils donc fait de si exceptionnel, ce soir, pour qu’il se mette à lui ouvrir sa flamme, à lui sortir le grand numéro ? Tout ce qu’ils avaient fait, c’était baiser comme des hyènes en chaleur ! Certes, Doutz’ était peut-être le plus beau coup qu’il ait jamais tiré (ce que, à sa grande terreur, Doutz’ appréciait avec une certaine once de fierté), mais elle ne restait qu’un coup. L’amour, ce n’était pas le sexe... L’amour, ce n’était pas juste vouloir prendre quelqu’un. Que savait-il d’elle ? Rien. Absolument rien ! Il ignorait tout de son passé, il ignorait qui elle était vraiment, et elle-même n’en savait rien... Il lui confiait être plus qu’un vulgaire Don Juan, mais, à bien y réfléchir, n’importe qui aurait tendance à se présenter comme cela. Personne ne viendrait séduire une fille en lui disant qu’il était un remake de Popeye.

*Ne te laisse pas avoir, Doutz’ !*

Fondamentalement, Doutzen était un petit Chaperon rouge. Elle était fondamentalement gentille et compatissante. Sa route avait croisé celle de Reto, qui ne ressentait aucune forme d’empathie. Il était un véritable psychopathe, fou furieux, brutal, et dominateur. Le Grand Méchant Loup. Doutz’ atténuait toujours les reproches qu’elle se faisait en vendant son corps, en piégeant des individus ayant des enfants et des familles, par le fait qu’ils étaient des loups, voire des louveteaux... Mais Alex’ essayait de lui dire qu’il n’était pas un loup, mais un renard. C’était différent... Doutzen ne pouvait pas tomber dans ce piège, car Alex’ le verrait, et, surtout, Reto le verrait... Et, s’il apprenait que Doutz’ avait fait des bêtises, il la punirait. Et ça, Doutz’ ne le voulait pas ! Qu’est-ce qu’Alex’ comptait vraiment faire contre quelqu’un comme Reto ? Quelles étaient ses chances ? Croyait-il pouvoir le vaincre en claquant des doigts ? Reto avait ses entrées, il était intouchable... Et, quand bine même, que ferait-elle, ensuite ? Retourner à son pays natal, au village ? Retrouver sa vie de fermière auprès de parents qui l’avaient abandonné ? Finir dans un centre social ? Alex’ prétendait pouvoir s’occuper d’elle, en avoir les moyens et la volonté... Mais Doutz’ en doutait. Elle ne supporterait pas d’être libérée de la griffe de Reto pour tomber sur un autre Loup.

*Méfie-toi des sourires d’anges, de ceux qui ne sont pas ce qu’ils prétendent être... Ton jugement, Doutz’, fie-toi à ce dernier !*

Voilà son refuge, voilà son échappatoire... En définitive, il fallait se rabattre sur ce qui était clair, sur ce qui était admis. Reto lui avait dit qu’Alex’ était un coureur de jupons, elle avait pu le vérifier par elle-même. Non, non, on ne changeait pas comme ça, en une seule nuit. Leur rencontre n’était pas une sérendipité, elle était une rencontre calculée pour répondre à des intérêts distants : se soulager avec une belle femme pour Alex’, satisfaire son père adoptif pour Doutz’. Ce n’était PAS de l’amour ! Oui, Doutz’, voilà ce qu’il fallait se dire ! Refuser l’autre option, afin de préserver tes nuits heureuses et insouciantes ! Pas de l’amour, pas de l’amour, pas de l’amour... Mais elle avait beau se le répéter, le fait même qu’elle se le dise avec tant d’insistance était bien qu’elle cherchait à se convaincre...

...Car il était possible qu’Alex’ dise vraiment la vérité, et qu’il ait été vraiment touché par elle. Il était possible que son objectif initial n’ait été que de sauter Doutz’, et qu’il se soit trouvé une conscience. C’était un scénario digne de films à l’eau-de-rose, mais Doutz’ se prédestinait à être actrice. Et puis, la vie ne raffolait-elle pas elle-même de ces histoires invraisemblables ?

Il termina sa tirade par un nouveau baiser, et Doutz’ cligna lentement des yeux.

« Je... »

Elle secoua la tête, baissa les yeux, puis les releva, s’humecta les lèvres... Et finit par répondre :

« Pour l’heure, je pense que j’ai froid... »

Elle bottait en touche, le temps de répondre, et sortit de la cabine. Elle s’enroula dans une serviette, tournant le dos à Alex’, fermant les yeux. Dans la vie qu’elle menait, il n’y avait aucun manuel, aucun paragraphe à lire pour savoir quel était le traitement à apporter pour résoudre le problème qu’elle avait sur les bras. Elle était seule, seule face à elle-même, seule face au doute qui la tiraillait de part en part. Elle secoua lentement la tête, puis se mordilla les lèvres.

