Scoop [Akina Walker]

« Non ! » hurla-t-elle en tendant une main vers Nathan, impuissante.

Elle aurait voulu courir à lui, le soigner et l'aider, mais Carnage était sur sa route. Elle avait brusquement écarquillé les yeux lorsque la bête ensanglantée la renversa au sol. Le choc l'avait sonnée quelques secondes durant lesquelles, remarqua à peine le criminel prendre place au-dessus d'elle. Outre la douleur de sentir l'étau de sa main monstrueuse autour de son crâne, elle sentait surtout cette langue brûlante qui salissait sa joue délicate.

« Pitié... » gémit-elle, essoufflée par la crainte. « Arrêtez...ARRETEZ ! »

Heurtée contre le mur, elle manqua une nouvelle perte de connaissance, mais s'infligea la force de rester parmi eux. Elle n'y croyait pas, elle avait abattu cette créature ! D'une balle dans la bouche, elle en avait reçu des morceaux. A quatre pattes, Akina fixait furieusement son adversaire – la respiration toujours saccadée, partagée entre la haine et l'effroi. Du revers de la main, elle essuya sa joue maculée de sang et fronça les sourcils au moment où les tentacules jaillirent en sa direction pour l'entraver à chaque membre. Les colsons qui retenaient ses poignets cédèrent douloureusement quand il écarta bras et jambes. Elle en cria de souffrance, incapable de supporter la sensation affreuse du colson qui coupait superficiellement sa chair. Au moins, elle était libérée maintenant, malgré les tentacules. La blessure à sa tempe saignait encore et le sang battait péniblement dans ses veines brûlantes. Elle avait mal et souhaitait fermer les yeux afin de dormir. Elle se réveillerait parmi ses draps, sur son lit familier : elle devait cauchemarder.

La souffrance de la coupure la rappela à l'ordre. La belle tressauta en serrant les dents, tentant également de reculer son minois angoissé. Elle était dégoûtée par les paroles de ce fou.

« Argh.... ! Va..va te faire voir, saleté ! LAISSE MOI !!!!! » cria-t-elle finalement à plein poumons.

Toutefois, elle s'empressa de glapir comme une chienne apeurée alors qu'elle aperçut tous ces instruments de tortures se rapprocher. Sa prunelle vacilla et elle finit par fermer l'oeil, tremblante.

Après quelques secondes, remarquant qu'elle était encore intacte, elle ouvrit soudainement les yeux et assista aux combat des deux symbiotes. Son inquiétude ne s'était pas envolée, loin de là, transposée désormais au sort de Nathan. Agenouillée, elle avait presque déclaré forfait – après tout, elle n'était qu'humaine et ne comprenait pas ce qu'elle pourrait accomplir de plus face à de telles monstruosités.

« Les...agents blessés... » répéta-t-elle, en état de choc tandis qu'elle se redressait d'un coup à la recherche des cadavres. Il y en avait plus loin, dans les bureaux adjacents. Au début, c'était difficile, mais elle arriva à courir. Elle tombait à genou devant chaque corps et fouillait les gilets pare-balle et les équipements. Ses mains tremblaient énormément. L'étudiant devait faire un effort sur soi pour maîtriser sa panique. Elle hoquetait de surprise si un agent gémissait encore d'agonie. Ce fut alors qu'elle nota la présence, au fond de la salle d'un Browning .50 calibre. Il était intact et son ancien propriétaire mort à ses pieds. Une telle machine devait peser une bonne dizaine de kilos, mais elle y arriverait. Elle fonça sur l'arme et vérifia le chapelet de balles avant de sourire, soulagée. La séquence des balles était la suivante : une traçante, une perçante et une incendiaire. Du véritable matériel de guerre fait pour détruire des blindés et des bâtiments.

Usant de ses dernières forces, la demoiselle souleva la mitrailleuse. Elle en aurait ri, avec le recul, de se découvrir véritable caricature du héros à gros bras.

Walker atteignit l'entrée de la salle où Carnage et Joyce livraient leur duel sanglant. Elle installa sans perdre de temps le trépieds de son arme et prit une grande inspiration. Dans la mêlée, il faudra être particulièrement précise au risque d'exploser la tête du policier plutôt que celle du criminel. Cependant, elle avait confiance en ses capacités de tireuses. Elle était l'une des meilleures dans ce domaine, elle avait foi en sa vue. Ses mains agrippèrent la mitrailleuse. La jeune femme retint sa respiration au moment de viser la silhouette de Carnage. Cette arme tirait en rafale. Elle n'aurait pas le droit à l'erreur. A la première salve, elle devait clouer son ennemi au sol pour éviter à Nathan d'être atteint.

