Miss Gros-Nichons n’avait pas envie de jouir, ce qui étonna Jane. Est-ce qu’elle n’avait pas envie qu’une gaijin lui broute la foufoune ? Avait-elle oublié de s’épiler ? Ou est-ce qu’elle était frigide ? Ça, Jane aurait du mal à la croire, vu ce qu’elle avait subi ici, et vu les assistantes sexy que Nô se coltinait. Il y avait sûrement autre chose...
*Peut-être que je l’excite pas ?*
Elle rejeta rapidement cette idée. C’était idiot. Jane savait qu’elle était plutôt bien fichue, et les Japonais appréciaient beaucoup les Occidentaux... Enfin, une partie d’entre eux. En fait, Jane n’y comprenait rien, et elle resta assise, tandis que Nô se changeait, et entreprenait alors de lui raconter l’histoire de sa vie. L’apprentie-sorcière avait toujours senti quelque chose de particulier avec cette femme, une sorte d’aura qu’elle avait assimilé au fait qu’elle était une Yakuza... La réalité était bien différente. Elle lui expliqua qu’elle s’était mariée jadis avec un certain Oda Nobunaga. Jane hocha lentement la tête, avant que ses souvenirs des cours d’Histoire au lycée ne fassent irruption.
*Nobunaga ? Euh... WHAT ?!*
C’était un type qui était issu du passé... Jane n’aurait pas su dire exactement quel siècle, mais, ce qui était sûr, c’est que le brave Nobunaga mangeait les pissenlits par la racine depuis des décennies, maintenant. Jane se demandait si Miss Gros-Nichons était en train de plaisanter, de se moquer d’elle, mais ce n’était pas vraiment son style. De fait, Jane se demandait si cette Nô était capable de rire. Elle était devenue une vampire alors qu’elle pensait mourir avec son mari, piégée dans les flammes. Tout ça était bien mystérieux, et, si c’était une autre personne qui lui avait sortie cette histoire, Jane aurait hurlé au canular. Cependant, quand on avait été kidnappée, ligotée dans une cave, et qu’on se retrouvait face à une femme dont la présence vous troublait intimement sans pouvoir se l’expliquer, le scepticisme occidental de Jane avait tendance à s’éclipser... Curieux, quand on savait qu’elle avait voyagé jusqu’au Japon pour développer ses talents de sorcière.
Elle lui expliqua être une grande amatrice d’arts, mais fut peu éloquente sur la manière dont elle avait réussi à diriger des Yakuzas... Jane aurait pu le lui demander, mais elle se doutait de la réponse, plus ou moins. Cette femme avait du sang sur les mains. Jane l’avait vu dans les souterrains. Son clan avait du commettre son lot de crimes et d’infractions pour survivre. Jane aurait pu s’en sentir choquée, mais elle était suffisamment cynique pour savoir que la vie n’était pas tendre. La vie était cruelle, elle reposait uniquement sur le pouvoir et sur le contrôle des plus faibles que soi.
Quand Nô eut fini, un léger silence s’instaura entre les deux.
« Weeeell..., finit par dire Jane, en retrouvant l’usage de sa langue. Ce n’est pas une histoire banale, en tout cas... »
Elle avait encore du mal à se dire que ce n’était pas une plaisanterie. Elle était sûre que c’était la vérité. Jane fixa ses pieds, se mordillant les lèvres. Elle avait quelque chose à dire, une chose qu’elle disait rarement aux autres.
« Je... Euh... Je ne suis pas... Totalement normale, moi non plus... Si je suis venue au Japon, c’est parce que... Euh... »
Jane laissa planer quelques secondes de silence, avant de regarder Nô dans les yeux.
« Si Nell et moi, nous sommes venues, ce n’était pas que parce que nos parents se foutent de nous, mais aussi parce que... Je sais que ça semble dingue, mais... Ben... Je... Je crois que j’ai des pouvoirs magiques... Je suis venue ici pour voir si j’arrivais à les maîtriser, ou si j’étais pas devenue complètement folle... »
Malheureusement, ses pouvoirs étaient encore latents et très faibles. La raison principale était sans doute que, inconsciemment, Jane avait encore du mal à croire à l’occultisme, à se dire que le monde n’était pas régi par une rigueur tout à fait scientifique, et que la magie et tout ce genre de délires appartenaient à l’univers d’Harry Potter, et à rien d’autre.