« Je... Je ne sais pas, Alex’... Tu... C’est vrai que tu es différent de ce que je pensais, mais... Je ne peux pas m’engager aussi rapidement, je... J’ai besoin d’apprendre à te connaître. J’ai besoin de m’assurer que tu ne confonds pas passion sexuelle et... Et autre chose... Mais je suis flattée que tu me trouves si bonne au lit... »

Non, ce n’était pas clairement le domaine dans lequel Doutz’ était la plus à l’aise...

Alex n’avait pas tardé à la suivre hors de la douche. A vrai dire, il sentait bien ses hésitations et il n’était pas vexé. Lui-même se demandait encore ce qui se passait en ce moment. De plus, il avait bien conscience  qu’il y avait sa réputation et ses faits. Il n’était pas un mec bien il le savait. Et Doutzen avait sans doute compris qu’à la base , elle n’était qu’un coup d’un soir. C’était sa façon de faire, sa méthode. Il n’avait pas vraiment caché cela et aujourd’hui, il devait la convaincre qu’il était autre chose

« je ne demande pas mieux que d’avoir l’occasion  de te montrer qui je suis »

 Nu comme un ver de son côté, il vint derrière elle, la prenant par les épaules, l’embrassant dans le cou et sur le haut de son crâne. Elle était un peu paumée et il avait la sensation qu’elle était fuyante pour ne pas poser les bonnes questions. Elle ramenait tout au sexe car c’était plus facile. Plus pratique. Mais Alex avait couché avec assez de femmes que pour savoir que ce n’était pas qu’une question de plaisir sexuel. Ce qu’il avait ressenti pour Doutzen, c’était la première fois. Et donc, oui il ne savait pas mettre un mot la dessus, mais c’était aussi le signe que c’était différent

« J’ai couché avec un  nombre important de femmes et j’ai jamais ressenti cela »

Toujours dans son dos, il lui caressait le corps par-dessus la serviette, ne cherchant pas autre chose qu’à la rassurer. Il se rendait compte que quelque chose de différent s’était passé et que maintenant il fallait en tenir compte aussi. Il n’allait pas pouvoir faire comme si rien avait été dit et elle non plus. Le fait qu’elle ne parte pas était déjà un bon signe mais  il n’y avait rien de fait. Il allait devoir maintenant la convaincre qu’il pouvait être plus qu’un amant. Et si jamais c’était pas le cas, il se contenterait de ce rôle.

La faisant retourner face à lui, il lui caressa la joue tendrement, comme pour la rassurer. Les choses allaient vite pour lui mais moins pour elle. Pas grave il était prêt à attendre. Mais il tenait à ce qu’elle sache qu’il était sérieux et qu’il ne jouait pas.

« j’ai bien compris que pour toi c’était sans doute moins clair que pour moi. Je le comprends et je le respecte. Après tout mon pédigrée n’inspire pas confiance. J’assume cela.  Mais il est important pour moi que tu comprennes que je ne rigole pas. Je ne joue pas avec ce que je dis. C’est bien trop important.  Si tu me laisses entrer dans ta vie, je la rendrais meilleure. Peu importe le prix à payer»

 Bien décidé à sortir le grand jeu, Alex n’avait pas peur de perdre la face. Il avait confiance en lui et se disait qu’il avait tout en main pour la convaincre. Cela  prendrait peut être du temps mais il savait qu’il pouvait le faire.

« Es-tu d’accord pour au moins essayer ? »

Il la regardait avec des yeux emplis de passion et de désir.Et quel autre meilleur moyen que venir l’embrasser tendrement pour la convaincre. Alex se la jouait séducteur romantique. Un rôle qu’il ne maitrisait pas encore mais qu’il avait envie d’approfondir.