« Essayes de te relever après celle-là.... » murmura-t-elle.

Elle verrouilla sa cible et cria en même temps qu'elle enclencha un premier tir.

« JOYCE ELOIGNEZ-VOUS ! »

La première balle traça sa trajectoire, la seconde s'y engouffra afin de percer l'armure puissante du vilain et la troisième percuta ce nid afin d'y exploser. Le feu prit rapidement, mais Akina poursuivit en rafale jusqu'à épuiser toutes ses munitions. Des hurlements abominables ponctuaient chaque trio de balles et elle comprit, lorsque la fumée se dissipait lentement qu'elle était enfin venue à bout du monstre. Ce dernier se consumait au sol, telle une torche enflammée pour agoniser dans d'affreux râles. Les balles incendiaires avaient fait leur travail. Le symbiote aurait beau tenté de soigner, les brûlures prenaient de l'ampleur et le feu n'était pas prêt de s'éteindre sur son corps affreux.

Elle s'était relevée, à la recherche de Nathan parmi les débris et les restes de fumée. Sitôt retrouvé, la journaliste le rejoignit d'un pas chancelant. Elle lui fit face : une seconde, deux secondes sans rien dire puis se jeta contre lui pour l'embrasser avec fougue. Qu'importait la sueur, le sang, la poudre et le goût des larmes. Elle l'embrassait comme elle n'avait jamais embrassé. Galvanisée par le soulagement de le savoir en vie, de se savoir en vie également. Ses bras étaient passés autour du cou de Joyce afin d'avoir une meilleure prise et de l'étreindre durant le temps du baiser.

«Promettez-moi...de ne plus vous éloigner... » laissa-t-elle échapper tout près de ses lèvres, une fois le contact rompu. « S'il vous plaît. »

Ils n'étaient pas encore sortis d'affaire. Néanmoins, elle avait agi sous l'impulsion de ses instincts, de son attirance pour Nathan, du fait que peut-être ils allaient droit à la mort. 

Les tentacules rouges jaillirent, et se heurtèrent aux siens. Ils étaient bien plus longs et plus vastes que ceux de son corps. Nathan était plus imposant que Carnage, mais, concrètement, ça n’avait aucune importance. La force physique pure n’avait que peu d’influence avec les symbiotes. Carnage bondit sur Nathan, s’appuyant sur le plafond, et balança un tentacule organique rouge sur son visage, faisant office de toile. La toile recouvrit son visage, une toile corrosive. Nathan grogna en secouant la tête, et Carnage se laissa tomber sur le sol, puis courut à toute allure vers Nathan. Ses griffes le frappèrent au ventre, et Nathan répliqua en attrapant le cou de l’homme, l’envoyant s’écraser contre un pilier de soutènement. La toile recouvrant son visage disparaissait progressivement, et il envoya à plusieurs reprises le corps de Carnage se fracasser contre le pilier. Nathan balança ensuite Carnage sur le sol, et balança à son tour des toiles organiques, qui recouvrirent presque l’intégralité du corps de son ennemi. Carnage fut cependant plus rapide que Nathan à s’en défaire, et la toile noirâtre de la Bête explosa quand Carnage réussit à s’en défaire, en étendant son symbiote au maximum. Nathan essaya de le neutraliser, mais l’ennemi fila sur le côté, tracté par un tentacule qui s’était déployé contre un mur. Particulièrement rapide, Carnage bondit en hauteur, et ses deux pieds s’écrasèrent à pieds joints sur la tête de Nathan, l’envoyant s’étaler sur le sol.

« Je le contrôle mieux que toi, humain... Pourquoi refuser ce précieux cadeau ? Je sens ton conflit contre ce merveilleux présent. Il m’a offert tellement de choses... La perspective d’accomplir tous mes rêves. Alors, tu penses bien que je ne laisserai pas un raté comme toi m’empêcher de me réconcilier avec ma copine. »

Ce type était un malade mental, un sujet idéal pour un symbiote. Nathan savait que le symbiote dévorait son hôte, mais ce n’était pas à sens unique. Il y avait une sorte d’interaction entre les deux. Chez Carnage, elle s’exprimait par la démence de Cletus Kasady, le rendant encore plus dangereux. Nathan transforma son dos en hérisson, des crêtes jaillissant de sa moelle épinière pour repousser Carnage. Nathan se releva alors, et griffa Carnage, ses griffes s’enfonçant dans la chair organique du symbiote. Loin de se volatiliser, cette chair se compacta autour de ses doigts, engloutissant sa main. Avec un sourire hideux, Carnage frappa alors le visage de Nathan à plusieurs reprises, et entreprit, comme Killer Croc, de mordre. Pendant ce temps, son symbiote essayait d’avaler sa main, une sorte d’acide dissolvant le symbiote.

