« Bonjour, Madame. Je... Je suis Robert Mayfield… Pour le rendez-vous. »
Sous une apparence humaine occidentale, le dénommé « Robert Mayfield », dépressif venant d’être licencié pour une histoire d’harcèlement sexuel, et qui venait de recevoir une assignation de l’avocat de sa femme demandant un divorce pour faute lourde (adultère avec sa belle-sœur), rejoignit la salle d’attente, en attendant que Madame Ellison daigne le recevoir. L’homme s’assit dans l’un des fauteuils, et soupira silencieusement. Il était si proche de cette femme qu’il en avait une érection, gonflant légèrement son jean. Il se masturba silencieusement, étant après tout seul dans la salle, et ses doigts glissèrent sur son sexe, alors que son esprit vagabondait, attiré par les effluves de sexe qu’il sentait, émanant de l’autre côté de cette cloison.
Le Flux l’avait attiré vers cette femme. Une humaine. Qui n’avait visiblement pas eu la chance de goûter aux joies de la chair depuis quelques jours. Suffisamment pour que son corps soit frustrée, et que cette frustration, par le biais de la magie rose, ne soit dans le Flux. Alastar, en pleine méditation, l’avait senti, et avait donc décidé de venir. Après s’être légèrement renseigné sur cette femme, il avait appris qu’elle était une psychologue, et tenait un cabinet. Avec son nom, elle était sûrement étrangère, et une femme, qui plus est. Deux éléments qui faisaient tâche au Japon, comme Alastar le savait. Le Japon était un grand pays du Flux, qui comprenait une forte dose d’individus sexuellement frustrés. En cherchant sur cet outil merveilleux que les humains appelaient Internet (une sorte de réplique élaborée et encore plus riche que le Flux, à bien des égards), il avait réussi à trouver une photo de cette femme. Ses grosses lunettes lui avaient plu, et il avait ressenti une nouvelle érection. Honnêtement, quand on voyait le florilège de choses qu’on trouvait sur Internet, Alastar comprenait mieux pourquoi les succubes et les incubes ne chômaient pas. Toute la société était tournée vers un appel au sexe. Que ce soit les clips vidéos, les séries télévisées, les messages publicitaires, il y avait toujours une référence, plus ou moins subtile, au sexe. C’était tout un mécanisme qui engendrait un goût pour le sexe.
*Et dire qu’il y en a, au sein de notre race, qui voudrait supprimer les humains... *
Il continuait lentement à se masturber. Quand il avait pris rendez-vous avec Dylan E. Ellison, il avait donné le minimum syndical. Un cadre, qui venait d’être licencié pour des accusations de harcèlement sexuel, et qui venait d’apprendre que sa femme comptait divorcer, car sa femme aurait appris qu’il forniquait avec sa belle-sœur. Bien entendu, toute cette histoire était fausse, mais elle devait apparaître comme suffisamment crédible pour justifier un entretien... Or, on n’allait pas voir un psy’ quand tout allait bien. Il avait donc inventé une petite histoire touchante, tout en l’orientant légèrement vers le sexe... C’était un Incube, après tout.
Le temps que Dylan arrive, le démon avait cessé de se masturber. Il avait joui, mais une jouissance d’humain, discrète. Utilisant sa télékinésie, l’homme concentra les jets de sperme compromettants, et les envoya atterrir dans la poubelle. Comme quoi, avoir quelques pouvoirs magiques, c’était bien pratique. Il se dépêcha ensuite de remettre son caleçon, de resserrer son jean, et attrapa le premier magazine qui traînait sur la table. Il ne chercha même pas à le lire, car il entendait les bruits de pas de Dylan se rapprocher.
Et il avait une autre érection, mais qu’il cherchait à dissimuler, cette fois. Pour l’aider dans cette périlleuse tâche, il redressa légèrement son sexe, afin de le coincer entre sa peau et son jean, le laissant ainsi bien droit, l’extrémité filant sous les pans de sa chemise blanche.
Là, il était prêt.