Doutz’ ramenait cela au sexe... Car c’était la seule chose qu’ils aient vécu ça ensemble. Pour elle, soit Alex’ la manipulait, soit il n’avait pas autant la tête qu’elle sur les épaules. Ils n’avaient fait que coucher ensemble, et, pour Doutz’, elle était respectée dans la logique « clients », se refusant dès le début à voir en autre chose qu’Alex’ une autre poule à plumer pour les bons soins de Reto. Une sorte de pacte implicite qui convenait très bien aux autres hommes avec qui elle avait couché, car, ce qu’ils redoutaient surtout, c’était que leur conquête d’un soir ne s’attache à eux, afin de bouleverser leur petit train-train. Malheureusement, Alex’ était célibataire, et n’avait visiblement plus envie d’y rester. Est-ce qu’il tentait d’allumer Doutz’ parce qu’il le pensait vraiment, ou parce qu’il avait en horreur le célibat, et qu’il voyait en elle un bon moyen de s’occuper le soir ? Doutzen avait beau se dire romantique et rêveuse, vivre avec un homme comme Reto, c’était apprendre à être réaliste, et à savoir contenir ses ardeurs. En un sens, elle était encore pire qu’une prostituée, car, avec la prostituée, on était sûr de ne pas se faire entuber. Elle, elle était un vicieux petit Chaperon rouge, et Alex’ voulait s’entacher à elle. Non seulement c’était incompréhensible, car Doutz’ n’arrivait pas à comprendre ce qu’il pouvait lui trouver d’autre en-dehors de ses performances sexuelles, mais c’était aussi risqué, car, en faisant ça, il entrerait davantage dans le jeu de manipulations instillé par Reto.

Elle n’avait aucune réponse tranchée à donner. Elle ne pouvait pas dire « Non » car, si elle avait une entrée, et que Reto avait encore besoin de sa poule, il pourrait s’énerver... Et elle ne pouvait non plus dire « Oui ». Elle était déstabilisée, et Alex insistait, se rapprochant à nouveau d’elle, posant ses mains sur ses épaules, l’amenant à croiser à nouveau son regard. En d’autres circonstances, elle aurait pu émettre des doutes sur les capacités d’Alex à séduire les femmes. Entamer son discours avec un « J’ai couché avec un nombre important de femmes » n’était clairement pas la bonne approche... Mais Doutz’ n’allait pas lui reprocher sa maladresse, et ce d’autant plus qu’il y aurait eu, là-dedans, un brin de mauvaise foi et d’hypocrisie. Elle-même avait couché avec un nombre « important » d’hommes... Sûrement moins qu’Alex, mais assez pour avoir un doute sur leur nombre.

« Essayer... »

Ce fut tout ce qu’elle arriva à murmurer. Alex l’embrassa à nouveau, et Doutz’ soupira. Sa bouche s’entrouvrit, et elle sentit la langue de l’homme filer dans la sienne, s’enfoncer dans sa cavité, dans son antre, allant chercher son propre appendice lingual pour un doux ballet. La main de Doutz’ se crispa sur ses cheveux, une autre sur ses épaules, et elle répondit à son baiser, soupirant et gémissant... De l’amour, vraiment ? Elle avait plutôt l’impression de voir une émanation hormonale intense, mais il était si facile de confondre les deux, si facile de se tromper, si facile de croire qu’un désir sexuel fort était une forme d’amour... Mais ce n’était qu’une lune de fiel, le plus terrible des poisons, car le plus exquis... Ou peut-être devenait-elle trop cynique. Quoi qu’il en soit, tout en l’embrassant, sa serviette se défit, probablement à cause du contact avec le corps de l’homme, et, alors que le baiser se prolongeait, cette dernière finit par tomber, glissant le long de son corps pour s’étaler à ses pieds. Doutz’ était à nouveau toute nue, ses cuisses se frottant contre la verge de l’homme.

Elle n’était pas dupe... Il y avait forcément quelque chose qui puisse expliquer l’attrait d’Alex envers sa personne, et sin espèce d’acharnement sexuel... Doutzen devait avoir un corps et une attitude sexuelle qui, en tout point, correspondait à ses fantasmes inconscients. C’était une autre hypothèse possible, préférable à celle, plus froide, du Don Juan continuant à jouer son rôle, mais, faute de savoir lire dans les pensées des autres, la jeune blonde ne pouvait que broder.

Le baiser dura donc un certain temps, jusqu’à ce qu’il se termine. Le regard légèrement perdu dans le vague, Doutz’ se mordilla les lèvres, et hocha la tête.

« Essayer, ça, je veux bien... Ta compagnie reste agréable, Alex... Très agréable, même... »

Trop agréable, en fait... Mais, en disant cela, elle devait sans aucun doute aussi parler d’elle-même. À force de l’envoyer sur le terrain, Reto avait fini par la rendre « trop » douée. Maintenant, ses proies devenaient amoureuses d’elle, amenant Doutz’ à se demander, avec horreur, quand elle changerait... À partir de quand cesserait-elle d’être un petit Chaperon rouge pour devenir une Veuve noire ? Plus elle multipliait les amants, et plus elle s’en rapprochait...

Alex savait que pour le moment il n’aurait rien de plus. C’était déjà pas si mal finalement. Encore une fois, pour lui, la situation était nouvelle et compliquée. La prenant par la main, il la guida vers la chambre où ils allaient de nouveau faire l’amour. C’était compliqué pour Alex de savoir vraiment ce qu’il voulait. Encore une fois tout était nouveau pour lui là dedans. Doutzen avait peut être raison finalement, il fallait penser au sexe c’était plus facile et plus pratique pour tout le monde. Il avait peut être tort de vouloir voir autre chose derrière cela.