Nathan se mit à courir droit devant lui, et le corps de Carnage traversa un mur léger séparant la pièce d’une autre salle remplie de bureaux. Nathan envoya sa tête heurter violemment celle de l’homme, et sa main libre se transforma en une longue épée qu’il utilisa pour tenter de décapiter son adversaire. La lame fendilla le vide, Carnage se séparant rapidement. Le symbiote bondit en arrière et courut droit vers Nathan... Qui l’accueillit en lui balançant un écran d’ordinateur sur le visage. L’écran explosa au contact de la tête de Carnage, et Nathan opta pour un néon, en décrochant un qui était sur le plafond. Le choc envoya Carnage voler au loin. Le monstre s’écrasa contre des casiers dans un coin, faisant voler des formulaires administratifs dans tous les sens.

« Tu es costaud... Je te l’accorde, mais tu ne peux toujours rien contre moi ! »

Carnage se mit à nouveau à courir, mais Akina intervint alors. Elle avait sorti l’artillerie lourde, et accueillit Carnage avec une mitrailleuse lourde. Nathan bondit sur le côté, et les balles incendiaires frappèrent le torse de Carnage, ne tardant pas à répandre des flammes, perçant le symbiote pour atteindre la peau de Cletus. Le symbiote et son porteur poussèrent tous les deux des hurlements de douleur en tombant au sol. Les détonations du Browning étaient assourdissantes, déchiquetant la peau symbiotique de son adversaire. Carnage continua à hurler en gesticulant faiblement sur le sol, et cessa bientôt de remuer, le corps partiellement dénudé. Mort ? Non. Mais grièvement blessé, ça c’était sûr.

Surpris, Nathan regarda à nouveau Akina, tandis que la Bête disparaissait ici et là, jusqu’à totalement se rétracter, ne laissant plus qu’un policier esseulé, avec des vêtements troués ici et là. Le policier n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu’Akina, au bord de la crise de nerfs, bondit contre lui, et lui roula la pelle de sa vie. Nathan écarquilla les yeux les cinq premières secondes, puis posa une main sur les cheveux d’Akina, et répondit à son baiser, la serrant contre lui, l’enlaçant tendrement, son autre main venant lui caresser une jambe en la relevant.

Le baiser se rompit le temps pour Akina de demander à ce que Nathan ne la quitte plus. L’homme et la Bête sourirent en même temps. Pour la Bête, protéger ses amantes rentrait tout à fait dans ses attributions.

« Vous voulez que je reste près de vous pour me protéger... Ou pour que vous me protégiez ? Vous avez étalé Killer Croc et Carnage. Vous devriez songer à enfiler un costume bariolé, Akina, vous en avez l’étoffe. »

Il allait à nouveau l’embrasser quand une porte s’ouvrit à la dérobée, livrant passage à un commando d’élite.

*La cavalerie n’arrive jamais au bon moment...*

Il relâcha Akina, et se retourna vers les agents. Ils brandissaient des canons supersoniques vers Carnage, et tirèrent à plusieurs reprises. Nathan grinça des dents, et Cletus se contorsionna à nouveau, encore et encore, jusqu’à ce que le symbiote finisse par se retirer, ne devenant plus qu’une masse rouge, une sorte de flaque infecte.

« Enfermez-là ! »

Deux agents traînèrent le corps essoufflé de Cletus. Il était nu, et se retrouva avec des menottes derrière les poignets, tandis que les agents enfermaient le symbiote dans une curieuse boule de stase qui flottait en suspension. Le symbiote, une fois dans la boule, ne tarda pas à s’énerver, s’agitant nerveusement en essayant de forcer le passage, mais sans succès. On avait essayé un mécanisme similaire avec Nathan, mais la Bête ne craignait pas le feu, ni les ondes sonores fortes.

« Beau boulot, Joyce ! Où est Killer Croc ? »

Nathan entrouvrit les lèvres, puis regarda Akina, qu’il tenait par l’épaule oppose, et sourit à l’agent:

« Miss Walker l’a balancé en bas de la cage d’ascenseur. Je pense qu’il vous y attend. »

L’agent portait une cagoule, mais Nathan le vit quand même écarquiller les yeux de surprise, avant de toiser Akina Walker, comme s’il peinait à croire que c’était ce bout de femme qui avait neutralisé un individu aussi puissant que Killer Croc.