L’amenant sur le lit, il avait recommencé à l’embrasser et à la caresser. Nu, sa verge gonflé de désir et d ‘excitation,  il savait qu’il allait l’honorer encore une fois. La nuit allait être longue ou courte, c’est selon, et  il ignorait de quoi serait fait demain matin.

Embrassant la jeune femme, il laissait de côté ses interrogations. Il avait assez questionné la jolie Doutzen comme cela.  Et alors qu’il avait recommencé à la pénétrer, il était malgré tout drole de se dire que c’est la première fois qu’il ressentait cela et que c’était aussi sans doute la première fois qu’il prenait le risque d’être malheureux. Cela pouvait être une bonne chose comme une malheureuse chose. Il pouvait devenir plus humain ou devenir encore plus gerbant selon la réussite ou l’échec de ce qu’il espérait.

Continuant de la limer avec cette efficacité qui lui était habituelle, l’esprit du jeune homme était quelque peu embrumé.  Au fond, il attendait toujours de savoir vraiment ce qui allait se passer. Il avait envie de voir plus loin que cette nuit. C’était normal pour lui mais un peu moins pour elle. Doutzen semblait prête a refuser ses avances. Il ne pouvait pas l’accepter et cela renforçait son intérêt pour elle. Elle était spéciale et il avait envie de savoir pourquoi. Ce qui impliquait de la revoir forcément.

Se disant que pour le moment son meilleur atout était finalement le sexe,  il redoublait d’ardeur en elle. Il était dans son élement, dans quelque chose qu’il maitrisait depuis un moment maintenant et qui était le symbole de sa vie. Si elle ne voyait en lui qu’un amant il l’accepterait. Ce qui comptait c’était garder le contact avec elle. Et cela passait par être en elle aussi.

Dans quoi venait-elle de s’engager en venant ici ? Ce qui n’aurait dû être qu’un simple contrat était en train de prendre un peu trop d’importance et d’ampleur à ses yeux. La jeune blonde n’avait pas l’habitude d’une telle situation. Gênée et perturbée, elle suivait le mouvement, tout en se demandant où cette histoire la mènerait. Doutz’ pouvait légitimement se poser cette question, dans la mesure où, généralement, elle savait d’emblée qu’une relation avec un « client » ne durerait que la nuit. Pour l’heure, elle n’avait jamais vraiment rencontré de personnes souhaitant la revoir après leurs ébats. Après avoir goûté au fruit empoisonné, elle leur laissait se faire les dents sur la carapace musclée de Reto et sur ses chantages odieux. Ici, la situation semblait différente... Doutzen le sentait.

Tandis qu’Alex’ la ramenait sur son lit et la pénétrait, remuant profondément en elle, lui faisant à nouveau l’amour, et qu’elle dansait avec lui, se tortillant dans son lit, dansant sur son corps, s’empalant sur sa verge, elle le pressentait... Elle pressentait qu’il n’était, et qu’il ne serait pas, comme les autres. Pouvait-elle encore le voir comme un vulgaire client ? Comme une simple proie qu’il fallait séduire pour pouvoir ensuite la laisser partir ? Doutzen n’en savait rien, et cette hésitation la turlupinait. Que pouvait-elle faire ? Qu’était-elle censéefaire ? Tout se mélangeait, tout n’était plus qu’hésitation, et, plutôt que de se lancer dans des questions sans réponse, elle préféra s’absorber dans le reste de la soirée, oubliant Reto, oubliant les projets de ce dernier, oubliant ses ambitions, oubliant sa situation compliquée, afin de ne retenir plus que le plaisir, fort et sincère, honnête et vibrant.

Pendant un moment, il n’y eut donc plus de Reto, plus d’hésitation, plus de doute. Il n’y eut que Doutzen et Alex.

« Haaaaaaaaaaaaaaaaaa.... »

Il n’y eut que le plaisir, que deux individus en train de se faire l’amour pendant une bonne partie de la nuit, puis une femme endormie dans les bras de l’homme, la respiration lourde et profonde, les corps entremêlés et collés l’un à l’autre, les chairs se retenant et claquant entre elles par une sueur abondante, une respiration lourde et profonde. Elle s’affala contre lui, et c’est ainsi que Doutz’ finit par trouver le sommeil. Les questions et le reste étaient bannies de son esprit pour le moment...

Elle aurait amplement l’occasion d’y repenser par la suite.

FIN (?)