« Et ben, ma foi... Mes félicitations. »

L’homme tendit sa main vers elle, afin de la serrer, un sourire chaleureux sur les lèvres.

Il a répondu à son baiser avec une fougue qui l'a impressionnée. Wow, comme dans un film hollywoodien. Elle regrette aussitôt la comparaison. Merde quoi, ils avaient failli crever. Elle ne sait plus où se mettre pour le coup. Killer Croc, Carnage, Killer Frost avant eux, c'est totalement dément. A ce stade de l'histoire, Akina pense encore naïvement à une caméra cachée. On viendrait lui annoncer sous peu que c'est terminé, qu'il est temps de rigoler désormais et qu'elle serait assurément hilare en voyant sa pauvre tête repasser à la télévision.

Mais non. Le commando qui fait irruption dans la pièce n'a pas l'air d'une équipe TV. Ils échangent quelques mots et l'étudiante est sollicitée. Tout à coup, elle rougit sans savoir où se mettre. Elle aura quand même serré timidement la main du militaire. « C'est pas le moment de se serrer la patte » ironise cette fameuse conscience. « Demande-leur de te tirer d'ici. » Et elle n'a pas tort. Elle ne souhaite pas enfiler un costume bariolé comme disait Nathan, mais échapper à cet Enfer.

Je n'ai fait que mon devoir, blabla aurait été une réponse convenable. Au lieu de cela, la belle hausse les épaules en offrant un sourire incertain à Joyce. Elle n'apprécie pas le savoir blessé, malgré les facteurs de guérison du symbiote – dont elle ignore encore l'existence. Ou refuse de le savoir, du moins. Le chef des forces spéciales se retourne ensuite afin de discuter avec ses hommes. Il semble recevoir des instructions dans l'oreillette de son casque. En patientant, la journaliste lance de petits regards à Nathan qu'elle observe discrètement. Elle peine encore à assimiler son étrange capacité, cette armure organique et vivante. Il lui en a mis plein les yeux avec toute cette folle histoire.

L'officier ramène rapidement son attention sur le duo improvisé, l'air plus sérieux.

« Bon. Nous devons descendre au dernier niveau afin de « nettoyer » la zone. Néanmoins, il faut également rétablir le courant d'après la salle de contrôle. Je n'ai pas assez d'hommes pour les deux missions. »

Des souvenirs resurgissent vaguement dans l'esprit de Walker. Le niveau -4 abrite la salle des générateurs et des transformateurs qui alimentent la base en énergie électrique ; soit un niveau en dessous du leur. Toutefois, non, désolée, elle n'en a plus la force. Elle veut partir et elle sent très bien que Monsieur Muscles est sur le point de leur demander de...

« Je peux vous demander d'y aller ? »

« C'est pas marqué électricienne sur mon front ! » intervient la conscience. Comme dans un cauchemar, elle s'entend répondre tout le contraire :

«Oui. On va faire de notre mieux. »

Un sourire charmant vers Nathan et le tour est joué. Elle se serait giflée tellement fort avec le recul. Qu'est-ce qui lui prend de vouloir jouer les héroïnes à nouveau ? Sans doute l'attrait de l'information. Il est hors de question qu'elle ressorte de la base les mains vides. Pour le moment, tous semblent avoir oublié qu'elle était journaliste: autant profiter. Alors que le soldat approuve, satisfait, elle s'empresse de rajouter.

« l'Agent Stu' est encore en bas, il est blessé je pense...je n'ai pas pu... »

« On s'en occupe » la coupe-t-il avec professionnalisme  en faisant signe à ses hommes de se disperser. Lui-même ferme la marche en direction de l'ascenseur. Ou de ce qu'il en reste.

De nouveau, ils se retrouvent seuls. Elle et lui. Sa conscience lève les yeux au ciel en remarquant qu'Akina faisait les yeux doux au policier. Elle se mordille la lèvre inférieure à plusieurs reprises, et articule doucement :

«Pour que je puisse vous protéger. Si je mets un costume bariolé, c'est uniquement pour vous. Sauver le monde peut attendre, sinon. »

Si elle avait été une femme plus franche et assurée, elle lui aurait fait un clin d'oeil. Cependant, la demoiselle est peu douée dans l'art de la séduction. Hormis ses attributs naturellement visibles, elle n'a pas le tour de main pour envoyer des messages ou alors, elle le fait involontairement. Elle se racle la gorge et reprend.

« Désolée pour ahm...le baiser. Je crois que c'était le stress. »

La situation semble soudainement moins grave et elle rechigne finalement à se rendre en bas. Tout serait plus simple s'ils pouvaient rester dans cette pièce.

MacConan était un bon agent du SHIELD, travaillant dans la section des Opérations depuis plusieurs années. Il avait été formé par l’une des légendes vivantes du SHIELD, Dum Dum Dugan, et s’en sortait plutôt bien. Il analysa rapidement la situation, et ignorait qu’Akina était une étrangère. Si elle venait de neutraliser Killer Croc et Carnage, pour lui, c’était le signe que, outre ses superbes bosses mammaires, elle devait avoir des capacités paranormales. Et il connaissait Nathan Joyce, qui, bien qu’instable quand il laissait parler son symbiote, devenait une véritable machine à tuer. Et, de plus, MacConan n’avait pas le temps de faire dans la finesse. Cette tempête qui s’abattait dehors mobilisait l’essentiel des agents du SHIELD, et ceux qui restaient étaient occupés à enfermer des supers-criminels mortellement dangereux.

À la surprise de Nathan, Akina acquiesça, sans chercher à éclaircir le quiproquo, puis les agents filèrent rapidement dans la zone pénitentiaire. Nathan, étonné, regarda la femme en clignant des yeux... Puis la vit se mordiller les lèvres. Son érection revint à la charge, ainsi que le goût des lèvres de la femme sur sa bouche. Elle s’excusa ensuite pour le baiser, et Nathan lui sourit, avant de se rapprocher d’elle. Sa main vint caresser la joue de la femme.

« Désolée ? Vous pourriez l’être... Si vous n’embrassiez pas divinement bien. »

Il hésita un peu, et rajouta alors :

« Et, puisqu’on a frôlé la mort, je pense qu’on peut se tutoyer, toi et moi... Surtout qu’on s’est embrassés, dans la foulée. »

Il relâcha sa main sur sa joue, et se concentra ensuite. La pièce était ravagée, et les agents étaient descendus en rappel par la cage d’ascenseur, afin de neutraliser Killer Croc avec de lourds menottes gravitiques, des menottes émettant des charges magnétiques opposées, qui empêchaient de pouvoir éloigner trop ces dernières... À moins d’être plus fort que la gravité, ce qui n’était pas encore le cas de Killer Croc. Nathan commença à s’avancer, traversant les décombres du bureau, observant avec un peu d’incompréhension les traces de son combat contre Carnage. Quand la Bête s’emparait de lui, il n’arrivait plus à se retenir. Tout devenait flou, il ne se contrôlait plus, et, par la suite, sa mémoire était incertaine, comme enveloppée d’un brouillard flouté. Ses souvenirs se dispersaient, revenant difficilement, car ils étaient toujours embrumés par la Bête et par ses sentiments d’omnipuissance.

Et puis, il avait sur les lèvres le goût parfumé d’Akina.

« La salle des générateurs se trouve dans la zone technique. Théoriquement, il n’y a aucun de ces criminels là-dedans... Mais je dois admettre que je suis surpris que vous vouliez vous y rendre... Est-ce que c’est pour un intérêt strictement professionnel... Ou est-ce que vous êtes le genre de femme qui aime mélanger le privé et le public ? »

Tout en parlant, il avait poussé à l’aide du symbiote une solide barrière qui s’était abaissée vers un escalier de service. Il l’écarta dans un horrible grincement métallique, ses bras se recouvrant de cette étrange et épaisse couche noirâtre aux reliefs dorés, puis il se retourna vers la femme, reprenant comme si de rien n’était leur amorce de conversation :

« Notez que ça ne me dérange pas. Avec le SHIELD, on a tendance à oublier que cette frontière existe... Encore plus quand on porte un symbiote extraterrestre millénaire. »

Le policier savait que cette bombe sexuelle était venue ici pour obtenir des informations sur le complexe secret, pour décrocher un joli scoop qu’elle pourrait balancer sur le Web. Naïvement, elle croyait que le SHIELD la laisserait faire. L’organisation avait tout à fait les moyens de limiter la casse, sans pour autant qu’on se rende compte de son action. Il n’y avait pas pire censure que celle qu’on voyait, et on reconnaissait une censure bien réussie à ce qu’elle apparaissait comme normale. Internet était paradoxalement le terreau de la liberté d’expression et un champ formidable pour la censure.

Nathan commença à descendre l’escalier. Tout en bas de cet escalier métallique qui semblait plonger tout droit vers les bouches de l’Enfer, il y avait le centre technique et la zone de maintenance. Le générateur principal du SHIELD était là. Nathan ignorait totalement comment le remettre en marche...

...Et, pour l’heure, il pensait surtout au décolleté de la belle, en essayant de se convaincre qu’elle avait choisi de rester dans ce merdier pour être avec lui.